18. Grèce : du 1er au 12 février 2019 : Delphes, Ósios Loukás, Athènes… et 5 jours de panne !

1531 km parcourus du 1er au 12 février 2019

11376 km parcourus depuis le départ

Vendredi 1er février 2019 :

Selon la mythologie, Zeus aurait lâché deux aigles d’or dans deux directions opposées. Au point de rencontre des deux oiseaux, il aurait jeté la pierre du ciel qui serait tombée ici et Delphes serait ainsi devenue le centre du monde… Ainsi naquit l’omphalos, cette pierre conique à côtés incurvés, le « nombril du monde ».Delphes eut un rayonnement considérable pendant toute l’Antiquité. La ville tire son nom du grec ancien Delphinos, car c’est ici qu’Apollon, fils de Zeus, aurait pris l’apparence d’un dauphin pour attirer des marins afin de les convaincre de devenir prêtres.

Nous sommes donc sur le Sanctuaire d’Apollon, un site majeur du monde antique, le deuxième site le plus visité de Grèce après l’Acropole. Afin d’en profiter au maximum, nous sommes les premiers à entrer sur le site dès son ouverture. L’endroit est sublime, offrant un panorama sur les montagnes du nord du Péloponnèse et sur le golfe de Corinthe. Les immenses montagnes plantées d’oliviers et de cyprès plongent vers la mer. Le site se situe à une altitude d’environ 500 mètres sur les pentes du Mont Parnasse.

Quelle chance de pouvoir visiter ce site dans ces conditions, le tout sous un ciel bleu et en famille. Car je vous rappelle que mon papa est arrivé hier en avion à Athènes pour passer la semaine avec nous. Nous entrons sur le site en empruntant la Voie sacrée dont le début part de l’Agora romaine (1er et 2ème siècles après J.-C.), une grande place dallée où se trouvaient les boutiques et où démarraient les processions lors des grandes fêtes du sanctuaire. 

Sur cet axe, on trouve des « trésors », c’est-à-dire des ouvrages édifiés par les différentes cités-Etats pour célébrer une victoire et y accueillir les offrandes de leurs concitoyens. On trouve le Trésor des Siphiniens, des Béotiens, des Mégariens, des Thébains. Mais seul le Trésor des Athéniens a été reconstitué.

C’est un petit temple dorique, tout en marbre, de 490 av. J.-C. qui était embelli de sculptures que nous avons découvertes au superbe musée du site après la visite du site archéologique. Les frontons du Temple, ornés de frises sur lesquelles sont représentées des scènes de mythes sont également présentés au musée archéologique. Ce Temple commémore la naissance de la démocratie athénienne suite à la victoire sur les Perses à Marathon (490 av. J.-C.). Il fonctionnait comme une chambre forte dans laquelle étaient gardés les trophées provenant des grandes victoires remportées par la cité d’Athènes ainsi que d’autres offrandes en l’honneur d’Apollon.

Nous continuons la montée de la Voie sacrée et voyons l’impressionnant mur de soutènement construit pour contenir l’énorme poussée de la terrasse sur laquelle fut construite le Temple d’Apollon que nous verrons un peu plus tard. Les pierres polygonales sont assemblées avec une grande précision. Des inscriptions sont gravées dessus, ce sont des actes concernant des affranchissements d’esclaves qui mettaient leur libération sous la garantie des Dieux.

Le portique des Athéniens mesurait 30 mètres de long avec 7 colonnes monolithes en marbre et une élévation en bois.Nous passons devant un des fûts de la colonne de 10 mètres de haut du Sphinx des Naxiens, dont la partie supérieure, le Sphinx (corps de lion, visage de femme et ailes d’oiseau) haut de 2,32 mètres est au musée voisin.

Un peu plus haut, la Colonne des Serpents haute de 7,50 mètres est une offrande des Grecs après leur victoire sur les perses en 479 av. J.-C. A l’origine, le socle était en or, et la colonne en forme de serpent en bronze. L’or a été fondu lors de la troisième Guerre Sacrée et la colonne fut installée à Constantinople en 330 après J.-C. lors de sa fondation. Elle s’y trouve encore aujourd’hui sur l’hippodrome de l’actuelle Istanbul.Nous arrivons au Temple d’Apollon, le plus important du sanctuaire. Le 1er Temple date du 7ème siècle av. J.-C. Un second Temple a été construit au même endroit mais détruit par un séisme. Celui que nous voyons aujourd’hui est une troisième construction qui date de 330 av. J.-C. Il était bâti en tuf stuqué, mais son fronton et ses sculptures étaient en marbre.

C’est là que se manifestait l’oracle par l’intermédiaire de la Pythie. Les Grecs venaient à Delphes pour prier le Dieu Apollon et lui demander conseil. Ses réponses étaient données par une femme, la Pythie qui après avoir mâché des feuilles de laurier, entrait en transe. Les prêtres étaient chargés d’interpréter ses manifestations censées être en prise directe avec le divin. Les Pythies étaient choisies parmi les jeunes paysannes vierges du village. Elles officiaient dans une salle sous le Temple.

Les frontons ornant l’édifice et évoquant les épisodes de la vie du Dieu Apollon, sont exposés au musée.Toujours un peu plus haut sur la montagne, nous arrivons au Théâtre datant à l’origine du 4ème siècle av. J.-C. mais réaménagé au 1er siècle de notre ère. Il pouvait contenir plus de 5 000 spectateurs. C’est là que se déroulaient les concours musicaux des Jeux Pythiques.

Le théâtre était lui également orné de bas reliefs.Vue panoramique sur la plaine du Pleistos et le superbe panorama montagneux. Nous descendons en contrebas du sanctuaire d’Apollon. On y trouve le sanctuaire d’Athéna Pronaia, déesse vénérée comme protectrice de la sagesse, de la fertilité et de la santé.La Tholos, monument circulaire du 4ème siècle av. J.-C. dont la fonction reste mystérieuse, a conservé 3 colonnes doriques. Des métopes à relief sont toujours visibles en haut de l’édifice. Les panneaux explicatifs et les traductions en français aident à se rendre compte du rendu de l’époque antique. 

Visible en contrebas de la route, nous apercevons le gymnase où s’entraînaient les athlètes. Des colonnes soutenaient un toit en bois. On distingue la palestre destinée aux lutteurs et une piscine ronde.Nous n’avons pu accéder au stade, l’un des mieux conservés de Grèce qui accueillait 7 000 spectateurs sur des gradins autour d’une piste de 178 mètres. Tous les 4 ans, s’y déroulaient les Jeux Pythiques, des compétitions sportives et intellectuelles, sur le modèle des Jeux Olympiques.

Nous poursuivons par la visite du musée archéologique d’une richesse extraordinaire. La visite est parfaitement complémentaire au site que nous venons de voir.Outre les différentes parties que je vous ai déjà montrées plus haut, quelques pièces remarquables méritent d’être ici montrées. Superbes figurines mycéniennes de 1400 av. J.-C., boucliers et chaudrons en bronze.

Parmi les belles pièces du musée, nous voyons dans la salle des offrandes des fragments de statues, des objets en or, en bronze ou en ivoire, découverts sous les dalles de la Voie sacrée ou bien encore un impressionnant taureau fait de feuilles d’argent martelées, couvrant une sculpture en bois.

En haut de la colonne des danseuses, haute de 13 mètres, trois jeunes filles sont sculptées et donne une impression de danseuses. L’omphalos, la pierre conique vue plus haut sur le site, aurait été au sommet de cette colonne.L’œuvre du « romain mélancolique » est impressionnante de détail, en particulier dans sa barbe.L’Aurige (conducteur de char) est une statue de bronze grandeur nature datant de 474 av. J.-C. et est une des rares sculptures de la période classique à ne pas avoir été fondue pour resservir en objets usuels. La statue fut conservée car ensevelie sous les décombres d’un séisme en 373 av. J.-C.

De près, nous pouvons apprécier les détails des métopes des temples et trésors.

Voilà, j’en est fini pour cette passionnante visite du Sanctuaire d’Apollon qui nous a tous les cinq fascinés. Nous prenons la route mais devons changer de programme. Ce matin, comme chaque début de mois, nous avons ouvert une nouvelle enveloppe de nos défis à réaliser durant notre voyage. Ce mois-ci, le défi est de faire du ski (Merci Fred…). Or, nous avons traversé hier soir l’une des plus fréquentées stations de ski du pays ! Nous faisons donc demi-tour à la recherche de la neige et montons en direction des hauteurs de la station.

Il s’agit à présent de fabriquer des skis. C’est chose faite avec les moyens du bord, des planches qui devaient me servir en combustible que j’avais glanées à Venise, un tube de PVC que j’avais acheté à Marseille en vue de travaux de plomberie… et voilà… défi réalisé…

Anaïs et Victor profitent de l’aide de leur papi pour réaliser un bonhomme de neige.

Nous trouvons un agréable bivouac en surplomb de Arachova (Αράχοβα). Discussion avec des compagnons de bivouac, un couple de danois voyageant en van. Elle fait suite à une autre rencontre tout aussi sympathique avec deux jeunes français aujourd’hui, reliant Toulon à Istanbul en camping-car.

Comme on est à la montagne, j’allume le poêle à bois et Audrey prépare une tartiflette !

Samedi 2 février 2019 :

Route montagneuse vers Ósios Loukás (Οσίου Λουκά). Le monastère compte parmi les plus beaux monastères byzantins de Grèce. Il est classé au Patrimoine mondial de l’Unesco avec le monastère de Daphni (que nous verrons en fin de journée) et celui de Nea Moni de Chios. Il est l’un des plus importants édifices médiévaux de Grèce. Il fut construit en 1011 sur les fondations d’une église bâtie en 944.

Les bâtiments sont construits selon la technique du cloisonné selon laquelle chaque pierre est entourée de briques.

Dans la cour intérieure, deux églises sont accolées. L’église principale, avec son plan en croix grecque, est surmontée d’une coupole de 9 mètres. Les mosaïques dorées à la feuille d’or étaient l’œuvre d’artistes provenant de Constantinople mais certaines ont été remplacées par des fresques au 17ème siècle, suite à un tremblement de terre en 1593. Les décors sont extrêmement raffinés avec des pavements de marbre, jaspe et porphyre. Le mobilier est également très riche.

La crypte est aussi ornée de belles fresques.

Nous visitons la reconstitution d’une cellule de moine ainsi que l’immense réfectoire.

Après avoir été occupé par des moines latins, ces derniers furent remplacés par des moines orthodoxes après la conquête turque, à la fin du 15ème siècle. Le monastère est encore occupé par quelques moines orthodoxes. L’un d’eux entame avec nous une agréable discussion et offre des loukoums aux enfants.Repas du midi avec une belle vue sur le monastère. Victor joue au foot avec un employé du monastère qui me prête sa tronçonneuse pour couper quelques morceaux de bois que je stocke pour le poêle à bois.Une jolie route avec vue sur les montagnes enneigées et le golfe de Corinthe à l’horizon. La moyenne kilométrique n’est pas élevée mais nous en prenons plein les yeux.

Nous approchons d’Athènes et passons devant le Monastère de Daphni Kolostor (Μονή Δαφνίου) coincé le long de l’autoroute. Il est classé conjointement avec l’autre monastère d’Ósios Loukás vu ce matin. Dommage car ce monastère byzantin construit au 11ème siècle est fermé, mais nous profitons de son architecture extérieure.Arrivée nocturne dans Αθήνα, la capitale grecque de 600 000 habitants (il y a seulement 11 millions d’habitants en Grèce). Nous trouvons, toujours grâce à notre application, un super bivouac un peu en pente, mais en plein centre-ville à seulement un kilomètre des principaux sites archéologiques. Au détour d’une petite rue, joli point de vue sur l’Acropole éclairée.Nous regardons un intéressant documentaire sur notre visite de demain, les sanctuaires de l’Acropole, et plus particulièrement le Parthénon.

Dimanche 3 février 2019 :

« Athènes avait son nom dédié à la lutte de deux Dieux. Poséidon, Dieu de la fougue, des séismes et de la tempête, et Athéna (fille de Zeus), déesse de la sagesse, se disputaient l’hégémonie d’Athènes. Poséidon frappa le sol de son trident, faisant jaillir un cheval sauvage et de l’eau impétueuse. Athéna, quant à elle, fit sortir de terre un olivier. Dans la lutte entre ces deux forces, de la violence et des travaux pacifiques, la cité choisit de donner la victoire à Athéna, dont elle prit le nom. »

Athènes est parsemée de monuments de l’Antiquité classique dont les plus remarquables sont ceux qui se dressent sur l’Acropole. C’est sur ce rocher sacré que se développa le culte d’Athéna.

Nous arrivons face à cette magnifique adaptation de l’architecture à un site naturel.L’entrée sur le site se fait par l’escalier monumental des Propylées (437-432 av. J.-C.) avec sa façade en forme de Temple. Le site était lié aux cultes de divinités protectrices des portes et des entrées. Deux portiques à 6 colonnes forment la partie centrale et servaient de passage aux fidèles et aux animaux de sacrifice. Il faut y imaginer à l’époque une foule de statues (divinités, héros, hommes politiques) dont celle d’Athéna de 9 mètres de hauteur.

Sur la droite, se dresse le superbe Temple d’Athéna Niké édifié en 424 av. J.-C. Il abritait la statue de culte en bois de la déesse. Il a récemment été entièrement démonté et restauré bloc par bloc.

L’ajout de blocs de marbre est impressionnant. De petites pièces taillées au millimètre comblent les interstices. L’espace laissé par les artisans de l’époque est également millimétrique. Des tonnes de marbres sont incroyablement ajustées les unes aux autres.

Nous entrons dans la cour du Parthénon et prenons conscience du travail titanesque des archéologues chargés de la restauration de l’édifice. Il est en travaux depuis une trentaine d’années.

Le Parthénon, symbole de l’Athènes démocratique fut bâti aux environs de 440 av. J.-C. et les travaux ne durèrent que 10 ans. Il a été construit sur les fondations d’un ancien Temple. Deux rangées de colonnades constituent son plan.

L’assise du Parthénon n’est pas horizontale mais légèrement bombée. Les axes verticaux des colonnes sont inclinés vers l’intérieur. Tout cela pour que l’ensemble paraisse plus élancé et plus élégant. Le diamètre des colonnes d’angle est renforcé pour ne pas qu’elles paraissent plus menues que les autres. En un peu exagéré, voici un croquis de son plan.A son origine, le Parthénon n’avait rien d’un Temple. Il abritait la statue de la déesse Athéna Parthénos, haute de 12 mètres et recouverte de plaques d’ivoire et de feuilles d’or. Les chrétiens de Byzance au 5ème siècle emportèrent la statue, qui finit par disparaître. Dans les siècles qui suivirent, le Temple fut transformé en église orthodoxe puis catholique. Les Turcs en 1456 transformèrent le sanctuaire en place forte, mosquée, poudrière… Lors du siège en 1687 par les Vénitiens, un obus fit exploser cette dernière, détruisant toit, murs et un certain nombre de colonnes…

Le Temple, tout en marbre, était décoré de sculptures et de frises majestueuses.Mais à partir de 1801, un pillage fut organisé par un anglais, ambassadeur de Grande Bretagne à Constantinople. Il emporta les plus belles pièces du Parthénon ; elles sont exposées depuis 1815 au British Museum à Londres. Nous avions pu observer dans ce musée en 2013 l’immense frise de 160 mètres qui l’entourait et une partie des frontons. Il ne subsiste sur le Parthénon qu’une infime partie dans un des angles d’un fronton.

Voici une maquette de ce à quoi devait ressembler les frontons du temple d’Apollon.

Nous arrivons face à un autre chef d’œuvre du classicisme grec. L’Erechthéion (à ne pas confondre avec l’érection), fut érigé au 5ème siècle av. J.-C. à l’endroit où Athéna et Poséidon se seraient disputé la suprématie d’Athènes. C’était l’endroit le plus sacré de l’Acropole pour les Grecs. Contrairement au Parthénon, l’Erechthéion (à ne toujours pas confondre) était bien un lieu de culte. Le temple possède trois porches dont celui au sud, comporte six statues de femmes tenant lieu de colonnes. Ce temple, quand les Turcs prirent la cité en 1456 devint le harem du gouverneur turc.

Sur tout le site, quel remarquable travail des tailleurs de pierres reconstituant et reconstruisant pierre par pierre ces magnifiques monuments.

Nous avons vu au musée de l’Acropole, que je vous présenterai plus tard, une intéressante pièce de bois servant à l’assemblage de deux énormes blocs de marbre que les archéologues ont retrouvé tellement jointifs que la pièce ne s’est pas du tout dégradé en 2500 ans ! Il paraîtrait même que le bois avait gardé son odeur.En contrebas de l’Acropole, nous voyons le Théâtre de Dionysos construit au 4ème siècle av. J.-C. Il pouvait accueillir 17000 spectateurs.

Depuis le haut de ce rocher à 156 mètres d’altitude, on embrasse une vue panoramique sur Athènes.

On passe devant également l’Odéon d’Héode Atticus, d’époque romaine.Nous nous dirigeons à présent vers l’Agora, un vaste parc semé de ruines qui était au centre de la vie publique de la cité antique. On venait à l’Agora pour faire des affaires commerciales, pour échanger des nouvelles, pour commenter l’actualité politique. On y trouvait services publics, sièges de l’administration de la cité antique, sanctuaires publics. Le mieux conservé des monuments est le Temple monumental dédié à Héphaistos.

En chemin, nous voyons les colossales statues du porche de l’Odéon d’Agrippa.Sortis de l’Agora antique, nous visitons l’Agora Romaine, ou Forum, qui remplaça progressivement l’Agora grecque. Elle avait une fonction marchande au 1er siècle av. J.-C. Beaucoup de ruines mais intéressante Tour des Vents qui était à la fois cadran solaire, girouette, planétarium et horloge hydraulique.

Après avoir repris des forces avec un petit pique-nique, nous contournons le rocher sacré de l’Acropole et passons devant la porte d’Hadrien du 2ème siècle qui séparait la ville grecque de la ville romaine.

En face, l’Olympiéion était un temple monumental, dédié à Zeus, avec 104 colonnes de 2,38 mètres de diamètre et de 17 mètres de hauteur. Commencé en 515 av. J.-C., les travaux furent arrêtés puis repris à différentes reprises pour n’être terminés qu’en 131 après J.-C. Comme de nombreux bâtiments, l’Olympiéion a servi de carrière au Moyen-Age. Une colonne restant en place a subi les effets d’une tempête à la fin du 19ème siècle.

Après, une petite sieste s’impose. Cette dernière nous rappelle celle de mon papa sur un bateau sur le lac Titicaca au Pérou lorsqu’il nous avait rejoint lors de notre précédent voyage en Amérique du sud. Mon papa a cette étrange faculté de faire des micro-siestes de 5 minutes desquelles il se réveille en disant : « oh, ben j’ai dormi… ». Il faut dire qu’on ne le ménage pas avec ce rythme effréné !Nous nous dirigeons vers le stade antique panathénaïque d’Athènes construit en -330, rénové et agrandi en 140 et revêtu de 80 000 tonnes de marbre. Il pouvait accueillir environ 70 000 personnes à cette époque. Il a servi pour les premiers Jeux olympiques de l’ère moderne, en 1896. Il a accueilli lors des Jeux Olympiques de 2004 les épreuves de tir à l’arc et l’arrivée des deux marathons.

Après cette belle journée à avoir marché une douzaine de kilomètres dans Athènes, nous sommes tous bien fatigués et retournons à la Tiny. Lecture, jeux, tri des photos, blog, apéro… et dodo bercé par le bruit des motos et des voitures.

Lundi 4 février 2019 :

Un peu courbaturés, nous nous réchauffons vite en grimpant les petites pentes de la colline nous séparant du musée de l’Acropole. Il a été construit il y a 10 ans pour abriter les découvertes du rocher de l’Acropole et de ses versants. L’architecture du bâtiment de verre est impressionnante. Il s’étend sur 25 000 m². La liaison optique avec les monuments de l’Acropole est bien étudiée. Il s’est parfaitement adapté à la conservation des fouilles archéologiques qui s’étendent au niveau de ses fondations. Il donne l’impression de flotter dans l’air car il repose sur 100 piliers et est capable de résister à un séisme de 10 sur l’échelle de Richter.

Au rez-de-chaussée, la Salle des versants de l’Acropole abrite des découvertes provenant des sanctuaires érigés sur les flancs de l’Acropole et de l’habitat qui s’y est autrefois développé. On y trouve entre autres curiosités, le trésor du sanctuaire d’Aphrodite Ourania, un gros bloc de marbre avec une cavité creusée dans laquelle on déposait un drachme pour que le mariage soit heureux. (4ème siècle av. J.-C.).Superbe masque de Dionysos du 1er siècle av. J.-C. et magnifique table de sacrifices funéraires (300 av. J.-C.).

Au premier étage, nous sommes accueillis par des fragments de frontons monumentaux appartenant à un temple antérieur au Parthénon.Puis nous arrivons dans la Salle des œuvres archaïques qui présente les sculptures grandioses qui ornaient les premiers grands temples de l’Acropole. On est au sein d’une forêt de statues superbes du 6ème siècle av. J.-C. mais les photos sont interdites. On y trouve les offrandes des fidèles, comme les Corès (statues de jeunes femmes), les cavaliers, les statues de la déesse Athéna, les statues masculines, les reliefs en marbre, les ex-voto en bronze et en terre cuite.Au troisième étage, on arrive dans la magnifique salle du Parthénon. Les reliefs de la frise représentant la procession des Panathénées ont été placés pour la première fois en ordre continu, tout autour des murs de la salle. Entre les colonnes en acier, au même nombre que celle du Parthénon (que l’on voit parfaitement par les immenses ouvertures vitrées), ont été fixées les métopes, plaques en relief, représentant des sujets mythologiques. Le musée a en partie été construit dans l’espoir de récupérer les pièces pillées par Londres. Le Royaume Uni expliquait qu’il ne voulait pas rendre les frises du Parthénon car la Grèce n’avait pas d’espace adéquat pour les recevoir. Maintenant qu’ils ont un superbe musée, le Royaume Uni ne souhaite toujours pas rendre à la Grèce les 156 éléments de la frise du Parthénon.

Voici une photo de ces fameuses sculptures au British Museum que nous avions prise en 2013. Les reproductions des sculptures des frontons (les originaux étant aussi à Londres) sont présentées sous forme de moulages. Le fronton Est représente la naissance de la déesse Athéna, sortant de la tête de Zeus, et celui de l’ouest, la dispute entre Athéna et Poséidon. La salle est pourtant impressionnante avec ses 3200 m² de surface. Elle a la même orientation et les mêmes dimensions que le Parthénon. On voit le Parthénon par les grandes baies vitrées en haut du rocher sacré.Nous redescendons d’un étage, où sont présentés les Propylées, le temple d’Athéna Niké et l’Erechthéion. De nouveau, des statues, des sculptures, des reliefs votifs et honorifiques des 4ème et 5ème siècles av. J.-C. sont exposés. Nous pouvons admirer de près les frises qui autrefois ornaient ces temples.

On voit également les 5 caryatides (la 6ème est au British Museum) de l’Erechthéion. Ces originaux ont été remplacés par des copies sur le site de l’Acropole.Enfin, des œuvres datant de la fin de l’Antiquité et du début de la période byzantine sont présentées. Mais le clou de la visite est pour Victor la reconstitution de l’Acropole en Légo !Blague à part, Anaïs et Victor se passionnent pour tous ces musées, posent beaucoup de questions et enchaînent sans rechigner des heures sur ces sites archéologiques et dans les allées des musées. Après, une pause pique-nique-sieste se mérite sur un banc du Jardin National au milieu de beaux spécimens d’arbres.

Nous arrivons sur la grande place d’Athènes, la place Syndagma étendue au pied du Parlement.

Nous passons à l’heure de la relève de la Garde, un peu théâtrale. Victor et Anaïs s’amusent des pompons que les gardes ont au bout des pieds. Elle a lieu devant la tombe du Soldat Inconnu. Deux citations prononcées par Périclès en mémoire des premiers soldats athéniens morts durant la guerre du Péloponnèse, sont gravées de part et d’autre de la sculpture. Les noms de différentes batailles sont aussi gravés de part et d’autre du monument.

Nous arrivons au musée d’Art cycladique présentant des collections du 3ème millénaire av. J.-C., période riche dans les Cyclades : de par leur situation géographique, elles étaient une liaison des courants d’influences évoluant d’est en ouest. De superbes figurines aux formes modernes sont présentées. Ce sont des figures schématiques qui avaient une fonction funéraire.

Puis, l’art grec ancien est également superbement mis en valeur, de l’âge du bronze à la période romaine.

Une collection d’art Chypriote est présentée à un autre niveau.

Enfin, le 4ème étage présente des reconstitutions de scènes de la vie quotidienne dans l’Antiquité. Avec des motifs ou des formes plus ou moins évocatrices.

Je crois que j’ai récupéré l’attention de certains… Retour à la Tiny, en empruntant les ruelles du quartier de Plaka, le plus pittoresque d’Athènes. Beaucoup de tavernes (restos locaux) sont ici présents.

Nous passons pour rejoindre notre bivouac par le parc de la colline des Nymphes. Des ruines sont présentes partout autour de nous. Victor se prend de passion pour l’archéologie et fouille la terre. Il trouve plusieurs fragments de poteries, certaines avec des traces de peinture. Arrivé à la Tiny, il nettoie ses trouvailles.

Mardi 5 février 2019 :

C’est déjà la dernière journée avec mon papa. Le temps passe bien vite. Un peu courbaturés de nos deux journées à Athènes à parcourir pour chacune une douzaine de kilomètres, nous repartons et traversons de nouveau le quartier de l’Acropole. Nous ne pouvons nous empêcher de profiter et de photographier ses merveilleux monuments. Ce matin, nous voulons goûter une Athènes plus authentique, loin des ruines et des touristes. Nous visitons le quartier des halles. Sous une gigantesque construction s’étendent les étals des poissonniers et des bouchers. Nous sommes surpris des prix très bon marché par rapport à ce que nous avons pu constater depuis notre arrivée en territoire grec. Dommage que nous n’ayons pas le camion à côté pour faire le plein de denrées alimentaires. Qu’importe, nous profitons de ce beau marché éclairé par des centaines d’ampoules. Le marché aux fruits est tout aussi agréable.

Les rues autour des halles sont très cosmopolites. Il y a des quartier chinois, turcs… où se mêlent toutes les odeurs.

Après une petite pause Pita Gyros (kebab grec), Victor fait peur aux pigeons qui le lui rendent bien…

Puis nous passons trois heures dans le magnifique Musée archéologique national où sont présentées plus de 12 000 pièces.Nous nous attardons un peu à la salle consacrée aux trésors mycéniens. Nous avions visité la semaine dernière le site archéologique de Mycènes, celui où nous avions vu ces formidables tombes royales en forme de dôme. Tout le trésor découvert lors des fouilles est ici : bijoux, vases rituels, poteries…

Nous continuons dans les autres salles et observons avec attention 3000 ans d’Histoire avec les stèles funéraires, les statues, les bronzes dont voici quelques pièces.

Le mécanisme d’Anticythère, découvert aux fond de la mer en 1901 est un mécanisme à engrenages que des scientifiques comparent au premier ordinateur de l’humanité.Nous rentrons à la Tiny en traversant quelques quartiers un peu glauques où on ne se sent pas trop à notre place. Nous avons passé 3 journées complètes à Athènes que nous avons adorée pour ses sites et musées archéologiques mais garderons un souvenir mitigé de ses différents quartiers. Les tags recouvrent les murs de la ville. Il y a énormément de bâtiments délabrés, abandonnés, squattés. La misère est malheureusement présente avec beaucoup de personnes vivant sous des tôles ou des cartons dans les squares.

Allez, un dernier petit selfie d’Athènes…Il est temps à présent de se diriger vers l’aéroport d’où mon papa doit s’envoler demain matin de bonne heure. Nous dormons sur un super bivouac, le parking d’un Leroy Merlin. Nuit bercée par la tempête qui déclenche l’alarme et les gyrophares en pleine nuit du Ikea voisin…

Mercredi 6 février 2019 :

5h45, le réveil sonne. L’heure de se dire au revoir avec mon papa que je dépose au terminal de l’aéroport. Bizarrement, les au revoir sont moins difficiles qu’il y a un mois au Maroc, certainement parce qu’on sait qu’on se reverra vite dans un prochain pays… On lui a prêté comme livre de chevet hier soir le guide sur l’Ouzbékistan… Si vous le voyez, dîtes-lui que c’est beau l’Ouzbékistan… Et si vous voyez les parents d’Audrey, dîtes-leur également…

Nous prenons de bonne heure la route et roulons plein nord pour nous diriger vers la frontière turque que nous aimerions passer d’ici deux à trois jours si tout va bien…

Nous prenons l’autoroute pour gagner un peu de temps mais en sortant assez vite car le budget est vraiment déconnant. Le temps est maussade. Les paysages extrêmement pollués de déchets. Des friches industrielles et de vieux hangars pullulent partout. Ce n’est vraiment pas très beau. Deux traces GPS apparaissent sur mon téléphone, celle de notre itinéraire et celle de l’avion ramenant mon papa en France.

Soudain, nous passons devant un cours d’eau duquel émane de nombreuses vapeurs. Nous sommes à Thermopyles. Issue d’une source réchauffée dans les entrailles de la Terre, de l’eau sulfureuse coule par chutes d’eau et petites cascades et alimente quelques bassins.

Malgré l’odeur d’œuf pourri, se baigner dans une eau proche de 40° nous fait bien envie. Il est étonnant d’avoir accès librement à ces bassins qui étaient attenant à des thermes modernes actuellement en ruines. L’escale est tout de même bien sympa ! Un couple de locaux est plus que bienveillant à notre égard, et nous met en garde sur le fait de ne pas rester trop longtemps dans cette eau sulfureuse un peu chaude.

Nous nous arrêtons pour manger à midi. Je profite pour faire la vidange de mon moteur. Je suis déjà en dépassement des 10 000 km que je me fixe et nous allons beaucoup rouler ces prochains jours. Je vidange durant le repas. Et là, sans prévenir, un violent orage arrive avec une énorme pluie. Pas d’autre choix que de travailler sous la pluie. Je suis trempé, frigorifié, tout tremblant. Même une douche chaude ne me réchauffe pas.

La route reprend. Toujours sur la route nationale en bon état. Nous traversons Larisa où énormément de concessionnaires et réparateurs automobiles sont présents. Je dis à Audrey : « s’il y a un endroit où on peut tomber en panne, c’est bien là… ». Elle me répond « Arrête, tu vas nous porter la poisse ». Vous me voyez venir ?

Il pleut, ce n’est toujours pas très beau. Le haut sommet du Mont Olympe a la tête dans les nuages.Pas d’arrêt, nous voulons continuer jusqu’à notre bivouac prévu ce soir à Vergina pour en visiter le site demain, si tout va bien… Et maintenant, vous me voyez venir ? Bien élancé, le 5ème rapport enclenché sur notre boite de vitesse, à un 80 km/heure de croisière, le moteur s’arrête, les voyants s’allument… En roues libres, je parviens in extremis à rejoindre quelques dizaines de mètres plus loin, l’unique place capable d’accueillir nos plus de 7 mètres de longueur. Garés relativement en sécurité, nous sortons triangle de sécurité et gilets jaunes… La Tiny ne veut plus démarrer. Incroyable, nous sommes à 200 mètres de l’endroit où il y a 20 ans, je faisais déjà quelques heures de mécanique pour réparer ma vieille 2CV avec laquelle j’étais venu à un rassemblement à Skotina.Je me lance dans quelques contrôles et tests mais sans succès. La nuit tombe. Nous n’avons ni l’envie ni l’énergie de contacter notre assistance ce soir. Et la nuit va peut-être porter conseil ! Un petit message sur Facebook et une quantité de réponses d’amis, voyageurs ou non, nous parvient. Que de bonnes ondes positives nous sont envoyées des 4 coins de la planète. C’est bon pour le moral.

Des gyrophares bleus et une sirène hurlante nous font sortir du lit. La police s’arrête pour savoir ce qui se passe. Ils contrôlent et reportent sur leur cahier les données de mon passeport.

Nuit bercée mais vraiment bercée par le tremblement de la cabane à chaque passage de véhicule à un mètre de nous. Le train, quant à lui, passe à moins de 10 mètres de la cabane. Ah oui, on est aussi garé bien en pente. Et des chiens errant aboient. Et on n’a bientôt plus d’eau. Mais on a des enfants adorables et tellement de la chance de vivre une telle aventure qu’il faut en contrepartie être prêts à vivre ce genre de mésaventure. Et puis on commence à avoir une solide expérience dans ce domaine…

Jeudi 7 février 2019 :

Le sommeil a été haché. De bon matin, je commence avec l’aide précieuse de Joaquim, le mécanicien Mercedes de saint Jean d’Angély qui nous avait déjà dépanné au mois d’octobre, à essayer de trouver la panne par téléphone. Après différents essais, le problème semble venir de la pompe à injection. La batterie est à plat à force de tirer dessus. Pas d’autres solutions que de faire appel à l’assistance. Il est encore temps d’en profiter pendant que nous sommes en Europe. Dès 14 heures, nous les appelons et ils nous informent qu’ils nous envoient une dépanneuse. Je leur précise bien les dimensions et le poids du véhicule afin que la dépanneuse soit adaptée pour remorquer la Tiny. 16h30, une dépanneuse arrive. Évidemment, on s’en doutait, elle n’est pas assez grande pour tirer la Tiny. Je rappelle l’assistance qui m’informe qu’elle envoie une nouvelle dépanneuse. Un habitant près de là où nous sommes tombés en panne s’approche de nous et discute avec nous. Quelques instants plus tard, il revient et nous offre une douzaine d’œufs.

Il est 20 heures quand la deuxième dépanneuse arrive. Nous prenons place dans un taxi qui, téléphone dans une main, fonce à une vitesse folle, 110 km/h au lieu des 50 autorisés vers la ville de Katerini. Mais il est maintenant trop tard pour nous déposer dans un garage. Nous dormons donc chez le dépanneur.Anaïs et Victor ne sont pas sortis de la Tiny depuis 48 heures !

Bivouac de rêve, bercés par le bruit de l’autoroute et de la voie de chemin de fer longeant le parking.

Vendredi 8 février 2019 :

Le sommeil a de nouveau été haché. Dès 9 heures, nous remontons sur la dépanneuse.Elle nous amène dans un garage Mercedes mais spécialisé en voiture et non pas en camion. Il ne se dit pas compétent pour nous réparer. Nous traversons de nouveau la ville et arrivons dans un nouveau garage Mercedes mais spécialisé poids-lourds. L’accueil est comme souvent avec les grecs que nous avons rencontrés, assez froid lors des tous premiers échanges de paroles. Mais rapidement, le patron Dimitrić, nous offre des sourires et un café grec. Oui, je précise grec car ce n’est pas un café comme nous le buvons en France. Nous le voyons le préparer. Il mélange 3 cuillères de café moulu, 3 cuillères de sucre et 3 verres d’eau. Une fois le tout porté à ébullition, il sert directement dans les tasses mais sans filtrer !! Autant vous dire que le café est bien épais. En restant quelques instants autour de la tasse, le marc de café se dépose un peu au fond de la tasse mais il reste des morceaux…Aussitôt deux mécaniciens se mettent au travail. Le premier verdict était bon. Le problème vient bien de l’arrivée de gasoil à la pompe qui ne délivre pas assez de débit. En début d’après-midi, le verdict tombe, il faut déposer la pompe à injection pour la faire réviser dans une agence Bosch Service. Mais nous sommes vendredi et nous craignons de devoir attendre lundi pour être réparé.

Anaïs et Victor, sont hyper mignons, malgré le fait qu’ils ne puissent sortir de la Tiny. Ils s’occupent à faire école, à cuisiner, à jouer… Anaïs me demande de l’aide pour écraser les noisettes. De bon cœur, je tape sur le sachet avec un marteau… avant de m’apercevoir que je viens de réduire en poudre les cacahuètes de l’apéro…Environ 3 heures après, la pompe est déjà révisée. Un des mécanos saute dans une voiture et file à toute allure la chercher. Il est de retour quelques minutes après et revient en courant avec le carton contenant la pompe. Aussitôt, 3 mécanos se mettent à la remonter. Une heure après, le moteur démarre au quart de tour. Ouf, nous voici rassurés. Mais les mécanos ont déjà dépassé leur horaire de travail. Ils termineront le remontage demain matin.

Par chance, Dimitrić nous autorise à bivouaquer dans son atelier au milieu de ses outils. Il nous indique cependant bien de ne pas sortir de la Tiny car le hangar est sous alarme ! Quel bivouac ! Cependant, il est bien calme. Pas un bruit !!Ce soir, les enfants nous préparent un petit plateau repas pour notre séance de cinéma en famille.Nuit bercée par le doux espoir de reprendre la route demain matin…

Samedi 9 février 2019 :

Dès 8h30, les mécanos se mettent à tout remonter. En fin de matinée, nous prenons enfin la route après s’être fait offrir un œuf frais par Dimitrić…

Nous faisons les pleins et quelques courses avant de prendre la route en direction de la Turquie. Mais dès les premiers kilomètres, je me rends compte que le moteur n’a pas de puissance quand je monte dans les tours… Grrrrrrr…. Je dis quelques grossièretés. Surprise des mécanos nous voyant de nouveau arriver dans l’atelier.

Ils échangent deux injecteurs qu’ils avaient inverser au tout début. Deuxième essai sur route. Toujours pas de puissance. La pompe est certainement décalée. Ils règlent l’avance de quelques degrés. Troisième essai sur route. C’est encore pire… Et en plus, il est l’heure que le garage ferme pour le week-end… Par chance, nous pouvons quand-même rouler et rejoignons le littoral pour bivouaquer les deux prochaines nuits au bord de la mer. Les enfants passent l’après-midi à se défouler dans le sable. Les parents s’occupent de faire la lessive et discutent avec plusieurs grecs, très souriants et curieux de notre véhicule et de notre voyage. L’un deux nous offre des choux-fleurs et… des œufs… Nous sommes un peu fatigués de ces soucis mécaniques mais gardons espoir et le moral, notamment grâce à tous les messages de soutien que nous recevons de la part de nos amis, de notre famille et de plein d’anonymes… Merci à tous.

Avec Audrey, on se dit que dorénavant, nous allons arrêter de passer dans les villes commençant par « Ca… ». Notre première grosse panne en Amérique du Sud, nous avait immobilisés durant 3 semaines à Calama. Notre deuxième panne au Pérou nous avait bloqués à Cajamarca. Et là nous sommes à Katerini…

Ce soir au menu, œufs durs… et choux fleurs !!

Dimanche 10 février 2019 :

Bon d’accord, il y a pire comme bivouac. La nuit a été calme et juste bercée par le doux bruit des vagues, du moteur de quelques barques de pêcheurs et de quelques chiens errants.

Le thermomètre n’indique que 10° à l’intérieur de la Tiny mais rapidement le chauffage et les premiers rayons du soleil nous réchauffent. École avec une belle vue sur la mer Égée. Audrey me fait remarquer que j’ai attaché le fil à linge sur le panneau « camping interdit ». Du coup, je l’accroche à l’arbre d’à côté et le linge termine de sécher. L’avantage de visiter la Grèce hors saison est que nous pouvons vraiment dormir n’importe où. Beaucoup de parkings ont ce panneau mais jamais depuis trois semaines nous n’avons été dérangés.

Pour revenir aux chiens que nous voyons par dizaines partout en Grèce, ils n’ont pas de propriétaires mais cependant nous voyons beaucoup de passants leur offrir à manger. Ils versent des tas de croquettes au sol, leur donnent à boire, leur ouvrent des boites de pâtés. Les chiens ne sont pas agressifs mais bien entendu, nous nous méfions quand même. Les enfants n’ont pas le droit de s’en approcher.

En fin de matinée, quelqu’un s’approche de nous en nous parlant en français. Nous engageons la conversation avec Sébastien, un français voyageant seul au volant de sa vieille Ford Escort break. Il est œnologue en France. Il est même guide œno-touristique et fait visiter les vignobles de sa région de Bourgogne à des touristes. Il a engagé un tour du sud de l’Europe le faisant passer par les Balkans, la Grèce, et a pour objectif d’aller jusqu’en Arménie et en Géorgie s’il parvient auparavant, d’ici quelques jours, à vendre sa voiture à un grec pour lui permettre de poursuivre son voyage. Il nous parle avec des étoiles dans les yeux de sa passion pour l’œnologie, et en particulier pour les vins orange. Nous apprenons que cette technique ancestrale consiste à faire un vin blanc vinifié comme du vin rouge ! Les raisins blancs sont fermentés pendant plusieurs mois avec leurs parties solides. Ces vins tanniques sont donc plus digestes avec un ressenti d’alcool moindre. Sébastien est également agent commercial en vin et profite donc de son voyage pour repérer de bonnes adresses. Voilà une belle façon de voyager. Il profite du réseau de couchsurfing pour dormir chez l’habitant le soir. Nous l’invitons à partager notre repas avec nous. Nous dégustons une bonne bouteille de vin bien fruité du Monténégro, sortie de sa cave. Nous échangeons sur nos façons de voyager. Sébastien est notre belle rencontre de la journée. Le hasard a voulu qu’il vienne se garer à côté de nous. La magie du voyage a opéré.Anaïs et Victor, après plusieurs jours bloqués dans le camion à cause de notre panne, profitent de la plage pour faire des constructions dans le sable…Bivouac toujours sur le parking de la plage près de la petite chapelle. Coucher de soleil sur le Mont Olympe, plus haut sommet de la Grèce (2917 mètres) et traditionnellement le domaine des dieux de la mythologie grecque. Nous invoquons ce soir le Dieu de la pompe (à injection). 

Lundi 11 février 2019 :

Nous sommes attendus et immédiatement pris en charge dès 8h30 à l’ouverture du garage Mercedes. L’opération consiste à trouver le bon réglage de l’avance de la pompe à injection. Joaquim m’inquiète un peu en me disant que cette opération est très compliquée sans être équipé du logiciel informatique. Les mécanos ne l’ont pas ou ne savent à mon avis pas s’en servir. Ils font un réglage à l’aveugle de la pompe et nous partons faire un test sur la route. C’est pire. Deuxième réglage, c’est encore pire. Ils commencent à incriminer la révision de la pompe par le diéséliste de l’agence Bosch Service. Dimitrić nous accompagne donc les voir.Eux sont équipés de la valise diagnostic qu’ils branchent aussitôt sur la Tiny.  Et là, ils commencent à s’engueuler devant moi. Ce n’est pas une mauvaise révision de la pompe mais une mauvaise installation au remontage. Ils essayent de régler l’avance de la pompe et nous allons faire à trois reprises un test sur route mais qui s’avèrent tous mauvais. Le verdict tombe, il faut redéposer la pompe pour bien la remettre…

Mais que de stress ! Que d’incertitudes ! Nous qui nous sentions en sécurité en arrivant dans un garage de la marque Mercedes et d’autant plus spécialisé en camion. Retour chez Mercedes où les mécanos de Dimitrić se mettent aussitôt au travail. Mais au moment de la reposer comme il faut, je ne les sens pas compétents pour trouver le bon réglage. Je stresse.Puis d’un coup, arrive en trombe le mécano de chez Bosch Service qu’ils ont appelé à la rescousse. Ils s’échangent des mots en grec que je ne comprends pas mais ça n’a pas l’air très sympa, d’autant plus qu’ils sont accompagnés de gestuelle et d’intonation bien agressive. Qu’importe, je suis rassuré quant au remontage qui avec l’aide d’un professionnel compétent dans ce domaine se termine assez rapidement. Le moteur démarre au quart de tour. Essai sur route d’une vingtaine de kilomètres où tout fonctionne parfaitement. Ouf…

L’après-midi se passe en partie à changer la pompe à eau sur laquelle les mécanos ont aperçu une fuite. Il est préférable de la remplacer. De nouveau, il faut démonter toute la façade avant du camion.Sur les bons conseils de Matthieu et Joaquim m’ayant aidé à préparer les pièces détachées susceptibles de lâcher durant le voyage, j’en avais une de secours. Ils me la montent et en profitent pour changer le galet enrouleur, le galet tendeur, le vérin amortisseur de vibrations (que j’avais également en stock) ainsi que le bras de serrage… On repart à neuf de ce côté-là… Ils me remplacent aussi ma pédale d’accélérateur qui était cassée, ainsi que le support d’alternateur.

Par sécurité, nous repassons par l’agence Bosch Service pour qu’ils vérifient que le montage de la pompe ainsi que son réglage ont bien été effectués. Les résultats du diagnostic sont parfaits ! Nous en demandons plus sur ce qu’ils ont fait comme révision sur la pompe à injection. C’est l’une des valves à l’intérieur de la pompe qui a explosé d’où la panne franche que nous avons eue. Donc rien à voir avec les précédentes pannes. Mais certainement que la pompe avait déjà quelques faiblesses depuis nos misères l’été passé. Il m’était impossible depuis plusieurs mois démarrer sans activer la pompe Phiphi (pompe d’amorçage électrique de gasoil) et sans faire au moins deux préchauffages. Je vous avais déjà parlé à plusieurs reprises qu’on savait bien qu’un matin, on ne démarrerait pas !

L’envie de prendre la route est plus que pressante mais nous sommes trop fatigués nerveusement et avons vraiment besoin de tous souffler avant de repartir.

Audrey durant quelques courses d’appoint au Lidl rencontre un couple de voyageurs français qui proposent de boire une bière ensemble. Ça ne se refuse pas d’autant plus qu’ils ont l’air bien sympathiques. Nous échangeons quelques mots sur le parking et nous nous retrouvons quelques instants plus tard sur le bivouac où nous avons passé le week-end. Nous passons une très agréable soirée avec Susie et Justin, un jeune couple parcourant en camping-car l’Europe durant quelques mois. Les moments partagés sont très agréables d’autant plus qu’ils sont arrosés de quelques bouteilles. La soirée se termine un peu tard autour d’eau de vie croate et d’alcool serbe à base de miel.

Ouah, que ça fait du bien cette soirée après toutes les dernières galères que nous avons rencontrées.

Mardi 12 février 2019 :

Premier démarrage parfait. Au quart de tour. Un seul préchauffage. Plus besoin de ta pompe Phiphi, mais que je garde bien en sécurité, au cas où… Et encore merci pour ton aide !

Peut-être à bientôt sur les routes Susie et Justin…Pas d’école ce matin, nous sommes trop impatients de rouler et espérons pouvoir nous approcher au maximum de la frontière turque ce soir. La route se passe bien, la Tiny a retrouvé sa puissance, ses reprises et son couple. Les kilomètres défilent au compteur. Les heures défilent. La route est bonne et nous alternons entre l’autoroute gratuite et des morceaux de nationales avant de franchir les péages. Ces derniers sont vraiment très chers en Grèce. On comprend pourquoi elles sont désertes.

Un fourgon aménagé espagnol nous double et nous fait signe de nous arrêter. Ce sont 3 jeunes de Bilbao, expatriés pour trois années en Grèce. Ils ont pris en stop 2 jeunes français ayant décidé de rallier Strasbourg et la Mongolie en un an… Ils nous invitent à partager leur bivouac de ce soir qui s’annonce bien sympathique car situé au pied de sources chaudes… Mais l’envie et le besoin de rouler sont vraiment trop pressants. La nuit tombe et la frontière n’est plus très loin.

Une nouvelle page de notre voyage se tourne car nous laissons derrière nous l’Europe. Le Moyen-Orient s’ouvre à nous et dès demain, le continent asiatique. L’aventure commence vraiment, c’est un peu comme si le voyage commençait réellement maintenant…

La sortie de la Grèce se fait très vite, l’entrée en Turquie se passe bien également. Le tampon est apposé sur notre passeport. C’est d’ailleurs peut-être un tampon, on le sait, qui nous empêchera d’obtenir notre visa chinois. On avisera alors… Rapide visite d’un douanier qui demande à monter dans la Tiny. Il feuillette un livre scolaire. Et nous fait signe d’entrer en Turquie.

Bivouac 10 mètres après la frontière sur le premier parking trouvé. Nous sommes bien fatigués après 450 km parcourus aujourd’hui.

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