3. Portugal : du 25 octobre au 1er novembre 2018 : Nord-est du pays et sa superbe vallée du Douro

1426 km parcourus du 25 octobre au 1er novembre 2018

2716 km parcourus depuis le départ

Jeudi 25 octobre 2018 :

Nous sommes à Poitiers depuis hier soir, venus rendre visite aux parents d’Audrey, et également venus tester la mécanique de la Tiny suite à la dernière panne réparée depuis la veille chez Mercedes à Saint Jean d’Angély.

Nous reprenons la route de nouveau en direction de chez Mercedes afin d’y récupérer un capteur PMH que nous avons commandé hier, de manière préventive. Tout le monde a beau nous dire que ce sont des capteurs qui font la durée de vie d’un véhicule et que ça ne se change jamais, et bien nous, on a quand même la poisse avec celui-ci. Il nous avait lâché sur notre précédent camping-car Fiat et c’est déjà le deuxième qu’on change sur la Tiny.

Dernière petite révision par Joaquim, que nous remercions encore mille fois, et nous prenons la route, après qu’il nous ait donné quelques infos sur son pays de cœur, le Portugal que nous allons bientôt (enfin, on espère…) visiter.

Ça y est, on peut enfin quitter Saint Jean d’Angély où nous aurons passé pas mal de temps ces dernières semaines ! Nous faisons 5 kilomètres en direction de chez nous et… oui, oui, et… oh ben non ? ben si… et puis… ben quoi ???

Et ben, plus de puissance dans le moteur qui se met de nouveau en mode dégradé. Le même symptôme que début juillet et nos problèmes d’injection. Rien à voir avec la panne des derniers jours. Aussitôt, on se décompose. On n’y croit pas. Le ciel nous tombe sur la tête. Pas d’autres solutions que de revenir à la concession Mercedes. Eux aussi se décomposent en nous voyant arriver. La secrétaire sort catastrophée. Les mécanos accourent. Joaquim est appelé par ses collègues. Il n’en revient pas en nous voyant de nouveau ici et surtout quand je lui explique les symptômes. Il abandonne aussitôt les soudures qu’il était en train de faire, ouvre le capot de la Tiny et en 2 secondes aperçoit un tout petit tuyau de dépression d’air alimentant le turbo qui était débranché. Certainement suite aux dernières réparations et manipulations d’il y a 3 jours. Aussitôt rebranché, je pars avec lui faire le tour de la rocade de Saint Jean d’Angély. Tout fonctionne de nouveau parfaitement. Ouf… Merci Joaquim. Voici encore une panne que je saurai résoudre, si ça venait à se reproduire, seul sur le bord d’une piste isolée dans la steppe mongole ou sur les pistes sablonneuses du Kenya…

Après ce gros coup de stress, nous quittons enfin Saint Jean d’Angély et là… vous me voyez venir ? Nooooon ! Quoi encore ???? Mais ils n’arriveront jamais à commencer leur cavale ces Mollalpagas ??? Non je déconne. Passage une dernière fois par notre maison et soirée apéro entre amis romegousiens. Puis la soirée se prolonge avec Pascal et Cléo des Espacla sur la route de l’Irlande. Et au fait, on ne s’était pas déjà dit au revoir Pascal ?? Mais quel plaisir de partager ces moments ensemble… A très bientôt au Maroc Pascal…

Vendredi 26 octobre 2018 :

Nous décidons de ne pas faire école ce matin. Nous avons trop envie de rouler et de voir le bitume user les pneus de la Tiny. Ça nous démange. On n’en peut plus de tourner en rond depuis bientôt 3 semaines. Sous un épais brouillard, nous partons, confiants, plein sud. On ne s’arrête pas. On veut rouler un maximum aujourd’hui et si possible franchir notre première frontière.

Nous quittons notre Charente Maritime et traversons les longues lignes rectilignes tracées au milieu des pins des Landes. Anaïs et Victor passent la journée à s’occuper à l’arrière en lisant, jouant, se chamaillant (un peu, surtout quand Victor a faim, il « embête sa sœur, sinon il s’ennuie »), regardant le paysage ou bien encore répondant aux gens qui nous doublent en nous faisant un sympathique signe de la main ou en nous filmant, ou encore pire en faisant dangereusement des selfies tout en roulant. De temps en temps, un des deux enfants passe devant sur le troisième siège de la cabine et nous accompagne durant quelques temps. Le passage, certes étroit, entre la cellule et la cabine est bien pratique pour cela.

Le temps brumeux et couvert ainsi que les températures plus fraîches nous incitent à poursuivre notre route sans nous arrêter. En fin d’après-midi, nous pouvons enfin franchir notre première frontière à Irun. A nous l’Espagne ! Nous avions prévu de passer quelques temps dans ce pays en longeant la côte Atlantique pour y visiter les provinces de Cantabrie, des Asturies et enfin la Galice. Mais compte tenu des derniers 15 jours perdus, et surtout de l’envie de nous éloigner loin de chez nous et d’avoir le maximum de dépaysement, nous faisons le choix de filer sur le Portugal. Nous aurons bien l’occasion de revenir visiter cette région une autre fois.

Impossible de trouver un bivouac durant les premières dizaines de kilomètres parcourus au pays basque espagnol. La vallée, très industrialisée, n’invite pas à sortir de l’autoroute et à se retrouver sur un parking de station-service coincés entre le bruit de la circulation incessante des camions et la voie de chemin de fer.

La fatigue, après 450 kms, me fait finalement sortir de cet axe routier et nous trouvons un bivouac dans le village de Segura. Très vite, nous retrouvons l’ambiance espagnole que nous aimons tant. Tout le monde vit dehors, et ce malgré la fraicheur des températures automnales et la nuit tombante. A peine garés, une vingtaine d’enfants accourent autour de la Tiny et nous posent mille questions. Nous replongeons dans cette langue et cherchons un peu nos mots, car cela fait deux ans que nous n’avons plus parlé espagnol. Avec grand plaisir, Anaïs sans aucune hésitation, se fait un groupe de copines et communique avec plaisir en espagnol.

 

Samedi 27 octobre 2018 :

Nous retrouvons rapidement nos réflexes de voyageurs comme nous le faisions en Amérique du sud. Nous avons fait le choix de faire école, de manière quasi quotidienne sans marquer les week-end. Les périodes de vacances se feront plus quand de la famille nous rejoindra. De manière rituelle, l’école se fait dès le petit déjeuner terminé. Durant ce temps, où Audrey s’occupe des enfants, je me pose sur le lit à écrire ces quelques lignes.Aujourd’hui de nouveau, une grande journée de route se profile. Non pas qu’il n’y ait pas grand-chose à visiter mais encore une fois, nous voulons vraiment nous rapprocher au maximum du Portugal. Evidemment, les villes espagnoles près desquelles nous passons comme Burgos, Ségovie, Salamanque, ne manquent pas d’intérêt mais nous les avons déjà visitées. Nous traçons, d’autant plus que les déneigeuses, garées tous les 10 km et prêtes à intervenir et à déverser des tonnes de sel sur l’autoroute, nous encouragent à continuer notre route.Les paysages manquent d’intérêt. Les crêtes des collines sont pleines d’éoliennes. La végétation est sèche et tout est encore grillé. Par moment, seule la couleur dorée et automnale des feuilles égaye le ciel gris dont les nuages se vident de neige fondue.

Le camion se comporte bien et roule entre 90 et 100 km/h sur le long ruban asphalté et gratuit qui traverse l’Espagne. Seuls les démarrages matinaux nous font encore un peu stresser car il ne se lance plus au quart de tour. Il nous faudra encore quelques jours pour reprendre confiance dans la mécanique.

A l’approche des grandes villes, nous voyons d’immenses cités et quartiers inachevés suite à la crise financière mondiale de 2008. Le pays à l’époque en plein essor immobilier s’est vu contraint de revoir ses ambitieux  à la baisse, laissant abandonnés des vestiges de béton et d’acier.

Nous quittons l’axe principal descendant vers le sud de l’Espagne et les grandes villes portugaises au sud de Valladolid pour filer vers le Nord du Portugal. Beaucoup moins de circulation. Les paysages sont désertiques. Nous ne traversons quasiment plus de villes. Beaucoup de fermes sont abandonnées. Quelques friches industrielles paraissent abandonnées à jamais.

Plus nous nous approchons du Portugal, plus nous nous sentons loin de tout. Nous n’imaginions pas des zones aussi désertiques en Espagne. Le sol recouvert de granit ne se prête pas à l’agriculture. Des kilomètres de murs de pierres sèches pour délimiter des parcelles. Des chiens de bergers tentent de rassembler les moutons. On se croirait en Irlande. Sauf que c’est moins vert…

Nous profitons de faire un dernier plein de gasoil, y compris nos 50 litres de réserves en bidon car le gasoil à 1.175€ le litre, ça fait bien longtemps que cela ne nous est pas arrivé. Et le Portugal est aux alentours de 1,50€ le litre, comme en France.

A la nuit tombée, nous franchissons notre deuxième frontière de notre voyage en deux jours. A nous le Portugal. Nous arrivons dans la région du Trás-Os-Montes, région de hauts plateaux et montagneuse. Nous bivouaquons au pied de la cité médiévale de Bragança que nous visiterons demain. Grosse journée avec plus de 500 kms parcourus.

L’air est glacial dehors et il ne fait pas bien chaud non plus dans le camion. Rapidement, j’installe la cheminée extérieure et amovible du poêle à bois que je m’empresse de mettre en route. Quel bonheur pour ce premier test du poêle d’entendre crépiter le feu et de sentir cette chaleur si agréable du feu de bois !

La soupe sera ce soir réchauffée sur le poêle.

Dimanche 28 octobre 2018 :

Réveil décalé d’une heure suite au changement d’heure. Bon, ben il n’est que 7h. On allume le téléphone dont l’heure s’est mise automatiquement à jour. Ah ben en fait, il y a une heure de décalage horaire avec l’Espagne ou la France. Donc, il n’est que 6h ! La journée va être longue. 13° dans le camion. Le premier réflexe est bien entendu d’allumer le poêle qui réchauffe à une température convenable l’intérieur de la Tiny. Nous en profitons donc pour faire griller le pain dur sur le dessus du poêle en fonte.

Durant l’école, je pars malgré les 4° avec ma scie, ma hachette et mon coin faire du bois. Un petit espace de stockage dans le camion sous le poêle à bois me permet d’en stocker d’avance. Des petits morceaux de 15 cm de long et d’environ 3 cm de diamètre, suffisent à maintenir une température agréable.

 

 

Nous partons en fin de matinée, visiter la citadelle de Bragança, construite en 1130. L’enceinte fortifiée par ses remparts crénelés, abrite le château avec ses tours de guet et son magnifique donjon.

Adossée à l’église Santa Maria, la Domus Municipalis est un bâtiment de forme pentagonale du 12ème siècle. C’est le seul vestige d’architecture romane civile au Portugal. C’est l’unique hôtel de ville de ce genre de la péninsule. En dessous de cette grande salle de réunion, la grande citerne de la ville servait à alimenter en eau les habitants de la ville durant les conflits avec l’Espagne.

Un tour des remparts nous permet avec un peu de hauteur de voir les maisons de la citadelle, blanchies à la chaux. Un doux parfum du Portugal avec le linge qui sèche aux fenêtres. Pas grand monde dans les rues authentiques de ce village. Très peu de touristes également, la ville étant vraiment reculée des circuits habituels de visite.

Nous continuons dans la ville plus moderne à la recherche de quelques courses pour ce midi. La seule épicerie ouverte en ce dimanche nous permet d’en ressortir avec du fromage de chèvre, du sacrément bon pain et quelques châtaignes à faire cuire ce soir sur le poêle. La ville possède beaucoup de couvents et d’églises. Comme nous en avions déjà vues au Portugal, certaines ont leurs façades recouvertes de fresques d’azulejos.

L’après-midi, les enfants jouent bien couverts à la plage d’un lac artificiel que nous avons rejoint pendant qu’avec Audrey, nous nous attaquons à casser un gros sac de noix que nous traînons depuis 2 mois dans le camion.

La balade autour de cette immense retenue d’eau d’Albufeira do Azibo est bien agréable.

Des chênes verts, des oliviers et de superbes chênes liège bordent le lac. Leur écorce a été récemment coupée laissant apparaître les troncs de couleur sang.

Soirée bien agréable autour du feu. Bivouac bien calme ce soir malgré le vent.

Lundi 29 octobre 2018 :

Les enfants prennent le temps de jouer au soleil autour du lac avant de partir.Rapidement, nous quittons l’autoroute qui traverse le pays de la frontière espagnole jusqu’à Porto. Les distances sont bien courtes ici, le pays ne faisant que 200 km de largeur. Nous nous enfonçons sur une jolie route sinueuse qui s’enfonce dans la région viticole du Haut-Douro. En partie, selon le critère retenu par l’Unesco du témoignage de la tradition culturelle, cette vallée est classée au Patrimoine mondial de l’Humanité. Le vin de Porto a aujourd’hui une renommée mondiale. La particularité des vins du Porto est que le vignoble est cultivé depuis presque 2000 ans sur un sol composé de schiste, merveilleux capteur naturel qui restitue au raisin la nuit toute la chaleur accumulée le jour grâce aux températures torrides de l’été.

Nous sommes toujours dans la région du Trás-Os-Montes (« caché derrière les montagnes »), la plus sauvage du pays. Le relief est assez prononcé et est composé de collines à pic et de vallées encaissées qui s’étendent en plateaux au-dessus de 400 mètres d’altitude. Plus de 40 000 hectares de vignes y sont plantés. Cette longue tradition de viticulture a façonné le paysage en terrasses qui au cours des siècles, rangée par rangée, a été aménagé selon différentes techniques. Les premières étaient étroites et irrégulières, soutenues par des murets de pierre. Aujourd’hui les longues lignes continues de terrasses aux formes irrégulières datent de la fin du 19ème siècle. Cependant des techniques plus récentes, dans le but de faciliter la mécanisation du vignoble, ont malheureusement aplati quelques terrains.

La route descend rapidement vers les berges du fleuve Douro qui prend sa source en Espagne pour aller se jeter dans l’Atlantique quelques 850 km plus loin.

Nous passons devant de superbes propriétés, appelées Quintas. Ressemblant plus à des châteaux qu’à des fermes, elles apparaissent toutes blanches au milieu des vignobles. Leur nom est marqué par d’énormes lettrages visibles de bien loin. Dans ces propriétés, le raisin de Porto est fermenté et additionné d’eau de vie (aguardente) avant de vieillir dans des fûts et cuves en chêne pendant quelques années (parfois 50 ans).

Nous arrivons un mois après la fin des vendanges mais avons la chance incroyable d’y être au début de l’automne, à l’heure où le vignoble prend des tons jaunes, orange, rouges. C’est splendide. Tout cela sous un rayon de soleil à l’heure où les premiers flocons de neige tombent en France.

La route traverse des villages charmants bien isolés des circuits touristiques. Nous prenons un immense plaisir, malgré l’étroitesse de la route, à descendre vers le village de Pinão où nous trouvons le Douro. Quelques rares rabelos (bateaux à voiles) typiques promènent quelques touristes.Autrefois, ces embarcations chargées de fûts traversaient les gorges jusqu’aux chais de Vila Nova de Gaia, et ce jusqu’en 1880 et l’arrivée du chemin de fer le long du Douro.La gare, hors du temps est couverte d’azulejos illustrant des scènes locales et traditionnelles.

Nous reprenons la route le long des méandres du fleuve. La végétation est composée en plus de la vigne, d’orangers, de palmiers, d’amandiers, d’eucalyptus, de chênes verts, de chênes liège… De superbes oliviers, certains plusieurs fois centenaires, sont également plantés sur des terrasses.

Un impressionnant barrage à Bagaúste attire notre attention. Son écluse, longue de 85 mètres et large de 12 mètres, permet de descendre les 27 mètres de dénivelé.Nous bifurquons vers Lamego et au prix d’une route bien sinueuse et sacrément pentue sur 10 km, nous arrivons dans cette ville dominée par son sanctuaire Nossa Senhora dos Remédios.Un immense escalier double monte de la place centrale de la ville jusqu’en haut d’une colline boisée. Les enfants débordent d’énergie et grimpent en courant. Après quelques centaines de marches gravies, nous arrivons dans ce lieu de pèlerinage datant du 18ème siècle. De superbes fresques d’azulejos ornent là aussi les murs de soutènement des escaliers ainsi que les 9 terrasses. Cet édifice est considéré comme l’une des plus belles constructions baroques de la péninsule.

Retour difficile, en évitant de faire chauffer les freins du camion, pour le bivouac dans la ville de Peso da Regua, sur les bords du Douro enjambé par 3 ponts.

Mardi 30 octobre 2018 :

Durant l’école, je brave la pluie, pour m’occuper de l’intendance du camion (pleins et vidanges) à l’aire voisine bien aménagée. Je m’attaque également à la lessive et nous apprécions bien notre nouvel achat de machine à laver et essoreuse électrique…

Nous reprenons la route le long du « fleuve d’or » qui s’élargit au fur et à mesure qu’on s’approche de son embouchure à Porto. Rapidement, nous remontons sur ses coteaux toujours paysagés de vignobles en terrasses et de ses quintas. Nous quittons ces paysages et dès qu’on change de versant, les vignes disparaissent laissant place à des forêts d’eucalyptus dont les sols luxuriants sont recouverts de bruyères et de fougères.

Très vite, nous approchons de la zone très urbanisée de Porto, distante de 60 km. Les villes sont liées les unes aux autres, forêts et cultures ont disparu.

Arrivés à Amarante, nous partons visiter cette jolie ville du nord du pays construite le long de la Tâmega qui est enjambée par un superbe pont romain.

De belles maisons du 17ème siècle, aux balcons en fer forgé et bois peints aux couleurs vives.

Nous arrivons sur la place centrale avec son église de Sao Gonçalo du 16ème siècle.

D’étonnants confessionnaux donnent sur le cloitre extérieur.

Un petit arrêt chez Lidl nous amuse. Autant, ces magasins peuvent tous se ressembler quel que soit le pays où nous sommes, autant ici au Portugal, un grand stand central découpe à la demande et vend une des spécialités du pays, la morue salée.

Nous nous dirigeons vers Guimarães, 4ème ville du pays, et nous trouvons grâce à notre application Park4Night un super bivouac au sommet de cette ville de 160 000 habitants au pied de son château médiéval.

Petit tour à pied pour s’apprivoiser les lieux que nous visiterons demain.

  De retour à la Tiny, un couple d’anglais voyageant dans une superbe ancienne ambulance de l’armée australienne, vient nous saluer.

Mercredi 31 octobre 2018 :

Classée au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco, Guimarães est considérée comme le berceau de la nation portugaise. Nous commençons notre visite de cette magnifique ville par le Palais des Ducs, construit au 15ème siècle. Restauré en 1933, il sert encore de résidence au Président de la République.

Le Palais est superbement meublé et décoré de meubles portugais, de tapisseries flamandes et françaises reprenant l’histoire des grandes découvertes portugaises, de superbes tapis de Perse en soie incrustés de fils métalliques, de porcelaine de la compagnie  des Indes et de peintures. Superbes salles comme cette salle des pas perdus ou la salle d’armes.

La charpente en châtaignier de la salle des banquets imite la coque renversée d’une caravelle.Nous tombons sous le charme des rues pavées bordées de maisons anciennes de la ville médiévale. Ce quartier vidé de ses voitures est un enchevêtrement de ruelles et de places dont des rues pittoresques comme la rua Santa Maria, le largo Tiago ou encore la rua da Rainha. Les maisons ont toutes leurs typiques balcons en ferronnerie.

Notre repas de ce midi se composera de petits pains au chorizo et de pâtisseries portugaises. Humm !

La visite se poursuit par la visite du Castelo. La silhouette de ce château figure sur l’écusson du Portugal. Le grand donjon carré entouré de 8 tours crénelées domine la ville. Il date du 10ème siècle et fut construit pour contrer les attaques des Maures et des Normands.

Jolie vue sur la Palais des Ducs et sur la vieille ville.

Route vers Porto où nous avons repéré une aire de camping-car au pied de la station de tramway qui nous permettra de visiter la ville demain. Nous y retrouvons une famille d’excellents amis voyageurs. Enfants et adultes prennent un plaisir fou à se retrouver. Pendant que les plus petits partent seuls acheter des bonbons (c’est Halloween !) au magasin du coin, les plus grands discutent au coin du feu dans la Tiny. La soirée se prolonge autour de quelques verres. Une nouvelle famille de voyageurs, les Dupont (avec un T), Clotilde, Benoit et leurs enfants Salomé, Siméon et Samuel nous rejoignent. Adultes dans un camping-car, enfants dans l’autre. Une vraie soirée de voyageurs !

Jeudi 1er novembre 2018 :

De bon matin, nous sommes 13 à monter dans le tram pour partir visiter la ville de Porto, deuxième ville du pays. Le centre historique est également classé au Patrimoine mondial de l’Humanité. C’est avec grand plaisir que nous y remettons les pieds car nous y étions déjà venus le temps d’un week-end prolongé avec Audrey en 2011. Le tram nous dépose dans la ville haute et nous commençons la balade, guidés par Audrey. Nous passons devant de superbes églises dont les façades sont entièrement revêtues d’azulejos.

D’immenses places sont bordées de majestueux immeubles aux façades bien chargées. Comme la place donnant sur la Camâra Municipal, hôtel de ville de Porto.

Nous passons devant l’église baroque dos Clérigos, dont la plus haute tour du Portugal, du haut de ses 75 mètres, domine toute la ville.La librairie Lello e Irmão et sa superbe façade méritent le détour. Son intérieur, ses plafonds et ses rayonnages sont tout en bois sculpté y compris un magnifique escalier formant un 8 menant à l’étage. Nous n’y rentrons pas car l’entrée est devenue payante à 20 euros pour 4 ! Mais nous ressortons de nos archives une photo de l’intérieur…

Mais Porto, c’est aussi un peu d’architecture moderne avec quelques galeries commerciales de béton et de verre aux toitures végétalisées d’oliviers.Nous arrivons Rua das Flores, l’une des plus colorées de la ville. Belles demeures bourgeoises, églises et palais baroques, devantures anciennes, musiciens dans les rues, linge qui sèche aux fenêtres… une belle ambiance où il est agréable et bon de flâner.

 

Les habitants arborent fièrement à leur balcon le drapeau de la nation ou de leur équipe de foot, le FC Porto.

Nous descendons dans la ville basse en empruntant des rues où beaucoup de maisons sont toujours à l’état d’abandon.Eglises, couvents, jolies maisons recouvertes d’azulejos colorés s’enchaînent dans un dédale tortueux de ruelles ombragées sur la rive droite escarpée du Douro. Une vraie palette de couleurs aux tons pastels où les façades sont peintes de toutes les couleurs, de même que les bardages en tôles ondulées.

Nous arrivons dans le quartier de la Ribeira sur les bords du fleuve Douro sous un très beau soleil qui nous invite à enlever nos manteaux et à boire un verre de Porto blanc entre amis en terrasse.

Quartier très animé et convivial avec une vue superbe sur le pont métallique Dom-Lúis-1er, réalisé par un ancien collaborateur de Gustave Eiffel en 1886. Le métro l’emprunte sur le tablier supérieur, 70 mètres au-dessus de l’eau. Les voitures passent à l’étage inférieur.

Rive gauche, nous arrivons dans le quartier de Vila Nova de Gaia, c’est le coin des chais de Porto, où environ 50 marques différentes sont représentées. Une quinzaine de caves se visitent aussi, parmi les plus connues, Ramos Pinto, Sandeman, Taylor’s, Ferreira, Graham’s ou bien encore Celém. Une large esplanade permet de profiter de ce secteur qui offre une superbe vue sur la Ribeira en face. Amarrés aux quais, de nombreux rabelos, ou bateaux à voile carrée qui assuraient autrefois le transport du vin. C’est sur ces mêmes quais qu’arrivaient les richesses d’outre-mer.

Nous prenons un peu de hauteur et avons une vue bien sympa sur les toits rouges des chais destinés à l’assemblage et au vieillissement du Porto.

De retour à notre bivouac, deux nouvelles familles de voyageurs se sont jointes à nous. Tessa et Bas voyagent depuis la Hollande dans un vieux camping-car Mercedes capucine bien plus vieux que le nôtre. Une autre famille incroyable de belges flamands voyage, depuis plusieurs mois en roulotte tirée par un tracteur de 1971. Lyndie et Joris voyagent avec leurs deux blondinets de 4 et 6 ans, propulsés à la vitesse de pointe de 24 km/h sur le plat et de 18 km/h dans les côtes !

Ils avaient jusqu’à leur arrivée en Espagne une deuxième roulotte attachée à la première mais la réglementation espagnole interdisant les trains routiers, ils ont dû la laisser en gardiennage à la frontière. Auparavant, ils voyageaient avec la même roulotte mais tirée alors par deux chevaux. A présent, et pour ce voyage, ils ont décidé de motoriser leur monture. Mais le vieux moteur de leur tracteur Mac Cormick est en train de rendre l’âme. Il va leur falloir changer le joint de culasse très rapidement, sans quoi, ils risqueraient de ne pas rejoindre le sud du Portugal où ils souhaitent s’installer. Mais cela n’a pas l’air de les tracasser. S’il venait à lâcher, et s’ils ne parviennent pas à le faire réparer, ils reprendraient des chevaux.

A l’intérieur, un simple poêle à bois, une table, quelques rangements mais une ambiance bien cosy et chaleureuse. Pas d’isolation thermique à part deux simples toiles blanches. Ils ne roulent pas quand la route est mouillée car le plancher n’est pas protégé contre l’humidité… Un seau métallique en guise de toilettes. Un grand et unique lit pour eux quatre. Un petit réchaud à essence. Pas de douche mais un simple filet d’eau qui tombe dans une bassine.

Peu de confort mais quelle joie de vivre ! Ils paraissent heureux, sont joyeux, vivent avec le simple minimum. Joris conduit avec un casque anti-bruit sur les oreilles. Lyndie le guide avec son téléphone qui lui sert de GPS mais Lyndie voyage dans la roulotte avec les enfants. Donc à chaque intersection, il se retourne et elle lui fait signe par la fenêtre pour lui indiquer la direction à prendre…

Ils fabriquent un superbe artisanat en cuir qu’ils vendent sur le bord de la route, ce qui leur permet d’avancer un peu plus loin. Anaïs prend plaisir à observer son travail et à s’acheter un joli sac en cuir.Les grands prennent quelques apéros dehors malgré le crachin qui tombe. Entre quelques mots de français, d’anglais, de flamand, entrecoupés de rires, de bons moments sont partagés. Les enfants, réfugiés au chaud dans les camping-cars, jouent aux légos, font des jeux de société, fabriquent des petits bijoux. Encore une belle soirée de voyageurs.

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