2023 km parcourus du 13 au 20 septembre 2019

37 672 km parcourus depuis le départ

Vendredi 13 septembre 2019 :

Nous sommes toujours en Chine et toujours en convoi de 8 véhicules pour traverser l’immense Empire du milieu (grand comme 17,5 fois la France, 6 fois le Québec ou 20 512 fois la principauté d’Andorre ! ) du nord au sud entre la Mongolie et le Laos.

Nous avons bivouaqué hier sur le parking de la vieille ville de Zhaohua près de Guangyuan. Ce matin, avec les BAAM et les Un instant de vie, nous prenons la route dès 6 heures. Anaïs et Victor continuent de dormir dans leurs lits pendant 2 heures. Nous scindons le groupe en deux pour les deux jours suivants. Non pas que nous nous soyons fâchés ! Mais nous profitons simplement d’avoir deux guides pour permettre à chacun de nous de trouver son intérêt. Certains ont besoin de repos et de prendre leur temps. D’autres ont soif de nouvelles visites malgré la fatigue (et le budget) que ce rythme de voyage un peu particulier en Chine nous impose.

Aujourd’hui est une journée à encore 400 km et nous souhaitons arriver avant midi afin de pouvoir visiter la prochaine ville étape, Chengdu. Et puis à 3 véhicules, le convoi est plus fluide et nous pouvons rouler un peu plus vite en perdant moins de temps aux péages, aux stations-services. L’étape ne devait faire que 300 km mais l’autoroute est fermée pour travaux et nous oblige à un faire un gros détour de 100 km. Nous ne pouvons nous fier à nos GPS pas assez à jour. Nous utilisons en effet des logiciels comme Maps Me ou bien Osmand+ qui sont des applications gratuites et disponibles hors-ligne qui fonctionnent sur la base de données OpenStreetMap qui est mise à jour par les contributeurs. Une solution open source idéale disponible dans le monde entier. Mais elle montre ses limites en Chine car il y a très peu de voyageurs motorisés ou bien de chinois qui mettent à jour cette base de données. Quand à Google Maps, elle fonctionne avec certaines faiblesses en Chine, comme toutes les applications Google. Heureusement, nos guides sont équipés de GPS chinois régulièrement mis à jour, tellement le réseau routier est en perpétuel changement. D’ailleurs encore une fois, nous circulons sur des autoroutes (en très bon état) empruntant de superbes ouvrages d’arts. Il est rare de ne pas avoir de nouveaux travaux pour une nouvelle voie ferrée ou une nouvelle autoroute parallèle ou perpendiculaire à celle sur laquelle nous roulons.

Nous arrivons en fin de matinée sur place et apprenons que le reste de notre groupe s’est rendu au garage car une grosse fuite d’huile a été détectée au niveau de la boîte de transfert du camion 4×4 des On est tout petit face à la nature. Après quelques heures, ils sont assez vite pris en charge et une réparation de fortune leur permettra de poursuivre vers le Laos et de réparer plus tard.

Nous enfilons nos vêtements aux coutures et fermetures éclairs 100% étanches et bravons la pluie avec nos amis les BAAM. Nous prenons le bus ainsi que le métro car nous sommes garés entre le 3ème et le 4ème périphérique de cette bourgade de tout de même 14 millions d’habitants. Quand nous disons à notre guide que dans notre village de Romegoux vivent 600 habitants, il rigole bien ! La ville est en pleine expansion et les immeubles d’une trentaine d’étages, les métros, les autoroutes aux énormes échangeurs se construisent de partout. Les chinois ont construit dans cette ville le plus vaste bâtiment au monde, le New Century Global Center. Il est haut de 100 mètres et sa superficie atteint 170 hectares. On y trouve hôtels, cinémas, théâtres, centres commerciaux, parcs d’attractions, plage artificielle de 5000 m² avec un soleil couchant sur un écran géant… Tout autour, des gratte-ciels d’une trentaine d’étages sortent de terre. Toutes les constructions sont aux normes antisismiques.

La région du Sichuan a d’ailleurs terriblement souffert en 2008 d’un séisme de 7,9 sur l’échelle de Richter dont le bilan humain officiel atteint 90 000 morts et disparus et près de 400 000 blessés. Notre guide Xia nous en parle avec beaucoup d’émotion et la gorge nouée. Il est originaire de cette région et a vécu cet évènement avec énormément d’angoisse.

Nous arrivons en centre-ville dans un joli quartier dont on ne sait pas vraiment si les jolies maisons sont anciennes ou bien des copies de vieilles bâtisses. Quoiqu’il en soit, la rue est agréable. Dans l’une des boutiques, des femmes trient le thé vert à la main, feuille par feuille.

Nous croisons beaucoup de jeunes vêtus de tenues traditionnelles. Nous mettons cela en rapport avec le jour férié célébrant la mi automne, appelé fête de la Lune, durant lequel les familles se retrouvent pour fêter l’évènement. Mais notre guide nous explique qu’en fait, de plus en plus de jeunes s’habillent ainsi toute l’année, lorsqu’ils sortent le soir avec des amis. Ils portent les tenues que revêtaient les habitants durant la dynastie Tang (618-907).

Nous visitons le musée du Sichuan (nom de la province) abritant différentes pièces (peintures, fresques, bronzes, porcelaine, textiles, calligraphies…).

Un peu plus loin, nous tombons sous le charme du temple Qingyang Gong ou temple des chèvres de bronze. Celui-ci n’est pas dédié au bouddhisme mais au taoïsme. Les édifices religieux sont superbes et bien restaurés. Les palais et les cours se succèdent au sein d’un joli parc fleuri et arboré.

La ville est agréable avec ses parcs arborés. Un petit poumon d’oxygène dans ces immenses agglomérations polluées.

La région est très humide. D’ailleurs, le linge accroché aux balcons semble avoir du mal à sécher ou bien les chinois font tous leurs lessives le vendredi. Auquel cas, cela ne me semble pas raisonnable vu la qualité des branchements électriques dans la rue !

Comme dans toutes les grandes villes, les beaux quartiers voient s’aligner et se superposer grands centres commerciaux et beaux immeubles le long de larges avenues arborées.

Puis, nous marchons dans les quartiers anciens et en particulier la rue Jinli qui est une reconstitution d’une rue commerçante. Elle est envahie de restos et de gargotes vendant de quoi manger sur le pouce. L’ambiance populaire, bien que touristique, est agréable.

Nous dînons dans un resto proposant la spécialité locale, le hotpot. Il s’agit d’une fondue chinoise où on fait cuire dans un bouillon très parfumé légumes, fleurs de lotus, poisson et viande ! C’est un délice.

Samedi 14 septembre 2019 :

Encore une chouette visite aujourd’hui que nous attendons depuis longtemps : la Chengdu Researh Base of Giant Panda Breeding, ou plutôt le Centre de recherche sur la reproduction des pandas géants.

C’est dès 7h30 que nous entrons dans le parc à l’heure où les pandas sortent pour manger et alors qu’ils sont encore éveillés. Par chance, la pluie ne dérange pas ces gros nounours. Heureusement, il ne fait pas plus de 25°, sinon on ne les verrait pas. Ça tombe bien aussi. Nous arrivons devant ces volumineux et massifs nounours mesurant de 1,50 à 1,80 mètre de longueur. Le panda géant est majoritairement constitué de blanc, avec les oreilles, les pattes et le contour des yeux noirs. Son pelage épais le protège du froid des régions de haute altitude où il vit dans son espace naturel.

Le panda géant fait partie de l’ordre des carnivores, même si son régime alimentaire est constitué à 99 % de végétaux, principalement du bambou. Il en mange 40 kg par jour. Le panda possède six doigts dont un faux pouce. Ce pouce est une adaptation liée à l’alimentation. Il lui sert notamment à attraper les tiges de bambou. Les pousses sont avalées tout entières, mais il ne garde que le cœur et rejette l’écorce. Le transit intestinal dure environ huit heures.

Les similitudes d’expression et d’attitude des pandas avec le genre humain sont étonnantes. Nous observons leurs bagarres, leurs jeux, leurs escalades… L’instant est magique.

Les pandas naissent aveugles et pas encore totalement formés. Ils pèsent 140 grammes à la naissance, plus d’un kg à un mois et déjà plus de 28 kg à un an pour atteindre entre 85 et 120 kg à l’âge adulte.

Le panda géant disparaît progressivement de son espace naturel. C’est une espèce endémique (spéciale dédicace à Steph et Dimi) à la Chine centrale dont il ne resterait que 1600 individus à l’état sauvage. Actuellement, il se trouve dans certaines régions de montagnes isolées mais environ 75 % de la population habite la province du Sichuan où nous sommes. Il habite des forêts de bambous, un habitat qui n’a cessé de régresser au bénéfice de l’agriculture. De plus, l’espèce est en dégénérescence car les femelles ont une période d’ovulation très courte (1 à 3 jours par an) et ne peuvent élever qu’un bébé à la fois.

Ce centre de recherche a donc pour principal objectif de faire survivre l’espèce et d’aider à la reproduction. Mais seulement 10 % d’entre eux s’accouplent naturellement, et seulement 30 % des femelles accouplées font des petits. Afin de sauvegarder cette espèce menacée, ce centre a donc souvent recours à l’insémination artificielle.

Nous passons par la nurserie où nous voyons un bébé né il y a un petit peu plus de 3 mois.

La Chine est propriétaire de tous les pandas géants du monde entier. Par exemple, Yuan Zi et Huan Huan, les deux pandas présents au ZooParc de Beauval à Saint-Aignan-sur-Cher en France sont loués 400 000 € par individu par an comme ceux détenus par 24 zoos dans le monde ! (Auquel, il faut ajouter le soigneur chinois qui reste sur place…). Ils ont eu un petit Yuan Meng en 2017 mais qui appartient du coup aussi à la Chine et qui reviendra dans deux ans dans cette base où nous sommes aujourd’hui à Chengdu.

Le Panda Géant est un animal sacré dans la culture chinoise. Tout contrevenant à sa protection encourt jusqu’à 20 ans de prison. Avant 1997, il risquait même la peine capitale.

Dès le milieu de la matinée, les pandas géants ont terminé leurs repas et commencent leur lente digestion en grimpant pour certains en haut des arbres.

D’ordinaire, nous n’aimons pas les zoos mais ce parc n’a rien à voir avec ces enclos tristes qu’on peut voir dans certains parcs animaliers. Ici, les enclos sont grands et pleins de verdure et d’arbres. Nous devons même par moment les chercher alors qu’ils se réfugient en haut des arbres.

Nous voyons quelques pandas roux. Cet animal beaucoup plus petit possède des caractéristiques communes au panda géant comme le faux pouce.

Bon, l’envers du décor, c’est ça… Des milliers de touristes chinois et étrangers qui viennent voir cet endroit unique au monde… Heureusement, nous y étions de bonne heure et avons pu avoir quelques moments privilégiés à pouvoir les observer manger leur bambou quasiment seuls.

En début d’après-midi, nous reformons deux groupes différents. C’est en compagnie d’On perd pas le sud et des BAAM que nous partons avec notre guide Xia en direction de Leshan, encore une petite ville de 3,5 millions d’habitants. Nous partageons une très agréable soirée en compagnie de nos amis voyageurs.

Dimanche 15 septembre 2019 :

C’est parti pour une nouvelle visite d’un site inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, le Grand Bouddha de Leshan. Il s’agit d’une statue monumentale de Bouddha taillée dans la falaise du mont Lingyun sur la rive de la rivière Min. Il a été édifié entre 713 et 803 durant la dynastie Tang.

Le Grand Bouddha mesure 71 mètres de haut pour 28 mètres de large. Sa tête fait 14,7 mètres de haut. Chaque œil mesure 3 mètres de long, et chaque oreille 7 mètres. Le majeur de la main de Bouddha mesure 8 mètres de long, et sa tête est ornée de 1021 petits chignons de cheveux enroulés, taillés dans des blocs de pierre encastrés dans sa tête. La statue comporte un ingénieux système de drainage caché, qui a permis de limiter l’érosion naturelle.

La construction de Bouddha géant est une pratique sans doute originaire de l’Inde, et qui s’est peu à peu répandue dans toute l’Asie. Mais les deux seuls Bouddhas antiques qui pouvaient se comparer à celui de Leshan étaient ceux de Bamiyan, en Afghanistan, détruits en 2001 par les Talibans. Toutefois, en 2017, la déforestation massive en Chine dans les montagnes aux alentours de la ville de Guiyang, a eu pour conséquence la mise au jour d’un autre Bouddha monumental, sculpté dans la roche.

Le chemin d’accès nous fait arriver directement au niveau de sa tête et par un vertigineux escalier creusé dans la falaise, nous accédons 71 mètres plus bas, à ses pieds.

La vue est imprenable sur le fleuve et la ville que le Bouddha est censé protéger. Il doit d’ailleurs son existence à un moine bouddhiste qui souhaitait protéger les marins empruntant le périlleux confluent de trois rivières et prévenir les inondations de la ville de Leshan.

Mais il n’y a pas que le Grand Bouddha à voir sur ce site. Il y a également beaucoup de temples répartis sur plusieurs collines que nous ne faisons que gravir pour ensuite redescendre sur les bords de la rivière pour de nouveau gravir des escaliers de centaines de marches.

Au temple Daxiong, nous assistons à une cérémonie où des dizaines de moines, femmes et hommes, prient en chantonnant. A l’arrière du temple, nous grimpons jusqu’à la belle pagode Lingbao, d’époque Tang.

Nous accédons ensuite à ce qui est certainement le plus beau de cette visite, le parc oriental. Il s’agit d’un temple souterrain creusé dans la montagne et abritant des sculptures impressionnantes dont un Bouddha assis de 33 mètres ou un autre Bouddha de 51 mètres de hauteur.

Ensuite, la salle des dix-milles Bouddhas est toute aussi impressionnante. D’incroyables sculptures plus modernes, représentent différentes interprétations de légendes autour de Bouddha.

Un autre immense escalier qui n’en finit plus mène à un autre temple et à la Grotte des mille mains.

Puis pour terminer la visite, sans le savoir nous passons devant des statues prenant des positions… spéciales, ce qui nous vaut quelques questions de Victor…

Dans le parc, de nombreuses statues sont d’autant mieux mises en valeur que la végétation pousse autour et qu’une petite couche de mousse les recouvre.

Enfin, à flanc de falaise, nous distinguons dans la végétation un gigantesque bouddha allongé de 170 mètres de long. A gauche, sur la photo ci-dessous sa tête, et à droite ses pieds. Ce qui n’est pas sans nous rappeler les énormes Moai taillés dans la montagne sur l’île de Pâques.

Nous sortons de ce formidable site qui nous a enchantés à l’heure de déjeuner. Puis, notre guide Xia qui dort à l’hôtel, nous rejoint et nous prenons la route pour rejoindre le reste du convoi. Malgré les reliefs vertigineux que nous traversons, la route continue de filer tout droit. C’est fou. Les Chinois ne se posent pas de questions avec le tracé des autoroutes. Ils tracent un trait droit entre deux villes et coûte que coûte, ils construisent viaducs et tunnels de plusieurs kilomètres pour les relier au plus court.

Les paysages alternent entre immenses villes de plusieurs millions d’habitants, petits hameaux accrochés à la montagne et nos premières rizières.

Le ciel est très couvert et nous sommes même souvent dans les nuages. La distance à parcourir aujourd’hui est longue et nous ne voulons pas prendre de risques pour rejoindre absolument les copains alors que la nuit est déjà tombée et qu’il pleut beaucoup. Nous nous réfugions sur un parking bruyant de station-service.

Lundi 16 septembre 2019 :

Nous roulons et arrivons en fin de matinée dans la ville d’Enshi, à peine 1 million d’habitants, un petit village en fait ! C’est en compagnie d’Alexandra et de ses deux enfants ( On perd pas le sud ) que nous partons visiter l’intérieur des remparts. Nous avons la surprise de trouver un immense parc très arboré. C’est un bonheur de marcher au cœur de cette végétation luxuriante. Les jardins sont toujours très bien entretenus. Un immense palais se trouve à l’intérieur de ces remparts. Ce jardin reposant contraste avec l’agitation de la ville de l’autre côté des remparts.

En soirée, nous reformons notre convoi de 8 véhicules après s’être séparés pendant 2 nuits. Réunion pour l’organisation des prochains jours.

Aujourd’hui encore, l’agence a manqué de professionnalisme quant au choix du bivouac. Ça commence à nous agacer car régulièrement, c’est le cas. Nos guides manquent d’anticipation dans le choix des parkings et c’est pénible d’avoir à tourner en ville ou de devoir bouger de nouveau alors que nous sommes déjà installés en bivouac.

Mardi 17 septembre 2019 :

Dès 6 heures, nous sommes déjà au volant pour une étape de plus de 250 km en direction de la province du Hubei. Nous avons organisé deux nouveaux groupes en changeant les équipages. Cette fois, nous partons seulement à deux véhicules avec les Un instant de vie alors que les 6 autres prennent une autre direction avec une journée d’avance sur le programme.

Notre route est encore plus impressionnante que celles empruntées jusqu’à présent. Mais nous apprécions quitter pour la première fois l’autoroute et parcourir quelques dizaines de kilomètres sur le réseau secondaire. Cela permet de voir une Chine plus profonde, plus authentique. Mais évidemment, le timing serré que nous avons dans cet immense pays, encore une fois, ne nous permet pas de faire autrement, d’autant plus que vous le voyez sur les photos, c’est souvent très montagneux. Nous arrivons à proximité de Yichang,

Après de multiples contrôles de sécurité et de police, nous arrivons en fin de matinée à Sandouping, sur le site du Barrage des Trois-Gorges, sur la rivière Yangzi Jiang. C’est la plus grande centrale hydroélectrique au monde.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 2335 mètres de longueur, 185 mètres de hauteur, 27 millions de m3 de béton pour sa construction, un réservoir d’une superficie de 1 084 km², un volume d’eau emmagasiné en amont de 39,3 milliards de mètres cubes, une retenue de 600 kilomètres de longueur en amont… 32 turbo-générateurs d’une puissance unitaire de 700 MW (dont certains produits par le français Alstom), une production en 2014 de près de 100TWh nouveau record mondial de production d’hydroélectricité, détenu jusque-là par la centrale d’Itaipú, frontalière entre le Paraguay et le Brésil, que nous avions déjà eu la chance de visiter la deuxième plus grande il y a 4 ans. Ce barrage sud-américain détenait alors le record jusqu’à temps que ce Barrage des Trois-Gorges soit mis en service en 2009. Par comparaison, la production hydroélectrique française annuelle issue d’un parc composé de plus de 400 barrages varie entre 60 et 70 TWh, soit 30 à 40% de moins que ce seul Barrage des Trois-Gorges. Bon, ce barrage était censé produire 10% de la consommation chinoise mais avec la consommation qui a explosé, il n’en produit que 3%.

Mais évidemment de nombreux arguments décrient ce barrage :

  • Plus de 1,4 million de personnes ont dû être évacuées afin de permettre la réalisation du barrage. 15 villes et 116 villages ont été engloutis.
  • Risque pour 75 millions de personnes qui vivent en aval de l’ouvrage. Même la Banque mondiale a refusé de financer le projet, doutant de la fiabilité du barrage.
  • En amont, inondation de 600 km² de terres agricoles et de forêts.
  • Désastres écologiques : sédimentation dans le réservoir, changements dans la faune et la flore, altération de l’habitat du dauphin de Chine, érosion et creusement du lit du fleuve…
  • Engloutissement de 1300 sites historiques et archéologiques.

Mais il y a des arguments favorables à ce barrage :

  • Lutte plus efficace contre les crues du fleuve, en aval, qui pouvaient atteindre une cote de 17 mètres au-dessus du niveau de la plaine (29 mètres en 1998 causant la mort de plusieurs milliers de personnes).
  • Fourniture d’énergie hydroélectrique, équivalente de 50 millions de tonnes de charbon par an ou de 20 tranches de centrales nucléaires. Ce seul barrage produit l’équivalent de 25% de tout ce qui est produit en France par la filière nucléaire, sachant que la France est dépendante à plus de 70% du nucléaire.
  • Essor de la navigation en amont du fleuve : les cargos (jusqu’à 10 000 tonnes) pourront remonter vers le bassin du Sichuan en passant l’obstacle naturel que représentaient auparavant les gorges.
  • Développement économique d’une région intérieure, alors que jusqu’à présent le boum économique favorisait plutôt les régions côtières.
  • Développement de la pêche dans le réservoir et également du tourisme.
  • Transfert d’une partie des eaux du Yangzi Jiang vers la plaine de la Chine du Nord qui souffre d’une sécheresse endémique par un simple canal de dérivation capable d’apporter annuellement 40 km3 d’eau, soit l’équivalent annuel du Rhône.

Il nous semble toujours intéressant de montrer aux enfants de tels sites, en leur présentant les différents arguments, afin qu’ils puissent se faire une opinion, développer leur sens critique.

Le barrage est certes impressionnant mais ce qui l’est encore plus c’est la partie destinée à la navigation avec son ascenseur à bateau et sa cascade d’écluses. Grâce à ceux-ci, la navigation sur le fleuve est possible de six à neuf mois par an grâce au débit régulier sur 650 km. Le trafic fluvial annuel est passé de 10 à 50 millions de tonnes pour des coûts de navigation abaissés de 27 %.

Un gigantesque double escalier d’écluses de près de 1500 m de long (5 sas d’environ 300 mètres de long et 34 mètres de large) a été construit dans chaque sens. Cette échelle d’écluses permet le passage de navires de 10 000 tonnes. Le dénivelé franchi en environ 3 heures est de 113 mètres. Nous restons un long moment à observer le passage des porte containers et autres vraquiers. Certains, très larges, frôlent les parois de l’écluse.

photo de photo aérienne

Un autre ascenseur vertical à bateaux permet quant à lui, le mouvement de navires de 3000 tonnes. Le bac de l’ascenseur mesure 120 mètres de long, 18 mètres de large et 3,5 mètres de profondeur, soit 7560 tonnes d’eau transportées à chaque trajet.

Le site est évidemment très surveillé. Il est d’ailleurs interdit de faire voler un drone, un cerf-volant, un hélicoptère, une montgolfière, un ballon dirigeable ou de sauter un parachute… Pour des agressions mettant en sécurité le barrage, ce dernier est protégé par des batteries de missiles.

En fin de visite, nous passons devant les énormes engins de chantier ayant servi à la construction. Nous apprécions aussi les statues de bronze mettant en avant le mérite des architectes, métreurs ou autres ouvriers.

On se pose ensuite pour la fin d’après-midi dans notre Tiny. Ces moments de repos depuis notre arrivée en Chine sont rares. J’ai du mal à tenir à jour mes récits pour le blog et le tri des photos. Le rythme est bien fatigant avec les kilomètres que l’on enchaîne tous les jours. Et enfin les visites qui sont elles aussi bien fatigantes mais tellement passionnantes. Le budget en prend aussi un coup car la Chine coûte très cher. En plus des frais de visas, d’agence, de guide, plus de 7000 km sur autoroute, il faut ajouter les visites qui sont au moins aussi chères qu’en France. Mais bon, grâce aux compte- rendus des voyageurs passés avant nous (merci Marie et ses Macax), on en avait tenu compte dans notre budget (plus de trois fois le budget moyen que nous dépensons sur un mois normal de voyage, mais certains mois comme en Iran ou en Mongolie nous ont coûté beaucoup moins cher que prévu, alors ça équilibre) et on est là pour se faire plaisir. On ne reviendra certainement pas une autre fois en Chine, du moins en camping-car. Alors on en profite.

Mercredi 18 septembre 2019 :

Encore un lever matinal. 5h30 pour être au volant 30 minutes plus tard. Pendant que le moteur du véhicule chauffe comme tous les matins une dizaine de minutes avant de rouler, nous avons une grosse frayeur alors que nous sommes en train de boire le café. Le moteur qui tourne au ralenti broute pendant 2 secondes, manque de caler mais repart. On ne sait pas ce qui s’est passé. Nous craignons de nouveau un problème à l’injection. Mais tout semble dans l’ordre.

Nous avons aujourd’hui plus de 400 km au programme mais à deux véhicules, ça va assez vite. Il y a moins d’inertie que dans un convoi à 8. On s’attend moins et les temps d’attente aux changements directionnels, les passages au péage ou à la station-service se passent rapidement. Sauf au moment où je remplis mon deuxième réservoir dont je ne m’étais pas servi depuis longtemps car il avait une micro fuite. Mais là après remplissage, je me rend compte que la micro fuite est devenue très importante et le gasoil coule en filet continu. Heureusement les deux réservoirs sont indépendants. Mais nous devons attendre quasiment une heure que le trop-plein s’écoule dans une bassine avant qu’environ 8 litres y soient recueillis. Merci Un instant de vie d’avoir patienté avec nous autour d’un café !

La route reprend et les paysages changent radicalement. C’en est provisoirement fini avec la montagne et les ouvrages d’arts à n’en plus finir. Nous voici dans des plaines à moins de 100 mètres d’altitude cultivées de céréales et plantées de rizières.

Nous arrivons en début d’après-midi à Wulingyuan, qui est la porte d’entrée du Parc forestier national de Zhangjiajie. Nous n’avons plus beaucoup de temps cet après-midi mais comme le billet d’entrée est valable pour 4 jours, nous décidons de partir commencer à découvrir cet immense parc dès maintenant. La région d’intérêt panoramique et historique de Wulingyuan, est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

C’est par un téléphérique que nous grimpons d’environ 800 mètres de dénivelé au sommet de Tianzi Mountain, l’une des zones les plus hautes de Zhangjiajie. Et là, waouh ! nous survolons ce qui fait la spécificité de ce parc qui est l’un des plus beaux parcs nationaux du pays. Les géantes colonnes rocheuses de Zhangjiajie sont impressionnantes vues d’en haut. Nous avons l’impression de voler dans le ciel.

Mais ce point qui est le plus haut du parc est souvent dans la brume et cette mer de nuages donnent encore plus de magie à ce paysage vraiment époustouflant et mystique ! Voici la vue à notre descente du téléphérique !

L’endroit est très touristique. Il est (trop) parfaitement aménagé. On trouve même un McDonald’s au sommet du site. Je ne pense pas qu’on verrait en France un McDo dans un parc national classé de plus au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Mais rapidement, nous prenons le chemin de la descente et les touristes se dispersent sur les nombreux chemins. Heureusement, les nuages également se dispersent rapidement.

Nous nous rendons vite compte que le parc bénéficie d’un climat subtropical et d’une biodiversité étonnante. Il abrite des variétés d’arbres rares et plusieurs espèces d’animaux. Parmi les arbres, vous reconnaissez bien entendu le Cunninghamialanceolata, le Quercus Glandulifera Var Previpotioloata ou bien encore le célèbre Carpinus Turzaninowii Hance, dont certains arrivent même à prendre racine hauts perchés sur les pics rocheux.

De nombreux singes accompagnent notre descente.

Une arche naturelle mesure 16 mètres de large et 10 mètres de hauteur.

A peine arrivés à la Tiny, et sans même avoir le temps de faire la vaisselle du repas de midi que nous n’avions déjà pas eu le temps de faire, nous prenons la route pour parcourir une quarantaine de kilomètres vers le parking de notre visite de demain sur lequel nous bivouaquons en compagnie des Hakuna Matata et des On est tout petit face à la nature. Quel rythme ! Vivement les vacances. Nous profitons encore une fois du fait d’avoir deux guides pour séparer le groupe en deux.

Jeudi 19 septembre 2019 :

Nous ne changeons pas de rythme et dès 7 heures du matin, nous sommes déjà les premiers de la file d’attente permettant l’accès à encore une visite de folie, le 张家界大峡谷玻璃桥 ! Pour ceux ne maîtrisant pas trop le mandarin, il s’agit du Pont de verre de Zhangjiajie, le pont piéton en verre le plus long et haut du monde, construit en 2016 !

Nous avons donc la chance d’être les premiers touristes de la journée à fouler cet ouvrage suspendu d’une longueur de 430 mètres tout en étant perchés à 300 mètres au-dessus du sol, entre les deux rives du canyon. Le pont, d’une largeur de six mètres et constitué de 99 plaques de verre transparentes de 24 mm d’épaisseur, peut accueillir 800 personnes simultanément. C’est donc un privilège de pouvoir l’avoir quasiment que pour nous tout seul.

Nous n’avons aucune sensation de vertige et c’est même sacrément surprenant de voir le vide sous nous. Voici des photos prises au travers la vitre.

Afin d’éviter les chutes d’objets pouvant endommager la structure, les appareils photos ne sont pas autorisés. Les photos rendent un peu moins bien que d’habitude car elles sont prises avec mon téléphone. De même, nous devons enfiler des chaussons pour ne pas rayer le verre.

Superbe vue sur les montagnes boisées du parc.

Puis arrivés sur l’autre rive, nous descendons à flanc de falaise par des escaliers et passerelles superbement aménagés.

La vue sur le pont de verre depuis le fond du canyon est aussi impressionnante.

Puis, c’est une très agréable balade que nous entamons sur un immense réseau de passerelles parfois suspendues au-dessus de l’eau aux reflets turquoises par endroit.

Quelques kilomètres plus loin, c’est en Tiny-boat que nous terminons la promenade pour enfin monter dans un bus qui nous ramène à notre Tiny house plus de 4 heures après l’avoir laissée.

Mais du coup, comme il n’est que midi, nous décidons de vite retourner dans le Parc national de Zhangjiajie où nous étions hier, qui n’est qu’à une heure de route. Nous bivouaquons sur un parking nous offrant une vue pas désagréable sur les reliefs vertigineux.

Pas assez fatigués de la rando de ce matin, nous remettons nos chaussures de marche et nous voici partis pour 7,5 kilomètres !! Les enfants se disent tout de même un peu fatigués mais nous disent qu’ils adorent randonner, surtout en pleine nature, ce qui nous a manqué depuis quelques semaines.

De nombreux singes, dont beaucoup de femelles avec leurs bébés, sautent d’arbre en arbre et de liane en liane.

Ce parc est incroyable de beauté et une fois arrivés en haut des reliefs après avoir grimpé plus de 400 mètres de dénivelé et plus de 3000 marches, nos jambes n’en peuvent plus mais nos yeux sont éblouis par ces paysages époustouflants. Le parc est parsemé de 3000 piliers et pics de grès de plusieurs centaines de mètres de hauteur.

Retour après avoir descendu 400 mètres de dénivelé et plus de 3000 marches (!) à la nuit tombée sur notre parking de bivouac.

Vendredi 20 septembre 2019 :

Une bonne odeur dans le camping-car nous aide à sortir du lit. Victor cuisine des pancakes pour le petit déjeuner. On ne trouve pas de pain en Chine, au mieux du pain de mie, donc tous les matins, Audrey fait cuire du bon pain.

Après une bonne nuit de récupération et malgré des courbatures dans nos 8 mollets, nous sommes dès 9 heures de nouveau équipés en randonneurs. Oui, nous avons de la chance qu’Anaïs et Victor aiment autant marcher !

Nous partons explorer un autre coin du parc. Le sentier commence à suivre un ruisseau qui serpente entre ces immenses tours de plusieurs centaines de mètres de hauteur. C’est impressionnant. Encore une fois, les singes accompagnent les (trop) nombreux visiteurs.

Mais dès que les premières marches arrivent, tous les chinois, après avoir fait des centaines de selfies, arrêtent de marcher et font demi-tour. Nous nous retrouvons seuls au pied d’un escalier de quelques milliers de marche menant en haut de ces tours.

Nous grimpons de nouveau environ 500 mètres de dénivelé. Comme partout dans le parc, tous les sentiers sont pavés et nous ne marchons jamais sur de la terre. Certains trouvent cela trop bien aménagé mais ça a le mérite de pouvoir permettre aux personnes à mobilité réduite ou aux plus anciens d’accéder comme nous aux sommets en particulier grâce au réseau de téléphériques ou d’ascenseurs.

Nous ne sommes pas les seuls à avoir été séduits par ces paysages car le parc a inspiré James Cameron pour son célèbre film Avatar.

Mais les Mollalpagas en cavale ne sont pas seuls ici. Il faut que je vous montre quand-même l’envers du décor, une fois arrivés sur les sommets ! Des milliers de chinois passant de longs instants à faire des selfies, tout en tournant le dos au paysage. On en discute souvent en rigolant avec notre guide mais il nous dit que les chinois aiment effectivement se rendre sur un lieu touristique juste pour prendre des photos, les publier sur Sina Weibo (l’équivalent de Facebook) ou sur Wechat (l’équivalent de Whatsapp), et de vite repartir. Il nous explique qu’il va même parfois dans des stations de sports d’hiver mais qu’il ne sait pas skier. Il y va juste pour chausser les skis, se prendre en photo et il repart !

Le sentier nous fait passer sur un pont naturel, une arche surplombant de 350 mètres le vide.

Mais encore une fois, dès que nous quittons ces plateformes qui sont au pied des arrêts de bus et de téléphériques, nous nous retrouvons seuls en pleine nature.

Un bus nous permet de changer de versant et d’arriver en haut d’un autre sommet duquel nous entamons notre descente durant laquelle nous ne croisons quasiment personne. D’ailleurs, ce chemin, aussi magnifique soit-il, ne semble pas beaucoup emprunté par les touristes. Tant mieux, la végétation ne s’en porte pas plus mal et nous kiffons cette descente.

Les enfants commencent à fatiguer (bon d’accord…) mais il reste encore quelques kilomètres. Après un morceau de sucre, ils retrouvent un peu d’énergie et parviennent à grimper en haut d’une échelle nous menant en haut d’une de ces tours. Vue à 360°.

Encore plus qu’hier, nous sommes ébahis par cette beauté éblouissante. On se sent vraiment tout petit face à la nature (spéciale dédicace aux p’tits bleus). Nous surplombons ces immenses tours au pied desquelles nous étions tout à l’heure. Audrey me dit que c’est l’un des plus beaux endroits qu’elle ait vus ; je lui réponds qu’on a tendance à dire ça souvent ! Mais c’est vrai que c’est extraordinairement beau !

Un peu plus loin, l’Air Corridor nous fait longer un flanc de falaise et nous offre un panorama incroyable. Là encore, les mots ne me viennent pas pour vous décrire cet exceptionnel paysage que nous savourons, seuls. J’espère que les photos parlent d’elles-mêmes, bien qu’il soit difficile de tout faire rentrer dans l’objectif (et encore, c’est un grand angle !).

La nuit tombe déjà surtout au sein de cette végétation quasi tropicale et nous devons changer d’itinéraire pour plus vite rejoindre une station de bus qui nous permet d’arriver juste avant la tombée de la nuit à la Tiny, 10 heures après l’avoir quittée. Ce soir encore, nous ne tardons pas à trouver le sommeil !