349 km parcourus du 22 au 29 août 2020

59 079 km parcourus depuis le départ

Samedi 22 août 2020 :

Nous profitons de nos derniers jours de vacances avant la reprise de l’école dès lundi prochain… C’est donc de bon matin que nous prenons la route. Notre séjour d’une semaine en Allemagne s’est terminé hier et nous voici donc de retour dans la région du Tyrol en Autriche ! Mais nous reviendrons en Allemagne d’ici une quinzaine de jours après être passés par l’Italie entre temps. Vous suivez ? La suite ? On ne sait pas. On scrute toujours l’actualité et les éventuelles fermetures de frontières. On craint pour celle de la Hongrie. On verra bien et au pire on la contournera par la Slovaquie et l’Ukraine pour rejoindre la Roumanie. La suite ? On ne désespère pas pouvoir aller en Turquie et surtout en Iran pour l’hiver. Mais là, c’est pour l’instant plus compliqué car la frontière entre la Turquie et l’Iran n’est ouverte que dans le sens aller et pas dans le sens retour. Ce qui impliquerait qu’on pourrait rester bloqués plusieurs mois en Iran, si on ne pouvait pas terminer notre boucle comme on l’imagine. De toute façon, Oman et l’Arabie saoudite sont toujours fermés. A suivre !

La nuit sur la place de l’Église de Reutte a été un peu bruyante avec les cloches qui sonnaient tous les quarts d’heures. Par contre les voisins du cimetière étaient tranquilles. Un petit mot sur les cimetières d’ailleurs. Chaque tombe est un vrai jardin. Il n’y a pas de pierre tombale mais vraiment un carré bien fleuri avec des plantes en pleine terre et bien entretenu. Il y a un important passage de personnes qui viennent se recueillir sur les tombes avec la binette à la main pour gratter les mauvaises herbes. Bien entendu, j’en profite pour refaire le plein d’eau avec mon jerrican de 5 litres. C’est bien pratique les cimetières. Aussi pour vider les poubelles car ce n’est vraiment pas une chose évidente de se séparer de nos poubelles depuis la Suisse. Les containers en ville sont fermés avec des cadenas. Et les rares poubelles de ville ont l’ouverture bien trop petites pour accepter nos sacs pourtant pas bien gros. Malgré tout, les pays traversés jusqu’à présent (Suisse, Liechtenstein, Autriche, Allemagne) sont d’une propreté exemplaire. Il est rare de trouver des déchets abandonnés.

Une jolie route nous fait emprunter le Col de Fern d’une altitude de 1216 mètres. Il n’est pas bien haut mais on voit se dessiner au loin les hauts sommets alpins, bien que le temps soit assez brumeux aujourd’hui et annoncé pluvieux pour les prochains jours. Dommage car on va emprunter la jolie Vallée d’Ötztal, longue de 65 km qui nous mènera en Italie dans quelques jours. Espérons que nous pourrons profiter de cette vallée entourée de 250 sommets culminant à plus de 3000 mètres. En sens inverse, ça sent bien la fin des vacances pour les Belges, les Hollandais et les Allemands qui rentrent chez eux en ce dernier week-end estival. Tant mieux, on sera un peu moins nombreux sur les lieux touristiques !

Arrêt au début de la vallée dans le village de Oetz. En début d’après-midi, une fois un gros orage passé, nous partons marcher. Un sentier splendide nous fait grimper entre les gigantesques sapins et mélèzes au pied desquels les rochers sont recouverts de mousse.

Nous arrivons au Lac de Piburg dissimulé dans un écrin forestier, et encadré par d’imposantes parois rocheuses. Le cadre est idyllique. Le lac et ses abords sont la plus ancienne réserve naturelle du Tyrol et abritent de nombreuses espèces d’animaux et plusieurs variétés de plantes protégées. Roseaux et nénuphars blancs poussent dans les eaux transparentes.

Nous descendons vers Oetz mais la pluie va nous accompagner pour le reste de la balade. Nous profitons quand-même des jolies bâtisses à colombages et façades décorées de fresques anciennes dont celle de la Gasthof zum Stern, la plus vieille auberge du pays datant de 1573.

Il n’y a plus qu’à faire sécher tous nos habits, nos sacs, nos chaussures dans la Tiny et se réchauffer autour d’un bon chocolate a la taza espagnol.

Dimanche 23 août 2020 :

De bon matin, pour être certain d’avoir une place sur le seul petit parking acceptant les camping-cars, nous partons pour une quinzaine de kilomètres entre Umhausen et Niederthai pour aller découvrir les impressionnantes chutes d’eau de Stuibenfall, les plus hautes du Tyrol. La Tiny est mise de nouveau à l’épreuve pour grimper de quelques centaines de mètres d’altitude.

L’accès se fait par le haut des chutes et nous commençons par marcher le long du petit torrent, le Horlachbach, avant de prendre conscience petit à petit du gigantisme des chutes en y accédant au plus près par un superbe réseau d’escaliers, de plateformes panoramiques et de belvédères. Ce chemin d’accès inauguré en 2016 permet de frôler ce grandiose spectacle de la nature. Un pont suspendu de 80 mètres de longueur avec 30 mètres de dénivelé donne le vertige et le mal de mer !

Le spectacle est majestueux. Hautes de 159 mètres, elles tombent en deux sauts escarpés dans un vacarme assourdissant et projetant de fines gouttelettes d’eau partout autour. Le débit moyen est de 600 litres par seconde mais peut atteindre 2000 litres par secondes en juin et en juillet. Je ne sais pas à combien il est aujourd’hui mais le spectacle est saisissant.

Retour à la Tiny en gravissant les 300 mètres de dénivelé et les quelques 720 marches de l’escalier. Puis après-midi tranquille. On traine un peu car on a le temps, et on a envie que le temps s’arrange un peu d’ici après-demain pour bien profiter de la vallée entourée de tous ces pics à plus de 3000 mètres.

Audrey part marcher seule pendant 10 kilomètres en direction de Niederthai, le village où a été découvert sur un glacier à 3210 mètres d’altitude en 1991, « Ötzi, l’homme du glacier », un homme âgé de plus de 5300 ans. Bon en fait, l’Italie voisine et l’Autriche se disputent la momie du Néolithique car elle a été trouvée à 92 mètres de la frontière… Ce n’est pas l’ainé des ancêtres de l’Humanité. Il n’est pas aussi vieux que Little Foot, un australopithèque vieux de 3,67 millions d’années, ou que sa cousine Lucy vieille de 3,18 millions d’années ou bien encore que notre voisine Pierrette, individu Néandertalien, ayant vécu il y a plus de 36 000 ans sur nos terres de Charente-Maritime mais quand-même. Ötzi n’est pas à l’état de squelette fossilisé. Il est la plus ancienne momie naturelle connue. Il est mort puis son corps a été congelé et déshydraté.

Audrey revient non pas avec une récolte mais de jolies photos de champignons. Nous ne sommes pas assez connaisseurs pour les ramasser. C’est bien dommage car il doit bien y en avoir des comestibles dans le lot.

Depuis notre bivouac, nous entendons le grondement de la cascade qui va nous bercer cette nuit. Joli belvédère juste en bas du bivouac d’où nous voyons bien le chemin métallique suspendu dans le vide. On verra si on se fait virer cette nuit car nous dormons sur un des trois parkings du site. Les deux nous entourant ont un panneau interdisant le stationnement des camping-cars mais pas le nôtre…

Lundi 24 août 2020 :

Nous ne sommes pas réveillés par les policiers mais c’est le réveil qui sonne à 7h et qui nous sort du lit. Mais cette fois, ce n’est pas pour prendre la route de bonne heure, ni pour partir en randonnée. C’est la rentrée des classes ! Après 4 semaines de vraies vacances, nous reprenons le rythme scolaire. Pas de nouvelle tenue vestimentaire, pas de nouveau cartable, pas de nouvelle coupe de cheveux (bien que ça pourrait faire du bien à certains…), pas de nouvelle carte de bus ou de self, pas de nouvel agenda, pas de nouveaux camarades ni de nouveaux professeurs. Pas besoin non plus de mettre un masque sur le visage bien que l’élève le plus proche soit à 50 cm… Mais juste un  stylo-plume tout neuf, de nouvelles feuilles vierges pour les classeurs et de nouveaux manuels scolaires. Victor fait sa rentrée au collège et Anaïs bientôt sa sortie. 6ème et 3ème. Victor est fier d’être dans le même établissement que sa grande sœur. Audrey reprend son rôle de Mamantresse après avoir passé des heures ces derniers temps à établir la programmation des premières périodes (elle a découpé le programme en 10 périodes de 4 semaines). Mais les vacances sont déjà dans 4 semaines car on va recevoir de la visite à partir du 19 septembre ! Chouette !

De mon côté, cela va être plus facile de me tenir à jour dans le blog car du coup, on fait moins de choses dans la journée car les matinées entières vont de nouveau être consacrées à l’enseignement et du coup, ça fait moins de choses à raconter. Et j’ai donc toutes les matinées pour me maintenir à jour dans l’écriture, le tri de photos et la mise en ligne. Rassurez-vous, vous continuerez à recevoir des newsletters tous les 8 jours environ !

11 heures, la cloche de la fin de journée d’école sonne. Les enfants ont bien travaillé durant 3 heures. Les 5 cylindres de la Tiny se réchauffent tranquillement avant que le moteur s’emballe à plus de 3000 tours par minute dès que nous allons rouler et amorcer immédiatement la descente, toujours au frein moteur pour redescendre dans la vallée.

Nous avançons un peu dans la vallée toujours en suivant le torrent Ötztaler Ache. Les hauts sommets à plus de 3000 mètres ont toujours un peu la tête dans les nuages. Nous quittons l’axe principal menant vers l’Italie et nous nous enfonçons au cœur d’une nouvelle vallée jusqu’au village de Gries im Sulztal à 1600 mètres d’altitude. Nous partons pour une nouvelle randonnée en aller-retour. Nous préférons les boucles mais les dénivelés sont vite considérables dans le secteur. Nous longeons donc durant 6 kilomètres les eaux du Fischbach. Nous sommes entourés de hauts sommets desquels dégringolent des cascades.

Puis nous arrivons au refuge d’altitude, le Ambergerhuette à 2135 mètres d’altitude. Nous enfilons nos vêtements chauds car après l’effort et cette pause en terrasse, l’air est bien frais. Pour nous remettre en forme, rien de mieux qu’un traditionnel tiroler buttermilch à traduire par babeurre, lait de baratte ou lait ribot. Le lait cru est d’abord écrémé. On en obtient le lait écrémé et la crème. La crème est ensuite barattée et on obtient du beurre et du babeurre. Le gout aigrelet est adouci par l’ajout de canneberge, des baies rouges qui poussent sur des petits arbustes à l’état sauvage dans les tourbières des montagnes. On en commande un pour nous quatre qui fait tout de même 500ml. Bon finalement, je préfère me commander une traditionnelle bière… Au fait, en Autriche, quand on commande une bière, c’est forcément 500ml… Pas le choix.

Cette pause est tellement agréable et nous pouvons admirer les hauts sommets du massif des Alpes de Stubai face à nous : le Schrankogel (3497 mètres), le Nördliche Wildgratspitze (3320 mètres) et d’autres sommets qui tutoient les 3000 mètres. Ils sont recouverts du glacier Schwarzenbergferner.

Mais malgré la bière et le lait froid, nous nous refroidissons et le temps change. Les enfants, eux, n’ont pas le temps de se refroidir car ils profitent de la pause pour aller se défouler sur l’aire de jeux et faire de la tyrolienne et de la balançoire au milieu des vaches.

Alors que nous étions arrivés en tee-shirt au refuge, nous amorçons la descente avec nos polaires et nos vestes de pluie bien étanches. Retour à la Tiny par le même chemin et ses 557 mètres de dénivelé.

Bivouac sur ce parking bercé par le bruit du torrent et des cloches des vaches. Je dois donc mettre mes Boules Quies pour trouver le sommeil.

Mardi 25 août 2020 :

Nous nous réveillons avec 15°C dans la Tiny. Je sors dehors faire le plein d’eau de nos réserves et de nos bouteilles. Il fait 4°C dehors. Premiers froids… Je tente d’allumer le chauffage qui ne veut pas démarrer. Il est capricieux. Tant pis. Audrey cuisine et cela réchauffe vite notre Tiny.

Nous décidons d’accélérer un peu notre parcours et de ne pas faire une nouvelle étape dans la vallée. Il n’y a que 3 jours de soleil annoncés et nous préférons vite rejoindre notre prochaine destination, les Dolomites en Italie.

Nous n’aurons passé que 4 jours pour ce deuxième passage en Autriche mais nous y reviendrons rapidement plus longuement. Encore une fois, c’est le gros avantage de voyager en Europe et de pouvoir passer les frontières si facilement. Quel luxe et quelle chance d’avoir cette nationalité française qui fait rêver tant de monde. On a vu tellement de personnes au gré de notre cavale qui aimeraient tant avoir un visa Schengen, ne serait-ce que touristique, mais qui ne peuvent pas car ils n’ont tout simplement pas le droit, ou pas assez d’argent sur leur compte bancaire ! Les Français bénéficient de l’un des passeports les plus forts au monde qui leur permet de voyager dans 165 pays sans visa préalable. Il faut en avoir conscience. Au classement des meilleures nationalités mondiales, les Français sont rois. Selon l’Indice de Qualité de la Nationalité de Kälin et Kochenov (QNI) pour 2018, la nationalité française est la meilleure de la planète, et ce, pour la huitième année consécutive. Pour établir ce constat, les auteurs de l’étude s’appuient sur plusieurs critères comme la paix et la stabilité, la puissance économique, le développement humain et la liberté de voyager ou de travailler à l’étranger. Ne l’oublions pas.

La descente du village de Gries est courte et très raide. Les virages sont extrêmement serrés. Heureusement, nous ne croisons pas de gros gabarits. Puis, nous rejoignons la route principale de la vallée d’Ötztal menant vers l’Italie.

Nous traversons Sölden à 1300 mètres d’altitude, l’une des plus grandes stations de sports d’hiver du monde. Elle est très huppée et fréquentée par la jet-set internationale et par la haute bourgeoisie européenne. La ville possède plus de 90 sommets supérieurs à 3000 mètres. Ses pistes accueillent annuellement la Coupe du monde de ski alpin.

Puis, la route file vers les hauteurs et le Col du Timmelsjoch. Les arbres disparaissent. Cette route haute-alpine est le plus haut passage de frontière par route d’Autriche. C’est le cinquième plus haut col routier des Alpes italiennes. Nous sommes loin des grands axes routiers, et la route est surnommée la « percée secrète » des Alpes. Elle parcourt le monde glaciaire de l’Ötztal. Les paysages sont époustouflants et cela vaut bien la peine de payer le (cher) péage de Hochgurgl de 28€ pour notre camping-car.

La route est le paradis de courageux cyclistes, de motards et de passionnés d’automobiles anciennes ou plus récentes avec quelques centaines de chevaux sous le capot arrière des Audi R8, Ferrari ou Porsche.

Le trajet est ponctué de sculptures architecturales futuristes qui s’intègrent bien dans le paysage.

Un sentiment de calme, de liberté, d’immensité se dégage de cette fabuleuse route de haute montagne. C’est superbe en arrivant au col à 2509 mètres d’altitude. Nous marquons l’arrêt tout en haut du Timmelsjoch en allemand ou Passo del Rombo en italien.

Nous marchons quelques centaines de mètres le long de la frontière Autriche – Italie matérialisée par des petits blocs de béton au sol. Audrey a repéré sur une carte satellite un petit lac caché près duquel nous allons pique-niquer et nous me baigner. L’eau est glaciale dans ce petit lac alimenté par un ruisseau venant des glaciers. Certainement pas plus de 10°C. Victor fait un mini bonhomme de neige.

Puis, c’est la descente que nous amorçons côté italien. Nous retrouvons ce pays dans lequel nous étions entrés durant notre cavale il y a 595 jours. Depuis ce jour de janvier 2019, nous avons parcouru 49 780 km ! Dans les prochains jours, nous allons passer à seulement une centaine de kilomètres de Venise d’où nous avions pris le ferry pour rejoindre la Grèce.

La descente est aussi fabuleuse, aussi pentue et aussi vertigineuse que la montée. Encore plus que d’habitude, je ménage mes freins et je descends en première entre 10 et 15 km/h car la route est longue, très longue et nous allons perdre 2200 mètres d’altitude en une trentaine de kilomètres ! Énorme ! On se fait doubler par les vélos… Cela me rappelle il y a une vingtaine d’années quand j’entrais en Italie par le Col du Mont Cenis avec ma très vieille 2CV de 1954…

Les paysages, côté Italie, changent radicalement. Nous débouchons sur la vallée viticole de Passeiertal, dans le Tyrol italien. Il y a de nombreuses serres et énormément de plantations d’arbres fruitiers.

Les heures passent et il nous reste encore de la route avant notre étape du soir. Nous ne marquons pas l’arrêt à Merano bien que la ville ait l’air jolie.

Nous sommes à 300 mètres d’altitude et de nouveau, nous allons remonter à 1700 mètres ! La Tiny est vaillante et ne bronche pas, à part cette petite fuite détectée (par Victor) au niveau du joint spi de sortie de boîte de vitesse. Il faudra songer à le remplacer.

Les Dolomites sont en vue. Ces hauts sommets que nous rêvons de voir depuis des années ont ce soir un petit peu la tête dans les nuages. Nous les découvrons de mieux en mieux au fur et à mesure de notre progression.

Le site Les Dolomites est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce massif des Préalpes orientales méridionales s’étend au nord de l’Italie sur les provinces du Sud-Tyrol, de Trento et Belluno. La chaîne de montagnes compte 18 sommets de plus de 3000 mètres. Elle culmine à 3343 mètres d’altitude. L’UNESCO considère que ce site de presque 142 000 hectares « constitue un des plus beaux paysages de montagne du monde, caractérisé par des murailles verticales, des falaises abruptes et une forte densité de vallées très étroites, longues et profondes ». Rien que ça ! L’architecte Le Corbusier affirmait que les Dolomites sont le plus bel édifice au monde. Les premiers géologues ayant étudié cette roche les surnommaient les « montagnes pâles ». C’est vrai qu’elles sont d’une blancheur particulière par rapport aux nuances des autres roches alpines environnantes. Elles tiennent leur nom du géologue français Déodat de Dolomieu qui étudia au 18ème siècle la composition de cette roche calcaire blanche.

Nous arrivons après cette longue journée de route et de dénivelés ce soir au pied du Massif du Catinaccio dans le centre-ouest des Dolomites. Cette partie sud-tyrolienne fait partie du Parc naturel Sciliar-Catinaccio. L’une des caractéristiques particulières du groupe du Catinaccio est la couleur rose qu’il prend au coucher du soleil, un phénomène optique appelé alpenglow. Le phénomène est dû à la composition des parois rocheuses (carbonate de calcium et magnésium). Superbe lieu pour bivouaquer, à 1730 mètres d’altitude, sur le parking des remontées mécaniques de Köning Laurin. Nouvelle nuit bercée par les cloches des vaches paissant sur les pistes de ski.

Mercredi 26 août 2020 :

Nous ne le savons pas encore mais nous partons aujourd’hui faire celle que nous élirons ce soir la plus belle randonnée depuis que nous sommes arrivés dans les Alpes. De par notre entraînement et nos mollets en béton, on ose se lancer dans une randonnée de 5 heures, de 11 km, de 740 mètres de dénivelés réservée aux randonneurs « experts » ! Nous partons à l’assaut du groupe du Catinaccio appelé aussi Rosengartengruppe, un chaînon montagneux dominé par le Catinaccio d’Antermoia (3004 mètres d’altitude), la Cima Catinaccio (2981 mètres) et par la Torri del Vajolet (2821 mètres). C’est en remontée mécanique que nous rejoignons rapidement le Refuge Fronza alle Coronelle à 2337 mètres d’altitude. Les enfants sont ravis d’emprunter un télésiège. La dernière fois, c’était au Chili en 2016. Ils ont bien grandi depuis.

Déjà, la vue est whaouuuu au-dessus de la mer de nuages !

Dès les premiers mètres, la rando nous fait prendre, en seulement 860 mètres de distance, 300 mètres d’altitude par un chemin très escarpé, à la limite de l’escalade !

Nous arrivons au Col de Coronelle à 2630 mètres. Incroyable vue panoramique sur les hauts sommets des Dolomites. Le temps est optimal.

Au loin, nous voyons le Glacier de la Marmolada qui est le plus haut sommet des Dolomites, avec ses 3343 mètres d’altitude. Nous irons le voir demain.

Nous redescendons de 200 mètres d’altitude et longeons sur quelques kilomètres le massif montagneux.

Puis de nouveau, il faut s’élever de 150 mètres pour le franchir et atteindre le Col de la Zigolade à 2552 mètres. Et ce n’est pas de la rigolade ! Le chemin est court mais très accidenté. Les cailloux et les pierres roulent sous nos pieds.

Pause bien méritée au col d’où nous avons une vue panoramique magique.

Mais il ne faut pas traîner car les heures passent et il reste encore 7 km à parcourir ! et le télésiège ferme à 18 heures. De nouveau, 200 mètres de dénivelé négatif en même pas un kilomètre de distance ! Comme dirait l’Italien dans Les Bronzés font du ski, « Commence a sentire la fatiga ». Cependant, jamais les enfants ne se plaignent. Anaïs et Victor avancent, pas après pas, se relèvent quand ils chutent, reprennent des forces avec une barre de céréales ou quelques raisins secs. Nos enfants sont de vrais « experts » ! Heureusement, le sentier Mazare nous fait contourner le massif sans trop de dénivelés. Bien que certains passages soient encore accidentés.

Nous sommes dominés par de vertigineuses falaises hautes de 300 à 400 mètres d’altitude. C’est impressionnant.

Nous rejoignons notre point de départ et les télésièges quelques minutes avant qu’ils ne ferment ! La bière qui a fait presque 11 km dans nos sacs à dos n’est plus très fraiche et bien mousseuse mais bien méritée !

Deuxième nuit sur le même bivouac car le paysage est remarquable et surtout nous n’avons plus de force pour bouger ! De nouveau, les Dolomites s’embrasent quelques minutes le soir au crépuscule pour s’éteindre lorsque le soleil disparaît.

Jeudi 27 août 2020 :

La météo annoncée pour les prochains jours n’est pas optimiste et c’est certainement la dernière journée de beau temps. Nous décidons de ne pas aller à l’école aujourd’hui et de prendre la route juste après le petit déjeuner. Nous marquons l’arrêt au Lac de Carezza. Un panorama splendide tout simplement époustouflant ! Un charme unique et envoutant de par sa couleur, sa limpidité et les montagnes et les conifères qui s’y reflètent.

Une vraie carte postale ou même une toile de peintre avec toutes les palettes de bleu et de vert ! Les photos suivantes sont le reflet dans l’eau verte émeraude du Massif du Latemar culminant à 2842 mètres d’altitude et de la forêt (malheureusement dévastée en partie par une violente tempête en 2018).

Nous roulons et rejoignons le Val di Fassa et le village de Canazei au cœur des Dolomites. Mais l’endroit est bien trop touristique pour que nous nous y arrêtions. Nous préférons poursuivre notre route et aller nous réfugier dans les montagnes !

C’est à 2096 mètres d’altitude, près du Lac de Fedaia, au pied du Glacier de la Marmolada, que nous installons notre bivouac des deux prochains jours. L’endroit est magnifique. Nous surplombons le barrage de 620 mètres de longueur sur lequel nous sommes passés en arrivant avec notre Tiny. Le lac artificiel s’étire à nos pieds sur 1,6 kilomètre.

Nous n’avions pas prévu de randonner aujourd’hui après le gros effort d’hier mais encore une fois, on veut profiter de cette dernière journée de beau temps. Nous préparons nos sacs de rando avec comme d’habitude pique-nique, eau, café, bière, trousse à pharmacie, barres de céréales, pulls et vêtements de pluie. Nous sommes au pied de la Marmolada, le plus haut sommet des Dolomites (3343 mètres d’altitude) appelé la « reine des Dolomites ». Elle est l’un des neuf lieux appartenant au site Les Dolomites, déclaré en 2009 site du Patrimoine mondial par l’UNESCO.

En à peine 2 kilomètres, le dénivelé positif est de 540 mètres ! Nous montons le long d’une piste rouge de ski sur un sol très instable. La progression est très difficile, d’autant plus après l’effort d’hier. Mais nous parvenons au Refuge Pian dei Fiacconi à 2650 mètres d’altitude. Vue magnifique sur Les Dolomites.

Le Glacier de la Marmolada n’est plus très loin mais il nous faut reprendre des forces et sortir l’encas du sac à dos.

Plus que 500 mètres de distance avec de nouveau 100 mètres de dénivelé en marchant cette fois sur du calcaire blanc très compact contenant des inserts de matériau volcanique. Ça y est, nous y sommes au pied de ce glacier majestueux ! Bravo les enfants pour ces 640 mètres de dénivelé positif ! Nous ne sommes bien entendu pas équipés pour aller marcher sur le glacier mais l’excitation est à son comble d’avoir rejoint la glace au prix d’un bel effort !

Le Glacier de la Marmolada est le plus grand glacier des Dolomites. Malheureusement, en un siècle, sa taille a plus que diminué de moitié. Il ne mesurait en 2013 plus que 190 hectares, tandis qu’en 1910, il mesurait 450 hectares. En une décennie, de 2004 à 2015, il a subi une réduction de 30 % en volume et 22 % en surface. Le ski d’été se pratiquait encore il y a quelques années.

Pause-café pour nous, cairns alternant pierres et morceaux de neige pour Victor et équilibre pour Anaïs.

Redescente par un chemin différent mais très compliqué à cause du revêtement instable. Les chutes sont nombreuses mais nous parvenons à rejoindre notre Tiny en promettant à nos enfants de ne pas randonner demain !

Vendredi 28 août 2020 :

Grosse matinée école avec toujours une vue à couper le souffle depuis nos fenêtres. Quel cadre !

Nous tenons notre promesse aux enfants et leur proposons de passer l’après-midi seuls à la Tiny. La météo n’est pas au top. Le ciel est très nuageux mais il ne pleut pas. Avec Audrey, c’est reparti pour 670 mètres de dénivelé et 10,5 km de rando ! et évidemment, toute la montée se fait dans les premiers mètres ! Plus de 400 de D+ en 1,5 kilomètre… Arrivés au belvédère de Forcella Porta Vescovo, entre deux passages nuageux, nous embrassons une jolie vue sur les Dolomites. Nous longeons la crête en passant au milieu de chaos rocheux magnifiques, encore plus superbes et mystérieux avec cette magie des nuages qui passent et repassent, ne nous laissant par moment qu’une visibilité d’une dizaine de mètres.

Par moments, jolie vue sur le Glacier de la Marmolada où nous avons randonné hier.

Nous voyons quelques vestiges de constructions datant de la Grande Guerre ainsi que des mémoriaux. Ici, pour la première fois, des soldats s’affrontèrent sur les cimes et glaciers des Alpes. Ils défendaient ces positions de haute altitude stratégiques pour le contrôle des vallées avoisinantes.

Il ne fait pas très chaud et il est plus prudent de reprendre des forces, à 2407 mètres d’altitude, dans le Refuge de Padon avec un chocolat chaud mélangé à une bonne dose de rhum. C’est bon, et ça fait beaucoup de bien avant d’amorcer la descente de nouveau sur un chemin bien instable.

Nous arrivons auprès du Lac de Fedaia. A côté de ce grand lac artificiel stockant les eaux de fonte de la Marmolada, un autre d’origine naturelle a été formé à la suite d’un barrage de débris rocheux, érodés et transportés par le glacier. Il a des couleurs magnifiques.

Nous arrivons à la Tiny, nous promettant de ne pas aller randonner demain ! Les enfants ont passé le temps à dessiner, à jouer, à faire des selfies, à dessiner des plans. Victor a terminé sa frise avec son bateau de croisière long de 2,15 mètres qu’il avait commencé au début du voyage. Anaïs calcule le budget de son tour d’Asie en tuk tuk et cherche des moyens de gagner de l’argent d’ici 2027 !

Samedi 29 août 2020 :

La météo ne s’est pas trompée aujourd’hui et le temps est bien maussade. Nous quittons après manger ce chouette bivouac et la route 641 nous permet de descendre ce long col depuis le Passo Fedaia. Encore 1000 mètres de dénivelés de perdus avant de les reprendre aussitôt et d’arriver sur le parking de Passo Falzarego près de Cortina d’Ampezzo. C’est encore le point de départ de belles randonnées mais il va falloir certainement au moins attendre deux jours que la pluie ne cesse.

Fin d’après-midi tranquille devant les écrans avec le linge lavé sur le bord de la route tout à l’heure qui sèche accroché partout dans la Tiny ! Heureusement, la cuisson du repas de ce soir casse un petit peu l’humidité et réchauffe un peu notre maison.

Cela va nous laisser le temps d’étudier notre parcours car nous venons d’apprendre aujourd’hui que la Hongrie ferme intégralement ses frontières aux touristes à partir du 1er septembre. Cela nous pénalise dans la suite de notre parcours après l’Autriche car nous devions la traverser pour rejoindre la Roumanie. La route de contournement par le nord nous ferait passer par la Slovaquie et l’Ukraine mais ce dernier est aussi fermé. La route de contournement par le sud nous ferait passer par la Slovénie qui impose désormais une quarantaine de 14 jours. Puis la Croatie impose la présentation d’une preuve de réservation d’un hébergement. C’est donc impossible de rejoindre l’est. Et pourtant, il nous faudrait bien rejoindre au moins la Turquie (et dans l’idéal l’Iran) pour y passer l’hiver car si on se dirige vers l’Europe du nord maintenant, on va se cailler.

L’idée qui nous vient ce soir est donc de se diriger après l’Autriche de nouveau vers l’Italie pour prendre un ferry directement vers la Grèce. De là, à ce jour, nous pourrions entrer ensuite en Macédoine, en Bulgarie et en Turquie. Mais d’ici là, cela a encore le temps d’évoluer. Pour la suite après la Turquie, on aimerait toujours pouvoir faire la boucle du Proche Orient avec l’Iran, les Émirats arabes Unis, Oman, l’Arabie saoudite mais ces deux derniers pays sont aussi fermés. Et puis, la frontière entre l’Iran et la Turquie (mais pas dans l’autre sens) est aussi fermée. Cela veut dire qu’on resterait bloqués ensuite en Iran, si on ne pouvait pas revenir par l’Arabie et l’Égypte… La boucle au Proche Orient semble bien compromise pour nous. Bref, ce n’est pas facile… Mais bon, on n’est pas malheureux et restons optimistes, il y a encore beaucoup de vert sur la carte ! Mais c’est bien possible qu’on passe l’été prochain en Scandinavie… A suivre !

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