9. Maroc : du 5 au 9 décembre 2018 : les oasis de Tighmert, de Taghjicht et de Amtoudi

338 kms parcourus du 5 au 9 décembre 2018

5861 kms parcourus depuis le départ

 

Mercredi 5 décembre 2018 :

Nous venons de passer notre dernière nuit bercés par le vacarme des vagues océaniques. Foum Assaka est un lieu sauvage et désert, où nous venons de passer nos deux dernières nuits, un lieu qui nous aura vraiment charmé. Ce matin, le propriétaire du restaurant, Rachid est de retour de la ville. Nous partageons avec lui un thé à la menthe et des morceaux de pain trempés dans de l’huile d’olive mélangée à du miel d’eucalyptus.Les deux kilomètres de piste nous séparant de l’asphalte se passent très bien malgré deux passages un peu techniques et étroits. Une fois le goudron rejoint, je m’arrête contrôler le châssis réparé par Ali à Aourir. Tout va bien, les soudures et les renforts semblent tenir bon…Nous sommes au bout de la fameuse plage blanche longue de 40 kms, et bien connue des voyageurs, mais un 4×4 s’avère nécessaire. Nous bifurquons vers l’intérieur du pays. La route asphaltée que nous empruntons vers l’est, est magnifique.

Les paysages légèrement montagneux sont plantés de milliers de figuiers de Barbarie dont les fruits sont en ce moment en train d’être cueillis. Pas grand-chose d’autre ne pousse, à part quelques arganiers. Ça et là, quelques rares parcelles agricoles cultivées. De rares troupeaux de chèvres gardés par des bergers solitaires.

Nous apercevons plusieurs écureuils de Barbarie. L’Atlantoxerus Getulus, est une espèce endémique du Maroc et de l’ouest algérien qui occupe les habitats rocheux des milieux désertiques.Puis, une tempête de sable fin pénétrant partout dans la Tiny nous accueille à l’arrivée à Guelmin.Nous pouvons refaire les pleins d’eau et de gasoil (encore moins cher ici dans le sud marocain, 0,88€/litre), quelques courses au supermarché Marjane (qui ne vend plus d’alcool, on est à sec). Une fois sortis de cette ville de 120 000 habitants, nous arrivons dans un petit havre de paix, l’oasis de Tighmert où vivent environ 700 familles. Nous embarquons sept personnes qui viennent de descendre du bus pour les amener chez elles. La Tiny est bien chargée…Puis, nous cherchons tout d’abord une route assez large pour la Tiny qui nous permette d’accéder au cœur de l’oasis. Nous trouvons une toute petite place nous permettant de poser le bivouac. Encore au volant, un homme emmitouflé sous sa belle djellaba claire et la tête couverte d’un turban blanc malgré les 30° se dirige vers nous en nous souhaitant la bienvenue. Mohammed nous explique qu’il nous propose la cour de sa maison où nous serons mieux installés pour y passer la nuit.

Nous sortons nous perdre dans cette oasis où les ruelles en terre battue sont bordées de hauts murs en terre ocre.

A l’ombre des palmiers, nous marchons le long de l’oued irriguant les parcelles au moyen d’ingénieux canaux.

Petit tour par une improbable épicerie qui nous vend des cartes pour recharger mon forfait 4G du téléphone. La discussion s’engage avec les personnes autour du comptoir. D’eux-mêmes, comme beaucoup de personnes depuis notre arrivée au Maroc y compris dans des endroits très reculés, ils nous demandent ce qui se passe en France actuellement et pourquoi les gilets jaunes sont dans la rue. Les images tournent en boucle sur les écrans et sur les réseaux sociaux. Ils cherchent des explications au fait que les français se plaignent alors qu’ils vivent dans un environnement où la plupart des conditions sont réunies (accès à l’éducation, à un système de santé et de protection sociale, réseaux de circulation, gestion des déchets…) alors qu’eux vivent des réalités quotidiennes beaucoup plus difficiles. Nous nous sentons mal à l’aise.

Peu de personnes dans les rues mais le peu que nous croisons ne manquent pas de nous saluer d’un signe de la main ou tout simplement d’une main posée sur le cœur.Nous nous endormons vite bercés par le bruit… du calme. Il y avait plusieurs nuits que les vagues trop proches et trop fortes nous réveillaient la nuit. Bon d’accord, il y a plus désagréable… Mais quand même…

Jeudi 6 décembre 2018 :

Mohammed, nous voyant réveillés, vient nous saluer et nous offre son sourire et une assiette de dattes. Puis, il nous propose de nous emmener nous promener dans l’oasis.Il nous explique le fonctionnement de l’oasis gérée par des chefs de villages élus jusqu’à leur mort. Il nous parle de l’argent investi par le Royaume du Maroc dans son oasis. Seulement 4000 habitants mais l’oasis est équipée d’une école, d’un collège et d’un lycée. Ceci permet aux filles de pouvoir poursuivre leurs études jusqu’au bac, ce qui ne serait pas le cas pour beaucoup d’entre elles si elles devaient sortir de l’oasis et aller dans une ville. Beaucoup d’argent est également investi dans des structures sportives…  Mais il déplore le manque de moyens financiers pour l’entretien et le fonctionnement de celles-ci qui tombent en ruine. En revanche, une dixième mosquée est en construction dans ce petit village et il préfèrerait que les millions de dirhams investis servent à autre chose.Nous parlons des cultures mais la plupart des jardins sont aujourd’hui à l’abandon et les habitants font leurs courses à la ville. Il regrette le temps passé où les oasiens étaient auto-suffisants au niveau alimentaire. Les parcelles sont plantées quasi uniquement de luzerne servant de nourriture pour les chèvres. Même les dattes ne sont pas toutes ramassées et pourrissent au sol, ce qui d’après lui n’arrivait jamais auparavant. Certaines sèchent néanmoins à même le sol.

Il regrette que les habitants se replient un peu sur eux-mêmes, enfermés dans les maisons devant les écrans de télévisions ou de téléphones portables… Il trouve enfin dommage que les vieilles bâtisses tombent en ruine et ne soient pas entretenues par les nouvelles générations.

Victor se passionne pour le système d’irrigation où le « maître de l’eau » attribue les créneaux horaires de distribution de l’eau aux différents cultivateurs.Mohammed nous emmène visiter la Kasbah construite entièrement en pisé, vieille de plus de 300 ans.Derrière une grosse porte en bois, Lahbib nous accueille. Lahbib, est un Sarahoui. Il est nomade et vit plusieurs mois consécutifs dans le désert du Sahara Occidental. A tour de rôle avec son cousin, il revient à l’oasis pour y tenir le musée créé dans cette Kasbah. Une vraie caserne d’Ali Baba et une vraie mémoire de la vie nomade.

On y trouve de tout, des outils traditionnels, des tenues vestimentaires, des meubles, du matériel de caravanier, des tentes de nomades, des tapis en poil de chèvre ou de chameau, des soutien-gorge pour chamelle…

On y trouve également des objets ramassés lors de la course du Paris-Dakar à l’heure où elle passait encore il y a quelques années par l’oasis. Des jantes abandonnées par des coureurs sont devenues des barbecues. Des chambres à air ont été transformées en soufflet pour attiser le feu. Lahbib expose des cartes de l’itinéraire de la course au milieu des vieux objets de la vie nomade.Le portrait de Mohammed VI, roi du Maroc, trône également fièrement au mur, comme dans toutes les maisons ou les commerces du royaume. Le roi est très populaire dans le royaume mais encore plus dans le sud du pays où il a depuis son accession au trône, investi beaucoup d’argent pour moderniser ces régions plus isolées.La bâtisse est organisée autour d’un patio. Le rez-de-chaussée était réservé aux esclaves et aux animaux alors que les pièces de l’étage étaient occupées par les pièces de vie ou pour le stockage et le séchage des dattes. Une cave permettait de stocker à elle seule 8 tonnes de céréales. La visite passionnante se termine sous la tente sahraouie par un doux thé à la menthe chauffé au charbon de bois.

Nous reprenons la route en direction de l’est. Nous sommes au point le plus au sud de notre boucle au Maroc. Nous n’irons pas plus bas. Nous sommes aux portes du désert. Il faut soit être équipé d’un 4×4 pour s’engager sur les pistes, soit prendre la longue route descendant vers la Mauritanie, distante encore de 1600 kms après avoir traversé le Sahara Occidental, cette région controversée au niveau des frontières. Cette immense région était autrefois sous protectorat espagnol. En 1975, suite à la Marche Verte lancée par le roi Hassan II, près de 350 000 civils ont envahi le territoire. C’est alors que Madrid, en pleine reconstruction après la mort de Franco, rétrocède 80% de sa colonie au Maroc et 20% à la Mauritanie, sans avoir consulté ni les Sahraouis, ni les Algériens. Cette date marque alors le début d’un long conflit entre Marocains, Sahraouis et Algériens avec le Sahara Occidental. Les gisements en phosphate (3/4 des réserves mondiales), les riches eaux poissonneuses ainsi que les probables réserves de pétrole sont autant de richesses dont veulent profiter chaque peuple. Aujourd’hui seulement une trentaine de pays reconnaissent la République Arabe Sahraouie Démocratique proclamée en 1976 avec le soutien de l’Algérie et de la Libye. Son bras armé, le Polisario, intensifie à cette date le conflit avec l’appui des Algériens. La Mauritanie, n’ayant pas les moyens de soutenir un effort de guerre, rétrocède sa partie du Sahara au Polisario. S’en suivent, une guerre menée par Hassan II, un envahissement de la zone, un exil des populations vers des camps de réfugiés, et puis enfin la construction d’un mur de sable fortifié de 2700 kilomètres de remblais sablonneux doubles ou triples, de fossés antichars, de batteries d’artillerie et de barbelés, le tout piqueté de centaines de milliers de mines antipersonnel. Le cessez-le-feu intervient en 1991 et le Maroc administre depuis 80% du territoire et le Polisario 20%. Le Sahara Occidental quant à lui continue de demander son auto-détermination et son autonomie mais son statut est toujours dans une impasse.Source de la carte : https://saharadoc.wordpress.com/carte-01/

Mais pour la première fois depuis six ans après l’échec de négociations directes, le Maroc et le Front Polisario ont prévu la semaine dernière lors d’une table ronde à Genève de se revoir début 2019 pour parler du statut du Sahara Occidental avec l’aide de l’ONU qui espère pouvoir relancer des négociations difficiles. La poursuite des discussions s’annonce déjà compliquée alors que les parties, qui se disputent le dernier territoire du continent africain en attente d’un statut post-colonial, continuent de camper sur leurs positions. Dans l’attente d’un règlement, de 100 000 à 200 000 réfugiés selon les sources vivent dans des conditions précaires dans des camps près de la ville algérienne de Tindouf, à 1 800 km au sud-ouest d’Alger, non loin des frontières avec le Maroc et le Sahara Occidental.

Nous sommes donc à un peu plus de 300 kms à vol d’oiseau du Sahara Occidental. Nous longeons la longue chaîne montagneuse du Djebel Ouarkziz.Les paysages sont désertiques, dénudés, lunaires, superbes. Sur des kilomètres, le décor minéral est incroyablement beau. Je manque de superlatifs. On adore. Cela nous rappelle le nord-ouest argentin et ses montagnes plissées, ondulées, colorées.

Rien ne pousse mais au loin, on commence à voir se profiler, d’un vert intense, la vallée des oasis de Tamgoute et de Taghjicht.

Nous entrons dans cette grande oasis et recherchons un bivouac. Un petit parking central dans le village nous attire. Nous y stationnons, pensant que cela fera un chouette emplacement pour le rendez-vous que nous avons avec une famille de voyageurs, les Graines d’Etoiles. Nous nous posons et profitons, en attendant les voyageurs, de faire quelques démarches administratives par internet qu’il faut bien continuer à gérer à distance malgré le fait qu’on soit en voyage… Une voiture de la Gendarmerie Royale arrive. La discussion s’entame avec les deux policiers qui en sortent. Après un contrôle des passeports, une explication de l’itinéraire (provenance, destination) nous est demandée avec insistance. Ils nous expliquent que nous ne pouvons dormir ici car c’est dangereux. Nous leur disons que nous avons confiance, que les marocains sont les amis des français et que l’emplacement nous va très bien. Ils insistent en nous proposant ou plutôt en exigeant de venir dormir à la brigade. Une mobylette viendra nous chercher dans une heure une fois l’autre famille arrivée. Nous n’avons pas d’autres choix. Nous voici donc une heure plus tard à suivre cette mobylette dans les ruelles étroites de l’oasis jusque devant la gendarmerie où nous nous garons sur le trottoir.

Alors que nous sommes à l’apéro, les gendarmes reviennent pour à nouveau contrôler nos passeports et nous reposer les mêmes questions. Encore une heure plus tard, alors que nous sommes toujours à l’apéro, rebelote, ils reviennent ! Puis, troisième et quatrième fois, alors que l’apéro traîne un peu autour de sympathiques discussions avec Caro, Thomas et leurs deux filles Salomé et Zoélie, ils commencent soudainement à m’agacer quand ils nous annoncent que finalement nous ne pouvons pas dormir ici car leur chef ne veut pas et qu’il faut que nous allions dormir au camping situé à 30 kms ! Hors de question de prendre la route de nuit d’autant plus que ce sont eux qui ont insisté pour que nous venions ici. Ils insistent. Moi aussi. La situation m’agace et d’un coup, je monte le ton en leur disant, d’une voix forte, que je vais aussitôt appeler l’Ambassade de France qui va très certainement trouver rapidement un compromis… Étonnement, tout s’apaise, cela redevient possible de dormir devant la Gendarmerie Royale et ils nous disent que ce n’est pas nécessaire que j’appelle l’Ambassade. Nous ne les voyons plus de la soirée.

Vendredi 7 décembre 2018 :

Nous partons marcher les deux familles réunies dans l’oasis de Taghjicht. Nous déambulons et nous nous perdons dans ce charmant endroit tout calme.

Nous sommes au milieu des parcelles cultivées de luzerne principalement.

Toutes les personnes croisées nous adressent au minimum un sourire et un bonjour, au mieux tentent d’entamer une conversation.Les murs en pisé protégés des intempéries par des feuilles de palmiers, sont percés de portes en bois permettant d’accéder aux propriétés.

Les systèmes d’irrigation sont en fonction et arrosent au fur et à mesure de la journée chacune des petites parcelles.

Sympathique discussion devant l’une des 14 mosquées de l’oasis avec des hommes attendant l’heure de la troisième prière quotidienne. Ils sont eux aussi, bien au courant du mouvement des gilets jaunes et nous demandent des explications.

Les maisons de l’oasis auparavant construites en pisé, sont aujourd’hui remplacées par des constructions en parpaings en béton.

Avant de reprendre la route, nos 4 enfants jouent avec d’autres enfants du village. Les jeux de ballon et d’élastique facilitent toujours les rencontres.

Sur la route nous menant à une nouvelle oasis distante d’une trentaine de kilomètres, nous sommes toujours en extase devant les paysages traversés. Une fois de plus, ils nous rappellent le nord-ouest argentin que nous avions parcouru il y a trois années. Rien ne pousse au milieu de ces cailloux à part de rares arganiers, résistant bien à la sécheresse, ayant pris racines dans ou près des cours d’eau. Ces derniers sont déjà à sec malgré les pluies d’il y a quelques semaines.

Puis nous arrivons dans l’oasis de Amtoudi (ou d’Id-Aïssa), coincée au fond d’une gorge verdoyante.

Nous trouvons un super lieu de bivouac au pied des hautes falaises rougies par le soleil couchant.

Rapidement, les enfants jouent dehors au ballon ainsi que dans la Tiny où ils entament une partie de cartes.

L’endroit est calme et reposant. Nous sommes à l’abri des palmiers et le son de la cascade d’eau voisine devrait nous bercer pour la soirée.

Enfin, aurait dû, car un berbère monté sur sa mobylette, arrive pour nous déloger. Il nous explique évidemment être le responsable du village et que c’est interdit de rester ici pour la nuit. Il souhaite nous orienter vers le camping du village. Il négocie pour nous, avec le propriétaire du camping, la nuit à 1,80€… Difficile de dire que c’est trop cher. Bon de toute façon, la partie de foot est terminée car le ballon a terminé crevé contre une feuille pointue de palmier. Nous suivons la mobylette et arrivons dans un environnement tout aussi sympathique avec une vue incroyable sur les montagnes dominées par les Agadirs haut perchés qui rendent célèbre ce village.

Le camping est tout aussi calme et nous sommes seulement le deuxième client de la journée. Nous y sommes accueillis pas un thé à la menthe (compris dans le prix de la nuit…). Bon, difficile en France d’avoir déjà deux cafés pour 1,80€…

Arrive en soirée un troisième fourgon aménagé, immatriculé en Ardèche, conduit par Noélie et Maxime. C’est déjà la troisième fois qu’ils nous croisent au Maroc car nous avons pris le bateau le même jour et avons suivi le même itinéraire. Ce jeune petit couple de 21 ans est super sympathique et leur proposons de partir randonner ensemble demain pour visiter les Agadirs.

Samedi 8 décembre 2018 :

Après une nuit paisible malgré le braiment de l’âne à trois heures du matin, je profite de l’eau et de l’électricité du camping pour me lancer dans une grosse lessive qui m’occupera les deux heures de travail d’école. A 11 heures du matin, bien chaussés, nous commençons l’ascension de la montagne.

Les Agadirs étaient des greniers collectifs fortifiés construits autour du 12ème siècle, de la région du Haut Atlas jusqu’aux dernières oasis qui s’enfoncent dans le désert. Ils sont plantés sur des promontoires rocheux au-dessus des villages. Cette institution perdure encore aujourd’hui. Parmi plusieurs centaines de greniers au Maroc, certains sont en effet toujours en activité, d’autres sont abandonnés et d’autres comme celui d’Nid Issa sont superbement restaurés. Ce dernier est le plus grand du Maroc et était utilisé jusqu’à l’indépendance en 1956. Ces greniers-citadelles étaient à la fois magasin à grains (blé, orge, maïs), bâtiment communautaire, espace sacré et lieu de réjouissances. Des fêtes de redistribution du grain y étaient organisées à certains moments forts de l’année. Cette même enceinte commune englobait 90 cases individuelles, une pour chacune des familles du village. Les familles déposaient aussi dans ces chambres tout ce qu’elles avaient de précieux (bijoux, parchemins, testaments…). Les greniers s’adaptent à la topologie du terrain.

Une galerie est creusée, créant une sorte de ruelle dans la roche. Les pierres servent alors à édifier les murs. Les Agadirs étaient construits en pisé, en pierre et en bois de palmier. Nous visitons ce labyrinthe en veillant à notre tête. Le guide nous explique que seules les femmes venaient ici et que c’est pour ça que les plafonds sont bas. Un seul gardien, reconnu pour sa probité, possédait la clé de l’Agadir.

Les Agadirs possédaient des ruches pour les abeilles. La sécurité de l’édifice était assurée par des tours de guets aux 4 coins de l’Agadir, mais également tout simplement par sa situation tout en haut d’un promontoire d’où l’on pouvait surveiller les alentours.

Superbe vue depuis les toits.

Nous profitons d’ailleurs d’une vue magnifique sur l’oasis.

Vue sur le terrain de camping où est stationnée la Tiny.L’heure du déjeuner est déjà passée, et au lieu de redescendre manger à la Tiny, nous nous faisons un seul petit sandwich garni d’une petite banane, le tout accompagné d’une petite clémentine. Puis nous décidons avec Noélie et Maxime de rejoindre le deuxième Agadir du village en suivant le haut de la montagne.

Mais nous perdons assez rapidement le chemin et nous retrouvons à escalader des montagnes, à descendre dans des gorges avant de remonter sur la crête suivante. La rando est assez difficile. Mais les paysages sont incroyablement beaux…

On se croit perdus et on ne trouve pas le deuxième Agadir. On décide de tenter une dernière ascension de la montagne suivante et là, par magie, arrivons à l’aplomb du deuxième grenier, l’Agadir N’Guellouy. Mais il nous faut encore franchir un canyon avant d’y arriver.

  Nous trouvons porte close car le gardien n’est pas là. Peu importe, la vue est incroyable sur la vallée oasienne. Nous faisons une pause et nos estomacs sont bien vides…

Puis, nous voyons une silhouette monter le chemin venant du village. Le gardien nous a observés depuis le bas et monte spécialement pour nous faire visiter. Nous avons donc la chance de pouvoir visiter ce deuxième grenier assez différent du premier. Il contient 75 compartiments de quelques m² chacun qui contenaient de l’orge, du blé, des dattes et des légumes séchés.

La vue des toits est grandiose. Ils sont recouverts de chaux et de tout petits parapets de 30 cms nous protègent du vide d’une centaine de mètres.

Un ingénieux système de canalisations récupère les eaux des toits jusqu’à une citerne souterraine cinq niveaux plus bas.Un espace est également dédié à la prière.Notre guide Abdoullah est très sympathique et prend le temps de traîner avec nous dans ce lieu incroyable. Il redescendra plus vite que nous car le muezzin vient d’appeler du haut de son minaret à la prière. Nous prenons le temps de descendre tranquillement dans le village.

Au fond d’une petite ruelle, nous allons à la rencontre d’un groupe de femmes en train de casser les coques des fruits de l’arganier. Nous discutons quelques minutes avec elles. Ce gros tas de fruits ne donnera que 3 litres d’huile…Puis, l’une d’elle, Khadija, nous invite à boire le thé dans sa maison. Nous nous déchaussons pour entrer sur les épais tapis de son salon et sommes invités à prendre place sur des banquettes. Puis c’est un véritable goûter qu’on nous offre composé de pain, de pop-corn, d’amandes, de cacahuètes, d’huile d’argan, d’amlou (délicieux mélange d’amande et de miel), de gaufrettes, de cake au chocolat, de pistaches, de confiture… et bien sûr de plusieurs thés à la menthe.En échange, nous retournons l’invitation et espérons accueillir cette gentille femme de 25 ans demain dans notre Tiny. Enfin, nous avons pu reprendre des forces après cette journée de marche beaucoup plus longue que prévu ! Le retour au camping se fait en longeant les gorges de l’oasis. Nous nous promenons à travers les parcelles d’un vert intense où poussent arganiers, amandiers, orangers, abricotiers, oliviers, palmiers…

Calme et sérénité font de ce village un petit coin de paradis. Nous sommes accompagnés d’un groupe de gamins. Anaïs et Victor s’en réjouissent.

Sympathique soirée dans la Tiny avec Noélie et Maxime, ce tout mignon couple de saisonniers en France profite de visiter durant quelques mois le Maroc au volant de leur fourgon Master aménagé par leurs soins.

Dimanche 9 décembre 2018 :

Toujours avec nos sympathiques voisins, nous partons aujourd’hui découvrir les gorges de l’oasis en remontant d’environ trois kms le long de l’oued. En traversant le village, nous passons au pied des Agadirs visités hier. Ils apparaissent posés majestueusement sur leurs éperons rocheux.

Nous suivons le long de l’oued, les canaux où l’eau, déviée de la rivière (qui du coup est à sec), alimente ensuite les jardins.

Ces canaux servent également aux femmes pour faire la lessive.D’autres femmes que nous croisons portent d’énormes fagots de bois leur servant à cuisiner.Quelles réponses apporter à ces femmes sur les manifestations des gilets jaunes en France ? Ou tout simplement à la jeune femme de 25 ans qui nous a accueillis hier chez elle et qui nous a expliqué qu’elle n’est pas allée au collège car elle était une fille. Et que maintenant, elle est « condamnée » à rester chez elle et à s’occuper des travaux domestiques. Ou bien encore, à cet homme croisé il y a quelques jours avec un moignon de jambe caché dans un pansement dégoulinant de sang ? Je referme la parenthèse.

Les parcelles de quelques dizaines de m² tout au plus, sont séparées les unes des autres par des petites buttes de terre. Les différentes terrasses sont soutenues par des murs de pierre et des troncs de palmiers.

La vallée se resserre au fur et à mesure de notre progression et passe dans un goulet entre deux murailles verticales. La rando est vraiment superbe. Le soleil, à son zénith, peine à éclairer le fond des gorges. Nous parvenons en escaladant les rochers du fond de la rivière à une succession de petites cascades et de bassins de rétention. Des lauriers roses, des arganiers et des cactus poussent au pied de ces falaises ocres immenses, nous rappelant le parc national de Talampaya en Argentine.

Certains pans de falaises comportent des sortes de stalactites. Ou bien, est-ce tout simplement l’érosion qui a sculpté cet incroyable drapé.

Nous atteignons la source de l’oued près de laquelle nous pique-niquons. Les jeux de lumière sur ces gorges sont vraiment magnifiques.

Anaïs et Victor marchent super bien malgré cette deuxième journée de rando un peu difficile. Ils n’arrêtent pas de dire qu’eux aussi, sont émerveillés. Nous sommes récompensés de notre balade par une baignade dans une Guelta, où l’eau est tout de même bien fraîche.Retour dans l’oasis et le village de Amtoudi puis repos bien mérité à la Tiny. Mais Anaïs et Victor ont encore de l’énergie pour aller jouer avec les autres enfants. Beaucoup de garçons traînent autour de notre grande Anaïs, qui reçoit une multitude de sourires…Puis, comme prévu, arrive Khadija qui nous avait reçus chez elle hier soir, accompagnée de deux de ses amies, Halima et Fatima. Elles sont très bien habillées et ont revêtu de superbes voiles blancs avec des broderies dorées. Elles nous offrent une corbeille en osier tressé que Khadija a terminée tard hier soir. Nous passons un agréable moment avec ces trois jeunes femmes à la joie communicative.Nous poursuivons autour d’un plat de pâtes la soirée avec Noélie et Max après avoir profité d’un joli coucher de soleil éclairant à merveille de tons orangers les montagnes et l’Agadir haut perché.

Nuit bercée par le son de la dizaine de mouches volant dans la Tiny qui ont été épargnées par ma raquette électrique tue-mouches qui a tout de même fait 131 victimes avant de nous coucher.

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