86 kms parcourus du 16 au 22 décembre 2018

6367 kms parcourus depuis le départ

Dimanche 16 décembre 2018 :

Nous sommes toujours dans l’Anti-Atlas du sud marocain, et avons bivouaqué en bord de route au nord de Foum Zguid.

En fin de matinée, nous partons à pied nous perdre dans l’impressionnante casbah d’Allougoum. Nous nous dirigeons tout d’abord vers ses jardins au sein de la vallée luxuriante de l’oasis. Deux femmes nous tendent la main et un immense sourire. Elles nous font comprendre de les suivre. Elles ont chacune un sac en nylon et une petite serpe.

Nous nous engageons à suivre les canaux d’irrigation dans lesquels d’autres femmes font la lessive, à contourner les parcelles agricoles cernées de murs en terre.Le coin est très agréable. Nous découvrons les portes en bois ou en vieux bidons de 200 litres de carburant découpés et aplatis. Des cadenas ferment symboliquement l’accès à ces parcelles.

Les deux femmes sont fières de nous montrer leur culture de maïs et de blé. Elles en font la récolte à la main. Nous n’avons pas pu communiquer avec elles avec des mots mais les échanges de sourires étaient tellement agréables !

Nous revenons seuls dans la casbah constituée de belles maisons fortifiées, et de ruelles bordées de murs en terre. Ruelles en grande partie couvertes par des poutres d’arbousiers ou d’arganiers. Les maisons sont très hautes. La plupart d’entre elles sont à l’état de ruines. Pour se protéger de la chaleur estivale écrasante, les maisons n’ont que très peu d’ouvertures sur l’extérieur.

De nombreuses épiceries sont ouvertes sous ces galeries couvertes. Tout s’y vend, beaucoup de choses à l’unité comme ces nombreuses barres chocolatées ou autres sucreries. Une fillette vient acheter devant moi juste un œuf à 1 dirham.

Ce village ne doit voir que très peu de touristes. Nous sentons les regards un peu sur la défensive et un peu méfiants, voire moqueurs de la part des gamins, rapidement réprimandés par un vieux monsieur qui nous croise avec un sourire.

Petit arrêt à siroter le contenu d’une théière avec ma moitié pendant que les enfants rentrent seuls jouer à la Tiny.Nous reprenons la route en direction du nord. Les paysages sont toujours aussi fabuleux alternant entre déserts de pierres arides et vallées luxuriantes. Nous franchissons des cols dont le plus haut à 1700 mètres nous offre une vue dégagée sur les sommets enneigés de l’Atlas. En plus de toutes les couleurs des montagnes, s’ajoute à présent le blanc sur les cimes. Le Maroc est vraiment magique.

Nous arrivons à Aït Ben Haddou, qui est l’un des ksours les mieux préservés de tout le sud du Maroc. Le site est classé au Patrimoine mondial par l’Unesco. La fondation de ce ksar remonte au 8ème ou au 12ème siècle selon les différentes hypothèses. Le ksar au Maroc, est un groupe de bâtiments en terre entourés d’une muraille au sein duquel s’organise une communauté villageoise traditionnelle présaharienne.

Le lieu sert régulièrement de décors de tournages à des grands films comme Ali Baba et les 40 voleurs, Lawrence d’Arabie, Le diamant du Nil, Indiana Jones, Astérix et Obélix Mission Cléopâtre, Les rois mages, Gladiator, Jésus de Nazareth, La Bible et bien d’autres. Certains décors sont ajoutés pour les tournages et sont après détruits. Il reste néanmoins cette porte fortifiée utilisée pour le tournage de Game of Trones en 2012. L’Unesco a accepté qu’elle reste dans le paysage d’Aït Ben Haddou.Nous déambulons dans cette forteresse utilisant les techniques de construction présaharienne : terre compactée et moulée, argile et briques. Les maisons s’entassent les unes sur les autres. La cité est accrochée à une colline. Les plus belles maisons ou châteaux ont des hautes tours d’angle dont la partie supérieure s’orne de motifs décoratifs. Il y a également des édifices publics et des zones communautaires (écuries, enclos collectifs pour les moutons, greniers, silos, place de marché, salle de réunion pour l’assemblée des chefs de famille, mosquée…).

Notre belle rencontre du jour s’appelle Zara. Cette femme, au détour d’une ruelle, nous a invités à visiter sa maison. Zara fait partie des rares familles habitant encore les lieux, seulement cinq selon elle. Elle vit dans un confort extrêmement rudimentaire. Je vous laisse en prendre conscience par les photos suivantes de l’intérieur de sa maison.

Elle vit de son artisanat qu’elle propose aux quelques touristes qu’elle fait entrer chez elle. Zara reste une femme rayonnante malgré les conditions précaires dans lesquelles elle vit avec sa fille, absente ce soir car partie prendre des cours de karaté dans la ville nouvelle, de l’autre côté de l’oued. Ses deux autres enfants vivent à Marrakech pour y travailler. Un petit panneau solaire cassé et une vieille antenne râteau fixée sur un pot à lait lui apportent un peu de « confort ». Certainement pas suffisant car elle utilise une lampe à gaz éclairant très faiblement le couloir où elle tisse un tapis berbère.

Zara est venue habiter ici, suite à son divorce, car elle n’avait plus les revenus suffisants pour vivre dans la partie plus moderne de la ville. Elle dit merci à l’Unesco car suite au classement en 1987, l’eau courante dessert à présent toutes les maisons, même si elle est arrivée de nombreuses années plus tard. Avant, elle allait dans l’oued chercher l’eau mais pas pour l’usage alimentaire car celle qui y coule est salée. Tous les jours, elle faisait six kilomètres aller-retour pour ramener l’eau de la source. L’Unesco aide également à financer les travaux de restauration mais bien entendu, pour elle, les travaux ne se limitent qu’à de simples travaux d’étanchéité sur sa terrasse et de réfection d’enduits de terre qui souffrent beaucoup des pluies.Zara nous explique tout cela autour d’un thé que nous buvons assis par terre sur de jolis tapis dans son salon. Anaïs lui offre un bracelet qu’elle a réalisé. Nous lui achetons un chèche.

Nous montons tout en haut de la colline jusqu’à l’Agadir, ce grenier fortifié planté au sommet de la Kasbah.

Jolie vue au soleil couchant sur les paysages et sur nos enfants.

Nous surplombons également le ksour d’Aït Ben Haddou.

Un incroyable vol d’une centaine de cigognes passe quelques mètres au-dessus de nous. Instant magique.

L’autre belle rencontre de la journée s’appelle Idriss. Idriss est un berbère vivant plusieurs mois de l’année en tant que nomade dans le Sahara Occidental. Le reste du temps, il vit de commerce d’artisanat et d’objets d’antiquités berbères ramenés du grand sud marocain. Je me prête au jeu d’une sacrée négociation pour acheter un sarouel à Anaïs. Nous rigolons tous les deux. Vraiment. Puis, une fois l’acte de vente conclu, nous continuons à parler de ses participations à des festivals de musique en Europe. Très sympathique moment passé en sa compagnie.Nous bivouaquons dans la cour d’un hôtel dans la partie plus récente de la ville car il est compliqué de dormir en sauvage dans ce haut lieu du tourisme à moins de s’écarter un peu de la ville, ce que nous n’avions pas envie de faire ce soir.Nous commandons une délicieuse harira qu’on nous apporte dans la Tiny. Là encore, nous n’avons commandé que deux portions mais on nous apporte une grosse soupière de cette soupe traditionnelle du Maroc et de l’Algérie.

Lundi 17 décembre 2018 :

Je profite du point d’eau du parking pour refaire les pleins de mes deux réserves de 100 litres chacune et également pour laver la Tiny bien sale après la dernière piste. Un thé nous est offert par les gardiens du parking. Nous prenons la route et passons devant les studios de cinéma de Ouarzazate où nous distinguons les décors de cartons et l’envers du décor reposant sur des grosses structures métalliques.

Route vers Ouarzazate afin de faire le plein de courses pour être autonomes plusieurs jours car nous partons nous cacher dans un petit coin de paradis. Une piste d’environ 10 kilomètres nous sépare de l’oasis de Fint Nous l’avions découverte la première fois par hasard en 2008, accompagnés de ma sœur Christelle et de mon beau-frère Laurent. Nous étions tombés sous le charme de ce petit havre de paix. A peine arrivés près de l’oued, un jeune homme berbère, Driss, nous accueillait à la descente de notre Logan de location. Avec lui, nous découvrions cette oasis bien cachée au fond d’une vallée. « Fint » signifie d’ailleurs « caché » en langue berbère. Driss nous présentait alors sa grande et belle famille. C’était le début d’une belle amitié qui dure maintenant depuis 10 années. « Le hasard vaut mieux qu’un rendez-vous » est ce proverbe berbère que Driss nous apprenait alors, ce proverbe qui nous suit tous les jours au fur et à mesure de nos découvertes et de nos rencontres, ce proverbe qui fait l’en-tête de notre blog. Driss, avec sa famille, a créé une maison d’hôtes, l’Auberge de la Roche Noire, une véritable maison dans laquelle vous serez accueillis dans une famille si vous avez la chance de venir ici un jour. Je vous le souhaite.Nous avons eu la chance de découvrir déjà beaucoup d’endroits dans le monde mais Fint reste un endroit à part. Un endroit où on se sent bien. Un endroit préservé du tourisme de masse. Un endroit tellement calme et reposant. Un endroit où nous avons des amis. C’est donc avec beaucoup d’émotions qu’après avoir roulé sur la longue piste droite, nous bifurquons sur la gauche en direction de l’oasis que nous ne distinguons pas encore. Le paysage n’est constitué que de roches noires que les rayons du soleil subliment de reflets de brillance. Pas de végétation.

Puis une descente s’annonce, celle qui nous mène à l’oasis. Fint est réellement bien cachée. Après quelques virages, nous retrouvons cette vallée luxuriante d’un vert intense, les roches noires lui servant d’écrin. Nous arrivons au bord de l’oued. Celui où nous avions rencontré Driss. A l’époque, le passage se faisait à gué. Aujourd’hui, un passage bétonné nous permet de le franchir. A peine garés, nous reconnaissons Ismaël, ami de la famille de Driss, avec qui nous avions passé de belles soirées musicales. 

Après avoir déjeuné dans ce cadre si enchanteur accompagné par le bruit des grenouilles, nous terminons les deux kilomètres de piste. Nous arrivons chez nos amis, la famille Aglane.

Nous serrons dans nos bras les parents, Ambarka et Aziz, leurs enfants Driss et Rachid (le 3ème frère Ayoub est parti travailler en excursion avec des touristes). Fatima, leur cousine sourde et muette nous serre fort contre elle. Les regards sont intenses. Quelle émotion de les retrouver quatre années après notre dernière venue ici et de partager ce moment si convivial en buvant un thé avec eux. C’est la quatrième fois que nous venons à Fint et nous nous sentons rapidement comme chez nous, entourés de gens que nous aimons.

Nous posons notre bivouac dans un cadre enchanteur le long de l’oued au pied des magnifiques falaises, en plein cœur de l’oasis. La cabane s’insère tellement bien dans ces magnifiques paysages.Nous ne voyons plus Anaïs et Victor de l’après-midi. Ils jouent sur la petite plage de sable mouillé près de l’oued. Je m’occupe de remplacer une pompe à eau de la cellule car celle d’origine fonctionnait de plus en plus mal depuis quelques temps. Heureusement, j’en avais prévu une neuve d’avance.

En fin d’après-midi, nous sommes invités à manger à l’auberge par Driss et sa famille. Une bonne soupe de maïs ainsi qu’un succulent couscous au poulet et aux délicieux légumes nous sont servis. Nous retrouvons les saveurs de l’excellente cuisine d’Ambarka.

Mardi 18 décembre 2018 :

Nous adoptons le rythme que nous allons avoir dans les 15 prochains jours. Petite pause dans le voyage. Les enfants font l’école avec Audrey avec pour seul bruit environnant celui des grenouilles et des oiseaux. Je pars faire la lessive à la rivière. Nous remontons chez nos amis boire une théière avec Rachid et Driss. Du bonheur. Anaïs et Victor font une belle construction en sable, aidés par d’autres enfants de l’oasis.

Un morceau de tome d’aligot acheté lors de notre passage à Cahors est sorti du congélateur. Quel plaisir !  Le fromage commence à nous manquer !

Nous partons avec Driss marcher le long de l’oued.

Dans l’après-midi, arrivent nos amis voyageurs, les Plem’Mobiles ainsi que Sanlien et Judra. Anaïs et Victor ne pensaient pas qu’ils arriveraient si tôt. Ils sautent dans tous les sens dès qu’ils aperçoivent leurs camping-cars !

D’un coup, nos 6 enfants disparaissent. Quelle joie de se retrouver ! Puis arrive, une troisième famille, suisse, Véronique et Olivier accompagnés de leurs deux garçons et de leur amie arrivée tout juste de Bali avec ses deux filles pour passer quelques jours de vacances au Maroc. Le bivouac s’installe autour de ces quatre camions après avoir négocié un passage étroit et humide.

En vue de la soirée un peu fraiche une fois le soleil couché, nous préparons un feu de camp.Les enfants ramassent 70 grenouilles et une tortue qu’ils relâchent rapidement. Puis discrètement, ils puisent dans notre réserve de bois pour se faire eux aussi leur feu… C’est l’apprentissage de la vie… Qui ne se souvient pas de son premier feu !Trois habitants de l’oasis nous rejoignent autour des flammes. La musique et les sons des percussions résonnent. Les discussions se poursuivent, tard dans la soirée, sous la voûte étoilée de Fint. 

Mercredi 19 décembre 2018 :

Chacune des familles fait sérieusement l’école malgré l’envie pressante de nos enfants de jouer ensemble. Mais les vacances ne commencent que lundi prochain, quand notre famille nous rejoindra pour passer 8 jours avec nous dans l’oasis. La classe terminée, Les plus petits partent jouer au bord de la rivière et attisent les braises de la veille.

Les plus grandes, un peu plus autonomes, restent dans les camions terminer leur programme pendant que les adultes répondent avec joie à l’invitation de Driss, de partager un moment convivial autour d’une théière. Ensemble, nous commençons à préparer notre réveillon de Noël. Driss nous propose de faire un méchoui de chevreau dans leur tout nouveau four spécialement conçu à cet effet.

Nous retournons manger aux camions au cœur de cette oasis de rêve. Nous prenons le temps de profiter les uns des autres, les enfants d’un côté, les adultes de l’autre.

Puis, nous partons nous promener et remontons l’oued en direction des autres villages formant l’oasis de Fint. Superbe promenade. Nous y découvrons les parcelles agricoles, protégées du soleil par les palmiers. Elles sont plantées de blé, d’orge, de navets, de carottes, de fèves… Beaucoup d’essences d’arbres fruitiers poussent : amandiers, figuiers, grenadiers. Les roseaux poussent également et servent à faire les palisses ou bien les plafonds des maisons.

Chaque personne de l’oasis nous adresse un bonjour, un signe de la main ou entame une discussion. Nous nous intéressons au système d’irrigation et comprenons bien son fonctionnement grâce à une émission « C’est pas sorcier » tournée ici il y a quelques années.

La balade est reposante. Peu de voitures croisées, juste quelques deux-roues importés de Chine et des « 4×4 berbères ».

Nous croisons des hommes qui remplissent un petit camion d’une plante que les femmes sont allées chercher dans la montagne. Ils nous offrent un bouquet de ces herbes médicinales qui, infusées, pourront soigner nos maux de ventre.Retour à la tombée de la nuit sur notre bivouac. Nous nous lançons dans une crêpe-party… que nous tartinons de chocolanie, une délicieuse pâte à tartiner préparée par Laleste et Célie composée de beurre, de noisettes concassées, de chocolat pâtissier et de lait concentré sucré.La soirée se rafraîchit et nous préparons de nouveau un feu de camp. Une bande d’habitants de l’oasis se joint à nous avec leurs djembés et leur guitare électrique sonorisée par un ampli que nous branchons sur un de nos camping-cars. Sympathique moment animé par Hussein, Ismail et leurs amis.

Jeudi 20 décembre 2018 :

Miguel, Judra et moi-même bricolons sur nos camions respectifs afin d’y faire un peu d’entretien. Je m’occupe de mon système d’évacuation d’eaux usées du bac à douche qui ne fonctionnait plus depuis que je l’avais démonté chez Ali pour ajouter un réservoir de gasoil. Je resserre quelques vis par endroits, je repeins ma grille de protection de radiateur. Je réfléchis à l’amélioration de mon système de filtration d’eau potable. Bref, un peu d’entretien nécessaire au bon fonctionnement de la Tiny.

Sanlien nous régale de son pain pétri et cuit dans son camion.Le programme d’aujourd’hui est un peu le même qu’hier et certainement le même que celui de demain, c’est-à-dire se reposer et prendre du bon temps avec les amis. Nous continuons à faire de sympathiques rencontres avec les locaux. Comme celle d’Ahmed qui vient vers nous avec sa mobylette dont le pneu avant est à plat. Miguel le regonfle à la pompe à vélo. Ahmed, satisfait, repart. Mais Ahmed revient une demi-heure plus tard avec son pneu encore dégonflé. Nous lui démontons sa roue et lui collons deux rustines sur sa chambre à air. Satisfait, la main posée sur le cœur, il nous remercie et s’en va. Ahmed revient une demi-heure plus tard et nous offre un sac de légumes.

Nous avons aussi le passage régulier d’Hassan qui vient nous vendre son pain et nous offrir des dattes. Des femmes, le dos plié à angle droit, font la lessive à la rivière. D’autres, le dos chargé de branchages, traversent l’oued. D’autres encore passent à côté de nous, avec leurs ânes toujours bien chargés.

Des enfants de l’oasis viennent rejoindre nos enfants pour entamer une partie de football ou construire un château de sable. Driss ou Rachid passent de temps à autre également nous saluer. Audrey, Sanlien et Elodie discutent avec des anglais d’origine hindous, londoniens déstabilisés par l’accueil si généreux des marocains. Cela leur donne des envies de vivre sur un autre rythme de vie.

Un enfant de l’oasis est fier de nous montrer ses capacités en lecture de son livre de français. Audrey trouve son niveau très bon compte tenu de son âge.Je ne peux pas vous raconter tout ce que font les 6 enfants qui mènent leur petite vie le long du cours d’eau. J’ai cru comprendre qu’ils ramassent toujours des grenouilles. Nous les laissons d’ailleurs pendant trois heures durant lesquelles nous allons boire un thé chez Driss.

La grand-mère de Driss est toujours aussi rayonnante et belle.

Nous marchons le long de l’oasis vers le sud. Nous traversons le village en observant le linge et les tapis lavés à la rivière et qui sèchent posés au sol sur les pentes des montagnes. Des dattes sèchent sur les toits reposant sur les murs en pisé.

Nous longeons le cimetière.Il se repère à une grande parcelle où les sépultures sont marquées d’une pierre verticale pour celles où reposent des hommes et de deux pierres pour celles où reposent des femmes. On les repère également par la présence de mausolées.De ce côté de l’oasis, la vie s’organise également autour de la culture des jardins.

Mais nous avons passé un peu trop de temps à refaire le monde avant de partir, du coup, les lumières sont un peu moins belles mais il ne faut pas trop se plaindre non plus.

Nous revenons à notre bivouac et retrouvons nos enfants. La musique sort des enceintes Bluetooth. D’autres enfants de l’oasis jouent avec eux. 

Les adultes échangent leurs coups de cœur sur le Maroc et sur la suite du voyage. Nous avons en effet prévu de nous retrouver avec les Plems’ à plusieurs reprises, en particulier en Mongolie pour y boire une bière et également pour la traversée de la Chine avec d’autres voyageurs. Les deux ados complices s’imaginent toujours parcourir un autre continent au volant d’un combi. Je leur souhaite.

Puis, nous répondons à l’invitation de Driss et allons passer la soirée à l’auberge. Rapidement, il entame des parties de Uno et de Jungle Speed avec nos six enfants. Anaïs retrouve le petit Anoar avec qui elle jouait lors de notre dernier passage il y a 4 ans. Victor était impatient de venir chez Driss pour faire une bataille de coussins. Il s’en donne à cœur joie avec son ami Pablo. Nous partageons une bonne soupe de maïs ainsi qu’un copieux couscous de légumes.

Vendredi 21 décembre 2018 :

Les enfants ont travaillé très sérieusement depuis la rentrée et ils ont bien avancé dans leurs programmes respectifs. Trois jours plus tôt que prévu, Audrey leur annonce que les vacances de Noël commencent ce soir, enfin ce midi… Il est bien agréable de partager quelques verres entre amis dans cette merveilleuse oasis. Nous n’abusons pas non plus mais comme dit Miguel « il vaut mieux boire un coup de plus et qu’il n’arrive rien » !

Les quatre filles ado partent seules se promener le long de l’oued. Elles recherchent un endroit pour se rafraichir puis entament une bataille d’eau dans un « petit coin de paradis », avant de poursuivre par une partie de Uno sur les rochers. Pas trop mal de se baigner le jour où l’hiver arrive ! Elles reviennent en écoutant de la musique, bref des ados…

Elles continuent par une activité pâte Fimo où elles modèlent hamburgers, sushis, hot-dogs, steak hachés, cookies, croissants, gaufres, Paris-Brest… Seraient-elles en manque ? Elles terminent en regardant sur l’ordi « Les Bronzés ».

Victor et Pablo, partent se promener avec leur maman, et se baignent dans l’oued en observant avec leurs masques les fonds de l’oued situés 30 cm plus bas.Ils s’amusent à ramasser encore des grenouilles et à observer les tortues.

Les papas restent sur le bivouac à profiter et prendre du bon temps. Durant le temps où je m’isole pour écrire ces quelques lignes, Asraf et Anoar entament dans la Tiny une partie endiablée de percussions sur la table. Chouette moment. Ils n’ont que 10 ans mais ont un sacré rythme dans la peau.Sébastien, le frère jumeau de Miguel, nous a rejoints sur un coup de tête et après 5 jours de route depuis la France, il arrive enfin après avoir avalé seul 2700 kms au volant de sa fiesta. La fin de soirée pour les garçons se passent dans un autre camping-car à jouer à Minecraft et à regarder des films. Les filles continuent à enrichir leur compte Instagram « Travel Fées » sur lequel elles postent leurs belles créations.

Du côté des adultes, nous répondons à l’invitation de personnes venues à notre rencontre. Ils nous expliquent faire partie d’une association en séminaire annuel dans un autre hôtel de l’oasis. Nous montons sans nos enfants boire quelques thés accompagnés de délicieuses pâtisseries marocaines. Nous faisons connaissance avec une partie des 60 membres réunis. Rapidement, nous comprenons que nous sommes invités par le comité de direction et opérationnel de cette fédération d’associations œuvrant dans différents domaines au Maroc pour développer entre autre l’aide médicale, l’intégration et le respect par le sport dans certaines régions reculées du royaume. Ils sont accompagnés de leur chef spirituel et membre fondateur, une personne que nous écoutons avec beaucoup d’attention. Il véhicule avec ses membres des valeurs d’entraide, de partage, de respect tout cela avec empathie et humilité. Cependant, ils ne revendiquent aucune cause politique ou religieuse. La discussion est passionnante. Après deux heures passées en leur compagnie, nous nous séparons et acceptons leur invitation pour le repas de demain midi. Bien que nous soyons tout de même 12 personnes, ils tiennent vraiment à nous inviter.

La soirée se prolonge avec Jamal, Naïm et Hussein autour du feu. Ismail est venu durant notre absence nous offrir de la viande à faire griller.

Samedi 22 décembre 2018 :

Naïm est très ponctuel au rendez-vous que nous nous étions fixés et dès 9 heures, il est là à nous attendre au volant de sa Renault 12 pour nous amener au souk hebdomadaire de Ouarzazate, nous évitant d’avoir à bouger nos camions. Les enfants restent avec beaucoup d’autonomie seuls dans l’oasis.

Nous prenons du plaisir à déambuler et nous approvisionner sur le marché très fourni en fruits et légumes.

Il est également bien achalandé en quincaillerie, en vêtements, en outillage fabriqué de manière artisanale avec de la ferraille recyclée. Le Maroc a certes encore à progresser en gestion des déchets, mais nous avons de sérieuses leçons à prendre sur le recyclage de différents matériaux comme de vieilles bouteilles de gaz, des pneus usagés, des fûts métalliques d’huile… Tout ressert ici et donne naissance à de nouveaux outils ou ustensiles.

Nous profitons que Naïm connaisse bien la ville pour qu’il nous emmène ensuite acheter d’autres produits. Nous sommes en effet en manque de viande et il nous indique son vendeur de volailles. Sous nos yeux, trois poulets se voient tordre le coup, ébouillanter, passer à la machine à déplumer, vider, et découper en morceaux en un rien de temps.Il est temps de rentrer au volant de la fatiguée mais vaillante Renault 12. Nous retrouvons nos enfants qui semblent bien s’adapter à la vie oasienne et montons à La Terrasse des Délices où séjournent les membres de l’association. Nous patientons en attendant qu’ils terminent leur réunion dans un environnement idyllique avec une vue panoramique sur l’oasis.

 

Nous sommes donc invités et accueillis à la table « VIP » des membres fondateurs. Les discussions s’enchaînent de manière très agréable. Ils s’intéressent à notre vie nomade. Nous nous intéressons aux actions qu’ils mènent. Nous nous rendons compte que nous partageons de nombreuses valeurs communes, en particulier celles de la confiance en autrui, de l’entraide, du partage. Il y a dans cette association de très fortes disparités sociales, et se côtoient des marocains payés au salaire minimum (225€ mensuel) jusqu’à de très riches industriels, voire même des proches conseillers du roi. Mais ils s’interdisent durant ce séminaire de porter des signes ostentatoires de richesses (pas de bijoux ou de Rolex) et portent tous la même tenue. Une certaine harmonie se dégage du discours de chacun. Ils nous interrogent beaucoup à leur tour sur notre voyage. Une des personnes avec qui je discute, malgré sa position sociale élevée et des revenus conséquents, ne pourrait jamais entreprendre une aventure comme la nôtre. Tout simplement car il est marocain. En tant que marocain, il lui est très difficile d’obtenir des visas. Le simple Visa Schengen lui ouvrant le droit de se déplacer en Europe lui est délivré tous les 4 ans en échange de copies de relevés de banque, fiches de paie et autres justificatifs. Il m’explique que lors d’une récente croisière en pays scandinave, il n’a pu faire escale le temps d’une journée, tout comme les autres ressortissants marocains. Nous prenons d’autant plus conscience de notre chance d’être citoyens français. Nos trois familles interviennent en fin de repas devant l’assemblée. Ils écoutent et échangent avec beaucoup d’attention sur notre façon de vivre. Un caméraman nous filme. Ils viennent ensuite visiter notre campement. Nous sortons tous profondément enrichis de cette belle rencontre. Merci à eux de nous avoir permis de découvrir leur structure.

A peine sortis de table où nous avons dégusté un délicieux tajine, nous répondons à l’invitation de Driss d’aller partager un thé durant lequel nous préparons notre soirée de réveillon de Noël.

De nouveau, nous partageons une belle soirée entre amis voyageurs et amis de l’oasis. Le feu aide à se réchauffer autour de discussions passionnantes avec Naïm et Hussein. Un instituteur se joint à nous. Audrey échange longuement avec lui sur le fonctionnement des écoles. Driss nous rejoint.

Nous ne sommes pas de trop pour aider Sébastien à se sortir du gué où sa Fiesta s’est bien ensablée. Première occasion de sortir mes nouvelles plaques de désensablement. Les bras de tout le monde aident bien à le sortir de là.Durant ce temps, Pablo, Lola, Célie, Laleste, Anaïs et Victor passent des heures à partager de bons moments. Ils s’entendent à merveille. Quelle joie de passer du bon temps avec les gens qu’on aime dans un lieu si paradisiaque.

Nous sommes à présent à J-2 avant l’arrivée de notre famille. Ils viennent d’arriver à 11 aujourd’hui à l’aéroport de Marrakech et nous rejoignent le 24 à l’oasis pour passer les fêtes de fin d’année ensemble. Bien que nous soyons partis il n’y a que deux mois, c’est avec beaucoup d’impatience que nous les attendons. Quel plaisir et quel bonheur de se réunir dans ce lieu enchanteur !

Nous vous souhaitons à tous de passer un très joyeux Noël !

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