725 km réalisés du 15 au 20 mai 2021

73 596 km parcourus depuis le départ

Samedi 15 mai 2021 :

Notre séjour au Botswana aura été court. Seulement 5 jours et déjà nous en partons. Comme je vous l’avais expliqué, nous n’avons fait que transiter par ce pays pour passer de la Zambie à la Namibie. Nous en avons cependant profité pour nous régaler de ce que le Parc national de Kafue nous a offert avec en particulier, outre les superbes paysages, une incroyable vie sauvage que je vous avais présentée dans le dernier blog !

Ne voulant pas avoir à refaire un nouveau test PCR, nous devons sortir aujourd’hui du Botswana car le précédent test réalisé il y a 6 jours en Zambie est encore valable pour entrer en Namibie jusqu’à demain.

Après l’école, nous quittons donc notre merveilleux bivouac surplombant la magnifique rivière Chobe, à l’ombre de ce baobab instable car rongé par les éléphants. J’appréhende la descente vers la route car le chemin est vraiment instable et nécessiterait plutôt un 4×4 mais une nouvelle fois, la Tiny nous surprend !

Rapidement, nous arrivons au poste de frontière de Ngoma. Il s’agit d’un tout petit poste, sans grand monde qui passe d’un pays à l’autre.

Cela nous change de toutes les précédentes frontières. Côté Botswana, tout se passe rapidement. Bon, ça aurait été plus sympa avec le sourire de la douanière mais ce n’est pas grave. Conformément aux règles imposées par le pays, elle nous exige l’acte de naissance de chacun des enfants pour prouver que nous en sommes bien les parents. Heureusement, nous avons ce document traduit en anglais en notre possession. Nous les avions commandés il y a deux ans et demi avant de partir de France. C’est la première fois qu’une douane nous l’exige. A l’entrée dans le pays, on avait réussi à insister pour ne pas le donner par flemme d’avoir à chercher ce papier dans notre coffre-fort. Les douaniers ne nous exigent pas la fourniture d’un test PCR de moins de trois jours comme l’impose la loi en vigueur actuellement. Tant mieux, on n’en avait pas. Nous reprenons le volant de notre Tiny et nous franchissons la rivière Chobe avant d’arriver à la douane namibienne.

De nouveau, tout se passe très rapidement, une fois fournis nos tests PCR et remplies les traditionnelles fiches d’entrée sur le territoire. Nous faisons tamponner le Carnet de Passages en Douanes, bien que cette formalité ne soit pas obligatoire pour la Namibie, mais on ne sait jamais, ce sera plus facile, si on devait être amenés à quitter dans les trois mois ce pays par voie maritime, depuis le port de Walvis Bay, en direction de l’Europe. Nous nous acquittons de la somme de 320 dollars namibiens (19€) que nous payons en monnaie sud-africaine car le Rand a le même cours que le dollar namibien. Nous n’avions pu avoir que cette devise au bureau de change à Kasane.

Pas de contrôle du véhicule. Nous n’en avons eu d’ailleurs aucun en Afrique, contrairement à l’Amérique du Sud, à l’Asie centrale ou bien à l’Asie du Sud-Est.

Nous voilà déjà en Namibie, après une bonne heure de formalités administratives. Et nous y voici pour une longue période, car c’est la première fois que nous allons passer trois mois consécutifs dans un même pays. Le maximum qu’on ait passé dans un pays est deux mois et demi au Kenya, deux mois en Iran, deux mois en Mongolie ou encore deux mois au Laos. Sur notre précédent voyage, nous avions tout de même passé environ cinq mois en Argentine mais cumulés car nous avions fait plusieurs incursions au Chili voisin. Quel plaisir de se dire qu’on n’aura pas à faire de tests Covid ou bien de visas ou de renouvellements de visas pendant 90 jours. Et après, il y a de grandes chances qu’on enchaine encore pour trois mois en Afrique du Sud. A moins qu’on ne repasse pour deux ou trois semaines par le Botswana avant d’entrer en Afrique du Sud.

Nous entrons dans une zone géographique assez étrange, la Bande de Caprivi, un corridor long de 450 kilomètres et large de 30 kilomètres, coincé entre le Botswana au sud et la Zambie et l’Angola au nord. La Bande de Caprivi a été géographiquement créée lors d’un traité signé en 1890 entre l’Empire allemand et le Royaume-Uni. Ce traité permit à la colonie allemande du Sud-Ouest africain d’accéder au fleuve Zambèze et donc au reste de l’Afrique australe ainsi qu’à l’Océan Indien, bien que le fleuve comporte une partie non navigable au niveau des Chutes Victoria. À l’époque coloniale, le contrôle des voies d’eau avait une grande importance stratégique car les colonisateurs espéraient pouvoir les utiliser dans les relations commerciales futures. Mais l’accès au Zambèze donne un potentiel pour l’ouverture de routes commerciales vers le centre et l’Est de l’Afrique australe. Depuis 2004, la construction d’un pont sur le fleuve entre la Zambie et la Namibie, permet à la route Trans-Caprivi Highway de connecter la côte de Namibie aux régions enclavées (Malawi, Zambie…).

Pendant la guerre du bush rhodésien (1970-1979) et les opérations du Congrès national africain contre le gouvernement de l’apartheid en Afrique du Sud (1965-1994), la Bande de Caprivi a été utilisée comme lieu de transit entre plusieurs territoires pour différents groupes armés.

Nous roulons à travers des paysages ressemblant à d’autres traversés dernièrement mais ce qui change, c’est l’habitat. La notion de propriété privée est nettement plus marquée ici, et les maisons sont toutes clôturées de hautes palisses faites de roseaux ou bien de murs ou même de bardage. Bizarrement, il n’y a plus de végétation à l’intérieur des grands enclos de ces maisons. On fait différentes hypothèses : peut-être est-ce pour ne pas que les animaux tels les serpents s’approchent trop près des habitats. Ou bien pour ne pas que le feu se propage aux maisons en cas d’incendie dans le bush. Les maisons sont construites en matériaux durs ou bien en terre comme on en voyait dans les pays d’Afrique de l’Est.

Le réseau routier est excellent mais on sait que ça ne va pas durer et que nous allons manger beaucoup de poussière en Namibie !

Nous arrivons à la première ville, Katima Mulilo, où nous retirons des Dollars namibiens au taux de 1€ = 17,13NAD.

Puis nous achetons deux cartes SIM chez le fournisseur MTC. Un peu de gasoil (0,80€ le litre), un plein d’eau (gratuit comme toujours), quelques petites courses. La journée est déjà bien avancée et nous dormons sur le parking d’une station-service en ville.

Dimanche 16 mai 2021 :

Nous quittons ce bivouac pas très heureux bien que relativement calme. De nombreux Namibiens sont venus nous saluer et discuter un instant.

La route est rectiligne sur plus de 120 km et file à travers le bush. La limitation de vitesse est de 120 km/h et est à peine ralentie à 90 km/h quand on passe devant des hameaux, plus rarement à 60 mais ça ne dure pas longtemps. On tient donc une bonne moyenne kilométrique. Nous conduisons toujours à gauche et il nous faut à présent rallumer les phares pour rouler en journée comme au Kenya ou en Tanzanie, comme la loi l’exige depuis peu. Ce sont des tout petits hameaux, sans grande présence humaine apparente à cette heure chaude de la journée. L’amplitude thermique entre le jour et la nuit est d’ailleurs assez importante et avoisine les 20°C.

Nous quittons l’axe principal B8 pour prendre la perpendiculaire sur la route D3502 en direction du Mafwe Living Museum, c’est-à-dire le musée vivant des Mafwe. La Namibie est un pays ne comptant en moyenne que trois habitants par kilomètre carré et totalisant à peine plus de deux millions d’habitants. Mais la culture y est incroyablement diversifiée. Il y a 12 grands groupes ethniques différents avec un large éventail de tribus parmi eux, et une trentaine de langues uniques sont parlées dans tout le pays. Parmi ces tribus, il y a les Sans, les Himbas, les Hereros, les Tswanas, les Khoisans, les Bantus… Le peuple Mafwe est l’un des plus grands groupes ethniques de la région de Caprivi et l’un des peuples tribaux de Namibie. C’est l’un des 38 groupes qui composent le peuple Lozi, une ethnie parmi les Bantu.

Le Living Museum est un musée en plein air où nous sommes venus en apprendre plus sur la culture traditionnelle et le mode de vie original des Mafwe. Nous étions prévenus en venant ici. Cela n’a rien à voir avec les rencontres authentiques et sincères que nous avons faites en Afrique jusque-là. Ici, nous sommes des clients venant visiter un musée où jouent des acteurs. Un village typique et traditionnel de la culture Mafwe a été reconstitué. Il se présente sous la forme des nombreux villages que nous avons pu voir sur le bord des routes depuis notre arrivée en Namibie, à savoir un espace circulaire d’environ 25 mètres de diamètre, clos d’une palisse de roseaux de plus de 3 mètres de hauteur.

Nous sommes accueillis par Gifty, souriant et chaleureux. Pour casser d’emblée un peu la relation touristes/locaux, nous l’invitons à boire un thé dans la Tiny. Gifty vit dans ce village reconstitué en permanence. Il fait partie d’un groupe de 38 Mafwe ayant à cœur de perpétuer la tradition ancestrale et de ne pas tomber dans le système de gagner de l’argent pour le dépenser dans ce qu’impose la société moderne. L’un des symboles important est qu’aucun membre de la communauté (à part le manager)n’a un téléphone portable. Gifty a deux femmes qui se relaient dans ce village chaque semaine (il nous avoue, en me faisant un clin d’œil, trouver cela pratique). Les autres membres de la communauté aussi se relaient. Une semaine sur deux, ils rejoignent le bush où ils vivent dans un village similaire à celui-ci. Ce peuple Mafwe vit de la chasse, de la pêche, de la cueillette mais aussi de farming, c’est-à-dire d’un peu de culture et d’élevage (vaches, chèvres, poules) en quasi-totale autarcie. Gifty nous explique donc n’avoir qu’exceptionnellement besoin d’argent en numéraire car il n’a d’autres frais que ceux liés à la scolarisation de ses enfants (notamment les tenues d’écoliers et les livres scolaires). Contrairement aux autres familles polygames qu’on a croisées jusqu’à présent où la nouvelle génération prend conscience qu’avoir 3 ou 4 femmes, cela coûte cher, Gift nous explique que ce n’est pas un problème d’avoir 5 enfants et qu’il pourrait en avoir une quinzaine car une fois la scolarité terminée, la vie quotidienne ne coûte rien.

A priori, la vie qu’on va voir dans ce musée n’est pas très différente de leur vraie vie actuelle (même type d’habitat, farming, autosuffisance alimentaire, chasse, auto médication, pas d’électricité ni d’eau potable), mise à part les tenues traditionnelles qu’ils ne portent ici que pour recevoir les touristes. Quoique, dans la « vie moderne », Gifty nous explique qu’ils utiliseraient des ustensiles de cuisine en métal et en plastique, qu’ils auraient des matelas et des couvertures, qu’ils achèteraient quelques produits alimentaires industrialisés dans les boutiques, qu’ils auraient des jeans et des tee-shirts, qu’ils auraient un panneau solaire pour avoir un peu de lumière le soir, un téléphone, peut-être même une parabole et une télévision… soit tous des objets qui ont un coût qui implique un système dont il veut dépendre le moins possible.

Nous entrons dans l’enclos de la maison. Deux baobabs âgés d’une quarantaine d’années trônent au milieu de l’espace.

Une quinzaine de Mafwe sont là pour nous présenter leur vieille culture presque oubliée mais perpétuée grâce à leur volonté de la transmettre aux jeunes générations et aux touristes. Ces villages-musées ont cette vocation de mise en valeur d’un patrimoine qui serait vite oublié dans le tourbillon de la modernité. La grand-mère est fière de transmettre son savoir. Nous avons la chance que ce soient les vacances scolaires et les enfants sont là, eux aussi vêtus de leurs tenues traditionnelles de cordages (faits en racines de baobabs) et de perles faites avec des roseaux assez fins.

Plusieurs petits ateliers nous présentent leur vie traditionnelle et leur savoir-faire artisanal historique : tissage, vannerie, forgeage d’une pointe de flèche, fabrication de bijoux, arcs, flèches, lances, jeux, pièges à animaux… Ces derniers sont très intéressants et Gifty nous explique comment il fabrique sur le même principe que nos tapettes à souris des pièges pour les lions ou autres gros animaux. Je lui montre sur You Tube une vidéo du fonctionnement d’une tapette à souris chez nous et ça le fait bien rire qu’on utilise le même système. L’aide de 15 hommes est nécessaire pour lever des troncs d’arbres. La proie attirée par un morceau de viande fraîche sous le tronc en équilibre est alors écrasée. Gifty nous explique que la viande de girafe, d’impala, de koudou ou bien de lion est, bien que protégée, d’ailleurs excellente.

Petite anecdote, en échangeant avec lui, il nous demande si nous voyons le Soleil depuis chez nous, en France. C’est drôle car c’est la deuxième personne à nous poser cette question en quelques jours. Il a pourtant eu l’occasion de venir en Allemagne pour faire une représentation de sa culture Mafwe, mais durant son séjour, il nous dit ne pas avoir vu le Soleil, le ciel étant très nuageux, donc il pensait qu’on ne le voyait jamais !

Nous assistons aussi à une représentation de musique, chants et danses traditionnelles. Plusieurs générations sont présentes. Le tout se fait dans la bonne humeur, la grand-mère de Gifty, âgée de 73 ans, dont les traits en paraissent beaucoup plus mais dont la souplesse en parait beaucoup moins, semble heureuse de partager ça avec les jeunes. Les enfants rient beaucoup. Mais on est bien d’accord que cela reste un spectacle et que nous sommes des clients. Et c’est difficile de sortir de cette relation.

Nous rentrons quelques instants à la Tiny et c’est maintenant à nous de faire visiter notre habitat mobile et de partager avec eux quelques jeux en les initiant à la pétanque, au jonglage, aux raquettes… le tout encore une fois dans la bonne humeur mais malheureusement, le moment ne dure pas longtemps et les Mafwe rentrent chez eux.

A la nuit tombée, nous poursuivons notre « programme » et nous retrouvons la famille de Gifty et de son épouse Melody autour du feu et nous assistons pendant une heure à quelques danses et contes au son des percussions. Entre chaque danse, Gifty nous en explique la signification. Ce sont des chants et scénettes rituelles qui racontent le parcours d’une jeune fille avant et après le mariage. Chacun s’amuse et rit beaucoup. Nous reconnaissons certains chants entonnés lors de l’extraordinaire fête de village à laquelle nous avions participé à la fin de notre séjour en Zambie. Le moment est très agréable, mais encore une fois, alors qu’on resterait bien discuter autour du feu, dès que le spectacle est terminé, ils nous font comprendre qu’il est temps de partir. Un peu frustrant mais les acteurs ont terminé leur représentation.

Lundi 17 mai 2021 :

La nuit a été des plus calmes en plein milieu de ce bush. Seuls trois décès sont à déplorer parmi les punaises de lit. Et trois tâches de sang de plus au plafond lambrissé.

Le programme de la veille chez les Mafwe comprenait aussi une promenade dans le bush qu’on ne nous a pas proposée hier. Je retourne voir Gifty qui nous propose de nous emmener une petite demi-heure dans la brousse. Il nous explique comment ils se soignent avec des racines ou des feuilles. Ils ne vont que rarement chez le médecin ou à l’hôpital car cela revient très cher et ils n’ont pas assez d’argent pour payer les consultations et les soins. Mais ici, les gens se soignent avec le guérisseur local qui a une connaissance approfondie des plantes et semble savoir comment guérir de nombreux maux. Il nous montre également des plantes comestibles, des plantes qui servent à faire les cordages, bref, comment le bush peut subvenir à leurs besoins quotidiens, encore à notre époque. Nous voyons aussi des grandes parcelles de maïs clôturées pour ne pas que les chèvres viennent grignoter les plantes.

Voilà, nous en avons fini avec la visite de ce musée vivant. Qu’en penser ? et bien c’est difficile à dire. Sans cette visite mettant en valeur leurs cultures et traditions du passé, nous n’aurions pu entrer en contact avec ce peuple Mafwe. Sans la présence de ce musée et avec l’arrivée de la vie moderne, certainement qu’à long terme, cette culture s’éteindrait. Après tout, chez nous aussi, nous allons dans des villages-musées, des fêtes des battages, des fêtes de villages avec des danses folkloriques, des gens costumés qui nous expliquent comment on faisait du jus de pommes avec une machine traditionnelle, ou du pain dans un vieux four en pierre, comment le sabotier fabriquait des sabots, comment le forgeron fabriquait des outils avec sa forge… Un bon moyen avec ces musées vivants de transmettre les traditions aux plus jeunes.

Ici, contrairement à chez nous où plus personne ne vit comme on vivait il y a 100 ans, nous avons l’impression que les Mafwe font tout pour conserver et perpétuer cette richesse ancestrale dans leur vraie vie au quotidien. Nous sommes donc globalement satisfaits de ce spectacle auquel nous avons assisté. Les gens étaient souriants et heureux de partager leur culture ancestrale. Nous n’avons pas fait une rencontre comme on aime tellement en faire mais il n’est reste pas moins que c’était un chouette moment. De plus, l’argent qu’on a donné sert en grande partie à scolariser les enfants.

Nous quittons ce bel endroit, contents de notre rencontre avec les Mafwe. Nous ne regrettons pas d’être venus visiter ce musée. Je regrette juste de m’être garé un peu trop dans le sable lors de notre arrivée car au moment de partir, ce que je redoutais depuis hier arrive. Marche avant, marche arrière, rien n’y fait et je pose l’essieu arrière et le pont de la Tiny sur le sable trop mou. Je pourrais dégonfler les pneus mais je crains que même ainsi, je n’arrive pas à m’en sortir. Nous mettons en place les plaques de désensablage et me voici avec Audrey à plat ventre sous le châssis pour creuser le sable pris dans l’essieu arrière. Les Mafwe, viennent nous aider et même la mamie coupe des branches pour les déposer dans les passages de roues. Au bout d’une bonne demi-heure, et en s’y prenant à trois reprises, nous arrivons à nous en sortir.

Un bel axe goudronné nous fait traverser le Parc national de Bwabwata, là où la Bande de Caprivi est la plus étroite. La route rectiligne sur plus de 180 km de longueur est coincée entre les deux frontières parallèles de l’Angola et du Botswana séparées de 32 km. Curieusement, il y a quelques petits hameaux isolés le long de ce parc où quelques 5500 personnes vivent sur cette zone de plus de 6000 km². Nous traversons des forêts de feuillus. Mais la faune est absente aujourd’hui lors de notre passage. Nous ne voyons que quelques singes… D’ailleurs, la faune est encore peu présente car la paix n’est revenue dans cette région que depuis 2002. Avant, un long conflit a occupé la Bande de Caprivi pendant 5 ans jusqu’en 1999. Il opposa le gouvernement namibien au Caprivi Liberation Army, un groupe de rebelles voulant l’indépendance de la Bande de Caprivi. Pendant ce temps, la lutte contre le braconnage n’était plus la priorité ici et la faune a été décimée. Mais depuis la paix revenue, la faune revient petit à petit.

Nous quittons cet axe rectiligne pour prendre une perpendiculaire qui file vers le Botswana juste après avoir dépassé la mythique rivière Okavango. Et puis, ça y est, nous avons le droit à notre première piste namibienne ! Une bonne et dure tôle ondulée infernale mais heureusement courte jusqu’à l’entrée du Parc de Mahango, notre visite de demain, qui fait partie intégrante du Parc national de Bwabwata. Chouette bivouac au bord des marais de la rivière Okavango mais avant de pouvoir sortir du frigo la bière fraîche, je dois de nouveau me coucher sous le camion pour fixer (oui encore) la tôle de protection sous le moteur dont la piste a eu raison des fixations décidément pas très au point.

Dommage, mais nous avons raté de très peu d’autres familles voyageant autour du monde comme les Un tour à cinq qu’on a croisés à plusieurs reprises en France, les Yolo qu’on avait vus en Suisse, Marion et Daniel qu’on avait vus en Argentine et La Clé à 4 qu’on avait vus en Mongolie. Mais comme le monde est si petit, on se reverra en Afrique ou sur un autre continent !

Mardi 18 mai 2021 :

C’est partie pour une chouette journée de game drive, c’est-à-dire de safari dans l’aire de Mahango. Avec notre Tiny, nous allons longer pendant une quinzaine de kilomètres une piste facile d’accès les marais et la rivière Okavango. Nous sommes au début du delta de cette rivière.

Le Delta de l’Okavango, inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO, est le second plus grand delta intérieur du monde (18 000 km²) après le delta intérieur du Niger au Mali (deux fois plus grand). Jusqu’à il y a seulement 10 000 ans, la rivière se déversait dans le nord du Botswana voisin dans le Lac Makgadikgadi mais celui-ci a depuis disparu. Aujourd’hui l’Okavango n’a plus d’embouchure maritime et l’intégralité de l’eau s’évapore ou s’infiltre. Il se déverse dans le Désert du Kalahari, irriguant 15 000 km² de celui-ci. La vue satellite du delta est incroyable. Vous pouvez zoomer sur cette carte.

Les paysages sont magnifiques. On adore ces papyrus, ces roseaux, ces nénuphars, ces reflets dans l’eau des marais.

Rapidement, nous voyons de jolis phacochères de très près.

Puis une autruche.

A quelques centaines de mètres, nous voyons (le seul de la journée) un steenbok, une toute petite gazelle de 50 cm de hauteur avec de grands yeux.

Le parc est un véritable refuge pour les impalas et nous allons en voir des centaines aujourd’hui.

Mais aussi des imposants buffles aux côtés de frêles aigrettes.

Puis nous voyons dans les plaines inondables de l’Okavango des centaines de cobes de Lechwe, bien que la population de la plus aquatique des antilopes africaines ait chuté de 98% ces dix dernières années.

Ce parc est un refuge pour les oiseaux et nous nous régalons à admirer toutes ces espèces différentes.

De superbes koudous géants peuplent également ce parc. C’est la première fois que nous en voyons autant. Les mâles avec leurs immenses cornes sont magnifiques.

Les quelques vervets bleus que nous voyons tiennent leur nom de la couleur de leurs testicules.

La piste est en très bon état mais nous veillons à ne pas prendre les courtes perpendiculaires trop sablonneuses pour nous qui mènent à des points de vue sur l’Okavango et nous préférons nous y rendre à pied jusqu’à temps qu’un guide nous indique qu’il est trop dangereux de nous éloigner de notre véhicule et qu’on risque même, au-delà de notre sécurité, une contravention d’un ranger.

Nous apprécions que la saison sèche soit bien commencée : les herbes sont bien jaunies et de plus en plus rases, nous laissant la possibilité de voir les animaux de loin.

Les zèbres sont aussi majestueux. J’adore ces animaux à l’allure de codes-barres. Ceux-ci sont des zèbres de Burchell (sous espèce du zèbre des plaines).

Nous arrivons pour observer le baobab géant qui fait, ou plutôt faisait, la fierté du parc. Cet arbre majestueux, millénaire, est tombé au sol il y a quelques mois en novembre 2020. Quelle tristesse bien qu’il fasse un merveilleux terrain de jeux pour Anaïs et Victor. Cet arbre est très étonnant car son bois n’est pas dense du tout. On arrive à soulever d’énormes branches du sol qui ne pèsent rien. Le bois très léger, spongieux, gorgé d’eau, est inutilisable pour la menuiserie et le chauffage, ni même pour en faire du charbon.

Voilà sur la première photo à quoi il ressemblait il y a encore quelques mois avant de se disloquer comme un château de cartes.

Nous arrivons à l’extrémité de la piste de 15 km au bout de 3 heures au volant de la Tiny à observer tous ces animaux. Quel bonheur ! et quel plaisir de ne dépenser que si peu d’argent. Les tarifs d’entrées dans les parcs nationaux en Namibie n’ont rien à voir avec ceux des pays d’Afrique de l’Est et d’Afrique centrale par lesquels nous sommes passés. Ici, la journée ne nous coûte que 20€ pour nous 4 avec le véhicule ! Ils sont loin les parcs à 80€ par personne et par jour…

Nous nous reposons quelques heures sur un parking, face au début du Delta de l’Okavango. Paysages somptueux.

Discussion sympathique avec des touristes sud-africains qui nous invitent chez eux quand nous serons de passage à Johannesburg.

Victor passe du temps avec des écureuils.

Mais aussi un joli insecte.

Puis alors que les heures les plus chaudes sont passées, nous reprenons la piste en sens inverse. Mais nous ne voyons pas d’autres espèces que celles vues ce matin, mise à part un mignon crocodile du Nil. Il faut dire qu’on a déjà été bien gâtés. Ce parc n’abrite pas de félins mais beaucoup d’éléphants et d’hippopotames ; cependant, on n’en a pas vu la couleur.

Toutefois, nous voyons de nouveau de magnifiques espèces d’oiseaux.

Nous sortons du parc à l’heure de sa fermeture, quand le Soleil se couche, 18 heures. Mais pour nous il est 19 heures car nous vivons toujours à l’heure des pays d’Afrique centrale car jusqu’à présent, il faisait nuit de trop bonne heure. Mais au fur et à mesure que nous nous approchons de l’Est mais aussi de l’hiver austral, nous allons pouvoir nous mettre à la vraie heure locale. Car pour le coup, le matin, il fait encore nuit quand nous nous levons. Quel luxe de pouvoir vivre à l’heure qu’on souhaite et de pouvoir au maximum vivre avec la lumière naturelle. Nous roulons jusqu’au même point de bivouac qu’hier soir tellement il avait été agréable. Cette nuit encore, nous sommes bercés par le bruit des hippopotames se baignant dans les marais de l’Okavango.

Mercredi 19 mai 2021 :

Comme d’habitude, l’école nous occupe toute la matinée. Puis, après une petite pause technique et un ravitaillement en fluides pour le camion et pour nous dans la ville de Divundu, nous continuons sur la longue route traversant la Bande de Caprivi. Pas grand-chose d’extraordinaire à signaler si ce n’est que nous sommes heureux même quand rien d’extraordinaire ne se passe.

Joli bivouac au bord de l’Okavango qui marque la frontière entre la Namibie et l’Angola. Les vaches bien cornées viennent nous saluer. Mais les Namibiens restent vraiment discrets et nous saluent de loin.

Jeudi 20 mai 2021 :

Audrey est matinale ce matin et profite de l’aube et du léger brouillard sur l’Okavango pendant que le bon pain cuit doucement dans la Tiny. Pendant une petite heure, des chants et des percussions lui parviennent sans qu’elle puisse en identifier la provenance et la raison. Magique.

Un peu comme hier, si ce n’est qu’on n’a pas besoin de racheter des bières car il y a encore du stock. La monotone route de Caprivi est sacrément rectiligne. Pas un virage sur 200 km ! Tout droit. Juste quelques coups de volant pour éviter des trous dans le bitume.

Nous voyons toujours ces cases et ces maisons très modestes sur de grandes parcelles clôturées sur des terrains nus et blancs comme la couleur de la terre très sablonneuse. On se dit que ces grands espaces un peu tristes sans végétation autour des maisons sont peut-être ainsi pour éviter la propagation des feux de brousse. On en a vu hier. Ils sont allumés volontairement par les locaux pour faire brûler les herbes. Les cendres fertilisent ainsi les sols. Mais ces incendies deviennent vite immaîtrisables.

Après Rundu, nous nous engageons sur une piste où le sable est un peu mou, mais à condition de ne pas s’arrêter, la Tiny franchit ces passages à la limite de ses capacités par endroit.

Superbe bivouac non loin de l’Okavango mais la rivière n’est pas en vue. Nous nous installons au bord d’un petit lac dans un magnifique environnement. La lumière de fin de journée est trop belle. Cela nous rappelle la Croatie où les lumières de couchers de soleil irradiaient le ciel d’incroyables couleurs pendant plusieurs dizaines de minutes. Ici, c’est pareil, cela n’en finit pas !

Au fait, j’arrive à la fin de ce blog et je ne vous ai pas trop parlé des punaises de lit. Et bien, elles sont toujours là mais moins nombreuses. Peut-être que le deuxième traitement a été efficace. Elles ne nous pourrissent plus nos nuits et nous arrivons à dormir. On ne se fait plus (trop) piquer ou bien alors nous ne sommes plus allergiques. Mais quand on balaye du regard le plafond quand on se réveille la nuit, on en voit toujours une ou deux qui se promène avant de décéder écrasées…

Il nous reste du stock de bière comme je vous le disais mais nous allons peut-être mettre en pratique la technique de lutte contre les punaises de notre ami Jacques de Martignas. On pourrait augmenter notre consommation d’alcool, l’alcool allant dans le sang, et les punaises se nourrissant de notre sang, elles pourraient mourir d’ivresse !!

Sans transition, je vous partage ici la vidéo réalisée par nos amis les A Notre tour suite aux quelques jours passés en leur compagnie sur les bords du Zambèze en Zambie. Ils nous ont d’ailleurs filmé en train de lutter contre nos punaises de lit ! Isa et Manu, ont une chouette chaine You Tube à laquelle je vous invite à vous abonner pour suivre leur tour du monde sur 4 continents au volant d’Oscar, un robuste LT35.