1106 km réalisés du 21 au 26 mai 2021

74 702 km parcourus depuis le départ

Vendredi 21 mai 2021 :

Notre cavale namibienne continue avec aujourd’hui une grosse étape car il n’y a tout simplement pas grand-chose à visiter sur la B8 entre Rundu et Grootfontein. Plus de 250 km de ligne droite avec aucun village traversé à travers ce paysage désolé de bush. Pas un carrefour. Pas un rond-point. Aucun ralentissement car il y a très peu de circulation. Nous voyons encore des petits villages de cases répartis le long de la route au milieu de grands carrés nus de végétation et clôturés. Nous trouvons aussi des petits artisans vendant des objets en bois sur le bord de la route.

Ah si, un arrêt nous est rendu obligatoire pour franchir la Red Line séparant les fermes d’élevage de bovins du Sud de I’agriculture vivrière du Nord. Depuis les années 1960, pour empêcher la propagation de la fièvre aphteuse et de la peste bovine, cette barrière de contrôle vétérinaire fait obstacle au mouvement nord-sud des animaux (nous avions déjà rencontré ces mesures sanitaires similaires en Argentine au franchissement de certaines frontières de régions intérieures). Le bétail élevé au Nord ne peut être vendu au Sud ni exporté vers des marchés étrangers. Cette ligne rouge marque ainsi la frontière effective entre le monde développé et le monde en voie de développement. Mais le gouvernement namibien a intensifié depuis quelques années ses efforts afin que la communauté internationale reconnaisse la majorité de la zone protégée existante comme saine sur le plan vétérinaire. Cette mesure pourrait permettre le recul de la ligne rouge jusqu’à la frontière occidentale du Bwabwata National Park (la Bande de Caprivi est toujours considérée comme une zone à risque élevé pour la fièvre aphteuse) et peut-être même jusqu’à la frontière avec l’Angola.

Ce contrôle se limite à l’inspection du contenu de notre frigo. Il est interdit d’avoir de la viande crue et des œufs non cuits en allant du nord vers le sud, mais pas dans l’autre sens. Trois agents montent dans le camion, mais plus pour la curiosité de visiter la Tiny.

Nous reprenons la route et d’un coup, c’est une autre Namibie, une autre Afrique que nous découvrons. Le paysage se caractérise à présent par d’immenses propriétés, par des ranchs englobant de vastes étendues de bush veld, sec et broussailleux derrières des clôtures grillagées gardant à l’abri les bovins. Nous ne voyons plus aucune case, plus aucun Namibien portant sur sa tête de lourdes charges de bois ou d’eau. Nous ne voyons plus d’enfants jouer avec trois fois rien. Mais nous voyons de luxueux 4×4 de fermiers. Quel changement ! Là encore, on se croirait de retour en Patagonie, le long de l’interminable ruta 3 filant sur des milliers de kilomètres tout droit vers la Terre de feu. Il ne manque que les guanacos séchant sur les clôtures grillagées.

Pas d’arrêt à Grootfontein qui n’en mérite pas forcément et nous continuons une quinzaine de kilomètres sur une belle piste qui nous permet de rouler entre 50 et 60 km/h. Mais à cette vitesse, la Tiny soulève un nuage de poussière à l’arrière. Anaïs et Victor appellent à l’aide. Ils ne parviennent plus à respirer, malgré leur masque anti Covid qu’ils ont revêtu. On se retourne. L’habitacle est envahi d’un nuage de poussière en suspension. Nous laissons aux enfants un peu de temps pour prendre un bon bol d’air frais et nous terminons les deux derniers kilomètres qui nous mènent au parking de la Météorite de Hoba que nous visiterons demain. Négociation avec les gardiens pour dormir gratuitement sur le parking, puis il est temps de savourer une bière namibienne après ces 300 km parcourus cet après-midi.

Samedi 22 mai 2021 :

Audrey, au petit matin, part faire un petit running. Anaïs l’accompagne un petit peu.

C’est parti pour la visite, courte mais passionnante, du site de la Météorite de Hoba. La Namibie est mondialement connue pour ses météorites. Mais peut-être aussi comme le Désert d’Atacama au Chili qui sont des zones tellement désertiques et inhabitées qu’il est plus facile de les repérer que dans des pays plus densément peuplés. La météorite de Hoba est la plus grosse météorite connue dans le monde aujourd’hui. Elle pèse environ 60 tonnes et mesure 2,95 x 2,84 m. Son épaisseur varie entre 122 cm et 75 cm. Les petits creux et boursouflures visibles à la surface supérieure sont typiques des effets de la très haute température subie lors de la traversée de l’atmosphère terrestre à une vitesse extrêmement élevée. L’échauffement dû à la friction est tellement important qu’elle se consume ou devient incandescente, selon sa taille. Ce faisant, elle laisse une brillante trainée lumineuse facilement visible la nuit, ce que l’on appelle une étoile filante.

Les scientifiques ont pu déterminer que ce plus gros bloc naturel de fer connu à la surface de la Terre est tombé il y a environ 80 000 ans. Mais l’âge de la météorite est estimé entre 190 et 410 millions d’années. Elle est constituée de 82 % de fer, 16% de nickel, mais aussi de cobalt ainsi que d’autres éléments.

Curieusement, la météorite de Hoba n’a créé ni cratère, ni traces d’impact près du site. Les scientifiques supposent que l’atmosphère a suffisamment ralenti l’objet pour qu’il atteigne la surface intact et sans former de cratère. Il est possible que la forme inhabituelle de la météorite, plate sur ses deux faces principales, lui ait permis de rebondir à la surface de l’atmosphère comme un galet ricoche sur l’eau. Après la chute de la météorite, celle-ci a été progressivement recouverte par une couche de calcaire qui s’est formée avec l’évaporation de l’eau de la nappe phréatique, cette dernière étant chargée de carbonate de calcium. Elle a été découverte par un agriculteur il y a une centaine d’années. Malheureusement, la météorite a été endommagée par des vandales, avant qu’elle soit protégée grâce à des fonds destinés à être utilisés pour combattre le vandalisme. On voit des traces de burins à la surface.

Nous prenons la route vers le sud en direction du Plateau de Waterberg. Deux itinéraires s’offrent à nous. Le premier par 285 km de route asphaltée. Le deuxième par 150 km de piste… Après notre première expérience d’hier où on a asphyxié nos enfants, on hésite mais après tout, il va bien falloir s’y faire car nous allons faire des milliers de kilomètres sur les pistes en Namibie. Et puis surtout, nous avons scotché (oui il nous restait du stock de la lutte contre nos punaises de lit !!) le contour de la vitre arrière de la Tiny pour faire un test. Après quelques kilomètres de piste ce matin, le résultat semble concluant et en roulant à la même vitesse qu’hier, l’habitacle de la cellule est respirable et la poussière, tantôt rouge tantôt blanche, entre moins dans notre Tiny. Nous demandons avant de nous engager pour de bon sur la piste à un chauffeur de 4×4 arrivant en sens inverse l’état de cette piste D2512. Il nous rassure en nous disant qu’elle est très bonne. C’est décidé, on file tout droit et effectivement, nous arrivons aisément à rouler entre 50 et 60 km/h. Il y a bien quelques passages sablonneux un peu mous mais avec notre élan, ça passe crème.

De nouveau, mais il va falloir s’y habituer, la piste est bordée d’immenses propriétés grillagées. On traverse même certaines d’entre elles et nous devons nous arrêter à quelques reprises pour ouvrir et refermer derrière nous des portails qui renferment les cheptels de bovins.

Nous commençons à voir au loin se dessiner les reliefs du Plateau de Waterberg où nous avons prévu d’aller randonner demain.

Nous nous installons pour éviter de payer le campsite en bord de piste. Ce n’est pas top car un peu poussiéreux avec la piste mais la vue est belle sur le Plateau de Waterberg. Anaïs et Victor jouent dehors à creuser des pastèques sauvages et à grimper sur une épave de niveleuse.

Nous commençons à étudier de plus près le circuit des randonnées pour demain et nous nous rendons compte que la partie accessible sur la journée (sans avoir à demander à Windhoek un permis de 4 jours pour accéder à l’ensemble du site), ne se limite qu’à la montée sur le plateau en 45 minutes ainsi qu’à une très courte promenade en haut. A ce moment-là, un gars s’arrête et nous dit que c’est interdit de dormir ici et qu’on doit absolument aller au camping. Il est en civil à l’heure qu’il est mais il embauche ce soir et nous dit que son travail sera de venir nous virer à la nuit tombée. Bluffe-t-il ? On ne sait pas. Bref, il n’en faut pas plus pour nous pousser à ne pas payer les plus de 50€ qu’il nous faudrait débourser pour le camping et l’entrée du parc national, « juste » pour avoir accès au joli point de vue qu’on aurait eu.

Le site n’en est pas moins « intéressant » au niveau historique. Vous avez peut-être entendu parler cette semaine dans l’actualité de la reconnaissance pour la première fois par l’Allemagne du génocide commis entre 1904 et 1908 d’au moins 60 000 Hereros et 10 000 Namas pendant la colonisation du territoire. L’Empire allemand, projeté au rang de grande puissance coloniale lors de la conférence de Berlin de 1884, quand les Etats d’Europe occidentale se sont partagé l’Afrique, avait colonisé ce territoire de l’actuelle Namibie entre 1884 et 1915. Au début, la cohabitation des fermiers allemands avec les tribus locales était relativement paisible. Mais au fur et à mesure que le nombre de colons et des exploitations grossit, les conflits se multiplièrent, notamment avec les peuples de bergers semi-sédentaires qu’étaient les Hereros et les Namas. Privés de leurs terres et de leurs bétails, ils s’étaient révoltés en 1904 contre les colons allemands faisant 123 morts parmi ces derniers. Pour mater cette rébellion, un général allemand fut envoyé avec 15 000 hommes pour ordonner leur extermination : « dans les frontières allemandes, tout Herero avec ou sans arme, avec ou sans bétail, doit être abattu ». Les Namas subirent le même sort. C’est justement sur ce plateau de Waterberg que de nombreux Hereros s’étaient exilés avant d’y être massacrés en masse. Des camps de concentration furent installés en Namibie pour les survivants et des expériences scientifiques y furent menés sur cette « race » jugée inférieure. Des centaines de corps furent expédiés en Allemagne pour prouver, grâce à d’autres expériences scientifiques, la supériorité des Blancs sur les Noirs. Les tribus Hereros représentent aujourd’hui 7% de la population namibienne contre 40% il y a un siècle.

La nuit n’est pas loin de tomber mais nous quittons donc cet endroit. Le détour pour venir ici aura été important mais pas déplaisant car les paysages traversés étaient très jolis et intéressants pour prendre conscience de l’immensité de ces propriétés. Nous roulons mais impossible de trouver un petit chemin non privé pour y bivouaquer. Il y a des clôtures partout ! La nuit est tombée et on roule encore jusqu’à temps que la traversée soudaine de quelques phacochères juste devant moi me fasse prendre conscience qu’il est trop dangereux de continuer à rouler de nuit. Nous nous arrêtons dormir sur la première aire de repos bien isolée en bord de route.

Dimanche 23 mai 2021 :

Nous changeons un peu notre programme et remettons à plus tard deux visites prévues dans le secteur pour s’économiser quelques dizaines de kilomètres. Il nous faudrait aller vers le sud sinon. Mais nous n’avons plus de gasoil et nous avons même utilisé notre bidon de 20 litres de secours hier soir. Nous devons donc absolument passer par la ville de Otjiwarongo pour nous approvisionner en carburant (et en bières car là aussi, nous avons utilisé notre réserve de secours qu’on ne garde qu’en cas de nécessité vitale). Et du coup, nous serons donc trop loin de ces deux visites. Ce n’est pas grave, nous reviendrons dans le secteur début juillet.

Plein de courses alimentaires dans une Afrique tellement différente de ce qu’on a vu jusqu’à présent. Alors oui, nous avons déjà vu des grands supermarchés aussi bien équipés qu’en Europe dans les grandes villes du Kenya, de la Tanzanie ou de la Zambie, mais nous trouvions aussi beaucoup de quoi acheter sur le bord des routes : des fruits, des légumes et de la viande. Là, c’est fini depuis que nous avons franchi la Red Line. En plus des hypermarchés, ce sont même de grandes zones commerciales comme chez nous. Nous nous retrouvons dans un monde aseptisé où tout s’achète sous vide dans des rayons de supermarché à grands coups d’emballages et de suremballages plastiques pour protéger tous ces produits frais importés pour beaucoup d’Afrique du Sud. La diversité et les prix sont semblables à ce que nous achetons en France. On trouve donc de tout, mais sauf de l’alcool aujourd’hui car la vente est interdite le dimanche. Et cela ne nous arrange pas du tout car on avait le plein à faire pour les prochains jours…

Pendant ces pauses, Anaïs continue régulièrement et avec beaucoup de talent son carnet de voyage qu’elle illustre de ses meilleurs souvenirs. Victor de son côté passe aussi des heures à sculpter. Voici leurs œuvres en lien avec leurs récentes observations.

La cavale reprend avec les placards et le frigo remplis.

Nous continuons notre route, toujours sur une route bordée de grillages clôturant ces immenses propriétés. Ce sont toujours celles où les premiers fermiers allemands s’étaient installés à la fin du 19ème siècle par expropriation des petits propriétaires. En 1920, l’Allemagne dut renoncer à ses possessions coloniales en vertu du Traité de Versailles et l’Afrique du Sud obtint le mandat d’administrer la Namibie. Mais le gouvernement sud-africain continua en 1949 à accorder les terres aux Blancs. La majeure partie des terres cultivables fut divisée en quelques 6000 fermes destinées aux colons blancs. C’est alors que fut dessinée la ligne de démarcation dont je vous ai parlé précédemment entre les terres propices à l’élevage du centre et du sud de la Namibie, principalement occupées par les Blancs, et celles plus pauvres du nord dévolues aux populations tribales. L’indépendance du pays en 1990 n’a pas changé grand-chose.

Nous roulons en effet vers l’un des points forts de notre voyage en Namibie, le Parc national d’Etosha. C’est à la porte d’Anderson, juste avant la barrière sanitaire d’entrée dans la zone nord du pays que nous bivouaquons. Il s’agit de la même Red Line que nous avons franchie dernièrement en descendant vers le Sud. Mais dans ce sens-là, nous avons le droit d’introduire de la viande fraiche. Ça tombe bien car on a fait le gros plein de provisions pour être autonomes plusieurs jours dans le parc. Combien, on ne sait pas mais nous voulons nous faire plaisir et surtout nous pouvons nous faire plaisir car le billet d’entrée pour nous quatre et la Tiny est de 33€ par jour, et même 27€ car ils se sont trompés en nous facturant (ça change des plus de 400€ du Masai Mara au Kenya !). Il faut ajouter à cela une bonne vingtaine d’euros pour le camping dans le parc (là, pour le coup, c’était inabordable au Kenya). D’ordinaire ce dernier est presque trois fois plus cher, mais les tarifs « promo Covid » sont toujours d’actualité. Là aussi, ça tombe bien car cela nous évitera d’avoir à faire plusieurs dizaines de kilomètres chaque soir et chaque matin pour sortir et entrer dans le parc pour avoir un hébergement meilleur marché. Et ça tombe encore mieux car d’adorables amis voyageurs (Marion et Daniel – Le goût d’ailleurs – qu’on avait rencontré en Argentine en 2015, allez voir leur site, ce sont d’excellents photographes), nous ont offert du crédit qu’il leur restait. Du coup, nous avons plusieurs nuits de camping offertes ! MERCI les amis…

Le compteur kilométrique de la Tiny défile et il est venu le temps de faire une nouvelle vidange de l’huile du moteur. Nous avons déjà fait 10 000 km depuis la dernière en Albanie en décembre dernier. J’apprends à Victor à réaliser cette opération mécanique. Il adore ce moment. Moi également. Comme d’habitude, à l’étranger, ce n’est pas évident de se débarrasser de la vieille huile moteur car il n’existe pas de filière de recyclage comme on peut en avoir en Europe. Du coup, je scrute autour de moi sur le parking, et je demande à un Namibien au volant de sa charrette tirée par des ânes s’il veut que je lui fasse don de mes 10 litres d’huile noire. Il est aux anges et me remercie mille fois de mon don. Je revois encore le même sourire du gardien de parking à Durres en Albanie il y a quelques mois à qui j’avais aussi offert la vieille huile ou bien encore celui de ce Mongol à la frontière de la Chine qui lui aussi était tellement reconnaissant de mon « cadeau ».

Audrey pendant ce temps fait de la couture et bricole un rideau étanche pour la fenêtre arrière pour éviter que la poussière n’entre de trop sur les pistes de Namibie.

Lundi 24 mai 2021 :

Nous entrons dans le Parc national d’Etosha, une immensité protégée de 23 900 km² (grand comme les 4/5ème de la Bretagne), considérée comme l’une des plus belles réserves animalières du monde. Elle abrite 114 espèces de mammifères, 340 espèces d’oiseaux, 16 espèces de reptiles mais une seule espèce de poisson (ce qui ne va pas nous aider à réaliser notre défi mensuel). La partie visitable est celle située au sud et à l’ouest de l’immense pan, un désert salin plat et sec en saison sèche, d’une superficie de 4800 km². La végétation autour de ce pan désolé est assez limitée et le bush est constitué de bosquets de mopanes et d’acacias.

Le parc est très bien aménagé et en saison sèche, l’ensemble des pistes nous est accessible. En saison des pluies, les animaux sont plus difficiles à observer mais en saison sèche, comme nous sommes en ce moment, les animaux affluent vers des points d’eau, artificiels ou non, rendant plus facile leur observation.

Dès notre entrée, nous sommes salués par des animaux au Soleil levant. La journée s’annonce bien !

Après avoir acheté une carte précise du parc, nous commençons notre safari sous forme de game-drive. Un joli jeu auquel on va se prêter pendant quelques jours. Bien entendu, il est formellement interdit de sortir de son véhicule hors les quelques campings, et quelques aires de pique-nique aménagées. Nous nous installons tous les 4 à l’avant de la Tiny.

Le premier arrêt se trouve au point d’eau de Wolfsnes. Un peu plus loin, Okondeka est aussi un merveilleux endroit pour observer les paysages et la faune.

Les nids de républicains sociaux sont impressionnants par leur taille, en comparaison avec la taille de cette petite espèce de passereau endémique des zones arides du sud de l’Afrique.

La végétation est assez variée mais les herbes jaunies sont moins hautes qu’en saison humide, ce qui nous permet de bien pouvoir observer les animaux.

Nous poursuivons la boucle par les trous d’eau d’Adamax et de Natco. Certains sont à sec. En chemin, nous voyons de très nombreux zèbres des plaines du nord de la Namibie. Ils sont caractéristiques avec leurs bandes noires et marron alternées.

Nous sommes agréablement surpris de l’état des pistes car même celles marquées comme réservées pour les 4×4 sur notre carte sont accessibles pour nous en saison sèche.

Nous faisons connaissance avec les oryx, trop majestueux avec leurs immenses cornes. On en avait déjà vu au Kenya mais ils étaient de couleur fauve.

Puis, nous faisons un petit détour vers le point d’observation sur le pan, cette immense étendue saline dépourvue de végétation. Magique avec ces autruches pesant 130 kg ! Elles nichent à plusieurs kilomètres sur le lac où peu de prédateurs vont. Mais même quand ce désert de sel est recouvert d’eau, cette dernière reste impropre à la consommation animale car la teneur en sel est le double de celle de l’eau de mer. De plus, le pH peut atteindre 10,2.

Après cette première belle entrée en matière dans le parc où nous avons roulé 120 km, il nous faut à présent rejoindre notre campsite à Okaukuejo, à l’intérieur du parc, mais dans un espace clos et sécurisé à l’abri de la faune pour la nuit. Dès le Soleil couché, il est interdit de passer la porte du micro village où on trouve une épicerie (qui ne vend pas grand chose, mais heureusement des bières), une station-service, un hôtel-resto et le campsite. En période touristique normale, il s’agit de réserver longtemps à l’avance son emplacement mais une fois encore, le tourisme ne s’est pas encore remis de la brutale chute des visiteurs liée à la pandémie mondiale. La clientèle aujourd’hui est principalement sud-africaine et européenne. Nous trouvons donc facilement de la place. De plus, les emplacements sont plus qu’à moitié prix (400 dollars namibiens pour l’emplacement, soit un peu moins de 24 euros pour nous quatre). Nous retrouvons avec beaucoup de plaisir, nos amis les A notre tour, Isa et Manu, avec qui nous avions passé du bon temps au bord du Lac Kariba en Zambie. Puis nous faisons la connaissance avec Christine et Jacques, de grands voyageurs, qui nous connaissent très bien car ils suivent nos aventures depuis le début de notre cavale en Amérique du Sud. Nous avions été mis en relation par l’intermédiaire de nos amis vendéens Marie-Anne et Bruno. Nous avions échangé ensemble il y a quelques semaines par mail mais c’est par hasard que nous nous retrouvons sur ce campsite, sans savoir qu’ils étaient là, comme quoi le hasard vaut mieux qu’un rendez-vous.

Outre l’avantage de limiter les kilomètres et de dormir dans le parc, ce campsite présente l’énorme avantage d’être à côté d’un trou d’eau où viennent s’abreuver les animaux et de plus il est éclairé la nuit par de gros projecteurs qui de manière surprenante ne semblent pas les déranger. Au coucher du Soleil, nous prenons donc place face à ce joli point d’eau et c’est parti pour une longue soirée d’attente des animaux. En espérant que nous aurons de la chance. Et nous en avons très rapidement car dès notre arrivée, ce sont deux oryx qui sont en train de boire.

Le Soleil se couche et nous apercevons juste le reflet d’un chacal, puis nous voyons une hyène tachetée et une rare hyène brune dans l’obscurité.

Les projecteurs éclairant le trou d’eau ne font donc pas fuir les animaux, pas plus que la présence de nombreux touristes en quête d’observation et de clichés des animaux nocturnes. Bon je n’ai pas le talent photographique ni le matériel surdimensionné de certains photographes animaliers professionnels qui peuvent jouer à celui qui aura la plus grosse avec leurs objectifs de 50 cm de long, et je fais petit joueur face à la plupart d’entre eux avec mon petit bridge. Aussi les photos sont un peu floues, mais c’est dans nos mémoires que sont inscrits à jamais ces moments où les éléphants, les girafes et les rhinocéros noirs viennent s’abreuver.

Mardi 25 mai 2021 :

7h20, c’est l’ouverture des portes du campsite au lever du Soleil. Les horaires d’ouverture changent chaque semaine.

Dès nos premiers kilomètres, c’est l’émerveillement avec ces oryx qui courent à côté de nous.

Nous longeons le pan, et profitons des merveilleux paysages, ces prairies ouvertes avec comme seule végétation des herbes et quelques graminées et arbustes.

Victor prend en charge le volant et la pédale d’accélérateur pendant 12 km sur une petite piste circulaire sans que je l’aide.

Nous avons la chance d’observer en plein jour plusieurs hyènes tachetées dont un bébé.

Puis, nous marquons l’arrêt aux trous d’eau de Kapupuhedi et d’Ondongab où nous observons un chacal à chabraque.

Le plus beau trou est celui d’Homob où nous observons pendant environ 2 heures des oryx, des springboks et surtout un magnifique troupeau d’au moins 150 zèbres. Nous nous intéressons beaucoup au comportement des animaux et leurs allées et venues au trou d’eau. Certaines espèces cohabitent. D’autres attendent que les précédents soient partis pour venir boire.

Dans certaines parties, nous trouvons quelques arbres.

Nous reprenons la piste, au volant de notre Tiny qui est bien secouée sur certaines portions de tôles ondulées. Nous aussi, on est secoués. Sur certaines parties plus roulantes, nous pouvons rouler jusqu’à 60km/h, la vitesse maximale autorisée dans le parc, mais alors un nuage de poussière entre dans la Tiny. A chaque arrêt, il nous faut balayer l’intérieur de la Tiny et dépoussiérer les textiles, la vaisselle…

C’est au tour d’Anaïs de prendre le volant avec pour consigne d’éviter les gnous, les écureuils, les zèbres, les autruches et les springboks…

Nous observons dans le parc de nombreuses outardes kori. C’est l’un des oiseaux capables de voler les plus lourds du monde. Le mâle mesure 110 à 130 cm de longueur pour une masse moyenne de 12 kg, mais les individus les plus lourds peuvent atteindre près de 20 kg.

Mais aussi tant d’autres espèces.

Nous voyons nos premiers impalas à face noire qui sont une espèce endémique du parc. La population est d’environ 2200 animaux et ils sont inscrits sur la liste rouge des espèces menacées d’extinction.

Nous arrivons au point d’eau d’Aus où là encore nous sommes vraiment gâtés par les éléphants s’aspergeant de boue, les springboks et les grands koudous dont un joli mâle avec ses cornes torsadées.

Nous poursuivons et juste devant nous sur la piste, sort du bush un superbe éléphant des savanes.

Nous arrivons à Olifantsab où plus de 20 éléphants sont en train de s’hydrater. Des grands koudous, des oryx, des zèbres des plaines et des impalas s’abreuvent également avant de repartir dans le bush.

Un peu plus loin, c’est le trou d’eau un peu moins joli de Gemsbokvlakte. On devient difficile…

Retour pour la deuxième nuit consécutive au campsite d’Okaukuejo après 145 km parcourus aujourd’hui sur les pistes. Mais la journée n’est pas finie, et vite nous enfilons nos vêtements chauds pour aller manger auprès du trou d’eau, toujours avec nos amis voyageurs tout en assistant à un festival de faune sauvage. Notamment avec l’arrivée de 11 rhinocéros noirs. Ce sont les plus gros mammifères après les éléphants. La population n’est plus que d’environ 5000 animaux dans le monde. Il est considéré comme espèce extrêmement menacée.

Malheureusement, les rhinocéros noirs sont toujours la proie facile des braconniers, qui les chassent pour leur corne, dont le prix de plusieurs dizaines de milliers d’euros le kilo, dépasse celui de l’or ou de la cocaïne. Les Asiatiques prêtent des vertus thérapeutiques à ces cornes réduites en poudre et utilisées dans la médecine traditionnelle, en particulier au Vietnam et en Chine. Nous savourons notre bonheur d’avoir ces énormes rhinocéros à une vingtaine de mètres de nous. Les bébés rhinos sont aussi magiques à observer.

Des zèbres et un chacal viennent aussi boire et leurs reflets sont magnifiques.

12 girafes viennent nous faire le show aussi et nous prenons beaucoup de plaisir à les observer venir boire. De par leur morphologie, les girafes sont très vulnérables dans cette position inconfortable. C’est la raison pour laquelle elles passent de très nombreuses minutes à observer s’il n’y a pas de prédateur autour d’elles avant de se mettre en position pour atteindre l’eau. Elles ont beau avoir de très longs cous, leurs jambes sont aussi très longues.

Puis, c’est une hyène brune qui fait une apparition. Cet animal nocturne est assez rare par rapport aux hyènes tachetées qu’on voit plus facilement. Sa répartition géographique se limite vraiment au nord de l’Afrique australe où nous nous situons.

Puis par chance, nous observons furtivement une genette, avec son pelage grisâtre,des tâches et des barres noires.

Puis, alors que les enfants sont partis se coucher, c’est le rugissement d’un lion qui nous fait dire qu’il va peut-être bientôt venir nous rendre visite. Je cours réveiller Anaïs et Victor qui renfilent leurs vêtements pour venir voir le félin. Mais quand nous arrivons, la lionne qu’Audrey a pu photographier, est déjà repartie.

Jacques qui nous accompagne pour la soirée est un grand passionné et un fin connaisseur du monde animalier africain. Il est persuadé que les six lions qu’il a vus ce soir au point d’eau d’Okondeka seront encore au même endroit demain matin. Il a observé leur comportement en fin d’après-midi, et compte tenu qu’il a remarqué qu’ils avaient le ventre bien rempli, il sait qu’ils ne bougeront pas cette nuit.

Mercredi 26 mai 2021 :

Nous faisons donc un petit détour à notre programme prévu aujourd’hui et suivons Christine et Jacques ainsi qu’Isa et Manu en direction d’Okondeka. Et Jacques ne s’est pas trompé. A notre arrivée sur place alors que le jour est juste levé, nous avons sous les yeux des lions : trois mâles et trois femelles. Le spectacle est saisissant.

Il y a pire comme endroit pour prendre son petit déj’ !! Un des mâles tente de s’approcher d’une femelle et un deuxième mâle le repousse vigoureusement.

Après un long moment à les observer, les lions s’écartent dans le pan et nous sommes aux anges d’avoir assisté à ce spectacle.

Nous reprenons la piste, toujours tous les quatre installés dans le poste de conduite grâce au tabouret ajouté à ma droite.

Mise à part en début d’après-midi, il ne se passe pas longtemps sans qu’on observe des animaux.

Le springbok est une antilope sauteuse dont le nom signifie : « spring » (sauteur) et « bok » (bouc) et effectivement on a pu, comme ici au point d’eau de Nebrowni, observer à plusieurs reprises son aptitude à exécuter de grands bonds, ce qui déclenche à chaque fois les rires des enfants. En présence de prédateurs, l’espèce est en effet connue pour effectuer des sauts verticaux de 2 mètres de hauteur. Son organisme est aussi idéal pour la course et le springbok peut atteindre 90 km/h.

Nous croisons sur la piste nos amis Isa et Manu avec qui, toujours sans descendre de nos camions, nous échangeons quelques infos avant de nous retrouver demain soir.

Nous retournons pour la pause de midi sur le point d’eau d’Homob que nous avions beaucoup apprécié. Quand nous arrivons, le point d’eau est vide d’animaux mais en quelques minutes, nous les voyons avancer par dizaines. Une nouvelle fois, nous n’en revenons pas d’avoir autant de chance de pouvoir avoir une telle diversité et une telle quantité de faune sauvage à quelques dizaines de mètres de nous. Des springboks, des bubales roux, des zèbres des plaines du nord de la Namibie, des gnous, des oryx, des autruches du Cap…

Au fait, vous avez remarqué que je vous parle de beaucoup d’espèces d’animaux mais pas de punaises de lit, ça change des précédents articles, n’est-ce pas ? et bien, il semblerait qu’on en soit débarrassés… Le deuxième traitement aurait été efficace. Ouf ! On revit…

L’après-midi, après une petite sieste réparatrice, nous empruntons la rhino drive mais la végétation est assez dense et on ne voit pas d’animaux mis à part un steenbok. La piste est, de plus, en mauvais état et ne présente pas trop d’intérêt. Nous essayons d’emprunter le maximum de pistes pour repérer les meilleures et les plus beaux des points d’eau en vue de la prochaine venue de notre famille début juillet où nous reviendrons passer quelques jours dans ce parc. Ainsi, nous pouvons leur préparer au mieux leur itinéraire dans ce parc immense et on pourra se limiter aux endroits les plus jolis et les plus facilement accessibles.

Après encore 135 kilomètres parcourus aujourd’hui, nous nous posons pour la nuit au campsite de Halali. Lui aussi n’est pas cher en ce moment et cela nous permet encore une fois de pouvoir dormir en plein milieu de cet immense parc sans avoir à sortir le soir. Quel luxe de se faire réveiller en pleine nuit par des rugissements de lions ou des cris de hyènes !

Ce campsite aussi possède un point d’eau éclairé du nom de Moringa. Il est aussi bien aménagé car il surplombe l’eau et de jolis rochers créent de beaux points de vue sur les animaux. En compagnie de nos amis voyageurs, nous les observons aller et venir pour boire au trou d’eau.

Ce soir, ce sont 5 rhinocéros noirs et quelques hyènes qui viennent poser pour les photos.

Voilà pour cette première partie de notre récit consacré à notre extraordinaire vie en immersion avec la faune sauvage du Parc national d’Etosha. J’ai trop de photos pour n’en faire qu’un seul article ! Encore un peu de patience pour voir la suite de nos 3 premiers jours et de nos 400 kilomètres déjà effectués sur les pistes de graviers… Mais un petit scoop, nous n’arrivons pas à quitter ce parc et chaque jour qui passe, on décide d’ajouter une nouvelle nuit… Peut-être même qu’il faudra un troisième article pour vous décrire les 700 autres kilomètres et les 6000 photos !