432 km parcourus du 26 septembre au 2 octobre 2021

83 112 km parcourus depuis le départ

Dimanche 26 septembre 2021 :

Bon, il va vraiment falloir qu’on accélère le rythme de notre cavale sud-africaine. Nous n’avons roulé que 1000 km en un mois ! Le record de la plus faible moyenne kilométrique est battu… Les Sud-Africains eux, ont battu le record et arrivent sur la première marche du podium de l’Accueil par les habitants qu’on a croisés autour du monde et relèguent les Iraniens sur la deuxième marche, ce qu’on ne pensait pas être possible… Pour ceux qui nous suivaient à l’époque, jamais on n’aurait imaginé rencontrer un peuple plus généreux que les habitants de l’ancienne Perse.

Nous sommes sur notre bivouac surplombant la vallée viticole de Franschhoek où nous avons dormi paisiblement.

Au moment de prendre la route, Audrey me montre une photo qu’elle a prise dans une galerie d’art hier dans la ville des Français et aimerait m’emmener y voir une jolie statuette en bronze d’une femme himba. Nous avions fait aussi de chaleureuses rencontres dans cette ethnie vivant à la frontière de l’Angola et de la Namibie. Retour en arrière de 7 kilomètres et de 500 mètres d’altitude, ce n’est pas comme ça qu’on va avancer… Je tombe également sous le charme et cette pièce rejoindra quelques autres beaux objets souvenirs de notre cavale. On nous demande de temps en temps si on achète beaucoup de souvenirs dans les pays que nous traversons. On aimerait bien mais on n’a pas beaucoup de place pour stocker dans notre Tiny alors on se retient.

La route qu’on nous avait conseillée pour sa beauté nous refait monter au Col de Franschhoek où nous avons dormi. Puis nous entamons une descente sinueuse entre les montagnes. Au fond de la vallée coule la Dutoitsrivier.

Nous arrivons autour du lac de barrage de Theewaterskloof. Il est impressionnant par son étendue et les Sud-Africains nous soulignent régulièrement que la saison des pluies a été intense cet hiver, en comparaison avec les années précédentes, et les retenues d’eau artificielles sont pleines à 100%. Ce réservoir de plus de 5000 hectares à son niveau maximum alimente plus de 40% des besoins des 4 millions d’habitants de l’agglomération du Cap. Le fond de la vallée est cultivé de céréales et on voit beaucoup d’arbres fruitiers en fleurs.

A l’approche de la ville, on voit comme souvent en Afrique du Sud, différents quartiers. Les écarts de richesse sont considérables, des plus pauvres comme les bidonvilles et leurs baraquements de tôles, aux townships qui sont des logements construits par l’État puis enfin les maisons chics.

Puis nous roulons vers l’Océan Atlantique et la False Bay que nous avions déjà longés il y a une dizaine de jours. La belle route côtière, qui nous rappelle la délicieuse et sauvage côte croate, bien sinueuse, ne permet pas beaucoup de bivouacs et la circulation en sens inverse est hyper dense aujourd’hui, jour de retour de grand week-end. Dans notre sens, seuls les babouins nous ralentissent mais ceux-ci sont plus sympas que les babouins namibiens.

Nous quittons cet axe et arrivons à Betty’s Bay où un petit parking nous offre un joli bivouac. Nous n’aimons pas trop être dans l’axe des baies vitrées de maisons pour ne pas gêner la vue des riverains mais ceux de la première maison à côté nous font des grands signes et des grands sourires. Nous leur rendons et échangeons quelques mots avec eux.

Avec Audrey, nous partons marcher. Anaïs nous dit « mais je dis quoi si quelqu’un vient nous inviter à manger ce soir ?? ». La balade sur le littoral est magnifique avec ses rochers pointus sortant du sol.

Nous arrivons à Stony Point autour d’une colonie de manchots africains comme nous en avions observés de l’autre côté de la baie. Sans payer l’entrée de la réserve naturelle qui est d’ailleurs fermée à cette heure-ci, nous pouvons en observer déjà beaucoup autour de nous, sur les rochers, sur la plage, dans les buissons…

Nous arrivons à la Tiny et Anaïs est en grande discussion avec les voisins qui sont descendus à sa rencontre. Ils sont tout excités de notre aventure ! Nous offrons un verre à Evonne et Spencer, ce sympathique couple de retraités. Visite de la Tiny. Anaïs offre un joli collier à Evonne qu’elle a réalisé en fil de cuivre. Puis Gerhard, un autre voisin se mêle à la conversation et à peine arrivé depuis 3 minutes nous propose de venir passer la soirée chez lui autour du traditionnel braai sud-africain. Nous acceptons cette nouvelle invitation mais hors de question pour Gerhard qu’on reste garés sur ce mignon parking à 100 mètres de chez lui. Nous devons nous garer sur son terrain. Finalement, Gerhard invite aussi ses voisins Evonne et Spencer à manger chez lui. Nous arrivons donc chez lui, sans que son épouse Mariette soit au courant qu’il a invité 6 personnes à diner alors qu’il est déjà 19 heures. Mariette est déjà en train de préparer à manger pour un autre couple, Estné et Gino, qu’ils avaient déjà invités…

Bref, on se retrouve donc autour du convivial braai avec 3 charmants couples, bien curieux de notre cavale. Nous proposons d’apporter à manger pour partager mais il en est hors de question. Déjà, ils voulaient qu’on rapporte les bouteilles de vins qu’on a offert… Gerhard s’excuse même de ne pas avoir de viande fraiche et de devoir décongeler de la viande à griller ! Encore une fois, les quantités mises à cuire sur le braai sont impressionnantes… Nous dégustons encore des Braai broodjies qui sont des petits sandwichs de pain de mie grillé et garnis d’oignons, de tomates et de fromage.

Encore un fabuleux moment passé avec ces trois couples d’Afrikaners. Mariette et Gerhard insistent pour qu’on dorme dans une de leur chambre mais ils doivent demain s’absenter dès 6 heures le matin. C’est un peu tôt pour nous ! Ils nous proposent alors de profiter de leur salle de bains avant d’aller au lit. Quel accueil !

Lundi 27 septembre 2021 :

Nous repassons rapidement après l’école montrer la colonie de manchots aux enfants qu’ils n’avaient pas vue hier pendant notre balade en amoureux. Les bébés perdent leur duvet et sont adorables.

Puis, nous roulons sur le littoral, toujours vers l’Est en traversant les jolis paysages de la Réserve naturelle de Kogelberg.

Nous arrivons à Hermanus face à une immense baie réputée pour être le meilleur point d’observation des baleines. Et dès notre arrivée sur un chouette parking en retrait des maisons qui va nous offrir un merveilleux bivouac, nous sommes accueillis par un superbe saut de baleine. Nous partons marcher sur le littoral sur un sentier magnifique, nous offrant des points d’observation sur les baleines.

Mais à notre retour, une femme désagréable, hautaine, infecte, antipathique, odieuse et exécrable (oui tout ça, c’est possible) nous indique qu’on ne peut pas rester ici, que ce parking est réservé aux personnes qui viennent observer les baleines. On la soupçonne même d’avoir déjà appelé la police. Prise de bec avec elle, le ton monte, on s’en va. Heureusement, les altercations comme celles-ci restent exceptionnelles mais elles sont pénibles. Tant pis pour Hermanus. On contourne la baie par 40 km de route, en contournant le Lagon de Botrivier.

Nous arrivons dans la deuxième ville fermant cette baie et répondant au nom de Gansbaai. Nos amis nous devançant nous ont indiqué un bivouac sympa où ils sont restés quelques jours. Effectivement, un chouette parking avec une vue panoramique sur la baie. Et dès notre arrivée, nous sommes gâtés par des baleines faisant des sauts dans l’axe du Soleil couchant. Non mais what !!

C’est la première fois que nous avons la chance de voir cela. On avait déjà observé cette même espèce de baleine franche australe migrant également sur les côtes de Patagonie en Argentine dans le Golfo Nuevo de la Péninsule de Valdes. C’était il y a tout juste 6 ans et on était resté une bonne semaine à passer nos journées entières à les observer.

Les baleines franches australes vivent dans plusieurs régions du monde comprises entre les latitudes 20° et 60°. C’est une espèce migratrice de l’hémisphère Sud du globe : l’accouplement et la mise bas ont lieu pendant l’hiver austral près des côtes des régions du Sud du Pacifique et de l’Océan Indien, soit le long des côtes Sud de l’Amérique du Sud (Brésil, Uruguay, Argentine, Chili, Pérou), de l’Afrique australe (Mozambique, Afrique du Sud, Namibie), de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, mais aussi autour de la Réunion et des Terres australes de Kerguelen, de Madagascar, et de Maurice. En été, entre les mois d’octobre et de décembre jusqu’en mai-juin, elles repartent à la recherche de nourriture dans les eaux froides de l’Antarctique.

Nous nous couchons, comme d’habitude pas trop tard. A 20 heures, une voiture arrive, se gare à côté de nous sur ce parking désert et l’un des occupants tambourine longuement à la porte très fort, comme s’il frappait à la porte d’une maison de 500 m² pour être sûr qu’on entende bien. C’est la police qui refuse qu’on dorme ici, nous affirmant que la loi interdit le camping sur la voie publique. On négocie. Enfin, on se rend vite compte que cela va être difficile, voire impossible avec ce policier excédé et insupportable. Il nous impose d’aller au camping. Quelle galère d’avoir à bouger à cette heure-ci et surtout de devoir payer au moins 15€ que pour dormir, sans même profiter des services du camping, car on veut dès demain matin à la première heure revenir ici pour observer les baleines. Pas d’autre choix que de s’en aller en direction du camping. En chemin, on passe devant le commissariat de police. On s’arrête et je demande à l’un des agents si on peut dormir sur le parking juste devant le poste. Pas de problème, il accepte gentiment et en plus avec un grand sourire. J’imagine la tête de ses collègues quand ils ont dû revenir de leur tournée…

Mardi 28 septembre 2021 :

Bivouac calme mais pas glamour avec une vue au réveil sur les barbelés du commissariat mais c’est toujours 15€ de gagnés. A la première heure, nous partons au même point d’observation qu’hier. Quelques baleines mais assez loin. Nous partons marcher avec Audrey. Les enfants qui ont choisi ne pas avoir école ce matin restent à la Tiny pour bricoler. Mais au bout de 15 minutes, Audrey rentre chercher les enfants car nous avons à quelques dizaines de mètres de nous ces cétacés énormes. Impressionnant ! Une maman et son bébé longent les rochers. Émotion garantie… Moment captivant.

Les enfants rentrent à la Tiny et on continue en amoureux notre balade sur le sentier littoral au milieu de magnifiques rochers. Puis nous arrivons deux kilomètres plus loin au point d’observation De Kelders que nous avait conseillés d’autres voyageurs. A mon tour, je rentre au pas de course chercher les enfants et revient en Tiny pour nous garer ici. Nous surplombons une petite baie où l’eau est assez profonde, du coup, les baleines s’approchent vraiment de nous. Qu’il est magique d’être à côté de ces mammifères marins dont les adultes atteignent plus de 16 mètres de longueur et 50 à 60 tonnes, voire 20 de plus pour les plus gros spécimens !

Nous passons l’après-midi, tout en bricolant, à observer les corps massifs de ces quelques dizaines d’individus se déplaçant, apparaissant à la surface par alternance. Elles plongent entre 10 et 20 minutes mais elles sont capables de plonger jusqu’à 50 minutes à 180 mètres de profondeur. Ces cétacés peuvent vivre au-delà de 70 ans.

Très joueuses, elles font aussi des acrobaties : claquement de nageoires pectorales, sauts (jusqu’à 3 ou 4 d’affilés), vrilles pour retomber sur le dos… Nous observons aussi les mouvements de queue. Un comportement unique à la baleine franche australe, connu sous le nom de « voile de queue », une forme de jeu consistant à attraper le vent. Elles restent dans la même position pendant quelques minutes. Régulièrement, elles se retournent sur le dos, nous montrant alors leurs nageoires, longues et larges, en forme de pagaie. Les baleines franches n’ont pas de nageoire dorsale, contrairement aux baleines à bosse. On ne voit pas par contre leurs deux testicules pesant jusqu’à une demi-tonne chacun, ni leur pénis qui le plus grand du règne animal ! en même temps, il vaut mieux être bien équipé pour que deux animaux de plus de 15 mètres de long puissent se reproduire dans l’eau…

Quelle formidable journée mais le Soleil vient de se coucher et il est temps de trouver un bivouac pour la nuit. On ne prend pas le risque de bivouaquer en sauvage car les policiers rôdent et seront encore moins agréables qu’hier s’ils nous trouvent. Nous quittons donc notre parking et au bout de 50 mètres, on s’arrête au premier pavillon où deux femmes fument leur cigarette sur le balcon et prennent notre petite cabane en photo. Audrey leur demande si elles connaissent un endroit où on pourrait dormir. Aussitôt, la propriétaire, Toni, nous propose de dormir sur son parking privé devant chez elle et nous souhaite la bienvenue. Le top ! en plus, on a la vue sur la baie et on continue à observer les baleines par la fenêtre. Les enfants descendent sur les rochers.

Toni et son amie Belinda viennent visiter la Tiny et discuter un peu. Belinda qui vit à plus de 1000 km de là, ne manque pas de nous inviter à passer la voir et à rester sur son terrain autant de temps qu’on voudra quand on passera à Kei Mouth.

Nuit paisible, bercés par le bruit des vagues. Une des dernières nuits sur le bord de l’Océan Atlantique car très bientôt, nous allons arriver au bord de l’Océan Indien.

Mercredi 29 septembre 2021 :

Nous ne voulons pas déranger trop longtemps Toni et nous changeons de stationnement, dès notre réveil. Seulement 50 mètres… pour retrouver notre emplacement d’hier où nous pouvons observer par la baie vitrée de la Tiny les baleines. Petit déjeuner en contemplant ces plus gros mammifères au monde ! Puis, c’est le moment de passer à l’école mais Anaïs et Victor peinent à se concentrer et sans arrêt, leur regard se perd à l’horizon pour chercher le souffle ou le saut d’une baleine. Difficile de leur en vouloir.

Hardus arrive, il est journaliste d’un quotidien local. Il pose quelques questions à Audrey et nous prend en photo pour faire un article sur notre cavale qui paraîtra dans le Gansberg, un journal local,  la semaine prochaine. On avait déjà eu la même occasion en Turquie et au Turkménistan.

Quand les baleines sortent la tête de l’eau, on voit bien leurs énormes callosités où se fixent des crustacés parasites. C’est une autre caractéristique typique des baleines franches australes. Leur tête est vraiment énorme et peut mesurer un tiers de la longueur totale du cétacé. Leur longue bouche arquée commence au-dessus de l’œil. A l’intérieur de la gueule, leurs 260 fanons mesurant environ 2,5 mètres sont essentiels pour l’alimentation, car ces animaux obtiennent leur alimentation en filtrant de grandes quantités d’eau de mer et en ne retenant que les crustacés comme le krill, leur aliment fondamental. On a même la chance d’entendre quelques mugissements et le souffle lorsqu’elles sont proches de nous.

Après déjeuner, nous partons tous les quatre marcher le long de la côte découpée du littoral jusqu’aux Grottes de Klipgat. Jolie balade où de belles maisons ont aussi une vue incroyable sur la baie.

Longtemps, nous suivons en parallèle la progression d’une femelle et de son bébé. Le baleineau ne quitte jamais sa mère pendant sa première année de sevrage. Un joli bébé d’ailleurs car à sa naissance il mesure déjà entre 4,5 et 6 mètres de longueur pour un poids d’environ 1 tonne. Tétant près de 125 litres de lait maternel par jour, les baleineaux grandissent très rapidement, et leur taille augmente de 3,5 cm par jour. Les femelles se sont gavées de krill dans les eaux froides antarctiques pour remplir leur réserve de graisse avant de donner naissance et pour fournir à leur progéniture les nutriments dont elle a besoin. En effet, durant les premiers mois du baleineau, la mère ne se nourrit pas.

Qu’il est fabuleux, voire irréel de pouvoir observer dans les eaux translucides de la baie aux eaux abritées et relativement calmes, ces monstres marins dont la taille moyenne se situe entre 13 et 15 mètres de long pour les mâles et environ 16 mètres pour les femelles. Leur peau est sombre, presque noire et légèrement marbrée. On voit l’une d’elle avec des tâches blanches.

Les baleiniers considéraient autrefois les baleines franches comme les meilleures baleines à chasser car elles étaient faciles à capturer parce qu’elles se rencontraient près des côtes, nageaient lentement et flottaient lorsqu’elles étaient mortes. De la fin du 17ème siècle à la seconde moitié du 20ème siècle, des pêcheurs de toutes nationalités ont chassé ces cétacés pour transformer leur lard en huile servant à l’éclairage, à la lubrification d’outillage, au tannage du cuir, et même à l’alimentation. Elles ont ainsi été chassées jusqu’au bord de l’extinction presque partout où elles étaient présentes. La baleine franche des Basques (Atlantique Nord) et la baleine franche du Pacifique (Pacifique Nord) ne se sont jamais remises des siècles de chasse qui ont réduit leurs effectifs, alors que la plupart des populations de baleines franches australes sont maintenant en augmentation (entre 8000 et 10 000 individus). La chasse à la baleine franche a été interdite dans l’Atlantique Sud dans les années 1970, ce qui a permis à leur situation de s’améliorer progressivement. De nos jours, bien que toujours menacée, les populations de baleine franche australe se récupèrent petit à petit. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’UICN ne considère pas cette espèce en voie d’extinction.

Nous ne nous lassons pas de les voir se retourner sur le dos, sortir la queue de l’eau, sauter en l’air, claquer leur nageoire…

La journée se passe donc comme hier à savourer chaque instant la chance que nous avons d’observer des dizaines de cétacés. Encore un moment mémorable de notre cavale !

Je trie les déjà 1500 photos prises de baleines pour n’en garder que 200, ce qui n’est pas évident…

La journée se termine déjà. De nouveau, nous osons demander de nouveau à Toni si on peut encore dormir devant chez elle. D’une part, elle accepte, mais elle nous invite en plus à venir boire un verre sur son balcon. Audrey amène le repas qu’elle a cuisiné qui vient compléter les pâtes bolognaises de Belinda. Merci pour ce moment.

Comme Toni connaît bien le coin et connaît du monde car elle tient des chambres d’hôtes, je lui demande si elle a un contact pour une sortie en mer pour aller observer les baleines de près. On a bien été tenté mais à plus de 300€ la balade en bateau de deux heures pour nous 4, c’est tout simplement hors budget. Il est déjà tard mais elle appelle un ami qui nous propose le tarif sud-africain et une bonne remise. Rendez-vous est convenu pour demain pour le tiers du prix !

Jeudi 30 septembre 2021 :

Pendant l’école de ce matin, Hardus, le journaliste d’hier, passe nous saluer et nous offrir une assiette de pancakes encore tout chauds, au sucre roux et à la cannelle, tout en nous félicitant pour notre blog qu’il a pu lire grâce à la traduction automatique par Google. Quelle gentillesse.

Pour ne pas trop être déconcentrés par les baleines pendant l’école ce matin, nous restons garés devant chez Toni. Nous sortons juste pour manger face à elles.

Nous annonçons aux enfants cette jolie surprise et nous nous rendons à notre sortie en mer au départ du port de Gansbaai avec la société Ivanhoe Sea Safaris qui nous a donc fait un super méga tarif. Il faut dire que les temps sont durs pour eux en ce moment. La saison est courte pour eux déjà en temps normal et ils assurent entre 300 et 400 rotations les bonnes années. Par temps de Covid, ils n’ont rien fait l’an dernier. Cette année, au mieux, ils en feront 60. Le bateau avec une vingtaine de personnes à bord sur deux ponts, affronte des creux de deux mètres. Ça brasse et il y a beaucoup de vent mais personne ne donne à manger aux poissons. Nous naviguons ainsi pendant environ 14 km pour nous rendre face à la plage De Platt dans la zone de Walker Bay, après les falaises de De Kelders. Quelques otaries à fourrure du Cap s’amusent dans les vagues autour de l’embarcation.

Puis, celles que nous sommes venus observer sont bien là. Un premier duo mère-bébé s’approche du bateau dont le capitaine a réduit la puissance du moteur. Nous les observons à une bonne dizaine de mètres. Magique. On voit nettement les souffles des baleines, les mouvements de queues et de nageoires latérales, les têtes énormes pleines de callosités…

Un peu plus loin, ce sont deux duos qui nagent paisiblement non loin du bateau. Les baleines surfent dans les gros rouleaux des vagues, disparaissent quelques instants puis ressortent de l’eau peu de temps après. Les bébés s’approchent de leur maman, semblant les câliner.

Puis, alors que l’équipage nous annonce que nous allons commencer à prendre le chemin du retour, un autre duo mère-bébé fait son apparition, mais de beaucoup plus près. Il s’approche à trois mètres de la coque du bateau. Inimaginable de savoir qu’un monstre énigmatique de 50 ou 60 tonnes, une créature marine de plus de 15 mètres se trouve juste à côté de nous. Montée d’adrénaline. Tellement d’émotions que j’ai la gorge serrée et presque les larmes aux yeux d’avoir ces plus gros mammifères au monde sous nos yeux. Et tellement heureux aussi de voir mon grand Victor avec des étoiles plein les yeux. Audrey est restée sur le pont supérieur avec Anaïs et elles ont une vue tout aussi incroyable !

Retour sur le port, ravis de cette expérience inoubliable, puis sur notre bivouac devant chez Toni qui ce matin, nous a proposé de revenir passer une troisième nuit devant chez elle. A notre tour de l’inviter chez nous. Les apéros s’enchainent. Toni nous offre une bouteille de Champagne que nous ouvrirons pour une bonne occasion très bientôt…

Vendredi 1er octobre 2021 :

Premier jour du mois = ouverture du nouveau défi. Mais nous n’en avons plus à ouvrir… On devait initialement ne partir que 36 mois et nous y sommes. Bientôt les 3 ans de voyage, dans une semaine… Et comme on a décidé de prolonger un peu le plaisir, notre comité de validation de défis a décidé de tirer au sort chaque mois à venir un des 12 défis qu’on n’a pas réalisés. Ce mois-ci, c’est donc « échanger un vêtement avec un inconnu »…

École bercés par le bruit des vagues et de quelques souffles de baleines évoluant paisiblement à quelques dizaines de mètres de nous.

Tri des plus de 3000 photos de baleines dont la moitié hier prises depuis le bateau ! Pas facile et encore moins évident de faire la sélection pour le blog !

Nous quittons Gansbaai et la pétillante et effervescente Toni qui a été tellement gentille avec nous. Nous faisons un petit détour vers un bar-resto qu’on nous a conseillé pour l’impressionnant squelette de 15 mètres de long d’une baleine accroché au plafond de la salle. Effectivement, il est gigantesque. On en a déjà vu dans des musées mais jamais sous cet angle-là. Étonnement il n’est pas très lourd et pèse seulement 1,5 tonne pour une baleine adulte de l’ordre de 60 tonnes. Il s’agit du squelette d’une baleine échouée suite à avoir été percutée et tuée par un bateau. Le petit café au coin du feu est bien agréable car le temps est vraiment humide aujourd’hui. Un crachin presqu’en continu depuis ce matin.

Puis, nous nous rendons pour une fois dans un campsite. Nous avions croisé Tina il y a quelques jours à Paarl, la femme qui nous avait offert dans la rue huit bouteilles de vin… Elle nous avait proposé, si on passait par Die Dam, de nous mettre à disposition son emplacement sur un terrain de camping avec pour seule consigne de le libérer avant la fin octobre… Comme il est sur notre route, on s’y arrête et c’est agréable de ne pas avoir à chercher un bivouac et de se coucher sans se demander si on va se faire virer par la police, bien que cela ne nous soit arrivé que deux fois en Afrique du Sud. Discussion sympathique avec nos voisins d’emplacement.

Puis balade pour Audrey, Victor et moi sur la plage, alors qu’Anaïs préfère rester à s’entraîner à passer de la position assise à la position debout sur sa slackline ainsi qu’à faire des demi-tours dessus.

Une belle balade sur la plage de sable blanc parsemée de rochers qui émergent du sol. De nouveau, aucun déchet, ce qui est bien agréable. Personne à l’horizon à part deux pêcheurs. Le temps est maussade mais ça fait du bien de marcher car on a bien réduit le rythme depuis qu’Audrey s’est fait mal à la cheville. Elle va mieux mais ce n’est pas encore ça. La chevillère l’aide bien quand on marche dans des endroits un peu scabreux.

Audrey continue seule pendant 6 autres kilomètres pendant que Victor et moi, nous rentrons à la maison. Nous y retrouvons Anaïs en train de nous préparer un dessert pour ce soir. Victor se met à bricoler avec sa Dremel et moi, je continue mon tri de photos des baleines… Ce soir est certainement notre dernier bivouac au bord de l’Océan Atlantique.

Samedi 2 octobre 2021 :

Nous quittons le camping en début d’après-midi et roulons vers le point le plus méridional du continent africain. après avoir fait un peu de piste, ce qui ne nous était pas arrivé depuis longtemps.

Nous arrivons au bout du bout, à l’Agulhas ou le Cap des Aiguilles, le point le plus au Sud de l’Afrique. C’est le point de repère officiel pour marquer le passage de l’Océan Atlantique à l’Océan Indien. Toutefois, la répartition effective des courants océaniques à cet endroit est une autre question. En effet, le point où le courant des Aiguilles rejoint le courant de Benguela varie selon les saisons entre le Cap des Aiguilles et Cape Point (Cap de Bonne Espérance). L’origine du mot Agulhas est portugaise : découvert en 1488 par l’explorateur portugais Bartolomeu Dias, le cap fut dénommé ainsi quelques années plus tard.

Le littoral très découpé et bordé de dangereux récifs provoquait plus de naufrages que n’importe où ailleurs sur la côte sud-africaine. La circulation maritime était rendue si difficile que l’édification d’un feu de navigation sur ce cap apparu comme une nécessité dès 1837, afin d’éviter de nouvelles catastrophes maritimes. La rencontre de courants océaniques différents conduisant souvent à de hautes vagues, ce qui est le cas pour les alentours du Cap des Aiguilles, les écueils en sont rendus d’autant plus dangereux. Le phare des Aiguilles fut terminé 10 ans plus tard et il est aujourd’hui le deuxième plus ancien phare en activité d’Afrique du Sud.

6 ans presque jour pour jour après avoir atteint Ushuaia et (presque) le point le plus au sud du continent américain, 3 ans presque après le début de notre cavale, nous voici donc au point le plus au sud de l’Afrique, à 6812 km d’Ushuaia, à 9212 km de notre maison de Romegoux, à 12886 km de Pékin qui était le point le plus éloigné de notre voyage.

Une énorme carte du continent en relief est sculptée au sol. 3975 km séparent Anaïs de Victor. Mombasa où nous sommes arrivés en janvier et Cap Agulhas aujourd’hui. Mais 3975 km à vol d’oiseau car on a déjà parcouru en Afrique 17 618 km par la route…

Nous marchons un peu sur la côte balayée par les vents jusqu’à l’épave du Meisho Maru n°38. Il ne reste que la proue, un fragment survivant du navire maudit qui rouille au sommet des rochers, où il est constamment battu par le vent et les vagues. Ce bateau de pêche japonais qui, comme tant d’autres, sillonnait les mers pour récolter ses fruits a succombé à la colère de la côte sud-africaine notoirement dangereuse, le 16 novembre 1982. Une tempête l’a fait s’échouer. Heureusement, parce qu’il a coulé si près du rivage, que les 17 membres de son équipage ont pu nager vers la sécurité, laissant le navire comme la seule victime.

Nous roulons donc à présent le long de la côte de l’Océan Indien. Nous ne reverrons plus l’Océan Atlantique. Quoique, les pays d’Afrique de l’Ouest donnent des signes d’ouverture de leur frontière, ce qui nous laisse de nouveau espérer pour le début d’année prochaine un shipping entre l’Afrique du Sud et le Bénin, la Côte d’Ivoire ou le Sénégal. Ce qui nous éviterait de passer par la route par le Nigeria, ce qui est assez tendu en ce moment. Après, une fois arrivés en Afrique de l’Ouest en bateau, on ne serait plus qu’à quelques milliers de kilomètres de la maison par la route.

Nous arrivons à Arniston, une jolie petite ville avec d’adorables maisons chaulées et couvertes de toits de chaume. Nous voulions aller visiter des grottes marines mais l’heure de la marée n’est pas bonne et le seul moment propice pour y accéder à marée basse serait demain matin à 6h30.

C’est dans le quartier ancien de Kassiesbaai que nous allons chercher un bivouac. Et là, nous tombons nez à nez avec Duncan et Eli, les propriétaires d’African Overlanders qui avaient réparé notre pompe de direction à Cape Town à plus de 200 km de là. Ils nous proposent de nous garer devant la petite maison typique qu’ils ont louée pour le week-end. Quel plaisir de se recroiser dans des conditions moins stressantes et de prendre le temps de partager un café !

Petit tour dans ce petit hameau de pêcheurs où les cottages bicentenaires sont pour la plupart restaurés.