13. Maroc, Espagne, France, Italie : du 1er au 8 janvier 2019 : Barcelone, route vers l’Italie
2945 kms parcourus du 1er au 8 janvier 2019
9310 kms parcourus depuis le départ
Mardi 1er janvier 2019 : Sana Saïda 2019 !
Le réveil de ce matin a un petit goût amer et triste… C’est aujourd’hui que nous quittons l’oasis de Fint dans le sud marocain dans laquelle nous sommes depuis 15 jours. C’est aujourd’hui que nous devons nous séparer de nos amis de l’Auberge de la roche noire. Merci énormément pour l’accueil Ambarka, Aziz, Fatma, Driss, Ayoub, Rachid, Fatima… Merci également à tous les habitants de Fint qui nous ont tous adressé un sourire, tendu une main, invité à partager un thé… C’est aujourd’hui que nous disons au revoir à nos amis voyageurs que nous ne reverrons pas pour certains avant notre retour de voyage. Bonne route à vous les amis et merci pour ces moments de complicité et de partage. Dès demain, nous allons devoir nous séparer de notre famille qui nous avait rejoints pour passer les fêtes de fin d’année. Il s’agit pour eux de reprendre la route vers Marrakech pour y prendre l’avion demain de bonne heure.Voulant profiter d’eux une dernière journée, nous faisons la route ensemble. Notre convoi composé de trois voitures de location et de notre Tiny s’éloigne donc de cette oasis cachée où nous avons vécu tant de moments d’émotions. Le cœur serré, nous disons au revoir à tous nos amis. Heureusement, l’appel de nouvelles aventures est là mais franchement, c’est compliqué de devoir se séparer des gens qu’on aime… C’est même le plus difficile quand on entreprend ce genre d’aventure.
La Tiny n’a donc pas roulé depuis 15 jours mais après un démarrage comme d’habitude un peu bancal, elle emprunte fièrement la piste. Mon papa prend place dans notre cabane jusqu’à Marrakech. La route que nous empruntons nous fait traverser les montagnes du Haut-Atlas. Rapidement, elle prend de l’altitude et sillonne à travers ces sommets légèrement enneigés.
Les couleurs sont exceptionnelles. Les maisons pour beaucoup construites et enduites en terre prennent la couleur du sol.
Sur les bords de cette route très empruntée par les touristes, des vendeurs à la sauvette nous présentent des minéraux et des fausses géodes colorées à l’encre brillante.
Au fond de la vallée, coule l’oued de l’Asif Ounila.
Nous atteignons le col du Tizi n’Tichka à 2260 mètres avant d’entamer la descente vers Marrakech. Il y fait un peu trop frais et ne traînons pas trop.
Quelques kilomètres plus loin, sur un parking poussiéreux, nous nous faisons un pique-nique de 1er de l’an avec foie gras, cou d’oie farci, figues confites arrosés d’une bouteille de Bordeaux miraculeusement conservée pour l’occasion.
La route est en cours de colossaux travaux de mise en sécurité. Les montagnes sont découpées, ouvertes, creusées afin de laisser passer les nouvelles voies, et ainsi supprimer de dangereux virages. De gros engins de TP sont utilisés mais à côté de ça, des employés entreprennent des travaux de maçonnerie sans gros outillage ou bien alors font des kilomètres de murets de protection en préparant eux-mêmes leur béton.
Au fond de la vallée, serpente l’oued Tensift puis nous rejoignons des plaines plus fertiles et cultivées en nous approchant de Marrakech.
En fin d’après-midi, nous atteignons la tumultueuse et polluée Marrakech.
Je m’arrête faire équilibrer la roue que j’avais crevée il y a quelques semaines et qui avait été réparée par quelqu’un qui n’avait pas d’équilibreuse. J’ai en effet un tremblement dans le véhicule quand je conduis entre 40 et 60 km / h. Malgré cette intervention, le tremblement est toujours là. J’ignore d’où ça vient.
Nous nous rejoignons tous à l’hôtel que la famille a réservé dans le quartier de l’Hivernage et nous en profitons pour prendre une bonne douche bien chaude dans leur chambre… Petit plaisir que chaque voyageur qui nous lira saura le bien que ça fait… celui de prendre une douche bien chaude et bien longue… Nous partageons un dernier repas tous ensemble dans un sympathique resto. L’humeur est bonne mais les gorges sont serrées à l’idée de devoir se dire au revoir.
Mercredi 2 janvier 2019 :
Réveil matinal et à 5h45, nous sommes à l’entrée de l’hôtel pour faire un gros câlin à tout le monde. Les taxis sont déjà là et ils s’engouffrent tous dedans en direction de l’aéroport. Nous restons tous les 4 main dans la main, la larme à l’œil en les voyant s’éloigner. Ça y est, cette fois, on ne les revoit pas avant un moment. On appréhendait ce moment car c’est bien le plus grand sacrifice que nous faisons en faisant le choix de partir au long cours. Nous attendons avec impatience le moment où mon papa nous rejoindra en Asie du Sud Est en octobre et où notre nièce Ella nous rejoindra seule dans la même région aux vacances de la Toussaint. On croise les doigts pour que ma sœur et sa chouette famille puissent nous rejoindre dans un peu plus d’un an, que les parents d’Audrey fassent un saut en Afrique et que son frère Alex prenne un vol pour les Stans…
Il est 6 heures. Il fait encore nuit noire. Il fait froid. Se rendormir ne sera pas possible tellement le moment d’émotion que nous venons de vivre est fort. Nous prenons la route. Anaïs et Victor parviennent à retrouver le sommeil bercés par le roulis du véhicule. Nous prévoyons deux jours pour rejoindre le nord du Royaume et le détroit de Gibraltar. Quelques 600 kilomètres nous séparent du port de Tanger Med. L’autoroute est bonne et il y a beaucoup moins de piétons dessus qu’il y a 6 ans. Les grandes villes de Rabat et Casa se passent bien. Pendant que je roule, Anaïs, Victor et Audrey reprennent l’école après 10 jours de vacances.
Avant de basculer en Europe, nous profitons du gasoil à moins de 0,80€ le litre pour remplir nos réservoirs et bidons d’une capacité totale de 180 litres. Finalement, nous arrivons à Tanger vers 15 heures et nous dirigeons directement au port où nous avons un billet retour open. C’est-à-dire qu’on prend le premier bateau disponible. Par chance, il y en a un à 18 heures.
D’importants contrôles de sécurité ont lieu. Le camion est passé au scanner.En effet, de nombreux migrants sont aux portes du port pour tenter la dangereuse traversée vers l’Europe. Les garde-côtes espagnols ont affirmé avoir déjà porté secours à 400 migrants au cours des deux premiers jours de 2019.
Le soleil se couche sur l’océan Atlantique, nous quittons l’Afrique avant d’y revenir dans 18 mois ou dans 24 mois. Nous ne reverrons plus cet océan pendant longtemps. La prochaine fois sera certainement en Namibie. On hésite encore : par quelle entrée reviendrons-nous sur ce continent ? Peut-être par l’Afrique du Sud, peut-être par le Soudan, ou bien par le Kenya. L’idée initiale de revenir en bateau entre la Malaisie et l’Afrique du Sud est en train d’être remplacée dans nos têtes par un retour de l’Asie du Sud-Est par la route en passant par la Birmanie, l’Inde, le Pakistan, l’Iran, les Emirats Arabes Unis, Oman, l’Arabie Saoudite, le Soudan et ensuite de faire une grande boucle en Afrique. On verra bien où le vent nous mène. On se laisse une part de hasard et d’imprévu.Les côtes espagnoles se voient nettement depuis Tanger. L’étroit détroit se franchit en 1h30 de traversée. Nous longeons le rocher de Gibraltar, petite enclave britannique sur le territoire espagnol. Gibraltar fait partie de l’Union européenne mais pas de l’espace Schengen. Ce statut est toutefois menacé par la procédure de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne organisée sur l’ensemble du territoire britannique. Cependant, la majorité des Gibraltariens souhaite rester au sein de l’UE, tout en espérant obtenir un statut similaire à celui octroyé à Andorre ou au Liechtenstein.Puis nous arrivons dans l’immense port espagnol d’Algeciras où d’énormes grues chargent d’immenses porte-containers.
Rapidement sortis du port, nous nous dirigeons vers une zone commerciale pour y bivouaquer. Quel choc d’entrer, après 6 semaines au Maroc, dans cette immense zone où toutes les grandes enseignes bien connues du monde occidental se côtoient… Sympathique discussion avec un couple de retraités français embarquant demain pour le Maroc à qui je revends quelques devises marocaines et à qui je donne mes cartes SIM locales sur lesquelles il restait quelques crédits à utiliser.
Jeudi 3 janvier 2019 :
6h30, nous prenons déjà la route en laissant les enfants dormir dans leurs lits. Le balancement de la Tiny les berce jusqu’à 9 heures. Nous prévoyons deux journées pour rejoindre Barcelone. L’autoroute alternant portions gratuites et payantes nous permet de traverser l’Espagne sans emprunter le réseau secondaire.
Nous longeons la Costa del sol. 80 % des habitants de la province de Malaga habitent sur ce littoral. La côte est bétonnée à outrance dans les stations balnéaires d’Estepona, Marbella, Fuengirola, Torremolinos… Les constructions prennent d’assaut les montagnes avec l’espoir pour les résidents d’avoir un petit point de vue sur la Méditerranée depuis la baie vitrée de l’appartement, à condition de regarder bien loin à l’horizon et de faire abstraction de l’autoroute.
Puis à Málaga, nous quittons enfin tout ce béton pour nous enfoncer dans l’arrière-pays. La Tiny grimpe doucement dans la Sierra Nevada qui est le massif le plus élevé de toute l’Europe occidentale après les Alpes. Nous admirons ses sommets enneigés. Cette chaîne montagneuse culmine à 3478 mètres d’altitude du haut du mont Mulhacén que nous longeons.
Nous avions envisagé un temps de nous arrêter visiter le palais de l’Alhambra à Grenade mais nous craignons que le temps nous manque pour rejoindre Venise où nous embarquons le 16 janvier pour la Grèce. Tant pis, ce sera pour une autre fois.
Les villes de Lorca, Murcie, Elche se succèdent et la Tiny ne s’arrête plus même pas pour mettre du gasoil grâce à la plus grande autonomie gagnée par l’ajout du deuxième réservoir au Maroc.
A l’approche de Murcie, nous arrivons dans l’enfer des serres couvrant de plastique des hectares de terres où poussent des tonnes de fruits et légumes se retrouvant sur les étals des supermarchés européens. Cette culture intensive a des coûts sociaux, humains et environnementaux très préoccupants… Jean Ortiz, maître de conférences et journaliste, résume ainsi la situation : « Des dizaines de milliers de migrants, beaucoup en situation d’esclaves, la majorité maghrébins et sub-sahariens, ou venant des pays de l’Est de l’Europe y travaillent. Certaines plantations emploient même des enfants. Ces sans droits, souvent clandestins, ramassent durant dix à douze heures d’affilée (15 minutes de repos chronométrées), sous une chaleur à tuer un âne, fraises et tomates dégueulasses, plus dopées qu’Armstrong, choux, oignons, brocolis, choux-fleurs… qui inondent ensuite nos supermarchés, à des prix coloniaux pour la grande distribution, mais plein pot pour les consommateurs. Dans mon village près d’Albacete, ces parias, victimes de tous les abus, des chantages des « employeurs », des menaces, des cris, des insultes du proprio. Les saisonniers dorment dans des baraques, des hangars, souvent à même le sol… Les négriers font régner la peur de parler, de témoigner, d’accuser… Les syndicats commencent à pénétrer ces bagnes, à tenter de faire respecter le droit du travail, à défendre ces « esclaves modernes » qui souvent gagnent trente euros par jour environ. Trois euros de l’heure. La plupart n’ont pas de papiers en règle, ni vrais contrats de travail, ni cotisations à jour… Le trafic des papiers, vrais ou faux, lui, fait florès. Vivent le dumping social et l’Europe sociale ! Les fruits et les légumes qui nous arrivent de ces enclaves, toujours en avance sur la saison, portent la sueur, la souffrance des forçats des serres, victimes en outre du rejet des populations locales, et à défaut de vitamines et de saveur, fruits et légumes regorgent de produits qui assurent la santé des profits, mais pas celle des consommateurs ».
A l’approche de nouveau du littoral, nous arrivons dans une région que je connais bien et où je m’arrêterais bien en voyant les panneaux indicateurs de villes comme Abanilla, Novelda, Monovar ou bien encore Alcolecha. Je suis en effet sur les terres natales de mes ancêtres du côté de ma maman et de mon papa. Ici sont nés certains de mes grands-parents et de mes arrières grands-parents. Mon papa, passionné de recherches généalogiques, a retrouvé traces du côté de sa grand-mère paternelle de 410 ancêtres remontant pour certains aux années 1380. Je me revois il y a une trentaine d’années avec mes parents mener ces premières recherches en fouillant dans les archives d’état civil dans les églises ou les tribunaux de cette région.
La route et les kilomètres défilent. La Tiny roule bien malgré sa tremblote toujours entre 40 et 60 km/h. Je pense qu’il s’agit peut-être d’un pneu déformé. Audrey passe une partie de l’après-midi à s’occuper de l’école des enfants à l’arrière. Moi, je m’occupe en écoutant en boucle les albums de Brassens, Les Hurlements d’Léo, Bénabar, La rue Kétanou ou bien encore La Tordue. Je passe également du temps à répondre à tous les sympathiques signes de la main des véhicules qui nous doublent. Mais comment dissuader les conducteurs qui sortent leur portable pour nous filmer tout en conduisant ?
Les panneaux kilométriques indiquant Barcelone diminuent de plus en plus. Seulement 380 km nous séparent de la capitale catalane. La nuit est tombée. Audrey repasse à l’arrière pour faire manger les enfants et me passe quelques sandwiches que je mange tout en roulant. Les enfants qui ne sont pas sortis de la journée et qui restent adorables enfilent leurs pyjamas et se couchent. Musique à fond, nous roulons en espérant rouler le plus possible. Puis finalement à 22 heures, après 1123 km parcourus depuis 6h30 du matin, nous posons notre bivouac le long de la plage de Bogatell dans Barcelone. Ce soir, le chauffage au gaz ne veut plus se mettre en route. Tant pis, on se réfugie sous la couette et les couvertures polaires. Et on se réchauffe comme on peut. Morphée ne tarde pas à me rattraper malgré le froid et le bruit de la route.
Vendredi 4 janvier 2019 :
Il ne fait vraiment pas chaud ce matin au réveil, seulement 8°. Et toujours pas de chauffage… Nous décidons de nous accorder une pause dans la route aujourd’hui. Nous avions en effet prévu trois jours pour traverser le Maroc et deux pour l’Espagne. Finalement, nous avons parcouru ces 2000 km en 3 jours. Tout le monde, y compris la Tiny, a bien mérité une pause. Nous enfilons nos chaussures de marche et partons à l’assaut de Barcelone. Nous y étions déjà venus en 2013 lors d’un long week-end en amoureux mais nous avions vraiment envie de la faire découvrir à nos enfants. Le soleil est bien présent et les températures équivalentes à celles que nous avions au Maroc mais la chaleur ressentie n’est pas du tout la même.
Nous marchons en longeant la plage et le quartier des anciens terrains industriels métamorphosés en village olympique à l’occasion des JO de 1992. Restaurants, activités de sports nautiques, discothèques, casinos, bars, aquarium, musées se sont développés dans la Barceloneta, petite Barcelone, le quartier traditionnel des marins et des pêcheurs.
Nous admirons quelques yachts énormes. Un surtout attire notre attention, le Dilbar. Avec une longueur totale de 156 mètres, il s’agit du quatrième plus long yacht du monde lors de sa livraison en 2016. Disposant d’une jauge brute de 15 917 tonneaux (soit plus de 45000 mètres cubes) il s’agit en 2016 du plus gros yacht du monde en termes de volume. Il est vraiment incroyablement imposant. Remarquez la taille du semi-remorque citerne venant faire le plein du yacht ! 80 membres d’équipage s’occupent de son propriétaire, l’oligarque russe Alicher Ousmanov et de ses 40 invités. Son coût de construction est de 600 millions de dollars US. Il faut y ajouter le coût de son hélicoptère d’une valeur de 17 millions de dollars !
Nous continuons notre chemin en passant devant un sympathique cirque se déplaçant à l’aide de jolies roulottes qui nous font franchement autant (même plus) rêver que ce méga yacht…
Nous arrivons devant la colonne Christophe Colomb haute de 60 mètres, élevée en 1888 pour l’exposition universelle en l’honneur du célèbre navigateur.La fameuse Rambla commence au pied de cette tour pour se terminer deux kilomètres plus loin sur la place de Catalogne. C’est l’artère la plus connue de la ville. Boutiques de souvenirs, restaurants, glaciers, statues humaines, artistes portraitistes ou caricaturistes se succèdent. Des milliers de touristes s’y pressent en ce dernier week-end de vacances. Bien entendu, nous pensons à l’attentat perpétré ici en août 2017, où une voiture folle tuait 15 personnes en zigzagant sur 500 mètres sur cette Rambla.
Perpendiculairement à la Rambla, nous passons dans la carrer Nou devant le Palais Güell, réalisation d’Antoni Gaudí, qui a été construit à la fin du 19ème siècle pour le riche industriel Güell. La façade de l’immeuble, très austère contrairement à un intérieur somptueux que nous avions déjà visité en 2013, s’orne de deux imposantes portes ornées de grilles en fer forgé aux dessins complexes. Les portes et les garde-corps sont également décorés de sculptures en forme de fleurs. Nous distinguons sur la terrasse les cheminées, de formes extravagantes et de tailles différentes, recouvertes de céramiques très colorées.
Nous arrivons Place Royale, bordée d’arcades et de jolis immeubles.Puis nous nous enfonçons au hasard dans le dédale de ruelles étroites du vieux quartier gothique où nous voyons de jolies devantures de magasins.
A de nombreux balcons, flottent au vent des drapeaux, ou des banderoles revendiquant l’autonomie de la région catalane vis-à-vis du reste de l’Espagne.
Un chocolate con churros nous rappelle de bons souvenirs et nous réchauffe du froid que nous n’avions pas ressenti depuis bien longtemps. Nous avions en effet quitté la France fin octobre avant que les températures ne fléchissent puis à part quelques petites journées fraîches dans le nord du Portugal, c’est plutôt tee-shirt et shorts que nous portions depuis plusieurs semaines.
Nous contournons la cathédrale de Barcelone.
Puis un peu plus loin, le marché Santa Catarina abrite des commerçants vendant leurs produits sur des étals qui nous changent bien des souks marocains dans lesquels nous étions encore il y a quelques jours. Les denrées alimentaires sont aseptisées. Les fruits sont bien trop calibrés et bien trop brillants.
D’ailleurs, bien que nous appréciions déambuler dans cette ville magnifique, nous nous sentons assez déstabilisés, un peu étourdis par le bruit, l’agitation, la multitude de commerces qui proposent tellement d’objets à acheter. Sans doute le contraste avec le calme de nos semaines dans le Sud marocain.
Nous marchons jusqu’au quartier Saint-Pierre et le Palais de la musique catalane abritant une salle de concerts et inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce palais est une construction exubérante à armature d’acier décorée par de nombreux grands artistes de l’époque.
Sur le Passeig de Gracia, nous longeons de magnifiques immeubles.
Un peu plus loin, nous arrivons devant un autre chef-d’œuvre de Gaudí, la Casa Battló commandée par un de ses clients industriel du textile. La partie la plus originale de l’édifice est la façade, considérée comme l’une des plus originales de l’architecte, qui utilisa la pierre, le fer forgé, le verre et la céramique.
Nous continuons le circuit des œuvres du même architecte et arrivons devant la Casa Milà surnommée La Pedrera. Le bâtiment ne comporte pas de ligne droite, la façade est conçue de telle manière qu’on ne peut pas tracer de verticale du toit au sol. La grande façade sculptée en forme de vague et ses 33 balcons de pierre couronnés d’acier forgé comme des algues sont de motifs abstraits. Gaudí souhaitant évoquer la houle marine alla jusqu’à dessiner les pavés hexagonaux en céramique des trottoirs autour de l’édifice. Ils sont également à motifs marins.
Un peu plus loin, nous terminons notre circuit par l’œuvre majeure de Gaudí, la Sagrada Familia. Elle fait partie des 7 constructions de Gaudí classées au Patrimoine mondial de l’UNESCO, tout comme la Casa Battló, ou la Casa Milá vues précédemment.
Enfin, seules les parties du monument réalisées du vivant d’Antoni Gaudí (la crypte et la façade de la Nativité), ont été déclarées patrimoine de l’humanité. Car l’architecte est décédé en 1926 avant d’avoir vu achevée l’œuvre de sa vie. Les travaux sont exclusivement financés grâce à l’aumône ainsi qu’aux visites. Grâce aux avancées des techniques modernes et à la croissance des dons, la construction devrait s’achever en 2026 pour le centenaire de la mort de Gaudí. Toutefois les travaux de finitions pourraient s’échelonner jusqu’en 2032. Voici une vidéo de la cathédrale, telle qu’elle est envisagée à la fin des travaux.
La basilique a été consacrée par le pape Benoît XVI en 2010. Les contrastes de couleurs entre les pierres des différentes façades sont étonnants. Le style parait également très différent de la façade récente à la façade ancienne. La pollution a déjà noirci les parties terminées il y a quelques décennies.
L’intérieur que nous avions visité en 2013 nous avait laissé un merveilleux souvenir de même que la montée sur les toits d’où nous pouvions admirer les remarquables mosaïques colorées des champignons.
Nous revenons vers notre Tiny et passons devant la Tour Glòries, dessinée par l’architecte français Jean Nouvel et inaugurée en 2005. Ce suppositoire géant de 145 mètres et de 38 étages est d’une superficie totale de plus de 50 000 m2. Le coût de la construction s’élevait alors à 132 millions d’euros soit 4 fois moins que celui du méga yacht vu précédemment !De retour à la Tiny, j’aperçois une importante fuite de gasoil au sol sous le deuxième réservoir ajouté. J’y regarde et aperçois que c’est le tuyau de la mise à l’air libre qui a bougé. Je répare. Je regarde également au chauffage qui ne fonctionne plus. Après un peu de nettoyage du corps de chauffe, il se rallume et semble fonctionner de nouveau. Il est trop tard pour prendre la route. Les enfants partent jouer à la plage et à une aire de jeux voisine.
Nuit bercée par les bruits de personnes parlant très (trop) fort et surtout trop près de la Tiny qui doit d’ailleurs les interpeller car ils frappent dessus certainement pour voir dans quel matériau elle est construite.
Samedi 5 janvier 2019 :
Journée particulière aujourd’hui car nous passons de nouveau une frontière mais cette fois-ci, c’est celle de la France ! Déjà de retour ? Non, pas d’inquiétude, je vais continuer à vous donner toujours de la lecture… Ce passage nous est indispensable pour continuer notre périple vers l’Italie. C’est donc par l’autoroute que nous longeons la côte méditerranéenne. Les gilets jaunes ont injecté de la mousse polyuréthane expansive dans les emplacements de tickets et de carte de paiement d’un des péages… C’est gratuit pour nous !
Nous sommes attendus ce soir à Aubagne chez un couple de voyageurs que nous ne connaissons pas. Cécile et Laurent ont déjà parcouru à plusieurs reprises les routes du monde et en particulier celles d’Asie Centrale. Ils ont déjà écrit un passionnant guide sur la Mongolie et sont en train d’en sortir un nouveau sur le Pamir et le Kirghizstan qui sont deux régions que nous allons traverser d’ici quelques mois. Nous tenions à prendre la route avec ce précieux livre. C’est donc la raison pour laquelle nous avons rendez-vous avec eux. Ils en profitent pour inviter une connaissance commune, la famille de voyageurs Un tour à cinq. Maryline, Renaud et leurs 3 enfants Eliott, Louise et Martin ont déjà pris la route en 2015 pour une boucle de 17 mois en Eurasie. Egalement piqués par le virus du voyage, ils reprennent également leur cavale d’ici quelques mois pour l’Afrique. Certainement qu’on se croisera sur la route, on l’espère. Nous passons une très agréable soirée entre voyageurs.
Dimanche 6 janvier 2019 :
Nouveau rendez-vous aujourd’hui avec une autre famille de voyageurs que nous avions déjà rencontrée il y a quelques mois au rassemblement des Familles Autour du Monde dans la Drôme. Toto, Julie, Tao, Teva et Maleï ont vécu 4 ans en Guyane puis 2 ans à Tahiti. Depuis qu’ils sont rentrés en métropole en 2009, ils ont pour habitude de voyager 1 à 2 mois par an. Toto était d’ailleurs hier encore en Inde ! Nous passons un agréable moment à les recevoir dans notre Tiny. Elle n’est pas bien grande mais on tient bien à 9 dedans ! Et puis apprenant par hasard dans la conversation que Julie est bretonne, nous en profitons pour réaliser notre défi du mois de janvier, celui de faire déguster une crêpe à un breton ! Voir la page consacrée à nos défis.
Nous continuons notre rythme de rencontres en nous rendant chez nos amis marseillais. Notre première rencontre avec Amandine, Daniel et leurs 3 charmants enfants Ambre, Justin et Mahé était une fois de plus le fruit d’un heureux hasard il y a quelques années sur un parking perdu dans le plateau désertique du Burren dans le comté de Clare en Irlande. Comme nous, ils voyageaient en camping-car. Eux ne sont pas (encore) des voyageurs au long-cours mais ils profitent de chaque temps libre pour ajouter des kilomètres au compteur de leur véhicule en parcourant l’Europe. Très agréable moment en leur compagnie. Merci les amis pour votre chaleureux accueil. Ça va nous faire drôle de nous retrouver seuls après tous ces moments partagés en famille et entre amis !
Lundi 7 janvier 2019 :
Les amis sont partis travailler en ce jour de reprise. Anaïs et Victor font école avec leur Mamantresse. Je profite de la machine à laver des amis pour laver tout le linge. Les draps sont contents.
L’après-midi, nous sommes (très) attendus dans la classe de CE1 de notre amie Amandine qui suit activement notre voyage. Nous sommes avec émotion accueillis par des élèves ayant fabriqué des masques en forme d’alpagas et par un chant en provençal. Un petit mot de bienvenue est d’ailleurs écrit dans cette langue régionale au tableau.
Chacun des enfants a préparé des questions sur notre voyage auxquelles nous répondons avec grand plaisir. Les enfants travaillent sur l’album « Le loup qui voulait faire le tour du monde ». La peluche de Loup nous est confiée et nous avons pour mission de le faire voyager et de le prendre en photo dans chaque pays. Promis les enfants, nous allons bien nous en occuper et vous envoyer des photos. Puis vient le moment tant attendu de la visite de notre cabane. Plus d’un prendrait bien place dans un petit coin pour nous accompagner ! A la récréation, les grands de CM2, qui avaient suivi notre voyage en Amérique du Sud lorsqu’ils étaient en CE1 dans la classe d’Amandine, viennent nous rejoindre et montent à leur tour dans la Tiny. Un goûter pris en commun termine cet agréable moment de partage. Merci Amandine ! Fin de journée en compagnie de nos amis. Les enfants très complices prennent également du bon temps à jouer ensemble.
Mardi 8 janvier 2019 :
Nous prenons la route après avoir dit avec émotion au revoir à nos amis. Nous longeons la côte d’Azur en direction de Nice, la grande Bleue à notre droite, les monts enneigés des Alpes maritimes à notre gauche. Nous sommes attendus ce midi pour partager un moment avec deux anciens collègues de mon précédent travail, Valérie et Daniel. Merci pour cet agréable partage les amis ! Merci également à mes autres collègues Cécile, Sylvia et Adeline pour votre sourire, vos signes d’affection et de sympathie.C’est parti… Enfin, nous on voudrait bien mais la Tiny ne le souhaite pas. Le moteur ne démarre pas du premier coup. Serait-ce un signe alors que je suis garé dans la cour de mon ancienne entreprise et que nous allons cette fois-ci quitter la France ? Non, je suis rassuré, il suffisait juste d’amorcer le circuit de gasoil par la pompe électrique, dite pompe à PhiPhi. La Tiny démarre.
Encore une journée bien particulière aujourd’hui car nous allons passer de nouveau une frontière, celle de l’Italie. Nous laissons la France derrière nous. On part cette fois pour l’inconnu. Depuis notre départ le 8 octobre et jusqu’à présent, nous étions en terrain connu en traversant l’Espagne, le Portugal et le Maroc. Nous y avions nos repères, presque nos habitudes. Nous avions plusieurs rendez-vous avec la famille et les amis jusqu’à encore ce midi. Maintenant, le prochain rendez-vous est à Oulan Bator cet été pour y boire une bière avec les Plems et Buzz Aldrin. Au fait, les amis, j’ai acheté la San Miguel que nous boirons ensemble dans 8 mois ! Nous partons donc vers l’inconnu mais nous partons sereins et impatients de découvrir tous ces nouveaux pays, impatients de faire tant de nouvelles rencontres, impatients de nous laisser guider par le hasard, impatients de vivre cette vie nomade…
La première vraie étape de ce voyage est prévue ce soir dans la région des villages de Cinq Terres. Mais suite au désastre causé par l’effondrement en août 2018, d’une portion d’un viaduc de l’autoroute A10 à Gênes, cette dernière est déviée sur plusieurs dizaines de kilomètres, nous emmenant plein nord au lieu de prendre la direction du sud. Le temps de nous en apercevoir, il n’est plus raisonnable de faire demi-tour. Tant pis pour les Cinq Terres. La première étape du voyage est déjà remise en question. Comme quoi, il vaut certainement mieux se laisser guider par le hasard !
Il fait nuit. Déjà nuit depuis que le soleil s’est couché à 16h50 ! Cela nous change bien du Maroc où nous étions sur le même fuseau horaire mais bien plus décalé vers l’est et vers le sud, ce qui fait qu’il faisait nuit 1h35 plus tard. Il fait bien froid aussi.
Nous posons le bivouac sur le parking d’une station-service. Audrey passe du temps à préparer la suite de l’itinéraire sur le nord de l’Italie avant que nous embarquions le 16 janvier à Venise pour la Grèce.
Nuit bercée par le vrombissement des voitures et des camions passant à quelques mètres de nous sur l’autoroute, par le bruit incessant des moteurs des frigos des camions réfrigérés garés tout près de la Tiny et enfin par le bruit intermittent des trains longeant l’autoroute.