1350 km parcourus du 12 au 17 octobre 2021
85 091 km parcourus depuis le départ
Mardi 12 octobre 2021 :
Nous poursuivons notre cavale sur la côte Sud de l’Afrique du Sud en longeant toujours l’Océan Indien. Notre bivouac de la nuit s’est passé à Storm River sur le terrain privé de Susan qui a accepté qu’on dorme dans son jardin car on ne trouvait pas où dormir hier soir. Nous y faisons l’école, comme chaque matin, environ 6 jours sur 7, pendant 4 heures pour Anaïs et 3 heures pour Victor.
Nous nous dirigeons vers le Parc national de Tsitsikamma que nous avons visité en partie hier mais nous voulons compléter la visite par le Tsitsikamma Big Tree. Nous marchons sur le Ratel trail pendant environ 5 km à travers une belle forêt primaire, l’une des mieux préservées d’Afrique du Sud.
Le Big Tree est un majestueux Podocarpus Falcatus ou Yellow wood vieux d’environ 1000 ans. Ses dimensions sont énormes : presque 40 mètres de hauteur, un tronc rectiligne de plus de 18 mètres (51 mètres cubes, de quoi faire quelques allumettes), une circonférence de 8,50 mètres.
D’autres arbres sont aussi superbes.
Puis nous prenons la route vers l’Est cette fois en traversant des pinèdes.
Puis, nous faisons un petit détour vers Jeffrey’s Bay. Sa plage est réputée pour être un spot mythique de super tubes en faisant un spot de prédilection pour les surfeurs venant du monde entier. Mais arrivés sur la plage, la mer est d’huile… Difficile d’imaginer sans avoir entendu auparavant parler de cet endroit et avant d’aller voir des vidéos sur Internet, que des vagues gigantesques ici se forment, en faisant l’un des dix meilleurs sites mondiaux de surf.
Nous avons ce soir rendez-vous avec une famille de Sud-Africains avec qui nous échangeons depuis quelques temps sur les réseaux sociaux. Les 4 kids and a bus ne sont pas voyageurs au long-cours comme nous mais cette jolie famille nombreuse a fait le choix de quitter son logement de Johannesburg pour vivre en continu dans un bus à double étage. Ils voyagent depuis un an en Afrique du Sud et envisagent de visiter d’autres pays. Bien entendu, le volume et la consommation de leur bus ne leur permet pas de bouger régulièrement mais ils s’installent pour des périodes d’un mois ou plus dans des fermes, des campings. Ils se déplacent ensuite en voiture. Nous faisons donc connaissance avec Sonja, Rheinholdt et leur jolie tribu blonde composée de Katie, Karen, Kayla et Karlien. Il faut bien un bus de 11 mètres de longueur et 4,40 mètres de hauteur pour abriter tout ce petit monde ! 4 fois plus de surface habitable que dans notre Tiny, un énorme coin salon, une cuisine gigantesque, une salle de bain avec une petite baignoire, une machine à laver et un frigo comme à la maison. A l’étage, une grande chambre pour les parents, quatre lits superposés pour les enfants, un deuxième WC, une salle de jeux… Acheté 2000€ dans un triste état, ils l’ont restauré et aménagé ! Beau partage avec cette jolie famille inspirante.
Mercredi 13 octobre 2021 :
Après la traditionnelle matinée d’école sur cet agréable terrain de camping de Big Fish, les filles font un petit atelier de Tie-Dye. Sonja fournit des tee shirts blancs à Anaïs et Audrey qu’elles nouent avec des élastiques et teintent de différentes couleurs à l’aide de colorants en biberons. Après un temps d’attente de deux jours, puis un trempage dans le vinaigre blanc pour fixer les couleurs, le résultat est sympa ! et bien en voilà une belle occasion de réaliser notre défi du mois, consistant à « échanger un vêtement avec un inconnu ». Hier, les 4 kids and a bus étaient encore des inconnus pour nous. Anaïs sort de son immense dressing un tee shirt qui n’est plus à sa taille et l’offre à Katie. Défi réalisé et validé ! Premier repêchage réalisé avec succès… Aussitôt, ma sœur Christelle tire au sort un autre des défis non réalisés durant notre cavale. On aura un mois pour le réaliser à partir d’aujourd’hui : « monter et rouler dans une 2CV »… et bien, celui-ci, je crois bien qu’on va le louper une deuxième fois car on n’a croisé encore aucune 2CV en Afrique…
Les enfants profitent de la piscine du camping, jouent aux raquettes, au diabolo pendant que je prépare des crêpes pour tout le monde.
Nous quittons nos nouveaux amis qu’on reverra peut-être un jour en France… Le monde est tellement petit.
Route vers notre prochaine visite de demain. En chemin, nous passons à Port Elisabeth, une des grandes villes sud-africaines qui ne mérite pas forcément l’arrêt pour visiter. Nous sommes stupéfaits par l’immense township qui s’étend sur plusieurs km² en périphérie au Nord de la ville. C’est inimaginable comment il est étendu. Trop de misère sous nos yeux pour dégainer l’appareil photo.
Nous roulons ensuite entourés de milliers d’hectares de collines plantées de citronniers. Puis grâce à notre application iOverlander, et à un bivouac référencé par nos amis, les La vie devant, les kilomètres derrière, il y a quelques années, nous trouvons une place un peu cachée de la route et au pied de l’entrée du parc national où nous allons demain. La voie ferrée n’est pas loin mais ça fera un bivouac parfait. A notre arrivée, nous discutons quelques instants avec une dynamique et joviale équipe de femmes terminant leur journée de travail. Elles nous racontent être fières d’avoir monté une coopérative pour fabriquer des serres agricoles. Malgré ce travail, elles nous expliquent que ce n’est pas pour autant qu’elles pourront sortir de la misère des townships, car elles nous disent « quand tu nais dans un township, tu t’y maries et tu y meurs ».
Jeudi 14 octobre 2021 :
Joyeux anniversaire Victor ! déjà 12 ans dont plus d’un tiers passé ailleurs qu’en France à découvrir la beauté du monde. Et ce matin, nous t’emmenons avec ta sœur, découvrir une autre merveille de la nature. Nous partons visiter le Parc national Addo Elephant Park. En voilà, une belle journée qui commence, même si nous devons vous sortir du lit de bonne heure. Encore un peu endormis, nous entrons dans le parc dès son ouverture à 7 heures, pour se laisser le maximum de chances de voir des animaux avant les heures trop chaudes de la journée. Et dès les premières centaines de mètres, premier cadeau d’anniversaire, un éléphant est déjà là juste à côté de nous.
Puis, un massif buffle est lui aussi en train de se nourrir de quelques herbes.
Juste quelques minutes après, un groupe de trois grands koudous arrachent quelques branches à des arbustes pour leur petit déjeuner.
Nous allons prendre le nôtre face au trou d’eau de Rooidam. Encore un buffle mais aussi un chacal à chabraque que nous observons par la fenêtre de la Tiny pendant qu’on savoure la brioche d’Audrey et quelques crêpes restantes.
Nous reprenons la piste en direction d’un autre point d’eau, Happor Dam, mais nous arrivons un poil trop tard car une harde d’éléphants est en train de repartir.
Nous observons des bousiers qui sont des énormes insectes endémiques de la région. Ces scarabées se nourrissent des bouses d’éléphants qu’ils ramènent en faisant rouler des grosses boules vers leurs terriers. On s’amuse de les voir faire. Nous sommes d’ailleurs mis en garde par des panneaux de la traversée de ces bousiers et nous devons faire attention à ne jamais rouler dans les excréments d’éléphants, riches en biodiversité.
Les phacochères, un peu moins peureux que ceux qu’on avait observés dans d’autres parcs ne semblent pas dérangés par notre présence. Ils se mettent à genou pour manger et lèvent la queue pour courir, ce qui est aussi bien amusant.
La végétation du parc varie selon les endroits où nous roulons mais elle est globalement composée d’arbustes épineux, ce qui ne rend pas facile l’observation des animaux. Les pistes sont en bon état et certaines de la partie au Nord du parc sont même asphaltées, autour de le porte principale d’accès au parc par laquelle nous sommes entrés. Nous roulons toute la matinée ainsi à sillonner le Nord du parc en empruntant la Mpunzi Loop, la Mbabala Loop, la Gorah Loop, la Nzipondo Loop. Quelques points d’eau sont à sec et en fin de matinée, nous voyons un peu moins d’animaux. Il y a aussi beaucoup de vent et ils se mettent certainement à l’abri dans la végétation.
Le point Zuurkop est l’un des rares endroits du parc où nous sommes autorisés, à nos risques et périls, à sortir de notre véhicule. Les lions rodent dans le parc mais on ne pense pas qu’il y en ait ici, durant notre pause-café… Toujours en toile de fond les montagnes du Zuurberg.
Cette fois, ce sont des zèbres des plaines que nous pouvons observer avec leurs rayures alternées de marron et de noir.
Mais aussi quelques singes, des tortues léopards, des chacals à chabraque, quelques petits et gros oiseaux et toujours aussi des éléphants des savanes.
Nous repassons par le point d’eau de Rooidam et cette fois, nous sommes gâtés par la présence de plusieurs éléphants et éléphanteaux en train de boire et de s’asperger d’eau boueuse.
Nous retraversons le parc en direction du point d’eau d’où repartaient les éléphants ce matin en espérant pouvoir les observer durant notre pause repas. Mais c’est en chemin que nous les voyons, bien abrités du vent dans les broussailles. Joli moment, joli cadeau d’anniversaire, à se régaler d’observer de si près ces pachydermes se nourrir des buissons épineux.
Soudain, un bébé traverse la route juste devant la Tiny pour rejoindre sa maman. Superbe ! Magique ! Émouvant !
Un éléphant adulte s’énerve un peu avec la voiture juste devant nous qui a voulu passer trop près de lui. Il se met à redresser ses oreilles, à barrir et à charger vers le 4×4 qui recule juste à temps. Heureusement, l’éléphant renonce à emboutir la voiture. Avec sa force, il n’aurait pas de mal à la retourner.
C’est au bord du point d’eau de Happor Dam que nous faisons un apéro et un repas d’anniversaire mais l’endroit est battu par les vents aujourd’hui soulevant des nuages de poussière et pas d’animaux à observer. Victor reçoit un bracelet, des énigmes réalisées par sa grande sœur, une belle enveloppe commune pour s’offrir une scie à chantourner électrique à son retour et un baptême de plongée dans les semaines à venir, ce qui peut vous donner un indice quant à notre prochaine destination de vacances…
La partie Sud du parc est réputée pour y voir moins d’animaux mais nous nous dirigeons vers la porte de Matyholweni la plus au Sud de façon à traverser tout le parc. Joli détour avec des paysages plus jolis et plus verts qu’au Nord par les boucles de Ngulube Loop et de Vukani Loop. Nous y observons une très grosse tortue.
Nous voyons aussi des bubales roux et des zèbres des plaines (ou Zèbre de Burchell).
En voilà une de plus, de ces belles journées à observer tant d’animaux. Même si nous avons vu moins d’animaux que dans certains parcs notamment en Namibie, ce game drive d’une centaine de kilomètres à travers Addo Elephant Park était quand même merveilleux. Il est moins densément peuplé en antilopes, en félins mais il a la particularité d’être un bel endroit pour y accueillir plus de 480 pachydermes sur une surface de 164 000 hectares. Avant que ce sanctuaire ne soit créé, la population n’était que de 11 éléphants en 1931. Nous avons eu la chance d’en voir plusieurs dizaines.
Malgré nos déjà huit heures passées au volant aujourd’hui, nous roulons une fois sortis du parc, vers l’Est pour avoir moins à rouler demain, où une grosse journée de route nous attend. Pour la première fois en Afrique du Sud, on se fait arrêter par la police. Les trois agents cherchent bien la petite bête mais on leur parle d’autre chose dès qu’ils nous demandent quelque chose sur le camion. On leur parle des éléphants qu’on a vus aujourd’hui… Ils demandent à visiter la Tiny. Non, c’est privé… Ils demandent les papiers du véhicule que je leur présente mais ils sont bien embarrassés avec cette carte grise et ce permis de conduire en français. Je leur montre le plan du parc des éléphants. Je demande si on est bien sur la bonne route pour notre prochaine destination… Ils ne me demandent pas l’assurance. Ça tombe bien car on n’en a pas. Elle n’est pas obligatoire en Afrique du Sud et on n’a pas trouvé d’agents capables de nous en vendre une. C’était déjà le cas en Namibie. A priori, la majorité des Sud-Africains roulent sans assurance. Au bout de 10 minutes, on leur dit avec un grand sourire « bon, c’est bon on peut y aller ? », « Heu, OK, allez-y… » !
Changement de décor et de paysages dès notre sortie du parc. On retrouve des vertes prairies, des champs cultivés et des fermes.
A Kenton on sea, nous trouvons (encore) un charmant bivouac les pieds dans le sable. Comme d’habitude, plusieurs personnes curieuses de notre véhicule et de voir une plaque d’immatriculation étrangère ici, viennent parler avec nous.
Et une délicieuse pizza à la poêle cuisinée entièrement maison par mon amoureuse pour terminer cette belle journée.
Vendredi 15 octobre 2021 :
Voici notre dernier bivouac sur le rivage de l’Océan Indien avant très longtemps, certainement 3 mois. Audrey, après l’école, part marcher un peu sur la plage. Je reste au camion et je reçois la visite d’un charmant couple de Sud-Afs avec qui ma chérie a longuement discuté hier soir, Bridget et Roger, qui viennent nous offrir un petit sachet de rusks cuisinés maison, avec un gentil petit mot et leur photo agrafés dessus. Quelle délicate attention !
Nous roulons le long de la côte, en nous en éloignant parfois pour rouler sur des collines. Nous avons quitté l’axe principal N2 pour privilégier une plus petite route, la R72 qui nous mènera aussi à la grande ville de East London. Les écarts de richesse sont décidément énormes en Afrique du Sud. C’est le premier pays qu’on traverse où on mesure une telle inégale répartition des richesses.
Une fois passée la dernière ville, on sent qu’on rentre progressivement dans une autre Afrique du Sud. Il y a beaucoup moins de voitures sur la route. On revoit comme dans d’autres pays des locaux marchant sur de grandes distances le long de la route. On retrouve des minibus de transports en commun s’arrêtant au milieu de nulle part pour prendre de nouveaux passagers. On aperçoit quelques vaches, chèvres et poules autour des modestes maisons. Certaines ont des enclos pour accueillir les animaux la nuit. Malheureusement, on voit de plus en plus de déchets aussi autour de ces petits hameaux. Sur une longue distance, il n’y a d’ailleurs plus de villes mais que des petits bourgs de quelques petites maisons.
Cette route est donc peu empruntée et il n’y a pas de stations-services. Comme c’est bien vallonné et qu’il y a de longues côtes, je consomme aussi un peu plus que d’ordinaire. C’est sur la réserve du réservoir de gasoil que je parcours les derniers kilomètres. Ouf, nous arrivons à East London. La station n’est plus qu’à 1 kilomètre quand tout à coup, le moteur se met à brouter. Panne sèche ! Je suis sur la mauvaise file pour me garer sur la bande d’arrêt d’urgence et je dois un peu tirer sur le moteur, au risque de le désamorcer, pour laisser passer le camion que je suis en train de doubler. Heureusement, on a toujours un bidon de réserve de 20 litres avec nous.
Avant de redémarrer, je mets en route la pompe de gavage électrique pour réamorcer le circuit (la pompe à Phiphi). Mais avec le bruit de la circulation, je ne me rends pas compte qu’elle ne fonctionne plus. Au moment de redémarrer, le circuit de gasoil n’est donc pas réalimenté et je dois tirer sur le démarreur. Mais au bout de deux sollicitations de ce dernier, la batterie est à plat. Elle avait déjà manifesté des signes de faiblesse il y a une dizaine de jours. Cette fois, c’est sûr, elle est morte. Le booster électronique de démarrage ne donne pas non plus satisfaction car il n’est pas fait pour tirer longtemps non plus sur le démarreur et il se met en défaut. Je n’ai pas de câbles de démarrage car on me les a volés sur le port de Mombassa. Pas cool…
Nous traversons la 2×2 voies avec Audrey pour aller voir si la station-service vend des batteries. Nada. Il est 16h40. Heureusement on est dans une grande ville mais on est vendredi soir et les magasins vont fermer. Je commande immédiatement un taxi UBER et par chance, il arrive en 5 minutes, juste le temps que je trouve un magasin sur Google. On y arrive mais malheureusement, ce n’est pas un magasin mais une usine de fabrication de batteries. Je trouve une autre adresse qui ferme à 17h30, mais une fois arrivés sur place, le magasin est déjà fermé. Encore une nouvelle adresse, à quelques kilomètres. Le chauffeur du taxi, Samora, a compris l’urgence et ma crainte de devoir passer la nuit sur le bord de l’autoroute ou bien de devoir faire appel à une dépanneuse. Il roule à toute allure, double les véhicules en créant de nouvelles voies de circulation, grille un feu rouge. On arrive au magasin qui a déjà baissé ses rideaux. J’entre par une petite porte entrebâillée, ce que me reproche le patron. Je lui explique ma détresse et que ma femme et mes enfants sont en panne sur le bord de l’autoroute. Il comprend ma peine et ne m’accorde d’ailleurs pas de remise commerciale. Tant pis… j’ai une batterie neuve. Retour 45 minutes plus tard à la Tiny. La course de 19 km et 45 minutes ne m’a coûté que 7,60€. Le moteur dans un nuage noir de gaz d’échappement ronronne de nouveau. Ouf, encore une galère de réglée.
Nous traversons cette ville industrielle sans trop d’intérêt. Il y a une énorme usine Mercedes qui produit des Classe-C qu’elle exporte en Europe et aux États-Unis. Le centre-ville est assez délabré et très sale. Les bâtiments de l’époque victorienne dépérissent et certains sont squattés. Nous nous dirigeons vers les beaux quartiers de Beacon Bay où nous arrivons à notre rendez-vous un peu en retard chez une famille de Sud-Africains que nous avions rencontrée dans le Parc National du Cederberg à la fin du mois d’août. Anaïs continuait d’échanger depuis avec la fille de son âge. Les deux adolescentes ont donc fait en sorte qu’on puisse de nouveau se revoir.
Nous passons un magnifique moment avec Tina et François, un couple d’Afrikaners vivant dans un beau quartier d’East London. Anaïs et Victor sont ravis aussi de passer du temps avec leurs trois filles, Cisca, Anje et Iza ainsi que deux autres copains, Chris et Nicolas.
Samedi 16 octobre 2021 :
Tina et François nous amènent ce matin nous promener sur la plage de Nahoon. Puis nous partageons un dernier moment tous ensemble autour de cappuccinos et de quelques cornets de glaces.
Cette rencontre a été rapide mais les enfants sont très tristes de quitter leurs petits copains. C’est la difficile concession de la vie nomade que nous menons. Certaines rencontres même éphémères sont intenses et on accroche vite avec quelques personnes à tel point que les adieux sont difficiles. Bien qu’on espère à notre tour recevoir ces personnes un jour en France, on sait que ce sera difficile pour la majorité d’entre eux. Heureusement, WhatsApp ou Instagram permettent de garder des contacts virtuels malgré la distance.
C’est le départ et je ne mets pas longtemps à reprendre déjà contact avec François… car nous tombons encore en panne… à deux kilomètres de chez eux. Je soupçonne en effet une fuite de carburant au niveau d’un porte injecteur. Par précaution, alors que nous sommes encore en ville, je m’arrête et avec Audrey, on inspecte le moteur et effectivement, on trouve un goutte-à-goutte sur une vis d’un raccord banjo sur le tuyau de retour de diesel fixé au troisième porte injecteur. Il est dévissé et je donne un tour de clé de 10 mm mais malheureusement, la petite vis casse !
Angoisse, je n’en ai pas de rechange. Notre chance est qu’on est en ville et que François répond aussitôt dès que je l’appelle. Il nous rejoint 5 minutes plus tard et se met à appeler quelques spécialistes en ville mais on est samedi midi et tous les magasins ferment pour le week-end. Mais son voisin bricoleur confirmé nous promet de nous aider. Par chance, j’ai une vis dans ma caisse à outils au bon diamètre et au bon pas (6×100) mais il faut la percer en plein milieu et aussi longitudinalement pour laisser passer le gasoil. Nous arrivons chez Rod que j’avais déjà rencontré ce matin et à qui j’avais fait visiter la Tiny. Rod est bien équipé en outillage et possède un tour et une perceuse colonne qui lui permet en quelques dizaines de minutes de percer proprement deux trous perpendiculaires dans cette petite vis. Heureusement, Tina, qui confectionne des bijoux, a le bon diamètre de foret.
Retour à la Tiny qui se met à ronronner quelques instants plus tard. Il n’y a plus de fuite ! Merci François et merci Rod ! Encore une fois, la chance nous a souri dans cette nouvelle galère.
Nous pouvons reprendre la cavale mais après tous ces problèmes accumulés au cours des derniers jours, on n’est vraiment pas rassurés. On écoute chaque bruit du moteur. On le soupçonne de mal fonctionner car la route prend vite de l’altitude et il y a un très fort vent latéral. On n’est pas rassurés d’autant plus qu’on s’enfonce désormais dans une Afrique du Sud plus profonde où il n’y aura plus de grandes villes et de garages comme on a pu avoir ces dernières semaines en traversant régulièrement des grandes agglomérations. Mais qu’importe, on en a vu d’autres, et la chance nous sourira encore si on a une galère. Mais ça serait quand même bien que cela s’arrête car on en a quand même un peu bavé ces derniers temps. Mais non, tout fonctionne bien. Il faut y aller et une longue étape de plus de 700 km doit nous mener vers notre prochaine destination au nord du Lesotho, ce tout petit pays enclavé en Afrique du Sud.
La route N6 file donc plein Nord, laissant une bonne fois pour toute l’Océan Indien derrière nous. Rapidement, on se retrouve sur des plateaux à plus de 1000 mètres d’altitude avec un passage de col à plus de 1800 mètres. Les paysages changent radicalement. On entre de nouveau dans une Afrique plus profonde. Les habitants sont maintenant très majoritairement Noirs. Nous traversons très peu de villages, encore moins de villes mise à part Queenstown.
Le Soleil se couche déjà, 45 minutes plus tôt que dans la région du Cap où nous étions il y a quelques semaines, et il nous reste encore quelques dizaines de kilomètres pour arriver dans la prochaine ville. Les lumières du crépuscule sont incroyablement belles et nous récompensent de notre longue étape de route de plus de 340 km, un record depuis bien longtemps mais on en avait besoin pour d’une part avancer dans notre progression vers de nouveaux horizons mais surtout pour se rassurer du parfait fonctionnement de notre Tiny. Une seule courte et réparatrice pause pour boire un café durant ces 5 heures consécutives de route.
A la tombée de la nuit, nous nous garons sur un large trottoir dans un quartier résidentiel de la ville de Aliwal North, et nous ne tardons pas à tomber dans les bras de Morphée.
Dimanche 17 octobre 2021 :
Anaïs n’est pas très en forme ce matin et ne peut terminer sa séance de lycée. Victor qui a besoin d’une heure de moins chaque matin termine donc plus tôt et c’est vers 11 heures que nous prenons la route. Une longue étape aujourd’hui nous attend. Une journée de route pour nous diriger vers la région du Haut Drakensberg réputée pour ses jolis paysages.
Nous franchissons la Orange River, cette rivière près de laquelle nous avions passé notre quarantaine post Covid à la frontière de la Namibie et de l’Afrique du Sud, à plus de 900 km à vol d’oiseau de là.
Nous contournons le Lesotho. Ses frontières sont ouvertes mais nous n’avons pas le temps de nous y rendre et nous voulons aussi faire l’économie des visas et des tests PCR pour y entrer et pour entrer de nouveau en Afrique du Sud quelques jours après. Mais nos amis Isa et Manu nous ont conseillé de ne pas rater cette route qui contourne ce pays par l’Ouest et le Nord. Et encore une fois, on fait bien de suivre leurs conseils.
Le royaume du Lesotho, est très montagneux et sans accès à la mer, entièrement enclavé dans le territoire de l’Afrique du Sud, dont il est économiquement dépendant. Ancien protectorat britannique, le pays a accédé à l’indépendance en 1966. Sa capitale et la seule grande ville est Maseru près de laquelle nous passons. Le Lesotho compte environ deux millions d’habitants. Il couvre une superficie d’un peu plus de 30 000 km², soit une superficie comparable à celle de la Belgique. Le Lesotho est un pays pauvre. En 2014 l’indice de développement humain (IDH) le classe en 161ème position sur 188 pays. L’espérance de vie à la naissance était de 60 ans en 1989 mais a chuté jusqu’à 42 ans en 2006 en raison du VIH qui contamine 23% des habitants. Elle remonte depuis l’accès aux traitements génériques et est de 54 ans en 2019.
La route qui longe la frontière est en bon état, du moins au début car on a le droit à un asphalte tout troué sur quelques dizaines de kilomètres. Qu’importe et puis on en a vu d’autres, des routes trouées, durant notre cavale.
Nous découvrons rapidement la ville de Fouriesburg avec quelques jolies maisons.
Finalement, l’objectif qu’on s’était fixé de rejoindre la ville de Clarens en trois jours depuis East London que nous avons quittée hier midi semble atteignable pour ce soir. 713 km parcourus en deux grosses après-midis de route. Nous voici rassurés sur le parfait fonctionnement de la Tiny…
Joli bivouac près du centre-ville que nous irons découvrir demain. Puis nous profiterons les jours à venir de la région du Haut Drakensberg où nous venons d’arriver.