Vendredi 14 janvier 2022 :

Ce matin, notre famille qui passe ses derniers jours en notre compagnie sur l’île de La Réunion a décidé de se faire plaisir et de s’offrir un survol de l’île intense en hélicoptère. Autant vous dire qu’on scrutait la météo depuis plusieurs jours pour savoir si les conditions seraient bonnes ce matin car toute la semaine a été très nuageuse. Mais vous l’avez compris, la météo sur l’île est imprévisible, surtout en cette saison des pluies qui commence à s’installer avec un peu de retard. Même la compagnie aérienne n’a pas pu confirmer la veille au soir si le survol de ce matin aurait bien lieu. Même en arrivant ce matin à 6h30 à l’Aéroport de Saint-Pierre-Pierrefonds, ce n’est pas encore certain que le vol va se faire, bien que les sommets de l’île semblent dégagés. C’est le pilote qui fait un dernier point météo un quart d’heure avant de s’envoler. Il est 6h45, les rotors de l’hélico H120 se mettent à tourner. Youpi ! Quelques minutes plus tard, ma marraine, mon papa et mes beaux-parents s’envoient en l’air pour un grand tour de l’île de 55 minutes. Baptisé « L’Excellence », ce survol avec la compagnie Corail Hélicoptères va leur permettre de voir les principales beautés de La Réunion. Huguette à l’avant avec le pilote Sylvain, et les trois plus jeunes à l’arrière de l’appareil. De par les grandes ouvertures, et les multiples virages que va faire l’hélico, tous vont pouvoir profiter d’une vision panoramique.

Tout commence par un survol de Saint-Pierre et de son lagon.

Puis le vol file vers la Rivière des Remparts.

Puis, c’est la région du Volcan de la Fournaise avec le Cratère Dolomieu, l’Enclos Fouqué, les remparts, la Plaine des Sables.

Par chance, l’éruption est toujours en cours pour le 25ème jour consécutif (et l’avant dernier car il va s’éteindre brusquement à 2 heures du matin dans deux jours). Ils ont donc la chance de faire quelques ronds dans les airs et de survoler de près la marmite bouillonnante du cratère et de voir les coulées de lave qui s’étirent vers les remparts.

Direction à présent les hautes plaines situées à 1600 mètres d’altitude entre les deux volcans avec le survol de La Plaine des Palmistes avec à l’horizon le Piton des Neiges. 

La Forêt de Bébour-Bélouve est ensuite survolée avec le Grand Etang, les cascades du Trou de fer et de Takamaka.

L’hélico poursuit ensuite pour un contournement du Piton des Neiges. Il s’enfonce dans le Cirque de Salazie.

Puis, celui de Mafate.

Enfin, celui de Cilaos.

Avant de revenir à son point de départ en survolant Saint-Louis, L’Entre-Deux, Saint-Pierre et son lagon.

Huguette, mon papa, Liliane et Daniel sont ravis de leur tour. Les conditions météo ont été au top durant tout leur vol. Nous rentrons à la case pour qu’ils nous racontent cette expérience autour du petit-déj et des derniers mantécaos et oreillettes confectionnés par mon papa.

Ils savourent d’autant plus leur chance que la météo change d’un coup et que de gros nuages arrivent en quelques minutes comme souvent au cours de la matinée.

La journée se passe à se reposer, à jouer, à faire des Sudoku ou à dessiner sur la tablette graphique avec papi, mamie et Huguette, à faire des plongeons dans la piscine, à se désaltérer, à écrire le blog, à regarder deux passionnants documentaires sur la piraterie à La Réunion suite à l’intéressante expo sur les pirates qu’on a vue au musée Stella Matutina il y a quelques jours.

Nous annonçons aux enfants qu’on a dû modifier nos billets d’avion pour rejoindre l’Afrique du Sud via… Paris. Comme je vous l’ai expliqué dans le dernier article, nous n’avons pas d’autre choix que de transiter par la France pour rejoindre notre Tiny en Afrique du Sud car notre vol direct du 30 janvier a été annulé. Pour éviter de s’enchainer deux vols de 11 heures avec une longue attente à Roissy CDG entre les deux, nous allons mettre à profit ce passage par la France pour aller faire un petit aller-retour éclair en TGV à Poitiers en famille. Et là, les enfants sautent de joie à l’idée de retrouver les tatas, tontons et petits cousins ! Nous allons enfin faire la connaissance de Yuna ! On va pouvoir lui faire de gros câlins ainsi qu’à Ethan et Elsa…

Samedi 15 janvier 2022 :

Aujourd’hui, nous prenons la Route des Plaines avec une belle vue sur le Piton des Neiges. Petit déjeuner pique-nique sur une aire bien agréable comme partout sur l’île.

Nous nous rendons à Bourg-Murat où nous allons visiter la Cité du volcan. Ce centre pédagogique et scientifique international propose une muséographie innovante, rénovée en 2014, qui permet de parfaitement s’imprégner de l’histoire géologique de La Réunion. Tous les sujets complexes du volcanisme sont abordés de façon ludique et pédagogique. Une immersion au cœur des volcans est rendue possible grâce à de nombreuses technologies innovantes, tels que des maquettes, des tablettes interactives grand format, des dispositifs holographiques, une projection panoramique sur écran géant, un cinéma dynamique 4D. La réalité virtuelle permet de vivre une expérience unique d’immersion au cœur d’une éruption volcanique, où nous pouvons marcher à proximité d’une coulée de lave et voir des projections volcaniques tomber autour de nous.

Nous apprécions de mieux comprendre comment La Réunion s’est formée. Il y a environ 8 millions d’années, par 4500 mètres de fond, deux volcans sous-marins apparaissent sur le plancher océanique de l’Océan Indien. Il faut attendre près de 4 millions d’années d’activité sous-marine pour que les volcans du Piton des Neiges et des Alizés fassent surface.

Pendant les 3,5 millions d’années qui vont suivre, les deux volcans se construisent et grandissent. Leur activité est similaire à celle que l’on peut connaître aujourd’hui sur le Massif de la Fournaise, avec des régions actives où s’accumulent les coulées de lave et d’autres sans éruption où les rivières creusent des vallées. Il semble qu’à l’époque, l’activité du Volcan des Alizés est moins importante que celle du Piton des Neiges.

Il y a 500 000 ans, l’activité du Volcan des Alizés s’essouffle. Ses éruptions deviennent moins fréquentes et ses laves sont moins fluides. Le Piton des Neiges, toujours aussi actif continue de s’élever.

450 000 ans avant notre ère, de gigantesques glissements de flancs affectent le Volcan des Alizés. Pour lui, c’est la fin. Un nouveau volcan, le Piton de la Fournaise, se construit sur les restes. A l’Ouest, l’activité du Piton des Neiges est très faible.

Il y a 400 000 ans, l’activité intense du Piton de la Fournaise lui permet de se construire rapidement. Pendant ce temps, l’activité du Piton des Neiges se fait rare et l’érosion creuse de grandes vallées sur ses flancs.

Il y a 390 000 ans, le Piton des Neiges retrouve de l’activité avec des laves plus pâteuses. 190 000 ans plus tard, de gigantesques éruptions explosives, très violentes, dévastent une grande partie de l’île et ses produits vont la recouvrir sur presque toute sa surface.

Il y a 20 000 ans, l’activité du Piton des Neiges s’arrête. Cette période de calme est propice à l’intense travail d’érosion qui continue toujours à façonner les paysages d’aujourd’hui. La Fournaise poursuit son activité.

Bref, encore un musée captivant qui nous a tous beaucoup intéressés.

Nous adorons l’exposition « La Poésie du Feu » du photographe Christian Holveck qui présente des clichés de ouf !

La case de nos amis Alex et François est toujours si agréable à vivre !

Dimanche 16 janvier 2022 :

Ce matin, direction le Lagon de Saint-Pierre, où nous nous mettons à l’eau chauffée à 29°C pour aller découvrir les poissons tropicaux évoluant autour des coraux. Avec Audrey et Victor, nous nous retrouvons entourés d’un énorme banc de poissons jaunes et noirs. Certainement des milliers. Instant magique et inoubliable comme beaucoup de moments que nous vivons d’ailleurs ici.

Nous allons à présent visiter le Cimetière de Saint-Pierre et en particulier la tombe d’un certain Simicoudza Simicourba, dit Sitarane. Né dans une famille de sorciers en 1858, mort en 1911, Sitarane était un célèbre bandit, voleur, sorcier et assassin de l’île. Il fut surnommé « le vampire de La Réunion ». Arrivé sur l’île à l’âge de 20 ans avec un contrat d’engagé, il abandonne son emploi deux ans plus tard et entre en clandestinité. Il fait connaissance de deux autres malfaiteurs avec lesquels il commet de nombreux vols puis trois assassinats où les assassins boivent le sang de leurs victimes. Une douzaine de meurtres seraient à leur actif. Deux des trois brigands furent condamnés à mort et guillotinés. Curieusement, seul le nom de Sitarane demeure dans l’histoire locale. Depuis sa mort, sa réputation ne cesse de croître. Sa tombe, toujours fleurie et garnie de bougies et de cierges, est aujourd’hui l’objet d’un véritable culte, de cérémonies de magie noire, de rites mystérieux. De nombreuses personnes, en échange d’offrandes de Rhum Charrette, vin rouge, cigarettes lui demandent de répandre le bien ou le mal et de commettre des actes inimaginables. On prétend aussi que tous ceux qui envisagent un crime ou un hold-up ou l’assassinat d’une personne, vont prier la nuit sur la tombe de Sitarane pour que son esprit démoniaque favorise leur entreprise. Nous rencontrons sur la tombe du brigand, un monsieur qui vient se recueillir, porter des fleurs et prier. Nous l’abordons pour savoir quelles sont ses intentions !! Pas de magie noire, il nous explique en créole qu’il vient juste une fois par an en début d’année pour prendre des forces et du courage pour effectuer son difficile métier de maçon. Belle rencontre.

Nous nous régalons ce midi de bol renversés, un plat mauricien d’origine chinoise qu’on trouve beaucoup à La Réunion. Il s’agit d’un monticule de riz, accompagné de divers légumes revenus (carottes, courgettes, choux chinois, poivrons, maïs, champignons noirs, ail, oignons, gingembre frais) et de viandes marinées (porc, poulet ou bœuf), de crevettes et recouvert d’un œuf, le tout assaisonné de sauce soja ou de sauce d’huîtres.

Puis nous prenons la route pour le Centre Bouddhiste Takchen Tcheulang fondé à Mont-Vert-les-Hauts par Do Khyentsé Rinpoché, un maître tibétain de la lignée Nyingmapa. Un pratiquant du centre nous fait la visite du temple et nous explique le côté sacré de la décoration, des éléments architecturaux et de quelques rituels tibétains. Intéressant.

Retour à la case avec un peu le même programme qui se répète tous les soirs. On ne s’en lasse pas !

Lundi 17 janvier 2022 :

Réveil 5h30. Oui, encore un. Nos invités vont être décalqués en rentrant en métropole dans quelques jours !!! Mais jusqu’à présent, quand on s’est réveillé de bonne heure pour arriver avant les nuages sur les plus beaux points de vue de l’île, nous n’avons jamais regretté, que ce soit pour aller au Maïdo pour avoir la vue panoramique sur le Cirque de Mafate, pour aller dans le Cirque de Cilaos ou encore pour aller faire la boucle de la Route des laves autour du Volcan de La Fournaise.

Direction, alors que le jour est à peine levé mais que le coq du voisin chante déjà depuis 3h30 du mat’, vers la Forêt de Bébour-Bélouve. Depuis la Route des plaines, juste avant La Plaine-des-Palmistes, nous empruntons la route forestière qui nous fait franchir le Col de Bébour puis traverser la Forêt de Bébour cultivée de cryptomerias. Puis la route s’enfonce dans l’impénétrable Forêt de Bélouve.

Tout au bout de cette route en cul-de-sac, nous arrivons au Gîte de Bélouve, où nous avions dormi il y a quelques semaines avant notre ascension du Piton des Neiges. C’est d’ici que nous avons un panorama exceptionnel sur l’ensemble du Cirque de Salazie et les montagnes qui le ceinturent dont l’indétrônable, le majestueux Piton des Neiges. Aucun regret encore une fois de s’être levés tôt pour pouvoir contempler ce paysage. Quel bel endroit pour prendre le petit-déjeuner !

Après avoir repris des forces , nous partons marcher 4 kilomètres dans la forêt primaire d’altitude imbibée d’humidité. Une balade privilégiée dans le cœur du Parc National de La Réunion et dans un site classé au Patrimoine mondial par l’UNESCO. Ces forêts indigènes de montagne sont parmi les plus vastes de l’île. Leur biodiversité exceptionnelle leur donne une place très importante. Cet écosystème regorge d’espèces animales et végétales endémiques. Nous admirons les arbres tortueux, enchevêtrés et couverts d’épiphytes et de lichens, de barbes de Saint-Antoine. Nous adorons ce fouillis végétal impénétrable duquel émergent les fougères arborescentes et des orchidées sauvages. C’est l’une des forêts de La Réunion qui produit le précieux bois de tamarin des hauts, un acacia endémique utilisé dans l’ébénisterie traditionnelle locale.

Le fort taux d’humidité et la forte chaleur ne facilitent pas notre progression sur ces chemins très glissants. Toute la petite troupe marche bien durant les 3 heures de rando.

Un sandwich américain gratiné nous remet en forme à Saint-André.

Tests Covid pour la famille qui repart déjà demain vers la métropole. Ouf, tous négatifs.

C’est parti pour La Vanilleraie, la dernière visite avec notre famille. Située au cœur d’une authentique propriété créole, le Domaine du Grand Hazier à Sainte-Suzanne est le fruit de la rencontre entre une quarantaine de producteurs de vanille implantés sur trois terroirs bien distincts et les propriétaires du domaine. Nous faisons une visite guidée de l’exploitation installée dans une ancienne écurie datant de 1897.

Sainte-Suzanne est le berceau de la culture de la vanille à La Réunion. C’est en effet ici, sur les terres du lieu-dit Belle Eau, qu’ont été implantés les premiers vanilliers. C’est également à Sainte-Suzanne qu’a été découvert le procédé de fécondation de la fleur du vanillier par un jeune esclave originaire de la commune, dont je vous reparlerai plus tard. La vanille Bourbon de La Réunion est reconnue internationalement et celle en particulier de La Vanilleraie a reçu de nombreuses récompenses, notamment au Salon de l’Agriculture de Paris.

Petit historique de la vanille Bourbon, la meilleure vanille du monde. Elle fait partie de la famille des orchidées, c’est la seule orchidée dont le fruit est comestible. Elle est d’ailleurs considérée comme une épice. La famille des vanilles comprend 110 espèces dont seulement 3 sont utilisées pour leur arôme. La plus aromatique d’entre elles, Vanilla planifolia, est originaire du Mexique. Les origines de la vanille et de son utilisation remontent au 16ème siècle, lorsque la plante est découverte par les conquérants espagnols, en Amérique du Sud. Bien avant les Européens, les Aztèques avaient compris comment sublimer la vanille et s’en servaient pour adoucir les breuvages cacaotés. Elle était aussi mélangée à de l‘encens et utilisée lors des cérémonies religieuses. Dès son importation en Europe dans le milieu du 16ème siècle, le succès est fulgurant et la vanille est présente à la table de toutes les cours européennes.

Introduite pour la première fois à La Réunion en 1819 dans le but d’y être cultivée, la vanille reste une culture confidentielle pendant plus de 20 ans, faute de fructification naturelle (l’abeille fécondant naturellement le vanillier au Mexique n’étant pas présente à La Réunion). Il faut attendre 1841 pour qu’Edmond Albius, un jeune esclave âgé de 12 ans, trouve le procédé de pollinisation manuelle de la vanille, encore utilisé de nos jours. La culture de la vanille va alors connaitre un développement de grande ampleur sur l’île de La Réunion. Malheureusement, les gousses de vanille se fendent à maturité et perdent de leur valeur commerciale. Il faudra toute l‘ingéniosité de deux producteurs réunionnais, Ernest Loupy et David De Floris, pour mettre au point un procédé de préparation de la vanille permettant à la gousse de vanille de développer tout son arôme sans se fendre (procédé toujours utilisé de nos jours). Grâce au climat tropical, favorable à l’épanouissement de l’épice, la culture de la vanille Bourbon est indissociable de l’histoire de l’île. Des feuilles et gousses de vanilliers se trouvent d’ailleurs sur les armoiries de l’île de La Réunion.

Grâce à cette découverte majeure, La Réunion deviendra le premier pays producteur de vanille au monde à la fin du 19ème siècle avec près de 200 tonnes de vanille exportées. La culture de la vanille va ensuite gagner les îles voisines des Comores puis de Madagascar pour y connaître un développement conséquent. Avec 1200 tonnes produites dans les années 30, l’île de La Réunion, anciennement appelée l’île Bourbon, produisait à elle seule les ¾ de la production mondiale ! La vanille devient alors vanille bourbon, en hommage à son lieu d’origine. Aujourd’hui, la production est de quelques dizaines de tonnes.

Nous faisons une visite guidée de l’exploitation. Durant environ 2 heures, nous découvrons tous les secrets de la culture des vanilliers : de la plantation de la liane à la transformation de la gousse de vanille.

Parlons à présent de la culture de cette délicate orchidée que cultivent avec attention et passion de nombreux petits producteurs. La vanille est un produit noble et nécessite une très grande attention et beaucoup de travail (d’où son prix de presque 4€ la gousse), chaque étape étant très importante afin d’obtenir un produit de qualité. Tout se fait à la main dans le plus grand respect de la nature. La mécanisation est strictement interdite ainsi que tous produits de pesticides et d’engrais chimiques. La vanille est 100 % naturelle. Voici les différentes étapes :

La multiplication se fait par bouturage, il faut attendre trois voire quatre ans avant qu’un pied de vanille donne ses premiers fruits, l’espérance de vie d’un vanillier est d’un peu plus d’une dizaine d’années. Le mode opératoire de la fécondation est très complexe. La floraison et la pollinisation ont lieu de début septembre à fin décembre. Chacune doit être fécondée à la main très tôt le matin et par temps sec. La fleur est éphémère donc si elle n’est pas fécondée le jour même il n’y aura pas de vanille. On saisit la base de la fleur en plaçant son index sous la tête, on déchire avec une épine de citronnier ou une aiguille de bois la corolle afin de mettre à découvert les organes sexuels. On soulève la languette supérieure de l’organe femelle afin de la redresser et la cacher sous l’organe mâle, on aide cette inclinaison avec le pouce en exerçant une petite pression pour amener le pollen au contact du stigmate, la fleur est ainsi fécondée. La fleur est réussie quand elle se flétrie et se maintient au sommet de l’ovaire on dit alors « que la fleur a noué ». Six semaines après, le fruit, appelé gousse, atteint sa taille adulte.  Cette gousse atteindra sa maturité vers le neuvième mois.

La récolte se fait vers le mois d’août quand l’extrémité de la gousse prend un aspect jaunâtre sur un centimètre.

Vient ensuite l’étape de la transformation. L’échaudage consiste à plonger les gousses dans une eau chauffée à 64° durant 3 minutes, elle a pour but d’arrêter toute végétation des gousses.

Ensuite, l’étuvage consiste à mettre les gousses dans des couvertures durant 12 à 16 heures afin de les faire transpirer. On dit que la vanille sue, elle prend une couleur marron. Le séchage se fait en disposant la vanille sur des claies, quelques heures par jour au Soleil durant plusieurs semaines afin qu’elles perdent l’eau et deviennent plus souples. Étant donné le climat pluvieux sur cette partie de l’île, il est nécessaire de rentrer à l’abri et de ressortir les gousses au Soleil plusieurs fois par jour. Elles finissent de sécher à l’ombre.

Le triage des gousses sèches s’effectue manuellement en fonction de leur taux d’humidité et de leur taille.

L’affinage se fait en mettant les gousses de vanille dans des malles en bois pendant plusieurs mois. C’est durant son passage en caisse que le parfum de vanille s’affirme. Il faut contrôler une fois par semaine ces malles afin de vérifier le taux d’humidité et d’enlever les gousses qui peuvent moisir. La qualité de cet affinage détermine sa valeur marchande.

Nous achetons évidemment quelques gousses qui peut-être permettront de préparer des recettes de la meilleure gastronomie créole. J’imagine bien ma belle maman très douée en cuisine nous préparer à notre retour en France dans quelques mois un canard à la vanille, ou bien un carpaccio de Saint-Jacques à la vanille, ou bien encore des filets de poulet marinés à la vanille, à moins qu’elle ne préfère une blanquette de lapin à la vanille, avant de terminer si possible par des douceurs de gâteau patate douce à la vanille ou bien une mousse d’ananas Victoria à la vanille… Et j’imagine bien mon beau papa préparer un petit rhum arrangé parfumé à la vanille Bourbon. Je crois que le message est passé…

Durant la visite, nous voyons deux jolis lézards verts de Manapany, endémiques de l’île.

Retour à la case à l’autre extrémité de l’île.

Mardi 18 janvier 2022 :

Derniers bouclages des valises de notre famille qui s’en va déjà ce soir. Rangement, ménage. Derniers plongeons pour profiter des 30°C de la piscine et de l’air ambiant avant d’affronter des températures glaciales demain matin.

Ce matin, je pars récupérer à l’aéroport nos amis François et Titouan qui ont terminé leurs vacances en métropole. Alex et Enora suivront dans quelques jours.

Puis, dans l’après-midi, c’est l’heure de retourner à l’aéroport pour cette fois emmener mon papa, ma marraine et mes beaux-parents qui montent dans l’avion pour rentrer en métropole. Nous avons tellement profité de ces moments passés en famille et nous sommes tellement heureux d’avoir pu faire visiter dans de telles conditions cette île intense à nos proches. En tout cas, eux comme nous, sommes ravis de ces trois semaines passées ensemble. Cela n’a pas été de tout repos pour eux tous les jours mais ils ne semblent pas trop nous en vouloir ! Les séparations sont un peu moins douloureuses que lors des dernières fois où on les a ramenés à l’aéroport. Car d’une part, on commence à avoir l’habitude (ils nous ont déjà rejoint dans plusieurs pays : Pérou, Bolivie, Maroc, Grèce, Ouzbékistan, Laos, Thaïlande, Autriche), et d’autre part, on se revoit dans quelques jours en France. Ça fait juste bizarre de se dire « allez, à la semaine prochaine, on se revoit à 10 000 km de là ! ».

Mercredi 19 janvier 2022 :

Journée repos, école, blog, discussion avec François. Puis, en fin de journée nous répondons à l’invitation d’Agnès et de Yonel. Agnès est l’instit’ de l’îlet des Orangers dans le Cirque de Mafate avec qui Alex et François nous avaient mis en relation. Nous l’avions rencontrée et nous étions intervenus dans sa classe dans le cirque où elle vit et enseigne la semaine. Le week-end, elle rejoint sa famille dans l’adorable village de L’Entre-Deux, un charmant village qu’on aime beaucoup. Tous deux ont aussi beaucoup voyagé et ils ont invités pour l’occasion un autre couple, Flo et Lilian, qui partent dans les prochains mois faire un tour d’Europe en camping-car. Je vous laisse deviner les sujets de conversation abordés lors de ce sympathique apéro partagé également avec une autre voisine, Catoche.

Mais nous ne trainons pas car le couvre-feu instauré sur toute l’île nous impose de rentrer avant 21 heures à la case.

Jeudi 20 janvier 2022 :

Un peu le même programme qu’hier. Tout doux, à savourer la vie et ce qu’elle nous apporte. Bon comme je n’ai pas grand chose à vous raconter aujourd’hui, je vous mets un petit mélange de photos de Gouzous de l’artiste Jace prises aux différents coins de l’île.

Vendredi 21 janvier 2022 :

Ce matin, j’emmène Victor à Saint-Leu pour qu’il profite de son cadeau d’anniversaire qu’il avait reçu au mois d’octobre dernier : un baptême de plongée ! La sympathique équipe de Scubananas le prend en charge, ou plutôt nous prend en charge car au dernier moment, je demande s’il y a de la place sur le bateau pour accompagner Victor, et ils me proposent de prendre gratuitement place à bord et me prêtent même une combinaison, des palmes, un masque et un tuba pour que je profite de faire un peu de snorkeling le temps de la plongée de Victor. C’est une première pour Victor. Il est très à l’aise dans l’eau d’ordinaire mais là, les conditions ne sont pas les mêmes : profondeur, nage avec palme et surtout respiration avec la bouteille de plongée, peur de rencontrer un requin car on évolue hors du lagon… Mais Léa qui le tient par la main durant les premières minutes arrive à bien le mettre en confiance. Il plonge durant 25 minutes jusqu’à 6 mètres de profondeur et revient enchanté de son expérience. Il a vu de superbes coraux et de nouvelles espèces de poissons tropicaux qu’on n’avait pas encore vues dans les différents lagons.

Retour en Zodiac comme à l’aller vers le Port de Saint-Leu. Nous devons faire un détour pour contourner la barrière de corail. Nous longeons le littoral et nous prenons encore plus conscience de l’importance des travaux de la Route des Tamarins dont je vous ai déjà parlé. C’est la route des Hauts qui évite l’ancienne route embouteillée qui passait dans toutes les villes balnéaires de l’Ouest. Cette route express ouverte à la circulation en 2009 est particulièrement remarquable : sur seulement 33 km, il y a précisément 123 ouvrages d’art (4 de catégorie exceptionnelle dont le viaduc de Saint-Paul qui, sur 756 mètres de longueur, prend 35 mètres de dénivelé).

Après-midi sieste pour nous deux pour récupérer de notre effort de ce matin ! Puis nous passons encore une bien belle soirée avec Flo, Jé et leur fils Enzo que nous avons déjà eu l’occasion de voir à plusieurs reprises chez Alex et François.

Samedi 22 janvier 2022 :

Après le cadeau d’anniversaire hier, c’est aujourd’hui le cadeau de Noël dont nous profitons tous les 4. Le Père Noël nous a offert une sortie sportive d’exploration des tunnels de lave créés lors de l’éruption de La Fournaise de 2004. Par chance, comme l’éruption du mois de décembre dernier est juste terminée, nous pouvons de nouveau partir à la découverte des tunnels de lave depuis seulement deux jours. Nous avons fait le choix de passer par la société Rando volcan et Franck est notre guide. Nous nous retrouvons dans le Grand Brûlé, la partie basse de l’enclos du Piton de la Fournaise, sur la Route des laves, parallèle à l’océan. Nous voyons bien aujourd’hui les Grandes Pentes. Comme le nom l’indique, c’est la partie bien pentue entre la partie haute de l’enclos du volcan, située à seulement une dizaine de kilomètres mais à plus de 2000 mètres d’altitude et le niveau de la mer où nous sommes. On distingue bien les différentes coulées de lave. On voit aussi nettement le Piton de la Fournaise dominé par le Cratère Dolomieu qui est bien dégagé.

Par chance, nous ne sommes que tous les 4 à partir avec Franck. Il nous explique énormément de choses sur les volcans et en particulier sur celui de La Fournaise bien entendu. Il nous comprend bien intéressé par toute cette géologie fascinante pour laquelle nous nous passionnons depuis notre arrivée sur l’île et trouve que nous avons beaucoup de réponses à ses questions. « Bon, les enfants, vous voyez, le Volcan de La Fournaise n’est pas un volcan dont les éruptions sont de type explosives, savez-vous comment on les appelle ? » Victor : « ben oui, ce sont des éruptions effusives ! ». Bon autant vous dire que Franck se permet de rentrer dans beaucoup de détails techniques et passionnants quant aux phénomènes volcaniques et à la formation des tunnels de lave. Après une courte marche d’approche sur les coulées de lave cordées ou en gratons, nous rentrons dans le vif du sujet en pénétrant dans un des tunnels de lave de 2004 par un trou discret. Par l’un des 10 accès aux tunnels de cette coulée, nous descendons à quelques mètres de profondeur.

Bien équipés d’un casque de spéléologie, d’une puissante lampe frontale, d’une paire de genouillères et d’une paire de gants anti coupures, nous voici partis pour une randonnée volcanique en entrant dans les entrailles de l’un des volcans les plus actifs au monde. C’est parti pour 2h30 sous terre. Nos pupilles s’adaptent vite à l’obscurité et rapidement nous profitons de l’incroyable endroit où nous sommes. Un univers magique qui ne correspond en rien à ce que nous pouvons voir à l’extérieur. Les tunnels de lave sont le résultat d’un phénomène lors des éruptions avec des écoulements de lave qui refroidissent en surface, créant une couche épaisse et solide, et laissant le cœur de la coulée fluide ce qui permet à la lave de continuer à avancer. Une fois que la coulée cesse d’être alimentée par la lave en fusion, elle se vide et donne naissance à des cavités, des galeries de tailles variables et aux formes aléatoires. Il s’agit d’un véritable labyrinthe sous terre, datant de l’éruption volcanique de 2004 qui avait coupé la Route des Laves. Le réseau a déjà été topographié sur 6,5 kilomètres de galeries sur 350 mètres de dénivelé, mais il semblerait que tout ne soit pas encore exploré. C’est l’un des plus longs sur Terre et c’est aussi le plus jeune visitable au monde. Nous en avions déjà visité sur l’île de Pâques et sur l’archipel des Galápagos.

La température est agréable, dans les 25 degrés, mais c’est assez humide. La progression se fait dans le noir complet et le silence absolu, ponctué uniquement par le cliquetis des gouttes d’eau qui s’écoulent par infiltration. Des fissures créées lors du refroidissement de la lave permettent aux racines de la végétation qui renaît en surface de passer.

Nous observons de nombreuses formations géologiques exceptionnelles comme des stalactites de lave, des banquettes de lave, des stalagmites bulbeuses en forme de petits sapins, des parois vitrifiées, des plafonds d’où semble couler du chocolat noir fondant, différentes oxydations du basalte avec de superbes colorations de la roche en jaune, orange ou rouge, des périmorphoses (résidus d’arbres calcinés dont il ne reste que l’empreinte)… On devine, au cœur même de la coulée, le chemin que la lave a parcouru et la manière dont elle s’est déplacée. Difficile d’imaginer qu’il y a quelques années, tout juste 16 ans, de la lave coulait à une vitesse de 100 km/h. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les parois sont si brillantes. La silice, à une température de 1700°C, se transforme en verre. Ici, la silice contenue dans la lave qui s’écoule à 1200°C, s’échauffe encore plus avec la vitesse et le frottement. Du coup, c’est un phénomène de vitrification qu’on voit sur les parois du tunnel. Elles sont de couleur gris métallisé et chocolat, un peu comme un papier aluminium froissé.

Nous progressons dans un dédale de tunnels. La plupart du temps debout ou plutôt courbés, de temps en temps à 4 pattes ou en « canard », parfois même en rampant.

Franck, notre guide passionné que nous recommandons, est au top. Il prend son temps, nous fournit plein d’explications tout au long de l’itinéraire sur le volcanisme et la naissance de ces formations souterraines.

Et voyant qu’on prend tant de plaisir, il nous propose de prolonger un peu le plaisir et de nous emmener hors du circuit touristique classique. Ce sont finalement presque 3h30 que nous passons sous terre. Il nous fait passer par de longs tunnels où nous rampons à plat ventre dans des boyaux où nous devons même mettre la tête couchée sur le côté car sinon, ça ne passe pas en hauteur. Heureusement, nous ne sommes pas claustrophobes… C’est assez physique et la lave est très abrasive sur nos avant-bras. Mais on adore !

Retour vers la civilisation en sortant de ce monde secret peu connu et envoûtant que sont les tunnels de lave de l’île de La Réunion. Nous sortons fatigués mais tellement heureux de cette expérience insolite de visite d’un univers minéral exceptionnel dans les profondeurs du volcan. Un souvenir inoubliable de l’île intense. Encore un.

Franck nous recommande le petit stand d’Armande, une vieille dame qui cuisine de délicieux carry dont nous nous régalons et qui nous permet de reprendre des forces.

C’est la troisième fois que nous empruntons la Route des laves mais la première fois qu’il ne pleut pas. Nous pouvons donc bien profiter des paysages du Grand brûlé calcinés par les coulées de lave qui parfois arrivent jusqu’à la mer comme en 2001, 2002, 2004, 2005, 2007, 2008. La végétation reprend ses droits au bout de quelques années. Nous marquons l’arrêt une nouvelle fois sur l’éruption du siècle. La coulée de 2007 a émis 100 millions de mètres cube de lave en trois mois. La lave s’est accumulée sur plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur par endroits, 60 à 80 mètres selon les sources. L’île s’est agrandie de 30 hectares.

Nous passons l’après-midi avec une famille de voyageurs que nous avions déjà croisée rapidement à un rassemblement des Familles autour du Monde dans la Drôme il y a quelques années. Après un voyage en camping-car en Amérique du Nord et centrale puis en back pack en Asie du Sud-Est, les Myny Globe-trotters ont décidé de poser leurs valises sur l’île de La Réunion. Quelle idée ! Nous faisons donc connaissance et nous passons un agréable moment avec Marie, Yannick, Nathan et Yec’Han sur la Plage du Tremblet. C’est la plage créée justement après l’extension de l’île de 30 hectares en 2007. On voit d’ailleurs nettement la coulée de lave. C’est la plus jeune plage au monde. La trait de côte, juste en dehors de l’enclos du volcan, était jusqu’alors une falaise rocheuse mais depuis quelques années, une plage longue de 280 mètres a vu le jour. Elle est constituée de sable noir, qui contient une grande proportion d’olivine de couleur vert-doré qui lui donne des reflets superbes.

Dimanche 23 janvier 2022 :

Ce matin, François nous propose de participer à une activité d’aqua bike dans les locaux de son école. Comme je vous l’ai expliqué, en dehors des horaires scolaires, la structure Récréa Family qu’ils ont créée avec Alex, propose dans un cadre magnifique, en plein cœur de Saint-Pierre, des cours de yoga, de pilates, de bébés nageurs, des stages vacances pour les enfants, des journées d’activités en famille le week-end… C’est une première pour nous de tester l’aqua bike. Une heure de découverte et de travail des abdos qui nous créeront certainement des courbatures demain ! Yohan, notre animateur est au top ! Si vous êtes de passage à Saint-Pierre ou si vous habitez le coin, n’hésitez pas à venir vous détendre ou faire un peu d’exercice chez Récréa Family !

Retour à la case autour de barquettes de carry créoles que nous partageons avec François et Titouan.

Encore ce soir, comme hier, nous assistons à un phénomène météorologique plus qu’étrange. Un coucher de Soleil qui illumine le ciel d’incroyables couleurs et qui dure beaucoup plus longtemps que d’ordinaire. Les scientifiques attribuent ce ciel rougeoyant de mille feux à l’éruption non pas de La Fournaise mais à un autre volcan bien plus éloigné des côtes de La Réunion, à 12 800 kilomètres de là. Le Hunga Tonga, volcan sous-marin situé dans l’Océan Pacifique, est entré en éruption le 15 janvier dernier, avec un spectacle aussi impressionnant que terrifiant. Une onde de pression avait alors traversé par trois fois le globe, à la vitesse de 1231 km/h, en se faisant ressentir sur les stations de l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise. L’OVPF a justement publié, la semaine dernière, la mise en évidence de cette secousse sur ses appareils, alors que l’éruption du Volcan de La Fournaise n’était pas encore finie. Une activité volcanique qui selon la NASA et d’autres scientifiques, a pour conséquence, encore aujourd’hui, la libération dans l’atmosphère de gaz de dioxyde de soufre et de particules fines. Emportés par les vents, ces aérosols sont parvenus jusqu’au ciel réunionnais hier soir. Ils sont visibles sous formes de longues stries plus sombres visibles à l’œil nu dans le ciel. Ces couleurs, plus chatoyantes que d’ordinaire, résultent de la diffraction de la lumière au moment de pénétrer dans l’atmosphère. Les nuances de rose et de violet sont particulièrement accentuées. Ce soir, à 20h20, soit près de 1 heure et 15 minutes après le coucher du Soleil, le ciel sur l’horizon Ouest est encore rouge ! Ce qui n’arrive jamais sur l’île. Des scientifiques américains viennent d’arriver sur l’île pour assister les membres du CNRS et de l’Observatoire Atmosphérique du Maïdo afin d’observer ce phénomène inédit du panache de cendres et de gaz dégagés par le volcan qui se situe dans la stratosphère, à 35 km d’altitude. Ce gaz à la particularité de réagir avec l’ozone pour former de minuscules gouttelettes appelées aérosols. C’est le seul endroit au monde pour analyser ce phénomène. Le dernier panache volcanique ayant créé ces mêmes phénomènes remonte à plus de 30 ans en Indonésie.

Lundi 24 janvier 2022 :

Journée tranquille à bien travailler pour l’école, pour l’écriture du blog et le tri des photos dans lesquels j’ai un peu de retard, à tondre la pelouse, à cuisiner, à profiter de la vie, à penser à la suite de notre voyage (et de notre vie), à se régaler d’un succulent carpaccio d’albacore et d’incroyables gambas marinées. Bref, une belle journée.

Merci au Volcan Tonga de nous offrir encore ce soir un superbe ciel.

Mardi 25 janvier 2022 :

Enora et Alex arrivent ce matin à l’aéroport et je pars les chercher pour libérer un peu de temps précieux à François qui a repris le boulot hier. Les grandes vacances scolaires estivales de 5 semaines sont terminées pour les Réunionnais.

Tests Covid pour moi à l’aéroport en attendant les filles et pour Audrey et les enfants à Saint-Pierre. Ouf, tous négatifs, ce qui n’était pas gagné, vu la progression fulgurante en ce moment sur l’île du nombre de personnes infectées. Record de France à La Réunion du taux d’incidence au Covid-19. Espérons que nous serons tous négatifs la semaine prochaine quand sera venu le moment de notre test PCR pour prendre l’avion pour l’Afrique du Sud. On sera donc dans l’avion demain soir.

Belle soirée de retrouvailles avec Alex, François, Enora et Titouan et surtout dernière soirée tous ensemble avec eux.

Mercredi 26 janvier 2022 :

Nous bouclons nos valises et quittons ce lieu paradisiaque où nous avons vécu chez nos amis. Tous ensemble, nous partons déjeuner chez Flo et Jé qui tiennent un resto dans Saint-Pierre. Là aussi, à tous ceux qui sont de passage sur Saint-Pierre et qui cherchent une table de qualité, n’hésitez même pas un instant, allez au Café des Délices. Merci chef Jérôme de nous avoir régalés d’un tartare d’albacore à l’asiatique. Et merci Flo pour ton incroyable dessert. Ce pavlova à la fraise a émerveillé nos papilles.

Bon, c’est la dernière journée de nos vacances sur l’île de La Réunion. Après 73 jours sur place, nous nous apprêtons à retrouver notre Tiny pour reprendre notre cavale en Afrique du Sud. Ces sont les au revoir avec nos amis qui ont été tellement généreux avec nous. Que dire à part MERCI !! Oui, on leur a dit mille fois merci mais encore une fois car ils le méritent. Merci pour votre accueil, merci de nous avoir confié votre maison et vos animaux, merci d’avoir permis à notre famille de nous rejoindre dans de telles conditions, merci pour tous ces intenses moments partagés avec vous que nous n’oublierons jamais, merci d’être ce que vous êtes ! et ne changez rien !

Bon, il est venu le temps de vous dire ce que nous allons devenir. Après de très nombreux changements de plans, d’itinéraires, de projets quant à la manière de revenir en France, nous sommes enfin fixés. Après notre passage éclair en France jusqu’en début de semaine prochaine, nous allons reprendre l’avion entre Paris et Johannesburg en Afrique du Sud. Nous allons y retrouver notre Tiny et voyager trois mois dans ce pays d’Afrique australe. Et là, notre cavale prendra fin le 28 avril où nous reprendrons l’avion pour la France. Ce sera la fin de notre folle aventure autour du monde qui aura duré 3 ans, 6 mois et 20 jours. Et après ?

Et bien après… voici la décision que nous avons prise depuis quelques semaines. Celle de venir s’installer et vivre sur une île tropicale ! Une île connue pour son modèle de savoir-vivre et sa diversité de climats, de paysages, d’environnements, d’habitats, d’activités… Une île où il fait beau et chaud presque toute l’année ! Une île où ses habitants sont chaleureux, souriants, généreux, courtois, tolérants. Une île où une belle douceur de vivre se dégage. Une île où la vie parait plus paisible qu’ailleurs. Une île au relief élevé et accidenté, depuis ses récifs coralliens jusqu’aux cimes les plus élevées à plus de 3000 mètres d’altitude dont une grande partie de son territoire est couvert par des espaces naturels protégés et où les possibilités de randonnées sont innombrables. Une île où des chrétiens, des hindous, des musulmans, des chinois, des malgaches, et des zoreils vivent ensemble dans le respect de l’autre. Une île où les saveurs d’une cuisine multi-culturelle émoustille les papilles. Une île à quelques encablures du Tropique du Capricorne. Une île où on fête Noël avec un verre de rhum arrangé sur la margelle de la piscine. Une île où ses habitants sont fiers de leur culture et de leurs traditions. Bref, une île intense ! vous avez trouvé ? Oui, nous avons pris la décision de venir nous installer sur un petit caillou unique et exceptionnel de 2500 km² à 9500 km de la métropole au milieu de l’Océan Indien où il y a un véritable modèle de « savoir vivre ensemble », où les habitants forment une société cosmopolite, métissée, ouverte et tolérante, une véritable identité et où chacun respecte les autres communautés. A partir du mois d’août, nous allons venir vivre sur l’ILE DE LA REUNION !

Alors, je vous entends déjà dire « ah ben ça, je me doutais qu’ils ne reviendraient pas en France et qu’ils s’installeraient quelque part ! ». Et bien le plus sincèrement du monde, pas nous… C’est une question qu’on nous a souvent posée depuis qu’on voyage : « est-ce que vous avez déjà eu un coup de cœur pour un pays et dans lequel vous avez envisagé de poser vos valises pour y vivre ? » Notre réponse a toujours été la même. « Oui, on a eu des coups de cœur pour l’Iran, pour l’Equateur, pour la Mongolie, pour le Laos, pour le Kenya, pour l’Afrique du Sud, mais jamais au point d’avoir l’idée ou l’envie de venir s’y installer. Oui des villes comme celles de Cuenca, de Luang Prabang ou de Cape Town nous ont inévitablement fait poser des questions mais pas de là à franchir le pas.

Alors pourquoi La Réunion ? Et bien parce que tout ce qu’on a vécu depuis presque 11 semaines ne nous a pas laissé insensible pour toutes les raisons citées deux paragraphes plus haut. Aussi parce qu’on pense que ces conditions ne sont pas, à nos yeux, toutes trouvables en métropole ou ailleurs. Aussi car bien qu’on vivra à près de 10 000 km de l’hexagone, nous allons vivre en France, un pays que nous aimons et dont nous sommes fiers et qui, il faut l’avouer, présente tant d’avantages par rapport à tous les pays où nous sommes passés. Certainement aussi parce qu’on retrouve ici tant de choses qu’on a aimé vivre et découvrir durant notre cavale. Aussi parce qu’ Audrey a la chance d’avoir trouvé un poste d’enseignante pour la prochaine rentrée scolaire dans l’Ecole des Créateurs de nos amis Alex et François. Aussi parce qu’on aura l’impression, après ces 1298 jours passés autour du monde, de commencer une nouvelle aventure, elle aussi exaltante.

Alors, nous sommes bien conscients que vivre sous les latitudes australes de La Réunion passe par une phase d’adaptation et d’intégration, que la circulation est infernale, que la vie est plus chère qu’en métropole, que des cyclones peuvent tout ravager. Mais ça, nous saurons y faire face. Le plus gros sacrifice, qui nous a longtemps fait hésiter depuis qu’on a cette idée en tête, va être celui de l’éloignement des gens qu’on aime. Oui, on va se priver d’instants privilégiés avec nos parents, nos frères et sœurs, nos neveux et nièces, nos amis. Mais là aussi, on a appris à faire avec durant nos 4 années à vivre à des milliers de kilomètres d’eux. On sait aussi qu’on aime vivre intensément les moments de retrouvailles et les instants passés pendant deux ou trois semaines consécutives par an à vivre avec les personnes qui nous sont chères. Si je compte bien, j’ai vécu intensément avec mon papa précisément 62 jours en voyage au cours des 3 dernières années. Je ne suis pas certain qu’on se serait autant vu dans une vie « normale » comme celle qu’on avait avant, plus de deux mois cumulés, juste en se voyant quelques week-ends par an. On sait qu’on aura sur les deux prochaines années qu’on se donne à La Réunion, de la visite de notre famille et de nos proches amis. On sait qu’on rentrera aussi au moins une fois en métropole. On sait aussi qu’on pourra envoyer Anaïs et Victor seuls en vacances chez papi mamie. Et on a vu qu’il était facile de créer des relations ici.

Voilà, nous vous avons tout dévoilé de nos projets pour 2022, 2023 et 2024… Il reste encore quelques points à régler : scolarité des enfants, lieu de vie, rapatriement ou pas de la Tiny à La Réunion ou en France, projet de reconversion professionnelle et de formation pour moi, location de notre maison en France…

Donc aujourd’hui n’est pas un au revoir définitif à l’île de La Réunion. En décollant à 21h30 de l’aéroport Roland-Garros de Sainte-Marie, on sait qu’on y reviendra début août avec un billet aller simple. Mais d’ici là, il nous reste trois mois de cavale en Afrique australe et trois mois à passer en France avec les gens qu’on aime. C’est parti pour un vol de 11h30 à bord d’un Boeing Dreamliner 787-8 de la compagnie Air Austral. Après 9407 km parcourus à 12 192 mètres d’altitude, atterrissage prévu demain matin à 5h30 à Roissy CDG puis TGV pour Poitiers avec une température annoncée de -8°C en ressenti…, ce qui ne nous est pas arrivé depuis très longtemps ! Petit détail, nos pulls sont restés dans la Tiny car on n’était pas censé repasser par l’hémisphère Nord…