429 km parcourus du 13 au 23 février 2022

89 483 km parcourus depuis le départ

Dimanche 13 février 2022 :

Notre longue traversée du Désert du Karoo de plus de 1600 km et d’une grande partie de l’Afrique du Sud entre Johannesburg (où nous sommes arrivés en avion il y a quelque jours) et la région de Cape Town touche bientôt à sa fin. Nous avons bivouaqué hier soir sur un parking d’église à Rawsonville. Nous espérons faire une randonnée vers une jolie cascade mais le tout petit parking en bord de quatre-voies n’est pas assez grand pour accueillir notre Tiny house et pas moyen de faire demi-tour. Nous voici engagés sur une autoroute avec un long (et cher) tunnel à péage. Grrr… Les chaussures de rando étaient déjà mises. Les gourdes d’eau et les barres de céréales déjà dans les sacs à dos… Du coup, nous nous garons à l’entrée de Paarl pour faire l’école.

En fin d’après-midi, nous bougeons de quelques kilomètres pour prendre un peu d’altitude et pour aller nous garer sur les hauteurs de la ville de Paarl. Parking en pente mais grâce à nos hautes cales de 22 cm, nous rattrapons le niveau et nous avons une vue de dingue sur la vallée et les montagnes. C’est rare que nous les mettions. Panorama exceptionnel sur la ville éclairée.

Lundi 14 février 2022 :

De bon matin, avant que les températures ne deviennent trop chaudes (38°C annoncés en fin de matinée), nous partons randonner. Il y a très longtemps que nous n’avons pas marché et ça nous manque de crapahuter du dénivelé ! Ça remonte à bien avant Noël à La Réunion. C’est parti pour 11 km et un peu plus de 400 mètres de dénivelé à travers la Réserve naturelle de Paarlberg. Très joli une fois arrivés sur un grand plateau avec une formidable vue qui porte à plus de 50 km jusqu’à Table Mountain qui surplombe la ville du Cap.

Nous grimpons en haut d’un énorme rocher granitique, le Bretagne Klip qui du haut de ses 644 mètres d’altitude domine toute la plaine.

Nous visitons le Monument de la langue afrikaans (Taal Monument). L’afrikaans est la langue germanique issue du néerlandais, parlée par les Afrikaners en Afrique du Sud, en Namibie, et dans une moindre mesure au Botswana et au Zimbabwe. L’afrikaans est originellement dérivé de la langue parlée par les colons néerlandais débarqués en Afrique du Sud. Après de nombreuses années en Afrique loin de l’influence culturelle des Pays-Bas, la langue des colons a suffisamment dérivé du néerlandais pour devenir l’afrikaans, une langue à part entière. Avant 1994, l’afrikaans était obligatoire dès l’école maternelle en Afrique du Sud. Depuis 1994, l’afrikaans est l’une des onze langues officielles du pays.

Sculpté par Jan van Wijk et érigé en 1975, ce monument (le seul monument dans le monde consacré à une langue) célèbre le centenaire de la déclaration selon laquelle l’afrikaans est une langue séparée du néerlandais. Sa plus haute flèche mesure 57 mètres de hauteur et de par ses formes effilées, convexes et concaves, il symbolise les différentes influences linguistiques, culturelles et politiques qui ont contribué à constituer l’afrikaans. Cette langue est un mélange de différentes origines. Les 3 colonnes à gauche de l’entrée symbolisent les langues et cultures de l’Europe occidentale (néerlandais, français, allemand, portugais et autres). A droite de l’entrée se trouve une terrasse qui représente la pointe sud de l’Afrique. Sur cette terrasse sont situés trois monticules convexes et ronds, symbolisant l’influence des langues Khoi, Nguni et Sotho. Là où les deux arcs de l’Europe occidentale et de l’Afrique se rencontrent se forme un pont, symbolisant la fusion des langues de ces deux continents. La langue et la culture malaises (base de l’afrikaans) sont représentées par un mur en pierre situé sur les marches menant vers le monument.

Retour à la Tiny, douche sur le parking, repos, école.

Puis nous prenons la route, il ne nous reste plus que quelques dizaines de kilomètres pour arriver à Kommetjie. Nous perdons quelques degrés en arrivant autour de la False Bay baignée par les courants froids remontant de l’Antarctique. Des entrées maritimes couvrent de brume les eaux de cette baie. La bonne odeur saline des embruns marins est agréable. C’est curieux de se dire qu’on se sent un peu comme chez nous. On reconnait les endroits où on était il y a plusieurs mois.

Nous traversons d’Est en Ouest l’étroite Péninsule du Cap pour arriver après deux bonnes heures de route à Kommetjie chez nos amis Carlé et Karl. Quelle joie de retrouver cette charmante famille anglophone avec qui on a tissé et entretenu des chaleureux liens d’amitié. Anaïs a créé des liens très forts avec Carlé et les retrouvailles sont chargées d’émotion. Nous retrouvons notre bivouac de rêve en bas de leur maison avec une vue de rêve sur l’Océan Atlantique. Les enfants vont aussitôt se baigner mais l’eau est à 14°C soit 14°C de moins que sur l’île de La Réunion !!

Belle soirée de retrouvailles. Carlé et Karl nous régalent de succulentes écrevisses qu’ils ont pêchées et Audrey prépare un petit plat réunionnais.

Mardi 15 février 2022 :

Lors de notre dernier passage dans le secteur, Anaïs et Victor avaient profité d’une matinée d’initiation gratuite au surf sur la plage de Witsand avec l’association Salty Hour. Ils avaient très envie d’en refaire et nous leur offrons ce matin un cours privé de deux heures avec le même prof Brett. L’eau est à la même température qu’hier et malgré les longues combinaisons épaisses en néoprène, ils ressortent un peu bleu au bout de deux heures dans l’eau glacée. Par chance, les requins qui baignent dans le secteur ne se sont pas approchés d’eux.

Nous continuons le long de la côte descendant vers le Cap de Bonne Espérance jusqu’au petit village de Scarborough. Après-midi sieste et école. Puis Audrey et Anaïs partent marcher un peu sur les hauteurs de cet agréable village de bord de mer où de belles résidences secondaires chics se mélangent à celles plus modestes de personnes venant du bout du monde et à la recherche d’un paisible lieu pour vivre et surfer.

En fin de journée, nos amis Carlé et Karl nous offrent le resto et nous partageons encore un bon moment autour d’un Fish and chips en leur compagnie ainsi que de celle de Gina, Geoff et leur fille Stella que nous avions déjà rencontrés il y a quelques mois. Le tout dans le joli cadre du port de Kalk Bay sur lequel d’énormes lions de mer sont en train de se disputer des restes de poissons.

La soirée se poursuit avec une agréable marche nocturne sur la plage de Fish Hoek.

Mercredi 16 février 2022 :

Réveil matinal ce matin. Dès les premières lueurs du jour à 6 heures du matin, je pars faire du kayak de mer avec Karl. Il y a plus de 20 ans que je n’en ai pas fait mais je me fais assez vite à l’instabilité de cette effilée et étroite embarcation de 40 cm de largeur, à la pagaie en forme de cuillère, à la manœuvre avec le gouvernail que j’oriente avec les pieds. On se retrouve assez vite au large. Les vagues sont assez prononcées et par moment, je perds même de vue Karl qui me devance de quelques dizaines de mètres. Il disparait dans un creux de vague avant de refaire surface. Nous devons par moment naviguer entre les très rigides algues brunes géantes qui font surface. Ces forêts de kelp sont impressionnantes. Le jour se lève et le Soleil apparaît timidement derrière les montagnes de la Péninsule du Cap. A l’horizon, la route panoramique Chapman’s Peak qu’on avait empruntée et le village de pêcheurs de Hout Bay. Je prends un immense plaisir à pagayer. Je suis bien concentré sur mes mouvements de pagaie et sur la gestion du gouvernail pour ne pas tomber à l’eau car le coin est réputé pour être celui des requins. Nous nous dirigeons vers l’immense plage de sable blanc. La Long beach de Kommetjie mesure 4 km et nous allons marcher quelques pas dessus. Une plage paradisiaque. Nous sommes seuls dessus. Karl me fait découvrir l’immense épave rouillée du Kakapo échouée ici depuis 120 ans.

Retour dans notre kayak et il nous faut maintenant affronter le mur de vagues pour reprendre le large. L’embarcation part un peu en surf. Je me prends des vagues qui submerge le bateau. Mais celui-ci est auto videur et l’eau qui alourdit le kayak qui devient difficilement manœuvrable se retire assez vite. Un gros lion de mer vient faire quelques acrobaties autour de nous. Magique.

Pendant ce temps, Audrey fait un footing.

Dans l’après-midi, nous partons avec nos amis à Kalk Bay pour manger une glace.

Puis, en voiture, nous faisons le tour de la péninsule du Cap, jusqu’au Cap de Bonne Espérance. C’est avec plaisir que nous reprenons cette route. Nous affectionnons particulièrement ces paysages désolés de bout du monde avec la végétation de fynbos caractéristique du secteur et l’architecture coloniale des quelques villes traversées comme celle de Simon’s Town. Pas de photo mais vous pouvez les retrouver dans notre blog 127.

A notre tour de cuisiner et Audrey régale nos deux familles d’un bon plat de lasagnes.

Jeudi 17 février 2022 :

Journée tranquille à faire l’école, à discuter avec des passants curieux de notre Tiny, à savourer les moments avec nos amis. Anaïs et Victor jouent bien avec Adam et Thomas. Une belle complicité est née entre nous tous. Anaïs et Carlé continuent de partager de très forts et complices moments ensemble malgré la différence d’âge. Les enfants font des jeux de société ensemble. Les adultes passent du temps à boire des cafés ou des verres de vin et à discuter.

Dans l’après-midi, nous partons passer un moment dans un bar avec Jennie et Gérald, un couple franco-sud-africain installé dans ce pays depuis longtemps. Nous les avions déjà rencontrés lors de notre précédent passage et ils nous avaient invités chez eux. Encore un joli moment de partage. C’est agréable de revoir pour une deuxième fois des personnes, ce qui a rarement l’occasion de se produire dans une cavale comme la nôtre.

Soirée partagée avec la famille de Carlé et Karl autour d’un plat typiquement sud-africain, des boerewors, qui sont des saucisses très populaires ici. On les mange dans des pains où on ajoute du chutney, de la sauce tomate, des oignons revenus… Un délice suivi d’un excellent plateau de fromages, le tout bien entendu accompagné de bons vins.

Vendredi 18 février 2022 :

Ça y est, c’est le moment du départ. Triste moment tellement les moments de partages ont été intenses. Les sanglots sont là, comme si on quittait des personnes qu’on connaissait depuis longtemps. Mais Carlé et Karl sont devenus des amis et ils ont déjà prévus de venir nous retrouver sur l’île de La Réunion… Ils nous gâtent de cadeaux, de friandises, de miel, de chocolat, de feutrine à l’aiguille pour les enfants !

Nous roulons après 5 jours de pause vers Cape Town, ou Le Cap si vous préférez. Une immense agglomération de plus de 4 millions d’habitants où on ne circule pas si mal aux heures creuses de la journée. Nous apprécions revenir dans cette ville qu’on avait bien aimée en septembre dernier. On aime cette vue sur la mer, ces quartiers dominés par Signal Hill, Lion’s Head, Devils’s Peak et bien entendu Table Mountain avec son sommet à 1086 mètres d’altitude plat comme une table.

Nous n’avons pas encore visité un musée sur l’Apartheid car nous voulions privilégier celui plus grand de Pretoria mais ce dernier était fermé pour raison Covid lors de notre passage dans l’autre capitale du pays. Nous nous dirigeons donc vers le Musée du District Six. Ce n’est pas un musée entièrement dédié à la sombre histoire de l’Apartheid. Le District Six était un quartier au pied de la Montagne de la Table, qui faisait la jonction entre le City Bowl (centre-ville) et le Port du Cap. Il regroupait une communauté représentative de la diversité à plusieurs niveaux – langue, religion, classe économique, zone géographique d’origine – et est devenu un exemple vivant de la façon dont la diversité pouvait être une caractéristique de renforcement d’une communauté. C’était une communauté dynamique d’esclaves affranchis, de marchands, d’artisans, d’ouvriers et d’immigrants, étroitement liés à la ville et au port. Une population métissée donnait son âme à ce quartier où tous vivaient en parfaite harmonie : des Malais du Cap, des musulmans, des Noirs Xhosas, des Blancs Afrikaners et des Indiens composaient cette mosaïque ethnique et culturelle. Cela représentait l’opposé de ce que le gouvernement de l’Apartheid, inauguré par le Parti national arrivé au pouvoir en 1948, avait besoin que les gens croient et intériorisent. La population au sein du quartier ne cessait de croître et la municipalité finit par refuser d’y acheminer l’eau et l’électricité. En 1946, la population était de 22 700 habitants et en 1950 elle culmina à 50 000 âmes. Les routes ont commencé à se détériorer et peu à peu le quartier animé et accueillant s’est transformé en bidonville.

En 1950, le gouvernement de l’Apartheid adopta une loi infâme, le Group Areas Act, qui rendait illégale la cohabitation dans une même zone de personnes de races différentes. Ces races étaient définies selon une autre loi tout aussi discriminatoire : la Population Registration Act. Cette loi établissait que chaque habitant du pays soit classé et enregistré en fonction de ses caractéristiques raciales.

Quant aux zones les plus favorisées, elles étaient réservées aux Blancs : centres-villes, quartiers bourgeois, développés et alimentés en eau et en électricité. Les Noirs, les métis et les Asiatiques quant à eux devaient vivre dans les zones plus éloignées et laissées souvent sans aucun des services de base. Cette loi fût abolie en 1991 à la fin de l’Apartheid.

Le District Six est ainsi devenu l’une des principales cibles urbaines de destruction de la ville du Cap. Le 11 février 1966, elle fut déclarée zone blanche et sa destruction commença en 1968. Plus de 60 000 personnes furent expulsées de force de ce quartier populaire en 1970 au plus fort du régime de l’Apartheid, vers des zones arides périphériques de Cape Flats, Mitchells Plain ou encore Khayelitsha a plus de 30 km à l’Est du Cap. Les gens ne pouvaient plus aller à l’école ou au travail et l’esprit de la communauté fut perdu. Khayelitsha est aujourd’hui le second plus grand township de toute l’Afrique du Sud après Soweto. Plus de 400 000 personnes y vivent dont 98,62% de Noirs, 0,59% de Coloured et 0,08% de Blancs. Les maisons et magasins du District Six ont été rasées par des bulldozers. Il en reste aujourd’hui un no man’s land en guise de témoignage. Le gouvernement de l’époque souhaitait rayer de la carte le District Six. Même le nom disparu et devint Zonnebloem. Seuls quelques églises et mosquées furent épargnées. De nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui pour que ce no man’s land renaisse de ses cendres et que l’on y reconstruise un quartier coloré et animé. Voici une vue sur cette zone déserte prise le lendemain depuis le haut de Signal Hill.

L’Université de Technologie du Cap s’y est établie et le reste des terres retrouve peu à peu ses propriétaires originaux. Le Président Zuma en 2011 s’est engagé à restituer leur terre à tous ceux qui avaient été expulsés. Toutefois, les faits montrent qu’il reste encore beaucoup de travail à faire. Mais peu à peu quelques maisons se reconstruisent.

Le musée est organisé autour d’une pièce centrale comportant au sol une carte de l’ancien District Six. Autour de cette carte, est présentée une chronologie du district, avec en particulier les vagues d’immigration successives qu’il a reçues. Une galerie présente différentes photos d’époque, une reconstitution d’une chambre telle que celle habitée par les résidents ou celle d’un lieu de vie communautaire comme celui du salon d’un barbier, des recettes de cuisine typiques du quartier, qui montrent le croisement d’influences des différentes cultures dans ce quartier cosmopolite… Une fresque accompagnée d’un poème sur le devoir de mémoire et l’amnésie collective, un grand tissu brodé de messages de familles du quartier, d’autres broderies représentant différents de ses aspects culturels, et un poteau reprenant les panneaux de rue de l’ancien quartier sont aussi présents dans cet intéressant musée.

Des objets représentant l’inscription de l’Apartheid dans l’espace, tel qu’un banc « réservé aux Européens », sont exposés. Ça fait froid dans le dos.

Nous sortons de ce musée. Les enfants un peu fatigués surtout par la chaleur écrasante, préfèrent rester à la Tiny pendant qu’Audrey et moi, nous partons nous promener dans le centre de Cape Town et plus particulièrement dans les jardins de Company’s Garden où nous n’avions pas eu le temps de voir tous les bâtiments bordant ce poumon vert dans la ville. Notamment le Parlement d’Afrique du Sud, mais celui-ci a été victime d’un incendie en début d’année et les accès aux jardins sont désormais interdits. Nous apprécions notre balade en amoureux et l’architecture de cette ville.

Voici aussi une vue prise plus tard du toit du Parlement parti en fumée il y a quelques jours.

Nous roulons vers le même bivouac où nous étions il y a quelques mois, celui sur le parking du Mausolée du Sheik Mohamed Hassen Ghaibie Shah, sur la petite route de crête menant en haut de la colline de Signal Hill et juste au pied de celle de Lion’s Head. Juste magnifique et surtout panorama de dingue sur d’un côté de la montagne, la vue sur Cape Town, ses quartiers de hauts immeubles de verre et d’acier, ses quartiers plus populaires, son port, Table Mountain et de l’autre côté, l’Océan Atlantique avec l’île de Robbens Island (inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO où Nelson Mandela a passé 18 de ses 27 années de prison), et les quartiers ultra chics de Camps Bay, Sea Point. Le gardien du site qui avait déjà accepté qu’on dorme ici la dernière fois, reconnait la Tiny et revient nous souhaiter la bienvenue et semble très heureux de nous revoir.

La nuit tombe et des milliers de lumières sur la ville de 4 millions d’habitants s’allument et scintillent. On se croirait être dans un avion. Nous éteignons la lumière de la Tiny pendant notre repas pour savourer cet instant. Incroyable bivouac en plein cœur de la ville mais au calme, sans aucun bruit. Les gens sont parfois surpris qu’on arrive à se passer de télévision mais franchement, vous croyez que ça nous manque ?

Les Sud-Afs qu’on croise et à qui on dit qu’on dort ici en plein Cape Town n’en reviennent pas. On dort même les fenêtres grandes ouvertes comme il fait bien chaud sans craindre aucune insécurité.

Samedi 19 février 2022 :

Journée repos, sans bouger de la Tiny. Après l’école, nous recevons la visite de nos amis Carlé et Karl, chez qui nous étions il y a quelques jours. Ils passent boire un café à la Tiny, l’occasion de se promettre mutuellement qu’on se reverra très vite, certainement à La Réunion dans quelques mois.

Après-midi tranquillou. Je cuisine quelques pancakes avec Victor. Le gardien du mausolée s’en régale aussi. Audrey passe beaucoup de temps à préparer notre prochain film-diaporama sur la Mongolie que nous allons présenter dans différentes conférences lors de notre passage en France en mai-juin-juillet. Anaïs travaille sur sa tablette graphique pour préparer quelques animations et transitions pour ce montage vidéo.

Avec mon amoureuse, nous partons marcher sur un joli sentier menant au sommet de Signal Hill, avec des jolies vues sur le port dont seules les grues déchargeant les immenses porte-containers sont visibles au-dessus des nuages, sur le quartier du Waterfront, sur celui tout coloré de Bo Kaap, sur les plages, sur la ville moderne, sur le stade de Green Point construit pour accueillir la Coupe du Monde de football en 2010.

Nous décidons de rester sur ce même bivouac tellement on s’y sent bien.

Dimanche 20 février 2022 :

Pour une fois, Audrey ne passe pas son anniversaire dans un garage pour cause de panne de la Tiny ! et ça, c’est quand-même agréable… Joyeux anniversaire ma chérie. Encore un passé à l’étranger. Et dire que les deux prochains se passeront encore sous les tropiques !!

Comme d’habitude, pas d’école pour les journées d’anniversaires. Les enfants n’écrivent que leur texte de la veille et travaillent l’espagnol et l’anglais sur leur application Duolingo. Mais ils ne considèrent pas cela comme du temps scolaire…

Nous avons envie de marcher, et nous partons faire le tour de Lion’s Head. Sans monter tout en haut car nous l’avons déjà fait et l’étroit et difficile sentier est un peu bondé en ce dimanche. Mais nous empruntons le chemin (quand-même 200 mètres de dénivelé) de 3,4 km nous offrant différents points de vue sur tous les quartiers de Cape Town. La vue sur les plages de Clifton Bay, Saunders’Rocks Beach, Queen’s Beach et Camps Bay Beach est magique. Nous voyons Table Mountain et les reliefs des Douze apôtres, cette chaîne de montagnes s’étendant sur 6 km jusqu’à Hout Bay.

Nous prenons la route dans l’après-midi pour rejoindre Stellenbosch.

Nous arrivons chez Jeandri et Hanre, ce charmant couple qu’on avait rencontré par hasard dans un parc national et qui nous avait ensuite reçus dans leur somptueuse et luxueuse propriété, vous vous souvenez, cette maison de 900 m² habitables sur un terrain de 7000 m² dans un quartier ultra sécurisé de la ville. Nous étions toujours restés en contact depuis et nous sachant dans le secteur, ils ont renouvelé leur invitation, y compris de dormir dans la belle suite qui nous est réservée et où Jeandri de nouveau a eu la gentillesse de poser sur notre lit des petits cadeaux (du Rooibos et des bonbons…).

Grand amateur de vin, Hanre ne tarde pas à fêter nos retrouvailles en ouvrant quelques bouteilles. Apprenant que c’est l’anniversaire de mon amoureuse, il sort même les bulles, alors que la bière et le verre de Sauvignon blanc ne sont pas encore terminés.

Puis encore du vin pour accompagner ce braai où il fait cuire de la viande d’une qualité comme rarement nous avons eu l’occasion d’en manger. Puis, encore du vin.

Puis, je passe avec lui dans sa cave et sa pièce réservée à la dégustation et c’est au whisky et au Brandy que nous poursuivons la soirée alors que les enfants et les filles partent se coucher. Du 10 ans, du 12 ans, du 15 ans et du 20 ans d’âge, histoire de comparer.

Lundi 21 février 2022 :

Je ne me souviens pas à quelle heure je me suis couché mais le Paracétamol s’avère bien efficace au réveil… Matinée tranquille après avoir dégusté un succulent petit déjeuner. Discussion avec nos amis, école dans une jolie salle de classe, jeux avec les chiens, réparation d’une fuite d’eau à la goulotte de remplissage d’un des réservoirs d’eau de la Tiny…

Puis, nous quittons Jeandri et Hanre, persuadés qu’au aura l’occasion de se revoir.

Nous roulons une trentaine de kilomètres vers la ville de Franschhoek. Une trentaine de kilomètres à travers de très beaux paysages vallonnées et plantés d’hectares de vignes. C’est dans cette région que les premiers réfugiés huguenots d’origine française sont arrivés en 1687. Littéralement, Franschhoek veut dire en langue afrikaans « le coin des Français ». Ce sont les Français qui ont développé la culture de la vigne qui fait aujourd’hui la réputation de la région. De nombreux domaines viticoles de la vallée portent des noms à consonance française.

C’est dans le quartier central de Huguenote et dans la longue rue principale sur le parking de l’église que nous retrouvons le même bivouac qu’il y a quelques mois.

En soirée, alors qu’Anaïs et Victor restent manger des pâtes bolo à la Tiny, nous partons en amoureux au resto voisin et nous régalons d’un bon verre de vin, d’un filet mignon en croûte et d’un gratin de gnocchis et potiron à la crème, avant de terminer par une bonne crème brûlée. Un délice et un agréable moment tous les deux.

Mardi 22 février 2022 :

Running matinal pour Audrey dans Franschhoek alors que les enfants et moi terminons notre nuit. Nous retournons déambuler dans cette agréable ville, avec ses belles maisons dans l’artère principale et ses cottages dans les rues adjacentes. Nous aimons bien l’architecture de type Cape Dutch dont je vous avais déjà parlé lors de notre dernier passage ici. Tout est bien arrangé, bien propre. On apprécie surtout que la majorité des maisons ne soient pas clôturées de grillages électrifiées comme on peut un peu trop le voir en Afrique du Sud dans les beaux quartiers.

On s’amuse de tous les noms de boutiques écrits en français. Il y a presque plus de devantures de magasins ou de guesthouse écrits en français qu’en anglais ou afrikaans.

Nous apprécions aussi trainer, enfin surtout les filles, dans les nombreuses galeries d’art de peintures et de sculptures. De belles œuvres d’art décorent aussi les parcs des maisons.

Deuxième nuit sur le même parking de l’église après un petit passage en amoureux (oui, encore) au bar.

Mercredi 23 février 2022 :

Réveil très matinal. Nous sommes dès 6 heures au volant pour monter de 700 mètres d’altitude en haut du Franschhoek Pass. Dès 7 heures, nous sommes partis en randonnée dans la Réserve naturelle du Mont Rochelle. Il fait très chaud en pleine journée, plus de 30°C et notre randonnée doit durer 4 heures. Nous empruntons le Manganese trail qui nous mène au sommet du Dutoit Skop à 1400 mètres d’altitude. Magnifique panorama sur la vallée viticole de Franschhoek. La vue porte très loin y compris sur Table Mountain et Signal Hill qui dominent Le Cap. Surprenant de les voir malgré les 70 km de distance à vol d’oiseau qui nous séparent. Immenses étendues de retenues d’eau avec le Barrage de Wemmershoekdam, le Barrage de Berg River et le Barrage de Theewaterskloof irriguant les vallées viticoles et fruitières de la région.

Que de somptueuses propriétés. On a vu en agence immobilière quelques maisons dont la superficie habitable allait de 500 m² pour les plus modestes à 1500 m² (pour un peu plus de 5,2 millions d’euros) !

Mais en regardant à l’autre entrée de la ville, à 3 kilomètres seulement de cette opulence, ce sont les bidonvilles dont les habitants, pour ceux qui travaillent, doivent apporter de la main d’œuvre à la viticulture. L’Afrique du Sud est le pays où on aura vu le plus de contrastes de richesse.

Nous continuons notre belle randonnée.

Retour à 11 heures à la Tiny avec presque 10 kilomètres et 700 mètres de dénivelé positif et autant de négatif dans les pattes. Pas facile car il faisait bien chaud en fin de rando. Malheureusement, Anaïs en petite forme a dû faire demi-tour au bout d’une heure de marche mais heureusement, elle n’a pas croisé non plus de léopards qui rodent dans la réserve. Nous la retrouvons en meilleure forme après une petite sieste.

Nous roulons vers l’Est, et contournons l’immense lac artificiel du Barrage de Theewaterskloof qui inonde la vallée depuis 1980. D’une superficie de 5000 hectares, il est le plus grand barrage de la région et il assure 40% de l’eau disponible de l’agglomération du Cap et de ses 4 millions d’habitants. Après plusieurs années de sécheresse, il atteint actuellement 100% de sa capacité de stockage.

A cet endroit, nous empruntons une route que nous n’avons pas encore prise. Autour de Villiersdorp et de Dennehof, ce sont des milliers d’hectares de pommiers qui sont plantés. C’est bientôt la fin de l’été dans l’hémisphère Sud et les récoltes ont lieu. Nous voyons des dizaines de poids-lourds, remplis de caisses de pommes.

Puis après un nouveau changement de direction sur la route N2, ce sont à présent des paysages vallonnés entièrement déboisés qui sont cultivés de céréales. Nous avons rarement vu des parcelles si grandes d’un seul tenant. Mais là aussi, toutes les récoltes ont eu lieu.

Sur les bons conseils de nos amis français de Pretoria, nous nous rendons vers Greyton, une petite oasis de verdure perdue au milieu de ces immensités agricoles. Trop fatigués pour aller découvrir la ville, nous trouvons un beau bivouac à l’ombre avec de jolies montagnes. Après-midi sieste, bricolage, préparation de la suite de l’itinéraire, montage du film et discussions avec tant d’habitants chaleureux qui viennent discuter avec nous, nous proposer de prendre une douche chez eux (on sent si mauvais ?)…

Le podcast enregistré par Anaïs il y a quelques semaines vient d’être publié aujourd’hui en ligne sur différentes plateformes. Elle avait d’elle-même pris l’initiative de contacter Alex Vizeo bien présent sur les réseaux sociaux, pour lui demander s’il serait intéressé pour qu’il l’interviewe sur son voyage autour du monde. Ce voyageur enregistre chaque semaine pour ses podcasts « Je t’emmène en voyage » une personne qui a vécu une expérience de voyage incroyable ou qui a changé sa vie. Du grand aventurier Mike Horn, au sportif de l’extrême ou tout simplement aux voyageurs ordinaires qui ont vécu des aventures extraordinaires qui les ont profondément changés et impactés. Le but de ses podcasts est d’inspirer à travers les récits et les exploits les plus fous mais aussi et surtout de donner l’envie de sauter le pas pour réaliser ses propres rêves de voyage. Anaïs  a donc eu la fierté il y a quelques semaines d’être interviewée par Alex Vizeo et voici son podcast publié aujourd’hui aux 84 000 abonnés sur Instagram et aux 122 000 abonnés sur Facebook d’Alex ! Prenez votre temps car ça dure 56 minutes mais nous sommes trop fiers d’elle. Voici le lien pour l’écouter. Ne ratez pas ce bon moment avec notre très grande fille de seulement 15 ans.