658 km parcourus du 24 février au 9 mars 2022

90 569 km parcourus depuis le départ

Jeudi 24 février 2022 :

Nous apprécions notre bivouac à Greyton. La vue sur les montagnes est belle. Des chevaux en liberté errent autour de la Tiny. Audrey profite de ce paisible village aux mignons cottages bien arrangés, pour aller courir de bonne heure ce matin alors que la Tiny se réveille tranquillement et avant qu’il ne fasse trop chaud. A son retour, l’odeur du pain chaud cuit à la poêle et celle du café, annoncent une belle journée.

Notre rythme de slow travel continue et nous décidons de ne pas bouger. Il est loin le temps où nous changions tous les jours de bivouac. On avait ce rythme au début de notre vie nomade et durant notre premier voyage en Amérique du Sud mais un peu aussi durant cette cavale, mais plus ça va, plus on prend le temps de se poser. On est toujours capable d’enchainer des grosses étapes de route comme on l’a fait dernièrement pour traverser le pays entre Johannesburg et Cape Town. Mais on apprécie aussi ce genre d’étape où on se pose un peu plus qu’une nuit. C’est aussi l’occasion de créer plus de lien avec le voisinage. Les Sud-Africains sont toujours aussi accueillants, bienveillants et curieux à notre égard. Et dire qu’on craignait encore il y a quelques mois, au dire des autres voyageurs et des locaux, d’être obligés de ne dormir qu’en camping et non en bivouac sauvage comme nous le faisons depuis plus de 100 nuits. Nous n’avons dormi dans des lieux payants que dans les parcs nationaux où nous n’avions pas le choix ou exceptionnellement deux ou trois fois en campsite.

Greyton ne fait pas exception à la règle et de nombreux passants nous souhaitent la bienvenue, sont étonnés et viennent discuter avec nous. Simone devant chez qui nous dormons, et qui nous a d’ailleurs proposé l’accès à ses sanitaires, nous indique un endroit secret. « Vous prenez cette direction, vous traversez la rivière, vous tournez à droite puis à gauche, puis vous longez le tuyau d’eau, puis encore à droite, puis vous arrivez à un ruisseau que vous longez, puis vous marchez dans les herbes hautes, puis vous continuez jusqu’à un trou dans la roche et là, c’est un coin secret que pas grand monde le connaît. Et prenez vos maillots de bain ! ». Bon, ok, on va tenter mais peu de chance qu’on arrive à le trouver avec toutes ces indications. On lui a bien demandé de nous repérer le point sur notre GPS mais le chemin n’est même pas répertorié dessus. On hésite à quelques intersections mais le chemin ressemble à ce que Simone nous a indiqué. On trouve le tuyau d’eau que nous longeons. On trouve bien le chemin aux hautes herbes. Puis le ruisseau et enfin, après deux kilomètres le bout du sentier.

Un premier bassin s’offre à nous. Effectivement bien sympa. Tout le monde à l’eau, bien qu’elle soit fraiche. Que c’est bon ! Puis effectivement, en nageant quelques brasses dans ce bassin, on arrive à un rétrécissement du canyon et là, on arrive dans un second bassin incroyable ! Que la nature est belle ! Une cascade s’y déverse. On a trouvé l’endroit secret. Petite toilette rafraichissante (bien entendu au pain de savon biodégradable) dans cet endroit paradisiaque.

Si d’autres voyageurs sont sur nos traces, contactez-nous, nous vous donnerons le point GPS… Retour à la Tiny.

Chacun reprend ses occupations : mise en ligne du blog précédent, jeu Minecraft, parties de Qwirkle ou de Rummikub, travail sur le film de Mongolie, appel avec notre famille ou nos amis sur différents continents…

Vendredi 25 février 2022 :

Nous roulons en fin de matinée sur la Route 62 jusqu’à la ville de Montagu. Jolis paysages et le ciel bleu revient après un début pluvieux. La route passe sous le Cogman’s Kloof, une arche dans la roche.

Nous nous installons pour le bivouac près d’un stade de foot et nos nouveaux voisins ne tardent pas à venir discuter avec nous.

Après-midi tranquillou à la Tiny.

Samedi 26 février 2022 :

École, Victor dessine tantôt sur son logiciel Sketchup des plans de Tiny en 3D, tantôt sur sa frise des dessins plus imaginaires et futuristes, Anaïs et Audrey travaillent sur le film et moi, je trie mes photos, j’écris et je fais un peu d’administratif… Encore une journée où on a besoin de se poser pour bien avancer dans nos différents projets. La tête est aussi un peu à La Réunion où il nous faut chercher un logement (nous n’avons trouvé que pour les deux premiers mois un AirBnb), une voiture et un scooter. J’épluche donc les sites de petites annonces, ce qui me prend quelques heures. Nous passons également du temps à planifier notre passage de trois mois en France cet été. Déjà bien rempli entre la visite de notre famille, de nos amis, quelques anniversaires et baptême, et l’organisation de quelques conférences (déjà 5 de prévues et certainement autant à caler encore). Ça nous fait bizarre de remplir un agenda !

Nous allons découvrir Montagu et ses jolis cottages et églises aux toits de chaume et aux murs blancs. Nous apprécions là encore qu’il n’y ait pas de hautes clôtures électrifiées protégeant ses maisons. Quelques bâtiments de style Art-déco.

Un plan d’eau au milieu du village est le point de rassemblement de nombreux ibis sacrés.

Notre voisin, Chris, sort de chez lui pour discuter avec nous et nous proposer de venir profiter de sa piscine. Après un petit café partagé avec lui chez nous, nous acceptons sa proposition d’aller nous baigner car il fait 38°C aujourd’hui…

Deuxième nuit à Montagu.

Dimanche 27 février 2022 :

Toujours en slow travel, nous roulons toujours sur la Route 62 jusqu’à Barrydale où nous trouvons en cette journée bien chaude une place ombragée bien appréciée sur un terrain vague à l’arrière d’une église.

Encore une journée au même rythme que les précédentes avec le même programme. Les enfants se font de bonnes sessions d’école.

Nous sommes dans la région du Klein Karoo, une vallée spectaculaire de 350 km de long qui s’étend de Montagu à l’Ouest à Uniondale à l’Est. Elle est entourée de montagnes de part et d’autre de ses 40 à 60 km de largeur. Le Klein Karoo est donc cette région coincée entre les montagnes Swartberg au Nord, et les montagnes Outeniqua et Langkloof au Sud. Elles agissent comme un bouclier contre la pluie des plaines côtières au Sud, d’où l’aridité du Klein Karoo, bien qu’il soit plus fertile que le Grand Karoo qu’on a traversé un peu plus au nord sur la route entre Johannesburg et Cape Town. La Route 62 que nous empruntons est une pittoresque et touristique route qui traverse cette région. Elle est présentée comme la route des vins la plus longue du monde, traversant le Klein Karoo et la vallée du Breede. Dès le début du 18ème siècle, les Européens ont colonisé la majeure partie de cette vallée et la région a vraiment pris son essor au 19ème siècle avec l’ouverture des cols permettant de franchir les deux chaines de montagnes parallèles que nous longeons.

Lundi 28 février 2022 :

C’est assez rare pour le préciser mais ça existe aussi en Afrique du Sud. Seulement pour la deuxième fois depuis plus de 100 nuits de présence dans ce pays, une femme sort en furie nous demander de déguerpir de ce parking et qu’elle ne nous laisse que 30 minutes pour le faire… On essaie de se présenter, de sourire, mais impossible de discuter. Bon, ok, on ramasse notre linge étendu dehors, mais hors de question de bouger de là, le temps de terminer l’école. Même la police de l’autre côté de la rue n’a rien dit quand on s’est installé ici pour dormir. On comprendra plus tard qu’en fait, on est sur un terrain privé (mais désert et non clôturé), non pas de l’église de la ville mais d’une église privée comme il existe beaucoup de courants en Afrique. Elle nous aurait expliqué et demandé gentiment de partir, on serait parti mais là… Un homme travaillant au service de cette femme, tout gentil vient à notre rencontre, et nous pouvons discuter avec lui, le rassurer en lui disant qu’on est juste en train de terminer l’école et que nous partirons en début d’après-midi. Junaid accepte avec un grand sourire, nous confirmant que sa patronne est quelqu’un de désagréable avec qui on ne peut pas discuter…

Nous prenons la route et nous nous arrêtons à la sortie du village dans un sympathique bistrot avec de jolies antiquités, plaques émaillées, vieilles machines, anciennes pompes à essence…

Après un petit cappuccino, la cavale reprend.

Puis nous roulons vers un site recommandé par plusieurs Sud-Africains, et qu’affectionnent particulièrement nos amis Carlé et Karl, le Warmwaterberg Spa. Il s’agit de bains thermaux avec plusieurs piscines dont la plus chaude doit dépasser les 40°C. Bien qu’il fasse très chaud dehors, nous prenons plaisir à tremper dans cette eau à la couleur ferreuse peu engageante, mais préférons presque autant la température ambiante du bassin adjacent.

Pour une fois, nous restons au camping du site. Je vous disais un peu plus haut qu’on n’allait jamais au camping, car on n’aurait jamais fait autant de rencontres mais aussi pour des raisons de budget car on en aurait vite pour 15 à 20€ par nuit soit un sacré budget mensuel (un tiers de notre budget). Mais là, comme on a déjà payé l’entrée des bains, cela ne nous coûte que 6€ de plus pour profiter du camping. Alors à ce prix-là, on ne se prive pas. Et on profite du luxe du robinet d’eau pour refaire les pleins et du barbecue pour faire cuire un bon morceau de viande. Le temps n’est pas de la partie cet après-midi mais entre deux averses, on saute dans l’eau. Sous un gros orage, j’en profite pour nettoyer la carrosserie de notre Tiny qu’on avait pourrie en roulant sur une piste boueuse.

Petit bain de minuit alors que les enfants sont couchés et que le ciel noir s’illumine d’éclairs.

Mardi 1er mars 2022 :

Et pour le même prix qu’on a payé hier, on peut même profiter aujourd’hui encore des bains thermaux jusqu’à 17 heures. De bonne heure avant l’école, pendant la récréation et encore à plusieurs reprises dans l’après-midi, nous faisons trempette.

Direction à présent le sex shop. Oui, vous avez bien lu. Même dans cette région très désertique, mais vraiment très désertique il y a un sex shop au milieu de la route. Le Rhonnie Sex Shop. Mais arrivés sur place, l’établissement est fermé alors qu’il est censé être ouvert jusqu’à deux heures du mat’ ! Bon, du coup, la nuit n’en sera que plus calme sur son immense parking en attendant demain matin pour pouvoir faire nos courses.

Mercredi 2 mars 2022 :

Nuit très très calme dans l’une des régions les plus désertiques et plus arides d’Afrique du Sud. Par chance, Rhonnie a ouvert son Sex Shop. Ne sachant pas trop de quoi il s’agit, nous préférons y aller en reconnaissance tous les deux. Comme on l’avait lu dans les guides, rien de sexe ici. L’endroit est juste une halte indispensable que font tous les voyageurs de passage sur cette longue Route 62 traversant le Petit Karoo. Nous prenons un café avec Rhonnie qui nous explique l’histoire de son bar. Il vit dans une ferme voisine depuis très longtemps et il y a 25 ans sur une maison en ruine, il a écrit « Rhonnie Shop » sans pour autant en faire un magasin. Mais un matin, il a découvert que ses amis avaient ajouté le mot « Sex » sur la devanture. Il lui est alors venu l’idée d’en faire un petit bar et un snack ouvert aux routiers, aux locaux, aux motards, aux passants en quête d’une bière ou d’un déjeuner et curieux de cet endroit improbable. L’endroit est alors devenu un incontournable et les voyageurs du monde entier s’y arrêtent, collent des autocollants ou des billets de banque du monde entier, écrivent sur les murs, accrochent leurs cartes de visite et les femmes suspendent leur soutien-gorge au plafond. Il y en a des dizaines. On aime l’ambiance improbable de ces lieux.

Retour à l’école. Puis tournage de quelques séquences vidéos pour notre film sur la Mongolie.

Nous roulons, toujours sur la désertique Route 62 à travers le Petit Karoo.

Quelques dizaines de kilomètres plus loin, nous retrouvons une famille de voyageurs que l’on sait en difficulté sur le bord de la route. En fin d’année dernière, je vous avais raconté notre rencontre avec les 4 Kids and a bus, une famille de Sud-Africains ayant décidé de quitter leur vie à Johannesburg pour aménager un bus à double étage et y vivre. Il faut bien cela pour abriter leur famille de 6 personnes. Les suivant sur les réseaux sociaux, on sait qu’ils sont en galère mécanique sur le bord de la route vers Zoar, un petit hameau qui était une ancienne station missionnaire par le passé. Nous leur faisons la surprise de passer les voir pour leur remonter le moral. Et on sait le bien que cela fait, pour nous-mêmes avoir reçu à plusieurs reprises le passage d’amis voyageurs ayant fait un détour pour venir nous soutenir alors qu’on était bloqué dans un garage au Chili, en Mongolie, en Turquie, en Namibie… Émotion et joie des retrouvailles avec Sonya, Rheinholdt et leurs 4 enfants Katie, Kaden, Kayla et Karlien.

Plusieurs enfants du village voisin sont là et jouent autour de nos deux véhicules. Anaïs et Victor sortent leur diabolo, leurs balles de jonglages et leur bâton du diable. Et voilà comment on réalise le défi du mois. Tiens, il y a longtemps que je ne vous en ai pas parlé… Et oui, nous étions censés ne partir « que » 36 mois autour du monde mais comme on a prolongé un peu, notre comité de validation des défis composé de ma sœur et de ma nièce, a décidé de tirer au sort chaque mois un défi pour lequel on avait échoué lors des trois dernières années. Et ce mois-ci, c’est donc le défi de nos amis les PLEM « Faire un petit spectacle de rue tous les 4 avec quête et bénéfices à reverser à un mendiant ». Bon, vous comprendrez bien qu’on ne pouvait pas demander de l’argent à ces petits enfants prenant du plaisir à voir le spectacle d’art du cirque. Mais Sonya nous a quand-même donné un billet de 100 rands, juste pour qu’on valide notre défi ! Et nous ne manquerons pas de le redonner à quelqu’un dans le besoin.

Belle soirée avec nos amis voyageurs et nous sommes ravis de leur apporter une petite bouffée d’oxygène alors que leur bus est en panne depuis une semaine sur le bord de la route. Un premier mécano n’a pas pu les dépanner. Ils n’ont pas le budget pour faire remorquer leur énorme monture à la grande ville la plus proche. Un autre mécano qui connait leur bus est en route depuis Johannesburg mais il a 1200 km de route à faire. Il devrait arriver dans la nuit.

Jeudi 3 mars 2022 :

Nous quittons nos amis en espérant qu’ils puissent reprendre la route mais le mécano arrivé ce matin envisage déjà de devoir déposer l’énorme moteur Mercedes sur le bord de la route.

Nous roulons quelques kilomètres sur la Route 62 puis, sur les bons conseils de nos amis Mathieu et Élisabeth de Pretoria, nous bifurquons sur une piste, la R323, vers la Towerkop Nature Reserve qui appartient au complexe de Swartberg classé par l’UNESCO au titre des Aires protégées de la Région Florale du Cap. Pas de fleurs en cette fin de saison estivale mais nous découvrons de magnifiques paysages quand la piste s’enfonce dans de splendides gorges rougeoyantes.

L’endroit serait parfait pour en faire un bivouac mais nous avons un tout petit rythme kilométrique en ce moment et il nous faut rouler un peu.

Retour sur la Route 62 à travers les somptueux paysages du Col de Huisrivier. Une pente escarpée avec des paysages fait de rochers tout tordus nous mène vers Calitzdorp. La petite ville typique du Petit Karoo est entourée d’un cadre époustouflant : des terres agricoles plantées de vignobles vallonnés au pied de la chaîne de Groot Swartberge au Nord et de Rooiberge au Sud-Ouest. Nous arrivons dans la capitale du vin de Porto en Afrique du Sud.

Nous avions rencontré avant notre départ pour l’île de La Réunion puis à notre retour un charmant couple, Élisabeth et Matthieu, à Pretoria. Ils vont bientôt changer de vie et ont décidé de venir vivre leur retraite ici, dans le Klein Karoo, et de quitter leur jolie maison et leur confortable vie de citadins. Pas question pour eux de dépenser sa retraite de pilote de ligne en restant à la capitale. Ils viennent d’acheter un terrain de 6 hectares ici à Calitzdorp. Élisabeth et Mathieu vont y faire construire une modeste petite maison et vivre de ce que va leur offrir la nature. Un magnifique terrain sur lequel ils nous ont gentiment proposé de venir nous installer le temps qu’on voudrait. Nous sommes très heureux, malgré leur absence, de pouvoir découvrir ce magnifique lieu. Un lieu qu’on aimerait tant trouver à notre retour en France. Un grand terrain, déjà arboré d’un magnifique verger, avec une immense retenue d’eau.

Un de leur voisin, Pierre, nous ouvre le portail et nous fait visiter cette belle propriété plantée de vignes, d’oliviers, d’amandiers, de grenadiers, d’orangers, de figuiers, de plaqueminiers du Japon (donnant des kakis), des citronniers (plusieurs sortes), de pamplemoussiers, d’abricotiers, de pêchers, de cognassiers… Wahouu ! On rêve d’un endroit pareil sur lequel on pourrait poser notre Tiny House.

Vendredi 4 mars 2022 :

Journée off sur le terrain. École dans un cadre très reposant .

Nous recevons la visite de Pierre, le voisin, qui vient discuter avec nous. Et si nous restions une seconde nuit ici ! Tout le monde semble ravi… Nous avançons bien sur le film de la Mongolie. La sélection des photos et des vidéos est terminée. Audrey a aussi terminé l’écriture des commentaires. Vient maintenant l’enregistrement de ceux-ci par nous 4 et le montage en même temps par Anaïs. Ça nous prend de nombreuses heures mais c’est agréable de se replonger dans la Mongolie et dans tout ce que nous y avons vécu. Et quel plaisir de bientôt le partager avec vous durant les conférences que nous allons organiser en mai et juin en France.

Comme souvent, Anaïs et Victor sortent se faire un petit shooting photos. Voici quelques clichés de notre jeune adolescent qui grandit vite ! Nous nous réjouissons de voir nos enfants toujours épanouis.

Audrey et Anaïs partent marcher dans la campagne et le village.

Samedi 5 mars 2022 :

Sur les bons conseils de nos voisins, Marina et Pierre, nous partons avec eux ce matin à la Accidental Bakery à 100 mètres du terrain. Cette boulangerie n’est ouverte qu’une fois par semaine. C’est le point de rassemblement des habitants du quartier mais aussi de nombreux locaux n’hésitant pas à parcourir de nombreux kilomètres pour venir ici le samedi matin. Nous commandons un délicieux pain maison au levain et un plateau de charcuteries, fromages, tomates séchées, pesto, compotée d’oignons, olives… Une succulente dégustation de produits frais et locaux d’une incroyable qualité. On se régale. Nous achetons d’autres pains dont de délicieuses baguettes françaises aussi bonnes que dans une excellente boulangerie de chez nous. Vraiment les meilleures de nos trois ans et demi autour du monde. Idem pour les fromages qui nous changent du gouda et du cheddar qu’on mange depuis un an en Afrique…

Et si on restait une troisième nuit ! On a vraiment un rythme de slow travel ! même programme qu’hier…

Nous sommes invités chez Marina et Pierre pour partager un bon moment et boire un bon vin qui fait la réputation de la région de Calitzdorp.

C’est intéressant de parler avec nos hôtes. Marina travaille dans le domaine de la justice et la discussion nous apporte beaucoup d’éclaircissements sur la situation politique et économique du pays, sur la gangrène de la corruption, sur le fossé qui existe toujours entre Blancs, Coloured et Noirs. Les premiers vont dans des écoles privées. Les autres comme dans le village ici, sont dans des classes jusqu’à 70 élèves.

Dimanche 6 mars 2022 :

L’envie d’une quatrième nuit nous tente mais il nous faut vraiment avancer car dans moins de deux mois, la cavale des Mollalpagas sera terminée et il nous reste tant de choses à voir… Nous profitons une dernière fois de pouvoir prendre une douche en plein air entre deux rangs de vignes. Il nous faudra vraiment un endroit comme cela pour vivre à notre retour en France ! Nous passons dire au revoir à Marina et Pierre qui nous offrent un bocal de gelée de coing et un autre d’olives noires que nous dégusterons aux prochains apéros.

Cavale toujours sur la Route 62 vers Oudtshoorn.

La ville doit sa prospérité aux élevages d’autruches qui en ont fait sa réputation et sa richesse. Belles demeures en guise du témoignage architectural du passé et jolies fermes entourées encore aujourd’hui d’élevages d’autruches. A la fin des années 1860 et jusqu’en 1914, la grande plume d’autruche était très à la mode et ornait les chapeaux des femmes dans le monde entier. A l’aube du 20ème siècle, alors que la région subissait une sécheresse sévère, les fermiers remarquèrent que leurs autruches supportaient bien le climat, ce qui incita plusieurs d’entre eux à se consacrer à l’élevage de ces volatiles de 2,40 mètres de hauteur et pesant plus de 100 kg. La ville demeure la capitale mondiale de l’autruche et nous y achetons des steaks, du biltong (viande séchée) et un œuf d’1,5 kg, mais pas de plumes ni de cuir. Quelques 400 fermes sont vouées à cette activité.

Nous trouvons un joli bivouac sur le parking des Cango Caves. On n’aime pas trop ça car il y a beaucoup trop de babouins rodant pas très loin de la Tiny. Tant qu’on est dedans ça va, mais demain matin, quand il faudra laisser la Tiny le temps de la visite des grottes, nous ne serons une nouvelle fois pas tranquille, suite à l’agression de ces singes qui avaient saccagé la Tiny en Namibie.

Lundi 7 mars 2022 :

Nous déplaçons la Tiny de quelques dizaines de mètres sous l’œil du personnel du site des Grottes de Cango Caves. Des immenses parkings, plusieurs caisses et un immense complexe touristique nous font prendre conscience qu’on est sur un site très visité. Mais le tourisme n’a pas encore repris depuis ce fichu Covid et l’endroit est vide. Notre guide qui nous prend en charge nous explique que d’ordinaire, les groupes sont constitués de 150 touristes et jusqu’à 2000 personnes visitent chaque jour. Ce matin, nous ne sommes que 6. Et le parking ne se remplit pas. Juste quelques voitures individuelles mais aucun car de tourisme ni minibus de tour opérateur. Un désastre économique pour la région et la guide souligne la chance qu’elle a d’avoir encore un emploi, bien qu’elle ne fasse plus qu’une seule visite guidée par jour au lieu d’au moins quatre.

Quelle chance de pouvoir visiter ces superbes grottes dans de telles conditions. Nous hésitons souvent à aller visiter des grottes, car sans faire les blasés, on en a déjà vues beaucoup, et on a parfois peur d’être déçus. Mais celles-ci nous ont été conseillées par des voyageurs et des locaux. Et nous n’allons pas regretter ! Nous avons surtout la chance d’avoir une guide exceptionnelle, et là aussi ça fait la différence. Elle apprécie elle aussi avoir un petit groupe avec lequel elle peut prendre son temps, nous montrer des endroits secrets en franchissant une barrière interdite. Le site est parfaitement aménagé pour les visites et l’éclairage sublime les concrétions et les immenses salles que nous visitons sur plus de 600 mètres de longueur sous terre. Notre guide nous offre un moment émouvant en chantant à deux reprises dans deux salles pour nous montrer l’impressionnante acoustique. L’instant est saisissant, intense et magique. On en a plein de frissons.

Au bout d’une bonne heure de visite, nous retrouvons notre Tiny et y accueillons le charmant couple russo-américain qui a fait la visite avec nous. Elena et Josh qui ont déjà sillonné le monde, rêvent de le faire avec un camion comme le nôtre… et des enfants…

Nous faisons l’école, le blog et nous prenons la route pour traverser l’immense chaine de montagnes que nous avons longée depuis plusieurs jours. Le Col du Swartberg nous a aussi été conseillé et effectivement, au fur et à mesure que nous approchons de cette montagne, on en prend déjà plein les yeux. L’asphalte laisse la place à une route gravillonnée en état correct. On grimpe gentiment à 22 km/h les 1000 mètres de dénivelé avec une vue époustouflante sur le vaste plateau semi-aride du Klein Karoo que nous venons de quitter. Whaouuu ! Magique ! Pas trop question de s’arrêter au risque certainement de manquer d’adhérence pour repartir tellement la pente est prononcée par endroit. Un bon 20% dans certaines côtes. Ce passage routier a été ouvert en 1885.

On croise les doigts pour ne pas croiser de véhicules car c’est très étroit. Heureusement, nous ne croisons qu’une seule voiture de petit gabarit et il n’y a pas plus que 5 cm entre nos deux véhicules. Le col long de 26 km est interdit aux caravanes, aux véhicules lourds (mais pas de limite de poids annoncée) et aux véhicules de plus de 7 mètres. C’est bon, on ne fait que 5 tonnes et 7,30 mètres.

Nous parvenons au col à 1585 mètres d’altitude. C’est battu par les vents. Le stress de la descente est là. Car les descentes sont aussi difficiles que les montées. Pour limiter l’usage des freins sur plusieurs kilomètres, je descends au frein moteur en premier rapport soit à environ 15km/h. Et la descente est vertigineuse par moment. Là encore, nous ne croisons qu’une seule voiture et on ne s’en plaint pas. On continue d’en prendre plein les yeux. Mais whaouuu ! Les formations rocheuses toutes plissées, entortillées et tortueuses sont spectaculaires. Un chef d’œuvre de la nature. Elles forment la Cape Fold Belt (Ceinture plissée du Cap) et remontent à 400 millions d’années quand d’énormes couches de sédiments se déposaient au fond de l’océan. Il y a 250 millions d’années, une convulsion de la croûte terrestre a entrainé le plissement de ces dépôts calcaires mêlés de quartz, donnant naissance à ces belles montagnes aux formes étranges.

Nous croisons le regard d’un oréotrague.

Nous suivons les conseils de nos amis les Un tour à cinq, et bivouaquons dans un endroit paradisiaque, presqu’en bas du col, le long d’une petite rivière ayant creusé un magnifique canyon. Juste incroyable et un de nos plus beaux bivouacs ! Et oui, même après quelques 1500 nuits de bivouacs à travers le monde, soit au moins 1000 lieux différents, on arrive encore à s’extasier de lieux comme celui-ci.

Il est temps de se mettre à l’ouverture de l’œuf d’autruche que nous avons acheté à Oudtshoorn et ce n’est pas une mince affaire. Ce met de luxe en France qui s’achète à plusieurs dizaines d’euros ne coûte ici que 3€. Un œuf d’autruche équivaut à 24 œufs de poule ! Sauf que la coquille est hyper dure et c’est à la scie à métaux qu’on doit l’attaquer…

Un des rares véhicules qui passe s’arrête nous rencontrer, curieux de notre véhicule. Rebecca et Garfield habitent le prochain village Prince Albert où nous nous rendons. Aussitôt, ils nous invitent chez eux. OK, nous passerons demain. Ils nous demandent si on aime la viande. Bien entendu ! Nous buvons un verre de Pinotage dans la Tiny avec ce charmant couple, ayant aussi décidé de fuir la capitale Johannesburg, pour venir, eux aussi, s’installer dans ce paisible Karoo.

Belle soirée de bivouac, bien que très venteuse. Pas un bruit à part celui du ruisseau et celui des grenouilles. Un ciel pur nous offre un ciel étoilé merveilleux à tel point qu’Anaïs installe ce soir son lit sur les trois sièges de la cabine pour en profiter toute la nuit.

Mardi 8 mars 2022 :

Nous ouvrons les rideaux. Deux oréotragues, ces toutes petites gazelles, sont en train de boire à quelques mètres de nous. Nous apprécions aujourd’hui les températures plus clémentes que les jours passés où nous avons eu quelques 38°C. École dans un merveilleux écrin de la nature. C’est bien le genre de bivouac qu’on a du mal à quitter. Anaïs et Victor prennent le temps de se construire une cabane et de tailler quelques morceaux de bois.

Nous reprenons la piste qui traverse les gorges.

Puis nous arrivons à Prince Albert, un des plus beaux villages du Karoo. En franchissant les monts Swartberg, nous sommes sortis du Klein Karoo (Petit Karoo) pour de nouveau entrer dans le Karoo central. Nous marchons dans les quelques rues bien quadrillées et repérons de charmants cottages. Beaucoup sont reconvertis en maisons d’hôtes. Le village a la chance d’être équipé d’un réseau de canaux d’irrigation venant de la montagne où nous étions hier. A tour de rôle, les villageois ouvrent et ferment les vannes pour arroser leurs parcelles. Des éoliennes font fonctionner des pompes pour puiser l’eau des nappes phréatiques.

Nous répondons à l’invitation de Rebecca et Garfield qui se sont arrêtés nous voir dans le canyon hier. Ils viennent d’acheter l’un des plus grands, certainement le plus grand, bâtiment de la ville, un ancien hôtel de 600 m². La superbe bâtisse de 1865 est à restaurer et Garfield a du boulot pour en faire quelques chambres d’hôtes. Ils vivent ici avec Mary, la maman de Garfield qui, après avoir vécu 92 ans à Johannesburg, vient d’aménager ici avec son fils et sa belle-fille il y a un an. Cette vieille dame est rayonnante et très coquette.

Audrey se met aux fourneaux et semble apprécier encore une fois une grande cuisine et un four !

Nos hôtes nous préparent un super barbecue d’agneau. On se régale et on passe une bien sympathique soirée avec cette jolie famille.

Partage intéressant avec ce couple. Après une vie trépidante à Londres, Los Angeles, New York ou encore Johannesburg, Garfield apprécie le calme du Karoo

Comme nous avons pu le constater à plusieurs reprises en Afrique du Sud, le courant est coupé en fin de journée. A 20h30, et pour une partie de la nuit, et de nouveau demain matin, il n’y a plus d’électricité. On est ici loin de tout, mais même dans les grandes villes comme à Johannesburg, on l’a souvent vu. En plein jour, on peut se retrouver avec des feux tricolores en panne faute d’électricité, y compris à la capitale. Le réseau n’est pas suffisamment entretenu et la terrible corruption dans le pays fait qu’il manque d’entretien. A tour de rôle, les quartiers ou les villages entiers se retrouvent dans le noir.

Mercredi 9 mars 2022 :

Audrey est matinale ce matin et revient à 7h45 après 10 km de running dans le Karoo en une heure. Bravo mon amour ! Elle apprécie les premières lueurs du jour sur la campagne.

Ce matin, nous interrompons l’école pour aller faire un tour sur un étrange tricycle fabriqué par Garfield. Avec des matériaux de récupération, il a conçu cette monture haute perchée sur des roues de 2,40 mètres de diamètre. Il collectionne aussi des vélos indiens.

A notre tour d’inviter Mary, Rebecca et Garfield pour manger dans la Tiny. Mary peine un peu à monter dans la cabane mais en la prenant dans mes bras, on y arrive !

Puis, ce sont déjà les séparations avec cette chouette famille. Encore une. L’Afrique du Sud aura été vraiment LE pays où on aura fait le plus de rencontres et celui où on sera rentré dans le plus de maisons !

Demi-tour et la cavale va nous faire traverser de nouveau la chaine de montagnes du Swartberg. Mais avant tout, nous la longeons, en savourant ces beaux paysages, en observant de loin ces fermes d’autruches.

Puis, nous nous enfonçons dans les Gorges de Meiringspoort qui traversent le Swartberg. Les gorges sont spectaculaires.

Nous marquons un arrêt rafraichissant à la Cascade de Meiringspoort. Là encore, c’est un endroit hyper touristique, en témoignent ses deux immenses parkings mais vides de bus et de voitures. Tant mieux pour nous, et nous pouvons profiter pleinement de ce magique espace avec seulement un autre couple de touristes. Haute de 60 mètres, elle se déverse dans un bassin profond de 9 mètres et un peu plus bas dans la Grootrivier qui a creusé au fil des millénaires ses impressionnantes gorges.

Nous aimerions bivouaquer sur le parking de la cascade mais les agents du parc national nous en dissuadent car l’endroit est dangereux à cause des inondations soudaines et des potentiels éboulements de la roche. Du coup, nous prenons la route puis à De Rust, nous quittons la R12 pour bifurquer sur la R341. Une longue route presque rectiligne qui longe deux chaines de montagnes. Les couleurs en cette fin de journée sont magiques. On aime rouler à cette heure-ci. Le ciel noir par endroit est percé par un double arc-en-ciel. Changement de province. Nous quittons le Cap Occidental pour entrer dans le Cap Oriental.

Quelques 100 km plus loin, nous nous arrêtons bivouaquer à Willowmore, ville sans grand intérêt mais sur la distance parcourue jusque-là, il n’y avait rien pour s’arrêter. Et puis, ainsi on a du réseau Internet pour préparer la mise en ligne de ce blog. Cette étape de route non prévue ce soir nous raccourcira la longue route initialement prévue demain de plus de 300 km.

Nous en avons terminé avec la traversée du Klein Karoo. Nous avons adoré cette alternative à la Garden Route qu’on avait prise pour longer le littoral océanique en fin d’année dernière. Nos amis Isa et Manu ne s’étaient pas trompés. Un vrai coup de cœur pour ce coin d’Afrique du Sud.