838 km parcourus du 20 au 31 mars 2022

92 753 km parcourus depuis le départ

Dimanche 20 mars 2022 :

Nous quittons ce matin nos charmants hôtes, Marilize et Rhudi, qui nous ont reçus chez eux dans leur magnifique maison à Winterton. En plus de leur charmant accueil, de nos réservoirs d’eau pleins, de notre linge propre et sec, nous repartons au dernier moment les bras chargés de viande ! L’incroyable accueil sud-africain continue. Les enfants profitent une dernière fois de pouvoir faire quelques rebonds dans le trampoline pendant la récréation puis nous prenons la route.

Après environ deux heures de route, nous nous posons à l’entrée de la ville de Dundee, près d’une église. Et ça recommence, à peine garés, nos nouveaux voisins sortent pour nous inviter à dormir chez eux sur leur parking. Trop gentil mais aujourd’hui, nous avons juste envie d’être un peu seuls. On sort de plusieurs invitations ces derniers jours et on a besoin d’un peu de calme.

Et pourtant, on ne devrait pas dormir n’importe où, et écouter ce que tous les Sud-Africains nous disent. Nous sommes en pays Zoulou, dans le KwaZulu Natal, une région où depuis notre arrivée en Afrique du Sud, on nous met en garde sur les problèmes d’insécurité. Mais à vrai dire, on entend cela depuis le début de notre cavale. Dans chaque pays, on nous met en garde sur le pays suivant. Dans chaque région, on nous met en garde sur la région suivante, et parfois on nous met même en garde sur la ville d’après. Et pourtant, nous n’avons encore jamais eu de problème. De la chance, me direz-vous ? Peut-être mais on en est ce soir à notre 1260ème bivouac, sans compter les 350 faits en Amérique du Sud, et on a traversé tellement de régions soi-disant « dangereuses » que je veux bien qu’on ait eu de la chance mais bon… Notre bonne étoile ? Oui, certainement, elle est là. Espérons qu’elle le reste encore pendant quelques semaines, jusqu’à la fin avril, date de la fin de notre cavale. Nous ne nions pas les problèmes d’insécurité en Afrique du Sud. Ils existent et le taux de criminalité est important. Mais les problèmes concernent beaucoup de règlements de compte entre bandes rivales et malheureusement aussi de violences familiales et conjugales. On ne s’imagine pas qu’on puisse venir attaquer un camion comme le nôtre garé en bord de route, en tout cas pas plus que dans un autre pays. Nos autres amis voyageurs qui ont sillonné aussi l’Afrique du Sud en long, en large et en travers durant plusieurs mois, et dormant comme nous majoritairement sur des bivouacs sauvages n’ont fait non plus aucune mauvaise rencontre nocturne, pas plus que diurne d’ailleurs.

Plus les jours passent, plus on se rend compte que c’est bientôt la fin… Évidemment qu’on va profiter jusqu’à la dernière minute, mais on ne peut s’empêcher d’y penser. On remplit des listes de ce qu’il y a à faire d’ici-là, de ce qu’il y aura à faire en France… J’en compte 6 différentes. Presque chaque jour, nous avons des démarches administratives à faire, quant à notre retour temporaire en France et notre prochaine installation courant août sur l’île de La Réunion. Ça y est, nous avons finalisé notre recherche de logements pour les 8 premiers mois (avec 4 endroits différents) sur L’Entre-Deux, là où sera scolarisé Victor. Notre choix de shipping de la Tiny entre le port de Durban en Afrique du Sud et celui de Vigo en Espagne est lui aussi finalisé. Bref, la tête est encore en voyage mais on a tellement de choses à penser pour notre retour et notre nouvelle vie qu’on y pense un peu en continu.

Lundi 21 mars 2022 :

Bon, il ne nous est rien arrivé cette nuit encore. Le quartier est vraiment calme, à tel point qu’Audrey part faire son footing matinal. Après les 4 heures d’école quotidiennes auxquelles on se tient, on prend la route. Pas grand-chose à faire sur cette partie du territoire à part quelques sites de batailles historiques entre les Boers et les Anglais.

Plein de gasoil et je réalise que c’est l’un des derniers, peut-être même l’avant dernier. Le GPS ne nous indique plus qu’un tout petit millier de kilomètres jusqu’à Durban. Snif… Nous avons rendez-vous dans tout juste 4 semaines chez notre transitaire à qui on confiera notre Tiny, notre bébé. Vernon avec qui nous sommes en contact depuis quelques mois est le transitaire qui fera le lien obligatoire avec la compagnie maritime NYK qui transportera la Tiny. Il est sérieux et réactif dans nos échanges et cela est rassurant. Par contre, aujourd’hui, mauvaise surprise, nos amis belges qui nous précèdent sur un bateau de la même compagnie, sur la même route maritime viennent de récupérer aujourd’hui leur camion vandalisé à Vigo. Peinés pour eux. Du coup, le stress monte pour nous. On est conscient que les shippings sont risqués. On le sait mais on n’y peut rien. Eux aussi avaient pourtant bien sécurisé leur camion mais les voleurs ont réussi à rentrer quand-même. Ces expériences douloureuses dans la vie de voyageurs nomades sont malheureusement difficiles à gérer. Espérons que nous aurons la même chance de nos amis les Kaquet, qui ont pris le bateau d’avant et qui n’ont eu aucun souci. Les shippings, c’est un peu la roulette russe. Il n’y a que très peu de retour sur le port de Vigo très peu utilisé par les voyageurs. Aussi, on pense un instant modifier notre itinéraire et privilégier une arrivée en Belgique mais les soupçons (confirmés par la présence d’une caméra) de nos amis confirment que l’effraction a eu lieu sur le port de départ. Et celui-ci, on ne peut pas le changer car on a déjà payé la moitié du shipping. On espère que notre bonne étoile sera là jusqu’au bout et que nous aurons autant de chance que lors de nos trois précédents shippings.

Nous roulons, avec plein de choses en tête, mais comme je vous le disais avec bien l’intention de profiter de l’Afrique du Sud jusqu’au bout. Alors que nous avançons tranquillement, à l’approche de la ville de Vryheid, Anaïs vient nous voir en nous disant avoir vu en bord de route des fagots d’herbes séchées en vente et qu’elle aimerait en acheter pour en faire de la vannerie. OK ma princesse, je fais demi-tour. Nous nous arrêtons près de ces petites habitations en tôles. Par la fenêtre, nous faisons affaire et achetons un paquet pour 35 rands à ces personnes qui se demandent certainement bien ce qu’on va en faire.

Puis, je demande si on peut se garer un peu mieux que là où nous sommes sur le bas-côté pour discuter. Nous descendons et échangeons avec la dizaine d’adultes de cette ethnie Zoulou. Nous leur offrons un thé dans la Tiny. Juste deux d’entre-eux parlent un tout petit peu anglais. Les échanges verbaux sont donc compliqués et limités mais les sourires et les regards pétillants en disent long. On a envie de prolonger ce moment. Peut-être parce que justement on nous avait dit de nous méfier des Zoulous. Après tout, pourquoi seraient-ils plus dangereux que les milliers de gens qu’on a déjà croisés ?

Nous passons du temps à tourner les pages de notre livre présentant les animaux d’Afrique ainsi que quelques manuels scolaires de géographie mais les planisphères sur lesquels on leur montre où on habite en France et à quoi ressemble le continent africain ne leur parlent pas vraiment.

Pour nous remercier de notre présence, les femmes entament quelques pas de danse traditionnelle de leur ethnie. Puis Les enfants font quelques parties de Memory avec les Zoulous.

Nous visitons leurs maisons construites avec des bidons aplatis et couvertes maladroitement de tôles mal ajustées, et certainement pas étanches quand il pleut. De la terre au sol ou un morceau de PVC tout déchiré. Un lit. Quelques commodes. Un coin cuisine ou un simple feu de bois au sol enfumant entièrement la maison. 4 ou 5 m² habitables tout au plus pour le couple. Les enfants sont scolarisés et sont internes en ville, juste à quelques kilomètres de là. Aucun électroménager, mis à part un frigo mais qui doit plus servir de placard car le seul minuscule panneau solaire doit au mieux fournir suffisamment d’énergie pour alimenter la télévision ou la chaine Hifi, et encore. Une cuve de quelques mètres cubes d’eau commune à ces quelques familles est remplie par la municipalité trois fois par mois. Quatre poules dans une petite cage. Un petit jardin potager. Mais que de sourires !

Les femmes et les hommes se remettent au travail dans la bonne humeur. En musique, ils travaillent tous à ramasser des hautes herbes qu’ils font sécher, qu’ils mettent en fagot d’une vingtaine de centimètres de diamètre, et qu’ils vendent en bord de route. Ces fagots servent à faire les toitures des belles maisons dont voici un exemple. Certaines femmes tissent et apprennent à Anaïs comment confectionner des grandes longueurs de quatre mètres d’herbes. On a cru comprendre que cela servait aussi pour les toitures des maisons mais plus pour les petites huttes circulaires.

Nous sommes évidemment les premiers Blancs à nous arrêter et à demander si nous pouvons rester dormir dans ce mini bidonville avec eux ce soir. Ils en semblent ravis et se mettent à danser encore. Nous cuisinons une énorme marmite de soupe de légumes que nous partageons avec toute cette communauté.

La nuit tombe vers 18h30, soit 50 minutes plus tôt qu’à l’extrémité du pays à Cape Town. C’est le premier jour de l’automne dans l’hémisphère Sud et les jours raccourcissent. Ça va nous faire bizarre les longues journées en France au mois de juin ! Il y a fort longtemps qu’on n’a pas vu le jour durer jusqu’à 22 heures…

Chacun rentre chez soi. L’endroit est un peu bruyant car les camions passent à quelques mètres de la Tiny sur la nationale mais nous sommes heureux de dormir ici, avec les Zoulous. Quel contraste avec les riches maisons de plusieurs centaines de mètres carrés habitables où nous sommes passés jusque-là ! C’est aussi cela l’Afrique du Sud, un pays de contrastes. Mais avant de rentrer, encore quelques pas de danse malgré la pluie qui tombe…

Mardi 22 mars 2022 :

Nuit paisible. Réveil en douceur. Les Zoulous nous offrent un large sourire. Ils ont sorti les instruments de musique pour notre départ. L’une des femmes est triste : « oh, mais vous partez déjà aujourd’hui ? ». Photos souvenirs avec ces gens rayonnants et dont nous n’oublierons jamais le sourire. Nous sommes ravis de cette belle rencontre avec ces gens qui vivent avec pas grand-chose mais qui sont fiers d’avoir un travail pour pouvoir subvenir aux frais de scolarité de leurs enfants.

L’Afrique du sud continue de nous surprendre, malgré ses problèmes, ses contrastes et de nous persuader et convaincre que l’Humanité est belle, quelle que soit l’origine, la religion, la couleur de peau, le niveau de vie.

La cavale reprend à travers la campagne où des petits hameaux de quelques cases ou maisons plus cossues sont disséminées.

Nous roulons vers la Réserve naturelle d’Ithala, annoncée dans nos guides comme trop méconnue et trop souvent laissée à l’écart des circuits de visite des touristes dans ce pays d’Afrique australe. Nous y voici. Alors qu’on pensait ne pouvoir en faire qu’une toute petite partie asphaltée, le préposé à l’accueil nous indique sur le plan qu’on peut élargir un peu notre parcours, bien qu’on ne soit pas 4×4. OK, nous partons, mais le gentil gars n’a jamais conduit de Tiny de 5 tonnes, de 7,30 mètres de longueur et de 2,50 mètres de largeur ! Les chemins sont défoncés, étroits, un peu boueux.

Et on ne voit pas d’animaux. « Juste » un ou deux impalas et quelques zèbres des plaines. Toujours mignons à voir mais rien de transcendant quand on en a déjà vus par centaines dans d’autres parcs.

Mais nous adorons en revanche les paysages qu’on traverse. Le pilotage de la Tiny se passe finalement bien. Oui, à ce stade là, ce n’est plus de la conduite mais du pilotage. Heureusement, la réserve est déserte de touristes et personne n’arrive en face.

Nous roulons donc environ une vingtaine de kilomètres dans cette réserve à faire une boucle et deux allers-retours. Nous voyons en début d’après-midi quelques gnous, deux cobes à croissants, des koudous, de très loin un éléphant et de très très loin quelques girafes. Mais nous ne regrettons pas d’être venus dans ce parc d’autant plus qu’il ne nous a demandé qu’un détour de quelques kilomètres et que l’entrée était incluse dans notre pass annuel.

Sortie du parc. Nous nous régalons d’observer les différentes sortes d’habitats, de la simple case en murs de terre à la jolie maison cossue en passant pas celles en tôles.

Nous avançons mais la fatigue de la matinée passée ce matin sur les pistes du parc et ce début d’après-midi à slalomer entre les potholes (gros trous) sur la chaussée ou à freiner d’urgence pour un ralentisseur non signalé ou une vache que je ne vois qu’au dernier moment me pousse à ne pas aller au-delà de mes capacités. C’est tellement agréable cette facilité qu’on a de voyager avec un véhicule et de s’arrêter quand on en a marre ou quand on est juste fatigués et de ne pas pousser jusqu’à la prochaine réservation d’hôtel.

Nous quittons l’asphalte pour une piste desservant quelques villages zoulous. Nous nous garons pas très loin de quelques maisons le long de la route sur laquelle il n’y a que très peu de circulation. Nous allons aussitôt faire connaissance avec nos nouveaux voisins. Setembezo et Kuligani nous disent que l’endroit est très calme pour dormir mais que si nous avons besoin de quoi que ce soit, il ne faut pas hésiter à aller les voir. Les enfants sortent jouer avec quelques villageois de leur âge au bâton du diable au diabolo.

Mercredi 23 mars 2022 :

En début d’après-midi, après le rituel matinal, nous quittons le petit hameau près de Magudu où nous avons bivouaqué. Nous faisons le choix pas très judicieux de prendre un raccourci et d’emprunter la piste R69 sur 30 km mais c’est assez galère. On aurait mieux fait de rester sur l’asphalte et de faire le double de kilomètres. Sûr qu’on aurait gagné du temps. La piste n’est pas infernale mais on roule entre 20 et 30 km/h au risque de perdre des morceaux de la Tiny. Les collines traversées sont cependant jolies, assez boisées. Mais d’interminables clôtures longent la piste. Toutes les propriétés appartiennent à des réserves de chasse privées. On aperçoit deux girafes derrière une clôture. Difficile d’imaginer que des « passionnés » viennent payer des fortunes pour tuer des animaux comme des girafes, des éléphants, des rhinocéros…

Du haut du petit col que nous franchissons, nous avons un joli point de vue sur l’immense lac de barrage de Pongolapoort. Il est à la frontière avec l’Eswatini (ex Swaziland), ce tout petit pays de 17 000 km² coincé entre l’Afrique du Sud et le Mozambique.

Nous le longeons sur plusieurs kilomètres jusqu’à la ville de Jozini où nous avions prévu de bivouaquer près du barrage. Mais Jozini est une ville non loin de la frontière, et comme toutes les villes proches de frontières, ce ne sont pas forcément des endroits qui invitent à se poser. Comme dans beaucoup d’endroits en Afrique dans les villes frontalières, l’activité est débordante. Ça grouille de partout. Ce n’est pas très propre. La musique est à fond dans beaucoup d’endroits. On ne ressent aucun sentiment d’insécurité mais on passe notre chemin.

Cependant, la prochaine étape prévue vers Kosi Bay au bord de l’Océan Indien est encore trop loin pour aujourd’hui et surtout la route va se rapprocher de la frontière du Mozambique où nous devrons couper nos données cellulaires pour ne pas que notre forfait téléphonique bascule sur le réseau du pays voisin non inclus dans notre contrat. Nous avons encore besoin de faire des démarches administratives en ligne. A Nondabuya, nous nous arrêtons devant une maison un peu classe pour la région. Il ne se passe pas longtemps avant que les propriétaires ne sortent. Audrey se dirige vers eux en demandant si on peut dormir devant leur portail. Non, pas question, cette gentille famille zoulou nous ouvre son portail et nous demande de choisir l’endroit qu’on veut sur leur terrain pour bivouaquer ! Audrey se met du coup à cuisiner des crêpes pour offrir à Ntombiziphi (Mambi) et ses deux filles Linda et Smah qui est professeur de mathématiques au lycée. En retour elles nous amènent spontanément un bidon d’eau de 20 litres et nous demandent si on aime les patates douces…

Nuit au calme et en sécurité à 13 km de la frontière de l’Eswatini et à 51 km de celle du Mozambique.

Jeudi 24 mars 2022 :

Mpontshane, le père de famille, qui était absent hier, vient nous saluer avant de partir au travail. Il nous remercie chaleureusement d’avoir choisi sa famille pour venir dormir chez eux ! Euh, ce n’est pas plutôt à nous de les remercier de nous accueillir ?

Nous sommes invités au sein de cette famille à partager le repas. Nous n’arrivons pas les mains vides bien entendu et nous amenons le dahl indien qu’Audrey a préparé. Ils s’en régalent ! Ils nous font l’honneur de cuisiner une de leur volaille accompagnée de patates douces et de pop (cette sorte de porridge de farine de maïs, un peu fade, qu’on mange partout en Afrique dans les familles). Joli moment de partage avec Mambi et ses enfants.

Nous roulons en longeant la frontière de l’Eswatini puis celle du Mozambique jusqu’à la ville frontière de Manguzi. C’est l’heure de la sortie d’école et les transports scolaires ne semblent pas soumis aux mêmes normes qu’en France où le car ne démarre pas tant que toutes les ceintures de sécurité ne sont pas attachées…

Nous sommes venus ici pour profiter du secteur de Kosi Bay, tout en sachant que l’accès à ces lagunes est compliqué, voire impossible, si on n’a pas de 4×4. Mais nous sommes prêts à payer une nuit de camping pour une fois, ce qui nous permet d’avoir accès à la plus grande d’entre elle nommée Nhlange. Mais une fois arrivés sur place à KwaNgwanase, les emplacements disponibles sont difficiles d’accès et surtout, cela ne nous fait pas trop rêver. On a certes bien un point de vue sur la lagune mais ce n’est pas exceptionnel non plus, et on n’a pas envie de payer 25€ pour avoir un petit emplacement collé à un autre où de nombreuses tentes sont déjà montées, ce qui nous fait craindre une prochaine nuit pas très calme (ce sont encore les vacances scolaires). L’accès aux passerelles est joli mais la petite plage est déconseillée à la baignade car des hippopotames, des requins du Zambèze et des crocodiles rôdent dans les parages. Des sorties en bateau de trois heures sont organisées mais ça nous en couterait 100€, ce qui nous semble un peu cher.

Nous faisons demi-tour et nous trouvons une place à l’entrée d’un petit chemin sur le bord de la piste. Je demande l’hospitalité à un couple qui a un grand parking mais rapidement, on ne sent pas trop le gars. On est dans un endroit très touristique et il voit des dollars dans nos yeux. « OK, vous pouvez stationner sur mon parking mais il faudra me donner un bonus ». Bon, ben ce n’est pas grave, on reste garés dans notre chemin. Non pas qu’on soit radin, mais l’approche du monsieur n’est pas très classe à notre goût, d’autant plus qu’il ne semble pas dans le besoin.

Quand soudain, un gros 4×4 blanc s’arrête. Sanet et Tonie par la fenêtre nous offrent un généreux sourire et nous demandent de les suivre sur leur terrain non loin de là et qu’on y sera mieux que sur le bord de la piste où peuvent trainer des personnes alcoolisées à cet endroit précis la nuit. Nous remettons la Tiny en ordre de marche et nous voici sur leur terrain où ils viennent en vacances. Un immense terrain avec plein d’arbres, une cabane en bois de quelques dizaines de mètres carrés. Le luxe ! Nos hôtes nous installent près d’un petit bloc sanitaire et nous disent de nous sentir comme chez nous… Ils repartent immédiatement car ils sont invités. Nous ferons plus ample connaissance demain.

Vendredi 25 mars 2022 :

Sanet et Tonie nous amènent dans un lodge voisin pour qu’on fasse connaissance et qu’on prenne ensemble un petit déjeuner bien copieux. Beau moment de partage avec eux. Victor, en attendant son hamburger et ses frites, saute dans la piscine.

Puis, comme ils n’ont rien prévu de particulier aujourd’hui, ils nous proposent spontanément de nous emmener en 4×4 découvrir Kosi Bay, le joyau du Parc national de iSimangaliso Wetland, inaccessible en Tiny. Nous emmenons avec nous Dan et Martin, leurs employés qui s’occupent de leur terrain car nos hôtes vivent à 500 km de là. C’est parti pour une vingtaine de kilomètres de piste qui effectivement auraient été impossibles pour notre Tiny.

Nous traversons quelques petits villages, tout en longeant la succession des 4 lacs interconnectés : aManzimnyama, Nhlange, Mpungwini et Makhawulani. Ils sont alimentés par deux rivières, Siyadla et Nswamanzi. La salinité augmente au fur et à mesure qu’on se rapproche de l’estuaire. La végétation est composée de figuiers, de mangrove (5 espèces différentes) et de rafias.

Nous arrivons à l’estuaire de Kosi Bay appelé Mouth Bay. Un endroit magique entouré de dunes et de bancs de sable paisibles. La vue satellite est très belle.

Par chance, la marée est descendante et nous pouvons accéder aux différents bancs de sable. Nous ne sommes qu’à 4 km du Mozambique.

Nous retrouvons ici l’Océan Indien que nous n’avions pas vu depuis notre départ de l’île de La Réunion il y a deux mois.

Maillots de bain et masques nous permettent de nous mettre à l’eau, non pas dans l’océan trop agité, mais au calme dans la baie. Nous y voyons quelques jolis poissons colorés comme nous en voyions à La Réunion et aussi deux superbes rascasses volantes. Nous n’avions pas l’appareil photo étanche avec nous mais voici à quoi cet étrange poisson aux épines venimeuses ressemble :

Nous sommes au cœur du Parc de la zone humide d’iSimangaliso classé au Patrimoine mondial par l’UNESCO : « Les processus fluviaux, marins et éoliens permanents sur le site ont créé un relief très varié avec des récifs coralliens, de longues plages de sable, des dunes côtières, des systèmes lacustres, des marais et des zones humides à papyrus et roseaux. L’hétérogénéité environnementale du parc, accentuée par des crues importantes et des tempêtes côtières, et sa localisation entre l’Afrique subtropicale et l’Afrique tropicale expliquent sa diversité spécifique exceptionnelle. La mosaïque de reliefs et de types d’habitats crée des panoramas uniques au monde ».

Après un bain de Soleil et un gros trou dans le sable avec Dan, nous reprenons le chemin du retour et nos hôtes nous montrent le poste de frontière avec le Mozambique.

Sanet et Tonie nous invitent à partager la soirée avec eux autour du traditionnel et si convivial braï des Afrikaners. Nous apportons quelques saucisses et une purée de potiron. Tonie prépare un Bom Fire qu’il va alimenter toute la soirée en bois et cuit une quantité incroyable de viande au charbon.  L’Afrique du Sud n’est décidément pas un pays pour les végétariens… Je pense même qu’ils sont plus forts que les Argentins, ce qui n’est pourtant pas facile. Mais qu’est-ce qu’ils sont généreux ces Sud-Afs !! On n’en revient pas…

Samedi 26 mars 2022 :

Sanet et Tonie doivent repartir chez eux à 6 heures de route d’ici. Ils nous laissent entre les bonnes mains de leurs employés Dan et Martin. Ils nous ont en effet proposé de rester sur leur terrain autant de temps qu’on voulait, et qu’on pouvait profiter des sanitaires, de leur superbe douche extérieure et même d’un petit bungalow si on voulait y dormir. Un petit paradis où on se verrait bien vivre si on pouvait le transposer en France.

Ils ont même demandé à leurs voisins de veiller sur nous. Une demi-heure après, les voisins arrivent dans un buggy. Sans en descendre, ils se présentent en deux secondes et nous demandent de nous tenir prêts pour 13h30 car ils repassent nous prendre pour nous emmener faire un tour avec leur bateau. Puis, Ian et Ria s’en vont aussi vite qu’ils sont arrivés ! Whouahhh…

13h30 pile poil, Ian vient nous chercher à la Tiny. Nous roulons jusqu’à l’embarcadère et nous montons rapidement à bord de son embarcation sur le lac Nhlange. On croyait que c’était des particuliers qui nous invitaient mais non, en fait Ian et Ria ont une société touristique de promenade en bateau, Hleke Imvubu. Ils n’avaient que deux clients aujourd’hui sur leur bateau pouvant en accueillir 8 de plus. Peut-être est-ce la raison pour laquelle ils nous ont gentiment invités à compléter le bateau ? On ne va pas s’en plaindre à 25€ la place ! Là encore, quelle générosité !

Nous découvrons l’immensité de ce lac, le troisième de la série de 4. Il mesure au plus large 7,5 km par 6,2 km. L’ensemble du Parc de la zone humide d’iSimangaliso constitue le système estuarien le plus vaste d’Afrique. Nous voyons quelques espèces de jolis oiseaux marins dont des aigles pêcheurs, des hérons, des martins-pêcheurs, des cormorans.

Un étroit chenal (Mthando Channel) de plus de 2 km serpente ensuite entre la mangrove et nous permet d’accéder au deuxième lac, le lac Mpungwini.

Nous y découvrons les impressionnants pièges à poissons (Utshwayelo) dont la tradition remonte à plus de 700 ans ici. Déjà Vasco de Gama en parlait dans ses récits. Les peuples Thonga continuent à utiliser ces ouvrages magnifiques. De longues palissades faites de branches épineuses d’arbres dirigent les poissons dans une sorte d’entonnoir menant à un espace circulaire duquel ils ne peuvent plus sortir. Ces pièges à poissons sont uniques au secteur de Kosi Bay. Il y en a plus de 500 dans la baie. C’est par une vue satellite qu’on se rend bien compte des formes géométriques de ces superbes ouvrages.

Un autre et court chenal nous mène au premier lac (le troisième pour nous donc), le lac Makhawulani, celui juste avant l’estuaire de Mouth Bay où nous étions venus hier nous baigner avec Sanet et Tonie. Aujourd’hui encore, nous enfilons nos maillots de bain et nos masques de snorkeling et allons nager une demi-heure dans un chenal bordé de mangrove. Superbe de pouvoir découvrir cette forêt sous-marine et ses racines de mangrove au sein desquelles évoluent des poissons tropicaux magnifiques.

Une étroite dune de sable haute de 67 mètres toute boisée, de 500 mètres de largeur sépare le lac de l’Océan Indien. Ce long isthme de sable de Bhanga Nek est habité par une communauté d’environ 300 habitants. Aucune piste ne dessert ces hameaux. Seuls les bateaux leur permettent de rejoindre la ville. Nous voyons le bateau de ramassage scolaire.

Nous observons quelques hippopotames évoluer dans l’eau dont une maman et son bébé qui se font des câlins, à quelques encablures de là où on s’est baigné tout à l’heure.

Retour bien agréable après trois heures de navigation au petit port et Ian nous ramène à notre Tiny house après que sa femme Ria ait offert à Anaïs et à Audrey des bijoux faits dans des graines de rafia. Le rafia pousse ici sur les berges des lagunes. Les palmes de rafia mesurent jusqu’à 16 mètres de hauteur et les feuilles font de 6 à 8 mètres de longueur. Ria ramasse les fruits de rafia, une sorte de grosse noix, et fait des créations artisanales avec le centre du fruit, dur comme de la pierre. MERCI Ria et Ian pour votre générosité !

Dimanche 27 mars 2022 :

Nous profitons de ce havre de paix, de ce joli parc où nous sommes installés. Nous continuons d’échanger avec nos hôtes par WhatsApp qui nous disent qu’on peut y rester le temps qu’on veut ! Comme on a un peu d’avance sur notre programme et que nous avons encore jusqu’au 17 avril pour arriver à Durban qui n’est plus qu’à 430 km, nous décidons de prolonger un peu notre séjour ici. C’est d’un calme ! Bien qu’on adore et qu’on cherche au maximum les rencontres et les échanges avec les locaux, on apprécie aussi paradoxalement d’avoir un peu de calme et de ne pas devoir poser plusieurs fois par jour pour des photos ou expliquer aux gens notre périple. Nous en profitons pour faire de bonnes séances d’école. Nous avançons aussi sur le montage de notre film de la Mongolie pour nos prochaines conférences.

Nous recevons avec plaisir tout de même la visite de Ria et Ian que nous avions invités à boire un verre hier à notre descente de leur bateau. Ils nous avaient dit qu’ils passeraient. Ils sont là. On les reçoit (presque) chez nous ! Bon moment en leur compagnie.

Lundi 28 mars 2022 :

Après 4 nuits au même endroit, nous levons enfin notre campement, replions notre table de camping et ses fauteuils, rangeons notre machine à laver, enlevons le fil à linge. Ah ben oui, on s’était installés !

Nous roulons un peu vers le Sud le long de la côte océanique. La vie est trépidante dans les villes traversées comme celle de Mbazwana. Les bruits, les odeurs, la foule, les marchands de tout dans la rue, les vaches qui traversent en plein ville, la mendicité, la saleté, les cris, la musique à fond sortant de petites boutiques… C’est l’Afrique comme nous l’avions découverte au Kenya, en Tanzanie, en Zambie. Tous nos sens sont en éveil !

Nous retrouvons un peu de calme en rentrant de nouveau dans le Parc national de iSimangaliso Wetland. Cette réserve est la troisième plus grande d’Afrique du Sud (plus grande à elle seule que toute la région Bretagne). Elle borde l’océan sur plus de 200 km de longueur. Nous arrivons à la Baie de Sodwana, un grand site reconnu de plongée dans une succession de failles et de crêtes sous-marines. Mais après renseignements pris, les fortes pluies des dernières semaines ainsi qu’un courant froid inhabituel ont troublé l’eau et la visibilité est réduite. Trop de vagues aussi pour s’y baigner. Mais agréable balade sur la plage malgré la présence de 4×4 directement garés sur le sable.

Au retour, alors que la nuit commence à tomber et que nous traversons un passage dans la végétation assez sombre, je sens sous mon pied nu quelque chose qui bouge. Un serpent !! Un serpent vert fluo d’un bon mètre de long qui ondule dans le sable… On rentre au camping-car où on discute quelques instants avec deux sympathiques touristes français à qui on raconte, encore sous l’émotion, notre rencontre avec cet animal ! « Ah mais, c’est un mamba vert, c’est extrêmement dangereux ! ». Connais pas. On cherche sur Internet, ah ben oui, c’est bien ça. Merci Wikipedia : « Le mamba vert est un serpent particulièrement venimeux. Les patients mordus développent un gonflement de tout le membre mordu. Cette espèce a causé des morsures aux humains et la plupart des morsures attribuées à cette espèce ont été fatales. Les symptômes d’envenimation par cette espèce incluent le gonflement du site de la morsure, des étourdissements et des nausées, accompagnés de la difficulté à respirer et à avaler, de battements cardiaques irréguliers, de convulsions, et d’une rapide progression vers une paralysie respiratoire. Les morsures avec envenimation sévère peuvent être rapidement fatales. Les rapports de cas de mortalité rapide, en 30 minutes, ont été enregistrés pour cette espèce ». Bref, j’ai été chanceux de ne pas me faire mordre…

Nuit sur le parking de la plage, après nombreuses discussions avec les gardiens du parking qui d’abord acceptent qu’on dorme là, puis refusent, puis acceptent avant de finalement refuser. On rebouge de parking dans la nuit noire sur un autre parking où on était quelques heures avant. Pas top mais ça dépanne.

Mardi 29 mars 2022 :

La nuit a été finalement et étonnamment tranquille et les quelques voitures avec la musique à fond et leurs passagers assez alcoolisés sont partis et ne nous ont pas dérangés. Nous partons marcher sur la plage, mais une nouvelle fois, les agents du parking me demandent de bouger sur le parking et de me garer dans un recoin que je ne sens pas. J’ai observé depuis ce matin le va-et-vient du personnel soi-disant de sécurité et je ne les sens pas. Je sens un peu l’entourloupe et je crains de retrouver la Tiny cassée à notre retour. Ce sentiment de méfiance est vraiment exceptionnel et ne nous arrive quasiment jamais en voyage, mais je préfère rester au camion pendant que les enfants et Audrey partent marcher sur la plage. Nous ne sommes pas à la bonne saison pour observer les baleines à bosse au large, ni les tortues caouannes et luths qui viennent pondre dans le sable mais ils reviennent satisfaits de leur balade malgré la présence de tracteurs amenant des bateaux de plongeurs.

Puis nous roulons vers l’entrée du Parc de Umkhuze où nous nous arrêtons dormir dans un petit hameau de l’ethnie des Tsongas avant la porte d’entrée.

On essaye de croiser le regard des habitants de la première maison quand ceux-ci viennent à notre rencontre nous avouant que notre présence leur fait peur ! ça aussi, c’est exceptionnel ! On essaye de les rassurer et ils repartent apparemment convaincus. Le mari arrive plus tard et lui semble parfaitement rassuré et nous remercie même d’être venu visiter son pays et sa région…

Après-midi école, administratif, blog, dessin, jeux… De nouveau, une mauvaise nouvelle arrive, nos amis qui ont shippé depuis le port de Durban vers Dakar se sont aussi fait ouvrir leur camping-car. Oups, ça fait 2 sur 3 quand-même en quelques semaines et nous serons les prochains à shipper depuis Durban. Il faut bien se faire à l’idée qu’on ne retrouvera pas intacte notre Tiny sur le port de Vigo en Espagne vers la mi-mai… Le contraire sera une bonne surprise. Heureusement pour les deux autres familles de voyageurs, leurs camions n’ont pas été saccagés, vandalisés car cela se produit sur certains shippings mais juste visités. Quelques vols à déplorer mais pas de grosses pertes non plus, toutes les choses de valeur étant parties en avion dans les bagages de nos amis. On fera de même.

La nuit tombe quand les habitants de la même propriété (ils sont en fait trois familles à vivre sur le même terrain) viennent nous voir, discuter et nous proposer d’ouvrir leur portail pour nous accueillir sur leur terrain ! Non pas qu’on se sente en insécurité où nous sommes mais c’est toujours sympa de pouvoir échanger avec des locaux. Nous voici donc ce soir chez Decorated, Héro, leurs enfants et petits-enfants. On a un peu de mal à se repérer dans cette grande famille. Qui est qui ? Le dernier de leurs enfants étant plus jeune que leur premier petit-fils. Ils s’assurent que nous ne manquons de rien puis chacun rentre chez soi.

Mercredi 30 mars 2022 :

Nous quittons cette famille qui nous a accueillis sur leur terrain. Ils ne sont pas rancuniers de la cuisante défaite 5-0 du match amical de football d’hier soir entre l’Afrique du Sud et la France et nous offrent une poignée de patates douces de leur jardin. Et ils nous remercient plein de fois d’avoir dormi chez eux…

Quelques kilomètres de piste plus loin, nous entrons dans le Parc de Umkhuze par la Ophansi Gate. Il fait également partie du vaste Parc national de iSimangaliso Wetland. Il est payant pour nous car il n’est pas couvert par la Wild Card qui nous donne accès à environ 80 parcs en Afrique du Sud. Mais pour 17€ la journée pour nous 4 et le véhicule, on ne se prive pas ! Le parc est superbement aménagé par un bon réseau de pistes en très bon état et de routes asphaltées. La fin de saison des pluies fait que la végétation est très dense et il n’est pas facile de voir les animaux dès lors qu’ils sont à plus de 4 ou 5 mètres de la route. Mais la persévérance et les nombreuses boucles que nous faisons pendant plus de 7 heures nous font croiser le chemin de nyalas, koudous, impalas, gnous, zèbres, girafes, tortues, phacochères, singes (vervets et babouins)…

Il n’y a pas beaucoup de félins dans ce parc et nous pouvons donc descendre tranquillement à quelques endroits très bien aménagés par des passerelles et des hides où nous pouvons observer sans être vus, comme à iNsumo ou à KuMahalala.

Depuis ces cachettes mais aussi dans tout le parc, nous voyons beaucoup d’espèces différentes d’oiseaux.

Au hide de KuMasinga, nous y passons très longtemps, nous y pique-niquons et avons la chance de voir pour la première fois de si près les si farouches phacochères et de nombreux nyalas.

Depuis cet endroit, nous observons aussi des tortues.

Nous terminons cette magnifique journée par une jolie rencontre avec une belle et grande girafe que nous pouvons observer de près.

Après une soixantaine de kilomètres dans le parc, nous en sortons par la eMshophi Gate et encore une trentaine de kilomètres de piste en très bon état (la niveleuse est juste passée, sauf dans un petit col asphalté et plein de trous) nous sont nécessaires pour rejoindre la N2 asphaltée. Les girafes et les koudous sont à présent remplacés par des vaches et des chèvres.

Nous nous arrêtons en bord de piste, juste avant le dernier carrefour, devant une entreprise de maçonnerie. Le patron arrivant à la nuit tombée, un peu bourru et pas du tout souriant, nous invite fortement cependant lui aussi à rentrer dans sa cour pour y être plus en sécurité. Nuit paisible juste entre les villes de Mkuze et de Hluhluwe.

Jeudi 31 mars 2022 :

Le patron qui nous avait ouvert son portail hier soir à la nuit tombée a fait passer le message à l’un de ses employés de nous réclamer des boissons. On avait bien entendu le patron hier parler de « Drink tomorrow » mais on imaginait qu’on ferait connaissance autour d’un café le lendemain. Bon, finalement, son employé nous demande une boisson. Pas question évidement d’offrir de l’alcool qui fait déjà des ravages ici. Nous laissons une brique de jus de fruits sous le regard perplexe de l’employé. C’est bien rare qu’on nous demande quelque chose ainsi…

Nous roulons vers le secteur de False Bay, toujours dans le Parc national de iSimangaliso Wetland. Nous n’y rentrerons que demain. Une partie de la matinée est consacrée à un peu d’intendance (courses, pleins d’eau et de gasoil, vider les toilettes sèches…) puis nous cherchons un bivouac. Nous avons comme souvent repéré sur Google Maps en version satellite un secteur qui pourrait s’y prêter. En lisière de forêt bordant la zone humide, ce sont d’immenses fermes et parcelles agricoles cultivées de plants d’ananas. Nous nous garons à l’ombre, dans l’herbe le long d’une petite piste d’aérodrome privé appartenant à un riche fermier. Tout au long de l’après-midi, quelques villageois noirs travaillant dans les fermes viennent à notre rencontre de même que certains fermiers blancs dans leur gros 4×4. Tous nous offrent des ananas. On en a déjà achetés ce matin au magasin. On se retrouve donc avec 8 ananas !

En fin de journée, Hanné revient discuter avec nous et nous indique qu’aujourd’hui, c’est jour de paye pour les salariés des fermes et que ce sont malheureusement (et on l’a vérifié à d’autres reprises en Afrique) le jour où les hommes vont dépenser leur maigre paye en alcool et que les soirées peuvent dégénérer malgré l’endroit qui parait si paisible. On se laisse convaincre et on le suit avec son gros 4×4, pour stationner dans la cour de sa ferme entourée d’hectares de plants d’ananas. Il nous demande si nous voulons des ananas. On lui répond non merci. Mais il revient quand-même plus tard avec deux énormes ananas ! C’est cool, on sait ce qu’on va manger aux prochains repas. Il n’y a plus qu’à chercher des recettes sur Marmiton