592 km parcourus du 1er au 14 avril 2022

93 345 km parcourus depuis le départ

Vendredi 1er avril 2022 :

Je commence l’écriture de ce blog avec 5 jours de retard et je n’aime pas trop ça car je préfère vous raconter nos aventures au jour le jour. Du coup, je ne suis pas trop inspiré et je ne sais pas par quoi commencer. Peut-être aussi déjà nostalgique d’écrire l’avant dernier article de notre blog et c’est pour cette raison que j’ai du mal à m’y mettre. Non, nous avons juste été débordés ces derniers jours. Aussi, je me replonge dans l’écriture du journal de bord d’Anaïs pour me souvenir de ce qu’on a fait. Et bien voilà tout simplement un petit copier-coller de ses mots qu’elle écrit au jour le jour :

« Après un petit déj composé de crêpes et de pain faits par maman, on a pris la route vers le Parc national Hluhluwe. On est passé.e.s à la gate, et ça a été parti ! Après un moment à rouler en se disant qu’on était peut-être finalement entré.e.s dans un parc paysager au lieu d’animalier, on est tombé.e.s sur 4 phacochères pas farouches. On a continué à rouler, sans croiser d’animaux. La végétation était assez haute. On est retombé.e.s sur 4 phacochères. Plus loin, on a enfin trouvé une famille de nyalas ! Il y avait de jolies montagnes. On a trouvé un troupeau d’impalas mâles. L’un d’eux avait une très longue corne, mais l’autre était cassée.

Plus loin, la route était bloquée par un troupeau gigantesque de buffles, il y en avait dans la rivière, sur la piste, dans les buissons… Partout ! On était entouré.e.s.

Quatre girafes ont traversé la route en courant. Elles courent au ralenti, c’est super beau ! On les a revues un peu plus loin, elles marchaient dans le bush.

Après ça, on a roulé assez longtemps sur la piste sans voir d’animaux. À un moment où c’était un peu technique, maman a dit « la Tiny est pas trop faite pour ça quand même » et papa a répondu « oui mais elle le fait bien » et j’ai trouvé cet échange assez stylé.

Malgré la végétation abondante, on a aperçu trois phacochères boueux et un cobe à croissant. À un moment où on avait une vue sur la rivière, on a aperçu deux cobes à croissant et quelques nyalas femelles. Plus loin, sous un buisson, il y avait une famille de phacochères.

On s’est posé.e.s pour déjeuner à une aire de pique-nique. Victor et moi avons commencé l’école pendant que papa et maman faisaient cuire le repas sur le wok, au-dessus du feu de bois. On a mangé du poulet au lait de coco avec de l’ananas ! C’était bon et j’ai beaucoup aimé <3. Ensuite j’ai continué l’école, et pendant ce temps des nyalas et des vervets me tournaient autour, c’était génial !

Trente minutes après avoir repris la route, on est tombé.e.s sur le premier animal de l’après-midi, un buffle qui semblait tanké dans la boue, il était immergé aux deux tiers. Encore 15 minutes plus tard, en rejoignant la route goudronnée, on a vu un gros phacochère.

La vue sur les montagnes et collines boisées était belle. On a fait un petit aller-retour vers une aire de pique-nique, où il y avait une petite gazelle et des vervets. Le soleil avait déjà bien décliné mais peu d’animaux étaient sortis. Derrière plusieurs couches de buissons, on a quand même vu quelques gnous. À un moment, j’ai cru voir des hyènes sur une colline mais finalement c’étaient des nyalas qui broutaient. Beaucoup plus loin, alors que le soleil filtrait à travers les nuages, on a vu une mini tortue sur la route, elle était vraiment petite mais elle semblait aussi vieille.

Moins d’un kilomètre après, on a vu des zèbres, des gnous et des impalas !

Et puis on est sorti.e.s du parc, et on s’est garé.e.s près d’un petit village. Alors que Victor finissait de prendre sa douche, un monsieur est venu nous dire qu’il ne voulait vraiment pas qu’on dorme là, alors on a roulé jusqu’à un autre village où on a été beaucoup mieux accueilli.e.s. ».

Merci Anaïs de nous avoir raconté en détail ta journée passée dans ce Parc national de iSimangaliso Wetland. Du coup, je n’ai rien à ajouter à part qu’on a tous passé une délicieuse journée et qu’effectivement le monsieur de ce soir était bien désagréable.

Samedi 2 avril 2022 :

Et bien, c’est reparti, Anaïs a tellement bien raconté avec détails sa journée dans le parc d’Hluhluwe, qu’elle va vous raconter cette deuxième journée dans le même gigantesque Parc national de iSimangaliso Wetland mais dans la partie appelée iMfolozi, séparée de celle d’Hluhluwe par une route nationale qui traverse le parc.

« Après avoir parlé un peu avec les habitants qui nous avaient accueilli.e.s sur leur propriété et leur avoir donné un de nos ananas, on est reparti.e.s vers le Parc national de iSimangaliso Wetland. Cette fois ci, on est entré.e.s dans une autre partie du parc, qui se trouve près de celui de la veille. Il s’appelle iMfolozi, et quand on est entré.e.s dedans, on a vu deux gros phacochères. Un quart d’heure plus tard, c’est face à trois koudous femelles que nous nous sommes retrouvé.e.s, et on a aussi vu un buffle et un impala.

On s’est posé.e.s sur un point de vue donnant sur la rivière en contrebas. J’ai mangé les restes des crêpes en regardant trois zèbres et des impalas, c’était stylé.

En reprenant la route, on a vu des babouins, des vervets, un rollier européen (c’est un petit oiseau coloré), une girafe très foncée et trois phacochères (pas tout en même temps hein).

En faisant un mini aller-retour vers un point d’eau, on s’est tout à coup retrouvé.e.s face à un(e) éléphant(e) mort(e). Il ou elle n’était pas mort(e) très longtemps avant parce que tout son corps était en très bon état, on aurait presque pu croire qu’il ou elle était simplement allongé(e), mais sa tête, sa trompe, ses oreilles et ses défenses n’étaient plus là, et à la place il y avait un trou avec de la chair et du sang et des muscles et des bouts d’os. C’était horrible, et j’ai senti monter en moi une très grande haine contre les humains qui avaient tué cet(te) éléphant(e) (un magnifique assemblage de milliards de cellules, qui a mis tant de temps à se former et qui a simplement voulu vivre) juste pour revendre ses défenses. Bouleversé.e.s, on a repris la route.

En traversant la grande rivière qu’on voyait depuis le point de vue du petit déjeuner, on a aperçu un crocodile qui nageait. Sur les arbres morts il y avait des vautours, qui se reposaient après s’être nourri.e.s sur le corps de l’éléphant(e) mort(e).

Sur une petite piste avec plein d’arbres épineux, on a crevé la roue avant gauche, alors on s’est arrêté.e.s au camp près duquel on était. Papa était prêt à changer la roue quand un Sud-Africain est arrivé avec une bombe anti-crevaison et nous l’a offerte. Pendant que papa et ce Sud-Africain géraient ça, j’ai discuté avec sa famille, c’était chouette. On a ensuite roulé sur la route goudronnée pour que la colle sèche. En repassant au camp (on avait fait un aller-retour), on s’est posé.e.s pour un café. Papa a aussi refait le plein d’eau. Sur la route, il y avait des impalas par-ci par-là. On a vu des buffles au loin, puis on a regardé une tortue traverser la piste.

Alors que depuis hier papa répétait qu’il voulait voir des rhinocéros blancs, on en a enfin repérés ! Iels étaient cinq, en bord de route, en train de se reposer. On est resté.e.s un moment à les observer, il y avait quatre adultes et un bébé qui n’arrêtaient pas de s’allonger puis de se relever.

Ensuite, de là à notre pause déjeuner, on n’a pas vu d’autres animaux, que quelques impalas et des femelles nyalas de temps en temps.

À l’aire de pique-nique où on s’est posé.e.s pour cuisiner (sur le wok, on a refait un feu), il y avait une vue sur la rivière mais pas sur les animaux. On a déjeuné et j’ai travaillé un petit peu sur le film de Mongolie (je commence à mettre les musiques !).

Puis on a repris la route car il nous restait un certain nombre de kilomètres à parcourir avant de pouvoir sortir du parc. Une demi-heure après s’être remis.es en route, on avait vu quelques impalas isolés, un gnou et deux koudous. Un peu loin, il y avait un troupeau de gnous. Toujours sous un ciel couvert, on s’est arrêté.e.s pour observer deux impalas avec des pics-bœufs sur leurs dos. L’entente semblait plutôt bonne.

De loin, on a vu un troupeau d’éléphants dans la rivière. Grâce à une loop, on a pu s’en approcher !

C’était beau, et en plus, au point de vue, un rhinocéros avec une gigantesque corne est passé tout près de nous !

Après un bon moment passé à regarder les pachydermes patauger, on a repris la piste, en croisant des impalas et des phacochères. On s’est arrêté.e.s pour profiter de l’incroyable scène offerte par quatre rhinocéros marchant à contre-jour ! C’était superbe.

Un peu plus loin, on a dû faire demi-tour parce que la route qu’on voulait prendre était barrée. On est reparti.e.s vers la gate par laquelle on était entré.e.s. On s’est arrêté.e.s quand un troupeau d’éléphant.e.s a traversé. C’était beau de les voir de si près, ça faisait un peu longtemps.

Il y avait bien sûr toujours des impalas et des phacochères. On a aussi vu des zèbres et un suni ! Nos deux derniers arrêts ont été pour observer deux jeunes nyalas mâles en train d’apprendre à se battre et pour prendre encore quelques photos d’un éléphant en train de manger.

On est sorti.e.s du parc quelques dizaines de minutes avant sa fermeture, et, dans la pénombre tombante, on a entrepris de trouver un bivouac. Ça s’est fait dans un petit village où finalement on a dû bouger plusieurs fois, mais dans la troisième maison, maman a offert un peu du dahl et du pain qu’elle avait préparés <3 et ça a fait plaisir aux gens des maisons près desquelles on a dormi. ». Merci Anaïs pour ton récit !

Dimanche 3 avril 2022 :

Je reprends l’écriture de ce blog. Peut-être n’avais-je pas d’inspiration car c’est le dernier où nous sommes accompagnés de notre fidèle Tiny. La fin de la cavale des Mollalpagas n’a jamais été si proche… Cet article va nous mener jusqu’à Durban où nous avons rendez-vous le 18 pour prendre possession de notre appartement que nous avons loué jusqu’au 28 avril, date à laquelle nous prendrons l’avion pour Paris. En effet, à partir du 19, nous n’aurons plus le droit de toucher à la Tiny qui aura été inspectée par les douanes avant son chargement sur le bateau. Ce dernier, le Grand Cosmo, semble dans les temps et vient de quitter le Sri Lanka pour se diriger vers le Kenya. Il est annoncé le 22 avril à Durban. Et oui, c’est donc l’avant-dernier article de notre blog que vous êtes si nombreuses et si nombreux à suivre. Oui, je sais que ça va faire un petit vide auprès de nos plus fidèles lecteurs qui nous suivent depuis quelques années. Mais à nous aussi, ça va nous faire un vide !! Bien qu’une nouvelle formidable aventure pointe vite le bout de son nez avec notre installation sur l’île de La Réunion à partir de la mi-août pour les deux prochaines années.

Mais bon, il nous reste encore quelques jours à profiter de l’Afrique du Sud et de la région du KwaZulu Natal. Comme Anaïs vous l’a expliqué, la recherche de bivouac hier soir n’a pas été facile. Déjà, chose que nous ne faisons jamais, nous sommes arrivés de nuit car on a voulu profiter du parc jusqu’au dernier moment. On a donc quitté la route principale sur une petite piste de terre se dirigeant vers quelques bâtiments. Nous avons demandé au propriétaire d’une échoppe si on pouvait rester sur le bord de la piste. Il a longuement hésité. Puis il a dit de demander aux gardiens du dispensaire médical au bout du chemin si on pouvait dormir ici. Après une longue discussion parce qu’ils étaient ravis de nous voir mais ils ne comprenaient vraiment pas pourquoi on voulait dormir dans ce village, ils ont accepté. Quelques temps après, ils sont revenus et nous ont proposé de rentrer dans la propriété du dispensaire parce qu’on y serait plus en sécurité. Ils ont ouvert le portail. Sympa ! Puis un quart d’heure après, ils sont revenus pour nous dire que finalement, ils étaient désolés, on ne pouvait pas dormir ici et qu’il fallait qu’on ressorte dehors… Grrrrrrr… Puis l’un des gardiens a passé son téléphone à Audrey avec une conversation en cours avec le maire du village. Celui-ci, absent de son domicile, nous a proposé de venir dormir dans la cour de sa maison juste à côté du dispensaire. Cette fois a été la bonne et on s’y est installé pour la nuit.

Anaïs : « Après une nuit entrecoupée par des meuglements de vaches, des aboiements de chiens, des chants de coqs, des bêlements de chèvres et autres, on s’est réveillé.e.s sans vraiment trop savoir ce qu’on allait faire de notre journée. Finalement, après avoir aidé à ranger la Tiny, je suis sortie dehors et j’ai fini par rester avec les enfants jusqu’à 14 heures ! On a joué au bâton du diable, je leur ai fait plein d’origamis, je leur ai offert des petits strass qui ont fait plaisir aux petits enfants, on a discuté du mieux qu’on pouvait. On a aussi imprimé des photos avec la petite imprimante de tickets de caisse et on a dessiné dessus. C’était très chouette ! Papa et maman ont fait des crêpes sur la galettière bretonne. Tout le monde était très gentil et on a passé un joli moment ! ».

Je reprends le clavier. Ce matin, Mxolisi, le maire du village nous accueille et nous passons la matinée à discuter avec lui. L’échange est très intéressant et nous pouvons aborder différents sujets de conversation avec cet élu au niveau local : santé, éducation, choix de vie entre traditions et modernité, polygamie chez les zoulous, politique, corruption et rêves d’un pays plus égalitaire… Nous parlons de plein de choses et il nous montre même son matériel pour se faire des lavements intestinaux. Les échanges sont plus compliqués avec le reste de la famille car ils ne parlent pas anglais.

Nous quittons notre charmant hôte, les bras chargés d’avocats crémeux, ravis de ce nouveau partage avec une famille zoulou. Nous roulons vers Sant Lucia, une ville faisant toujours partie du Parc national de iSimangaliso Wetland. L’endroit est très touristique et on sait qu’il est difficile de trouver un bivouac facilement. Il est interdit de bivouaquer dans l’enceinte du parc qui comprend toute la zone sauf le centre-ville. Dans une impasse, juste à la lisière du parc (à seulement un mètre !), nous tentons de nous poser pour la nuit en faisant un grand sourire aux réceptionnistes de l’hôtel voisin…

Nous apprécions que l’endroit soit un peu caché et de pouvoir rester tranquilles à la Tiny. J’ai beaucoup de retard dans l’écriture du blog précédent et la sélection des photos. On fait aussi l’école. On travaille sur le montage du film de la Mongolie. Anaïs avance sur la publication prochaine de son livre et travaille sur les illustrations et la mise en page. N’hésitez-pas à aller consulter son blog sur lequel vous pouvez vous inscrire à sa newsletter pour être tenu informés de sa mise en vente courant mai.

La nuit tombe. On sait que les hippopotames sortent vers 18 ou 19 heures de leur marécage pour aller se promener en ville. Des panneaux sont là partout en ville pour nous prévenir du danger des hippos. Mais rien ce soir. Nuit paisible.

Lundi 4 avril 2022 :

Je galère avec le partage de connexion de mon téléphone ce matin pour mettre en ligne le précédent blog. Je me réfugie donc dans un troquet pour avoir le wifi. 4 heures après, le 148ème article est en ligne. Je reviens à la Tiny où la séance d’école est terminée.

Après-midi tranquille à la Tiny où personne ne vient nous déranger pour nous dire qu’on n’a pas le droit de bivouaquer ici. Dans un tas de déchets de construction, je récupère plusieurs planches épaisses qui me seront précieuses pour sécuriser la Tiny durant le shipping. Nous partons marcher un peu dans les rues de Sant Lucia. Les maisons du centre sont luxueuses et toutes ont un immense garage pour accueillir un très gros bateau et le tracteur qui tracte la lourde remorque.

La nuit est tombée et alors que nous sommes en train de dîner dans la Tiny, on entend le souffle et le grognement d’un animal. L’un des gardiens de l’hôtel nous siffle pour nous dire que les hippos sont de sortie. Trois énormes bêtes viennent de frôler la Tiny et se dirigent tout droit vers la rue principale de Sant Lucia. Les gens ne paraissent pas affolés et semblent avoir l’habitude. Avec Victor, nous sortons prendre quelques photos mais les hippos marchent à une bonne allure et on a du mal à les suivre. Un hippo peut se déplacer à 40km/h sur terre. Ils s’enfoncent dans les autres rues de la ville en slalomant entre les voitures. Incroyable !

Mardi 5 avril 2022 :

Après une course à pied matinale pour Audrey avant les heures trop chaudes de la journée, nous partons pour notre dernière journée de safari en Afrique… Avec nostalgie, on se dit que c’est la dernière fois qu’on s’installe tous les 4 à l’avant de la Tiny pour aller passer plusieurs heures à chercher les animaux. Juste à la sortie de Sant Lucia, nous entrons dans le parc national (non inclus dans la Wild Card) et sans voir l’Océan Indien, nous le longeons mais il est caché par une haute dune de sable toute végétalisée. Nous prenons notre petit déjeuner face au Pan d’iMboma. Il y a des hippopotames dans l’eau et des buffles sur les rives. Pendant qu’on mange, des zèbres, des phacochères, d’autres buffles et un cobe à croissant arrivent. On adore. On a déjà vu des milliers d’animaux (plus de 55 espèces différentes de mammifères !) depuis plus d’un an en Afrique mais on ne s’en lasse pas.

Nous reprenons la route asphaltée et faisons quelques détours par des pistes défoncées. Heureusement que nous ne sommes pas maniaques de la peinture de notre cabine qui reçoit, comme dans beaucoup de parcs en Afrique, de belles rayures des buissons épineux qui frottent contre la carrosserie. Enfin, on l’était au début de notre cavale, mais on a vite lâché prise… La Tiny aura le droit à une nouvelle peinture… On ira lui refaire une beauté au Maroc dans quelques années. Nous voyons des phacochères, des koudous, un suni, des vervets…

Pause sur la plage de Mission Rocks où les enfants, toujours très complices, apprécient de jouer dans le sable et dans l’eau.

Puis, quelques kilomètres plus loin, nous arrivons à Cape Vidal où nous trouvons encore une fois une sympathique aire de pique-nique où nous pouvons de nouveau faire un barbecue avec un énorme morceau de viande marinée. Ça aussi, on ne s’en lasse pas. Surtout au prix auquel on achète la viande en Afrique du Sud (moins de 8€ le kg de bonne viande de bœuf).

Quelques hides, dont celui sur le Lac Bhangazi, nous permettent d’observer en toute discrétion des animaux comme ces majestueux cobes à croissant.

Sur la plage voisine, nous allons faire un peu de snorkeling et nous apprécions de voir quelques jolis poissons dont une rascasse volante venimeuse.

Nous reprenons la route en sens inverse et profitons des jolis paysages entre les vertes prairies, les marais, les dunes, la forêt et l’océan. La dense végétation est composée de feuillus, de palmiers et de buissons.  Le Jock’s Mess nous offre un joli point de vue sur Catalina Bay et l’immense lac de Sant Lucia.

Nous terminons cette dernière journée avec des vervets bleus, des koudous et surtout deux des Big Five, des buffles et un superbe rhinocéros blanc en train de brouter à trois mètres de la Tiny. Mais celui-ci a eu les cornes coupées, comme dans certains parcs, où les rangers pour éviter le braconnage et la mort barbare de l’animal, coupent volontairement les cornes avant qu’elles ne terminent en poudre en Asie où la médecine chinoise lui prête des vertus miraculeusement aphrodisiaques.

La corne du rhinocéros est composée de kératine, la même protéine qui constitue la base de nos cheveux et de nos ongles. D’ailleurs, comme eux, les cornes de rhinocéros ne cessent de croître au cours de leur vie, celle du rhinocéros blanc peut grandir de six centimètres chaque année et le record de longueur est de 150 cm !

Il existe encore cinq espèces de rhinocéros dans le monde dont trois sont en danger critique d’extinction. Heureusement, des efforts de conservation ont été entrepris sérieusement ces dernières décennies. En effet, il ne restait au début du 20ème siècle qu’une petite centaine de rhinocéros blancs et de rhinocéros indiens. Aujourd’hui, ce sont ces espèces-là qui se portent le mieux parmi les cinq. Les rhinocéros blancs sont les plus grands et peuvent peser jusqu’à 3500 kg ! Une masse impressionnante, compte tenu du fait qu’ils sont exclusivement herbivores. Les noms des rhinocéros noirs (comme ceux que nous avions vus en Namibie à Etosha) et blancs sont trompeurs, car les deux sont en fait gris. On dit que le rhinocéros blanc doit son nom au mot afrikaans « wyd » signifiant « large », en référence à sa lèvre large et carrée (à l’inverse, les rhinocéros noirs ont une lèvre supérieure pointue). Les premiers explorateurs anglais ont confondu ce mot avec le mot « white » et ont donc nommé cette espèce « rhinocéros blanc » et l’autre « rhinocéros noir » pour la différencier. Les rhinocéros sont incapables de voir une personne immobile à une distance de 30 mètres. Ils se fient principalement à leur odorat puissant pour flairer le danger. Ils sont adeptes du bain dans des mares de boue, se couvrant ainsi d’un manteau de boue protecteur qui les garde au frais, empêche les insectes de les piquer et les débarrasse de tout parasite. Les rhinocéros asiatiques sont par ailleurs d’excellents nageurs, tandis que leurs congénères africains se contentent de barboter dans la boue pour se rafraîchir.

Nos derniers animaux sont quatre zèbres dont deux qui se font un câlin tout doux.

Nous retournons sur notre parking coincé entre deux hôtels mais avec une jolie vue sur la réserve naturelle en espérant que d’autres rhinocéros sortent de l’eau mais non, pas ce soir.

Il fait nuit noire dès 17h45 et nous ne nous couchons pas tard.

Mercredi 6 avril 2022 :

On se déplace vers la plage Ingwe de Sant Lucia. Mais la chaleur est torride aujourd’hui. Il n’y a pas d’air et on suffoque à l’intérieur de la Tiny mais en même temps, le Soleil est trop fort pour sortir aux heures les plus chaudes de la journée. Et en plus, on a eu la bonne idée de faire cuire pendant plus d’une heure de la confiture d’ananas ! Pas trop de jus aujourd’hui à part pour les enfants qui trouvent de l’énergie pour aller jouer sur la plage un petit peu. Puis avec Audrey, nous partons marcher 5 km sur l’immense plage déserte où nous ne croisons qu’un seul pêcheur. La plage, comme souvent en Afrique du Sud ou en Namibie est extrêmement propre. En 5 km, nous ne voyons qu’un seul déchet sur le sable fin. L’océan doit forcément être aussi pollué que partout sur la planète mais certainement que les courants ne ramènent rien sur ces belles plages.

Retour sur notre bivouac en plein centre-ville, toujours entre nos deux hôtels. La température n’a pas baissé dans la Tiny mais l’odeur d’ananas est agréable.

Nous nous offrons un resto de sushis ce soir au bout de la rue. Déjà que les restos ne sont pas chers en Afrique du Sud, celui-ci est à -50% le mercredi. On s’en tire donc à 4 pour 20€ compris une pinte de bière et le pourboire !

Jeudi 7 avril 2022 :

Nous nous apprêtons à quitter Sant Lucia et faisons quelques courses alimentaires au SuperSpar. Pendant ce temps, un homme assez froid, le regard fermé et pas expressif, s’approche de nous pour nous demander si nous allons bientôt partir. On le rassure en pensant qu’on gêne sur ce parking où nous sommes en train de terminer l’école. Puis Tom se détend et se présente comme le frère de Mxolisi, le maire du village qui nous avait accueillis quelques jours plus tôt chez lui. Incroyable ! En fait ce monsieur, semblant assez froid quelques minutes avant, était juste timide et ne savait certainement pas comment nous approcher. Il nous invite chez lui, à séjourner sur son terrain ! Il embarque avec nous dans la Tiny mais avant de nous emmener chez lui, il nous propose d’aller nous promener dans la réserve. Il connait le gardien à l’entrée donc nous sommes dispensés de payer.

C’est parti pour deux heures de marche à un rythme lent pour observer les animaux. Nous voyons de paisibles zèbres mais Tom espère trouver un léopard. Nous avons déjà passé des heures à en chercher dans les différentes réserves en Afrique mais nous étions jusqu’alors protégés par la carrosserie de notre véhicule, mais là rien ne nous protège et Tom n’a même pas d’arme avec lui aujourd’hui au cas où. Mais bon, nous semblons avoir confiance envers notre guide et le suivons en espérant trouver un félin. Mais non. Nous voyons des excréments de hyènes, une carcasse de tortue dévorée par une hyène. Il nous montre des terriers de porcs-épics.

Retour après 6,5 km parcourus dans ce superbe wetland. Nous avons beaucoup apprécié. A présent, nous allons chez Tom qui habite à quelques kilomètres à Khula village. Il nous ouvre le portail de son jardin et nous présente à sa femme Wendy, son frère Lucky et ses deux enfants Simphiwe et Nhlanzeko. Ils vivent dans une modeste maison mais construite en dur. Peu d’éléments de confort mais le principal est là. Pas d’électroménager à part un vieux frigo. Ils n’ont pas de voiture. Après avoir fait connaissance, et pris un moment de repos chacun dans nos maisons, nous nous retrouvons autour d’un braai pour passer la soirée ensemble. Nous les régalons d’un gros morceau de viande. Wendy accompagne ce plat de bons légumes et d’un pap, le traditionnel et populaire plat des familles plus modestes à base de farine de maïs.

Vendredi 8 avril 2022 :

Nous quittons Sant Lucia et Tom prend place à bord de notre Tiny pour deux heures de route car il se rend à Durban aujourd’hui. Ça lui évitera de payer le transport. Puis, nous nous installons dans un espace vert à l’entrée de la réserve naturelle de Mtunzini. Le temps est bien gris aujourd’hui mais nous apprécions que la température ait baissé de plus de 10°C depuis avant-hier. Il ne se passe pas longtemps avant que nos nouveaux voisins ne sortent. Wendy approche et nous explique que nous sommes garés devant chez elle mais que nous serons mieux directement sur son terrain ombragé. L’accès est trop petit pour notre Tiny et nous avons besoin de capter le moindre rayon de Soleil pour recharger nos panneaux solaires car la météo annonce plusieurs jours de grisaille.

Nous avançons dans le montage du film sur la Mongolie et nous sommes bientôt prêts pour nos prochaines conférences à venir en mai, en juin et en juillet en France.

Wendy ressort pour nous dire qu’elle nous invite au restaurant…

Il ne se passe pas longtemps avant que le locataire de chez Wendy s’arrête. C’est Icham, un Marocain installé ici avec qui nous prenons plaisir à échanger quelques mots en français.

18h30, le Soleil est déjà couché depuis une heure, nous nous rendons au restaurant avec Wendy, son amie Wendy (on a vu 3 Wendy aujourd’hui !) et nous y retrouvons une autre amie, Vicki. Beau moment de partage avec ces trois femmes pétillantes, pleines d’énergie et impressionnées par notre aventure. On se régale de pizzas et de currys que Wendy tient absolument à nous offrir. Nous sommes ses invités ! Vous vous imaginez aller à la rencontre d’un étranger qui vient se garer devant chez vous, frapper à la porte son véhicule et lui proposer spontanément de l’inviter au restaurant ? Incroyable cette générosité des Sud-Africains !

Samedi 9 avril 2022 :

7h50, Wendy nous réveille en frappant à la porte pour nous dire de lui donner notre linge sale qui revient tout propre dans les bras d’Icham deux heures après.

Journée grise et pluvieuse. Mais nous captons suffisamment de rayons solaires pour recharger la batterie. C’est dans ces moments-là que nous apprécions d’avoir un parc solaire surdimensionné (2x300W + 1x100W) pour recharger notre batterie de cellule au gel de 220Ah sur laquelle on puise pour recharger nos appareils électroniques et pour faire fonctionner le frigo. Et on ne peut même pas aller rouler un peu pour recharger la batterie car depuis trois ans, l’alternateur ne recharge plus la batterie de cellule.

Le temps n’invite pas à sortir mais j’arrive à motiver la troupe en voyant qu’une petite fenêtre météo s’ouvre pour les deux prochaines heures. Nous entrons dans la Réserve Naturelle d’Umlalazi. Deux zèbres des plaines dont un qui semble avoir eu des problèmes et un manque d’encre dans les cartouches d’impression nous souhaitent la bienvenue.

Puis, alors que nous visitons notre dernier parc en Afrique, nous voyons pour la première fois une nouvelle espèce d’animal, le céphalophe du Natal, une petite antilope d’environ 45 cm au garrot de couleur brun-roussâtre et avec une queue à pointe noire et blanche.

Nous nous engageons sur le sentier Siyaya Coastal Park. Alors que nous nous attendions à marcher sur la plage, nous longeons en fait la rivière Mlalazi jusqu’à son estuaire. Le sentier traverse une forêt assez dense, très humide et également une magnifique mangrove. Heureusement, c’est marée basse car nous aurions eu sinon les pieds dans l’eau. C’est superbe. On adore cette marche de 5 km jusqu’à l’estuaire.

Puis nous traversons une dune de sable et nous nous retrouvons face à l’Océan Indien et une immense plage déserte que nous longeons sur plus de 4 km. Il se remet un tout petit peu à pleuvoir et la luminosité n’est pas bonne pour les photos mais tant pis, on est ravis de cette marche.

Retour à la nuit tombée à la Tiny et nous retournons nous garer devant chez Wendy car ce soir, c’est à notre tour d’inviter chez nous Wendy, Wendy et Vicki. Belle soirée avec elles autour d’un rougail saucisses.

Dimanche 10 avril 2022 :

Bon, vous allez trouver ça un peu redondant mais nous voici déjà invités ce soir ! Alors que nous sommes en train de prendre notre petit-déjeuner, Wendy par la fenêtre de sa voiture nous demande si on reste une nuit de plus, Audrey lui répond « why not ! ». Elle en paraît ravie et nous dit que son amie Vicki nous invite ce soir et qu’elle cuisine très bien le poulet et qu’on pourra même rester chez elle pour dormir ! Mais décidément, les Sud-Africains vont nous gâter jusqu’au dernier jour…

Journée avec un temps maussade. La pluie alterne avec le crachin. On ne voit pas le Soleil et rares sont les journées depuis que nous sommes en Afrique où on ne le voit pas. Audrey part quand-même se faire une belle course à pied de 13 km. Journée tristounette de début d’automne avec la nuit qui arrive à 17h30. Quelques jeux de société. Finalisation de notre gros projet de réalisation de notre film documentaire sur la Mongolie. Enfin, après des dizaines d’heures de travail pour Audrey à sélectionner les photos, les vidéos, à écrire les textes, à enregistrer tous les commentaires tous les 4, à sélectionner les musiques et plus de 55 heures cumulées de montage par Anaïs sur son Ipad, nous sommes enfin prêts ! Bientôt Les Mollalpagas en cavale dans votre ville ! Voici nos dates de conférences auxquelles vous êtes bien entendu toutes et tous invités.

  • Le 6 mai à 20h30 au Conciliabulle (sur réservation) à Montlouis-sur-Loire (37)
  • Le 7 mai à 20h30 à la salle des fêtes à Alluyes (28)
  • Le 2 juin à 20h30 à l’ancienne école du Peu à Saint-Georges-Lès-Baillargeaux (86)
  • Le 3 juin à 20h30 à la salle Coquema à Saint-Benoît (86)
  • Le 8 juin à 21h à l’hôtel de la Chartreuse à Cahors (46). Organisé par le Rotary Club
  • Le 24 juin à 20h30 à la salle des fêtes à Romegoux (17)
  • Le 5 juillet à 20h30 à la salle des Augustins à Saint-Savinien (17)
  • Le 8 juillet à 20h30 à l’espace Chenereau à Saint-Porchaire (17)
  • Le 9 juillet à 20h30 à la Maison des sportifs à Saint-Pierre de Mons (33)
  • Pour les conférences suivantes, il faudra venir sur l’île de La Réunion!!

Si vous connaissez des salles de disponibles, il nous reste encore quelques dates en juin et juillet sur le 86 ou le 17…

Dans l’après-midi, nous bougeons la Tiny d’un kilomètre pour aller nous garer chez Vicki.

Victor a un nouveau petit copain ce soir et apprécie de jouer avec Zim, un garçon de son âge tout mignon, avec qui il arrive à bien échanger en anglais. 65 années séparent Anaïs de Wendy mais la plus jeune passe un long moment à apprendre à son ainée à dessiner sur sa tablette graphique. Joli instant. Puis, nous passons encore, oui encore un, très bon moment avec Vicki, les deux Wendy et John un de leurs amis venu passer la soirée avec nous.

Lundi 11 avril 2022 :

Il pleut. Il pleut. Il pleut sans discontinuer. C’est le déluge. On a rarement eu un temps aussi pourri. Pour ne rien arranger, j’ai encore passé une nuit désastreuse à cause de nos fidèles punaises de lit qui voyagent avec nous depuis le Kenya et qui semblent prendre du plaisir à cavaler avec nous. Parfois, elles nous laissent tranquilles pendant plusieurs semaines avant de revenir en force nous sucer notre sang la nuit.

Nous restons à l’abri dans la Tiny mais également chez Vicki où nous pouvons utiliser son réseau wifi pour faire de gros téléchargements. Puis c’est le départ. Nous faisons énormément de rencontres comme vous avez pu le voir mais certaines sont plus intenses que d’autres. Celle-ci fait partie des plus intenses. En restant quelques jours avec des gens, de forts liens se créent et on a l’impression de quitter à jamais de bons amis ou de la famille au moment des séparations. Les deux Wendy viennent nous dire au revoir et nous les serrons tendrement dans nos bras de même que Vicki. Les larmes ne sont pas loin et la gorge est bien nouée. Vicki confie à Anaïs avoir prié dans son lit après notre deuxième soirée ensemble pour qu’on accepte de rester un soir de plus pour pouvoir nous inviter chez elle. Avec émotion et à l’abri de nos parapluies, nous quittons nos charmants hôtes. Peut-être était-ce notre dernière rencontre en Afrique du Sud même si j’en doute un peu… Mais c’était une belle rencontre, d’autant plus belle que ces trois femmes liées d’une profonde amitié étaient de couleurs de peau différentes. Et mine de rien, c’est la première fois qu’on est témoin de cela en Afrique du Sud. Et ça fait du bien.

Nous roulons vers Durban, où nous devons arriver dans 5 à 6 jours. Mais il ne nous reste plus qu’un peu plus de 100 km avant la fin de notre cavale. Il n’y a plus de visites à faire sur la route. Juste quelques bivouacs qu’on a repérés sur des parkings de plages.

« Le temps est à l’image de nos émotions. Notre belle aventure va bientôt prendre fin » écrivait Audrey il y a 6 ans quand notre boucle sud-américaine touchait à sa fin et que nous longions la côte de l’Océan Atlantique en Uruguay vers le port de Montevideo, le tout sous plusieurs jours consécutifs de pluie.

Nous avons l’impression de revivre ce moment en longeant la côte de l’Océan Indien, sous la pluie, vers le port de Durban, vers lequel nous n’avons pas envie d’arriver… Tellement de choses au fond de nous, tellement de souvenirs de cette cavale de presque 100 000 km à travers 36 pays. De la fierté d’avoir accompli notre tour du monde, d’avoir apporté à Anaïs et à Victor tant de choses qui vont les aider à se construire…

A présent, une nouvelle étape redoutée par tant de voyageurs va s’ouvrir avec le retour mais il sera beaucoup moins douloureux pour nous, et nous ne le craignons pas du tout, car nous savons que nous allons très vite rebondir sur notre nouveau départ vers La Réunion en août prochain, après avoir refait le plein d’amour auprès de notre famille et de nos amis durant les trois mois à venir.

Nous nous arrêtons en milieu d’après-midi sur le parking de la plage de Zinkwazi dans la Réserve protégée de uThukela. Mais impossible de sortir dehors au risque d’être trempés jusqu’aux os en trois secondes. La tempête fait rage. Pas de vent mais des vagues énormes. Après-midi écran, cuisine, jeux…

Mardi 12 avril 2022 :

De nombreux habitants de la ville arrivent sur le parking pour constater les dégâts de la tempête. Impressionnant, la plage est jonchée de tonnes de végétaux et de déchets rabattus par la forte houle. Nous discutons avec les locaux effondrés par toute leur plage qui a disparu en quelques heures. Sur deux mètres d’épaisseur, le sable a été emporté par la mer laissant dans le vide des pontons, des passerelles. La plage arrivait encore hier au niveau de la terrasse de ce restaurant. La violence des éléments a emporté les rideaux du club nautique et des épaves de kayak jonchent tristement la plage. Et dire que nous avons dormi à 3 mètres de la plage. Bon, on ne risquait pas grand-chose sur notre parking en bitume. Nous faisons école face à cette mer encore démontée. Les rouleaux sont énormes. L’eau est boueuse et dépose encore des monticules de déchets. Je vous disais il y a quelques jours que les plages étaient propres, bien que pas nettoyées par l’homme comme ça se produit dans des stations balnéaires. Mais, comme je l’écrivais quelques paragraphes auparavant, l’océan est bien aussi pollué que les autres et par temps de tempête, de nombreux déchets plastique et polystyrène sont ramenés.

Enfin, il a arrêté de pleuvoir et il y a même un rayon de Soleil. Heureusement d’ailleurs car la situation aurait commencé à devenir critique aujourd’hui pour notre batterie suite à plusieurs jours consécutifs sans luminosité. On aurait dû aujourd’hui se brancher sur le secteur. Enfin non car les habitants sont privés d’électricité aujourd’hui suite à la tempête. Pas de réseau cellulaire non plus.

Nous décidons de rester une journée de plus sur cet agréable bivouac. Les enfants font des cabanes sur la plage grâce à tous les morceaux de bambous et de joncs échoués. Puis, ils passent une partie de l’après-midi avec un groupe d’adolescents.

Un passant approche. « Bonjour, je m’appelle Marc et je vous invite à boire un verre chez moi ce soir à 17 heures » nous dit-il en anglais. Bon d’accord…

Audrey part marcher pendant 9 km dans le village et sur la plage.

Nous avançons donc à pied chez Marc, sa femme Justine et leurs deux filles Rosy et Ella. Il est né en Afrique du Sud mais il vit depuis 30 ans à Londres. Ils ont acheté cette splendide maison de quelques centaines de mètres carrés habitables pour venir ici en vacances juste deux à trois fois par an. La villa avec sa magnifique terrasse et sa piscine débordante surplombe l’estuaire de la rivière Zinkwazi et l’Océan Indien. Incroyable. La maison voisine est un lieu de villégiature de la princesse de Monaco. Mais le prix de l’immobilier n’a rien à voir avec l’Europe et cette maison ne doit pas couter plus cher qu’un appartement à Londres. Deux oncles, Edouard et Robert, sont aussi invités pour boire quelques bières.

Retour à notre Tiny. Nous lisons les informations locales et nous prenons conscience de l’ampleur des dégâts causés par les pluies, les plus fortes depuis 60 ans. La dépression subtropicale nommée ISSA (11ème système de la saison cyclonique sur le bassin Sud-Ouest de l’Océan Indien) a déversé plus de 450 mm d’eau en 48 heures dont 300 en 24 heures sur la région de Durban, soit l’équivalent de presque 6 mois de précipitation. L’Afrique du Sud connait cette année les conséquences du phénomène météorologique La Niña qui provoque des précipitations supérieures à la normale. Déjà en janvier, de nombreuses régions du pays ont connu les pluies les plus fortes depuis le début des relevés météos il y a un siècle.  Ce sont les pires inondations qu’ait connue l’Afrique du Sud. Le bilan humain s’alourdit d’heure en heure et au moment où je publie cet article, il est déjà de plus de 400 morts et de nombreuses personnes sont encore portées disparues. 6000 habitations dont 4000 déjà très précaires ont été touchées ainsi que 140 écoles. Des bidonvilles ont été évacués. Des coulées de boue ont tout emporté sur leur passage. Les autoroutes N3 et N2 menant à Durban ont été fermées à cause des débris amenés par les inondations et certains morceaux de route ont été emportés. De nombreuses centrales électriques sont inondées. Pénurie d’eau potable dans certains quartiers. Les opérations aux terminaux du port de Durban où nous avons rendez-vous la semaine prochaine ont été interrompues et risquent de faire prendre du retard à notre départ, ce qui n’est évidemment qu’un détail compte tenu de la détresse vécue par les locaux. Des piles de containers sont tombées comme des dominos sur des autoroutes inondées. La navigation a été interrompue et les navires à quai sont en attente. Le port est une route commerciale clé pour l’Afrique du Sud et ses voisins enclavés, le Botswana, la Zambie et le Zimbabwe et on espère qu’il sera vite remis en état. Le bateau qui va ramener notre Tiny en Espagne vient de quitter aujourd’hui le port de Mombasa au Kenya pour se diriger certainement vers sa dernière escale à Dar Es Salam en Tanzanie. Il est annoncé à présent pour le 21 avril à Durban.

Mercredi 13 avril 2022 :

Nous quittons ce bivouac et nous roulons quelques dizaines de kilomètres vers Durban. Seule l’autoroute est praticable et le réseau secondaire est coupé. Des basculements de chaussée ont lieu car un pont a bien souffert des crues. Nous nous arrêtons pour certainement l’un de nos derniers bivouacs à Salt Rock sur un parking bien en surplomb de l’océan pour être à l’abri d’une éventuelle montée des eaux. Vue imprenable au-dessus de la plage de Sheffield, avec des villas plus que luxueuses. Mais ce soir, nous avons la même vue que ces richissimes résidents !

J’échange avec Vernon, notre transitaire avec qui nous avons rendez-vous mardi prochain pour lui confier notre Tiny qui restera dans son dépôt jusqu’au départ du bateau, mais son dépôt est sous la boue aujourd’hui… On a eu de la chance à quelques jours près. Les images du port et de la ville de Durban qu’on voit aujourd’hui sur les réseaux sociaux sont inimaginables et certains quartiers sont dévastés.

Nous recevons la visite de Roy qui nous propose de nous inviter pour un braai en nous disant qu’il a du très bon vin et de la bière ! Il repassera demain car le temps se couvre et il pleut pour le reste de la journée. Discussion aussi avec Bernhard, un autrichien installé ici qui lui aussi nous propose de venir si besoin chez lui.

Jeudi 14 avril 2022 :

Nous avons rendez-vous dans 5 jours à la douane pour y laisser notre Tiny mais au vue de la situation sur le port qui a juste repris une activité réduite et avec le nombre de bateaux qui attendent au large, on se dit que cette date va forcément être reportée. Déjà, il a plongé l’ancre au large de la Tanzanie pour au moins 3 jours, autant de retard je pense. Tant pis, notre bivouac est bien ici. Nous ne sommes pas pris par le temps non plus car notre avion de retour n’est que dans deux semaines. Nous ne sommes pas non plus pressés d’arriver sur Durban où nous serons confrontés à des scènes de dévastation, peut-être des pénuries d’eau. D’autant plus que de nouvelles pluies sont annoncées à partir de demain pour plusieurs jours.

Roy passe dans la matinée et nous confirme son invitation pour un braai. Rendez-vous à 13 heures au coin de la rue. Nous sommes à l’heure chez Roy qui nous accueille chez lui avec son fils Kein, sa belle-fille Dominique et ses petites filles. Effectivement, bons vins et un délicieux braai nous permettent de partager encore un agréable moment avec cette famille sud-africaine d’origine anglophone.

Deuxième nuit sur ce délicieux bivouac. Certains paieraient cher pour avoir une chambre d’hôtel avec une telle vue !!