17. Grèce : du 24 au 31 janvier 2019 : Mycènes, Nauplie, Epidaure, Hydra, presqu’île de Méthana, Palaia Epidavros, Canal de Corinthe

714 kms parcourus du 24 au 31 janvier

11 156 kms parcourus depuis le départ

Jeudi 24 janvier 2019 :

Notre bivouac sur les hauteurs du port de Sampatiki (Σαμπατική) est tout juste magique. Voici la vue que nous avons depuis la Tiny, une prise à l’est au lever du soleil, une prise à l’ouest sur le port.

Avant de prendre la route, petit tour sur le port.Nous prenons rapidement la route afin de nous diriger vers notre visite d’aujourd’hui. C’est l’hiver et les sites historiques ferment à 15 heures. En contrepartie, ils sont à moitié prix. Nous avons deux heures de route durant lesquelles nous longeons vers le nord la mer Égée. Le turquoise de l’eau est toujours de toute beauté ! La route serpente le long de magnifiques baies et criques, au pied de montagnes dont les sommets sont recouverts de neige.

Étonnante ligne de séparation entre les nuances de bleu.Nous voyons quelques fermes d’élevage de poissons.Nous arrivons en fin de matinée à Mycènes (Μυκῆναι). Le site, classé au Patrimoine mondial par l’Unesco (conjointement avec la cité voisine de Tyrinthe), possède des vestiges du 17ème siècle avant notre ère, soit 3700 ans ! La civilisation Mycéenne domina le monde de la Méditerranée orientale du 15ème au 12ème siècle avant JC. Mycènes est pour la Grèce continentale la ville de la première ouverture au commerce méditerranéen, de la première civilisation organisée avec l’apparition de l’écriture, la maîtrise de la sidérurgie.

Nous commençons par le site de l’Acropolis et le tombeau d’Egisthe (1500 avant JC) dont la coupole s’est effondrée.

Juste à côté, le tombeau de Clytemnestre (1220 avant JC), est un magnifique assemblage de pierres, en forme de ruche, style réservé aux sépultures royales.

Nous arrivons au pied des remparts encerclant la ville. Comment ne pas penser aux constructions Incas de la vallée sacrée de Cuzco que nous visitions, avec mon papa et mon beau-frère, lors de notre précédent voyage en Amérique du Sud. Les pierres sont bien assemblées mais certes moins remarquablement qu’au Pérou ; cependant presque 2000 ans séparent ces deux civilisations.

C’est par la porte des Lionnes que nous entrons dans la ville. Elle est surmontée d’un linteau énorme et d’un triangle en pierre plus légère (triangle dit de décharge pour soulager le linteau) orné de sculptures magnifiques mais les têtes en bronze ont disparu.

Le cercle royal est composé de six tombes entourées d’un double dallage vertical qui constituait une galerie couverte. Ces tombes royales datent de 1700 avant JC ! Le trésor funéraire découvert ici est au musée archéologique d’Athènes que nous visiterons la semaine prochaine (petite parenthèse, on ne sera d’ailleurs pas tout seuls mais accompagnés de mon papa que nous avons avant-hier invité à venir nous rejoindre en avion à Athènes !!).

Nous grimpons en haut de la colline et arrivons au palais, construit entre 1500 et 1400 avant JC, ou plutôt ce qu’il en reste. Nous distinguons des vestiges de murs et des dalles de béton… Pas terrible.Par contre le panorama sur la vallée est magnifique. Les paysages sont couverts de plantations d’oliviers.

L’une des curiosités de ce site est la citerne souterraine, insérée sous les remparts. On accède par un escalier souterrain descendant 18 mètres sous terre à une citerne alimentée par une source. Le long couloir taillé dans la roche est impressionnant. Nous n’avons d’autre éclairage que la torche de notre appareil photo et il y a dans cette descente dans le noir sur des marches glissantes un vrai goût d’aventure pour les enfants !

Sortie de la ville par la porte côté nord.Enfin, toujours sur le site de l’Acropolis, nous voyons un troisième tombeau royal, le trésor du Tholos au Lion (1350 avant JC).Pour compléter la visite du site, nous continuons par la visite du musée archéologique rassemblant le résultat des fouilles du site, comme ces surprenantes statuettes ou bien alors des objets liés au culte funéraire.

300 mètres plus bas que le site principal, nous visitons le chef d’œuvre d’architecture du trésor d’Atrée. Il s’agit d’un tombeau royal de 1300 avant JC. On y accède par une allée et une porte monumentale dont le linteau pèserait 120 tonnes. La salle intérieure bâtie également en forme de ruche mesure 14,50 mètres de diamètre sur plus de 13 mètres de hauteur. Les pierres de la voûte sont remarquablement assemblées sur 33 rangées superposées.

Depuis ce tombeau, jolie vue sur le site archéologique de Mycènes.Bivouac sur le parking du site.

Vendredi 25 janvier 2019 :

Journée pluvieuse. Journée intendance. Il en faut aussi parfois. Bien qu’on soit en voyage, il y a toujours de l’administratif à continuer à gérer à distance. Cela nous occupe un peu aujourd’hui. Il faut aussi préparer la suite du voyage, commencer à s’intéresser aux prochaines démarches que nous allons bientôt entreprendre pour demander notre visa pour l’Iran. J’échange avec d’autres voyageurs qui y sont déjà. Il est également bientôt temps de souscrire à une assurance voyage car la nôtre va expirer prochainement. Audrey passe de son côté beaucoup de temps à étudier les guides de voyage et les cartes pour préparer la suite de l’itinéraire. La Grèce regorge de centaines de sites différents à visiter. Il faut choisir car nous n’avons prévu d’y passer « que » trois semaines. Bref, cela nous occupe.

Nous descendons de notre colline de Mycènes vers la ville voisine de Nauplie (Ναύπλιο). Il pleut toujours. Plein de GPL pour remplir une des deux bouteilles de gaz qui était vide. Nous sommes surpris du peu de consommation que nous faisons en gaz. La bouteille a tenu 2 mois et demi sachant qu’on l’utilise pour la cuisson, le chauffe-eau, la crêpière et un peu pour le chauffage en complément du poêle à bois. Le fait de pouvoir la remplir directement à la station-service évite également les manutentions, les recherches d’usines de remplissage et, cela est surtout beaucoup plus économique (moins de 15€ la recharge).

Il pleut toujours. Nous nous dirigeons vers le Lidl pour faire un gros plein de courses. Nous tentons de déchiffrer les étiquettes des produits. Le coût de la vie est assez cher, similaire à celui de la France. Alors que nous sommes en train avec Google Traduction de scanner l’étiquette d’une plaquette pour savoir s’il s’agit de beurre ou de margarine, on se fait interpeller : « c’est vous les Mollalpagas ? »… Florent et Mohana, un couple de français en camping-car qui a vu notre Tiny sur le parking, nous invite à rejoindre leur bivouac ce soir sur la plage de Karathṓna (Καραθώνα) au sud de Nauplie. Ils nous indiquent quelques spécialités grecques dans les rayons qu’ils ont déjà eu l’occasion de tester.

Avec grand plaisir, nous les rejoignons donc sur ce grand espace partagé avec plusieurs autres voyageurs français, allemands, anglais, suisses. Ce ne sont pas des familles comme nous voyageant à un rythme assez soutenu et roulant beaucoup. La majorité sont des « vanlifers », soit des saisonniers en France, soit des personnes vivant de manière nomade dans leurs camions et passant l’hiver en Grèce. Cela fait plusieurs semaines qu’ils sont installés sur ce bivouac. Ils voient passer plein de voyageurs français qui nous devancent sur les routes de la soie ou qui en reviennent, ou qui font un tour d’Europe. La semaine dernière, le parking était rempli de voyageurs ! Aujourd’hui, il n’y a que 6 véhicules ! 

Un à un, les différents camions reviennent de Nauplie. Ils ont fait le tour des poubelles des supermarchés et arrivent avec des cageots remplis de légumes et de fruits à peine abîmés voire pas du tout… Impressionnant. Ils font comme ça tous les jours. Bien qu’ils soient bien nombreux, ils n’arrivent pas à tout manger !

Les enfants partent jouer au milieu de restes de chèvres. Ils s’amusent à chercher des crânes et des cornes… Nous échangeons sur nos modes de vie avec Florent, Mohana, Amaury, Barbara, Loïc, Mélanie, Chris et les autres… La nuit, le froid et l’humidité nous font rentrer par petits groupes dans nos véhicules et nous partageons un sympathique moment à échanger avec Mohana.

Samedi 26 janvier 2019 :

Sur les bons conseils de nos compagnons de bivouac, nous rejoignons à pied le centre de Nauplie. Nous longeons les eaux cristallines du golfe Argolique débouchant sur la mer Égée, également appelé golfe de Nauplie. Face à nous, les reliefs enneigés de Mycènes plongent dans l’eau.

Nauplie fut la première ville libérée de l’occupation turque en 1822, et la première capitale de l’État grec, en 1829, avant Athènes. En 1834, Athènes retrouva son statut de capitale et Nauplie redevint une petite sous-préfecture tranquille. Nous rentrons dans la ville protégée par ses remparts et par deux citadelles très haut perchées, dont le fort Palamède construit en grande partie par les Vénitiens de 1690 à 1714. On retrouve d’ailleurs une trace du passage des vénitiens avec le fameux lion ailé que nous voyions dans le dernier article sur une des colonnes de la place Saint Marc à Venise.

Les ruelles sont charmantes avec leurs fontaines ornées d’arabesques, leurs balcons ouvragés, leurs façades colorées.

Nous visitons l’église des Francs, église catholique, aménagée dans une ancienne mosquée au minaret tronqué. Mémorial à l’intérieur écrit en français en hommage aux morts pour la Grèce entre 1821 et 1827.

La mosquée Vouleftiko, ne se visite pas mais du haut de sa plateforme, on voit sa belle cour à arcades qui était un ancien caravansérail. C’était le siège du premier parlement grec en 1825.

Petite pause réparatrice au bord du port de pêche avec une vue agréable sur le golfe et sur un fort vénitien construit sur un îlot. Oliviers, palmiers et orangers (aux fruits amers, comme j’ai désagréablement pu le constater) sont plantés le long de l’agréable esplanade où nous sommes surpris du nombre de personnes se promenant. Ça y est, on les a trouvés, les Grecs…

Puis, nous terminons par la visite de la magnifique église orthodoxe Panagia superbement ornée de peintures, d’icônes, de sculptures, de dorures, d’argent… jusqu’au plafond. Elle est superbe.

Un petit mot sur la religion… la Grèce est orthodoxe à 98%. L’idée d’une séparation de l’Église et de l’État est proprement impensable pour la Grèce. La Constitution de 1975 affirme avec force la place de l’Église au sein de l’État. Les popes sont des fonctionnaires. La religion des citoyens n’est plus marquée sur les cartes d’identité que depuis 2000, sous pression de l’union Européenne. Dans cette église, nous prenons conscience de la ferveur religieuse de nombreux grecs.

Retour en début d’après-midi par le même chemin.

Nous quittons ce charmant bivouac et nous dirigeons vers notre visite de demain. Bivouac à l’entrée du site archéologique d’Epidaure (Επίδαυρος). Nous sommes seuls sur ce grand parking. Enfin, pas tout à fait, une meute de chiens errants nous tient compagnie… On espère que la nuit sera calme.

Dimanche 27 janvier 2019 :

La nuit n’a pas été calme, pas du tout. Les chiens ont hurlé à la mort une bonne partie de la nuit. Et oui, le voyage, c’est ça aussi… Ce ne sont pas toujours des bivouacs de rêve !

Dès 9 heures, nous entrons sur le site antique, avant l’arrivée des nombreux cars de tourisme déversant des dizaines de personnes: c’est l’un des sites les plus visités de Grèce. Notre guide écrit : « malgré la foule, le théâtre vaut vraiment le coup ». Et bien, nous sommes durant plus d’une demi-heure les premiers visiteurs à savourer le charme de ce site exceptionnel. Le Théâtre d’Epidaure, classé au Patrimoine mondial par l’Unesco est grandiose au cœur d’un paysage fantastique. Il avait disparu sous les pins et les oliviers jusqu’à ce qu’une expédition française le découvre en 1829. Il est considéré comme le plus parfait de l’Antiquité avec une harmonie architecturale parfaite.

Il a été construit en deux étapes, la première au 4ème siècle avant notre ère, la deuxième deux siècles plus tard avec l’ajout des 21 rangées supérieures. La capacité totale est de 12 000 spectateurs. Mais nous ne sommes que quatre, accompagnés d’un chaton, pour profiter de la magie des lieux. Nous nous posons, observons, apprécions, écoutons le chant des oiseaux…

L’acoustique est extraordinaire. Je monte avec les enfants au dernier rang du théâtre. Audrey reste en bas et nous lit quelques phrases que nous entendons parfaitement avec une clarté stupéfiante. Vous la voyez tout en bas ?Le théâtre se divise en trois parties : les gradins, une surface circulaire au pied des gradins où se tenaient les chœurs, enfin le Proskénion, bâtiment rectangulaire derrière l’aire circulaire, où jouaient les acteurs.

Nous continuons, toujours sur le même site, par les ruines du sanctuaire d’Asklépios, vestiges du premier hôpital de l’Antiquité. Tout le monde s’est servi en blocs de marbre pendant des siècles donc il ne reste plus grand-chose et le site est dévasté. Selon la légende, les disciples d’Asklépios soignaient les malades d’une façon assez particulière. D’abord, on égorgeait des animaux en sacrifice aux Dieux. Les malades s’assoupissaient dans un dortoir sacré peuplé de serpents inoffensifs, en s’enroulant dans la peau de l’animal sacrifié. Asklépios leur apparaissait en songe sous les traits du serpent sacré et leur indiquait le traitement à suivre, ce que les prêtres traduisaient en sorte de prescription… Le bâton entrelacé de 2 serpents était le spectre d’Asklépios, dieu de la médecine. Voilà d’où vient le symbole du caducée des médecins et des pharmaciens… d’une petite vallée du Péloponnèse où le culte d’Asklépios se développa au 6ème siècle avant JC.

Les temples et les installations hospitalières de ce sanctuaire font l’objet de reconstitutions partielles comme l’Avaton, la Tholos et l’Hestiatorion.

Les Jeux Asclépiens d’Épidaure, ou Asklépieia, étaient des compétitions sportives et culturelles organisées en l’honneur d’Asclépios, qui se tenaient tous les quatre ans. Les épreuves gymniques se déroulaient sur ce stade construit du 5ème au 4ème siècle avant JC qui mesure 180 m de longueur pour 22 m de largeur.Un musée présente des pierres gravées des cures et remèdes miraculeux d’Asklépios, des instruments chirurgicaux… mais également des éléments de maçonnerie des temples.

L’après-midi, après l’école, nous reprenons notre cavale jusqu’aux grottes de Didyma (Δίδυμα). On aperçoit de loin, au pied des falaises, un gigantesque effondrement circulaire.Ces formations se trouvent au milieu d’immenses plantations d’oliviers poussant entre les cailloux.

On accède à un premier effondrement par un tunnel creusé dans la roche. Impressionnant. Les parois sont ocres et nous rappellent le même phénomène géologique que nous avions vu au Burraco de las Araras au Brésil. Mêmes couleurs, mêmes dimensions mais sans les perroquets…

Deux minuscules chapelles byzantines dont une troglodytique ont été construites par un ermite au 12ème siècle.

Le deuxième effondrement est beaucoup plus grand.

Anaïs et Victor jouent à saute-mouton.

Nous entamons une courte mais sympathique discussion avec un berger parlant trois mots de français avant de reprendre la route qui serpente à travers les montagnes plantées d’oliviers. Vue sur la mer et les îles.

Bivouac à Metochi (Μετόχι) au bout de la péninsule de l’Argolide. Nuit bercée par… deux chiens montant la garde du parking où nous dormons. Y’en a marre des chiens grecs..

Lundi 28 janvier 2019 :

Dès 8 heures, nous embarquons sur un bateau qui nous emmène sur l’île d’Hydra (Ὑδρέα). Encore à peine réveillés, nous traversons le golfe Saronique qui s’éclaire lentement avec le soleil levant. Nous trouvons une petite place entre les locaux et des tuyaux de clim et des sacs de ciments.

Six kilomètres et 30 minutes plus tard, nous arrivons dans la ville d’Hydra, principal port et seule ville de l’île, qui abrite aussi deux hameaux et des fermes isolées. Au fond d’une baie qu’on ne découvre qu’en y entrant, la ville s’étage en amphithéâtre autour de l’anse.Des ânes sont lourdement chargés des marchandises débarquées du bateau. Pas de voiture sur l’île.

Nous traversons ce petit bourg de 2000 âmes. La majorité des maisons sont fermées. Certainement des résidences estivales. Une fois de plus, notre guide écrit : « un des plus beaux ports de toutes les îles grecques, mais aussi un des plus fréquentés, inondé de touristes… ». Nous ne croisons que deux autres touristes ! Mais il y a des chats partout. Rapidement, nous traversons ce mignon village aux maisons aux façades de pierres ou peintes d’un blanc immaculé. De par son riche passé, Hydra a conservé de riches et belles maisons. Durant l’occupation turque, les habitants développèrent une flotte marchande importante.

Nous quittons ses ruelles remplies de bars, restaurants et pensions fermés pour rejoindre les hauteurs plus populaires du village. Déjà, nous avons de jolis points de vue sur le port et les toits de la ville. Nous sommes partis pour une belle randonnée de 17 kilomètres ! Les premiers se font sur un chemin bien aménagé mais qui grimpe beaucoup. En 5 kilomètres, en traversant de belles pinèdes, nous montons de 500 mètres soit 10% de pente ! dur pour nos mollets encore froids…

Nous arrivons au monastère de Profitis Ilias. Personne à l’horizon, nous poussons la porte. Une petite boutique accueille le passant. Un frigo est garni de boissons, des bonbons sont à disposition, des objets artisanaux fabriqués par les religieux sont en vente. Pas de caisse, ni de caissier, mais une simple tirelire. De l’eau est à disposition, mais également une bouteille de liqueur de fruits. Ça fait du bien un peu de sucre après cet effort matinal.

Nous entrons dans la jolie cour du monastère. Superbe église richement et superbement décorée. On adore.

Échange de chaleureux sourires et d’un « kaliméra » (καλημέρα = bonjour en grec) avec un religieux étendant sur son fil à linge ses tenues. Nous croisons un autre religieux ramassant quelques écorces d’oliviers à même le tronc. Nous lui demandons ce qu’il en fait. Il nous invite à le suivre dans son atelier de menuiserie où il construit des cabanes pour les oiseaux.

Nous nous attarderions bien dans ce lieu magique où le seul bruit que nous entendons est celui des oiseaux. Mais il y a encore 12 kilomètres à faire et le dernier bateau de 17 heures ne nous attendra pas.

Nous sortons des chemins aménagés et nous retrouvons sur un  chemin de randonnée plus difficile . Heureusement que nous avons le GPS avec nous car il n’est pas très bien indiqué par moment. Le parcours est rendu difficile car nous marchons sur de grosses pierres qui nous cassent les jambes et les chevilles. Anaïs et Victor, marchent un pas après l’autre, sans se plaindre mais au contraire en disant sans cesse qu’ils adorent ! Le paysage est époustouflant. Nous avons une vue sur les deux côtés de l’île.

 Personne à l’horizon, à part des chevaux en liberté et des chèvres.

Spéciale dédicace à mon beau père avec de belles jacinthes vues en chemin.Nous arrivons dans la partie occidentale de l’île près du hameau d’Episkopi. Les terres sont un peu cultivées de céréales et d’oliviers qui nous abritent pour la pause pique-nique réparatrice.

Nous sommes redescendus à 200 mètres d’altitude et les sentiers deviennent de nouveau larges et aménagés. Tant mieux car il reste un peu plus de 7 kilomètres et la fatigue commence à se faire sentir. Nous arrivons au port de Palamidas où sont réparés les bateaux. Bon, l’envers de la carte postale (on ne vous cache rien !), c’est aussi l’endroit où brûlent les déchets…

Nous longeons la côte et ses belles criques à l’eau cristalline. Superbe. Quelques degrés de plus dans l’eau nous feraient bien piquer une tête !

Mignon petit pont de pierre dans le hameau de Vlychos.Puis de nouveau les plages s’enchaînent au pied d’établissements toujours fermés. Elles prennent le nom de Avlaki, Plakès… On imagine que l’endroit doit être beaucoup moins charmant avec des milliers de touristes.

Puis, exténués, mais incroyablement fiers de nos enfants, nous arrivons au bout de notre boucle et rejoignons le port d’Hydra.

Nous nous installons sur une terrasse et buvons un café grec, ressemblant beaucoup au café turc. Il n’a rien à voir avec un expresso ni avec un café-filtre. Le marc reste en suspension dans le liquide. Il faut comme les grecs, prendre son temps pour le boire, à petites gorgées, en aspirant bruyamment le café entre ses lèvres closes. Il est servi accompagné d’un grand verre d’eau. Durant ce temps, Anaïs et Victor jouent dans un petit square.

Retour par le même bateau sur une mer houleuse.Ne voulant pas passer la même nuit que la veille (et que l’avant-veille), nous nous écartons de quelques kilomètres du port et trouvons un sympathique bivouac en bord de mer face à l’île d’Hydra en espérant que la chapelle pittoresque voisine nous protège des aboiements nocturnes des chiens.

Mardi 29 janvier 2019 :

La chapelle nous a protégés et seul le bruit des vagues a bercé notre profond sommeil. Superbe décor en tirant les rideaux. Quel luxe cette chambre avec vue sur mer !

Nous roulons en début d’après-midi et empruntons une sinueuse, très sinueuse route en longeant au plus près les eaux du golfe Saronique. Les paysages sont sauvages. Toujours personne à l’horizon. Nous croisons très peu de voitures. En contrebas de la route, quelques plages de graviers. Nous passons tout près de l’île de Póros qui se situe à une centaine de mètres du continent.

Puis nous entrons sur la presqu’île de Méthana (Μέθανα) en franchissant un étroit isthme. Très montagneuse et extrêmement sauvage, elle est restée protégée des touristes car peu accessible pour ceux qui ne sont pas motorisés. Seulement 1150 habitants peuplent ses 50 km².

Nous croisons un couple d’italiens ayant parcouru à 3 reprises l’Amérique du sud en camping-car.

Nous nous dirigeons vers le cratère du volcan au-dessus du village de Kameni Chora (Καημένη Χώρα) qui signifie « village brûlé ». Cette presqu’île est d’origine volcanique et est parsemée de 32 vieux cratères. Rapidement, nous voyons une ancienne coulée de lave, qui est le témoin le plus spectaculaire de ce passé volcanique. La dernière éruption date de l’an 230 avant JC où une coulée volcanique de plus d’un kilomètre de long a déplacé la côte sur une longueur de 500 mètres.Nous empruntons un sentier de 500 mètres de long menant au cœur du volcan, mais vraiment au cœur car nous entrons dans sa cheminée !

Incroyable vue panoramique sur le golfe Saronique et l’archipel des îles du même nom (dont Hydra vue hier en fait également partie) : Salamine, Égine, Angistri et Póros.

Puis, nous reprenons la route pour faire le tour de la presqu’île. J’ai repéré sur internet des sources d’eau chaude (Pausanias baths) tout au nord à Agios Nikolaos. La route, enfin si on peut appeler ça une route, est étroite et certainement très peu empruntée car les branches de pins arrivent à la moitié de la route. Je suis obligé de slalomer pour les éviter tout en tentant de ne pas rouler sur les éboulis des falaises. Les virages en épingles à cheveux sont très serrés me faisant manœuvrer dans certains.

Nous arrivons aux sources d’eau chaude qui n’existent plus. Le minuscule bassin est fermé par un cadenas. Dommage car le site se serait bien prêté à un petit bain.Nous continuons notre tour de la presqu’île sauvage. Nous admirons toujours toutes ces collines tapissées de terrasses faites par l’homme pour rendre ces pentes cultivables.

En fin de journée, nous posons notre bivouac sur le port de Méthana (Μέθανα) aux eaux d’un bleu laiteux.

Mais de ces eaux laiteuses se dégage une puissante odeur de soufre. A Méthana, se trouvent des sources thermales alimentées par l’activité volcanique qui continue de régner sous les montagnes de la presqu’île. Dommage qu’un si bel endroit pue autant ! On se réfugie dans la Tiny. Nuit bercée par le bruit des vagues et l’odeur nauséabonde du soufre. Boules Quies dans les oreilles (et dans le nez…).

Mercredi 30 janvier 2019 :

Quelle vue encore ce matin au petit déj’ ! Les vagues arrivent à 1,50 mètre de la Tiny.Nos profitons de l’eau du port pour faire une petite lessive et du wifi du port pour mettre à jour le blog. Puis, nous faisons un petit tour du port et de sa mignonne église byzantine.

Puis la cavale des Mollalpagas reprend en empruntant toujours les routes côtières du Péloponnèse.

Nous arrivons à Palaia Epidavros (Παλαιά Επίδαυρος) et nous dirigeons vers la Plage Yialasi. L’intérêt de cette plage est la visite du site de Sunken City, mais oblige à se vêtir d’une tenue adaptée et à oser braver les 16° de l’eau.

Il faut nager sur 20 à 30 mètres et avec masque et tuba on observe, à entre un et deux mètres de profondeur, les ruines d’une cité romaine engloutie. C’est incroyable, on observe des murets de pierre, des anciennes voies romaines pavées ou bien des restes de grosses jarres… vieilles de plus de 2000 ans ! Nous sommes frigorifiés mais tellement heureux…

Réchauffés par la djellaba de mon ami Driss, nous traversons le village et délestons des branches bien lourdes des orangers. Cueillette par la fenêtre de la Tiny.Nous ne pouvons entrer sur le site fermé mais apercevons le petit théâtre d’Epidaure du 4ème siècle avant JC. Endormi pendant plus de deux millénaires et recouvert par 6 mètres de terre qui le recouvraient, ce n’est qu’au début des années 1970 que des acteurs du Théâtre National qui répétaient leur texte à l’ombre des oliviers, découvrirent qu’ils étaient assis sur du marbre ! A l’origine, le théâtre était composé de 9 travées et de 18 rangs de sièges et pouvait contenir quelques 2000 personnes. Sans comparaison donc avec le grand théâtre d’Epidaure visité il y a quelques jours, qui lui peut contenir jusqu’à 12 000 spectateurs.

Nous continuons notre route et quittons cette formidable région du Péloponnèse en franchissant l’isthme de Corinthe qui est une bande de terre de 6 km de large reliant le Péloponnèse à l’« Hellade », c’est-à-dire la Grèce continentale. Nous nous posons au bord du canal de Corinthe qui est cette voie d’eau artificielle creusée à travers l’isthme de Corinthe, pour relier le golfe de Corinthe, dans la mer Ionienne, à l’ouest, au golfe Saronique, dans la mer Égée, à l’est. Le canal de Corinthe fait donc du Péloponnèse une île, puisqu’il perce de part en part l’isthme reliant cette péninsule au reste du territoire grec.

La première tentative de construction d’un canal à cet endroit est attribuée à Néron en 67 qui mobilisa 6 000 prisonniers juifs. L’année suivante, à la mort de Néron, son successeur Galba abandonna le projet, jugé trop onéreux. Seulement en 1869, l’ouverture du canal de Suez amène le gouvernement grec à voter une loi sur l’ouverture de l’isthme de Corinthe. Mais la réalisation reste à l’état de projet. Les travaux commencent en 1882, et se révèlent beaucoup plus difficiles que prévu. Ce n’est qu’en 1894 que le premier bateau traverse le canal. Le canal mesure plus de 6 kilomètres de longueur et 24,60 m de largeur. La tranchée atteint une hauteur maximale de 52 m pour une profondeur de 8 mètres. Il permet aux navires d’éviter un détour de 400 km autour de la péninsule du Péloponnèse. Environ 11 000 navires empruntent cette voie chaque année.

La nuit tombée, un vrombissement de moteur résonne depuis les profondeurs du canal. J’accoure et vois un remorqueur tirer le cargo Oder long de 114 mètres et large de 14 mètres. Il navigue donc à 5 mètres de chaque haute falaise calcaire. De jolies lumières orangées éclairent le canal. Mais le record de largeur de bateau ayant emprunté ce canal remonte à 2016 où le Celestyal Nefeli, un bateau de croisière large de 22,50 mètres a emprunté ce passage étroit large de 24 mètres…  Une célèbre marque de boisson énergisante sponsorise de nombreux autres records dans ce canal : avion de voltige dans le canal qui passe sous les ponts, saut en moto par-dessus le canal…Bivouac tranquille (sans chien) au bout de la passerelle piétonne enjambant le canal de Corinthe.

Jeudi 31 janvier 2019 :

Matinée école entrecoupée de récréations pour aller voir le passage des cargos dont les plus gros sont tractés par des remorqueurs. Les eaux de couleur turquoise contrastent fortement avec la blancheur des falaises calcaires qui les surplombent. En haut de ces falaises, des constructions militaires datant certainement de la seconde Guerre Mondiale devaient protéger l’isthme de Corinthe.

Nous quittons notre sympathique bivouac près du canal de Corinthe.

Petit retour à mardi dernier :

  • « Allô, papa ? bonjour c’est Sylvain, qu’est-ce que tu fais la semaine prochaine ? »
  • « Ben… »
  • « Bon, ben on t’a trouvé un avion qui décolle jeudi prochain de Roissy vers Athènes… »
  • « ???!!……. ???? »

8 jours plus tard, nous sommes dans le hall des arrivées de l’aéroport international Elefthérios-Venizélos d’Athènes… Joie des retrouvailles même si on était déjà ensemble il y a moins d’un mois au Maroc. Et oui, le 2 janvier, nous nous disions au revoir à Marrakech, persuadés qu’on ne se reverrait pas avant quelques temps…

Mon papa à peine atterri, nous embarquons dans la Tiny et quittons Athènes dans laquelle nous reviendrons dans quelques jours. Mais d’abord direction Delphes, notre visite de demain. Une bonne route nous fait rentrer de 170 kilomètres dans la partie continentale de la Grèce. Un premier parking sur le site antique de la cité de Delphes ne nous inspire pas trop car il y a beaucoup de  chiens errants. Nous préférons celui juste face à l’entrée du site…

Apéro local à base d’ouzo pour fêter cet heureux évènement. Puis, c’est l’heure d’aller au lit. Mon papa prend place dans le lit d’Anaïs, Anaïs dans le lit de son petit frère, et Victor trouve une place sous la table allongé sur les coussins des banquettes.

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