29. Tadjikistan : du 16 au 23 mai 2019 : La Pamir Highway de Douchanbé à Khorog
1057 km parcourus du 16 au 23 mai 2019
24 756 km parcourus depuis le départ
Jeudi 16 mai 2019 :
1h30 du matin, le réveil sonne. Nous sautons dans nos vêtements et descendons dire au revoir à notre famille qui nous a accompagnés durant les 11 derniers jours en Ouzbékistan. Leur taxi pour l’aéroport de Samarcande va bientôt arriver. Juste le temps de serrer très fort dans nos bras mon papa, les parents et le frère d’Audrey qui vont commencer une très longue journée de voyage avec 3 vols en avion et le train ce soir entre Paris et Poitiers où ils arriveront à 20h30 ! Merci encore de nous avoir rejoint ici et dépêchez-vous de vite revenir nous voir… Nous nous rendormons le cœur serré d’avoir vu leur taxi partir, tel nous l’avions vu partir à Marrakech en janvier ou à Athènes en février.
Nous passons la matinée dans la cour de leur hôtel et profitons même de leur petit-déjeuner qu’ils n’ont pas eu le temps de prendre !Les vacances sont terminées et l’école reprend aujourd’hui. De mon côté, j’ai beaucoup de travail pour mettre en ligne le précédent article. Puis, en fin de matinée, nous sommes prêts. Le linge est propre (y compris les draps qui nous remercient d’avoir changé de couleur), les pleins d’eau et de gasoil sont faits, la Tiny est lavée à l’extérieur, le ménage est fait à l’intérieur, la vidange moteur est faite, l’alternateur est remplacé, la fuite à la pompe de direction réparée… Nous pouvons enfin partir, sereinement vers de nouveaux horizons.
Premiers tours de roues. Ça fait bizarre de n’être que tous les 4. La Tiny est certes plus légère mais notre cœur est lourd de ne plus avoir la famille avec nous. Pour ne pas arranger le moral, un gros orage éclate sur Samarcande. La Tiny que j’avais astiquée avec Victor et qui était toute propre est pourrie en deux kilomètres. Pour couronner le tout, le turbo qui a parfaitement fonctionné depuis plus de 15 jours ne s’enclenche plus. Ça ne nous fait pas rire compte tenu de la route de très haute altitude prévue dans les tous prochains jours. J’ai bien les pièces à remplacer que mon papa m’a emmenées (sondes de températures, électrovannes…), mais le temps est vraiment trop pourri pour faire de la mécanique. Et puis, il faut absolument qu’on avance vers le prochain pays, le Tadjikistan, dont le visa commence aujourd’hui. Auparavant, nous dépensons nos derniers soums ouzbèques dans une épicerie non loin de la frontière.
Nous arrivons au poste de frontière de Penjakent, juste ouvert depuis 2018. La sortie du pays se passe bien. En Ouzbékistan, les visiteurs doivent s’enregistrer tous les trois jours dans un hôtel pour prouver leur itinéraire parcouru. Cette mesure est plus ou moins appliquée et le contrôle est au bon vouloir des douaniers à la sortie du pays. Nous concernant, nous avons profité de la présence de la famille pour nous enregistrer à leur place toutes les 3 nuits. Cela nous a ainsi évité d’avoir à payer pour cet enregistrement. Les tickets sont rapidement survolés par l’agent douanier. Fouille très sommaire de la Tiny qui permet plus aux douaniers d’assoiffer leur curiosité en leur permettant ainsi de monter dedans. Je ne manque pas, ce que je ne fais jamais en temps normal, d’enlever mes sandales avant de monter dans la Tiny. Ça en décourage souvent plus d’un, d’enlever ses rangers lacées jusqu’à mi-mollets !
Le portail de l’Ouzbékistan se referme derrière nous, nous laissant dans un court no man’s land. Le portail du Tadjikistan est à quelques mètres. Audrey et les enfants sont invités, par un douanier nous souhaitant la bienvenue avec le sourire, à franchir la frontière à pied. Je reste au volant. Rapidement, nos passeports sont tamponnés. Nos e-visas délivrés directement sur internet en 48 heures sont conformes. Ils nous ont coûté 64€ par personne (dont 20€ pour l’extension GBAO permettant l’accès à la Pamir Highway).
Vient ensuite l’enregistrement du véhicule. Un douanier me prend en charge, me souhaitant également la bienvenue dans son pays comme d’ailleurs tous ses collègues. Je le suis dans son bureau pour remplir l’autorisation temporaire de circulation limitée à 15 jours (extension possible si besoin). Et là, ça se gâte lorsqu’il me demande de payer 100 dollars pour le véhicule. Cette taxe est légale mais je sais que plusieurs voyageurs ont payé pour leur camping-car seulement 45 dollars. Il m’explique que mon véhicule est « spécial ». Je le rejoins et partage son point de vue, mais je lui explique qu’il fait le même poids (enfin presque mais je lui montre le poids à vide sur la carte grise qu’il n’est pas en mesure d’interpréter), qu’il fait les mêmes dimensions qu’un camping-car classique et que je refuse de payer plus cher. Il insiste. Je persiste. Les minutes passent. Il me sort un texte de loi écrit dans l’alphabet cyrillique que je suis incapable de déchiffrer. Je lui montre mon application iOverlander de partage collaboratif entre voyageurs, en lui expliquant qu’il s’agit de l’application de l’ambassade de France ! Sur celle-ci, nos amis les VW on the way sont passés ici l’an dernier et ont laissé un commentaire expliquant qu’ils ont payé 45$. Merci Nico ! Mais il insiste à me faire payer 100 dollars. Je persiste et me prépare déjà à dormir dans son bureau ce soir s’il ne cède pas. Puis il m’invite à sortir de son bureau au moment où un autre militaire entre. Un instant après, ce même militaire en treillis, pas souriant du tout, mesurant 20 cm de plus que moi, utilise sa grosse voix et me demande de m’asseoir dans le bureau, en omettant de me souhaiter la bienvenue dans son pays. Oups… Je fais moins le malin. Puis, le même douanier que tout à l’heure, voyant certainement que je suis un peu trop têtu et déterminé, m’explique qu’il est prêt à m’aider, que comme je suis sympa, que comme je voyage en famille, que comme je suis français, il accepte de me faire payer que 45 dollars… Je repars fièrement avec mon certificat d’importation temporaire. Le portail du Tadjikistan s’ouvre.
Il est tard, la nuit n’est pas loin de tomber. Nous bivouaquons juste après le poste de douane.
Nous voici dans ce petit pays d’Asie Centrale, ayant pris son indépendance de l’URSS, comme ses voisins, en 1991. Il a subi entre 1992 et 1997 une terrible guerre civile avec quelques regains de combats entre 2010 et 2012, provoquant la mort de 50 à 100 000 personnes (selon les sources) et un déplacement migratoire d’1,2 million de personnes vers l’étranger.
Vous n’arrivez pas à situer le Tadjikistan ? nous non plus avant de partir en voyage !
Vendredi 17 mai 2019 :
Premiers kilomètres dans ce nouveau pays. Les voitures ne sont plus les mêmes. Ici, contrairement à de l’autre côté de la frontière, il n’y a que des voitures allemandes (Opel et Mercedes) et presque plus de Lada ou de voitures asiatiques comme en Ouzbékistan. Les routes sont en bon état.
Les paysages sont verts, montagneux, propres. Beaucoup de personnes travaillent dans les champs.
Nous arrivons à la première ville Panjakent, l’occasion de changer de l’argent (des somonis au taux de 1€ pour 10,54 TJS) et d’acheter une nouvelle carte SIM car notre opérateur Free ne fonctionne pas ici, contrairement à la Turquie, l’Ouzbékistan et prochainement le Kazakhstan et la Russie. Plein de gasoil 40 fois plus cher qu’en Iran mais toujours deux fois moins cher qu’en France à 0,80€ le litre.
Le turbo ne fonctionne toujours pas. Petite opération mécanique où je remplace une des deux sondes de température peut-être défectueuse selon Joaquim et empêchant le bon fonctionnement du turbo. Après n’avoir pas prêté garde et m’être brûlé à la main avec le liquide de refroidissement bouillant et après avoir cherché la sonde neuve que j’avais égarée pendant une heure, je l’installe et nous nous apprêtons à partir au moment où un fourgon arrive près de nous. Véro et Christian en descendent. Ce sont les Infinitrip. Ce couple de voyageurs français arrive de Mongolie et traverse l’Asie centrale en direction de l’Iran, l’occasion parfaite pour échanger sur nos itinéraires respectifs et de partager nos coups de cœur.Mais le temps passe et nous devons prendre la route. Et puis nous voulons savoir si la réparation de la sonde a changé quelque chose. Première accélération. Rien ne change… toujours pas de puissance. Grrrrrrr…
Nous roulons en direction du sud du pays en espérant pouvoir arriver à la capitale Douchanbé ce soir. La route est toujours en bon état et cela nous change des deux derniers pays. On s’enfonce également dans de profondes vallées serpentant entre de hautes montagnes dont les sommets sont enneigés. La Tiny peine à monter les pentes, en deuxième rapport au mieux, parfois en premier. Et dire qu’on a prévu de monter à quasiment 4700 mètres dans les prochains jours sur la Pamir Highway !
Nous attaquons la montée d’un col à 2660 mètres. La Tiny souffre. Anaïs aussi. Elle est enrhumée depuis quelques jours et l’altitude au-delà 2000 mètres lui procure un gros mal de crâne.
Puis nous arrivons au col où nous devons emprunter le dénommé « tunnel de la mort ». Il mesure 5 km, le revêtement est pourri, il n’y a ni éclairage ni ventilation après les premières centaines de mètres parcourus… Un nuage de poussière et de pollution obscurcit encore plus le noir de cet angoissant tunnel.Puis de l’autre côté, nous amorçons la descente du col et Anaïs se sent de mieux en mieux. La route M34 longe la rivière Varzob aux eaux marron et tumultueuses résultant de la fonte des neiges. Cette rivière se déverse ensuite dans l’Amou Daria qui alimentait autrefois la mer d’Aral. Comment la bêtise humaine, les erreurs de choix de culture agricole depuis des décennies, associées à une mauvaise gestion de l’eau en Ouzbékistan, peuvent-elles faire disparaître autant d’eau en cours de route et assécher cette mer intérieure ?
Nous prenons garde aux fréquents éboulements.
Bivouac à la tombée de la nuit, coincé entre la route et la rivière. Il est trop tard pour arriver à Douchanbé ce soir.
Samedi 18 mai 2019 :
Le propriétaire du resto devant lequel nous avons dormi arrive nous saluer. Il n’était pas là hier soir. Il nous propose de venir dans son établissement. Nous le remercions tout en déclinant son invitation. Il insiste en nous disant que ce sera gratuit ! C’est super gentil mais nous devons rouler.
Premier arrêt à un péage au fond de cette vallée encaissée. Catégorie 1, on paye quelques somonis. Deuxième arrêt à un autre péage, catégorie 2, on négocie et on montre le ticket du premier péage. Catégorie 1, on paye. Troisième arrêt à un péage exclusif pour les camions. Les policiers nous indiquent de nous diriger vers la bascule où on paye selon le poids. L’afficheur digital affiche 4920 kg. Rien à payer. Le PTAC de la Tiny est de 4800 kg. Nous ne sommes donc pas trop en surcharge d’autant plus qu’on est quasiment en charge complète avec nos différents réservoirs remplis. C’est rassurant. Mais sans turbo, je vous assure que c’est déjà bien assez lourd !
Nous arrivons à Douchanbé, capitale de 800 000 habitants, où après refroidissement du moteur, je remplace la deuxième sonde de température. Sous la pluie, nous repartons après avoir fait l’école sur un parking de la capitale que nous ne visitons pas. Nous sommes venus au Tadjikistan pour surtout profiter des paysages de la région du Pamir. Et puis, nous avons visité beaucoup de villes en Ouzbékistan et aspirons à de la nature et à de grands espaces. La ville est hyper propre, les avenues sont nickels, les espaces verts sont entretenus par des dizaines de personnes sur un même petit carré. Une certaine richesse serait due au blanchiment du trafic d’opium de l’Afghanistan voisin.Le président doit aussi être un peu ici mégalo. Des portraits de lui sont partout affichés !
L’intervention mécanique n’a rien changé au fonctionnement du turbo. Je m’arrête remplacer une troisième pièce que Joaquim suppose peut-être défectueuse, un transmetteur de pression. Nouvel essai, rien ne change. Toujours pareil. Enfin, je remplace un capteur de température d’admission de l’air. Nouvel essai, rien ne change… Mais en remplaçant ce capteur, je m’aperçois qu’un des fils branchés sur ce connecteur est coupé. Serait-ce la panne qui nous embête depuis si longtemps ? Je m’arrête à la première station-service où aussitôt, un mécano se met au travail et ressoude à l’étain la cosse défectueuse. J’ai un gros espoir que le turbo fonctionne de nouveau. Mais en vain, rien ne change. Grrr… Qu’importe, on file vers le sud du pays. On a trop envie de découvrir le Pamir. Nous ne voyons pas grand-chose des premiers reliefs cachés sous les nuages. Les essuie-glaces sont en deuxième vitesse. Les caniveaux pourtant énormes débordent. Nous marquons l’arrêt au mémorial construit en l’hommage à des membres de notre grande et belle famille de voyageurs profondément touchée par la mort de 4 cyclotouristes en juillet 2018. Deux américains, deux suisses, deux néerlandais et un français ont été renversés par une voiture avant d’être attaqués. Cet atroce assassinat, commis par des Tadjiks mais revendiqué par le groupe Daech, n’a pas eu lieu dans la zone déconseillée par le ministère des Affaires Étrangères français, zone frontalière entre le Tadjikistan et l’Afghanistan, mais au sud de la capitale Douchanbé, sur une route de montagne, tout près d’habitations. Il s’agirait de l’unique meurtre de citoyens étrangers depuis la guerre civile qui a fait suite à l’indépendance.Nous poursuivons la route. Elle est en superbe état et ça nous change vraiment. Quel bonheur de rouler sur du velours ! On en profite d’autant plus qu’on sait que ça ne va pas durer. Le paysage est vallonné et bien vert. Des lacs artificiels parsèment la vallée. C’est la période de tonte des moutons et également des transhumances.
Nous arrivons devant le seul site historique que nous allons visiter au Tadjikistan, la citadelle de Hulbuk. La fortification de cet ensemble construit du 9ème au 11ème siècle est tout juste restaurée. Il est tard pour la visiter mais l’heure est parfaite pour profiter des rayons du soleil couchant sur l’édifice. Bivouac sur le parking de la citadelle.
A l’heure de se coucher, on frappe à la porte. Audrey ouvre et se voit offrir un pain énorme d’une quarantaine de centimètres de diamètre et un énorme bocal de mirabelles au sirop devant peser environ 3 kg ! A peine le temps de dire merci que les deux hommes s’en vont.
Dimanche 19 mai 2019 :
La citadelle paraît fermée et nous mettons en route la Tiny. Mais un homme nous fait signe que nous pouvons avancer pour la visiter. Nous passons la porte et un homme nous accueille et nous fait visiter durant une bonne heure la forteresse de Hulbuk, vieille de 1000 ans, située sur les routes de la Soie. Abdullah est archéologue et fouille le site depuis 41 ans. Autant dire qu’il en connaît les moindres recoins. La visite est passionnante. Victor, notre petit archéologue en herbe, a les yeux qui brillent quand Abdullah lui explique qu’il a trouvé ici une épée, là un squelette… Tous les secteurs nous sont expliqués, la cuisine, le harem, la piscine, la partie réservée aux invités, les systèmes de chauffage ou de poubelle. Nous traversons la rue et visitons le très intéressant musée regroupant les fouilles du site. Notre guide met dans les mains des enfants de superbes pièces vieilles de 5000 ans qui feraient rougir tonton Armel…
Deux heures après l’heure de départ prévu, nous prenons la route. Pas école aujourd’hui, mais nous avons tous eu une bonne leçon d’Histoire. Le temps s’éclaircit par rapport à hier et profitons mieux des paysages qui commencent à prendre des reliefs. Nous observons le travail manuel dans les champs.
Premier check-point militaire. Ils vont être nombreux dans les prochains jours. Les militaires contrôlent nos passeports, visas et certificat d’importation temporaire du véhicule avant de nous laisser repartir non sans avoir oublié de faire des photos.Puis le joli asphalte disparaît laissant place à une piste autant trouée qu’une meule de gruyère. Et quand la piste est détrempée en haut du col, c’est bien plus compliqué de conduire, car on ne se rend pas compte de la profondeur des nids d’autruche remplis d’eau. Par endroit, d’énormes éboulements ont emporté la route.
Puis, à la sortie d’un virage nous apparaît la rivière Piandj marquant la frontière entre le Tadjikistan et l’Afghanistan. Nous allons durant les prochains jours suivre les méandres de cette limite naturelle entre les deux pays.En 1979, l’URSS envahissait l’Afghanistan. Les soviétiques très critiqués pour cette ingérence se sont enlisés dans la guerre avant de quitter le pays en 1989. En 1996, le gouvernement des Talibans islamistes intégristes, soutenu par le Pakistan, occupait petit à petit le pays en imposant la charia avec l’objectif d’instaurer « le plus pur État islamique du monde » : interdiction d’écouter de la musique, interdiction aux femmes de travailler et aux filles d’aller à l’école… Ils massacrèrent tous ceux qui s’élevaient contre eux. Après les attentats de septembre 2001, les forces de l’OTAN intervenaient en Afghanistan. Une importante unité de garde-frontières surveille cette frontière naturelle, pour éviter de voir la violence islamiste s’étendre en Asie centrale. La situation est complexe par la présence des talibans dans la région frontalière afghane.
Quelques miradors et autres militaires marchant sur la route nous rappellent la tension existante et la situation encore tendue de l’autre côté de la frontière. De même, les panneaux nous mettent en garde et ne nous invitent pas à sortir de la route. Des mines anti-personnel, résidus de la guerre civile, parsèment très localement le bord des routes par endroit.
Mais d’aucun des deux côtés, nous ne ressentons une insécurité. Les villages sont paisibles. Les habitants nous saluent tous d’un signe de la main, l’autre main posée sur le cœur. Cela est très particulier de voir les afghans à quelques dizaines de mètres de nous. Seuls 5 ponts (et un 6ème en construction) sur plus de 1300 km de frontière partagée, permettent les échanges entre les deux pays. Chaque samedi, des centaines de personnes sont autorisées à franchir la frontière pour acheter et vendre des produits agricoles, locaux, artisanaux sur les marchés. Certains peuvent aussi bénéficier d’une aide médicale d’urgence au Tadjikistan. Du côté afghan, les habitations sont beaucoup plus modestes. L’électricité ne semble pas arriver dans tous les villages. De notre côté, une belle route asphaltée. Du leur, une piste étroite à flanc de montagne.
Mais rapidement, le bitume disparaît également du côté tadjik laissant place à une mauvaise piste devenant vraiment dégueulasse sur les 30 derniers kilomètres de notre étape. Nouveau check point. Audrey se colle à aller apporter au douanier nos passeports et visas afin qu’il les reporte de manière manuscrite sur un immense cahier.
Sur l’autre rive, nous observons la vie des afghans jouer au foot, travailler dans les champs… Nous prenons doucement de l’altitude en longeant la rivière. Nous sommes déjà à 1300 mètres d’altitude et avons prévu de la suivre sur quelques centaines de kilomètres.
Des panneaux de signalisation nous indiquent des risques de lave torrentielle, nous rappelant que nous sommes dans une région où le relief se soulève régulièrement. Le risque sismique est ici très élevé.Nous croisons quelques poids-lourds venant de Chine. Par moment, les croisements sont un peu périlleux, nous obligeant à nous approcher dangereusement du vide. Évidemment, pas de barrière de sécurité, nous protégeant du précipice.En fin de journée, nous arrivons à Kalaikhum et trouvons un parking pour stationner en plein centre-ville. Le vigile de l’hôtel voisin nous invite à bouger et nous ouvre la barrière de son établissement pour que nous nous garions dans la cour de l’hôtel. Puis, nous avons la visite des Vélo Ketchup, un charmant couple de cyclo-voyageurs suisse, Clémentine et Angélo. Ils font partie des belles rencontres de voyageurs de notre voyage avec qui nous aimerions passer plus de temps mais nos jours sont comptés au Tadjikistan. Et puis nous n’avançons pas au même rythme, quoique sans turbo, je pense qu’on va avoir la même moyenne kilométrique et qu’ils vont peut-être nous doubler dans les prochains jours.
Lundi 20 mai 2019 :
Nous prenons la route après avoir profité de s’être ravitaillé en gasoil, les stations étant rares dans la région. Ou bien alors, celles présentes ne mettent pas en confiance, bien que notre mécanique vieille de 22 ans absorbe un peu de tout en qualité de gasoil. Nous ajoutons de plus systématiquement un additif dans chaque plein (Bardahl Chameau Diesel Plus) sur les bons conseils de nos amis Les Vagueauvent !
Sur la rive afghane, nous voyons les cours d’école avec les petites filles toutes voilées de blanc.Cela fait un drôle d’effet de voir la piste afghane à flanc de colline mais je pense qu’ils ont la même vue sur la nôtre. Par endroit, on s’élève de 50 à 100 mètres au-dessus du lit de la rivière et toujours pas de barrière de sécurité !
Les rares villages traversés paraissent vivre en autarcie, tellement ils sont reculés de toute grande ville. Les habitants cultivent de belles parcelles de terre très bien entretenues. L’ambiance paraît paisible. Nous ne sentons aucune misère. Tous ceux que nous croisons, à d’infimes exceptions près, nous saluent, nous souhaitent la bienvenue.
Aujourd’hui encore, toujours sans turbo, nous avançons très lentement. Nous espérions dans notre calcul d’itinéraire maintenir une vitesse moyenne de 25km/h mais en fait on tient difficilement un 15, voire 14 ou 13 km/h… Cela a au moins l’avantage de pouvoir observer le paysage ! Je regarde dans mon rétro qu’un cycliste ne me double pas. L’étroitesse de la piste nous fait vraiment serrer les fesses lors du croisement de camions. Un petit air de l’émission « les routes de l’impossible ».
Sur la rive gauche de la rivière Piandj, côté afghan, l’unique piste desservant les villages est par endroit coupée par des éboulements isolant encore plus les habitants. Autant de notre côté, nous voyons de nombreux engins de terrassement pour réparer les effondrements, autant de l’autre, nous n’avons vu sur plus de 100 km, qu’une seule pelleteuse, dont le chauffeur dort d’ailleurs sur place, tellement les distances sont importantes.
Nous continuons à observer de l’autre côte de la frontière la vie afghane s’organiser autour des travaux agricoles. Le moindre espace de terre est cultivé, souvent très haut dans la montagne. L’Afghanistan voisin est le premier exportateur au monde de pavot servant à la fabrication de l’opium et de l’héroïne. La drogue est ensuite acheminée vers l’Europe et la Russie via le Tadjikistan et le Kirghizistan en empruntant la M41 surnommée « autoroute de la drogue » qui verrait transiter chaque année une centaine de tonnes de drogue. Par contre, très peu d’espace boisé. On se demande comment font les afghans pour se chauffer car ils n’ont quasiment pas de bois. Un habitant Tadjik nous explique que son pays revend de l’électricité au pays voisin mais nous voyons beaucoup de hameau sans fil électrique et ne voyons pas d’alimentation électrique traverser la rivière.
Nous voyons également les enfants afghans aller à l’école.
Nous croisons de notre côté quelques voyageurs, un cycliste australien et quelques 4×4 européens mais pas de camping-cars. D’ailleurs, je pense qu’on est parmi les premiers à rouler sur cette M41 en camping-car. On ne trouve pas de traces sur internet d’autres voyageurs passés par ici en camping-car, mise à part une famille passée il y a deux semaines la semaine dernière.La Tiny avance, lentement, très lentement. Je roule en première ou en deuxième vitesse. Exceptionnellement en troisième mais cela va trop vite pour appréhender les trous. Le châssis tient le coup, mieux que celui de ce camion. Nous voyons beaucoup de véhicules qui terminent leur vies ici et qui sont reconvertis dans d’autres usages.
Nous espérons juste que la Tiny ne subira pas le même sort, quoiqu’elle s’insérerait bien dans ces magnifiques paysages !
Je suis content d’avoir fait mes réserves de gasoil dans une station officielle et ne pas avoir à faire le plein dans la montagne à l’aide de bidons transvasés achetés au marché noir.
La piste est tellement étroite par endroit qu’on se dit que ce n’est vraiment pas le moment de croiser un camion, quand tout à coup…Des militaires contrôlent régulièrement la frontière. On ne les voit pas forcément mais au moment où je m’arrête au milieu de nulle part, l’un d’eux sort et me rappelle à l’ordre quand je m’éloigne un peu du camion pour prendre une photo.Après 120 km parcourus aujourd’hui, nous bivouaquons dans un petit hameau de 300 âmes. Là encore, nous sommes accueillis avec d’immenses sourires laissant apparaître des dents en or. Nous stationnons en bord de route poussiéreuse mais il n’y a quasiment plus de passage à cette heure-ci. Un homme m’invite à avancer dans son chemin mais je n’ai plus envie de bouger pour aujourd’hui. Je discute un instant avec un jeune parlant anglais.
Mardi 21 mai 2019 :
Dès 8 heures du matin, le moteur de la Tiny préchauffe déjà, après avoir fait les habituels et réguliers niveaux d’huile et d’autres fluides. Pas le temps de passer la matinée à faire l’école comme à notre habitude. Nous aimerions arriver ce soir à Khorog, et nous avons 120 km à parcourir sur cette piste pour rejoindre cette ville.
L’Afghanistan semble si proche, les habitants nous saluent, nous parlent. L’un des habitants tadjiks avec qui nous avons parlé nous a pourtant dit que les deux peuples n’avaient pas le droit de s’interpeller. On apprend que des familles ont été séparées en 1895 quand les frontières ont été dessinées telles qu’elles le sont encore aujourd’hui. Les conditions de vie y semblent bien plus rudes.
Les sommets nous entourant sont de plus en plus hauts et tutoient déjà les 5000 mètres d’altitude.
Petite pause-café pour reprendre des forces mais au lieu de m’allonger un quart d’heure, je dois me lancer dans le démontage d’une roue car je viens de me rendre compte qu’une pierre s’est coincée dans le jumelage de roues arrières. Je risque l’éclatement à tout moment et j’ai d’ailleurs de la chance de ne pas avoir abîmé les deux pneus d’un coup. Les enfants profitent de cette pause pour se divertir.
Difficile de trouver des commentaires et des superlatifs à ces paysages de plus en plus beaux. Ils compensent largement la rudesse de la conduite sur la piste.
Tiens, au fait aujourd’hui le turbo semble fonctionner, pas parfaitement mais ça n’a rien à voir avec hier. Cela n’augmente pas notre moyenne de vitesse pour autant car la piste est défoncée mais c’est plus agréable pour conduire.
Nouvelle petite pause où Anaïs et Victor courent se dégourdir les jambes, entourés d’autres enfants. Un terrain de foot où l’aire de jeu herbeuse est jalonnée de rochers !
Côté afghan, nous observons des sigles de la FSD marquée sur les montagnes. La FSD exécute des opérations de déploiement d’équipes de déminage, d’équipes de neutralisation et d’élimination des explosifs et munitions ou encore d’équipes d’élimination des armes et munitions.Nous arrivons à Khorog, principale ville de la région de quasiment 30 000 habitants, capitale de la région du Haut-Badakhshan et nous nous rendons tout de suite au poste de douane tenter de demander une extension pour l’autorisation temporaire du véhicule. Il ne nous reste que 9 jours et à l’allure où nous allons, sachant que nous ne sommes pas encore arrivés en altitude, on risque fortement de ne pas être dans les temps pour sortir du pays, au risque d’avoir dans ce cas de fortes pénalités pécuniaires. On sait que certains voyageurs se sont fait refoulés à ce poste militaire douanier, mais nous avons des retours comme quoi d’autres sont parvenus à se faire prolonger le visa. Du coup, nous descendons avec les enfants pour faire « bonne figure ». Nous sommes d’une extrême politesse. Je me déchausse avant d’entrer dans le bureau. Nous sourions… Le douanier ne semble pas poser de problèmes et après avoir passé un coup de fil, nous tamponne notre papier pour 10 jours de plus. En l’échange, il nous demande 100 somonis. Audrey comprend 100 dollars et s’offusque auprès du douanier. Moi j’ai bien compris qu’il demandait « que » 10 euros, mais du coup j’en ajoute une couche… Il repasse un coup de fil et nous dit que finalement, c’est gratuit !
Nous bivouaquons à l’entrée de la ville devant le poste de douane. Anaïs jongle dehors, comme à chacun de nos arrêts et se fait appeler par un garde militaire à la porte du poste de douane. Il lui tend par la trappe son lapin en le tenant par les oreilles…Nous regardons l’émission « sur les routes de l’impossible » tournée sur la Pamir Highway. Nous reconnaissons les lieux où nous sommes passés et voyons ce qui nous attend. Comme toujours dans ce genre d’émission, tout est exagéré et amplifié à la catastrophe, mais ça donne un bon aperçu de là où on est passé. Vous pouvez la regarder ici.
On frappe à la porte. C’est un des militaires qui nous tend une assiette de plov, le plat traditionnel d’Asie centrale, à base de riz et de morceaux de viande mélangés à des petits morceaux de légumes. Puis, avant même de pouvoir le remercier, il referme la porte de la Tiny au nez d’Audrey.
Bivouac ce soir à 1900 mètres d’altitude. Nous montons tranquillement.
Mercredi 22 mai 2019 :
Petit plein de quelques courses à la ville à des prix quasi similaires à ce qu’on peut acheter en France, gros plein de gasoil des deux réservoirs en prévision des 700 prochains kilomètres où le gasoil ne se vend qu’en bidon au marché noir sur le bord de la route.
Nous avions envisagé continuer à suivre sur encore plus de 300 km la frontière afghane et la rivière Piandj, que nous longeons déjà depuis 400 km, mais l’état de la piste nous paraît incertain, de même que la montée d’un col à 4300 mètres non asphalté et dans un état à priori pas terrible. De plus la météo est annoncée pluvieuse voire neigeuse dans deux jours et nous ne voulons pas prendre de risque (glissements de terrain, enlisement…).
Cependant, nous tenons (surtout Victor) à nous rendre à des sources chaudes à une quarantaine de km au sud de Khorog. Nous décidons donc de faire un aller-retour vers le sud toujours en longeant la rivière Piandj, mais en quittant la M41 que nous reprendrons demain. La route devait être selon nos sources en état correct mais il nous faut 3 heures pour parcourir cette courte distance. Toujours des sourires tadjiks.
Nous sommes arrêtés à deux check-points militaires où nous devons présenter toujours les mêmes documents et annoncer notre itinéraire prévisionnel. Dès fois, c’est rapide. Dès fois, non. L’un des militaires me fait remarquer que mon pneu avant droit est dégonflé. Il n’a pas tort, il ne reste plus que 2 bars de pression. J’ai la flemme de changer la roue. Je sors mon petit compresseur 12 volts et au bout de 10 minutes de gonflage, la pression est remontée à 4 bars. A surveiller.
Une mauvaise piste de 6 km, nous fait grimper les 300 derniers mètres d’altitude pour arriver à 2600 mètres au-dessus du niveau de la mer dans les montagnes de la chaîne d’Ishkoshim.
En chemin, nous observons des carcasses d’engins de guerre, de véhicules ayant fini leur course au fond de la rivière ou d’engins de terrassement datant de l’ère soviétique.
Nous arrivons aux sources chaudes de Garm Chasma. Les hommes d’un côté. Les femmes d’un autre. Avec mon grand Victor, nous avons accès à un bassin extérieur nous rappelant le site de Pamukkale en Turquie. De l’eau très calcaire, à la forte teneur en soufre jaillit de la montagne par un petit geyser et se déverse dans des vasques d’un blanc pur.
En arrivant près du bassin entouré de bardages métalliques, nous sommes surpris d’y voir tous les hommes du village dénudés. Nous en faisons donc autant et imitons leurs gestes. Au même titre que les habitants d’un village vont au hammam en Turquie ou au Maghreb, les locaux viennent ici pour se laver et se détendre. En guise de savon ou de shampoing, voire de dentifrice pour certains, les hommes prennent une poignée dans le fond du bassin d’une boue blanche de poudre de calcaire et de soufre et s’enduisent avec, avant de se faire sécher au soleil, puis de se rincer ensuite. C’est à priori bon pour la peau. Vient après un moment de repos sur le bord du bassin. C’est super agréable mais il manque une petite bière.
Les filles de leur côté, n’ont droit qu’à une piscine en béton intérieure où la même eau est bien trop chaude pour qu’elles puissent en profiter. De manière alternée, ce sont les hommes ou les femmes qui ont accès soit à l’extérieur, soit à l’intérieur.
Bivouac au pied du site bercé par le bruit de la source jaillissant de la montagne et par l’inquiétude de ma fuite toujours plus importante de mon deuxième réservoir de gasoil. Ce soir, des bassines sont mises pour recueillir le carburant.
Jeudi 23 mai 2019 :
Une bassine s’est remplie dans la nuit. L’autre a été emportée par la pluie. Un gros goutte à goutte fuit et cela m’inquiète. J’estime la fuite à environ 8 litres depuis notre arrêt hier après-midi. Mais je n’ai pas réussi à localiser le problème et je vais devoir faire déposer le réservoir pour le faire ressouder. Mais pas de garage ici. Le pneu a perdu 1 bar de pression. Je regonfle et ça devrait tenir jusqu’à Khorog pour faire réparer la crevaison lente.
De bonne heure, nous prenons la route… enfin, la piste… en longeant le cours de la rivière.
Nous repassons aux deux check-points où nous sommes passés hier. Le premier nous laisse passer sans contrôler de nouveau nos papiers. Le deuxième, quant à lui, recopie de nouveau toutes les données de nos passeports et de nos visas. L’un d’eux me surprend en train de le photographier discrètement dans mon rétroviseur. Il est interdit de prendre en photo des militaires. Le voyant s’approcher de moi, j’ai juste le temps de changer de carte mémoire, de prendre quelques photos de ce qui m’entoure avant qu’il me demande de lui montrer les photos de mon appareil photo. Ouf…Nous arrivons en ville. Un réparateur de pneu démonte la roue, la fait tremper dans une baignoire. Aucune bulle d’air… à rien n’y comprendre…
Nous retrouvons l’axe de la Pamir Highway, la M41 et quittons définitivement la zone frontalière de l’Afghanistan pour le plus grand bonheur de nos parents scrutant depuis plusieurs jours notre position GPS via notre balise et notre lente progression à chaque instant. Nous comprenons leur inquiétude compte tenu que la piste longeant la rivière Piandj sur plus de 400 km est classée par notre Ministère des Affaires étrangères « zone rouge formellement déconseillée en raison des nombreux trafics (hommes, drogues), incursion d’hommes armés…) ». Mais nos autorités françaises sont souvent alarmistes. En consultant le site canadien du même ministère, le risque terroriste n’est pas plus important en France qu’au Tadjikistan. Selon ce même site, le risque criminel se limite à des crimes mineurs comme des vols à la tire. Il précise juste que « les conditions de sécurité le long de la frontière avec l’Afghanistan demeurent instables, car il s’agit d’un point de passage pour les narcotrafiquants et autres contrebandiers ». Pas certain qu’ils ne s’attaquent à une famille de voyageurs en Tiny house.
Bien entendu, la menace existe mais nous n’avons pas l’impression de prendre un plus grand risque que d’aller prendre le train dans une gare ou sur un marché de Noël en France. Mais il faut être sur place pour se rendre compte du contraire. Nous n’avons reçu que des sourires, des pouces levés, des mains posées sur le cœur, des cris de joie d’enfant. On nous a offert à manger. On nous a proposé de nous garer dans les cours privées des habitations. Nous n’avons traversé que des villages paisibles et jamais n’avons ressenti l’insécurité et le fait de nous mettre en danger. Nous prenons néanmoins la précaution de bivouaquer près de maisons et non pas dans des endroits isolés.
Aujourd’hui encore, pas de turbo. La Tiny peine dans les côtes. Ça se termine souvent en deuxième vitesse à 20 km/h ou moins. Je ne suis pas certain qu’elle pourra franchir les prochains cols à 4300 et 4650 mètres prévus dans les prochains jours. D’autant plus qu’en altitude, le moteur va manquer d’oxygène et perdre de la puissance. Inch’Allah. La prochaine ville de taille moyenne est Osh, au Kirghizistan dans 700 km ! Pas le droit de tomber en panne avant.
J’utilise ma dernière cartouche en remplaçant le dernier des 5 composants mécanique de rechange que je me suis fait ramener de France. Il s’agit d’une valve de commande par dépression d’air. Essai sur route. Rien ne change. Toujours pas de puissance. Avec un peu d’insouciance et d’inconscience, nous continuons déterminés à découvrir le Pamir.
Le fait d’avoir longé la rivière Piandj pendant 400 km nous a fait passer très progressivement de moins de 1000 mètres à environ 2300 mètres d’altitude. Mais maintenant, la route va vite grimper sur les hauts plateaux du Pamir à plus de 4000 mètres. Notre vigilance et notre expérience des hautes altitudes flirtant avec les 5000 mètres en Bolivie et au Pérou nous ont appris qu’il est préférable de monter par palier et de marquer une nuit d’arrêt tous les 500 mètres de dénivelé au-delà 2500 mètres, afin que notre organisme s’habitue. Le mal d’altitude provoque facilement un essoufflement, des migraines, des nausées, de la fatigue au-delà 3500 mètres.
Le bitume est relativement en bon état et serpente entre les hautes montagnes de Rushan et de Shugnan. Nous posons donc notre bivouac ce soir dans un petit hameau à 2900 mètres le long de la rivière Ghunt. Les températures sont plus froides et la pluie arrive.Le plus facile de la Pamir Highway est fait, le plus dur est devant nous.
@ très vite pour la deuxième partie, encore plus belle, de la M41 !