689 km parcourus du 15 au 20 juillet 2019

31 220 km parcourus depuis le départ

Lundi 15 juillet 2019 :

Seulement 10 jours que nous sommes arrivés en Mongolie mais le dépaysement est tellement intense que nous avons l’impression d’y être depuis bien plus longtemps. Et puis, quand on arrive dans un nouveau pays, il nous faut toujours un peu de temps pour nous habituer à la circulation, aux magasins… Ici rien de tout ça dans la steppe du nord-ouest de cet immense pays. La densité est de moins d’un habitant au km² une fois sortis de la capitale Oulan Bator que nous rejoindrons dans 15 jours si la Tiny nous le permet. Je veux dire par là, si elle ne nous laisse pas en rade au milieu de nulle part. On ne sait pas combien de temps nous allons pouvoir rouler ainsi en mode dégradé avec ce voyant EDC allumé en rouge en permanence au tableau de bord. L’autre voyant de défaut de freins continue à clignoter, en rouge également… Car pour ceux qui ont besoin d’isolement et de calme, s’il y a un bien un endroit au monde pour ça, c’est bien la Mongolie ! Même sur un des axes principaux que nous avons rejoint aujourd’hui, il n’y a que très peu de circulation. Et puis, ce ne sont pas dans les rares petits villages que nous traversons que nous trouverons une aide mécanique. On a bien compris que nous devons à tout prix arriver à Oulan Bator mais il y a encore plus de 1300 km à parcourir ! Si on tombe en panne d’ici là, il nous faudra donc nous faire remorquer sur cette distance… Mieux vaut ne pas y penser ! et rester optimiste… Mais ça, on sait faire.

Avant de quitter notre bivouac, nous faisons un tour du village de Naranbulag. Que cette petite ville est triste. Qu’il est étonnant pour un pays aussi vaste que la Mongolie, où la notion de propriété n’existait pas, où le nomadisme est une des plus anciennes traditions, de voir ces parcelles clôturées de palissades en bois. Les habitants habitent pour certains des yourtes, pour d’autres des habitats en dur. Les rues sont en terre.

Pas d’eau courante dans les maisons. Les habitants viennent à la maison de l’eau avec leurs bidons de 20 litres. Nous en faisons autant et pour 0,30€, je remplis mes réserves d’eau de 150 litres.

Les deux ou trois épiceries ne vendent pas grand-chose et très cher. Nous vidons les rayons des deux derniers litres de lait, 4 rouleaux de PQ, 12 œufs et de 8 pommes pour le prix de 9€. Heureusement, nous avions fait des réserves alimentaires en produits secs. Ici, pas d’aliments frais, ni fruits, ni légumes, ni viandes, ni fromages. Il nous faudra sans doute attendre la capitale. On se demande comment s’approvisionnent les locaux. Audrey cuisine régulièrement différentes sortes de pains et même maintenant de délicieuses brioches pour le petit déjeuner.

Par contre les rayonnages sont bien achalandés en vodka. La consommation d’alcool est un véritable fléau en Mongolie et nous croisons régulièrement des ivrognes. Hier encore, j’ai dû en virer un de la Tiny qui était entré sans rien demander. Des études réalisées par des organisations internationales évaluent à plus de 50% la proportion de la population adulte mongole abusant quotidiennement  d’alcool. 25% des mongols seraient en état de dépendance. Nous suivons trop souvent à notre goût des voitures qui tanguent. Il est d’ailleurs impressionnant de voir sur les bas-côtés des routes le nombre de bouteilles vides de vodka jetées par les conducteurs, bien que le taux d’alcool autorisé soit de 0 g/l.  Encore faudrait-il qu’il y ait des contrôles !Nous avons bien fait de ne pas prendre la route hier après-midi pendant les très violents orages. Les rues du village se sont alors transformées en torrents boueux charriant même des troncs d’arbres. La route principale que nous empruntons a été coupée par les inondations à plusieurs endroits.En chemin, nous croisons des nomades mongols ayant réunis tout ce qu’ils possèdent, à part leur bétail, sur des camions. Familles et yourtes sont en route vers de nouveaux pâturages.

Une fois arrivés sur leur nouvel emplacement, ils commencent par installer les meubles et ensuite ils montent la yourte autour.

La Tiny se comporte bien et est satisfaite de retrouver l’asphalte que nous n’avions pas revu depuis quelques jours. La Mongolie connaît une nette amélioration de son réseau routier depuis quelques années et le bitume gagne du terrain chaque année. Nous arrivons, à cause de notre problème de mode dégradé depuis la Russie, au mieux à rouler à 70-80 km/h, une fois bien lancés. Mais la moindre petite montée fait sérieusement baisser notre vitesse. Heureusement, on s’approche d’Oulan Bator. Plus que 1250 km ! Nous traversons de grandes plaines où rien ne se passe. 

Nous roulons dans la vaste dépression des grands lacs. Il y a quelques centaines de millénaires, la région était recouverte d’eau. Puis nous apercevons le lac Khyargas que nous longeons sur quelques dizaines de kilomètres. Le site est réputé pour être une station balnéaire mais cela se limite à quelques bungalows et yourtes pour touristes installés sur les plages de graviers et de sédiments charriés par les rivières arrivant du massif montagneux de Khan Khokhiin Nuruu.

Certains mongols installent leur yourte sur la plage près de l’accès à l’eau, légèrement salée. Comme toujours sur le campement, une voiture ou une camionnette russe, un cheval et une petite moto. Un tuyau de poêle sortant, un panneau solaire et une parabole donnent un peu de confort à leurs habitants.La gestion des déchets est compliquée en Mongolie. Évidemment, compte tenu de la si faible densité de population sur ce si vaste territoire, aucun service de ramassage n’est organisé. Toutes les ordures ménagères sont brûlées par les habitants. Par endroit, des containers sont posés et le feu y est allumé de temps en temps. Parfois, ils sont en hauteur pour éviter que les animaux viennent fouiller dedans.

Nous quittons le joli asphalte pour une piste de graviers de 4 kilomètres nous emmenant sur une des flèches avançant sur le lac.  Nous nous installons encore une fois sur un joli bivouac avec une chouette vue sur le lac. Après-midi détente, jeux de plage, baignade, lessive, bricolage sur le camion, préparation de l’itinéraire en Asie du sud-est.

Puis nous terminons notre journée en regardant l’émission « Rendez-vous en terre inconnue » avec Mélanie Doutey chez les éleveurs de chameaux en Mongolie dans la région que nous venons de traverser. Nous aimions déjà cette passionnante émission mais quelle émotion de la regarder alors que nous sommes à quelques kilomètres d’où elle a été tournée. Nous en apprenons plus sur le mode de vie nomade ancestrale et les éleveurs de chameaux.

Merveilleux coucher de soleil depuis notre lit. Nous vivons d’incroyables moments, si isolés du monde.

Mardi 16 juillet 2019 :

La route d’aujourd’hui est plus monotone mais évidemment, les paysages sont très jolis. Nous longeons des chaînes de montagnes. L’asphalte est tout neuf mais nous devons laisser traverser de temps en temps des troupeaux sauvages de chameaux ou de chevaux.

Petite pause pour déjeuner au milieu de rochers rouges aux formes surprenantes.

Nous savourons la douceur de ce ruban de velours sur lequel nous roulons d’autant plus qu’on sait qu’on en arrive bientôt au bout !

Nous nous approchons de Songino, petite ville perdue sur cet axe principal traversant la Mongolie d’est en ouest. C’est le premier village que nous trouvons depuis plus de 250 km ! Nous y trouvons un peu d’activité. Quelques magasins et restaurants bordent la rue. Audrey descend acheter un peu de fruits et légumes. Je la vois passer de boutique en boutique et revenir après en avoir fait 4 différentes avec deux oignons et un pain. C’est tout…

La piste est revenue mais les travaux vont bon train et bientôt, on pourra traverser la Mongolie en ne restant que sur du bitume. Tant mieux pour les habitants. Pour nous, voyageurs c’est certes plus confortable mais franchement, c’est tellement plus joli sur une piste sablonneuse traversant ces vertes prairies dans lesquelles paissent des animaux en liberté. Mais que c’est beau. Un mongol nous fait signe de nous arrêter. Il a juste besoin de feu pour allumer sa cigarette.

Nous avons déjà eu la chance de séjourner il y a quelques nuits près d’une yourte servant de lieu d’élevage à des chevaux. Mais aujourd’hui, nous avons envie de rencontrer une famille. Nous scrutons le large horizon à la recherche d’une yourte. Soudain, près d’un lac en surgissent deux. Elles sont à quelques centaines de mètres de la piste nous obligeant à la quitter mais nous craignons l’embourbement suite aux très violents orages.Nous nous garons et descendons tous les 4 à pieds à la rencontre des habitants. Leurs deux chiens les ont alertés de notre présence. Quatre personnes se dirigent vers nous. Premiers échanges. Premiers sourires. Un peu gênés mais ayant tellement envie les uns et les autres d’en savoir plus sur qui nous sommes et comment nous vivons. Ils ne parlent pas anglais. Nous ne parlons pas mongol. Google Translate traduit le russe hors connexion mais ils ne le comprennent pas non plus. Par contre, l’application ne traduit pas le mongol sans connexion internet. Les échanges sont vite limités. Mais cela ne nous empêche pas de les inviter à boire le thé dans la Tiny. Ils acceptent aussitôt. Munguntsetseg, son petit ami Lhagvadorj, Temuujin son petit frère et Dolgormaa sa maman arrivent avec un gros pot de yaourt ainsi que des fromages au lait de vache. Bien évidemment, ce sont des produits fabriqués par eux-mêmes.

Les échanges bien que limités sont agréables. Nous leur montrons des photos, notre itinéraire parcouru, des guides touristiques sur la Mongolie, des livres d’école des enfants. La confiance vient en même temps que les sourires et les premiers selfies et partage de numéros WhatsApp et autres contact Facebook ou Instagram.

Les enfants entament quelques parties de raquettes. Je chevauche en passager la moto de Temuujin et partons rassembler quelques moutons.

Puis je leur demande si nous pouvons rester bivouaquer ce soir près de leur yourte. Ils acceptent. Nous posons notre habitat nomade près de ces deux si belles yourtes. La Tiny s’intègre si bien dans ce paysage. Nous avons l’impression de rêver. Le cadre est exceptionnel. La vue à 360° est époustouflante. Un lac, des montagnes, des chevaux en liberté, des centaines de moutons et de chèvres, d’autres camps de yourtes à plusieurs kilomètres… et puis rien d’autre.

Rapidement, nous sortons notre grosse crêpière et faisons une tournée de douceurs sucrées bien appréciées de la famille. En échange, ils nous amènent des beignets frits et du fromage sec au goût bien prononcé. D’autres morceaux de fromage sèchent sur le toit de la yourte.

La journée de nos hôtes est rythmée par le travail que leur demandent leurs 500 chèvres et moutons, leurs quelques vaches et chevaux, la cuisine et la confection des fromages et yaourts, la lessive, la coupe du bois (on ne sait pas d’où il vient car il n’y a pas d’arbre), le ménage de la yourte… Ils nous observent avec tout le confort que nous avons à bord. Nous les observons. Un petit panneau solaire recharge quotidiennement juste de quoi allumer quelques ampoules électriques et faire fonctionner la télé. Sinon, pas d’eau courante, pas de sanitaires, pas de réfrigérateur. Un poêle à bois fonctionne jour et nuit même en ce moment en plein été. Il fait pourtant 25° et les nuits ne sont pas fraîches mais il permet de cuisinier et de faire chauffer de l’eau. L’une des yourtes est réservée pour le couchage des enfants. Il n’y a que très peu de mobilier. Juste deux lits au sommier en ressorts métalliques bien fatigués. Au sol, pas de plancher pour faire l’isolation mais quelques tapis et des morceaux de revêtements de sol en pvc eux aussi bien fatigués. La deuxième yourte sert de cuisine, d’espace de vie et de chambre pour les parents. Au centre des deux yourtes, un poêle à bois.

Un thé au lait nous est offert. Nous observons Munguntsetseg préparer des pâtes fraîches.

Temuujin, du même âge que Victor, lui propose justement de l’accompagner pour aller chercher l’immense troupeau qu’on ne distingue même plus. Au bout d’une heure, les deux garçons reviennent avec 500 bêtes ! Victor est tellement heureux !

Nous sommes de nouveau invités le soir à partager le repas de la famille. Audrey avait déjà commencé à cuisiner de son côté et nous amenons sous la yourte notre repas afin de tout mettre en commun. Échange enthousiaste de plat mongole et de tambouille française. Ils nous ont cuisiné les pâtes cuites dans un bouillon bien gras de viande de bœuf. Les morceaux de viande (et de gras) sont parsemés dans cette bonne préparation.

En amoureux, nous partons nous promener au bord du lac, profiter de cet incroyable panorama.

Il est l’heure pour Lhagvadorj, le petit ami de Munguntsetseg, de préparer son cheval pour rentrer chez lui, dans un autre campement de yourtes de l’autre côté du lac. Anaïs trouve cela très romantique…Puis au moment d’aller nous coucher, nous comprenons que c’est l’heure de la traite des vaches. Nous suivons la maman et sa fille alors qu’elles s’occupent d’une petite dizaine de vaches.

Nuit bercée par un troupeau de 500 moutons et chèvres ayant bien envie de passer la nuit autour de notre cabane. Quelques chèvres trouvent même refuge sous le châssis, donnant des coups de cornes et faisant bouger la Tiny.

Mercredi 17 juillet 2019 :

Quelle vue ! Quel incroyable endroit ! Ce moment dont nous rêvions depuis tant d’années est là. Nous sommes en extase devant une si belle nature et avons tellement de chance d’être accueillis dans cette famille nomade.

C’est de nouveau l’heure de la traite. Même rituel qu’hier soir.

Ce matin, le papa Dabaaroudo ainsi que leur fils aîné, Lhagragagtsaa, sont revenus dans la nuit en camion. Nous faisons connaissance. Je les aide à charger 7 gros sacs de 100 litres de laine de moutons que le plus grand des enfants part aujourd’hui amener à la capitale Oulan Bator, à plus de 1000 km de distance.Les enfants profitent des derniers moments ensemble. Toute la famille participe au rassemblement des troupeaux et tente d’attraper au lasso un mouton.

Mais vient le moment de partir vers de nouvelles aventures et de nouvelles rencontres. Nous avons certes deux mois à passer dans cet immense pays mais il nous faut avancer dans notre parcours. Le cœur un peu serré, nous reprenons notre cavale sur une piste d’une quarantaine de kilomètres. C’est le bonheur à l’état pur. Nous roulons en pleine Mongolie, sur une belle piste pas trop cassante mais avec tout de même des passages rendus un peu techniques à cause des récents orages. Des passages sur des petits ponts nous paraissent un peu périlleux mais nous osons les emprunter. De toute façon, on n’a pas le choix.

Nous montons à presque 2000 mètres d’altitude et voyons de nouveau des yacks. Ces animaux sont impressionnants. Nous voyons également de jolis rapaces, des petits rongeurs…

Des yourtes parsèment la steppe entourée de montagnes. Nous voyons également nos premiers arbres de Mongolie. Des mélèzes poussent en haut des cimes.

Jolie piste très agréable et assez roulante avec quelques passages un peu boueux.

Puis c’est la pause de midi à l’entrée du village de Songino, près d’un monastère bouddhiste. C’est l’occasion grâce au réseau GSM retrouvé quelques instants, de récupérer nos différents messages, de parler à mon papa en vadrouille en camping-car en Normandie et d’apprendre que nous avons un nouveau Ministre de la Transition Écologique. Nous passons le cap symbolique des 1000 km nous séparant du prochain garage Mercedes qui nous attend le lundi 29 juillet pour réviser notre vaillante Tiny.

La cavale reprend sur une piste pas des plus agréables. Les entreprises chinoises sont très actives pour goudronner cet axe Ouest-Est et nous devons emprunter sur quelques dizaines de kilomètres une piste parallèle aux travaux, défoncée. Nous roulons à une moyenne de 15 à 20 km/h. C’est usant. Peu de tôle ondulée mais de gros trous à éviter. Ça secoue dans tous les sens. La poussière entre dans la Tiny.

Nous approchons du lac Telmen et apercevons le camping-car de nos amis les Plem. Demi-tour et nous nous installons avec eux pour cette fin d’après-midi dans ce chouette bivouac sur la plage. L’endroit est paradisiaque. Mais qu’elle est surprenante cette Mongolie et tellement variée en terme de paysages.

L’endroit est désert, la plage est immense mais cela n’empêche pas deux familles de Mongols de venir bivouaquer et planter leurs tentes à 15 mètres de nous ! Nous approchons pour les saluer. Ils s’occupent de leur repas en préparant de la viande de mouton suspendue à un fil à linge qu’ils font fumer avec une bouse de vache !

C’est le moment pour nous également de réaliser notre défi du mois qui consiste à « s’éclairer ou se chauffer avec une bouse de vache ». Encore un défi très intelligent ! Nous avions acheté il y a quelques jours chez un vendeur de merdes à Khovd la matière première. Il n’y a plus qu’à y mettre le feu sur cette belle plage avec en plus un sympathique coucher de soleil. Voici encore un défi de réalisé et de gagné. Pour l’instant, 90% de réussite ! Quel talent…

Sympathique soirée, joli coucher de soleil et encore une belle vue pour s’endormir.

Jeudi 18 juillet 2019 :

Matinée école dans un cadre plus qu’agréable. Sympathique promenade sur la plage entre adultes. Les 4 enfants restent aux camions pour jouer ensemble. Quel bonheur d’observer tous ces chevaux en liberté galoper dans l’eau.

Après déjeuner, nous prenons la route toujours sur cette piste défoncée. Cela va durer encore 40 km qu’il nous faut plus de deux heures à parcourir.

Enfin, l’asphalte arrive pour notre plus grand confort. Mais par contre, que c’est moins joli à traverser la Mongolie ainsi. Cela perd de son charme encore une fois. Nous roulons trop vite pour profiter des bruits de la nature. Les animaux fuient les bords de route devenus trop bruyants et trop dangereux. Les nomades également fuient et nous ne voyons que très peu de yourtes maintenant que le goudron est revenu.

En chemin, toujours en haut de chaque col, nous voyons les Ovoo, signe de pratiques spirituelles et religieuses bouddhistes. Ce sont des tas de pierres amassées par les conducteurs qui en déposent une nouvelle après avoir effectué trois tours de ce lieu sacré. Ils y accrochent des écharpes bleues et y déposent différentes offrandes. On y voit des béquilles laissées par un malade guéri et différents autres objets. Puis nous arrivons dans la ville de Tosontsengel, ce qui nous permet de nous approvisionner en eau, toujours à la maison de l’eau où les habitants qui n’ont pas l’eau courante (même en ville) viennent avec leur chariot remplir leurs bidons. Nous remplissons 150 litres pour 0,15€. En ville, nous voyons des livreurs d’eau.

Nous profitons également d’un petit supermarché, enfin de plusieurs petits supermarchés. Audrey dévalise les 4 litres de lait restant dans les rayons et achète quelques carottes, patates et oignons. Les prix dans cette ville sont plus raisonnables que dans les petits villages traversés dernièrement. Elle remet tout de même en rayon les 4 tomates facturées à la caisse presque 3€ ! Tous ces produits sont importés et coûtent un prix fou. Effectivement, dans les champs, on ne trouve aucune trace de culture agricole et maraîchère. La saison est vraiment trop courte pour faire pousser quoique ce soit. Pas de fromages, yaourts, viande, poisson…

Plein de gasoil à environ 0,80€ le litre. En plus d’être cher par rapport aux derniers pays traversés, il est toujours de mauvaise qualité et très chargé en soufre. Aussi, j’ajoute toujours à chaque plein une petite dose d’additif.

Les Mongols roulent essentiellement en voitures de marque Toyota, et quasiment tous en voitures hybrides, qu’elles soient routières, familiales, van ou 4×4. Même la police roule en Prius.

Ah oui, au fait, j’ai toujours une fuite à l’un de mes deux réservoirs, mon panneau solaire sur la cabine tient de moins en moins avec les secousses des pistes, j’ai une nouvelle crevaison lente à l’avant gauche, le pneu arrière gauche se dégonfle également lentement mais ça doit venir de la rallonge de valve, la caméra de recul ne fonctionne plus et le gros impact sur mon pare-brise reçu en Russie est en train de fissurer entièrement le vitrage dans sa largeur juste entre mes deux yeux… Sinon, tout le reste va bien. A part le voyant rouge EDC et le mode dégradé.

Nous quittons rapidement cette petite ville sans charme pour retrouver une route longeant à présent la rivière Ideriin. Du coup, la présence d’eau, l’ombrage créé par les mélèzes et la proximité de la ville, incitent beaucoup de yourtes à s’installer dans cette superbe vallée.

Nous trouvons un bivouac de rêve au bord de cette petite rivière. L’endroit est exceptionnel. La Tiny est entourée de yacks. Du bois à disposition permet à Victor, avec fierté, de nous préparer un feu de camp.

Début de nuit bercé par un très violent coup de vent arrivé aussi vite qu’il est reparti. Durant une bonne heure, la Tiny est bousculée dans tous les sens, nous obligeant même à sortir en pleine tempête avec Audrey pour sangler nos débords de toits de peur qu’ils s’envolent !

Vendredi 19 juillet 2019 :

Nous décidons de ne pas rouler aujourd’hui et de profiter de cet endroit paradisiaque. Nous profitons de l’eau à disposition dans la rivière et du soleil pour se lancer dans plusieurs tournées de machine à laver (toujours avec de la lessive bio, sans détergent !). L’école se passe aujourd’hui entourée de yacks. Je me mets également, pendant qu’Audrey nous prépare toujours d’excellents petits plats, à bricoler sur le support de mon panneau solaire. J’avais acheté à Leroy Merlin en Russie quelques articles de quincaillerie mais je n’avais pas eu le temps ainsi qu’un peu de flemme jusqu’à présent pour m’y mettre. C’est bon, cette fois, ça devrait tenir d’autant plus que nous avons à présent fait le plus gros des pistes. Le reste de la Mongolie va se faire surtout sur du goudron.

Nos amis les Plem nous rejoignent sur le bivouac. Les enfants passent l’après-midi à jouer au bord de l’eau et dans le petit bois au milieu des yacks.

Un groupe de 3 hommes s’approchent et s’assoient à quelques mètres de nous de l’autre côté du petit ruisseau. Ils nous invitent à les rejoindre et à « déguster » des morceaux de gras de marmotte, accompagnés de quelques doses de vodka. Il est 16 heures. C’est le goûter.

Puis, Solongo, Amgalanbaatar, Batbold et Monkhzaya nous invitent à les rejoindre un peu plus loin dans le bois où ils sont venus passer la journée. Ils sont fiers de nous expliquer qu’ils sont policiers. L’un d’eux a visiblement un grade important. La communication reste compliquée mais heureusement Miguel se débrouille très bien en mimes et en dessins ! De nouveau, l’hospitalité mongole est là et nous partageons avec eux l’un des plats le plus typique de la cuisine mongole, le barbecue traditionnel mongol, appelé Khorkgog. La technique de base consiste à cuire la viande, principalement de la chèvre, du mouton ou encore de la marmotte, sur des pierres qui ont préalablement été chauffées à même le feu. Les pierres chaudes sont placées aujourd’hui avec la viande de mouton (et beaucoup de gras) et des légumes (pommes de terre, oignons) dans une marmite fermée hermétiquement avant de laisser cuire sur le feu pendant 30 minutes environ. 

De mon côté, j’arrive un peu après, juste après avoir terminé de laver la Tiny grâce à l’eau de la rivière. Du coup, il n’y a plus de morceaux de viande. Il ne reste que du gras… et de la vodka, toujours et encore…

Un policier, ami de ces deux familles mongoles se joint à nous. Il est en service mais cela ne l’empêche pas de passer un long moment avec nous et de boire également un peu de vodka ! Heureusement, Miguel reste un as du mime et à coup de dessins et de grands gestes parvient à se faire comprendre…

Tous nous rejoignent ensuite à notre bivouac et la soirée se poursuit autour d’un feu et d’une partie de pétanque.

Les enfants jouent de leur côté avec les petits mongols.

Voici le récit de mon grand Victor qu’il écrit dans son cahier de voyage tous les jours : « Ce matin, on a fait l’école. Vers midi les Plem sont arrivés. Avec Pablo, on a fait un barrage et on a construit des boulettes de terre. On a aussi taillé des bouts de bois. Le soir, on a fait un feu. Et on a joué avec des enfants mongols. On a joué aux 4 coins ». Et à présent celui de ma très grande Anaïs : « Nous sommes restés toute la journée sur le bivouac. L’après-midi, j’ai fabriqué un bracelet en laine de yack, je me suis entraînée à tirer à l’arc avec celui de Pablo, j’ai inventé des animaux fantastiques pour Lola, joué aux 4 coins et au Memory avec des enfants mongols. ».

Samedi 20 juillet 2019 :

Nous profitons un dernier instant de ce superbe bivouac. Les enfants se maquillent avec des morceaux de charbon et taillent des morceaux de bois.

Nous prenons la route, quittons la vallée de l’Ideriin pour prendre de l’altitude. Les montagnes sont plantées d’arbres mais la majorité sont malades. Depuis une vingtaine d’années, les forêts sont ravagées par des attaques d’insectes (papillons de nuit, chenilles). Un tiers de la surface boisée serait infesté, alors que le pays manque déjà de bois.

En chemin, nous voyons des enclos de pierres formant des carrés dont les coins sont marqués par des pierres verticales. Ce sont de vieilles sépultures avec des tumulus au centre de ces carrés. Puis 4 kilomètres avant le col de Solongotin Davaa à 2560 mètres d’altitude, la route redevient piste rendant encore plus difficile l’ascension pour la Tiny sur des pentes de 10%. Nous montons en première, tout doucement. Nous sommes alors doublés par nos amis, pourtant partis plus d’une demi-heure après nous !Pause au col devant un énorme Ovoo. Beaucoup de conducteurs s’arrêtent sur ce site sacré. C’est la première fois que nous voyons tous ces rituels d’offrandes de nourriture, de boissons (lait, vodka) et de prières. Nous aussi, apportons notre pierre à l’édifice, en faisant un vœu.

Il fait froid. Nous reprenons vite la piste trouée mais retrouvons le goudron 7 kilomètres après.

Nous redescendons dans la vallée de la rivière Terkhiin Gol qui alimente le lac Terkhiin Tsagaan près duquel nous nous posons dans une prairie pour notre bivouac du soir en compagnie de nos amis. Le nom du lac signifie « lac blanc » mais ses eaux sont plutôt sombres… L’endroit est très touristique d’autant plus que nous approchons de la capitale depuis laquelle sont organisées des excursions. Ce lac a été formé par une coulée de lave du volcan Khorgo il y a seulement 8000 ans.

Les enfants se font une soirée ciné.

Dimanche 21 juillet 2019 :

Nous nous arrêtons au village de Tariat et nous y restaurons dans un Guanz, petit resto typique où nous mangeons des beignets fourrés à la viande de mouton.Nous nous garons au départ de la piste juste à la sortie de Tariat et entrons dans le parc national gérant le volcan Khorgo. C’est parti pour une randonnée d’une dizaine de kilomètres. Le temps est menaçant mais prenons le risque quand même de partir. Nous longeons l’énorme coulée de lave. C’est impressionnant. On y trouve des squelettes d’animaux.

Le volcan est en vue.Mais les gros nuages noirs arrivent et rapidement nous nous retrouvons sous une averse de grêle. De gros glaçons de 8 mm nous frappent et nous font tellement mal que nous devons protéger nos enfants.

Après une courte et facile ascension, nous arrivons en surplomb du cratère d’environ 200 mètres de largeur et 80 mètres de profondeur. Les couleurs sont superbes d’autant plus que le ciel bleu est revenu. Joli panorama sur l’immense champ de lave et le lac près duquel nous avons bivouaqué hier soir. 8000 ans après l’éruption, la végétation reprend doucement ses droits et les arbres poussent sur ce sol fertile.

L’endroit est sacré pour les mongols et nous trouvons de nouveau un Ovoo près du cratère et également de nombreux cairns sur la montée.

Bivouac dans le parc national près du cours d’eau.

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