Jeudi 8 août 2019 :
C’est aujourd’hui le jour de notre départ en vacances. Les voyageurs qui me liront comprendront mais prendre des vacances durant un voyage, c’est important ! Nous allons profiter durant les 9 prochains jours de nous laisser porter, de ne pas gérer l’itinéraire, la mécanique, les remplissages d’eau, la conduite… Nous sommes toujours en Mongolie, à Oulan Bator, et partons donc en excursion avec une agence de tourisme dans le sud du pays dans le désert de Gobi, cette immensité de plaines, montagnes et dunes de sable dans le sud du pays. Cette destination, est difficilement faisable (mais reste réalisable) en véhicule non 4×4 et nous préférons ne pas prendre de risques et casser nos véhicules.
Et puis, après la folle semaine que nous venons de vivre tant au niveau mécanique qu’au niveau administratif, cela va nous faire du bien de prendre un peu de recul. Nous rêvons surtout de prendre de la distance par rapport à la ville et sa circulation infernale. Notre premier mois en Mongolie avait été tellement proche de la nature dans des endroits si vierges et si immenses, que nous suffoquons un peu à Oulan Bator, bien que la ville ne soit pas désagréable.
C’est en compagnie de nos amis les PLEM que nous partageons cette aventure en terre inconnue. Nous garons nos véhicules en sécurité sur le parking d’un temple.
Soyoloo (prononcé Soydo) est notre chauffeur pour cette excursion. Nous montons tous les 8 dans un véhicule qui nous fait tant rêver depuis que nous le voyons. Une camionnette UAZ russe d’une quinzaine d’années.
Étonnamment, le confort à bord est agréable et elle est assez logeable malgré tout notre chargement. Enfin, pour l’instant sur l’asphalte, ça va. Nous verrons bien sur les pistes.
Après quelques courses et un plein d’essence (la bête consomme quand même 20 litres au 100), nous quittons les bouchons d’Oulan Bator. Rapidement, nous retrouvons les grands espaces, les yourtes parsemant la steppe et les troupeaux de chèvres, de moutons, de vaches et tous ces chevaux errants.
Mais le temps est aujourd’hui très pluvieux. Il l’est d’ailleurs beaucoup depuis que nous sommes arrivés en Mongolie. Mais jusqu’à présent, cela se limitait à un gros orage quotidien d’une heure ou deux. Là, le mauvais temps ne devrait pas nous lâcher de l’après-midi. Qu’importe, c’est aujourd’hui une journée de liaison de 260 km direction plein sud. Petit arrêt le midi dans une guanz, une sorte de petit resto populaire de bord de route. Pour 2,50€ par personne, nous avons le choix entre plusieurs plats, la plupart du temps à base de viande de mouton cuisinée en soupe, en chausson, avec des nouilles…
Soyoloo a l’air bien sympathique. Il parle assez bien anglais, en tout cas pas plus mal que nous. Il respire la joie de vivre en souriant, chantonnant ou ondulant au son de la musique.
Puis, d’un coup, il quitte la route principale prenant une piste sur sa droite qui n’est même pas dessinée sur le GPS. Elle est en bon état mais c’est une tôle ondulée. Une tôle ondulée comme nous en avons déjà beaucoup prise depuis notre arrivée en Mongolie mais sur laquelle nous roulerions avec notre Tiny à 20km/h. Soyoloo, garde quasiment la même vitesse que sur l’asphalte. Il roule à un bon 60 km/h et cela dans un remarquable confort. Nous sentons à peine les secousses. Bon, un peu quand même mais c’est surprenant. On se dit déjà que c’est bien agréable de se laisser conduire.
Puis il ralentit, s’arrête et enclenche le 4×4 ainsi que les vitesses courtes. Nous comprenons qu’une difficulté approche. La piste se resserre. Le relief s’accentue. De grosses pierres parsèment la piste. Évidemment que sans 4×4, nous ne pourrions jamais passer dans ce si étroit et accidenté passage. Nous nous régalons de cette difficulté technique. On se croirait dans un manège.
Nous entrons dans le parc national de Baga Gazriin Chuluu. On l’appelle aussi le Parc des trois beautés en référence aux trois chaînes montagneuses qui le composent. Le paysage change radicalement. Nous nous arrêtons profiter d’un magnifique phénomène géologique fait de rochers de granit roses sculptés par l’érosion du vent et de la pluie. Dommage que la pluie nous fasse rentrer un peu trop rapidement au 4×4.
Un peu plus loin, Soyoloo nous dépose à notre premier bivouac fait de quelques yourtes ou de ger, comme on les appelle ici. On le savait mais le confort est sommaire. 6 lits sont répartis autour de la yourte. Nous sommes 8. Les deux couples devront se serrer dans les deux lits un peu plus larges que les autres mais ne dépassant pas non plus 1 mètre de large. Une rallonge de lit d’une dizaine de centimètres épouse l’arrondi de la yourte. Se serrer l’un contre l’autre nous réchauffera certainement. On en aura besoin car l’air est bien humide avec le temps extérieur. Et puis, nous sommes quand même à 1750 mètres d’altitude. Une batterie de voiture est reliée via un régulateur à un panneau solaire extérieur. Elle alimente une barrette d’ampoules LED ou au choix une ampoule délivrant la même faible intensité. A l’extérieur, les WC sont un simple trou entre deux planches de bois. La salle de bains est bien aérée et se résume à un petit meuble avec une réserve d’eau de deux litres qui descend par gravité par un petit robinet.
La fatigue de la route, la courte nuit dernière ainsi que le fait que nous décompressons tous de notre dernière semaine fait que nous sommes au lit sans veiller tard.
Mardi 9 août 2019 :
Dommage mais le temps est encore pluvieux ce matin et le ciel est bien bas. Soyoloo entre sous la yourte partager un café. Il a dormi dans son véhicule. Il vérifie son robuste UAZ avant de reprendre la route.
Nous bravons la pluie et retournons nous promener dans le parc national de Baga Gazriin Chuluu. Premier arrêt à une réserve d’eau « bonne pour les yeux ». Il s’agit d’un trou d’une dizaine de centimètres de largeur et d’une cinquantaine de profondeur, recueillant l’eau de pluie. A l’aide d’une cuillère coudée à 90° fixée à un morceau de bois qui reste sur place, nous prenons de l’eau et nous en passons sur les yeux. Il paraît que c’est bon pour les maladies oculaires…
Puis nous continuons vers les étonnantes formations rocheuses ainsi qu’un canyon au cœur de la steppe. Nous déambulons à travers un dédale naturel de roches. On y trouve aussi les ruines d’un ancien monastère bouddhiste dont il ne reste pas grand-chose. La végétation arrive à pousser malgré l’aridité environnante. Les arbres sont recouverts de khatag bleus. De nombreux ovoo et empilements de cailloux pointent vers le ciel.
Puis c’est parti de nouveau sur la piste à travers la steppe désertique, légèrement vallonnée. Soyoloo roule toujours à pleine vitesse, autour de 60 à 80 km/h là où ne roulerions qu’entre 20 et 30 km/h. Aucun regret de se laisser conduire !
Petite pause à midi pour déjeuner à Mandalgovi après avoir rejoint l’asphalte de la route reliant Oulan Bator à Dalanzadgad.
Puis, la route reprend mais Soyoloo roule à la même vitesse que sur la piste. Il nous explique qu’il n’aime pas le goudron. D’ailleurs, quand il le quitte de nouveau à hauteur de Luus pour s’engager sur une piste, toujours pas tracée sur le GPS, il refait un grand sourire. On le sent heureux à conduire son vieil UAZ russe dont les vitesses semblent aussi difficiles à passer que le volant à tourner, sans direction assistée. Nous sommes toujours impressionnés par le confort à bord. La cabine est suspendue sur des silent-blocs fixés aux lames de ressorts, elles-mêmes fixées au châssis via de nouveaux silent-blocs.
Les paysages sont désolés de tout. La végétation est rase, au mieux garnie de quelques bas buissons. Très rarement, nous trouvons quelques yourtes très isolées. Le ciel s’éclaircit enfin. Au bout d’une cinquantaine de kilomètres, nous arrivons au milieu de nulle part devant une yourte et une maison construite en briques, à l’emplacement même de leur ancienne yourte dont on devine encore la chape circulaire de ciment.
Nous sommes accueillis ce soir chez Jika et Norovoo, le beau-frère et la belle-sœur (et leurs deux enfants Toki et Buyntogtokh dont le plus jeune n’a qu’un mois) de Soyoloo et dès notre arrivée, invités à boire le thé et manger quelques gâteaux dans le salon. Qu’il est étonnant de trouver ici, une maison au confort moderne, équipée de fenêtres en double vitrage, de chauffage central (une chaudière alimentée par des excréments séchés d’animaux alimentent un réseau d’eau chaude circulant dans des radiateurs). L’isolement fait qu’évidemment, la maison n’est pas reliée au réseau d’électricité ou d’adduction d’eau. Le mobilier est fait d’un joli living et de fauteuils comme on pourrait trouver en Europe. Une cuisine aménagée (curieusement sans évier) apporte également du confort à cette famille de nomades sédentarisée au milieu de la steppe mongole. Une salle de bains est équipée d’un lavabo, d’un bac à douche et d’une machine à laver.
Les enfants se dégourdissent. Les garçons jouent dehors avec le petit de la famille. Les filles dessinent dans la yourte dans laquelle nous allons dormir ce soir.
Soyoloo nous prépare à manger ce soir. Audrey l’aide à cuisiner des khuushuur, des petits chaussons garnis d’une préparation à base de pommes de terre, d’oignons, de choux et de viande de bœuf séchée. Un air de cocas pied-noirs mais ici cuites dans la friture. Nous nous régalons ensuite dans notre yourte de tout cela. Bon d’accord, c’est un peu lourd pour l’estomac… Le goût de la viande séchée est assez prononcé.
Il est temps d’aller dormir après avoir chassé de nos duvets et de nos matelas tous ces petits insectes rampants…
Samedi 10 août 2019 :
Aujourd’hui, pas beaucoup de route prévue. Nous prenons donc le temps de profiter de ce chouette moment passé dans une famille mongole. Nous profitons également de l’immensité de cette steppe pour aller marcher autour de la maison. Qu’il est impressionnant d’avoir une vue à 360° parfaitement dégagée à des dizaines de kilomètres. Nous ne voyons aucune trace d’activité humaine, mise à part un ou deux points blancs de yourtes perdues à l’horizon. Dans le ciel, aucune trace d’avion. Nous distinguons une partie de l’immense troupeau de 1600 chèvres et moutons de la famille. Ils ont également une trentaine de chevaux, autant de vaches et de chameaux. Nous voyons des gazelles sauvages, plein de lézards, des lapins, des hérissons aux grandes oreilles et de gros insectes. Quel luxe !
Norovoo est professeur de physique et l’hiver, vit en ville avec ses enfants à une cinquantaine de kilomètres. Elle ne revient pas tous les week-ends l’hiver, certainement à cause des 30 à 50 cm de neige qui recouvrent la steppe. Son mari, Jika, reste vivre ici durant l’hiver pour s’occuper des bêtes. Le tas d’excréments d’animaux est stocké en tant que combustible pour alimenter la chaudière.
Les déchets sont brûlés à l’air libre. Pas d’autres possibilités.
Victor part avec Miguel chercher des météorites dans cette immense steppe. Ils reviennent avec quelques étonnants cailloux qui effectivement laissent perplexes. Nous demanderons une expertise à nos amis gersois à notre retour !
De retour au campement, la famille qui nous accueille nous fait découvrir des jeux mongols, en particulier ceux qui consistent à jouer avec des osselets. Franche partie de rigolade.
Soyoloo, durant ce temps, en profite pour faire l’entretien de son véhicule en remplaçant le joint de carter, en faisant sa vidange et en resserrant une roue qui se dévisse…
Puis, de nouveau, Jika et Norovoo nous invitent à manger avec eux ce midi, ce qui n’était pas prévu au départ dans notre excursion. Un bon bol de riz au lait mélangé à des morceaux de viande de bœuf séchée. Ils nous expliquent qu’au printemps, ils tuent des bêtes et font sécher ensuite la viande pour la consommer le reste de l’année. Jika nous joue quelques morceaux de musique traditionnelle.
En début d’après-midi, Miguel et moi chevauchons la moto chinoise en passagers derrière Jika. Quelques kilomètres plus loin, nous arrivons au milieu de son troupeau de plusieurs centaines de bêtes et il les fait changer de pâturages.
Il est temps de partir, de quitter cette chouette famille avec qui la timidité commençait à s’effacer et avec qui nous commencions, malgré les difficultés de compréhension, à échanger plus de sourires et de fous rires… Mais le voyage est aussi fait de ces rencontres éphémères, ces rencontres sans lendemain. Mais ce sont ces mêmes rencontres qui font partie des meilleurs souvenirs de notre voyage. Malgré les échanges faciles aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux, il est difficile de garder contact avec tous les locaux qui nous font un sourire, qui nous tendent la main, qui offrent une sucette aux enfants, qui nous offrent à manger, qui prennent de leur temps pour nous aider… Mais c’est en grande partie pour ces échanges, mêmes rapides mais tellement intenses, que nous voyageons. Ce sont ces moments que nous ne pouvons oublier.
L’étape d’aujourd’hui est la plus courte de notre excursion. Seulement 3 kilomètres.
Nous arrivons chez un autre frère d’Urnaa, la femme de Soyoloo. Narka, Bold et leurs deux enfants Boldbaatar et Pvrewsvren vivent dans des conditions beaucoup plus modestes que le reste de la famille vivant dans des constructions en dur que ce soit tout près d’ici ou bien à quelques centaines de kilomètres à Oulan Bator. Deux yourtes, une partie jour et une partie nuit, sont posées au milieu d’un cadre assez vallonné. Un container leur sert de stockage. Une cuve à carburant a été aménagée en pièce à vivre et de stockage. Mais ils ne vivent pas dans la misère non plus, contrairement à de nombreuses familles de mongols ayant fui la campagne pour se retrouver dans des bidonvilles autour de la capitale.
Nous sommes invités dans la grande yourte, celle où nous dormirons ce soir à même le sol pour boire un thé au lait, des gâteaux assez bons et du fromage très sec au goût vraiment trop fort et acide. Le confort se limite à une petite machine à laver, une télévision raccordée à une parabole et une ampoule LED. Le tout est alimenté par un panneau solaire branché sur une batterie 12 volts. Le petit congélateur non branché sert de placard pour les aliments.
Des parties de jeux d’osselets, d’échecs et d’UNO s’improvisent. Les règles sont internationales ou bien alors faciles à comprendre et permettent de vite mettre fin aux premiers échanges de timidité réciproques. La famille ne parle pas anglais mais cela n’empêche pas les rigolades.
La yourte est magnifique. Celle-ci est peinte. Pas le treillis composant les murs, mais les 80 perches reliant le haut des murs au toono central. Ce rond central, également joliment décoré, est ouvert ou fermé à la demande et permet d’apporter de la clarté et de l’aération à l’intérieur de la yourte. La toile est le matériau utilisé pour recouvrir l’intérieur et l’extérieur de la yourte, tandis que le feutre (une ou plusieurs couches selon la saison) est inséré entre les deux, pour l’isolation. La structure de la yourte est sanglée à l’aide de cordes en crin de cheval. Pendant la saison chaude, les toiles latérales sont remontées laissant passer l’air également. Des cordes d’amarrage lestées de pierres sont installées en cas de grand vent.
Le mobilier est fait de meubles en pin mais n’est composé que d’un petit canapé-lit, d’un vaisselier et d’une petite armoire. Au sol, des tapis d’un centimètre d’épaisseur posés sur une chape de béton, qui nous serviront de matelas ce soir. Les murs en treillis sont recouverts d’un tissu de soie. Deux piliers centraux soutiennent le toono central. Mais il ne faut pas passer entre ces deux piliers, mais tourner vers la droite autour de ces piliers. De même qu’il ne faut pas poser le pied sur le pas de porte. Il faut aussi dormir les pieds dirigés vers la porte. Voici autant de rituels et d’impairs à ne pas commettre pour ne pas vexer nos hôtes.
Dans cette famille, il n’y a pas de toilettes. Il suffit d’aller se cacher derrière un arbre, sauf qu’il n’y a pas d’arbre.
Nous proposons notre aide pour cuisiner. Mais Élodie n’imaginait pas se faire confier un marteau et un kilo de viande de chèvre séchée à frapper pour l’attendrir et la réduire en petits morceaux… Audrey est embauchée pour éplucher et découper des légumes. Le tout servira à faire une bonne soupe. Narka est aux fourneaux qu’elle alimente à l’aide de bois d’arbustes que nous réduisons en petits morceaux avec Miguel mais également à l’aide de bouses séchées. Notre chauffeur Soyoloo se repose, la tête posée à côté d’une marmite de viande bien odorante. Nous partageons de bons moments dans cette yourte avec la famille. Narka cuisine des sortes de gros raviolis nature qu’elle fait cuire à la vapeur.
A l’extérieur, les hommes de la famille attendent et nous observent cuisiner. Miguel entame un combat de lutte avec Boldbaatar mais les 3 décennies et les 30 kg d’écart ne feront pas durer longtemps le duel… Belle partie de rigolade. Bon Miguel a pris sa revanche ensuite en tapant un sprint avec Boldbaatar et là, malgré les 3 décennies d’écart, les 30 kg ont fait leur différence…
Le moment est venu de réaliser notre défi du mois, celui inventé par nos amis marseillais Amandine et Daniel… « faire griller des chamallows avec des locaux sur un feu de bois ». Le premier défi était déjà de trouver des chamallows en Mongolie. Heureusement, nos amis les BAAM tout juste arrivés de France avaient encore dans leur placard une poche toute neuve ! Merci Cléo et Pascal… C’est donc au feu de bois (et de bouses !) que nous partageons avec cette chouette famille mongole ces chamallows grillés. Bon, ils n’en raffolent pas mais le défi est réalisé ! 91% de réussite pour l’instant…
Petite promenade aux alentours pour profiter du cadre merveilleux.
Nous observons le soleil déclinant à l’horizon alors que les deux petits cousins de 8 à 9 ans, en vacances dans la famille, partent à cheval chercher le troupeau de 104 chèvres pour la traite. Ce n’est qu’une heure plus tard qu’ils reviennent alors que la nuit est tombée.
Toute la famille et ses hôtes participent à rassembler les animaux dans l’enclos. Et ce n’est pas une mince affaire. Boldbaatar transpire durant une demi-heure à attacher tête bêche toutes les chèvres en les serrant comme des sardines. Nous sommes invités à participer à la traite. Une première pour nous ! et là encore, ce n’est pas évident mais bien drôle… Nous filtrons les poils de chèvres de notre maigre récolte de quelques centilitres de lait au travers d’un linge.
Avec Miguel, Boldbaatar nous invite ensuite à monter sur deux chevaux pour les emmener 300 mètres plus loin pour s’abreuver au puits. Après leur avoir entravé les pattes, ils passeront la nuit ici.
Nous sommes ravis de notre journée, ravis d’avoir partagé tous ces moments immergés dans une famille mongole.
Nuit bercée par des invasions dans nos duvets et sur nos oreillers d’insectes rampants…
Dimanche 11 août 2019 :
Dès 8 heures, nous sommes déjà en route car nous avons 250 km à parcourir aujourd’hui et évidemment, ce n’est que de la piste ! Nous remercions nos hôtes pour leur accueil.
Soyoloo part à travers la steppe, même pas en empruntant des pistes parfois. On ne sait pas comment il se repère, sans GPS. Il roule vite, entre 60 et 80 km/h mais il roule en sécurité. Il connaît son véhicule par cœur ainsi que le terrain qu’il pratique depuis des années. Son UAZ est vraiment impressionnant de capacité de franchissement et de confort. Bon ça secoue sacrément quand même et il faut bien se cramponner d’autant plus qu’il n’y a pas de ceintures de sécurité. Par moment, la piste est bien pourrie par les pluies.
Nous nous arrêtons dans un village prendre la première douche de nos vacances aux bains publics. Que ça fait du bien, d’autant plus que les températures dépassent les 30°. Puis, de nouveau une petite guanz nous permet de nous restaurer à moindre coût.
La piste reprend et nous profitons toujours des fabuleux paysages si désolés. Nous roulons des dizaines de kilomètres sans voir trace de vie. Rien à l’horizon. Juste quelques troupeaux de chameaux ou de chevaux. Nous entrons dans la province de Ömnögovi et la partie nord-ouest du désert de Gobi. Ce dernier occupe 1/3 du territoire de la Mongolie.
Nous arrivons sur un petit campement de yourtes non loin du magnifique site des Flaming Cliffs, connu aussi sous le nom de Bayanzag. Mais d’abord, nous nous reposons un peu sous une jolie yourte. Ce soir, elle n’est pas peinte à l’intérieur mais les poteaux, le toono, la portent et les perches sont sculptées. C’est notre première nuit où les lits sont assez confortables, et sans insectes…
La chaleur est un peu moins écrasante et c’est le meilleur moment à l’heure où le soleil décline pour nous rendre sur le site des Flaming Cliffs. De superbes reliefs de grès érodés ont donné naissance à des falaises rouges flamboyantes. C’est sur ce site qu’ont été découverts des gisements de centaines de fossiles d’œufs et de squelettes de dinosaures il y a un siècle. Le désert de Gobi serait la région la plus riche du monde en ossements du Crétacé, soit environ 80 millions d’années.
Nous adorons ce site naturel et prenons un plaisir fou à le parcourir. Ces falaises de feu deviennent rougeoyantes avec le soleil couchant. Mais nous ne sommes pas seuls et entendons parler français partout autour de nous ! La saison touristique qui ne dure que deux mois en Mongolie bat son plein et tous les touristes venant en Mongolie viennent dans le désert de Gobi et aux falaises de Bayanzag.
Par hasard, nous croisons nos amis les Hakuna Matata avec qui nous étions encore ensemble il y a quelques jours à Oulan Bator. Grâce à leur véhicule adapté ils ont pu venir découvrir le Gobi.
Retour de nuit dans notre jolie yourte.
Lundi 12 août 2019 :
Nous quittons notre bivouac et partons découvrir au pied de rouges falaises une forêt de Saxaoul. Il s’agit d’une plante adaptée au désert, emblématique de la région. Elle sait résister à la sécheresse en se gorgeant d’eau qu’elle stocke dans ses feuilles, son tronc et ses racines allant jusqu’à des dizaines de mètres de profondeur. Elle sait même filtrer l’eau salée grâce à ses racines. Les feuilles ressemblent à des aiguilles afin de limiter l’évaporation. Elles ont aussi des racines horizontales très efficaces dans la prévention de l’érosion. Mais les arbres restent très prisés des chameaux et des habitants du désert qui s’en servent de combustible. Les plus vieux arbres ne dépassent pas 4 mètres de hauteur.
C’est reparti sur la piste, à fond la caisse. Heureusement que nous ne sommes pas fragiles de l’estomac en voiture ! Soyoloo reste prudent mais il met à rude épreuve son UAZ déjà usé par les milliers de kilomètres parcourus sur les difficiles pistes mongoles. Il garde sa bonne humeur, son humour, sa souplesse dans l’emploi du temps. Il se met vraiment à notre disposition sans nous presser.
Nous roulons à travers des paysages lunaires, tantôt plats, tantôt vallonnés. Les couleurs rouge, orange, grise, noire des montagnes se découpent nettement du vert de la steppe et du bleu du ciel. Malgré les heures de conduite, nous vivons des instants magiques à juste observer et voir défiler les paysages.
Arrivés face à une chaîne de montagnes, nous commençons la montée du col mais le moteur de notre UAZ monte en température et commence à sentir le chaud. Nous faisons donc notre pause déjeuner et nous avons la chance d’être au milieu de paysages à couper le souffle. Le Gobi, région la plus aride de la Mongolie, voire du continent tient ses promesses. Nous sommes sous le charme.
Nous observons des chèvres sauvages sur des rochers. Soyoloo souligne la chance que nous avons d’en apercevoir.
Soudain, alors que nous amorçons la descente du col, nous avons un point de vue incroyable sur les dunes de sable de Khongoryn Els. Ce sont les plus étendues du pays, environ 180 km de long pour 3 à 10 km de large. Nous entrons dans le parc national de Gurvan Saïkhan. Elles couvrent une superficie de 900 km².
Nous nous reposons dans notre nouveau campement de yourtes alors que Soyoloo répare son alternateur. Nos yourtes font ce soir face à l’immense cordon dunaire de l’erg de Konghor, haut de 200 à 300 mètres. Nous nous attendions à un endroit hyper touristique. Il l’est mais les camps ne dépassant pas 5 à 10 yourtes, sont espacés les uns des autres et surtout espacés de la dune. Merveilleuse vue depuis notre camp.
Tiens, une autre Tiny sur le parking !
A l’heure où le soleil commence à décliner et à être moins chaud, nous remontons dans le UAZ de notre super guide Soyoloo et nous dirigeons 8 km plus loin à l’endroit où les dunes sont les plus hautes. Bon là d’accord, l’endroit est assez touristique car tous les touristes (beaucoup de sud-coréens et de français) viennent observer le coucher de soleil. Il y a un peu de perte dans la montée car tout le monde ne parvient pas à gravir une sacrée pente de 45° dans laquelle à chaque pas, on s’enfonce dans le sable mou jusqu’en haut des chevilles.
L’effort est difficile et on peine vraiment mais en une grosse demi-heure nous arrivons en haut d’une dune. Point de vue incroyable mais un peu gâché par le grand nombre de touristes. Mais les plus pressés ont déjà pris cinquante photos et redescendent en luge.
Il nous suffit de marcher quelques dizaines de mètres vers l’ouest pour d’un coup devenir seul au monde. Le Graal est là. Nous passons près de 2 heures à admirer ce paysage d’une pure beauté. Nous avons du mal à nous rendre compte de l’endroit où nous sommes. Nous avons l’impression de rêver.
Cette sensation de marcher sur la crête de la dune dont l’un des flancs est déjà dans l’ombre alors que l’autre devient rougeoyant par le soleil couchant est pour Audrey et moi un moment indescriptible. Nous l’avions déjà vécu sur les dunes de Merzouga dans le sud du Maroc mais là c’est puissance 1000. Nous marchons seuls. Nous sommes les premiers de la journée à fouler cette crête. J’ai un peu l’impression d’être comme le premier homme qui a marché sur la Lune.
Invraisemblable point de vue sur la steppe et les paysages asséchés qui s’étendent à perte de vue au-delà la bande de végétation verte, une sorte d’oasis au pied des dunes, formée par la rivière Kangoriin Gol.
Mais le désert de Gobi ne se limite pas à cette immense dune. Ce territoire semi-aride englobe 1/3 de la superficie de la Mongolie et il s’étend jusqu’au plateau tibétain et au nord de la Chine. Il s’étend sur une zone de 1600 km de long sur 800 km de large soit 1 300 000 km² et donc la moitié de celle de la France. Il s’agrandit de plus de 10 000 km² par an. C’est donc l’un des plus grands déserts du monde. Le reste du désert est davantage recouvert de pierres que de sable. C’est également le désert le plus froid du monde, après l’Antarctique, avec des températures glaciales descendant à -25° l’hiver. La densité est de moins d’un habitant au km², ce qui en fait une des régions du monde les moins peuplées. L’aïmag d’Ömnögovi a même une densité inférieure à 0,3 habitants au km²…
Notre petite fille épanouie écrit dans le sable « One life, live it » ou bien encore « Born to travel »…
Je laisse ma famille et mes amis et continue seul à marcher vers le point culminant des dunes qui ne me paraît pas si loin mais en fait, il l’est… je gravis difficilement les dernières dizaines de mètres de dénivelé et arrive au point culminant des dunes à 300 mètres au-dessus du niveau du parking et à 1500 mètres au-dessus du niveau de la mer. Instant magique. Superbe coucher de soleil sur le cordon dunaire.
Mais il est temps de rebrousser chemin en suivant les traces que j’avais laissées à l’aller pour ne pas m’égarer. Je retrouve tout le monde qui continue d’admirer sans se lasser le soleil se coucher.
Nous amorçons notre descente. Mais au lieu de le faire en luge ou bien en courant, nous le faisons sur nos fesses. Nous faisons même un concert. Non pas à coup de flatulences mais nous arrivons à observer le phénomène des « dunes chantantes ». Tous les 8, dans la pente assez prononcée, nous glissons et emmenons avec nous une vague de sable, telle une petite avalanche de neige. L’effet produit une vibration et un bourdonnement assez surprenant. Déjà Charles Darwin ou Marco Polo décrivaient cet étrange phénomène qu’on entend dans quelques déserts du monde.
Retour au parking où notre guide nous a attendus. Nous nous excusons d’avoir mis beaucoup de temps et d’avoir traîné un peu mais il nous répond qu’il est à notre disposition et qu’il ne fait que son travail !
Mardi 13 août 2019 :
Journée tranquille aujourd’hui où rien n’est prévu à part se reposer et profiter des lieux. La nuit de ce soir est au même endroit. Une journée de pause dans nos vacances dans notre voyage va faire du bien ! Bon d’accord, j’exagère un peu…
Après une grasse matinée et avant que le soleil ne chauffe de trop, nous nous rendons en UAZ au pied des dunes mais cette fois au plus près du campement à 2 km. Ici, pas d’autres touristes. Nous traversons une petite oasis au sein de laquelle sort de terre une petite source et coule une rivière. Chameaux et chevaux errants y prennent un peu de fraîcheur. Il est étonnant de trouver en plein désert aride un peu de verdure au pied de cet immense erg.
Nous gravissons de nouveau cette dune vierge de traces de pas. Enfants et adultes se régalent de nouveau de cet instant magique. Aucun bruit si ce n’est celui de la petite brise qui apporte un peu de fraîcheur aux brûlants rayons de notre astre. Et là on se dit : « et si on revenait dormir là ce soir… ».
L’après-midi se passe dans la relative fraîcheur de la yourte à bouquiner, dessiner, boire une Golden Gobi, faire la sieste, trier les centaines de photos et écrire ces quelques lignes…
Puis nous décidons de partir dormir dans les dunes au grand désespoir de notre guide qui attrape un fou rire et qui dit que nous sommes crazy. Oui, nous laissons le confort de notre yourte et de ses matelas relativement confortables pour celui du sable. Le ciel a l’air dégagé et nous espérons que ça se maintiendra toute la nuit ! Bien chargés de nos duvets, nos oreillers, nos vêtements chauds, de la nourriture de ce soir et de quelques bières, Soyoloo nous dépose au pied des dunes.
Nous tournons un peu en rond afin de trouver un trou un peu encaissé au milieu de hautes dunes en espérant y être à l’abri du vent s’il venait à se lever.
Il est l’heure de monter en haut d’une haute dune pour y observer le coucher de soleil qui ce soir encore est incroyablement beau. On ne s’en lasse pas. D’autant plus qu’en partageant une bière avec les amis, c’est encore plus beau. Merci les amis !
Après avoir mangé, nous nous mettons rapidement au chaud dans nos duvets, chacun s’étant trouvé son emplacement idéal.
Mais le sommeil tarde à venir. Nous assistons à un magnifique lever de Lune. Elle est presque pleine, éclairant parfaitement les dunes. Mais du coup, l’obscurité n’est pas suffisante pour profiter pleinement du ciel étoilé. Car pour une fois, la nuit « à la belle étoile » porte bien son nom.
Mercredi 14 août 2019 :
Le sommeil ne vient toujours pas. La Lune se déplace d’Est en Ouest au fur et à mesure des heures qui passent. Le vent se lève nous enveloppant de sable fin. Le sol est dur. Victor a un peu froid mais le fait de se rapprocher et de se blottir contre sa maman le réchauffe. C’est au tour d’Anaïs de se déplacer car il y a trop de sable qui vole… Mais nous sommes heureux ! Heureux de dormir avec nos enfants à la belle étoile dans les dunes de sable du désert de Gobi…
4 heures, Audrey observe le coucher de la Lune, assombrissant entièrement la voûte stellaire qui brille de mille feux. Les étoiles filantes zèbrent la nuit.
6h15, le réveil sonne. Juste le temps de sortir du lit et de grimper en haut de la dune pour observer le lever du soleil. Nous vivons des moments magiques !
7 heures, Soyoloo est à l’heure à notre rendez-vous au pied de la dune pour nous ramener au camp que nous levons deux heures plus tard.
Nous remontons dans l’UAZ en direction de Dalanzadgad. Nous longeons les dunes de l’erg. Les paysages sont grandioses avec une plaine verdoyante au premier plan, des dunes de sable au second et des chaînes de montagnes noires au troisième.
Elle est cassante, faite de tôle ondulée, et de pas mal de dénivelés à franchir que notre chauffeur prend sans trop de délicatesse mettant à rude épreuve son 4×4 russe. Puis, un gros bruit au passage d’un petit fossé nous fait tous grimacer. Soyoloo s’arrête pour contrôler son véhicule. Le pont avant a souffert. La roue avant droite n’est plus perpendiculaire au sol. Nous avons peur que le pont soit cassé mais Soyoloo diagnostique que deux boulons de fixations du moyeu sur le pont se sont brisés dans le choc. Une heure plus tard, les deux boulons sont remplacés et nous repartons.
Nous n’avons aucun regret de ne pas être venus faire le tour du Gobi avec nos véhicules qu’on aurait vraiment trop fait souffrir sur ces pistes défoncées. Et puis pour le coup, c’est vraiment très confortable de ne pas se soucier de la mécanique.
Arrêt du midi dans une guanz qui propose un plat unique, des mantis, une sorte de gros raviolis fourrés aujourd’hui avec de la viande de chameaux. On s’en sort pour 1,40€ par personne, café compris. Petites courses au mini-market pour compléter nos réserves alimentaires et liquides.
Puis la route reprend et nous avons le plaisir de retrouver l’asphalte après quasiment 1000 km de pistes. Mais du coup, Soyoloo perd un peu son sourire car il trouve le goudron beaucoup moins drôle…
Mais nous le relâchons assez rapidement pour nous diriger vers le site de Yolyn Am et son Bearded Eagle Canyon.
Une marche agréable de 6 km aller-retour nous fait longer le ruisseau Yol qui conduit à une gorge gelée logiquement toute l’année en raison de l’étroitesse du canyon dont le fond ne voit pas le soleil. Dans le passé, le champ de glace restait toute l’année mais ces dernières années, il tend à disparaître l’été. En hiver, la glace mesure plusieurs mètres d’épaisseur et s’étend sur 10 km. Les paysages sont magnifiques. Les falaises sont impressionnantes et le canyon se rétrécit pour ne plus faire que quelques mètres de largeur.
Nous voyons également de nombreux animaux sauvages mais bien habitués au passage des touristes. Parmi eux, des pikas qui sont des petits rongeurs en voie de disparition. D’énormes vautours survolent le canyon. Nous retrouvons également les yacks que nous ne voyons que passés les 2000 mètres d’altitude.
De retour de notre balade, Soyoloo qui nous attend toujours patiemment offre à chacun de nous un petit chameau en feutrine. Nous le garderons précieusement en souvenir.
Ce soir, après la quasi nuit blanche, la route fatigante car nous sommes ballottés de tous les côtés et la petite rando, nous ne traînons pas à tomber dans les bras de Morphée dans une nouveau camp de ger.
Jeudi 15 août 2019 :
Il fait bien frais ce matin. Nous sommes à 2400 mètres d’altitude et nous sentons bien la saison estivale qui se termine bientôt. L’amplitude thermique entre l’hiver et l’été peut atteindre ici 80°C…
Nous visitons le petit muséum d’Histoire Naturelle à l’entrée du site de Yolyn Am. Datant de plus de 30 ans, ses expositions d’animaux naturalisés sont bien vieillottes et poussiéreuses. Mais il a la particularité intéressante de présenter des arbres pétrifiés comme nous avions pu en voir en Argentine ainsi que des œufs et des ossements de dinosaures, vieux de 70 millions d’années.
C’en est fini de la piste et maintenant les plus de 600 km nous séparant de la capitale ne vont se faire que sur une route goudronnée, mise à part un prochain détour de 40 km de pistes.
Nous marquons l’arrêt chez les parents de Soyoloo dans la ville de Dalanzadgad. C’est là qu’il a grandi. Nous sommes invités à partager un moment avec sa famille. C’est l’occasion de visiter une yourte de ville que nous n’avions pas encore vue jusqu’à présent. Je vous en avais déjà parlé de ces yourtes de nomades construites sur des petites parcelles closes de hautes clôtures en bois pour ne pas voir son voisin. Les toilettes sont au fond de la cour. Juste un trou entre deux planches avec un grand trou en dessous à donner le vertige à nos enfants. Malgré le fait d’être en ville, il n’y a pas d’accès à un réseau d’assainissement, pas plus qu’à celui d’eau potable. Les habitants vont remplir leurs bidons à la maison de l’eau. En revanche, la yourte est raccordée gratuitement au réseau électrique. On trouve donc dans la yourte, un frigo, un congélateur, une machine à laver, une télévision raccordée à une parabole, un ordinateur de bureau raccordé à une box internet. Le papa de Soyoloo écrit des livres sur l’histoire du désert de Gobi. Une bibliothèque bien fournie est à côté de son bureau.
On nous offre le thé, des fromages séchés au goût décidément trop prononcé selon nous, et un plat de viande et de riz. Mais nous venons de prendre notre petit déj’ il y a une heure…
L’hiver arrive et Soyoloo profite de son passage pour donner un coup de main à toute sa famille pour ajouter une toile de protection sur la yourte que tous s’affairent à solidement fixer en prévision des grands vents hivernaux. Dès le mois de septembre, les températures vont perdre 20° et rester en négatif jusqu’au mois de juin suivant.
A notre départ, la maman de Soyoloo nous offre une bouteille de vodka.
De nouveau, nous faisons notre pause de midi dans une guanz où nous mangeons encore une fois des spécialités mongoles qui laissent nos lèvres bien grasses… Soyoloo qui continue à nous choyer nous offre de nouveau des glaces en dessert.
Nous quittons l’axe bitumé pour de nouveau nous faite chahuter sur une vingtaine de kilomètres de pistes. Nous arrivons sur le dernier site de notre excursion, Tsagaan Suvarga. Encore une merveille de la beauté naturelle de la Mongolie appelée également les Stupas blanches. Il s’agit de formations rocheuses et de falaises colorées et sculptées par l’érosion depuis de millions d’années. A l’époque, l’océan recouvrait les lieux. Aujourd’hui, une combinaison incroyable de couleurs sublime les lieux.
Les falaises mesurent 60 mètres de hauteur pour environ 400 mètres de longueur. Elles sont composées de différents minerais qui une fois exposés à l’oxygène prennent des teintes de toutes les couleurs : rose, orange, noir, ocre, rouge, vert, violet, jaune, blanc… Au pied de ces falaises s’étend un immense ensemble de petites montagnes toutes colorées des mêmes teintes que les falaises. Nous prenons plaisir à marcher sur ce véritable arc-en-ciel minéral.
Et encore un petit apéro de retour sur le parking où nous retrouvons nos amis suisses les Hakuna Matata.
Dernier bivouac dans un camp de yourtes entouré de chameaux. Superbe lever de pleine Lune de couleur rousse. Magique pour cette dernière soirée dans le désert du Gobi. Nous partageons un agréable moment et nos expériences de voyageurs avec une famille française de backpackers, Séverine, Grégory et leurs deux jeunes enfants partis pour un an découvrir une partie de l’Asie et de l’Océanie.
Vendredi 16 août 2019 :
Dernier chargement de nos nombreux bagages dans l’UAZ. Derniers kilomètres de pistes pour rejoindre le goudron de la grande route reliant Dalanzadgad à Oulan Bator. Ça nous secoue encore une dernière fois dans tous les sens. L’asphalte est en vue. Mais Soyoloo fait la grimace et dit « shit » et « problem ». La pédale de freins est toute molle. Troisième panne de notre excursion. En fait, cela ne nous dépayse pas trop de la Tiny ! Une demi-heure plus tard, le flexible de frein arrière semi-rigide dont la tôle ondulée a eu raison est remplacé par un de secours que notre précautionneux chauffeur avait dans un double fond de son plancher.
En chemin, notre chauffeur s’arrête brusquement pour nous montrer un animal rare et emblématique de la région : le Khulan. Cet âne sauvage mongol est menacé de risque important d’extinction. Pendant les étés chauds, ce mammifère herbivore creuse des trous dans les lits de rivières asséchées pour accéder à l’eau.
La route est longue aujourd’hui, plus de 400 km. On pensait n’avoir que du goudron mais par endroit, notre chauffeur préfère prendre la piste parallèle qui secoue moins que les trous sur la route. Nous arrivons dans la tumultueuse Oulan Bator, ses bouchons et sa pollution.
Il est temps que Soyoloo apporte un peu de soin à son UAZ car sa boîte de vitesses donne d’importants signes de faiblesse à la fin du parcours et nous craignons même de ne pas arriver jusqu’au bout. Mais bon, nous parvenons à bon port et retrouvons avec plaisir le confort de notre Tiny.
Nous voici déjà au terme de ces 9 jours d’excursion passés en la charmante compagnie de Soyoloo. Pour les prochains voyageurs de passage en Mongolie, nous recommandons chaudement cette petite agence familiale Vast Mongolia Tour, qui sait parfaitement choyer ses clients. Pour info pour les backpackers, ils font aussi guest house. Merci à toi Soyoloo d’avoir pris le temps de nous faire découvrir le Gobi.
Et puis merci à toute notre famille et à nos amis, présents (ou non) à notre fête de départ il y a bientôt un an et qui avaient participé à la cagnotte que nous avions prévu de garder pour une occasion spéciale. Nous garderons un merveilleux souvenir de cette excursion !
A présent, les vacances sont terminées. Il nous reste une petite quinzaine de jours encore pour découvrir des petits coins autour de la capitale. Mais nous allons d’abord commencer par (re)visiter le garage Mercedes dès lundi pour remplacer l’électrovanne de pompe à injection que Joaquim et ma nièce Émilie se sont occupés de nous envoyer cette semaine.
Et puis, nous allons également nous reposer de nos vacances et de ces 1800 km de route et de piste avant de rouler de nouveau beaucoup tout le prochain mois de septembre pour traverser la Chine.