429 km parcourus du 28 octobre au 2 novembre 2019

41 904 km parcourus depuis le départ

Lundi 28 octobre 2019 :

Nous sommes toujours au Laos et toujours en famille avec mon papa, ma sœur Christelle, mon beau-frère Laurent et ma nièce adorée Ella. Nous avons laissé hier matin notre Tiny à Luang Prabang, nous avons navigué durant 9 heures sur le Mékong et nous avons parcouru 180 km jusqu’à Pakbeng sur un slow boat. Nous sommes à mi-chemin entre Luang Prabang et Huay Xai qui est la principale frontière du nord du Laos avec la Thaïlande. Nous avons savouré notre première nuit à l’hôtel depuis fort longtemps. Ainsi que le petit déjeuner en terrasse avec une magnifique vue sur le Mékong.

Que sommes-nous venus faire ici ? et bien juste découvrir le rôle que les éléphants jouent dans la culture laotienne et vivre un moment privilégié au Mekong Elephant Park. Cette affaire appartenant à un français depuis 2008 est gérée par Wendy et Benoît, également français. Après avoir longtemps habité en Asie et voyagé en van pendant un an en Australie, ils ont posé leurs valises dans un spectaculaire environnement naturel, un véritable cadre enchanteur. Sur la rive gauche du Mékong, Benoît s’occupe de la gestion d’un hôtel luxueux.

Sur la rive droite, Wendy gère une équipe de 19 personnes qui s’occupe de 4 éléphants.

Le principal objectif des fondateurs est de soutenir une espèce menacée par la déforestation, l’urbanisation et les abus auxquels elle a été et est encore confrontée. Au cours des dernières années en Asie, le nombre et la condition des éléphants se sont aggravés de manière très alarmante. C’est malheureusement la réalité de milliers d’éléphants à travers le monde dans l’exploitation forestière (principalement illégale) et l’industrie du divertissement. Il ne suffit de faire que quelques dizaines de kilomètres pour trouver des entreprises touristiques qui vendent des attractions d’elephant riding (promenades à dos d’éléphant) où la selle peut peser jusqu’à 500kg alors que le dos d’un éléphant ne devrait pas soutenir plus de 150kg. Les pachydermes deviennent aussi footballeurs, basketteurs, masseurs, boxeurs, jongleurs, musiciens… Les plus doués manient le pinceau avec leur trompe, guidés par leur cornac. Quand ces éléphants ne subissent pas un entraînement cruel ou font des démonstrations aux touristes à tourner sur une seule patte dans un cirque, ils sont souvent enchaînés (on en a aperçu à Pak Ou). Bref, tout ce qu’on ne veut pas voir. A cause de mesures cruelles, de nombreux éléphants meurent brutalement en captivité ou ne peuvent plus se reproduire avec succès. Ils peuvent parfois devenir violents envers l’homme, et sont même prêts à tuer. ​

Le Fond mondial pour la nature et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) considèrent tous les deux que l’éléphant d’Asie est une espèce en voie de disparition. Il ne reste presque plus d’éléphants sauvages et les captifs sont souvent victimes d’abus graves qui aboutissent parfois à la mort. Selon les chiffres disponibles, il ne reste plus que 300 éléphants sauvages et 400 éléphants en captivité au Laos. Selon certains experts, les éléphants d’Asie sont une espèce qui aura disparu dans cent ans. Bien qu’historiquement connu comme « Lane Xang », le Laos, que l’on traduit par « le pays au million d’éléphants », le Laos est en train de perdre peu à peu le plus grand et le plus royal des animaux à cause du développement humain.

C’est donc naturellement que nous nous sommes tournés vers le Mekong Elephant Park pour y découvrir des personnes passionnées et vouées à la préservation de l’espèce menacée des éléphants d’Asie au Laos. Il n’y a que deux centres au Laos offrant aux éléphants la possibilité de vivre dans leur environnement naturel, en harmonie avec la nature et les humains, celui-ci et le Centre de conservation des éléphants de Sayaboury qui s’occupe de 34 éléphants.

L’objectif du parc est de pouvoir sauver également l’environnement naturel et cette formidable forêt primaire. Le Mekong Elephant Park a une superficie de 20 hectares et aimerait pouvoir en louer 15 autres au gouvernement pour en faire une éco-zone. Cet environnement de qualité accueille les éléphants au sein d’une forêt primaire leur permettant de consommer leur nourriture naturelle.

Mae Ping 19 ans est arrivée quand elle avait 9 ans. Elle n’a jamais travaillé en forêt. Son cornac s’appelle Saw. Elle est dynamique, coquine et indisciplinée. Elle a eu la chance de ne jamais connaître la torture et l’isolement. Depuis qu’elle a été séparée de sa mère, elle a transféré son besoin d’affection maternelle sur Mae Kham. Elle a entamé un programme de reproduction en 2017, pour le moment sans succès.

Mae Boun Ma est la dernière arrivée depuis le début de l’année. Elle a environ entre 28 et 35 ans mais il est difficile de savoir son âge exact car même les cornacs ne connaissent pas leur propre âge. Son cornac s’appelle See.

Mae Kham est très âgée. Elle aurait environ 50 ans. Elle est très ridée. Elle est têtue et exigeante. Son cornac s’appelle Singh. Elle a travaillé une trentaine d’années dans l’industrie forestière. Mais l’espérance de vie d’un éléphant d’Asie serait d’une soixantaine d’années en milieu sauvage, et de 40 ans en captivité. Elle est donc malheureusement bientôt en fin de vie.

Mae veut dire maman femelle. Ensuite, on dit que c’est l’éléphant qui choisit son nom. On met des noms sur la canne à sucre et c’est celle que l’éléphant va ramasser qui sera son nom. Kham veut dire or (une femelle en or), Bounma veut dire chance (femelle de la chance ou du karma), Ping veut dire sangsue. Elle a bien choisi son nom, car effectivement elle ne supporte pas d’être seule ! Elle a un comportement qu’elle aurait à l’état sauvage car elle n’a jamais été isolée et a toujours vécu avec d’autres femelles.

Kham Koun, est le seul mâle. Il est né en 1990. Son cornac est Noypeak. Il est arrivé au parc en 2016 après avoir travaillé quelques années dans le débardage forestier. Depuis sa naissance, son cornac était le père de Noypeak. Noypeak le connaît donc depuis qu’il est enfant et ils n’ont jamais été séparés. Il est trapu et puissant. Ses défenses n’ont jamais poussé mais il s’agit d’une évolution génétique assez courante. Le mâle est solitaire.

Noypeak est donc cornac de génération en génération. C’est le chef de tous les cornacs du parc. Le mâle Kham Kou est né avec lui et il n’obéit qu’à lui. Noypeak avait vendu son éléphant il y a deux ans pour prendre sa retraite mais personne n’a pu approcher le mâle pendant 3 semaines et le cornac a été rappelé.

La personne la plus importante dans la vie d’un éléphant est donc le cornac qui dédie sa vie à celle de son animal. Appelé aussi mahout, il est à la fois le maître, le guide et le soigneur de l’éléphant.

Les cornacs dorment dans la forêt et ne voient leur famille qu’une journée par semaine. Ils n’ont pas de vacances. Les cornacs de Pakbeng ne connaissent même pas la ville la plus proche de Luang Prabang. Ils se lèvent à 3 heures du matin et ramènent tard le soir les éléphants. Leur métier reste dangereux car l’animal pèse plus de trois tonnes. L’éléphant n’obéit qu’à une seule personne à la fois. Les liens sont donc extrêmement importants. Malheureusement, on est sur la dernière génération de cornac. Ils sont tous nés avec des éléphants, ils ont grandi avec eux. Mais ils n’ont pas formé leurs enfants parce qu’il n’y a plus d’éléphants. Pourtant le jeune cornac Siee n’a que 19 ans et il avait un an quand Mae Bounma est arrivée dans sa famille. Il la connaît par cœur. Quand elle est arrivée dans le parc il y a 6 mois, elle a donc été suivie par son cornac qui connaît vraiment le passé de l’animal.

Pour monter sur l’animal, le cornac utilise la trompe, le genou ou bien fait baisser la tête de l’animal. Tout dépend de la taille de l’animal et du cornac.

Nous partons avec Mae Ping et Mae Bounma en forêt. Quelle chance de pouvoir suivre ces deux pachydermes énormes dans leur environnement naturel. Les deux femelles par moment sont aussi larges que le sentier.

Il est impressionnant de voir l’agilité de ces éléphants que nous suivons durant 1h30 sur des petits chemins très escarpés. Les cornacs font avancer leurs éléphants grâce à des bananes ou à du maïs qu’ils leurs tendent régulièrement. L’éléphant qui a travaillé en forêt reconnaît 50 mots de vocabulaire. Mae Ping en connaît 5 : gauche, droite, avance, recule, stop. Beaucoup d’onomatopées « eu, eu, eu » sont utilisées pour féliciter l’animal.

Elles passent leur temps à manger des bambous, surtout Mae Ping.

Le parc attache beaucoup d’importance à l’environnement naturel et à la nourriture naturelle. Chaque éléphant mange 18 heures (c’est la principale activité d’un éléphant) environ 250 kg de végétation par jour, soit 10% de son poids. Dans ce parc, la forêt auto suffit à tous ces besoins. Le problème des plus grands parcs autour de Luang Prabang ou du nord de la Thaïlande, c’est que ce sont des parcs de ville où il n’y a pas suffisamment de nourriture pour les animaux. Ces centres livrent alors cette nourriture importée souvent de Chine et bourrée de pesticides. Cette nourriture est surtout à base de fruits ce qui crée de plus un problème d’obésité et de diabète. Ici, les animaux ont de l’espace et de la nourriture à profusion. Au moment de la saison des pluies, ils mangent principalement du bambou. En fin de saison sèche, ils doivent marcher des heures et des heures avec leurs cornacs.

Nous marchons à côté de ces animaux de plus de 3 tonnes et malgré notre discrétion, nous faisons plus de bruit qu’eux. C’est impressionnant le silence lors des déplacements des éléphants qui ont des pieds sur coussinets mous. Les ongles en forme de sabots reposent sur un coussin de tissus épais qui lui permet d’amortir les chocs. Leurs pieds très adhérents au sol leur permettent d’aller partout, d’escalader et de s’aventurer sur des pentes glissantes. Malgré son poids de 3,5 à 5 tonnes (le poids de notre Tiny !) l’éléphant ne laisse pas de traces au sol de son passage. Ils peuvent galoper et charger à une vitesse de 40 km/h. Mais il est impossible pour un éléphant de sauter, pour des raisons d’ordre biomécanique : il lui faut toujours un pied sur le sol.

Ils sont par ailleurs extrêmement sensibles aux vibrations. Au Sri Lanka, les éléphants sont partis en courant 20 minutes avant l’arrivée du tsunami, tout en sauvant les touristes qu’ils avaient sur le dos. Le raz de marée, a pénétré jusqu’à 3 kilomètres à l’intérieur des terres dans le Parc national de Yala, la plus grande réserve naturelle de l’île, abritant des centaines d’éléphants sauvages mais il n’y a eu aucune perte. Rien qu’au Sri Lanka, 27 000 corps d’humains ont été retrouvés, mais aucun cadavre d’animal sauvage n’a été aperçu.

En Afrique les matriarches ressentent la vibration de l’eau et savent où creuser pour en trouver. On entend les grognements de l’éléphant mais pas les ultrasons et vibrations qui leur permettent de communiquer jusqu’à 15 km. Forcément, les éléphants en centre-ville deviennent un peu fous !

Les animaux se jettent de la terre ou du sable sur le dos pour se protéger du soleil et des insectes. Leur peau est très épaisse, jusqu’à 3 centimètres, mais reste très sensible aux piqûres d’insectes. Quand il fait trop chaud, ils se mettent de la boue liquide en guise de crème solaire. Ils peuvent également prendre de la salive de leur bouche avec leur trompe et s’asperger le corps. Ceux d’Asie ne transpirent pas.

Autre différence morphologique avec leurs cousins africains, les éléphants d’Asie ont deux bosses sur le crâne.

A la différence des éléphants d’Afrique, les oreilles des éléphants d’Asie sont plus petites. En effet, en Afrique, il n’y a pas d’ombre, il fait beaucoup plus chaud et les pachydermes régulent la température de leurs corps en agitant leurs oreilles. C’est une climatisation ! Les éléphants d’Asie sont plus petits également pour s’adapter à l’environnement, aux espaces montagneux et à la dense végétation.

Une déchirure sur les oreilles correspond à une vingtaine d’années. Cela se reconnaît grâce à ses déchirures sur les oreilles. La plus vieille éléphante en a 3, c’est ainsi que les cornacs supposent qu’elle a environ 60 ans.

Enfin, en Afrique, les éléphants ont des très grandes défenses qui leur permettent d’aller chercher la nourriture ou de l’eau en profondeur sous la terre. Ici, la nature est très généreuse et les défenses seraient même gênantes. En Asie, les femelles perdent leurs défenses vers l’âge de 25 ans. Les mâles n’en n’ont en général pas.

La trompe est l’élément le plus important. Elle pèse 150 kg et possède 150 000 muscles. Il faut aux éléphants 3 à 4 ans pour apprendre à s’en servir. Elle sert pour boire, pour manger, pour communiquer, pour capter une odeur ou un danger. L’éléphante déracine même un arbre pour en manger juste quelques feuilles devant nous.

Le petit triangle au bout de leur trompe leur permet une agilité totale. C’est une sorte de petit doigt. Il peut ramasser une banane ou défaire un nœud d’une corde. Mais ils ont tellement de force qu’ils peuvent aussi déraciner un arbre à l’aide de leur trompe ou de coups de têtes. Puissance et délicatesse. Massif et doux. Un animal de 3 tonnes en équilibre. Impressionnant. Il manque au mâle Khan Kou un bout de sa trompe depuis l’âge de 4 ans mais il a appris à vivre et à se nourrir avec ce handicap.

Les yeux sont petits, mal placés et pas proportionnés à la taille de l’animal. C’est donc l’ouïe et l’odorat qui sont très développés. De face, l’éléphant ne voit pas, il a un angle mort.

Quand une vache, un cochon ou une chèvre se présente face à l’animal, c’est panique à bord, coups de trompe au sol, et les cornacs se servent de lance-pierres pour les faire partir. L’éléphant n’a pas de prédateur ici bien qu’il resterait 3 tigres au Laos.

A la fin de la promenade, ce sont les retrouvailles entre les 3 femelles et le mâle. Il y a une relation mère fille entre Mae Ping et Mae Kham. Elles sont ensemble ici toutes les deux depuis 10 ans. Mae Ping a été séparée de sa maman pour travailler en forêt. Quant à Mae Kham la matriarche, ils savent qu’elle a déjà eu un enfant. C’est impossible de les séparer. Hors, elles ne font pas la balade du matin ensemble car Mae Kham est très fatiguée, a des problèmes aux articulations et ne peut pas monter les dénivelés. Pipi de joie, câlins au moment des retrouvailles. Elles sont extrêmement tactiles. Jeux de trompes.

Nous descendons assister au bain des éléphants dans le Mékong. Contrairement à la majorité des autres parcs où les touristes se baignent en même temps, nous restons ici à distance de ce rituel quotidien. Mae Kham, trop vieille, ne se baigne pas car pour elle, il ne fait pas assez chaud. Ce serait pourtant bien pour son arthrose. Elle ne fait juste que s’arroser. Outre le plaisir de patauger, le bain permet aussi aux cornacs de vérifier qu’il n’y ait pas d’infection de la peau.

Le cornac ne descend pas du mâle pour ne pas perdre le contrôle de l’animal qui est en fin de musth.  L’animal est pendant cette période très agressif, peut tuer les femelles ou les cornacs et est incontrôlable à cause d’une montée de testostérone. Cette dernière se caractérise par une épaisse sécrétion ressemblant à du goudron. La période dure de 2 semaines à 2 mois par an.

Un éléphant nage très bien. Les éléphants du Sri Lanka seraient venus en Inde par la nage. Ils adorent l’eau mais préfèrent les bains de boue. Un éléphant boit 80 à 100 litres d’eau par jour.

Ensuite, après le bain c’est l’heure du goûter où nous donnons des bananes à chacun des pachydermes. Mais là encore, le personnel du site nous invite à nous laver les mains auparavant pour ne pas polluer les fruits de résidus de crèmes solaires ou d’anti-moustiques. Les éléphants y sont hyper sensibles.

Le plus gros problème, c’est la reproduction. On est sur une gestation de 22 mois suivie de 22 mois d’allaitement. C’est la raison pour laquelle il en reste si peu. Les éléphants ont perdu leur habitat naturel. Auparavant, ils migraient entre Laos, Cambodge, Thaïlande, Vietnam, Myanmar et Chine (on trouve aussi des éléphants d’Asie au Népal, en Inde, en Indonésie, en Malaisie, au Sri-Lanka). Aujourd’hui, il y a des routes et des villes et les chemins migratoires ont été coupés.

De plus, du fait des grossesses à risques et des 4 ans au total de gestation et d’allaitement (la femelle ne rapporte rien durant cette période), les ancêtres ont totalement séparé les mâles des femelles pendant plusieurs générations. Le mâle qui est arrivé dans le parc il y a deux ans n’avait jamais vu de femelles de sa vie. Et les femelles, avant que le mâle arrive, n’avaient jamais vu de mâles de leur vie. Ainsi, les éléphants ne peuvent pas se reproduire par mimétisme comme cela se passe dans les hardes à l’état sauvage. Donc aujourd’hui, le plus gros challenge du parc est la reproduction. La femelle ne peut se reproduire que 3 à 4 jours tous les 4 mois avec aucun signe extérieur d’ovulation. Depuis quelques semaines, les soigneurs font des prises de sang toutes les semaines pour tenter de trouver le bon moment et de mettre la femelle avec le mâle. Bon l’autre problème qu’ils rencontrent dans le parc, c’est que pour l’instant, c’est la femelle qui monte sur le mâle. C’est pas gagné ! Mais ils ne perdent pas espoir.

Beaucoup de parcs n’ont pas de mâles car c’est plus agressif et le mâle vit seul. Ce n’est donc pas pratique ni rentable pour la majorité des parcs qui ne jouent pas le jeu. De plus, comme les éléphants sont toute la journée au contact des touristes, cela ne laisse pas de temps pour la reproduction. Ici, dès 11h30, les éléphants sont emmenés dans la forêt primaire et ne sont plus au contact des touristes. Nous l’avons constaté.

Il faut également un réveil du gouvernement. Aujourd’hui, il est illégal de vendre un éléphant à l’étranger. Hors, là où un éléphant de 40 ans se négocie 40 000€ et un éléphanteau autour de 100 000€ au Laos, la Chine est prête à investir beaucoup plus. L’an dernier en juin, 11 éléphants ont été saisis dans un aéroport à destination d’un zoo de Dubaï juste avant que le Boeing 747 ne décolle. Comment peut-on mettre 11 éléphants dans 11 box et avoir les avions prêts à partir sans que cela ne soit couvert par une certaine forme de corruption ? Il y a encore trois semaines, une éléphante a quitté le Laos pour la Chine alors que c’est formellement interdit par la loi Lao.

En plus de promouvoir la préservation des pachydermes et de leur offrir une reconversion au travail en forêt avec des conditions de vie décentes, le parc offre une opportunité durable pour les cornacs en leur permettant de gagner un revenu fixe les gardant éloignés de l’industrie forestière. Une véritable ambition économique et sociale. Le parc a mis en place un jour de congé par semaine pour les cornacs qui auparavant ne voyaient jamais leurs familles.

Le parc a salarié également des artisans : un forgeron, un atelier de vannerie et un atelier de tissage. Cela procure un salaire fixe à la population à l’année malgré le côté saisonnier de l’activité. Nous achetons quelques beaux souvenirs artisanaux dont de jolis couteaux où la lame forgée sur place est assemblée au manche en bois de rose lui aussi taillé sur place grâce à de la colle naturelle composée d’excréments d’insectes chauffés. Achat également d’une superbe ancienne cloche d’éléphant en bois de rose et en bambou. Ce doux bruit a bercé toute notre promenade de ce matin avec Mae Ping et Mae Bounma et raisonnera longtemps dans notre tête.

Nous en apprenons beaucoup sur les Hmong, une ethnie principalement du nord du Vietnam et du Laos et du sud de la Chine. Ils ont beaucoup aidé les français et les américains pendant la guerre. Du coup quand ces derniers sont partis, cette ethnie s’est faite massacrée. Certains ont été sauvés par la France et envoyés en Guyane et par les Américains qui les ont envoyés à New York. Une importante communauté y vit encore. Le gouvernement fait circuler beaucoup de rumeurs sur cette ethnie : meurtres d’enfants, viols. C’est un peuple rebelle et guerrier qui vit beaucoup dans la montagne. Mais le gouvernement les rapproche du Mékong en les mélangeant à des Khamu pour briser les spécificités de ces ethnies et donc avoir plus d’homogénéisation et de contrôle. Ils ne vont pas à l’école mais parlent tous trois langues.  Pas de différences entre les riches et les pauvres.

Le Laos compte plus de 80 ethnies que l’on peut regrouper en quelques principales familles. Chacune d’elle parle son propre dialecte, possède ses coutumes propres, ses traditions, sa religion… Il y a les Laos Thaï (ou Laos Loum, des Basses Terres) qui représentent 75% de la population à travers 23 ethnies, dont les Lao Lue. Il y a ensuite les Laos Theung (des Terres de Moyenne Altitude entre 400 et 900 mètres). On en dénombre 58 ethnies différentes, notamment les Khamu. Puis il y a également les Laos Soung (vivant dans les Montagnes au-dessus de 1000 mètres) : notamment les Hmong, et les Yao. Le chef cornac est d’ailleurs Lao Lue (petite minorité du nord Laos).

L’objectif du parc est de faire en sorte qu’il n’y ait pas de différence de traitements entre leurs employés de différentes ethnies, qu’ils soient Hmong ou Lao Lue. Le parc a construit une ferme pour eux, il les embauche et leur verse un salaire à l’année en échange de quoi il récupère les fruits et les légumes qu’ils utilisent pour leur partie hôtellerie.

Visite d’un petit musée consacré à la culture Hmong avec expo d’habits traditionnels des années 20 à aujourd’hui, d’objets et d’ustensiles de la vie quotidienne, d’outils servant à récupérer la sève du pavot pour la transformer en opium, instruments de musique servant à annoncer un décès car il n’y a pas de réseau téléphonique à beaucoup d’endroits où vivent les Hmong…

Voilà, j’en ai fini avec cette passionnante visite du Mekong Elephant Park. Nous recommandons chaudement à tous les futurs voyageurs, au départ de Luang Prabang ou faisant une pause sur le trajet Thaïlande/Laos en slow boat, cet arrêt au Mekong elephant Park. Merci à toi Wendy pour ta passion que tu as pris le temps de partager ce matin ! Cette matinée restera un magnifique souvenir du Laos.

En début d’après-midi, après avoir eu la chance de vivre cet instant magique et privilégié, nous prenons cette fois la route pour rejoindre notre Tiny en mini van. Une nouvelle route ouverte il y a juste deux mois permet de réduire considérablement le temps de route. Il ne faut plus que 4h30 de route. Et quelle route ? Nous avons rarement vu de route aussi pentue. Elle suit les crêtes des montagnes sans cesse. La pente est à 15% aussi bien dans les montées que dans les descentes !

Nous arrivons à la tombée de la nuit à Luang Prabang face au Mékong que nous traversons en ferry avec le mini van.

Petite parenthèse triste. Nous sommes toujours, comme toute notre communauté de voyageurs, sous le choc de la triste aventure qui est arrivée à nos amis Gali et Compagnie, La Smalaventure et La P’tite troupe en voyage. Nous avons passé beaucoup de temps avec ces trois familles depuis de nombreux mois avant de devoir nous séparer brusquement en Mongolie car ils n’avaient pas réussi à obtenir leur visa chinois à cause de leur passage par la Turquie. Je vous en avais déjà beaucoup parlé et nous avions déjà eu tous beaucoup de mal à accepter cette injustice. Ils avaient tous les trois rebondi en rejoignant Vladivostok en Russie, puis pris un bateau vers la Corée du Sud, puis un autre bateau vers le Cambodge mais ce qui leur imposait de débourser plusieurs milliers d’euros de plus (shipping, billets d’avions, plusieurs semaines de backpack). Malheureusement, ils ont découvert le 25 octobre que leurs trois camions avaient été cambriolés au port de Sihanoukville au Cambodge. Pire qu’un « simple » cambriolage, leurs maisons ont été saccagées, leurs intimités ont été violées, une partie de leurs rêves brisés. Tout leur a été volé. Les portes, les fenêtres, les robinets, les lumières, les lits… arrachés. Les bidons d’huiles renversés. Sur ce genre de shipping que nous sommes quasiment tous obligés de réaliser sur un tour du monde en véhicule, on connaît ce risque, qui n’est couvert par aucune assurance. On sait que certains camions se font visiter mais cela reste en général « simplement » matériel. Jamais, nous n’avons entendu parlé de tel saccage, de tel pillage, de telle destruction. Courage Linda, Gaëtan, Caro, Jérôme, Caro, Nico et courage aux 8 enfants. On pense à vous.

Mardi 29 octobre 2019 :

Nous allons déambuler sur le marché alimentaire de Luang Prabang qui se dresse tous les matins et en prenons plein la vue et le nez avec tous ces petits étals vendant légumes, viandes ou poissons crus ou séchés.

Nous entrons dans le joli parc arboré du Royal Palace Museum. Une statue du roi Sisavang Vong, réplique de celle de Vientiane, rappelle celui qui régna au moment de l’indépendance du pays.

Nous visitons l’ancien Palais Royal qui fut construit en 1904, sous le protectorat français.

Dans la première salle du Protocole, on trouve le trône du moine suprême devant celui du roi et rappelle que le chef religieux était le personnage le plus important du royaume. De très jolis bouddhas des 17ème et 18ème siècles sont présentés dans des vitrines. Photos interdites (appareil photo confisqué à l’entrée) et toujours un vigile derrière nous dans le palais. Voici quelques photos trouvées sur le net.

Photo : KW7ANA-Alamy.com
Photo : Pat l’expat à Paname
Photo : thousandwonders.net

On arrive ensuite dans la salle du Trône, très richement décorée en 1960 de mosaïques en verres et miroirs représentant la vie quotidienne et l’histoire du Laos. Le trône est en bois décoré à la feuille d’or. Riche collections de sabres, de bouddhas en cristal, de statuettes en or…

Les autres pièces sont beaucoup plus sobres : chambres à coucher, bibliothèques, salles de réception… Victor reste ébahi devant la vitrine exposant un cadeau des américains au souverain du Laos : un morceau de roche lunaire de la mission Apollo 11.

Repas une nouvelle fois pris dans une gargote où nous savourons une délicieuse omelette garnie de petits légumes croquants ou de noddles.

Nous observons les enfants jouer dans la cour de récréation voisine. Pas de plan Vigipirate ici avec portail fermé et interphone. Les enfants entrent et sortent sur le trottoir et la rue, sans aucune surveillance d’un adulte. A un moment, un homme déséquilibré agitant une machette de 50cm approche du portail. Toujours aucun adulte, ce sont les enfants d’une dizaine d’années qui se mettent en sécurité en fermant eux-mêmes le portail.

Au détour d’une ruelle, nous récupérons comme régulièrement chez des menuisiers ou charpentiers un peu de sciure pour nos toilettes sèches qui nous donnent entièrement satisfaction. Songez-y les prochains voyageurs !

Le temple Wat Sene Soukharam nous ouvre ses portes. C’est le temple des 100 000 trésors construit en 1718 avec un toit à trois pans. Dans une petite chapelle, un bouddha de 8 mètres est impressionnant. La position de ses mains implore la pluie.

Deux pirogues de course sont superbement décorées au pochoir. Comme dans chacun des temples, on en voit. Elles participent à la fête Ho Khao Padap sur la rivière Nam Khan en août ou septembre.

Un peu plus loin, toujours le long de la Sisavang Vong Road, le Wat Sop Sikharam est tout aussi élégant, tout comme cette belle famille réunie sous ce bel hortensia (n’est-ce pas Daniel ?). Ou bien encore comme ces deux cousines qui ne se séparent pas…

Mais le plus beau est incontestablement le Wat Xieng Thong tout au bout de la péninsule. Cet ensemble de plusieurs édifices est le plus riche de Luang Prabang. Ce temple est bien conservé car depuis le 16ème siècle, il était placé sous la protection de la royauté. L’édifice principal est la chapelle du bouddha sacré. Les pans de toits du sanctuaire descendent presque jusqu’au sol.

Sur la façade arrière, une belle mosaïque de verre représente l’arbre de l’illumination.

L’intérieur est décoré au pochoir doré sur fond noir. Au plafond est suspendue une longue gouttière servant à recevoir l’eau lustrale et à asperger le grand Bouddha à l’occasion du nouvel an.

Une autre élégante petite chapelle abrite un bouddha couché (exposé à Paris lors de l’exposition coloniale de 1931). Cette chapelle rouge est ornée de mosaïques en verre d’inspiration japonaise et est décorée de pochoirs à la feuille d’or. Elle a été construite en 1957 pour les 2500 ans du Bouddha.

Au fond de l’enceinte de la pagode, la chapelle abrite le char funéraire du roi Sisavang Song. Il mesure 10 mètres de haut et est décoré de têtes de dragons. Il contient une des urnes funéraires du roi.

Pas rassasiés des temples, nous continuons avec le Vat Nong Sikhounmuang. Les nombreuses pagodes ou « Vat » ou « Wat » de Luang Prabang, sont parmi les temples bouddhistes les plus sophistiqués de l’Asie du Sud-est. Ils sont tous richement décorés de sculptures, gravures, peintures, dorures et pièces de mobilier.

Entre deux temples, je vous montre quelques belles maisons de l’époque française.

Mais entre ces belles maisons coloniales, de traditionnelles et plus populaires maisons n’ont pas encore été transformées en hôtel de luxe. Les habitants continuent à cuisiner dans la rue dont ce fameux riz gluant qui trempe et cuit à la vapeur des heures.

Et enfin, dernier temple, le Wat Xieng Muan date de la fin du 19ème siècle. L’architecture est tout aussi belle que les précédents avec ses fresques, ses portes et ses encadrement ciselés. Il abrite une école d’artisanat patronnée par l’UNESCO, afin d’assurer la transmission des techniques traditionnelles de sculpture, peinture, pochoirs…

Retour dans le parc du Palais Royal pour visiter le Temple du bouddha d’or. Ce dernier apporte la protection au Laos et est vénéré par la population locale. La statue pèse 50 kg et mesure 83 cm de hauteur. Mais il ne s’agirait que d’une copie, l’original serait gardé en lieu sécurisé.

Nouvelle petite pause pour se désaltérer cette fois au jus de fruits frais : mangue, passion, fruit du dragon, banane au tout autre fruit exotique au choix…

Nous croisons une nouvelle fois une famille de français Julie, Nicolas et Lucie qu’on espère vraiment revoir à notre retour en France. Bon retour demain et on pense fort à vous !

Nous observons la vie grouillante de la rue principale entre sortie d’école où les scooters sont chargés de 3 ou 4 passagers et autres remorques lourdement chargées pour l’installation du night market comme tous les soirs.

Alors que papi Jean-Claude s’installe tranquillement avec son petit Victor pour tailler dans du bois de teck une petite cuillère en bois, nous partons tous les 6 profiter d’un agréable massage aux huiles. Il fait déjà bien nuit quand nous revenons de notre massage mais la cuillère est terminée !

Puis de nouveau, les parfumées saveurs culinaires laotiennes nous régalent, le tout évidemment autour d’une Beer Lao.

Anaïs nous fait un petit spectacle de jonglage avant d’aller nous coucher.

Mercredi 30 octobre 2019 :

Dès 5h30, nous nous retrouvons pour aller assister au Tak Bat, l’aumône des moines. Elle est pratiquée depuis la nuit des temps et nous suivons ce rituel et ce spirituel moment. Les moines et novices passent dans les rues et récoltent auprès des donateurs (principalement des femmes) qui leur donnent une poignée de riz cuit, des petits gâteaux, des billets… Il est émouvant de suivre cette solennelle procession des moines vêtus de leurs robes orange safran et marchant pieds nus. Ils ont leur bol d’aumône traditionnel accroché en bandoulière et sortent à la queue leu leu des monastères en groupes de 10 à 20, du plus aîné au plus novice. Les moines font la quête matinale des offrandes car ils ont renoncé à tout ce qui définit notre société moderne capitaliste et en particulier à tous biens matériels (sauf peut-être au téléphone portable…). Ils ne vivent que de l’aumône à chaque lever de soleil et dépendent donc entièrement de la bonté et de la générosité des dévots pour se nourrir, se vêtir, ou se déplacer.

Aux premiers rayons du jour, les moines disparaissent.

Quant à nous, nous profitons de ce réveil matinal pour retourner sur le marché alimentaire qui grouille de locaux faisant leurs courses. Les odeurs de poissons et de viande alors qu’on n’a pas encore pris le petit déj’ sont un peu fortes ! On observe les stands vendant des chauve-souris, des oisillons, des écureuils, des vers…

Puis, pour cette (déjà) dernière journée tous ensemble, nous partons en tiny à une trentaine de kilomètres aux cascades de Tad Kouang Si. Un magnifique endroit de piscines naturelles au pied de plusieurs chutes. L’eau est turquoise et à cette heure encore matinale, les touristes ne sont pas encore arrivés. C’est magique.

La végétation est incroyable. Les arbres comme ces Ton Kai ou ficus géants de plusieurs dizaines de mètres sont impressionnants.

Ces roches calcaires contiennent des taux élevés de carbonate de calcium donnant cette couleur turquoise.

Nous escaladons le dénivelé de 100 mètres pour accéder 3 km plus loin à la source de la rivière et à une grande grotte où se cachent quelques statuettes de bouddhas.

En chemin, des milliers de papillons volent autour de nous. C’est magique. Ils sont de toutes les couleurs, de toutes les formes. Les libellules sont toutes aussi belles.

Les reptiles aussi !

Nous arrivons auprès d’une magnifique piscine naturelle. L’eau est fraîche mais nous partageons un super instant à nager dans cette eau translucide.

Tu as raison Eric : « entre picoler, bouffer, barboter et faire la sieste, la vie est dure au Laos ! »

Retour de notre petite rando en repassant par les bassins en cascade. La lumière est plus belle que ce matin, sublimant encore plus le côté turquoise du lieu. Mais les chinois sont arrivés… Par chance, ils restent au bassin le plus près de leur mini bus et ne montent pas jusqu’à celui plus éloigné de 100 mètres… Nous nous mettons de nouveau à l’eau et nous faisons sucer les pieds par des petits poissons.

Soudain, j’aperçois un chinois équipé d’un téléobjectif un peu trop bien orienté vers notre petit groupe. Je me dirige derrière lui, l’observe et m’aperçois qu’il est en train de faire des très gros plans des parties intimes de nos femmes !! Je m’excite un peu fort contre lui en lui faisant effacer une à une toutes ces photos…

C’est bientôt la fin novembre et c’est le moment de réaliser notre défi mensuel, celui de notre amie Magali : « créer une œuvre de grande taille représentant les deux mouettes, emblème de la Charente Maritime ». C’est bien entendu l’occasion de mettre à contribution celles qui ont mis en place cette chouette idée de défi lors de notre fête de départ. Au boulot, Ella et Christelle ! Défi réalisé et validé par Magali. En plus, il y a même le joli ciel bleu de chez nous en arrière plan !

Retour sur Luang Prabang. Pour notre dernière soirée, après un happy hour au Lao Cocktail, c’est dans un petit resto que nous allons manger sur les bords du Mékong.

Jeudi 31 octobre 2019 :

Triste journée aujourd’hui pour nous 8, celle de la séparation. Séparation avec notre famille qui s’envole déjà vers la France. Séparation également avec les moines du temple Wat Aram qui nous ont si gentiment hébergés pendant une dizaine de nuits en plein cœur de Luang Prabang. Ils nous ont fourni eau, électricité, et ont souvent partagé leur nourriture…

En remerciement, c’est à notre tour de leur faire des offrandes. Victor leur a préparé des pancakes et nous leur remplissons de fruits tropicaux une petite corbeille en osier que nous avaient offerte Fatima, Khadija, et Halima au Maroc l’an dernier. Nous ne pensions pas que cela allait donner suite à une cérémonie. Mais Phong que nous avons réveillé de sa sieste, se vêtit de sa longue tenue safran, nous fait monter à l’étage, nous étale un tapis au sol pour que nous nous agenouillons. Il nous invite alors à déposer les offrandes sur une petite table et nous récite une prière. L’instant est solennel et émouvant.

Nous allons prendre un dernier verre à la terrasse de l’Utopia. Le jus de fruit frais est l’un des meilleurs de Luang Prabang, la vue sur la Nam Khan est superbe mais la gorge est serrée et l’émotion de devoir nous séparer est trop forte. D’autant plus qu’on est en bout de piste de l’aéroport et que nous sommes survolés par les avions nous rappelant à chaque passage que l’heure du départ approche trop vite.

Nous prenons la direction de l’aéroport. C’est en pleurs que nous nous serrons dans les bras. Y’en a qui ont déjà remis leurs jeans en prévision des 5°C à Paris !

MERCI papa, Christelle, Laurent et Ella de nous avoir rejoints si loin. MERCI infiniment pour tous ces intenses moments partagés en votre compagnie. Nous sommes tellement heureux de vous avoir revus et d’avoir partagé un petit bout de notre aventure avec vous. Bon retour à vous. Il va être long. Plus de 36 heures au mieux avant d’arriver chez vous ! 4 avions avec escales à Vientiane, Bangkok et Francfort.

La porte de la Tiny est grande ouverte pour vous retrouver le plus vite possible on espère ! Ella, on se retrouve dans quelques mois au Népal… Papa, y’a des vols pas chers pour New Delhi ou Amman, mais repose-toi d’abord de ce long voyage… Christelle et Laurent, on passe Noël l’an prochain ensemble en Éthiopie ?

Qu’il est dur de voir s’envoler les gens qu’on aime. La Tiny est bien vide, bien trop légère quand nous reprenons la route. Personne ne parle. La gorge est serrée. Mais dès la sortie de l’aéroport, c’est de nouveau bien chargés que nous roulons. Nous embarquons trois jeunes auto-stoppeuses francophones, Florence, Leila et Fanny, une belge et deux suisses voyageant en backpack à travers l’Asie. Cette rencontre ne pouvait pas mieux tomber. Leila a beaucoup voyagé avec ses parents et a même fait un tour du monde à l’âge de Victor. Cela lui rappelle donc de bons souvenirs. Une fois leurs études terminées, elles sont toutes parties avec leurs sac à dos. Espérons que nos enfants partiront également à leur tour découvrir le monde à l’âge adulte. Anaïs et Victor bricolent durant 3 heures avec les 3 filles à l’arrière. De l’avant, on entend des fous rires. Tant mieux, cela aide à passer le coup de blues du départ de la famille. Ateliers d’origamis, de macramé, de bracelets…

Nous roulons le plus vite possible, c’est-à-dire à 40 km/h de moyenne, dès fois 30 km/h. L’asphalte est dans un état moyen à correct mais c’est surtout les virages, les montées et descentes qui nous ralentissent. Nous connaissons cette route que nous avions empruntée en sens inverse. C’est en haut d’un col que nous posons notre bivouac du soir sur un petit parking qu’on avait repéré à l’aller. La vue et le coucher de soleil sont superbes ! L’occasion de boire une bière mais surtout de taper dans le saucisson que nous a ramené la famille ! du bonheur… Allez, on ouvre aussi les rillettes. Et puis, pour ne pas nous attrister encore plus d’être seuls ce soir, on prépare la fondue ! Merci pour toutes ces spécialités la famille. On se régale !

Vendredi 1er novembre 2019 :

Les vacances sont terminées pour nous aussi. L’école reprend ce matin, comme à notre habitude. L’écriture et la mise en ligne du blog également.

Une chinoise surexcitée de nous voir, sans demander, monte dans la Tiny et se met à nous parler en continu en chinois. On n’y comprend rien mais elle semble très heureuse. Elle nous parle de Chengdu, la ville des pandas en Chine où on croit comprendre qu’elle nous a vus là-bas. On lui montre une peluche panda achetée par Victor. Elle est encore plus excitée. Elle offre à Audrey un pendentif. Pause photos. Elle repart aussi rapidement qu’elle a surgi.

Une autre femme, assez désœuvrée, passe un long moment à nous observer. Elle nous offre de grands sourires, nous lui offrons un peu de nourriture et des bouteilles de verre vides consignées qu’elle pourra se faire reprendre.

Pendant notre déjeuner, nous suivons l’atterrissage du 3ème avion de notre famille. Déjà 24 heures qu’ils sont partis et leur gros porteur A380 vient juste de se poser à Francfort. Courage, il ne reste plus que quelques heures d’attente, une heure d’avion sans compter sur la jolie galère qui vous attend dans les transports parisiens en grève…

Nous descendons du col, traversons Oudomxay et cette fois prenons une route que nous ne connaissons pas. Tout droit, nous irions vers la Chine. A droite, nous bifurquons vers le Vietnam. Nous en avons fini avec les dépassements et les croisements assez dangereux avec les camions chinois. Nous suivons sur des dizaines de kilomètres la route 2E qui serpente le long de la Nam Phak. Les petits villages se succèdent. Ils n’ont quasiment plus de maisons en dur mais simplement en bambous ou en bois. On retrouve des greniers à l’entrée et à la sortie des villages. La végétation est tellement dense et le relief tellement accidenté que les enfants de ces villages n’ont pas d’autres terrains de jeux que les bas-côtés de la route, voire la route elle-même.

En fin d’après-midi, après 150 km parcourus aujourd’hui en 5 heures de route, je m’arrête de conduire bien fatigué dans la petite ville de Muang Khua. C’est la dernière ville avant le Vietnam. Gros trafic de marchandises et important passage de minibus faisant le transport de passagers entre les deux pays. On n’est plus très loin. D’ailleurs, le petit resto devant lequel on s’est arrêté bivouaquer n’a même pas de Beer Lao mais déjà de la bière vietnamienne.

Samedi 2 novembre 2019 :

Nous marchons un peu dans le village et empruntons la longue passerelle suspendue au-dessus de la Nam Phak qui se jette à une centaine de mètres dans la Nam Ou.

Plus qu’une trentaine de kilomètres en début d’après-midi avant le poste douanier de Pang Hoc marquant la frontière avec le Vietnam où nous arrivons après une magnifique montée de col jusqu’à 1200 mètres d’altitude.

Nous nous installons devant les douaniers pour y passer la nuit car nous n’avons rendez-vous que demain matin avec notre guide. Mais ça, ce sera pour le prochain article ! Dernière journée donc au Laos. Nous y entrerons de nouveau par le sud le 30 novembre après un mois passé au Vietnam.

Voilà, j’en ai fini avec ce long article. Déjà le 50ème de notre belle aventure à travers déjà 3 continents… et 17 pays… Merci à tous pour vos petits messages d’encouragements. N’hésitez pas à nous envoyer quelques mots via le formulaire de contact ci-dessous. Famille, compagnons de route, amis, anciens collègues, anciens ou futurs voyageurs, anonymes… cela nous fait trop plaisir de recevoir de vos nouvelles et de savoir pourquoi vous êtes toujours si nombreux à nous suivre !