249 km parcourus du 8 au 12 novembre 2019
42 455 km parcourus depuis le départ
Vendredi 8 novembre 2019 :
Nous sommes toujours au Vietnam et avons bivouaqué hier soir dans la ville de Nghia Lo. Pour répondre à ceux qui se sont inquiétés de notre long moment passé avec la police cette nuit, cela s’est tout de même bien terminé. Ils ne sont plus revenus après le dernier épisode. Nous prenons la route comme souvent vers 11 heures après les 2h30 à 3 heures quotidiennes d’école. Nous continuons à rouler à travers la région de Muong Lo qui est le deuxième grenier à riz du nord-ouest et la capitale des Thaï. Ici, depuis 700 ans, cette ethnie minoritaire cultive du riz inondé et construit des maisons traditionnelles en bois de fer (bois d’iroko) et en bambou. Puis, les cultures alternent avec les terrasses de théiers. C’est magnifique.
Les villages sont spécialisés par activités, celui-ci taille d’énormes pierres décoratives, un autre découpe de fines feuilles d’arbre comme avec un couteau économe. J’imagine que c’est pour en faire des planches de contre-plaqué par la suite.
Nous sentons que nous approchons de la capitale. La circulation automobile est un peu plus importante que dans les montagnes. L’état des routes est un peu meilleur aussi, bien qu’il soit relativement correct au nord-ouest du pays, bien meilleur qu’au Laos, mais certainement bien moins bon qu’au Cambodge. Les scooters croisés sont toujours un peu trop chargés de passagers ou de marchandises… plus ou moins encombrantes, plus ou moins fragiles… Les pilotes ont un sacré sens de l’équilibre !
Nous patientons un moment pour laisser passer une procession funèbre. Nous voyons peu de cimetières mais plus de tombes posées sur des terrains privés ou en plein milieu de rizières.
Nous arrivons dans le secteur de Duong Lam composé de plusieurs hameaux et reconnu par le gouvernement comme vestige culturel national. L’entrée dans celui de Mông Phu se fait par une porte du 17ème siècle construite en latérite (la latérite est une roche rouge ou brune, très riche en oxyde de fer et alumine, qui se forme par altération des roches sous les climats tropicaux).
La pagode Miá date de la même période et abrite une haute tour ajourée et trois longues pagodes. A l’intérieur d’elles, environ 300 statues de mandarins chinois, de bouddhas et de moines. Les charpentes et les piliers de bois décorés de chapiteaux finement sculptés sont superbes. Un moine récite des prières en tapant sur une cloche à bois avec un rythme régulier digne d’un métronome. A la différence du Laos où on voyait des moines vêtus de leurs vêtements de couleur safran à tous les coins de rues et dans tous les moindres villages, on n’en voit quasiment pas du tout au Vietnam. Au maximum, un ou deux dans les pagodes.
Un peu plus loin, c’est le tout petit temple Bá Chúa Mía.
Les ruelles pavées du village sont bordées de hauts murs en latérite, cachant des maisons vieilles de 400 ans. Les toitures recourbées se composent de tuiles disposées en écailles de poissons. Nous visitons d’ailleurs quelques maisons traditionnelles dont les différentes parties de l’habitation sont réparties autour d’une grande cour. Chaque famille a traditionnellement un autel des ancêtres, lieu le plus beau et le plus solennel de la pièce centrale de la maison. Les tablettes ancestrales, les généalogies, les portraits des défunts sont disposés autour d’offrandes, de lampes et de brûle-encens. La mort ne détruit que le corps, tandis que les âmes survivent ayant la capacité d’intervenir dans l’existence des vivants. Le défunt maintient ainsi des relations avec sa famille. Pour les fêtes anniversaires du mort, au nouvel an, et pour les évènements heureux ou malheureux, on rend un culte au défunt, ce qui renforce les liens familiaux.
La maison communale, centre de la vie sociale, a également une toiture magnifique ornée de dragons.
Nous marchons et faisons le plein de sourires de la part de la population.
Samedi 9 novembre 2019 :
Nous commençons la journée en faisant réparer une nouvelle crevaison à l’arrière gauche. Nous allons bientôt égaler le record de nos amis bretons, Alex et JB, en Amérique du Sud !
2€ et 20 minutes plus tard, nous reprenons la route pour environ 10 km et arrivons à la pagode de Tây Phuong. Elle est perchée sur une colline à laquelle on accède par un escalier de 300 marches en latérite. C’est un ensemble de 3 salles de culte construites au 8ème siècle.
Les toits et charpentes des constructions sont remarquables.
A l’intérieur, de nombreuses statues de bois, parfois peintes ou teintées reçoivent de nombreuses offrandes, beaucoup de gâteaux secs, de bouteilles d’eau ou même des cannettes de bière.
Puis, nous continuons notre cavale vers le village de Chùa Thây. Un charmant petit lac se loge au pied d’un piton rocheux en plein milieu de la ville. Un antique théâtre de marionnettes se trouve les pieds dans l’eau. Le spectacle de marionnettes sur l’eau existe depuis plus de 1000 ans. Façonnées en bois léger comme le ficus, les marionnettes sont peintes. Les artistes sont dissimulés dans ces théâtres traditionnels sur l’eau, appelés Thuy dinh. Debout dans l’eau, ils manipulent les marionnettes avec un ensemble de perches et de cordes. Les scènes sont accompagnées de musiques, de chants, de pétards et de fusées.
On accède à un petit pagodon par un pont couvert. De magnifiques bonzaïs décorent le site. Cet ensemble très mignon a servi de lieu de tournage au film Indochine.
Nous visitons la Pagode du maître au pied de la colline. Elle a été fondée au 12ème siècle et est dédiée à un moine créateur de marionnettes sur l’eau. L’intérieur est très richement décoré : autel en bronze, statues, phénix en bois sculpté, trône du roi et le tombeau du moine dont le corps est exhumé chaque année.
Nous grimpons en haut de la colline où de nouvelles pagodes sont cachées parmi les rochers et la végétation. Une grotte abrite des statues en bois de jaquier peintes de la couleur du cuivre.
Retour à la Tiny. Nous prévoyons de dormir sur le parking près du lac mais un homme pas très équilibré et agressif, visiblement alcoolisé, voulant me faire payer la place de parking 5 fois plus cher que le prix du ticket d’entrée de la pagode, nous fait quitter les lieux précipitamment alors qu’une marchande de fruits le retient au moment où il s’approche de sa machette !
La nuit tombe mais nous roulons vers la capitale Hanoï. On sait que la circulation y est compliquée mais nous n’avons pas trop d’autres bivouacs disponibles que celui répertorié dans notre appli de voyageurs iOverlander. Effectivement, la circulation se densifie à l’approche de cette agglomération de 10 millions d’habitants et peut être autant de scooters et de vélos ! Des milliers de deux-roues nous entourent mais malgré des ralentissements, nous parvenons à arriver à notre bivouac situé sur un terrain vague, près d’un immense lac avec une magnifique vue sur la ville éclairée.
Le lac de l’ouest est l’un des plus grands du Vietnam avec près de 5 km². C’est l’ancien lit du fleuve rouge. Le gouvernement a déposé un dossier auprès de l’UNESCO pour l’inscrire au patrimoine mondial. Mais avant tout, je pense qu’il devrait nettoyer ses berges des tonnes de déchets qui le jonchent, en particulier sur le parking où nous bivouaquons.
Bon, nous ne sommes pas les seuls à vouloir profiter de ce cadre (une fois abstraction faite des déchets) et de nombreux couples se prélassent (très) langoureusement une fois la nuit tombée, sur leurs scooters et dans leurs voitures où les sièges ont pris la position couchette, balançant par terre les préservatifs usagers. Surprenant. Effectivement, dans notre guide, nous lisons « c’est l’un des lieux de promenade romantique favori des Hanoïens. Les innombrables bancs publics qui le bordent sont insuffisants pour accueillir le roucoulement d’une population comptant 50% de jeunes de moins de 25 ans » … Nous confirmons !
Nous tirons nos rideaux et dégustons un superbe plat de lasagnes à la poêle préparé par ma douce …
Dimanche 10 novembre 2019 :
6 heures du mat’. Ça tambourine à la porte. C’est le gardien qui me demande de changer de place. On verra ça plus tard après avoir terminé ma nuit.
Je n’arrive plus à terminer ma nuit.
Nous reprenons le camion à la mi-journée pour parcourir les 11 km nous séparant du Musée d’ethnographie du Vietnam. Je me fais à la circulation. En fait, il faut faire comme eux. Forcer le passage. J’ai l’avantage d’avoir un gros volume et d’impressionner un peu face à ces milliers de deux-roues. Mais c’est bien la première fois où nous circulons dans une ville avec une telle concentration de scooters et de motos.
C’est donc un passionnant musée que nous visitons cet après-midi, durant plus de trois heures. Et encore, il en faudrait le double pour tout visiter. Fruit d’une coopération franco-vietnamienne, il a été inauguré par le président Chirac en 1997.
Le Vietnam dont la population ne va pas tarder à atteindre les 100 millions d’habitants (alors que le pays ne fait que 60% de la superficie de la France) compte 54 ethnies différentes dont les Viet (Kinh) sont les majoritaires (86% de la population). Chacun de ces peuples est constitué de divers groupes locaux. Chaque ethnie possède ses spécificités tout en partageant des points communs avec les autres. Cette culture constituée de traditions, de rencontres et d’influences mutuelles, nationales et régionales (essentiellement avec la Chine et l’Asie du Sud-Est), s’occidentalise et entre dans la mondialisation.
Ce musée expose très bien toutes ces différences entre les nombreuses ethnies. Les 5 grandes familles de Vietnamiens sont les Austroasiatiques (25 peuples au Vietnam), les Austronésiens (5 peuples), les Taï-Kadaï (8 peuples), les Miao-Yao (3 peuples dont les Hmong) et les Sino-Tibétains (3 peuples Han et 6 tibéto-birmans). Voici une carte du nord du Vietnam que nous avons traversé depuis Diên Biên Phu à l’ouest en direction du nord avant de redescendre vers Hanoï. On y voit la multitude des différentes ethnies que nous avons pu rencontrer, d’où toutes les différentes tenues traditionnelles et les différents habitats. Nous avons surtout vu des Hmong Yao, des Taï, des Viet et des Muong.
Les plus petits groupes ethniques du pays ne comptent que quelques centaines de ressortissants. Les Ro Mam de la province de Kon Tum ne sont que 520 habitants. Les Brau de la même région ne sont que 322 au dernier recensement. Quant aux Odu de la province de Nghé An, ils sont à peine 380.
Le village est l’organisation sociale de base mais sa structure, le style des maisons, les traditions familiales, sociales, religieuses sont variées. L’animisme (la croyance aux âmes et aux esprits) est toujours vivant chez la majorité où il constitue la base des activités rituelles. Chaque village possède sa maison communale, une pagode bouddhiste et plusieurs temples dédiés aux héros historiques et légendaires. La ville est devenue le centre des activités politiques, économiques et culturelles. Chacune des régions a son propre marché. Sur les hauts plateaux du Vietnam, il n’y en avait pas, le troc dans les villages étant la règle jusqu’au milieu du 20ème siècle. Dans le delta du Mékong, les marchés flottants jouent un rôle important. Outre les produits régionaux on vient au marché aussi pour faire réparer des outils, se faire tailler des vêtements, se couper les cheveux, se faire soigner, consulter un astrologue, écouter les chants d’aveugles, regarder les combats de coqs…
Quelques 2500 pièces et objets usuels de ces peuples sont exposés. Différentes sections (textile, vie quotidienne et sociale, religion…) nous permettent de mieux comprendre les différences régionales de ces 53 ethnies minoritaires réparties entre plaines, hauts plateaux et montagnes. Cela met en avant la vie des populations qui repose traditionnellement sur la riziculture aquatique et la culture sur brûlis, avec en complément l’élevage familial, la cueillette, la chasse et la pêche, ainsi que divers artisanats (vannerie, forge, poterie, menuiserie…) et enfin le commerce.
Parmi les belles pièces du musée, il y a entre autres la bicyclette de M. Pham Ngoc Uy habitant la commune de Thu Sy, chargée de plus de 800 nasses et accessoires. Il l’a utilisée pendant plus de 25 ans pour les vendre dans le delta du fleuve rouge.
Le mât du sacrifice du buffle est au centre des cérémonies en l’honneur des divinités dans l’ethnie des Co. Il représente le lien entre les divinités et les humains. On attache le buffle à ce mât de bambou, de fibres d’écorces tressées et de bois. Celui-ci mesure 13 mètres de hauteur. Le sacrifice du buffle est la cérémonie la plus importante de l’ethnie de Bahnar. Le buffle est l’animal offert aux divinités. Les cérémonies familiales sont liées aux récoltes, à la santé des enfants ou à la recherche du bonheur, tandis que celles du village tout entier sont organisées tous les 3 ou 4 ans lors de l’installation d’une nouvelle maison commune ou d’une victoire. Le mât avec ses ornements est toujours le centre de la fête qui dure deux jours. Après les rites, le buffle est tué à la lance. La viande offerte aux divinités est aussi destinée à tous les participants. Cette cérémonie collective rassemble divers aspects de la culture traditionnelle, des croyances, des coutumes gastronomiques. L’art du décor, la danse, la musique au son des gongs sont mis en avant.
Il y a aussi les chapeaux coniques de la commune de Chuong et très réputés dans la région du Fleuve Rouge et à Hanoï. Ils sont fabriqués à partir de spathes de bambous, de feuilles de lataniers, de cercles en bambous et de filaments de fougère.
Une vitrine expose des outils de chasse et de pêche de l’ethnie des Chut. Les hommes chassent tandis que les femmes cueillent. L’arme principale est l’arbalète dont les flèches en bambous sont empoisonnées. La cueillette des produits de la forêt apporte des farines de racines et d’écorces d’arbre. Un piège à tourterelles des Huong est également exposé.
Des gongs de l’ethnie Muong sont eux aussi présentés. Ce sont des idiophones en bronze ou en cuivre et ils accompagnent les chants annonçant le nouvel an, les mariages ou les funérailles.
Chez les Yao Rouge de la province de Yen Bai, nous apprenons que la cérémonie d’initiation est obligatoire pour tous les jeunes gens, ce qui symbolise leur passage vers l’âge adulte. Elle leur apporte un certificat rituel qui est aussi le passeport de l’âme pour le royaume des morts. Avant cette cérémonie, le jeune homme doit apprendre les idéogrammes chinois servant à écrire la langue Yao. Il doit connaître certains rites et suivre les règles de pureté. La cérémonie dure trois jours durant lesquels un certain nombre de rites sont faits au jeune initié, le tout entre un mélange de taoïsme, de bouddhisme et de croyances populaires Yao.
Beaucoup de tenues traditionnelles sont exposées comme nous avons beaucoup pu en voir le long de notre parcours dans les petits villages.
Une large partie du musée est consacrée à l’habitat traditionnel des différentes ethnies du Vietnam. Construites en matériaux végétaux, elles sont le plus généralement sur pilotis mais quelques groupes bâtissent leurs maisons à même le sol. Elles abritent de nombreux couples et de nombreux enfants. La structure de la maison repose sur un ensemble de piliers et de poutres liés par des cordes et des chevilles. Les toits ont deux ou quatre pans selon les régions. Les murs sont en écorce d’arbre, en paille ou en bambou tressé. Certains sont recouverts de torchis. Le plancher est en lattes de bambous écrasés.
Les maisons des Taï noirs du nord-ouest du pays avaient auparavant le toit surmonté de décors appelés Khau Cut. Ils sont faits de deux pièces de bambous ou de bois croisées et blanchies à la chaux. Ils montraient le statut social du propriétaire. Les fleurs de lotus étaient réservées à l’aristocratie alors que d’autres modèles plus simples traduisaient la pauvreté des familles et des veuves. De même les fenêtres exprimaient le statut social de la famille. Les plus pauvres utilisaient le bambou à la place du bois réservé aux plus riches. Les décors représentaient des têtes de buffle, des fleurs, des courges, des cocons…
Autour du musée ont été reconstituées différentes maisons typiques des différentes ethnies.
La maison des Cham est un ensemble de plusieurs édifices : la maison des chefs de famille construite de bois précieux et décorée de motifs gravés ou sculptés, la maison adjacente (du couple de la fille aînée) et la cuisine.
La maison des Êde s’allonge sur 42,50 mètres et est large de 6 mètres (pas loin des dimensions de notre maison pour ceux qui la connaissent !) et est montée sur pilotis de 1 mètre. Ce modèle est original et a une cinquantaine d’années. Cette maison d’une famille puissante a été démontée dans le village de Ky dans les hauts plateaux du centre pour être remontée au musée. Les visiteurs entrent par la façade nord alors que la famille entre par le sud.
Toutes les générations vivaient harmonieusement sous le même toit. Plus la famille était nombreuse, plus la maison était longue, parfois jusqu’à 200 mètres. Jusque dans les années 1920, les maisons mesuraient jusqu’à 60 mètres. Mais elles se sont depuis fractionnées car les grandes familles se séparent pour habiter par couple. Traditionnellement, elle abrite les nombreuses familles des filles de deux ou trois générations de la lignée maternelle. Tout le monde travaille sur des propriétés communes surveillées par la grand-mère ou sa fille aînée.
Les piliers et poutres de la maison taillés dans de gros troncs d’arbres sont soigneusement façonnés et ornés de motifs sculptés et gravés par souci esthétique mais aussi pour montrer la puissance socio-économique de la famille. On trouve sur ces piliers de motifs géométriques, des feuilles de palmiers, des fruits, des fleurs et des seins en forme de cornes.
La salle de réception occupe la moitié de la maison. Elle est décorée de meubles massifs, de longs bancs façonnés chacun dans un madrier unique. Les tambours, gongs et grandes marmites de cuivre montrent également le statut de la famille. Dans cet espace, on accueille les invités et se déroulent les importantes réceptions, les réunions et rites familiaux. Les jeunes hommes célibataires, les veufs et les divorcés dorment dans cette pièce. Dans cette maison vivaient 16 personnes, chaque couple dormant avec ses enfants dans une chambre. Chacun avait sa cuisine installée dans le couloir commun. La partie privée appelée Ok est séparée de la salle de réception par une cloison. Elle est réservée aux chambres, à la cuisine.
La maison la plus impressionnante est la maison commune des Bahnar avec son toit pointu qui s’élève à 19 mètres. Impressionnante, elle devait représenter la puissance de la communauté. La maison commune est la construction surplombant le village. Elle sert à la réception des invités, aux assemblées de la communauté, aux rites mais aussi de dortoirs aux jeunes célibataires.
La maison des Yao Ho est construite moitié au sol, moitié sur pilotis pour s’adapter au relief. C’est également un modèle original construit sur 12 piliers principaux vieux de 70 ans. Ces troncs en bois très résistants étaient des biens familiaux transmissibles entre générations pour de nouvelles constructions mais ont été cédés au musée. Cette maison a comme les autres une terrasse servant au séchage du linge, au bain, à la préparation de l’indigo et à la teinture des textiles. Le grenier à côté sert à la conservation du riz, du maïs, des haricots. La partie sur pilotis reçoit les invités importants. De l’autre côté, c’est la chambre de la jeune mariée. Les habitants partagent le plancher pour dormir. Sur la partie en terre battue se trouve l’autel, lieu sacré. Le foyer au milieu sert aux repas quotidiens et à se réchauffer l’hiver. Le foyer extérieur sert à la distillation de l’alcool.
La maison des Hmong est celle que nous avons le plus rencontrée dans le nord-ouest du Vietnam. Ce modèle original a été reconstruit ici est en bois de Siam (conifère). Le toit du même bois est recouvert de 600 bardeaux de 1,20 de long sur 30 à 40 cm de large. Certains bardeaux étaient déplacés pour donner de la lumière aux femmes qui tissent à l’intérieur. Les familles Hmong vénèrent 3 générations d’ancêtres et leur adressent un culte une fois par an pour le nouvel an Hmong.
La maison des Hani du village de Lao Chai a des murs épais de 45 cm et hauts de 4 mètres. Ils sont en bloc d’argile (150 mètres cubes) mélangés à des pierres. L’édification des murs se fait grâce à des moules en bois et des pilons pour tasser la terre. Le toit est épais de 45 cm et a nécessité 10 tonnes d’herbes. Un bâtiment à côté sert d’étable et d’écurie. Deux chambres à coucher se trouvent de part et d’autres de la pièce commune et en sont séparées par des murs en planches. Les hommes âgés, les oncles, les frères aînés et les étrangers à la famille ne sont pas autorisés à entrer dans les chambres.
Enfin la maison des Taï du village de Thâm Rôc a été remontée au musée selon la technique traditionnelle. Les bois et bambous frais sont laissés dans une eau boueuse de trois à six mois, ce qui les rend plus résistants aux insectes. Cette maison est recouverte de 6000 feuilles de palmiers. Son plancher de 100 m² est construit sur pilotis à 1,80 mètre du sol. Les parois de la maison et les volets en vannerie à motifs sont tressés de lamelles de bambous naturels et de lamelles teintes en noir avec un mélange de suie et de jus d’igname sauvage. L’espace entre les pilotis est pour les animaux. On y range aussi le bois de chauffe, les outils, le moulin et le mortier pour décortiquer le riz. Les enfants y jouent et les personnes âgées s’y reposent.
Une impressionnante pirogue khmer du delta du Mékong est exposée. Elle mesure plus de 25 mètres de long et était actionnée par 52 rameurs lors des courses de pirogue, une activité communautaire organisée chaque année à l’occasion de la fête de la lune.
Des pilons hydrauliques comme nous en avons vus dans les rizières et petits villages des montagnes du nord, étaient utilisés pour décortiquer le riz. Installés au bord des rivières, ils fonctionnent grâce au courant de l’eau. Le matin avant d’aller aux champs, les femmes remplissent un mortier de 7 kg de riz. En fin d’après-midi, elles reviennent chercher le riz blanc qui a été pilonné toute la journée.
Le tombeau des Joraï du village de Mrong Ngo pouvait accueillir jusqu’à 30 morts. Les sculptures taillées dans des troncs d’arbre ont des connotations sexuelles assez significatives célébrant le cycle de la vie. Sur le faîtage, une frise décorative montre les rites d’édification du tombeau marquant la fin du deuil. A l’intérieur, sont placés les objets nécessaires aux défunts dans l’autre monde (ustensiles de cuisines, outils).
Le tombeau des Cotu du village d’Alieng est un tombeau de familles riches et réputées. Il a été construit lors des secondes funérailles. On exhume la momie pour la déposer définitivement dans le nouveau cercueil soigneusement sculpté. Les têtes de buffle sculptées symbolisent le sacrifice de l’animal durant les rites funéraires.
Après cette passionnante visite, retour sur notre bivouac en empruntant toujours les routes bien chargées de deux-roues. Joli coucher de soleil malheureusement voilé par ce terrible nuage de pollution. La ville de Hanoï est extrêmement polluée. Après avoir fait quelques tours de vélo avec Tibo et Ilan des Hakuna Matata, Victor se plaint comme à Pékin de gêne respiratoire. A titre de comparaison, parmi les villes les plus polluées qu’on ait visitées, l’indice de la qualité de l’air (particules fines P2,5) est de 50 (« bon » pour la santé) à Paris, il est de 80 à Oulan Bator, il est de 100 à Lima, il est de 150 à Pékin ou à Téhéran, et il est de 328 (« dangereux » pour la santé) à Hanoï à l’heure où j’écris ces lignes. Cela se caractérise par une chape de plomb grisâtre et prenant cette couleur rose le soir. Terrifiant.
Lundi 11 novembre 2019 :
0h53, ça frappe à la porte. 0h55, ça tambourine à la porte. J’ouvre la fenêtre en gueulant. C’est un policier en uniforme :
- Where do you come from ?
- I’m sleeping
- Where do you come from ?
- France, but now it is the night and I’m sleeping
- What is your job ?
- No job
Je referme la fenêtre au nez du policier persuadé qu’il reviendra dans quelques instants. Il ne revient pas.
Le reste de la nuit est très bruyant, comme assez souvent au Vietnam. Les gens viennent se garer juste à côté de la Tiny, mettre la musique, uriner, parler fort, frapper sur le bardage deux ou trois fois pour voir en quel matériau elle est construite… Encore plus que dans d’autres pays, nous sentons que notre présence est exceptionnelle. Les vietnamiens n’ont pas l’habitude de voir des véhicules étrangers, dont la circulation est interdite sans guide et sans permis de conduire local.
Nous partons pour la journée complète visiter la capitale mais cette fois, nous nous y rendons en taxi. Non pas avec UBER comme souvent dans les grandes villes mais avec GRAB, le concurrent vietnamien. Trop pratique. Pas besoin d’héler désespérément un taxi. La course se commande sur notre application de notre smartphone. Le montant est fixé avant la course. Et le taxi privé arrive en 3 minutes nous chercher. 20 bonnes minutes de taxi pour à peine 3€. Un peu moins cher qu’à Paris ! Il nous dépose en plein cœur de la ville d’Hanoï près du lac Hoàn Kiếm que nous repasserons voir cet après-midi.
Nous partons nous perdre dans le vieux quartier des 36 corporations, un quartier de marchands, de vendeurs ambulants, de boutiquiers et d’artisans dessinant un triangle au nord de ce lac. C’est le plus vieux quartier de Hanoï et il a été constitué à partir du 15ème siècle. Chaque rue accueillait une spécialité professionnelle, représentant un seul métier ou corporation, souvent celle d’un village entier des environs de Hanoï. Certaines rues continuent à distribuer spécifiquement tel ou tel produit alors que d’autres se sont ouvertes à divers artisanats. D’abord car certains métiers disparaissent sous le coup du modernisme mais surtout sous l’effet de l’ouverture économique. Il y a la rue de la soie, des changeurs, des poissons grillés, de la chaussure, de la mercerie, du carton, des balances, du sucre, des instruments de musique, des objets votifs, des vermicelles, du chanvre, des échelles en bambous… Il s’étend sur 100 hectares à travers un maillage de 76 rue. 75 000 habitants y vivent.
Nous montons d’un étage dans un étroit immeuble pour savourer de bons sandwichs. Oui le mélange est curieux mais je commande un « pâté, jambon, viande, fromage ». Ça sent le manque ? oui et non, car notre frigo est encore plein de bonnes saveurs françaises que notre famille nous a ramenées au Laos et que nous économisons pour faire durer le plaisir. De temps en temps, une petite lamelle de saucisson ou de Beaufort de façon à pouvoir faire durer le plaisir jusqu’à la prochaine arrivée de nos amis Manuela et Dimitri aux vacances de Noël au Cambodge. Nous observons la vie trépidante de ce quartier avec un peu de hauteur.
Nous visitons la maison comnunale de la Joaillerie. Les vietnamiens qui venaient s’installer à Hanoï vers le 15ème siècle pour travailler dans l’artisanat restaient très attachés matériellement, mais surtout moralement à leurs villages d’origine. Ils amenèrent avec eux leurs croyances, notamment le culte des créateurs de métiers et construisirent en leur honneur des maisons communales.
On déambule parmi les milliers de deux-roues au cœur d’une trépidante activité humaine vivant dans un urbanisme fou !
Mais les vélos de vendeurs ambulants ne sont pas moins chargés !
Les fruits et légumes se vendent également par ces porteuses de panier en osier.
Autre lieu d’échange de marchandises, le marché Dông Xuân, construit par les français.
Petite pause parmi les locaux pour reprendre des forces dans un bistrot décoré d’antiquités.
Autre petite pause chez le coiffeur-barbier directement sur le trottoir.
L’architecture locale de Hanoï est intéressante. Les immeubles sont peu élevés, 2 à 3 étages en général, parfois 6 ou 7 au maximum. Mais les façades sont très étroites. Les maisons sont très profondes. On appelle ces immeubles les maisons-tube. On dirait des conteneurs empilés. Les propriétaires devaient payer des impôts proportionnels à la largeur de la façade côté rue. La règle imposait de ne pas dépasser les 3 mètres de largeur. Mais certaines font au maximum 2 mètres. En façade, on trouve souvent une boutique ou un atelier, prolongé de petites cours intérieures, de logements avec de longs couloirs (parfois plus de 100 mètres).
Comme souvent nous l’avons vu au Vietnam y compris dans les petits villages, les boutiques du rez-de-chaussée servent de pièce à vivre pour la famille. On plonge alors dans l’intimité familiale. Les scooters sont garés entre la télé et le salon…
Quelques jolis immeubles sortent du lot.
D’autres sont plus cachés derrière des amas de fils électriques.
Comme d’habitude, nous prenons plaisir à observer la vie des locaux.
Retour par le lac Hoàn Kiếm entouré de superbe végétation. Au milieu du lac, il y a l’îlot de la tortue avec un stûpa de forme carrée. C’est le dernier vestige d’une ancienne pagode de la ville.
Le Temple Montagne de Jade est un charmant petit temple auquel on accède par un petit pont en bois tout rouge. L’édifice date du 15ème siècle mais a été transformé jusqu’au 19ème siècle. A l’intérieur, des autels sont dédiés au Taoïsme et au Confucianisme.
Vous avez peut-être remarqué sur les photos (ou pour ceux qui sont déjà venus au Vietnam) que les mots en vietnamien (comme en chinois d’ailleurs) sont monosyllabiques.
Une violente douleur à mon pied nous fait rentrer en milieu d’après-midi au camion car je n’arrive plus à marcher. Ça ira mieux demain. Une nouvelle fois, le taxi GRAB nous ramène à notre bivouac pour un peu plus de deux euros.
En chemin, nous observons le long d’une grande rue traversant la ville du sud au nord la route en céramique. C’est une frise gigantesque de 4 km de long. Une artiste vietnamienne, admiratrice de Gaudí en est à l’origine. Elle représente des motifs liés à la mythologie et à l’histoire du pays. Cette œuvre est inscrite dans le livre Guiness des records.
Ce soir, le coucher de soleil est tout juste incroyable sur le lac de l’ouest. L’instant dure à peine quelques minutes mais le ciel et le lac s’embrasent.
Mardi 12 novembre 2019 :
Une nouvelle fois, nous nous disons que ce voile nuageux n’est peut-être que de la brume matinale mais non, il ne se lève pas. C’est bien de la pollution.
Le taxi nous laisse de bon matin dans l’ancien quartier colonial français, devant le Musée National d’Histoire que nous ne visitons pas. C’est juste pour voir ce joli bâtiment colonial de l’École française d’Extrême-Orient.
Un peu plus loin, l’Opéra dont les architectes français en 1901 se sont inspirés de l’Opéra Garnier de Paris pour réaliser les plans. Il prend place sur une large place entourée de luxueux hôtels et de boutiques de mode et de haute-couture.
Nous entrons, par curiosité et par envie de se laisser tenter, dans une épicerie française vendant quelques spécialités de chez nous. Mais à 28,15€ le kg de jambon blanc, 99,68€ le kg de vieille mimolette ou bien encore à 101,64€ le kg de Comté, nous n’étanchons que notre curiosité.
Nous arrivons devant l’Hôtel Sofitel-Métropole. L’un des plus beaux de Hanoï, construit également par les français en 1901. Il a vu défiler un nombre important de personnalités en tout genre. Lors des 12 jours de bombardements incessants de la capitale en 1972 par les bombardiers B52 américains, les clients de l’hôtel se réfugièrent dans l’abri antiatomique souterrain sous la piscine. Devant l’hôtel, deux vieilles Citroën Traction sont exposées dont un modèle rare équipé d’une boîte de vitesse automatique.
Juste en changeant de trottoir, l’ambiance change et nous retrouvons le charme du vieil Hanoï avec son ambiance populaire qu’on apprécie beaucoup. Les travailleurs habillés en costumes, en tailleurs ou en tenues de chantier et chaussés de talons aiguilles ou de chaussures de sécurité se mélangent et s’assoient sur des petits tabourets en plastique pour manger le midi ou pour boire un thé accompagné de pipas. Nous aimons cette mixité de population où les voitures de luxe se mélangent aux cartonniers ou autres récupérateurs d’emballages plastique ou aluminium pour en récupérer quelques sous.
Quelques œuvres de street art ornent des façades un peu défraîchies.
Nous découvrons de jolis immeubles de la période française. Certains se retrouvent entourés d’immeubles plus récents construits de verre et d’acier. Dans ce quartier, nous trouvons aussi des maisons-tube, très étroites. Mais le mélange est harmonieux. Bien que parfois, de criardes enseignes cachent à jamais une belle architecture.
La Cathédrale Saint Joseph, de style néogothique n’a pas de charme particulier. Elle a remplacé en 1886 l’une des plus vénérables pagodes de la ville.
Les catholiques forment la deuxième communauté religieuse du pays. Le Vietnam est le deuxième pays catholique d’Asie ( avec 7 à 8%) après les Philippines. On trouve d’ailleurs des magasins vendant des articles de Noël.
La circulation des deux-roues reste infernale et nous devons être vigilants pour nous déplacer. D’autant plus que les trottoirs sont largement occupés par le stationnement de ces scooters, nous obligeant à marcher sur la route.
Les réparateurs de deux-roues foisonnent également en ville, refaisant entièrement des moteurs sur le trottoir ou réparant en quelques instants une crevaison.
Un bon repas à 3€ par personne nous permet de reprendre des forces avant de continuer notre grosse journée de visite.
Mon pied va un peu mieux et j’arrive à mieux marcher. Nous déambulons toujours dans ce vieux quartier aux larges avenues plantées d’arbres. La capitale est d’ailleurs très verte et il y a beaucoup de parcs et de petits squares. Les autorités coloniales de l’époque voulaient recopier ici l’urbanisme du Paris Haussmannien. De grandes avenues furent tracées, entraînant la disparition de nombreux bâtiments.
Nous arrivons au Temple de la Littérature, bâti en 1070. C’est la seule pagode de l’époque à avoir été sauvegardée sans trop de modifications. Petite parenthèse d’ailleurs en ce qui concerne les pagodes. Au Vietnam, le temple n’est pas dédié à des divinités ou à des dieux, mais aux génies des villages, c’est-à-dire à des personnalités historiques qui se sont illustrées par leur dévouement au service du village. Par contre, la pagode est vouée à Bouddha et accueille des pratiquants et des moines y vivent.
Ce temple que nous visitons est gigantesque et prend place dans un rectangle de 70mx350m. Il fut consacré au culte de Confucius (541-479 av. J.-C.). Le Confucianisme est une doctrine, une philosophie morale basée sur la conduite de l’homme de bien : perfectionnement de soi, direction de la famille, respect de la hiérarchie sociale et familiale, équité du gouvernement, maintien de la paix, bonté naturelle de l’homme et sa capacité à se perfectionner… Cette doctrine a contribué pour une grande part à l’organisation de la société féodale en fondant ses principes, ses règles, les relations sociales et l’éthique de responsabilité envers la famille et la société.
Cinq cours et bâtiments se succèdent dans ce Temple de la Littérature. Ce fut la première université du pays où étaient enseignées la pensée et la morale confucéenne. Plus tard, au 15ème siècle, le collège accepta les meilleurs élèves des provinces et accueillait alors 300 élèves en internat. Nous franchissons des portiques monumentaux et de magnifiques portes pour passer d’une cour à l’autre et découvrons ainsi de jolis pavillons. Ces différents passages portent des noms littéraires : porte de l’accomplissement de la vertu, porte de la réalisation du talent, porte de la magnificence des Lettres, portique des bons résultats…
Le Pavillon de la Pléiade est un édifice carré avec des emblèmes du soleil. Les candidats y récitaient des poèmes.
Nous voyons des stèles reposant sur des tortues en pierre comme nous en avions vues en Chine. Elles sont gravées des noms des lauréats des concours mandarinaux qui se déroulèrent entre 1442 et 1779. Plus de 1300 docteurs. Ces concours permettaient de recruter les hauts-fonctionnaires.
Les cours et pavillons s’enchaînent parfois autour de bassins bien agréables.
Dans la 5ème cour, nous arrivons au Temple de la Littérature qui abritait le collège. Des statues des rois fondateurs sont présentées autour d’autels bien décorés.
Nous continuons notre visite de Hanoï par la Citadelle de Thang Long. Ce secteur central de la cité impériale est classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Edifiée au 11ème siècle par la dynastie Vietnamienne des Ly, elle a été construite sur les vestiges d’une citadelle chinoise remontant au 7ème siècle. Elle fut le lieu du pouvoir politique régional de manière continue pendant près de treize siècles. C’est d’ici que la vie politique se jouait entre 1010 et 1806, date à laquelle la capitale fut déplacée à Hué, avant de revenir à Hanoï en 1831.
La tour du Drapeau date de 1812 et mesure 60 mètres de haut. Les français rasèrent le reste des fortifications mais la conservèrent pour s’en servir de tour de guet.
La porte principale de l’ancienne Cité est l’un des rares vestiges encore debout de l’époque. Sur le reste de la grande esplanade verte, ce sont des bâtiments d’époque coloniale reconvertis aujourd’hui en musées. Les français ont pratiquement tout rasé des monuments anciens à la fin du 19ème siècle pour installer leurs casernes. Après leur départ en 1954, l’État-major vietnamien s’y installa.
En 1967, une maison et un bunker sont construits pour servir de quartier général à l’Armée populaire vietnamienne. Une partie accessible par un escalier abritait 9 mètres sous terre diverses salles à l’abri des bombardements. Les murs ont 60 cm d’épaisseur. Des portes blindées en acier de 12 cm d’épaisseur protégeaient le bunker souterrain contre les infiltrations d’eau et les gaz toxiques. Le lieu a servi jusqu’à la fin de la guerre en 1975. Nous visitons cet impressionnant endroit qui est depuis devenu un musée où sont exposés divers équipements utilisés à l’époque.
Une fois sortis de ce bunker, nous visitons les bureaux et salles de réunions, depuis peu ouvertes au public, d’où le Général Giáp commandait ses troupes durant la Guerre du Vietnam de 1968 à 1975.
Nous continuons (oui, la journée est longue !) en passant devant le Monument aux Martyrs, érigé pour honorer les Vietnamiens tombés pour l’indépendance de leur pays.
Puis, nous arrivons dans le quartier hautement sécurisé des Ministères, Palais présidentiel, Siège du gouvernement, ambassades.
L’impressionnant Mausolée de Hô Chí Minh trône sur une grande esplanade d’où fut proclamée l’indépendance du pays en 1945. Ce bâtiment massif construit en marbre et en granit est encadré par des soldats de la garde d’honneur. La dépouille mortelle du père fondateur du Vietnam repose dans un cercueil de cristal auquel nous ne pouvons avoir accès car tous les ans à cette période, le corps est traité par des embaumeurs.
La nuit commence à tomber. Le soleil se couche laissant place une nouvelle fois à ce nuage de pollution qui prend la couleur rose.
Nous terminons cette belle journée par la visite de la Pagode Trân Quôc située sur une petite presqu’île. C’est la plus ancienne pagode de la ville et l’une des plus célèbres du nord du Vietnam. Elle fût bâtie au 6ème siècle. Des tombes de bonzes en forme de petites tours encerclent une grande tour plus récente symbolisant les étapes de la vie de Bouddha. Sur le côté, une stèle en chinois de 1639 raconte l’histoire de la pagode.
Les jambes sont lourdes après peut-être une douzaine de kilomètres à pied aujourd’hui dans Hanoï. Retour à notre bivouac où nous partageons de nouveau un bon moment avec nos amis les Hakuna Matata autour d’une bière et d’un verre de vin rouge, alors que les enfants jouent aux Lego !