*Petite info pour ceux qui n’ont pas remarqué, la carte au début de chaque article de blog, vous permet en zoomant ou en dézoomant de voir l’itinéraire que nous avons parcouru la semaine passée*
520 km parcourus du 24 au 29 novembre 2019
44 335 km parcourus depuis le départ
Dimanche 24 novembre 2019 :
Notre séjour au Vietnam se poursuit depuis maintenant trois semaines. Notre cavale au volant de notre vaillante et fidèle Tiny reprend et nous fait quitter la région de Huế. Nous roulons plein sud mais au lieu de prendre l’axe principal 1A, nous préférons prendre la route côtière qui longe la Mer Méridionale de Chine. Une fois sortis de la ville, nous roulons en direction de l’estuaire de Thuận An où la Rivière des Parfums (Sông Hương), qui est en fait un fleuve, se jette dans la mer. La zone devient marécageuse et nous traversons via une étroite route-digue les ravissants paysages de Đầm Thanh Lam. Cet endroit nommé Tam Giang est la plus grande lagune d’Asie du Sud-est, avec 24 km de longueur et 52 km² de superficie. Les paysages sont superbes avec les carrelets, les filets tendus, les barques de pêcheurs…
La route est très étroite et les câbles électriques ne sont pas très hauts. J’en accroche un dans la cheminée du chauffage au gaz. J’ai à peine le temps de sortir que déjà un vietnamien est debout sur la selle de son scooter appuyé sur la béquille (le scooter, pas le vietnamien) pour tenter de m’aider.
Mais un peu plus loin, une barre de hauteur à deux mètres nous oblige à faire demi-tour et à faire un détour de 13 kilomètres. C’est l’occasion de profiter encore mieux de ces paysages. De nombreuses tombes sont construites sur les rivages. Les monuments sont énormes.
Puis, nous arrivons sur une très étroite langue de terre à Thuận An que nous longeons sur 40 kilomètres en traversant de nombreux villages de pêcheurs. C’est sur une de ces plages que le Corps expéditionnaire français débarqua en 1883. A la suite de cette attaque, le traité de protectorat fut signé.
Nous passons devant des centaines de tombes et des dizaines de temples.
Nous aimons circuler doucement dans ces petits villages où nous observons les superbes jardins potagers, le travail dans les champs, la vie quotidienne…
Nous retrouvons la partie continentale via un pont et roulons jusqu’à Lăng Cô et au lieu de prendre le tunnel, nous préférons nous élever de 500 mètres d’altitude en franchissant le Col des nuages (Hải Vân) qui porte mal son nom aujourd’hui, ce qui nous permet d’avoir une belle vue dégagée sur le littoral et la magnifique baie de Đà Nẵng.
C’est l’approche de la ville et de nouveau son flot de deux-roues toujours chargés, cette fois de WC ou de blocs de glace…
Encore un peu de kilomètres et nous arrivons à l’une de nos dernières étapes au Vietnam, la superbe vieille ville de Hội An, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Hội An était une ville prospère, située sur les routes maritimes du commerce de la soie. Elle connut une expansion à partir du 15ème siècle, les riches marchands y installèrent des comptoirs et construisirent de grandes et solides maisons en bois. C’est un ancien des petits ports marchands qui, jusqu’au 19ème siècle, ont commercé au long cours avec le reste du monde, avant de décliner à la suite de l’ensablement de la rivière. La ville est un reflet du mélange des cultures indigènes et étrangères (principalement chinoises et japonaises et, plus tardivement, européennes) qui a donné naissance à cette merveille dans laquelle nous allons rester 4 jours.
Heureusement, Hội An a miraculeusement survécu aux bombardements américains et la ville possède encore plus de 1100 bâtiments à ossature de bois, avec des murs en briques ou en bois. Parmi eux, 840 édifices de caractère sont répertoriés pour leurs intérêts historique et architectural.
Trois rues principales et parallèles à la rivière structurent le centre historique. Les maisons, aux façades colorées de jaune, donnent sur deux de ces rues. Leurs plus belles façades donnent sur les rues pour que les clients y accèdent facilement tandis que l’arrière des bâtiments ouvre sur la rivière permettant ainsi un chargement et un déchargement aisés des marchandises transportées par bateaux. Sur l’une des façades, l’échoppe, sur l’autre l’entrepôt, et au milieu l’habitation et souvent une petite cour intérieure. Au rez-de-chaussée, le salon-salle à manger, la cuisine. A l’étage les chambres. Sur la façade principale, de part et d’autre de la porte d’entrée, des planches de bois sont enlevées une à une et cela donne ainsi une très large ouverture sur la rue principale. De nombreuses maisons bourgeoises sont construites dans un bois noir et très dur, le jaquier. Elles sont restaurées avec goût et meublées à l’ancienne. Beaucoup sont des boutiques mais pas trop de babioles chinoises ; plutôt des boutiques d’artisanat, des galeries d’art. Les maisons aux toits de tuiles (concaves et convexes, de style yin et yang) sont alignées en rangs serrés le long d’étroites rues piétonnes. Cette ville est réputée pour être la plus charmante du Vietnam. On s’y sent bien. L’ambiance est agréable et, bien que très touristique (trois millions de visiteurs par an), on ne se sent pas harcelés par les commerçants. Le centre historique n’est pas ouvert aux voitures.
En plein milieu d’après-midi, pour seulement 1€ par personne, nous nous régalons de bánh xèo, un plat typiquement vietnamien. Il est réalisé comme une crêpe faite à base de farine de riz et de curcuma, pliée en deux et garnie avec de la viande de porc en tranche ou hachée, des crevettes, des graines et des germes de soja.
Nous continuons à errer dans ce quartier historique, allant de ruelle en ruelle, entrant au hasard dans des boutiques nous faisant découvrir l’architecture intérieure, marchant sur les bords de la rivière et voyant quelques locaux s’y déplaçant en sampans.
Quelques jolies devantures de temples attirent aussi notre attention.
Puis dès 17h30, alors que la nuit est en train de tomber, la rivière s’illumine de milliers de lanternes éclairant les bateaux promenant les touristes. Des bougies flottantes éclairent également la rivière. Magique malgré l’affluence. C’est en prenant un peu de hauteur au premier étage d’un bar que nous savourons encore plus cet instant, autour d’un cocktail et de jus de fruits frais pour les enfants.
Retour à la Tiny mais alors que nous essayons de nous endormir, le bivouac, certes bien situé, est vraiment trop bruyant et nous en avons marre d’entendre (et de sentir) pisser les gars juste sous notre fenêtre. Nous bougeons de quelques kilomètres sur un autre parking que nous avons repéré.
Lundi 25 novembre 2019 :
L’après-midi est annoncé pluvieux. Aussi de bon matin, c’est en taxi GRAB (l’équivalent d’UBER), comme à Hanoï, que nous traversons la ville pour 1€ la course. Il nous dépose sur le très pittoresque marché, où les parfums et saveurs de mille produits nous régalent. Les pêcheurs amènent leurs prises nocturnes. Des montagnes de beaux fruits et légumes donnent de superbes couleurs à ces étalages posés à même le sol. Les femmes sont coiffées de leur traditionnel chapeau conique en bois et tiges de bambou couvert de feuilles de latanier, dont l’apparition au Vietnam remonte à l’époque du Bronze au premier millénaire av. J.-C. Sous les halles couvertes, ce sont de minuscules boutiques vendant toutes sortes d’assaisonnement, mais également des étals de viande.
Sortis de ce marché, nous apprécions le calme des rues où l’agitation touristique n’est pas encore arrivée.
Les chauffeurs de pousse-pousse attendent le client.
Mais les chinois ne vont pas tarder à arriver. Du coup, même Anaïs se prend au jeu et les imite dans leurs longues poses…
Il est temps de faire une pause et pour cela, notre bon Guide du routard nous recommande le Café des Amis. Un vietnamien, Kim, se tient debout à l’entrée et nous accueille avec un grand sourire et des mots en français. La musique de l’auteur des Amoureux des bancs publics, et des Copains d’abord s’écoute en boucle dans ce petit bar resto depuis des décennies. La traditionnelle photo de Brassens, Ferré et Brel est affichée au mur.
Nous commandons un cà phê trúng (Egg-coffee), histoire de comparer avec les autres que nous avons déjà pu boire au Vietnam. Et bien, chez Kim, au Café des Amis, ce café à l’œuf est une tuerie ! Les ingrédients sont simples et légers : 1 à 2 jaunes d’œufs frais, 2 cuillères à café de lait concentré, 2 cuillères à café de sucre en poudre. De ces 3 ingrédients sont faits une mousse dorée onctueuse et aérienne. Ce nuage crémeux et velouté est délicatement posé dans le verre vide. Ensuite, le traditionnel filtre à café vietnamien, appelé phin cà phê est posé sur le verre. Il comprend 4 pièces séparées. De bas en haut: une soucoupe percée, un corps de filtre percé dans le fond avec une anse, un piston et un couvercle. La méthode d’extraction avec le filtre à café vietnamien permet au café de passer lentement, ce qui a pour effet de libérer de manière optimale tous ses arômes.
Il est fier de nous montrer l’un de ses 70 livres d’or où les touristes du monde entier viennent écrire un mot. Anaïs dessine à l’aquarelle dedans. Kim et Victor se font mutuellement des tours de cartes pendant que nous profitons du spectacle de l’extraction goutte à goutte de ce café et que nous dégustons ce savoureux mélange bien calorique. J’ai encore le goût de la mousse au coin de mes lèvres rien qu’à écrire ces lignes…
Allez, il est temps de faire un peu d’exercice physique à présent… Nous allons visiter la Maison Tân Ky, une superbe demeure du début du 19ème siècle où les styles vietnamien, chinois et japonais se mêlent. Dans la pièce principale, des bois précieux d’acajou et de jaquier sont utilisés pour les poutres sculptées. Toute la charpente est assemblée uniquement avec des chevilles. La maison est soutenue par 32 colonnes en bois de fer très solides qui sont protégées des termites et des remontées capillaires par un petit support en marbre. La famille qui réside ici depuis des générations a conservé de nombreux objets d’arts anciens, en particulier de superbes panneaux avec des incrustations de nacre, dont les lettres composant un poème imitent des oiseaux en vol.
Nous visitons quelques galeries d’art et voyons les artisans travailler toute sorte de matériaux dont ces incroyables tissages sur soie si fins qu’on croirait être des photographies.
La Maison-Chapelle de la famille Trần est notre prochaine visite. Derrière une clôture mêlant style chinois et japonais et un jardin tropical, nous entrons dans une jolie demeure bicentenaire. La première partie de la maison abrite une chapelle confucianiste décorée de meubles et d’objets anciens qui est dédiée aux ancêtres du clan. Des urnes en bois de teck ou d’ébène conservent des reliques des défunts et des photos des ancêtres décédés plus récemment remplacent ces urnes. Un tas d’objets rituels, d’antiquités décorent les lieux dont la visite est faite par un membre de la famille.
Fin de matinée bien remplie et retour au camion et de nouveau, nous préférons changer de bivouac et nous rapprocher du centre historique après avoir repéré un nouveau parking de bus. Mais avant de rouler, il me faut regonfler une roue arrière qui s’est dégonflée. Je pense que la fuite vient d’une rallonge coudée qui était un peu dévissée. Travail sur le blog et école pendant 3 heures.
Fin d’après-midi, Audrey et moi allons siroter un onctueux jus d’avocat et un savoureux jus de mangue au petit bar voisin qu’on atteint par une longue passerelle de bois. Quand on revient à la Tiny où les enfants sont restés, on les retrouve sagement en train de jouer aux Lego et bouquiner. Ils ont choisi Chopin dans notre bibliothèque musicale et ont fait brûler de l’encens…
C’est à la nuit tombée que nous ressortons dans la vieille ville. Devant toutes les maisons et les boutiques, un petit autel est posé avec des bougies, des offrandes et des encensoirs fumant. Même le chauffeur de bus qui patiente pendant que ces clients visitent la ville a monté un petit autel devant son car.
Nous passons par le monument emblématique de la ville, le Pont Japonais (Chùa Cầu), un pont construit en 1593 pour relier les quartiers habités par les communautés chinoises et japonaises. Ce pont a été offert par des marchands japonais. Plus tard, une pagode a été érigée sur le pont. Au gré des restaurations successives, le pont a progressivement perdu les éléments architecturaux japonais, son architecture étant devenue de style vietnamien-chinois. Chaque extrémité est gardée par un couple de statues, figurant des chiens d’un côté et des singes de l’autre.
Puis, non loin, nous visitons un endroit beaucoup moins touristique et même pas signalé dans nos guides, la Chapelle de la famille Nguyễn Tường. Elle fut construite pour le défunt ministre de la Défense de l’Armée Royale de la dynastie Nguyễn au 19ème siècle. Depuis, 14 générations ont succédé à cet ancêtre et nombreux d’entre eux reposent en partie dans ces petites urnes en bois. L’ensemble architectural du bâtiment tout en bois est superbe.
La pluie nous fait rentrer à la Tiny mais sur le chemin, nous profitons de nous abriter chez un charmant petit couple vendant à manger sur le trottoir. Ils prennent le temps de nous expliquer comment déguster leur plat, puis s’assoient à nos côtés, attendant notre verdict sur ce qu’ils nous font déguster. Leur sourire s’agrandit quand on leur fait comprendre que nous trouvons tout cela très bon ! Leurs petites attentions et leurs regards chaleureux resteront longtemps gravés en nous comme un bon souvenir du Vietnam.
Nous faisons 50 mètres et nous nous arrêtons dans une nouvelle maison ; nous commandons de nouveau de quoi picorer. Nous nous régalons. Pour finir, des petits œufs de caille parfumés arrivent dans des petits ramequins : c’est un cadeau, parce que cette famille souriante a à cœur de nous faire découvrir des échantillons des différentes saveurs qu’ils cuisinent. Nous rentrons sous la pluie à notre petite cabane, le ventre plein et le cœur réchauffé par les jolis échanges de cette belle soirée.
Mardi 26 novembre 2019 :
5h50, le réveil sonne. Les enfants sont prévenus que nous ne serons pas là à leur réveil. Un de nos téléphones reste posé sur notre lit pour qu’ils puissent nous joindre si besoin. Alors que le jour se lève, avec Audrey, nous partons au marché, non pas pour y faire des courses mais simplement pour prendre un peu de temps tous les deux et pour profiter de l’authentique Hội An avant que les touristes n’envahissent les lieux. Il est juste 6 heures et déjà, c’est l’effervescence des locaux dans la rue. Les écoliers et les travailleurs qui partent embaucher sont déjà attablés sur des petits tabourets sur le trottoir à avaler un plat de nouilles.
Nous nous régalons de nouveau de pouvoir nous mélanger à la population locale qui n’est pas avare de sourires à notre égard. Les bâtons d’encens parfument les étalages.
Nous adorons surtout nous promener alors que seuls les locaux sont sortis. La ville se réveille doucement. La pluie n’empêche pas les deux-roues de circuler.
Comme hier, nous passons saluer Kim au Café des Amis et commandons un petit noir. Sans jaune d’œuf car il ne faut pas abuser… Nous avions pour mission de revenir avec des croissants ou des pains au chocolat mais revenons bredouille de notre escapade amoureuse. Les enfants se lèvent juste. Ils auront quand-même du pain frais, l’un des meilleurs qu’on ait trouvé depuis que nous sommes partis de France.
Encore une matinée studieuse pour Mamantresse, Anaïs et Victor alors que moi, je passe environ 3 bonnes heures à mettre en ligne l’article de blog précédent.
Ensuite, le taxi nous dépose devant ce qui restera un de nos plus beaux souvenirs de la ville de Hội An, l’Art Gallery Museum. Dans une ancienne maison coloniale d’époque française, nous visitons l’incroyable musée-exposition de l’artiste photographe de portraits Réhahn, un français installé à Hội An. Il a créé ce lieu nommé Precious Heritage, une véritable immersion dans la culture du pays. Plus de 200 photographies d’art accompagnées de 60 costumes traditionnels et d’objets d’art présentent les 54 ethnies recensées du pays que Réhahn a exploré durant une décennie. Il attire ainsi l’attention du public sur l’héritage incroyable de ces peuples et sur l’importance cruciale de leur permettre de préserver leurs traditions.
Le photographe est devenu célèbre au cours de l’année 2011 en rencontrant Bui Thi Xong, une vietnamienne de 74 ans. Elle est depuis devenue une icône du Vietnam. Il se baladait au bord de la rivière lorsqu’il se décide à monter sur le bateau de cette dame âgée et lui demande s’il est possible de la prendre en photo. Elle pose mais n’ayant pas l’habitude de se voir en photo, par réflexe pose une main sur son front et une autre devant son sourire.
Cette photo fera la couverture d’un de ces magnifiques livres. Il questionne la dame et lui demande quel est son rêve. Elle lui répond qu’il serait d’avoir un nouveau bateau pour promener les touristes. Marché conclu, il lui promet que si son livre se vend bien, il lui offrira un nouveau bateau. Le succès du livre est au rendez-vous et se vend dans 29 pays en quelques mois. Le photographe tient promesse et offre une nouvelle embarcation à son modèle. Le visage de cette dame a fait le tour du monde et a été relayé par une multitude de journaux internationaux comme National Geographic, Los Angeles Times, Daily Times… Xong a fait la une de toute la presse vietnamienne et est passée à la télé plusieurs fois. Et son business de promener les touristes a pris un essor important. On trouve cette histoire tellement touchante ! Et les photos de l’artiste sont tellement remarquables ! Autant que leur présentation dans le musée en même temps que la tenue que porte la femme sur la photo.
Pause repas au marché où nous nous régalons de saveurs vietnamiennes pour 1,50€ par ration !
Le ventre plein, nous partons visiter Hội Quán Phước Kiến, un temple d’une des 5 congrégations chinoises subsistant à Hội An. Celui-ci date de 1757 et regroupe les familles venues d’une province du sud-est de la Chine. Le temple est dédié à la déesse de la Mer. Son atrium est envahi de hautes spirales d’encens qui se consument doucement. Les gens, en échange de 25 dollars, peuvent inscrire leur nom dessus et l’allumer. Le temple est décoré de frises dorées, de bas-reliefs polychromes, de mosaïques de dragons, de tablettes funéraires.
Non loin, un puits du 10ème siècle, à la qualité d’eau exceptionnelle est utilisé par les habitants pour les activités quotidiennes mais surtout pour faire cuire les noddles, une sorte de pâtes spécialité du pays.
Nous entrons encore par curiosité dans certaines boutiques pour admirer les belles demeures et leur patio intérieur.
Pause goûter chez Kim où de nouveau, nous nous régalons d’un café à l’œuf…
Puis nous assistons à un petit spectacle de musiques et de danses traditionnelles dont nous ne sortons pas enchantés. Tout ne peut pas être parfait !
Enfin, nous entrons dans la maison Phùng Hưng, un autre monument historique de la ville, construit en 1780. Depuis 8 générations, elle est restée dans la famille qui l’habite toujours. La maison repose sur 80 piliers en bois de fer sur base de marbre. Sa décoration est d’inspiration chinoise et japonaise. Un petit autel des génies protecteurs en bois sculpté est suspendu au plafond. Mais elle est moins meublée que les autres que nous ayons vues et beaucoup trop touristique pour nous car située en hyper-centre historique. C’est la maison où tous les touristes venus passer quelques heures à Hội An entrent. C’est la maison la plus haute de la ville et elle a servi de refuge lors des inondations dont est victime régulièrement la ville. En 2009, il y avait 1,60 mètre d’eau au rez-de-chaussée.
De jour, nous apprécions encore mieux le charme du Pont Japonais.
Après une petite pause réparatrice à la Tiny, nous assistons au théâtre (Rạp Hát) de Hội An à un spectacle de marionnettes sur l’eau, une tradition du pays née au 12ème siècle. Cet art populaire (Múa rối nước) est issu du monde paysan et est attaché aux fêtes liées aux activités agricoles (le printemps, les semences, les récoltes…).
Les traditions, les rituels, les animaux familiers, les génies divers et les dieux sont présents dans ces étonnantes représentations. Un rideau de bambou cache les marionnettistes, à moitié plongés dans l’eau, qui manipulent avec une impressionnante agilité, les poupées, par un mécanisme fait de perches, de tiges, de gaines et de charnières. Le spectacle est une succession de petits sketches mettant en scène la vie quotidienne des paysans : danse des fées au son des flûtes, évolution des dragons crachant des trombes d’eau et de feu, ébats des phénix amoureux, combat de buffles, pêche où les poissons sautent hors du filet et renversent la barque où se trouvent l’homme et sa femme, le renard qui grimpe sur un arbre pour attraper un oiseau ou qui vole un caneton à un vieux couple… tout cela avec un humour assez agréable.
Retour nocturne en taxi GRAB à la Tiny pour 0,80€ la course… On adore ce moyen de transport où en quelques instants, le taxi vient nous chercher là où nous sommes et où le prix de la course est convenu par avance. Contrairement à la France où un ras de bol légitime existe entre les « vrais » taxis avec licence et les VTC, ici même les vrais taxis ont accès à cette application.
Ce soir encore, pas de karaoké qui nous gêne pour nous endormir… ça fait du bien !
Mercredi 27 novembre 2019 :
Comme hier, le réveil sonne de bonne heure. C’est notre dernière journée à Hội An et nous voulons en profiter pour aller faire le plein de denrées alimentaires au marché dont les couleurs et les odeurs d’hier matin nous invitent à revenir…
Alors qu’Anaïs et Victor continuent de dormir, nous partons de très bonne heure acheter une dizaine de kilos de fruits et de légumes, ainsi que de viande et de crevettes encore vivantes, tellement elles sont fraîches… Les prix sont raisonnables car pas de touristes et le peu qu’il y a sont là pour prendre des photos et pas pour acheter des courgettes, des tomates, du chou-fleur, des papayes ou des mangues… Les vendeurs sont agréables et souriants. Cela termine en beauté notre séjour à Hội An, ville que nous avons adorée et que nous commençons à bien appréhender au bout de cette troisième journée.
Mais avant de partir, il nous faut passer saluer Kim au Café des amis pour prendre un dernier petit café au bord de la Rivière des Parfums. Il vient déposer à côté de notre café quelques petits gâteaux et fruits secs et nous serre la main chaleureusement quand nous lui disons que nous partons. Puis, nous nous déplaçons en Tiny de 6 kilomètres pour rejoindre le littoral. Parking à 20 mètres de la Mer Méridionale de Chine où après l’école, les enfants partent passer quelques heures à jouer dans le sable. Il pleut à plein temps mais les enfants ont trouvé refuge sous un petit parasol en bambous tressés sur la plage. Anaïs invite des touristes à jouer avec elle au morpion : deux Australiens, des Belges, un Tchèque, un Canadien… Pendant ce temps, nous passons notre après-midi sur l’ordinateur à gérer de l’administratif. Je récupère aussi un peu mon retard sur le blog et dans le tri de mes photos. A titre d’exemple, rien que pendant ce séjour à Hội An, j’ai fait environ 500 photos… Au cumul, ça m’en fait, en un peu plus d’un an de voyage, déjà 41 294 stockées dans mon PC et sur différentes sauvegardes… Quasiment autant que de kilomètres parcourus ! Comme durant notre voyage en Amérique du sud où nous étions déjà revenus avec 40 000 photos… On devrait donc revenir avec 120 000 photos à la fin du voyage, ou peut-être 160 000 !
Avant la tombée de la nuit, nous faisons une dizaine de kilomètres pour nous rendre dans le petit port de pêche traditionnel de Duy Hải. Les locaux sont bien surpris de nous voir arriver. Car je pense que vraiment très peu de touristes viennent ici, et encore moins avec leur propre véhicule. A l’heure qu’il est, alors que nos deux familles d’amis ont quitté le Vietnam pour le Cambodge et le Laos, je pense bien que nous sommes les seuls voyageurs motorisés au Vietnam, par rapport aux contraintes que je vous ai déjà expliquées… Petit tour dans le village de pêcheurs. Les habitants sortent, nous sourient, nous font des signes quand ils ne savent pas parler anglais.
Nous observons d’étranges embarcations appelées thuyền thúng. Le bateau panier est une embarcation circulaire en bambou tressé calfaté, très utilisée au Vietnam, en particulier comme annexe sur les bateaux de pêche, mais également comme petite embarcation de pêche.
Les dégâts occasionnés par les tarets, des mollusques qui s’attaquent au bois dans les mers tropicales et la nature même des côtes vietnamiennes ont conditionné la conception de ce bateau. En effet, les côtes du Vietnam sont constituées d’estuaires sur lesquels il est dangereux de se cogner sur les fonds marins. Il est donc nécessaire d’avoir une coque flexible, supportant les chocs comme une balle de caoutchouc. De plus, dans les pays baignés par des eaux chaudes, comme le Vietnam, les pêcheurs doivent entretenir les coques en bois de leur bateau continuellement. Les bois étant vulnérables, la difficulté a été contournée en utilisant un matériau plus léger et plus résistant aux tarets : le bambou. La forme circulaire est obtenue avec de fines membrures de bambou liées intérieurement par des attaches au panier. Le calfatage s’effectue avec un mélange composé de résine pulvérisée, de chaux et de bouse de buffle.
Certains bateaux paniers utilisent des matériaux moins durables comme le PVC ou le polyester mais tout en conservant la même forme de coquille de noix. D’autres sont équipés de moteur.
Cette embarcation résiste à la mer agitée et aux fortes houles. La souplesse et la légèreté constituent les points forts de ce bateau. Ce bateau, très largement utilisé, se rencontre tout au long des côtes du pays. La même technique de fabrication est utilisée pour d’autres embarcations aux formes plus allongées.
Je m’approche d’un pêcheur accostant sur le rivage dans son bateau panier. J’échange deux mots en anglais avec lui. Je lui demande quand est-ce qu’il repart en mer. Il me répond demain à 7 heures et accepte ma demande de l’accompagner pour ses 3 heures de pêche !
Jeudi 28 novembre 2019 :
Dès 6h15, je suis déjà prêt et sort à la rencontre du pêcheur mais malheureusement, il est déjà parti. Je suis un peu déçu mais vu l’état de la mer ce matin, il y a de grande chance que j’aurais donné à manger aux poissons sur cette petite coquille de noix !
Je profite alors de ce réveil matinal pour observer le mouvement des chalutiers et des autres embarcations plus frêles ainsi que la vie déjà grouillante sur le petit port de pêche. Les femmes s’occupent de vendre le résultat de la pêche de cette nuit. Elles rangent les poissons dans de jolis paniers plats en bambous. J’achète un thon de 1kg (pour moins de 4€) que la femme me prépare en filets.
Je suis consterné par la pollution du rivage. C’est dramatique. La dernière fois que nous avions été témoins d’un tel désastre écologique, c’était également sur les côtes de l’Océan Pacifique mais de l’autre côté du globe, au nord du Pérou. Mais nous l’avions aussi tristement constaté sur les plages de Saint Louis au Sénégal.
Je traverse le village et passe devant la crèche pour les enfants. Pas de matériel éducatif ni de jouets mais simplement un grand écran télé.
Audrey me rejoint pour boire un petit café, assis sur deux petits tabourets en plastique dans une quincaillerie vendant des tiges filetées et des courroies en caoutchouc. Nous n’avons pas précisé quel type de café nous voulions. Aussi, la patronne nous apporte un cà phê sữa đá, la version la plus populaire du café glacé vietnamien. Il s’agit d’un café noir froid. 2 cm dans une tasse dont le fond est garni de lait concentré. Et un petit bol avec des gros glaçons. Bon du coup, elle nous amène de l’eau chaude à ajouter dans notre préparation.
Nous quittons la Mer Méridionale de Chine. Il nous faut aller vers l’ouest et traverser le pays d’est en ouest. 300 km nous séparent de la frontière avec le Laos que nous devons absolument passer au maximum samedi car bien que nos visas soient encore valables deux jours, notre autorisation de circuler avec notre véhicule n’est valable que 28 jours et va donc bientôt expirer. Nous nous engageons sur la route QL14G puis la QL14. C’est un autre Vietnam que nous voyons aujourd’hui. Finies les grandes villes et les endroits touristiques. Nous retrouvons des coins très isolés comme nous en avions vus en arrivant dans le nord dans la montagne. Du coup, pour notre plus grand plaisir, nous retraversons de petits villages ethniques. On ne sait de quelle ethnie précisément car il y en a tellement et elles sont différentes d’une vallée à l’autre. Quoiqu’il en soit, les maisons traditionnelles en bois, souvent sur pilotis et couvertes d’un toit de paille sont magnifiques.
Nous passons devant une maison communale qui pour les villageois, est le trait d’union entre le passé et le présent, entre les ancêtres et les générations futures. La maison communale a deux fonctions principales : honorer le culte du génie tutélaire de la communauté et servir d’espace public aux villageois. C’est là que se déroulent les moments forts de la vie communautaire et toutes les activités religieuses. Elle est le centre culturel, spirituel et social du village. Pour les Vietnamiens, la maison communale est donc un lieu à la fois sacré et profane. Les sculptures et les gravures qui ornent les maisons communales sont très variées. Nous en avions déjà vues mais reconstituées au Musée d’ethnographie d’Hanoï mais c’est la première fois que nous en voyons une dans son village d’origine.
Plus loin, nous passons devant d’autres maisons communes dont une très récente qui perd de son charme.
Nous reconnaissons également les ethnies par les tenues traditionnelles des femmes, ici des jupes droites noires et brodées.
Ici, pas de voitures. Nous n’avons vu que deux maisons qui en avaient une. Tout le monde se déplace en vélo ou en scooter. Les photos suivantes sont un peu floues mais en disent long sur les réactions des enfants en bord de route en nous voyant passer.
Les paysages, malgré le temps pluvieux, sont splendides. La végétation est sublime.
Après la ville de Prao, nous bifurquons sur la piste Hô Chi Minh. Elle faisait partie d’un ensemble de routes et de sentiers (plusieurs milliers de kilomètres) employés pendant la guerre d’Indochine et la guerre du Vietnam. Ce réseau de voies légendaire a permis de ravitailler la bataille de Điện Biên Phủ en 1954. Le transport s’est fait par portage ou sur des bicyclettes françaises renforcées pour une charge de 250 kg. Plus tard, reliant la République démocratique du Vietnam (au nord par les communistes) et la zone sud du Vietnam, en passant par le Laos et le Cambodge, la piste Hô Chi Minh fut utilisée par l’Armée populaire vietnamienne et les combattants du Viêt Cộng pour le ravitaillement en nourriture et en matériel des miliciens du Sud. Les vivres (transportés à dos d’éléphants ou à dos d’hommes, puis à bicyclettes et en camion) et les troupes partaient du port de Vinh et rejoignaient l’arrière-pays par ces sentiers à travers la jungle et les montagnes, en faisant des crochets par le Laos, pour arriver près de Saïgon. Au plus fort du conflit, plus de 500 raids aériens visaient la piste chaque jour et plus de bombes y furent larguées que sur l’ensemble des champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui, une partie de cette route est asphaltée mais le paysage n’a pas changé. Nous sommes au milieu de la jungle et complètement isolés. Durant l’après-midi, nous allons croiser en 1h30 un seul petit camion ! et voir personne car il n’y a pas de village. Il y a bien longtemps que nous n’avions pas vécu un tel sentiment d’isolement, renforcé par le temps maussade et pluvieux. Pas de réseau GSM. On se sent vraiment tout petits. C’est splendide… mais ce n’est pas le moment de tomber en panne alors que la nuit arrive.
C’est dans le premier village que nous trouvons en bas du col que nous nous arrêtons dormir, près d’un petit hôpital. Puisant dans leurs quelques mots d’anglais, des jeunes viennent nous accueillir chaleureusement et nous poser plein de questions ! Nous sommes heureux de terminer ce séjour au Vietnam par tous les jolis échanges de cette semaine. Nous avons reçu beaucoup de sourires dans ce pays. Mais la langue aura trop souvent été une véritable barrière…
Vendredi 29 novembre 2019 :
Dernière journée de route au Vietnam. Seulement 130 km nous séparent de la ville frontière mais à 30 de moyenne, il nous faut quand-même toute la matinée pour les parcourir. D’autant plus qu’on s’arrête sans cesse pour prendre des photos de ces charmantes maisons de ces ethnies minoritaires. Du bonheur !
Dernière visite au Vietnam qui n’était pas prévue mais qui se trouve sur la route à seulement une vingtaine de kilomètres du poste de frontière avec le Laos que nous passerons demain matin. Nous nous arrêtons sur le site où se déroula au début de 1968, la Bataille de Khe Sanh. Le siège dura 17 jours. Les Nord-Vietnamiens lancèrent l’assaut sur Khe Sanh presque sans chars, et combattirent les soldats américains. L’aviation américaine lamina les troupes vietnamiennes à l’aide des bombardiers B52. Un intéressant musée présente des photos, des objets relatifs à la bataille et des témoignages.
Les historiens comparent l’enfer de Khe Sanh à celui de Điện Biên Phủ en 1954 ou à celui de Verdun en 1916. De la base américaine où 10 000 marines étaient stationnés, il ne reste rien ou presque car tout a été démonté, vendu ou recyclé. Même la piste d’aéroport où 300 bombardiers décollaient quotidiennement a disparu sous les plantations de caféiers. Il ne reste que quelques carcasses de bombes rouillées, des hélicoptères et des avions américains.
Nous bivouaquons sur le parking du musée où nous pouvons nous raccorder sur le 220 volts pour recharger la Tiny. Depuis hier, la batterie de cellule ne se recharge plus en roulant avec l’alternateur. C’est embêtant d’autant plus par ciel couvert comme nous avons depuis une semaine car du coup, les panneaux solaires ne suffisent pas à recharger la batterie. Nous en profitons donc pour la recharger à fond en attendant le retour du grand soleil et des 30° de l’autre côté de la frontière demain au Laos. Là il fera plus beau pour chercher la panne et se coucher sous le camion…