860 km parcourus du 16 au 22 février 2020

Voici ci-dessous une nouvelle carte avec l’itinéraire que je mettrai à jour de temps en temps. Comme celle du dessus, vous pouvez zoomer dessus pour voir l’itinéraire plus précis.

51 320 km parcourus depuis le départ

Dimanche 16 février 2020 :

Nous sommes toujours en Thaïlande et nous nous trouvons à présent dans la partie nord du pays.

Kamphaeng Phet

Le programme d’aujourd’hui, toujours sur les bons conseils de nos cousins Noëlle et Bernard, est la visite de la cité historique de Kamphaeng Phet. Elle est plus à l’écart des parcours de touristes que les autres anciennes capitales du royaume du Siam, Ayutthaya, et Sukhothaï mais elle est tout autant chargée d’histoire. Ses ruines sont classées au patrimoine mondial de l’UNESCO, simultanément avec ses deux villes voisines. Kamphaeng Phet était importante du temps du royaume de Sukhothaï. La situation stratégique de la cité, près de la Birmanie son éternelle ennemie, et entre le centre et le nord du pays, a permis un essor religieux et artistique jusqu’en 1350. Mais le royaume d’Ayutthaya a rapidement englobé celui de Kamphaeng Phet la transformant en simple poste de garnison. Au 18ème siècle, les birmans détruisirent la majeure partie de la ville avant d’attaquer Ayutthaya.

Le parc historique possède 80 temples dont la plupart sont tombés en ruine. Ils sont répartis entre la ville fortifiée et l’Arannyik au nord-est. Nous commençons par visiter le deuxième, celui où les ruines de divers temples sont disséminées dans un parc boisé très bien entretenu, très propre. Nous trouvons ce site plus agréable et beaucoup moins touristique que celui d’Ayutthaya.

Wat Avasa Yai est le premier que nous visitons. Il est bien sympa au milieu de la forêt construit en latérite et en briquettes. J’aime bien ses escaliers et ses rambardes.

Wat Chang Rop est monumental. Son superbe chedi principal de style sri-lankais est entouré de 68 statues d’éléphants qui le soutiennent. L’ensemble est remarquable.

Wat Phra Non est un vaste complexe dont il reste essentiellement un chedi restauré et l’essentiel des murs et colonnes du bâtiment principal. Les blocs de latérite sont colossaux. C’est le seul temple du parc dont le monastère a encore ses quatre façades debout.

Wat Phra Si Ariyabot est un autre temple dont il ne reste plus grand-chose si ce n’est les traces d’un bâtiment principal dont subsistent le sol, les marches, les bases de quelques colonnes et ce qu’on devine être un Bouddha assis. C’est à l’arrière qu’on découvre une construction également endommagée qui abritait sur quatre côtés, dos à dos, deux Bouddhas assis dont il ne reste quasiment rien et deux Bouddhas debout dont un est presque entier. Le Bouddha marchant est assez étonnant dans cette posture que nous n’avions pas encore rencontrée.

Wat Singh est un joli temple qui se remarque par son Bouddha assis bien restauré. D’autres statues plus petites sont réduites à des silhouettes.

Nous reprenons la Tiny pour rejoindre la cité fortifiée. Nous installons notre bivouac en parallèle de l’ancien mur de la cité. Les remparts percés de dix portes forment un trapèze de 2 km sur 500 mètres de large. La cité ne fut fortifiée que longtemps après sa fondation, lors des premières menaces birmanes. Les murailles abritent deux temples majeurs datés du 15ème siècle, le palais royal, en bois ayant quant à lui disparu.

Wat Phra Kaeo était le temple royal en son temps. Ses trois majestueux Bouddhas très bien conservés à l’arrière du temple, deux assis veillant sur un troisième allongé, sont remarquables. Il reste également des fondations, d’autres statues plus abîmées par les âges et les intempéries. Un autre temple est protégé par quelques éléphants partiellement reconstitués.

Wat Phra That se résume essentiellement à deux chedis en forme de cloche à base octogonale, les fondations des murs d’enceinte et du wihaan (monastère) et quelques colonnes.

A la tombée de la nuit, les Wat Phra That et Wat Phra Kaeo s’illuminent de milliers de bougies. Nous allons nous y promener et nous sommes étonnement les seuls. Mais peut-être qu’on n’avait pas le droit d’y entrer car on a dû escalader les grilles pour en sortir. Toujours est-il que l’atmosphère est magique.

Nous allons passer la soirée sur le night market sous les lumières criardes des néons, et sous les hauts parleurs crachant une forte musique, le tout dans une ambiance familiale de fête foraine. Des centaines de stands vendent de la nourriture à tout petit prix. On se régale de pleins de petites portions aux saveurs variées qu’on achète à différents marchands.

Lundi 17 février 2020 :

Route vers le nord, en direction de Sukhothaï. Rapidement, les vilaines autoroutes bordées de panneaux publicitaires surdimensionnés laissent la place au réseau secondaire, nous offrant le loisir de profiter d’un peu de vie locale. On adore. On roule moins vite mais on voit beaucoup plus de choses. On retrouve des maisons en bois perchées sur des pilotis. Les cultures se font sur brûlis.

Petit rythme aujourd’hui. Nous nous installons sur un des parkings du parc historique de Sukhothaï que nous visiterons demain. Petit apéro improvisé avec Véro et Dan’, un sympathique couple de Toulon.

Mardi 18 février 2020 :

Sukhothaï

Nous entrons de bonne heure sur le site à l’heure où la pierre de latérite prend de superbes couleurs avec le soleil. L’ensemble des temples que nous visitons ce matin est cerné de douves. Par chance, il y a très peu de touristes pour visiter l’un des plus beaux sites archéologiques de Thaïlande. Sukhothaï est la première capitale du Siam (Thaïlande) fondée en 1238 et mettant fin au règne khmer d’Angkor Wat de l’actuel Cambodge. Ce royaume, après s’être affranchi de la tutelle khmère, parvint à préserver son indépendance de 1250 jusqu’au 15ème siècle. En 1378, Sukhothaï devint tributaire de l’État d’Ayutthaya.

Sukhothaï (capitale politique et administrative) est inscrite par l’UNESCO au Patrimoine mondial de l’humanité en même temps que les villes historiques de Kamphaeng Phet (fonction militaire pour la protection du vaste réseau commercial royaume contre les invasions étrangères) et Si Satchanalai (centre spirituel du royaume). Les trois villes partageaient une infrastructure commune pour contrôler les ressources en eau, mais elles partageaient aussi une langue et un alphabet, un système administratif et juridique communs.

Le bouddhisme est devenu, grâce au Roi Ramkhamhaeng, la religion nationale et de nombreux monastères impressionnants ont ainsi été construits en briques recouvertes de stuc sculpté. Mais l’immense cité de Sukhothaï est aujourd’hui en ruine. Le palais en bois de ses rois a disparu. Toutefois, la ville possède encore de nombreux vestiges de temples, construits en latérite et en briques. La plupart des édifices qui ont été découverts, et pour partie relevés, se trouvent à l’intérieur d’un rempart renforcé de douves. Mais de nombreux autres bâtiments, disséminés dans les rizières environnantes, attendent d’être dégagés de la terre qui les recouvre.

Wat Mahathat est le plus grand temple du parc. Il est situé au cœur de la ville. Il était réservé à la famille royale. Des douves d’un kilomètre l’entourent. Un chedi central en forme de bouton de lotus est orné d’une frise de moines. De chaque côté du principal Bouddha de 9 mètres de haut, se trouvent deux bouddhas prisonniers.

Wat Si Sawai est un temple d’origine khmer dédié à la déesse Shiva et transformé de temple hindouiste en temple bouddhique. L’endroit n’est pas sans nous évoquer le site majestueux d’Angkor.

Wat Trapang Ngoen a également un chedi en forme de bouton de lotus. Juste à côté, un élégant bouddha est en position de marche.

Wat Sa Si est un magnifique temple au milieu d’un réservoir nommé Tra Phang Tra Kuan. Il est entouré de banians et d’acacias. Son stupa circulaire en forme de cloche est de style sri-lankais.

Nous restons tranquillement le reste de la journée sur le parking du site assez agréable. Administratif, école, blog, bricolage, jeux…

Le soleil décline et nous invite à retourner sur le site archéologique devant le temple que nous avons préféré, le Wat Mahathat.

Mercredi 19 février 2020 :

Aujourd’hui est notre 500ème jour de voyage. Oui 500. Et nous ne sommes pas encore à la moitié de notre cavale ! On y sera dans une vingtaine de jours. 50 548 km parcourus à travers déjà 20 pays. Soit une moyenne quotidienne de 101 km. Encore une vingtaine de pays sont au programme mais je pense un peu moins de kilomètres. Et combien de sourires, d’invitations, de pouces levés, de mains tendues, d’embrassades, de selfies avec des gens que nous n’avons croisés que quelques instants pour certains ? Je ne sais pas, mais des milliers.

Phitsanulok

Changement de programme aujourd’hui. La visite de Phitsanulok n’était pas prévue. Mais nous nous y dirigeons pour deux occasions. C’est rare que les enfants lisent à l’avance les guides touristiques mais cette fois-ci, Victor a depuis quelques jours repéré un temple qu’il aimerait visiter. Il a fait des petits tableaux avec l’itinéraire, les étapes et des calculs du détour que cela nous fait faire. Tout de même 120 km de détour mais on a tellement envie de lui faire plaisir. De plus, nous sommes depuis quelques jours en contact avec un couple de voyageurs alsaciens qu’on aimerait rencontrer pour passer un moment. Mais jusqu’à présent, cela n’a pas été possible car bien qu’on n’avance pas vite avec notre Tiny, Florence et Yannick (les Bretzels en selle), eux, avancent encore moins vite à vélo ! Un dernier échange avec eux hier nous annonçant leur passage à Phitsanulok, à terminé de nous convaincre de faire ce détour.

C’est en début d’après-midi que nous arrivons dans cette grande ville, sans charme et sans intérêt particulier, si ce n’est le temple Wat Phra Si Ratana Mahathat, l’un des seuls édifices n’ayant pas été détruit par l’incendie en 1960 de toute la ville. Il date de 1357. Le centre de l’enceinte du temple est dominé par un prang, une grande pagode de style khmer. Des statues de Bouddha s’alignent dans les corridors autour du temple principal. Une grande statue de 8 mètres de Bouddha debout se trouve sur le site. Elle se trouvait autrefois dans un bâtiment dont il n’existe plus aujourd’hui que certaines ruines comme les piliers.

Le temple est surtout connu et fréquenté par les bouddhistes qui viennent parfois de très loin en pèlerinage pour son Bouddha Chinara, un des plus vénéré de Thaïlande. La statue de Bouddha en position assise, entièrement en bronze doré à la feuille, est décorée d’une coiffe, une auréole qui prend la forme d’un serpent sacré. C’est le bouddha le plus copié et représenté en Thaïlande. Le temple qui abrite le Bouddha est remarquable aussi. Les portes d’entrée sont magnifiques. Les artisans du roi au 18ème siècle les ont incrustées de nacre.

Nous poursuivons avec la visite du Sgt Major Thawee Flok Museum, un étonnant musée logé dans une élégante maison traditionnelle thaï. Un homme, que nous voyons sur place, a consacré sa vie au patrimoine de sa région et a réuni ici une collection impressionnante de tout type d’objets usuels de la vie courante, d’outils, de coffres, d’armes, de jouets, de paniers, de pièges, de machines à broyer la canne à sucre, de métiers à tisser, d’instruments de musique, de céramiques chinoises, de char à zébu en bambou… Incroyable. On pourrait y passer des heures ! J’ai bien essayé de négocier avec ce monsieur pour lui acheter un joli rabot qui aurait bien trouvé sa place dans la collection de mon papa mais il n’a pas voulu…

Nous sortons de la ville et nous dirigeons à la rencontre des Bretzels en selle. Florence et Yannick sont des habitués de la Thaïlande et nous sommes invités dans une famille de leurs amis thaïs qui les héberge pendant quelques jours avant leur retour en Grèce en fin de semaine où ils vont retrouver leur camping-car. Nous sommes accueillis dans la famille de Jinjee et Vanchai, leur fille Ploy et des amis de cette dernière, Ice, Ploy et Nam. Pour les remercier de leur accueil qui s’annonce déjà chaleureux, nous leur préparons nos traditionnelles crêpes sur notre Bilig.

Ils nous ont préparé une bonne fondue chinoise et nous gâtent d’un très bon vin de Mouton Cadet Rothschild de 2015. Ça fait quand même du bien de boire un bon verre de vin de chez nous. On en trouve bien ici dans les rayons de supermarché mais cela fait partie de biens de luxe à des prix démesurés, en tous cas pour notre bourse de voyageurs.

La soirée est bien agréable et se poursuit avec des parties de UNO et de Namtao-pu-pla, un jeu traditionnel de hasard où on mise quelques baths sur un tapis de jeu. Bonne partie de rigolade !

Jeudi 20 février 2020 :

Joyeux anniversaire à mon tendre amour qui est bien contente cette année de ne pas souffler ses bougies dans un garage, ce qui n’était pas le cas en 2016 perdus dans le fin fond du désert d’Atacama au Chili et en 2019 en Turquie. Et dans les deux cas, c’était pour des très grosses pannes nous faisant douter de la poursuite de notre aventure ! Et oui, déjà un an qu’on était en galère mécanique à Aksaray au milieu de la Turquie et que je faisais cet aller-retour express en avion pour aller chercher des pièces mécaniques en France chez notre fidèle Joaquim dont je ne vous parle plus depuis que notre Tiny nous laisse enfin tranquille !

De bon matin, nous voici embarqués dans la voiture de nos hôtes. Jinjee, Vanchai et Ice souhaitent nous inviter pour prendre le petit déjeuner en ville. Le premier resto où on s’arrête ne leur convient pas car il n’y aurait pas assez de choix ! C’est dans un autre sympathique resto populaire que nous commandons plusieurs plats que nous mettons en commun autour de la table. Notre petit déjeuner thaï se compose donc de multiples saveurs salées, massamans, et curry, délicieuses. Nous repartons mais ils marquent plusieurs arrêts pour nous acheter du sticky-rice à la mangue et au coulis de noix de coco, et des yaourts à boire. Mais quelle générosité ! Évidemment, au moment de vouloir payer, ils nous répondent que nous sommes leurs invités…

Nous faisons un nouvel arrêt où Vanchai achète à Anaïs et à Victor un saut de nourriture pour poissons qu’ils distribuent dans l’eau de la rivière Nan. L’assaut des voraces est impressionnant.

Retour pour l’école à la Tiny. Puis déjà sonne l’heure de midi alors que nos estomacs ne crient pas encore famine. Ice est parti nous acheter un immense conditionnement de pilons de poulets panés au KFC et des pizzas ! Mais quel accueil ! Ce n’est pas fini, au moment de partir, on est couvert de cadeaux : une voiture pour Victor, des couvertures polaires (!) pour les enfants, un régime de bananes… et pour fêter l’anniversaire d’Audrey, ils lui offre des pots de Nutella, des petits gâteaux, un pot de fleur de sel… Je repars même avec un superbe rabot qui rejoindra la collection de mon papa, mais pour cela, il va falloir qu’il vienne le chercher !

Nous quittons nos hôtes ainsi que Florence et Yannick, toujours en direction du nord. Cet après-midi, 270 km au programme. La deuxième moitié se fait sur une route un peu sinueuse et montagneuse par endroit, nous faisant d’autant plus apprécier les paysages.

C’est quasiment à la tombée de la nuit que nous arrivons à notre bivouac à Ko Kha près du très beau temple de Wat Phra That Lampang Luang que nous visiterons demain. Mais une petite visite by night nous séduit déjà !

Soirée anniversaire avec apéro où on s’offre même le luxe de sortir du Beaufort, du saucisson, une bonne bouteille de blanc d’hiver (merci Alex et Pascale !) et du Ricard : Audrey souffle ses 5 bougies sur un gâteau de crêpes fourrées au Nutella et aux bananes.

Vendredi 21 février 2020 :

Lampang

Le Wat Phra That Lampang Luang est un temple construit au 15ème siècle sur une petite butte. Il est entouré d’un mur de fortification datant du 8ème siècle qui lui donne un petit air de citadelle. On y accède par un long escalier dont les rampes sont deux superbes nagas.

On pénètre dans l’ensemble par une magnifique porte finement ouvragée et sculptée d’oiseaux, de personnages mythiques et de dragons.

Le principal bâtiment du sanctuaire, certainement l’une des plus anciennes constructions en bois du pays, repose sur de puissants piliers de teck laqués à la feuille d’or, soutenant un élégant triple toit tout en bois et couvert de tuiles rouges. Les toitures basses et étagées du temple sont typiques de l’architecture Lanna du nord du pays. Ce large Wihaan Luang ouvert sur les côtés renferme un Bouddha. Magnifiques bois laqués, dorures, peintures murales reprenant la vie de Bouddha…

A l’arrière, un chedi de 45 mètres de hauteur et 24 mètres de circonférence est couvert de feuilles de cuivre et de bronze oxydées par les années, sa pointe étant elle recouverte d’or. Il abriterait lui aussi une relique du Bouddha.

Autour de la pagode principale, il y a plusieurs autres petits bâtiments, comme le Wiharn Phra Phut ainsi que quelques chapelles comme la Nam Tam ou la Ton Kaeo.

Un tout petit bâtiment blanc, le Ho Phra Phuttabat abrite une empreinte de Bouddha et est interdit aux femmes, en fermant la porte, une image inversée du temple se forme sur un vieil écran de vidéoprojecteur blanc grâce à un phénomène de chambre noire. Surprenant phénomène optique bien connu des Frères Lumière.

Dans une autre partie du temple, on visite un (très) poussiéreux musée qui contient différents objets, des instruments de cérémonies, d’étonnantes petites statues de Bouddha vraisemblablement très anciennes, des manuscrits bouddhiques en feuilles de latanier…

Un très vieux temple, le Wiharn Phra Kaew, renferme un Bouddha supposé être issu du même bloc de jadéite que le fameux Bouddha d’émeraude de Bangkok.

Cet ensemble que nous visitons ce matin, serait considéré comme l’un des plus beaux de Thaïlande. Nous confirmons. On adore l’atmosphère qui s’en dégage, d’autant plus que l’endroit, assez désert à la première heure de la matinée, n’est pas du tout touristique. Il y a beaucoup de fidèles mais dans toutes les religions, on adore observer cette ferveur. Ici, ils accrochent des billets, font des offrandes, mettent de l’eau bénite dans un petit bateau qui est hissé à l’aide d’un treuil jusqu’en haut du chedi où le chariot se déverse, dépose des statues d’ovins, de coqs.

C’est en début d’après-midi, encore après une bonne séance d’école, que nous partons poursuivre notre découverte du nord de la Thaïlande. Depuis hier, nous sommes en contact avec des amis voyageurs, les Pourquoi Pas, déjà rencontrés à plusieurs reprises en Iran et au Laos. Nos chemins sont amenés une dernière fois à se croiser aujourd’hui. Pas le temps de bivouaquer ensemble car nous avons tous les deux de la route mais nous prenons du plaisir à échanger quelques instants avec Mariam, Loïc et leurs adorables enfants Edrian, Maëlia et Ntyalé. A chaque fois qu’on les croise, nous découvrons sur leur camion de nouvelles œuvres d’art peintes par des artistes locaux. Le résultat commence à être bien sympa. Bon, on croise les doigts pour que la suite de leur voyage se passe comme ils l’espèrent car leur prochain pays à traverser est la Chine. Ils ont déjà galéré tellement et eu tellement de mérite à persévérer pour avoir leurs visa chinois (plus de 4 mois à faire plusieurs ambassades, à refaire leur passeport pour en avoir un vierge…), et le fameux Coronavirus a pointé le bout de son nez et la Chine a interdit temporairement leur entrée sur leur territoire… et il faut qu’ils soient rentrés dans 3 mois en France…

Nous reprenons la route, en traversant beaucoup de secteurs où des brûlis volontaires et théoriquement maîtrisés crament tout.

La nuit arrive et soudain un gros bruit sous le camion !! ah ben non… Arrêt en catastrophe sur le bord de la quatre-voies. C’est bon, ce n’est qu’une partie du support de la roue de secours qui s’est dévissé. On repart.

Nous atteignons notre étape envisagée un peu au sud de Chiang Rai, qui sera notre point le plus au nord de la Thaïlande. Nous arrivons dans la région du Triangle d’or aux confins du Laos, du Myanmar (Birmanie) et de la Thaïlande. La frontière triangulaire sur les trois pays se situe au confluent du Mékong et de son affluent le Ruak.

Bivouac sur le parking du Wat Rong Khun, notre visite de demain. En montant un peu vers le nord, on apprécie de retrouver un peu de fraîcheur nocturne. On a bien perdu 10°C la nuit. Il ne fait plus que 18 à 20°C la nuit, ce qui nous procure des nuits bien plus reposantes et récupératrices que celles qu’on avait depuis plus de deux mois avec des températures souvent  supérieures à 30°C dans la Tiny pour s’endormir.

Samedi 22 février 2020 :

Le Temple Blanc

À la fin du 20ème siècle, le Wat Rong Khun original, était un vieux temple qui tombait en ruine et il n’y avait pas de fond pour le restaurer. Un artiste thaïlandais de renom, Chalermchai Kositpipat, a alors proposé de le rénover totalement avec son propre argent pour rendre hommage au roi Rama IX et à Chiang Rai, sa ville natale. Wat Rong Khun, communément appelé le Temple blanc est aujourd’hui une véritable œuvre d’art.

Les travaux ont commencé en 1996 et quand il sera entièrement terminé en 2070, le Wat Rong Khun comprendra 9 bâtiments qui constitueront la vision du paradis bouddhiste sur terre telle qu’imaginée par l’artiste. Le financement du temple est assuré par les fonds personnels de l’artiste, les billets d’entrée et la vente des peintures de celui-ci, exposées et vendues dans un bâtiment annexe. En 2014, le Temple blanc a subi de nombreux dégâts à cause d’un tremblement de terre. L’artiste Chalermchai Kositpipat pense dans un premier temps que le temple doit être complètement démoli pour des raisons de sécurité. Mais des experts venus constater les dégâts ont assuré que la structure des bâtiments était en bon état. Le Temple blanc a alors été vite remis en état et il est de nouveau ouvert au public.

En rupture avec la plupart des autres temples, celui-ci est d’une blancheur extraordinaire, pour symboliser la pureté du bouddhisme, et incrusté de morceaux de miroirs pour suggérer la réflexion de l’illumination. Mais il a été conçu sur le modèle de l’architecture thaïlandaise classique, avec le toit à trois niveaux et l’utilisation abondante de serpents Naga. En plus du choix de la couleur blanche pure, une grande partie des choix structuraux, des créatures mythiques et des positions des gardiens et des divinités du Temple blanc représentent une signification religieuse ou symbolique. Le thème commun du temple est d’échapper à la cupidité et au désir et d’avancer vers l’illumination à travers les enseignements de Bouddha.

Nous atteignons le Temple blanc en traversant le Pont du cycle de la renaissance. Le lac est parsemé de créatures des enfers. Sous le pont se trouvent les centaines de mains de ceux qui n’ont pas résisté à la tentation. Ce pont symbolise le passage du cycle de la mort et de la renaissance qui s’en suit. Il enseigne que le chemin du bonheur consiste à éviter la tentation, la cupidité et le désir.

Après avoir traversé le pont, nous arrivons à la Porte du ciel, gardée par deux créatures représentant la Mort et le démon Rahu, qui décident du sort des morts.

Dans le temple, le décor contraste avec la blancheur éclatante du reste du temple. Les peintures murales représentent les flammes et les visages démoniaques, intercalées avec les idoles occidentales telles que Michael Jackson, Kung fu Panda, Dark Vador, Terminator, Harry Potter, Superman, Hello Kitty, les Tortues Ninja, Zinédine Zidane, Star Wars, Hulk, Spiderman, Pikachu, Avatar… Les images de la guerre et d’attaques terroristes comme celle des Tours Jumelles sont représentées. De cet espace maléfique, s’échappent dans des nacelles volantes des hommes et des femmes qui rejoignent Bouddha, serein, sur le mur d’en face.

D’autres bâtiments sont déjà construits et terminés mais pour certains, leurs structures blanches ne sont pas encore toutes ornées de tous les décors de dragons, serpents et autres créatures.

Le bâtiment doré, abrite en toute simplicité les toilettes !

Nous visitons la galerie d’art de l’artiste où sont exposées des centaines d’œuvres peintes ou sculptées.

Nous ne sommes pas déçus d’avoir fait le détour pour voir cette œuvre d’art. Au même titre que la Casapueblo construite par Carlos Páez Vilaró à Punta Ballena en Uruguay ou bien encore le Buddha Park de Bunleua Sulilat à Vientiane au Laos, on adore ces délires architecturaux d’artistes !

Ça y est, nous avons atteint le point le plus au nord de notre parcours en Thaïlande, à tout de même plus de 1300 km à vol d’oiseau du point le plus au sud où nous étions à Phuket. Après avoir effectué une jolie boucle de 10 000 km en Asie du Sud Est à travers le Laos, le Vietnam, le Cambodge et la Thaïlande, nous sommes revenus à seulement 140 km à vol d’oiseau de Pakbeng au Laos où nous étions venus en famille, il y a bientôt 4 mois.

Nous prenons la route en direction de Chiang Mai à seulement 180 km mais alors qu’on n’a eu qu’un excellent réseau routier jusqu’à présent dans ce pays, cette fois-ci, la route est en travaux et très pourrie par endroit.

Petits passages en altitude à travers un joli paysage agréable, car la végétation n’est pas noircie par les brûlis. On traverse des grandes forêts de tecks. En fin d’après-midi, nous nous garons sur un parking payant mais bien situé en plein cœur historique de la ville de Chiang Mai où nous allons nous poser pendant quelques nuits.