171 km parcourus du 23 au 28 février 2020

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51 491 km parcourus depuis le départ

Dimanche 23 février 2020 :

Nous sommes arrivés hier soir à Chiang Mai dans le nord de la Thaïlande. Elle est en fait l’ancienne capitale du Royaume de Lanna (1292-1775), un territoire qui a été rattaché au Royaume de Siam vers le début du 20ème siècle, afin d’éviter une éventuelle annexion par l’Empire britannique. Aujourd’hui Chiang Mai est une ville qui vit principalement du tourisme. Elle est le centre culturel et économique du nord du pays et rassemble 130 000 habitants et se place en quatrième place des plus grandes villes de Thaïlande. Mais son agglomération d’1,7 million d’habitants en fait la deuxième plus importante du pays.

Chiang Mai

Réputée pour sa douceur de vivre, Chiang Mai est un coup de cœur de nos cousins Noëlle et Bernard qui aiment venir s’y poser. Nous faisons le choix de nous y installer pour quelques jours pour voir si elle tient ses promesses de ville agréable.

Une fois entrés dans le centre historique cerné de murailles, on oublie vite la circulation dense d’hier soir en arrivant ici dans cette cité étendue, où la construction est sans unité architecturale, où les feux de signalisations trop longs, où la pollution plombe le ciel bleu… Nous sommes bien garés dans la vieille ville dessinée par un quadrilatère d’1,5 km de côté entouré de douves, sur un parking privé. On en oublie qu’on est dans une si grande ville.

Mais avant de partir découvrir la cité, il s’agit de terminer la dernière journée de la période scolaire des enfants. Ils sont dans les temps. Jusqu’à présent, chacune des périodes établies par Audrey durait 5 semaines (10 périodes dans l’année). Mais compte tenu des nombreuses pauses que nous faisons pour recevoir (avec un immense plaisir !) famille et amis, il nous faut accélérer le rythme… Du coup, grâce à 3 grosses heures d’école quotidienne au lieu de 2, le challenge a été rempli de clore la période en 3 semaines. Ils en sont pile poil à la moitié de leur programme des 3 ans de voyage. Bravo Anaïs, Victor et Mamantresse !

Audrey donne quelques consignes aux enfants pour finir la dernière heure d’école et part assister à un cours de yoga.

En début d’après-midi, nous partons au hasard des ruelles nous perdre dans la vieille ville. Effectivement, l’ambiance est tranquille, la circulation automobile est relativement calme, le klaxon n’est pas du tout utilisé. De nombreux tuk-tuk et songthaew (taxis collectifs pick-up à deux ou trois rangées de passagers) circulent à travers la ville. Ils sont de différentes couleurs selon les quartiers qu’ils desservent. De rares pousse-pousse promènent des touristes.

Chiang Mai est évidemment très touristique et on y trouve beaucoup d’établissements accueillant des voyageurs des 4 coins de la planète. On croise beaucoup d’occidentaux dans les rues. Toujours pas de chinois. En raison des restrictions de voyages émises par les autorités chinoises, la chute du nombre de voyageurs venant de l’Empire du Milieu sur le début du mois de février est impressionnante car elle a chuté de plus de 86% selon le Ministre du Tourisme. On ne s’en plaint pas mais c’est une catastrophe pour les locaux qui sont très dépendants du tourisme qui a en tout chuté de 43% d’un niveau général.

Nous suivons de près l’évolution de la maladie Covid-19, non pas par peur d’être contaminés car encore une fois, on ne craint pas plus que si on était ailleurs dans le monde, mais simplement par rapport à la suite de notre voyage. On espère juste ne pas trouver de frontières qui se ferment ou de voir des quarantaines qui nous seraient imposées. La Turquie et le Pakistan viennent de fermer leur frontière avec l’Iran, mettant des amis voyageurs dans une impasse alors qu’ils sont sur le chemin du retour vers l’Europe par la route. La Russie, la Mongolie, le Kazakhstan, le Laos se sont aussi isolés de la Chine en fermant tous les postes de frontières terrestres. Nous ne sommes donc pas concernés pour le moment mais la situation peut évoluer. Il ne faudrait pas qu’on se retrouve bloqués en Thaïlande si les pays voisins comme le Myanmar ou l’Inde nous bloquaient l’accès. Quoi qu’il en soit, on a eu bon nez de modifier notre itinéraire et d’éviter la péninsule arabique. On verra bien la suite…

Revenons-en à Chiang Mai. Comme dans

toute ville touristique, on trouve à tous les coins de rues salons de massages, hôtels, agences de tourisme, bars, restos… Mais la ville est agréable avec toutes ses boutiques de créateurs.

Tous ces établissements alternent avec les nombreux sanctuaires bouddhistes de la ville. C’est la ville aux 350 temples !

Après avoir rempli nos 4 ventres pour 60 baths chacun (1,75€) de pad thaï (nouilles sautées) nous sortons déjà de la ville fortifiée, ce large carré entouré de remparts et de douves, ce qui n’est pas courant en Asie. On n’a vu que très peu de villes fortifiées, simplement à Xi’an et Pingyao en Chine ou aussi à Hué au Vietnam.

Wat Sri Suphan

Le Wat Sri Suphan, ou Temple d’argent, est un monastère bouddhiste pour le moins insolite puisque son style architectural repose essentiellement sur l’argenterie. Les chedis, le viharn ainsi que les autres bâtiments importants du temple sont tous construits à partir de ce métal étincelant qui symbolise la pureté et dont certains éléments sont plaqués or. La construction du temple remonte à 1502, mais la grande majorité des structures originelles n’a pas survécu aux impacts temporels. Il y a 200 ans de cela, le roi Kawila fonda la première communauté d’orfèvres de Chiang Mai. Il invita des villageois du nord-ouest de la Thaïlande, réputés pour leurs compétences particulières en argenterie, à former une petite communauté juste en dehors des murs de la vieille ville de Chiang Mai, afin de redonner une seconde vie au Wat Sri Suphan.

Le sanctuaire principal (Ubosot) dont l’ensemble de la structure a été retravaillé par des mains de maitres lors d’une rénovation récente est superbe. Ce n’est effectivement qu’au début de notre siècle que les artisans ont utilisé un alliage de zinc et d’argent précieux pour le recouvrir intégralement. Devant le sanctuaire trône un Bouddha tout en argent. Cet impressionnant complexe d’argent éblouit non seulement par sa structure, mais aussi par l’éclat qu’il dégage. La totalité de la surface, aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur brille, sans oublier le sol et le toit. L’intérieur est somptueux, avec un jeu de miroirs amplifiant les lumières et les vives couleurs des statues. L’entrée est malheureusement réservée aux hommes car les croyances Lanna n’autorisent pas les femmes à pénétrer dans ce lieu sacré.

Un peu plus loin, se trouve le grand viharn qui est la salle principale destinée à la prière. Des scènes vivantes de Bouddha sont également façonnées à l’argent.

Le temple est devenu un centre doté d’une grande importance pour l’artisanat local puisqu’il permet toujours de faire durer la tradition de l’orfèvre et de transmettre les techniques de fabrication d’argenterie. Nous voyons aux alentours du temple les artisans à l’œuvre, qui mettent en pratique leur savoir-faire au service du temple. Même le petit bus est revêtu d’argent !

Après cette première visite de temple (il en reste 349 !) et un premier aperçu agréable de la ville, nous rentrons faire une pause à la Tiny pour qu’Anaïs, un peu fatiguée aujourd’hui, se repose. Je passe quelques heures à m’occuper de la Tiny : un peu de plomberie pour l’évacuation des WC, refaire un support de fixation pour la roue de secours, réparer le tube PVC qui me sert à stocker sous le châssis le conduit de cheminée, commencer à bricoler la fixation de la tôle de protection sous le moteur dont les supports sont cassés depuis bien longtemps mais l’Asie du Sud-Est avec son bon réseau routier est bientôt terminé… Bientôt l’Inde et ses routes pourries…

Sunday Night Market

En fin d’après-midi, Anaïs a repris des forces et nous nous rendons au Sunday Night Market, l’un des célèbres marchés nocturnes de la ville de Chiang Mai où les touristes étrangers viennent acheter aux locaux toutes sortes d’objets, des fausses imitations (mais vraiment pas beaucoup ici contrairement à d’autres marchés nocturnes que nous avons visités en Asie), mais principalement de l’artisanat typique que des créateurs en tout genre exposent. Les spectacles de rues et les artistes peintres font eux aussi partie du marché.

L’ambiance est agréable et familiale. L’endroit est parfait pour découvrir l‘excellente cuisine de la Thaïlande. Un grand nombre de stands s’installent dans la rue et curieusement aussi dans les cours de temples comme dans ceux de Wat Sumpow ou bien Wat Inthakhin Sadue Muang. Il est surprenant d’entendre les cérémonies bouddhistes retransmises à l’extérieur par des hauts parleurs sur ce marché nocturne ! Les prix sont si peu élevés dans ces petits restaurants de rue qu’il est plus judicieux et plus sympa de boire un jus de fruits frais et de manger ici que de cuisiner. On se gave tous les jours de fruits frais qui sont plus rafraîchissants que les bières. Mangue, banane, passion, avocat, coco sont nos parfums préférés.

Lundi 24 février 2020 :

Ce matin, Audrey retourne à la Hidden House pour un deuxième cours de yoga (c’est un de ses cadeaux d’anniversaire).

Bo Sang

Dans l’après-midi, nous prenons la Tiny pour partir en direction du village de Bo Sang à une dizaine de kilomètres du centre de Chiang Mai. Il est réputé depuis 200 ans dans toute la Thaïlande pour la fabrication artisanale de ses ombrelles en papier. Nous y visitons le Bo Sang Umbrella Making Center en observant plusieurs artisans travailler à chaque étape de la confection des ombrelles allant de la fabrication de la structure en bambous, au collage du papier sur la structure, à la peinture des motifs. Le papier est produit à partir de l’écorce de mûrier de Chine le Po-Sa. Les moyens employés sont basiques et traditionnels : pas de machines, pas d’appareil électrique, mais des chignoles pour percer le bambou et les baleines. Les femmes collent le papier, l’enduisent de vernis pour sa tenue et sa durée dans le temps.

Nous poursuivons quelques kilomètres plus loin par la visite d’un centre artisanal de céladon, cette fameuse céramique, au nom emprunté à la langue française. Originaire de Chine, cette technique remontant au 2ème siècle de notre ère existe en Thaïlande depuis plus de 400 ans. Ces céramiques traditionnelles sont déclinées en services de table, vases, pieds de lampes et divers objets décoratifs. Nous observons les artisans appliquer sur la poterie brute une couche de glaise contenant de l’oxyde de fer avant de la cuire au four. C’est ainsi qu’est obtenue la couleur bleu-vert typique du céladon.

Il serait intéressant de poursuivre la visite de ces villages artisanaux travaillant également la laque, la sculpture mais je souhaite revenir en direction de Chiang Mai pour faire la tournée des magasins de pièces automobiles, avant leur fermeture. Il me faut remplacer les feux arrières dont certaines positions, pourtant pratiques (comme le clignotant gauche) ne fonctionnent plus depuis notre pause non loin de Wuhan en Chine. Peut-être le virus… Chiang Mai est la dernière grande ville avant notre arrivée au Myanmar (où je n’aurai pas le temps de m’occuper de ça) et l’Inde où la conduite semble assez infernale. Bien que l’usage du clignotant ne soit pas de rigueur en Inde… Bref, après pas moins d’une douzaine de magasins différents, pas moyen de trouver mon bonheur. Il est 17 heures, les magasins ferment. Tant pis. Retour à notre bivouac en plein cœur de l’ancienne cité de Chiang Mai. C’est décidé, on ne bouge plus la Tiny tellement la circulation est dense. Pas dangereuse car les Thaïs conduisent assez bien à mon goût. Cependant, les routes thaïlandaises sont considérées comme les plus dangereuses de l’Asie du sud-est. Le pays enregistre le deuxième taux de mortalité routière le plus élevé au monde. Mais les victimes sont surtout les conducteurs de deux-roues.

Wat Inthakhin Sadue Muang

En début de soirée, nous repartons déambuler dans la vieille ville. Ce temple tout en bois de teck est tout simplement splendide.

En chemin, nous passons devant de belles voitures anciennes, souvent mises en avant par des hôtels ou des restos.

Wat Phra Singh

Non pas que les enfants saturent des temples, mais ils préfèrent rester bricoler à la Tiny alors qu’avec Audrey, nous partons visiter le temple Wat Phra Singh, l’un des plus grands, l’un des plus visités et l’un des plus intéressants de tous ceux de Chiang Mai. La construction du temple remonte à 1345. Il abrite plus de 700 moines. Le principal et le plus grand bâtiment, le Viharn Luang, est en grosse restauration et entièrement fermé au public. Petite déception mais le complexe de ce temple est immense et de nombreux autres bâtiments sont somptueux.

Le Ho Trai est la Bibliothèque de l’Écriture, dans laquelle sont conservés de précieux manuscrits des Saintes Écritures. C’est un véritable exemple de l’architecture typique du Lanna qui comprend une structure en bois de teck très élaborée construite sur une base de pierre surélevée par des sculptures. Les escaliers menant au Ho Trai sont gardés et ornés par d’imposantes créatures mythiques appelées Makara.

Construit en 1806, l’Ubosot est un petit bâtiment qui se situe juste derrière la grande salle de prière en rénovation. Ce lieu sacré, où sont ordonnés les moines, comprend deux entrées : une entrée au sud pour les moines et une autre au nord, destinée aux religieuses. Les statues de cire sont impressionnantes de réalité.

Le Chedi Kulai est imposant et remarquable avec son revêtement très récemment plaqué de cuivre doré. Nous observons un moine expérimenté donner quelques enseignements bouddhistes à un novice qui reproduit les postures de son aîné.

Le Viharn Lai Kham est un magnifique bâtiment décoré d’or et d’ocre, avec une façade finement sculptée et avec un toit à trois niveaux. Il abrite un véritable trésor, le très vénéré Bouddha Phra Singh, fait de bronze, datant du 8ème siècle, et qui fait toute la renommée du temple. Les murs sont recouverts de peintures murales datant des années 1820 et illustrent des scènes de la vie quotidienne, mais aussi des représentations de la vie antérieure du Bouddha. L’ensemble des piliers sont décorés dans des motifs rouges et or, fidèles à l’architecture Lanna.

De jeunes moines, se prêtent au jeu de poser pour les touristes. Eux-mêmes se prennent en photo et font des selfies dans la cour du temple.

Après avoir pris le temps un instant sur une terrasse pour boire (encore) un de ces fameux jus de fruits frais, nous retrouvons nos sages enfants à la Tiny.

Mardi 25 février 2020 :

L’école nous occupe jusqu’à midi. Je passe quant à moi du temps à rédiger le blog, trier les photos, et m’occuper de différentes tâches sur l’ordinateur. Audrey part profiter de son cadeau d’anniversaire (oui, elle a été gâtée) en allant se faire masser pendant deux heures dans un salon logé dans une maison traditionnelle où les employées sont d’anciennes détenues de la prison de Chiang Mai en voie de réinsertion. De plus, ces femmes ont réellement reçu une formation agréée. Franchement un massage haut de gamme à 750 baths soit environ 22€ les deux heures, il ne faut pas se priver, surtout dans une vieille demeure traditionnelle.

Bon, on peut aussi se faire masser directement sur le trottoir dans tous ces salons de rues mais ce n’est pas le même cadre et certainement pas la même prestation non plus…

Pendant ce temps, avec Anaïs et Victor, nous déambulons dans les rues de la vieille ville, partons à la recherche d’un resto toujours pour fêter l’anniv’ d’Audrey avec un peu de retard. Nous faisons un peu (ou plutôt beaucoup) de change en vue de réunir la cagnotte nécessaire en cash pour payer notre traversée du Myanmar mais surtout le futur shipping entre l’Inde et l’Afrique (et il faut quelques milliers de dollars en liquide…). Tout au long de notre voyage, nous devons gérer notre stock de devises en euros, en dollars (le seul moyen pour payer nos visas, nos shippings) et en monnaie locale (déjà 15 monnaies différentes depuis notre départ). Dans beaucoup de pays (plus qu’on ne le pensait), il n’est pas possible de payer en carte bancaire, même son plein de gasoil, l’entrée au musée ou les courses au supermarché. On doit donc toujours avoir pas mal de liquidités sur nous.

Puis, nous attendons, autour d’un jus frais de fruits frais, Audrey qui nous rejoint, bien détendue…

Ensemble, nous marchons au hasard des rues de la vieille cité de Chiang Mai. Une fois sortis des grands axes touristiques, on adore (comme toujours) voir la vie des locaux dans leurs vieilles maisons traditionnelles en bois. De la grande villa cossue entourée de végétation à la petite plus simple mais où les habitants plus modestes ont quand-même une voiture à stationner dans le garage-salle à manger…

Wat Pan Whaen

Et puis, c’est parti pour la tournée des temples. Le Wat Pan Whaen est étonnant avec son stupa bien travaillé.

Dans tout Chiang Mai, il n’est pas compliqué d’acheter à manger. Il y a partout des marchands ambulants.

Wat Phuak Taem

Le Wat Phuak Taem n’a rien d’exceptionnel (on devient difficile !) ou du moins de différent par rapport aux autres mais nous en retiendrons cette belle rencontre avec les moines fiers de leur travail de ferronnerie. Ils passent un moment à nous montrer ce qu’ils font, à nous sourire, à nous dire deux mots en français (bonjour et merci). La discussion en anglais est très limitée mais bien agréable.

Nous poursuivons notre exploration de la vieille ville, en allant au hasard des rues et ruelles, observant avec curiosité la vie des locaux. Un air de petit village avec l’heure de la sortie des écoles où les enfants se dépêchent d’aller acheter aux vendeurs ambulants de quoi goûter. Effectivement, une réelle douceur de vivre se dégage de Chiang Mai, une fois sortis des quartiers touristiques situés dans la partie Est de la vieille ville. Un peu comme nous l’avions ressenti à Luang Prabang au Laos, une de nos villes coup de cœur (et pays !) de notre tour du monde. On aime cette petite oasis de tranquillité à l’abri des murs de la vieille ville.

De superbes maisons en bois nous fascinent par leur architecture comme celle de l’hôtel Amata Lanna Jangmuang.

Nous passons devant un nombre incalculable de temples dans lesquels nous ne rentrons pas. La ville en contient donc plus de 350 ! Parmi eux, le Wat Dok Kham, le Wat Umong Maha Therachan, le Wat Phan On et combien d’autres !

Wat Chedi Luang

Nous arrivons au Wat Chedi Luang qui fait partie des temples les plus impressionnants et les plus importants de Chiang Mai. C’était le temple dans lequel se réfugiaient les rois du Royaume de Lanna. Comme beaucoup de temples, celui-ci fut construit par un roi qui succéda au trône suite à la mort de son père et qui voulut y entreposer les cendres de ce dernier. La construction de cet ensemble, qui a duré 84 ans pour se terminer en 1475, a permis d’édifier un monument de plus de 85 mètres de hauteur et 44 mètres de large, contenant plus de 28 000 reliques du Bouddha et autres objets précieux de l’époque, dont l’image de Bouddha la plus vénérée de toute la Thaïlande, le fameux Bouddha d’Émeraude, aujourd’hui conservé à Bangkok dans le Wat Phra Kaew.

En 1545, un tremblement de terre ravageur n’épargna pas le temple (le chedi perdit 25 mètres de hauteur) et l’empire birman en profita pour piller la ville en 1567 et emporter les reliques en or et en argent qui faisaient la renommée de l’édifice. Dépouillé de tous ses biens, le Wat Chedi Luang perdit peu à peu de sa valeur le déclin commença. Le bâtiment ne fut jamais reconstruit, mais malgré tout ce qu’il a enduré, il demeure l’une des structures les plus imposantes de tout le pays et le chedi principal demeure impressionnant. Il est construit sur une base cubique faisant plus de 44 mètres de large et il mesure encore 60 mètres de hauteur. Sur les 4 coins du monument sont répartis des immenses escaliers décorés par des nagas (serpents à tête de dragon) et des sculptures d’éléphants gardent l’entrée.

L’ensemble a depuis été rénové et deux autres viharn plus modernes sont venus compléter le charme du complexe religieux qui demeure le lieu le plus sacré de Chiang Mai et plusieurs moines le fréquentent régulièrement pour leur prière ou le pèlerinage.

A côté du chedi principal, le Grand Viharn est une salle splendide dont la construction remonte à 1928. De gigantesques colonnes rondes supportent un toit rouge élevé à trois niveaux. Magnifiques décorations dorées sur les piliers laqués et majestueux Bouddha en position debout. Nous avons la chance à 17 heures de pouvoir assister au moment de recueillement des moines. Toujours émouvant comme instant.

A l’arrière de l’ensemble, de jolis bâtiments sont bâtis en bois de tecks comme le Wiharn Chaturmuk Burapachaan ou bien le Wiharn Acharn Mun Bhuridatto aux toits superposés.

Petit resto pour quelques baths, ce soir, car on n’a pas envie de cuisiner.

Mercredi 26 février 2020 :

Matinée comme les autres depuis que nous sommes arrivés à Chiang Mai. École, blog, yoga… Aussi un peu de mécanique avec le remplacement de mon filtre à gasoil qui n’a pas été changé depuis Oulan Bator mais depuis 20 000 km, le gasoil est d’assez bonne qualité.

Nous partons à l’extérieur de la vieille ville. D’un coup, c’est beaucoup moins agréable à notre goût. Les avenues ne sont pas très belles bien que quelques maisons anciennes soient sympas. Nous sommes toujours sidérés, comme partout en Asie du Sud-Est, par le réseau électrique.

Wat Bupparam

Nous faisons une première pause au Wat Bupparam. Oui, encore un temple, mais il y en a à tous les coins de rues à Chiang Mai et je ne vous parle que des plus beaux… Mais celui-ci a ceci de différent des autres que la salle principale du sanctuaire coiffée de 4 toits superposés, se situe à l’étage. Sinon, il ne diffère pas beaucoup des autres avec son grand stupa, tous ses Bouddhas dans quasiment toutes les positions. Par contre, nous n’avons pas résolu l’énigme quant à la présence de Donald au milieu des Bouddhas.

Mais le temple est surtout intéressant pour son viharn trois fois centenaire, construit tout en bois et décoré de stucs à motifs floraux incrustés de miroirs de couleur.

Wororot market

Nous avançons au marché couvert de Wororot. On y mange un Kao Soï, petit plat typique et peu onéreux (soupe de nouilles au curry avec des morceaux de porc ou de poulet servie avec des nouilles frites sur le dessus) puis notre dessert préféré, le sticky-rice mango. Nous déambulons dans les allées colorées et odorantes tout en faisant le plein de fruits et légumes à petit prix. Il y a des centaines de boutiques vendant tout simplement de tout !

Le marché aux fleurs est également bien garni, mais moins que celui de Bangkok. Il sert essentiellement à confectionner les superbes compositions florales que l’on voit dans les temples.

Juste à côté du marché, nous longeons un peu la rivière Ping qui traverse la ville.

Pung Tao gong ancestral

Construit en 1876, c’est le plus vieux temple chinois de Chiang Mai. Il atteint les sommets du kitsch.

Retour à la Tiny en pleine chaleur et bien que les enfants commencent un peu à saturer (c’est rare…) des temples, on repart après une petite pause car nous voulons encore profiter d’en visiter quelques uns conseillés par notre guide et par différents blogs d’autres voyageurs.

Wat Chiang Man

Le Wat Chiang Man fait partie de l’un des trois principaux temples de Chiang Mai. C’est le monastère le plus vieux et le plus ancien de tous. C’est le premier temple royal qui fut édifié en 1306. Son architecture est fidèle au savoir-faire Lanna typique du nord de la Thaïlande avec des façades élégantes en bois sculpté et doré.

Le grand Viharn est d’une taille impressionnante et il est composé d’un toit à trois niveaux. Contrairement à la plupart des temples de Chiang Mai, le personnage principal des différentes scènes exposées n’est pas Bouddha, mais le roi Mengrai. Mais le sanctuaire abrite quand même toutes sortes de sculptures en bois aux couleurs or et ocre. La charpente intérieure est superbe.

Le petit Viharn du Wat Chiang Man tient sa renommée du fait qu’il abrite deux petites, mais très vieilles et très importantes représentations de Bouddha. La population locale vénère ce Bouddha miniaturisé taillé dans du quartz qui aurait 2500 ans et aussi ce Bouddha de cristal d’environ 10 cm qui aurait 1800 ans. Ces deux trésors sont soigneusement en sécurité derrière des grilles. Ils reposent sur un socle en bois entièrement recouvert d’or dont le poids avoisine les 6 kg.

Au gré de notre errance dans Chiang Mai, nous sommes toujours à l’affût des œuvres de street art.

Wat Lok Molee

Juste de l’autre côté des remparts, le Wat Lok Molee est remarquable avec sa construction en teck datant de 1545 et son grand chedi de briques construit un peu plus tôt en 1527 par le roi Chettharat. On adore l’atmosphère de ce temple gardé par deux éléphants au niveau d’un porche en briques. C’est d’autant plus magique quand on a la chance de voir des moines vêtus de leurs tenues couleur safran. On ne s’en lasse pas… C’est vrai qu’on enchaine les visites de temples mais ils ont tous quelque chose de différents. On adore.

Audrey part faire visiter aux enfants le Wat Phra Singh que nous avions visité seuls en amoureux il y a deux jours. Moi pour ne pas repayer l’entrée, je préfère les attendre devant une Chang

Ce soir, on re(fête) l’anniversaire d’Audrey qui a reçu un bon pour un très bon resto. Nous l’avons choisi avec Anaïs et Victor et faisons la surprise à Audrey de l’emmener dans ce bel endroit logé dans une maison traditionnelle qui possède également une belle architecture moderne. On se régale d’une savoureuse cuisine. Un délice ! ça nous change des petits restos populaires (par ailleurs souvent bons) ou des portions de pad thaï, de fried rice ou de noodles qu’on achète sur les nightmarket

Jeudi 27 février 2020 :

Matinée mécanique pour moi. Les mauvaises routes vont bientôt de nouveau être de la partie. Au Myanmar c’est pas terrible et en Inde, c’est terrible ! Il me faut donc trouver une solution pour refixer la tôle de protection sous le moteur qui n’est plus en place depuis le Vietnam. En Asie du Sud-Est, cela ne m’inquiétait pas que le carter du moteur ne soit pas protégé. Quoique nos amis des BAAM étaient bien contents d’avoir une tôle car ils ont roulé sur un arbre de transmission qu’a perdu un camion devant eux sans pouvoir l’éviter. Sans la tôle, les dégâts auraient été considérables.

Je suis certes bien outillé et équipé en petit consommable mais ce n’est quand même pas toujours évident de bricoler quand on n’est pas dans son atelier. Mon étau et ma disqueuse me manquent. J’ai, de plus, besoin de fabriquer un nouveau support de fixation grâce à un morceau de tube que j’ai récupéré auprès d’artisans qui travaillaient sur le bord de la route il y a quelques jours. Ayant repéré un atelier de soudure dans la vieille ville de Chiang Mai, j’apporte le nécessaire à un gars qui se fait un plaisir de souder mes morceaux de métal. Il est surpris que je lui donne un petit billet en échange de son travail. Me voilà rassuré et serein avec cette plaque d’aluminium de nouveau en place.

Cours de cuisine thaï chez Ning

Audrey qui a été (très) gâtée pour son anniversaire part assister à un cours de cuisine végétarienne thaï avec Victor qui souhaite se payer le cours avec l’argent que lui avaient fait parvenir tonton Armel et tata Colette.

Ning les accueille donc dans la même jolie maison où Audrey est venue prendre ses cours de yoga. Parmi une quinzaine de plats, Victor et sa maman en choisissent cinq à cuisiner (Green curry, Tom Kha Mushroom, stir fried Kale with Tofu thai style, spring rolls, mango sticky rice). Mélange de légumes frais, de saveurs de coco, galangal, citronnelle, curry… Un régal pour les yeux, le nez et les papilles. Une fois les plats cuisinés, ils les dégustent avec gourmandise !

 

Moi, ce n’est pas mon anniversaire mais je m’offre cependant le même massage qu’Audrey il y a quelques jours, toujours dispensé par des femmes en réinsertion après un passage en prison. C’est vraiment un massage thaï traditionnel de grande qualité avec des gestes très techniques d’une grande précision. Ces deux heures entre les mains expertes de cette femme d’un âge avancé sont un pur moment de bonheur. Un vrai massage plus tonique que relaxant car la femme utilise ses poignets, ses avant-bras, ses genoux, ses pieds pour masser. Elle m’étire dans tous les sens. Durant la dernière demi-heure, je me fais appliquer des Luk Pra Kob, qui sont des ballotins en compresse de mousseline brûlants (chauffés à la vapeur) garnis de plantes médicinales odorantes et d’épices (citronnelle, gingembre, safran…).

Petit resto avec ma grande fille. Un peu rassasiés de toujours les mêmes petits plats pas chers, on se commande pour changer des sandwichs avec des french-fries !

Ça y est, après plusieurs jours à Chiang Mai, nous quittons son quartier historique qui nous a bien plu. Ce qu’on a moins aimé, c’est le nuage de pollution et son taux de particules fines PM2,5 atteignant des sommets. L’explosion du trafic routier et les centrales à charbon mais surtout la culture sur brûlis sont responsables de ce smog. Comme chaque année depuis 2014, ces feux sont interdits de mi-février à fin avril pour tenter d’endiguer la pollution, mais la pratique se poursuit et les agriculteurs continuent à brûler des parcelles afin de pouvoir les cultiver par la suite. Ce phénomène se pratique à grande échelle tant en Thaïlande qu’au Myanmar (Birmanie) ou au Laos. A l’heure où j’écris ces lignes, elle est la première ville la plus polluée au monde avec un indice de 121 de PM2,5, devant des grosses agglomérations pourtant très polluées en Inde, en Chine, au Pakistan, au Népal, au Bangladesh. Même Pékin arrive en 9ème position. Paris est à 15 ce matin, en 61ème position sur le site AirVisual. L’Organisation mondiale de la santé recommande de ne pas dépasser une concentration de 25 microgrammes par mètre cube de PM2,5 qui sont les plus dangereuses pour la santé plus de trois jours par an.

Chiang Mai est la dernière grande ville où nous passons en Thaïlande. Nous en profitons donc pour aller faire un gros plein de courses au supermarché Big C, pour s’approvisionner en certains produits que nous ne sommes pas certains de trouver de l’autre côté de la frontière dans quelques jours.

Wat Chet Yod

Mais avant de quitter la ville, nous allons visiter un (avant) dernier temple, le Wat Chet Yod, un peu à l’écart. Oui, encore un mais celui-ci est encore différent des autres ! Pas pour son wiharn principal qui est tout aussi beau que les autres. Il date de 1455 et serait une copie d’un temple du nord de l’Inde, avec en plus des influences chinoises et birmanes. Son architecture n’est donc pas fidèle au style Lanna.

Les jardins du temple sont parsemés de chedis dont le plus intéressant est décoré de bas-reliefs en stuc. Le vieux chedi possède 7 pointes symbolisant les 7 semaines que Bouddha passa sous un figuier, avant son illumination…

La tradition Lanna veut que chaque temple soit associé à un signe du zodiaque en particulier et le Wat Chet Yod est la destination pour ceux qui sont nés dans l’année du serpent (tous les 12 ans : 1941, 1953, 1965, 1977, 1989, 2001, 2013). Voici la raison pour laquelle on voit de nombreuses statues de serpents placées dans des endroits destinés aux offrandes.

Nous quittons Chiang Mai et nous dirigeons à seulement une quinzaine de kilomètres. Mais la pente est raide à travers cette belle végétation de parc national de Doi Suthep, une zone forestière richement boisée. Nous prenons en quelques instants 700 mètres d’altitude. Mais nous ne passons toujours pas au-dessus du nuage de pollution. L’avantage est que par contre les températures sont plus supportables. Nous bivouaquons au pied du Wat Phrathat Doi Sutep. Oui, encore un, mais promis, c’est le dernier !

Wat Phra That Doi Suthep

Avant l’arrivée des cars de touristes et des minibus venant de Chiang Mai, nous partons juste après le petit déjeuner visiter le temple. Le Wat Phra That Doi Suthep fait partie des temples bouddhistes les plus vénérés et les plus importants de toute la province de Chiang Mai. Chaque jour, des milliers de thaïlandais s’y rendent pour faire leur prière ou leur pèlerinage. Sa construction date de 1383 mais ce n’est qu’en 1935 qu’une route d’accès fut construite par plusieurs milliers de fidèles. Le temple a connu plusieurs travaux de rénovations au fil du temps pour être agrandi et embelli, notamment grâce à l’ajout de nouveaux sanctuaires et bâtiments sacrés. Un magnifique escalier de 309 marches au cœur de la forêt permet d’accéder au temple. Ses rampes sont décorées de somptueux nagas, ces fameux serpents à tête de dragons.

Le Wat Phra That Doi Suthep dispose de nombreux petits sanctuaires, mais le plus important et le plus sacré d’entre eux est le chedi qui se trouve au centre de la cour. Il est entièrement plaqué or du haut de ses 24 mètres. Il contient divers objets sacrés et, à l’extrémité de chaque angle qui le compose, se trouve un Bouddha devant lequel les fidèles se recueillent. Il est entouré de parasols royaux. A l’intérieur des pagodes, on voit comme d’habitude différentes statues. Des cloches sont actionnées par les pèlerins afin de leur porte chance.

Du sommet de ce fabuleux sanctuaire, on peut (normalement) admirer l’ensemble de la province de Chiang Mai mais compte tenu de la pollution, on ne voit rien. C’est flippant. Alors que la ville est juste à nos pieds, 700 mètres plus bas.

En sortant du site, nous visitons un atelier de sculpture et de taille de jade.

École sur le parking du site avant de reprendre notre cavale pour définitivement quitter Chiang Mai. Sur la descente, le smog nous laisse entrevoir l’immense agglomération de quasiment deux millions d’habitants.

Puis, nous prenons la direction de l’extrémité nord-ouest du pays vers la région de Pai et Mae Hong Son. Nous allons passer les 10 prochains jours à longer la frontière du Myanmar. A nous les petites routes montagneuses et les petits villages. Que ça fait du bien de rouler sur des routes sinueuses, en pleine forêt et de traverser des petits villages. On pensait que la pollution se dissiperait mais non, c’est aussi pire qu’à Chiang Mai. La route des 1800 virages que nous empruntons est splendide mais pas reposante. Pour l’estomac non plus…

La fatigue m’emporte et nous n’atteindrons pas la ville de Pai. Peu importe. Nous nous arrêtons bivouaquer sur le parking du check point policier de Doi Mae Ya en haut d’un petit col à 1300 mètres d’altitude, sous le regard bienveillant et amusé des policiers qui multiplient les photos avec leurs portables.