402 km parcourus du 17 au 26 juillet 2020
57 724 km parcourus depuis le départ
Vendredi 17 juillet 2020 :
Nous quittons provisoirement nos amis les CROODS et partons faire pendant quelques jours un tour près du Lac Léman. Le réseau routier secondaire que nous empruntons en Suisse est en parfait état et nous fait traverser de jolis coins. Pour la première fois depuis de très nombreuses années, nous revoyons le Lac Léman.
Nous nous dirigeons vers le secteur des Pléiades. C’est une montagne dont le sommet taquine les 1400 mètres d’altitude. Elle marque le début des Préalpes et domine le Léman ainsi que les villes et villages de la Riviera vaudoise. Un grand parking nous accueille au départ d’une randonnée qui nous fait au départ traverser des zones marécageuses très fleuries en cette période estivale. Une superbe réserve botanique parsemée de plantes carnivores.
Le temps est un peu couvert et frais mais nous profitons tout de même des magnifiques paysages. Le secteur est équipé de nombreuses remontées mécaniques pour les sports d’hiver mais en ce moment, ce sont les plutôt les vaches qui remplacent les skieurs.
Nous passons devant de jolies maisons et fermes d’alpages qui en période hivernale sont coupées du monde.
Arrivés à 1300 mètres d’altitude, la vue est superbe. Magnifique point de vue sur l’immense Lac Léman, le plus grand lac alpin d’Europe. Cette immense étendue d’une longueur d’environ 73 km et d’une largeur maximale de 14 km marque la frontière entre la Suisse et la France. Le Léman est principalement alimenté par le Rhône, fleuve franco-suisse. Il s’est formé quand le glacier du Rhône s’est retiré et par plissement tectonique. Il est régulé par un barrage depuis 1887.
Nous observons les magnifiques maisons dont certaines façades et toitures sont revêtues de tavaillons appelés « tavillons » en Suisse romande. Ce sont tout simplement des tuiles de bois, comme sur notre Tiny. Les couvertures de tavaillons servent à la fois d’isolant thermique traditionnel et de protection contre les intempéries. Le tavaillon est répandu en particulier dans le massif du Jura, les Alpes, les Pyrénées, la Creuse, mais aussi l’île de La Réunion et la Corse. L’origine semble remonter au 13ème siècle dans le Jura suisse. Mais la couverture des toits à l’aide de planchettes de bois remonte au Néolithique.
Mais à la différence des bardeaux sur le toit de notre Tiny qui sont cloués les uns à côté des autres avec un recouvrement vertical, la technique de pose diffère ici. Le tavillon suisse est posé avec un double recouvrement, vertical et latéral, et est de ce fait plus adapté à des toits courbes. Les gouttières sont également taillées dans des troncs d’arbres.
Nous voyons quelques toitures en réfection, ce qui permet de se rendre compte du colossal travail. Chaque tuile mesure de 10 à 15 cm de large pour 42 cm de long pour les toitures et 33 cm de long pour les façades et 3 à 5 mm d’épaisseur. On en compte jusqu’à 250 unités au mètre carré. Les toitures en bois seraient 10 fois plus isolantes que la tuile, et 20 fois plus que l’ardoise. De par la technique de pose, l’épaisseur varie de 5 à 12 centimètres. Dans cette région montagneuse, l’essence de bois utilisée est l’épicéa ou le mélèze dont la durée de vie dépasse les 25 ans.
Bivouac tranquille sur un grand parking. On a même le luxe d’avoir accès à de superbes douches gratuites.
Samedi 18 juillet 2020 :
Nous changeons de secteur de bon matin, avant de faire l’école car nous savons que la route que nous allons prendre est sinueuse et étroite. Pour croiser un minimum de voitures, nous préférons la prendre ce matin. Elle mène au Col de Jaman non loin à vol d’oiseau de là où nous sommes mais suffisamment pour nous occuper une partie de la matinée car nous devons redescendre quasiment au bord du Lac Léman avant de remonter. La route est interdite aux véhicules de 3,5 tonnes mais nous osons la prendre quand-même malgré nos 5 tonnes. Et là, la montée d’environ 10 km est très difficile et les quelques croisements très compliqués. Mais nous parvenons en haut du col sur un grand parking sur lequel il reste juste une place pour notre Tiny. Mais c’est la place qu’il nous fallait avec une vue incroyable sur le Lac Léman situé 1200 mètres plus bas. Nous avions prévu de randonner aujourd’hui mais on a juste envie de faire une journée off. Du coup, c’est école, jeux de société, lecture, administratif, blog, Lego, tissage de bracelets, cuisine, gestion à distance de la vente de nos livres. Merci Émilie, Liliane et Daniel pour les colis… Je refais un peu de pub en vous invitant à aller faire un tour sur notre boutique en ligne de vente de nos 3 livres de voyage !…
Puis Audrey part quand-même seule découvrir les alentours. Une belle rando la fait monter au col de Pierra Piercha d’où elle a une superbe vue.
Petit goûter avec les pancakes préparés par Victor tartinés de double crème de la Gruyère et de pépites de chocolat de Lusseray…
Autour de nous, la vie des fermes d’alpage se déroule avec les passages de troupeaux d’ovins et le ramassage du lait.
Le bivouac est juste sensationnel aujourd’hui et l’est encore plus quand la plupart des voitures de randonneurs partent au fur et à mesure de la journée. Je ne vous parle même pas du coucher du soleil sur le lac depuis notre fenêtre. Merveilleux.
Dimanche 19 juillet 2020 :
Avant que les locaux n’affluent sur ce beau site de randonnée, nous partons dès 9 heures pour gravir la Dent de Jaman.
Quelques 7 kilomètres et 400 mètres de dénivelés nous offrent une vue à 360° sur les trois grandes régions géologiques de Suisse : les Alpes, le Jura et le Plateau. Quasiment pas de nuages aujourd’hui. Incroyable endroit du haut des 1874 mètres d’altitude de la Dent de Jaman.
La randonnée est juste super belle. On se rend compte de l’immensité du lac dont les rives sont bien habitées. Sur le côté droit la Suisse avec à nos pieds la ville de Montreux réputée pour son Festival du rire, sur le côté gauche le département de Haute-Savoie en France avec au loin les villes d’Evian-les-Bains et de Thonon-les-Bains.
Les brises avalanches nous rappellent que l’hiver, les pentes doivent recevoir une bonne épaisseur de neige. L’endroit est d’ailleurs une station de ski et nous voyons quelques remontées mécaniques et ce mignon petit train à crémaillère qui monte depuis Montreux.
La faune et la flore profitent elles aussi de cette belle période estivale. Jolie petite salamandre noire.
Redescente vers notre bivouac en contournant la Dent de Jaman.
Après 3 heures de marche, nous voici de retour dans notre cocon où nous passons l’après-midi. Il nous est impossible de reprendre la route maintenant car nous croiserions forcément des voitures, ce qui nous mettrait dans une fâcheuse situation. Nous préférons attendre la nuit.
21 heures passées et sans avoir trop de risques de croiser une voiture à cette heure-ci, nous nous lançons dans la descente du Col de Jaman. Heureusement, personne en face de nous. Nous parcourons simplement 4 kilomètres mais ce sont les plus durs. A partir de maintenant, la route est un peu plus large et permet des croisements. Nous trouvons à la nuit tombée un joli bivouac juste derrière un refuge de montagne avec une chouette vue sur le lac ainsi que sur la Dent de Jaman en haut de laquelle nous avons crapahuté ce matin.
Lundi 20 juillet 2020 :
La nuit a été bercée par les cloches des vaches m’obligeant à mettre les boules Quies ! Mais également par le doux bruit de la fontaine d’eau qui tombe dans un joli tronc d’arbre taillé.
Mais le réveil est matinal. Le bruit d’un hélicoptère qui atterrit à quelques mètres de la Tiny nous surprend. Je me demande bien ce qui se passe. Il s’agit d’une équipe technique qui fait des rotations avec le sommet de la montagne où nous étions hier pour redescendre le matériel nécessaire au remplacement d’un câble de téléski : un gros groupe électrogène, un tendeur de câble, et deux énormes bobines de filin de plus 750 kg. Victor est aux anges de voir ces 5 manœuvres d’hélicoptère de si près. Moi aussi.
Après l’école, nous reprenons notre cavale mais il nous reste avant d’arriver au bord du lac une dizaine de kilomètres avec 1000 mètres de dénivelés soit une pente moyenne de 10% mais avec des passages à 20%… Frein moteur, descente en première et malgré ça, je dois solliciter beaucoup mes freins. Mais nous arrivons enfin à Montreux en y voyant de belles maisons et châteaux.
Aujourd’hui, nous devons faire un aller-retour en France pour aller récupérer une carte SIM pour notre nouveau téléphone. Ce n’est pas si loin. Les premières grandes villes de Thonon-les-Bains et d’Evian-les-Bains ne sont qu’à une trentaine de kilomètres. Passage de frontière facile à Saint-Gingolph. Nous longeons la rive sud du Lac Léman bien trop urbanisée. Quelques plages inviteraient bien à aller se baigner en cette journée bien chaude mai ce n’est pas la priorité de la journée. Et la proximité de la route et le monde ne nous incitent pas à faire une pause. Face à nous, sur l’autre rive, la ville de Lausanne, la quatrième ville de Suisse avec ses 100 000 habitants, après Zurich, Genève et Bâle.
On profite d’être en France pour faire le plein de 120 litres de gasoil (0,25€ de moins par litre en France quand-même), de GPL (difficilement trouvable en Suisse) et de nourriture. La viande est particulièrement chère en Suisse et du coup on remplit le congélateur.
Mais tout est cher en Suisse. Le coût de la vie en Suisse est un des plus élevés d’Europe. Nos quelques passages dans les magasins et les nombreuses discussions avec tous les Suisses avec qui nous échangeons le confirment. Le salaire minimum n’est pas généralisé en Suisse mais deux cantons en ont instauré un à 20 francs de l’heure. Un employé non qualifié des grands distributeurs Migros et Coop est payé au moins 4000 francs par mois soit 3800 euros. Et le 13ème mois est de rigueur en Suisse, mais pas généralisé… Le seuil de pauvreté est considéré comme atteint en dessous de 2200 euros par mois de revenus pour une personne seule alors qu’il est de 1000 euros par mois en France. En 2019, le taux de chômage en Suisse était de 2,3%. Bon voilà, un Suisse gagne bien sa vie par rapport à un Français mais ici, tout coûte beaucoup plus cher : la protection santé, les loyers, les impôts, les courses, les loisirs… Cependant en 2019, le salaire médian en Suisse est de 6538 francs soit 6092€ et de 1789€ en France. Le pouvoir d’achat est donc beaucoup plus élevé ici.
Après 3 petites heures passées en France, retour en Confédération suisse. Mais les douaniers qui nous ont repérés dans l’autre sens ce matin nous arrêtent. Contrôle de papiers. Ils me demandent de leur fournir la déclaration pour la redevance forfaitaire sur le trafic des poids lourds… heu ben je n’en ai pas… Ben, c’est obligatoire monsieur… Bon, ben nous voici allégés de 58,50 francs suisses (55€) pour avoir le droit de circuler un mois en Suisse. Mais du coup, nous aurons le droit d’emprunter les autoroutes sans prendre en plus la vignette. Ils nous disent qu’on doit s’estimer heureux qu’ils ne nous mettent pas d’amende car ils nous ont vu sortir ce matin, et je leur ai dit que ça faisait 8 jours qu’on était en Suisse ! J’ai presque envie de le remercier.
Ils me demandent ensuite si nous avons des marchandises à déclarer… heu ben non… Contrôle du véhicule et en particulier du contenu du frigo. Nous apprenons que l’importation de viande est limitée à 1 kg par personne. Audrey doit tout vider le contenu du frigo sous les yeux du douanier. Ouf, on ne dépasse pas (trop) la limite autorisée. Sinon, c’était 17 francs d’amende par kilo supplémentaire… Bon les douaniers ne font que leur boulot mais ce serait bien qu’ils le fassent avec le sourire et sans cet air dédaigneux. Ceci-dit, on pourrait compter sur les doigts d’une main (ou maximum de deux…) les douaniers souriants qu’on a vus au cours de nos cavales.
Nous voici à présent en règle… règle qu’on ignorait jusqu’à présent pour circuler en Suisse. Mieux vaut payer maintenant que d’avoir une amende lors d’un contrôle policier. Car les Suisses ne rigolent pas avec la sécurité routière. Un dépassement de vitesse de plus de 20 km/h en ville donne droit à directement une suspension d’un mois du permis de conduire… Un dépassement de 30 km/h, c’est directement 3 mois… Les excès de vitesse à partir de 25 km/h sont même inscrits au casier judiciaire !
Nous roulons sur de belles routes de montagnes. Autour de la ville d’Aigle, les coteaux abritent de jolis hameaux, des magnifiques chalets, des châteaux au milieu d’hectares de vignes. D’étroites terrasses, soutenues par des murs en pierre, couvrent les pentes fortement inclinées. Le vin suisse n’est pas un vin de garde et l’exportation est confidentielle mais il y aurait quelques bons vins blancs.
La Tiny se comporte bien et franchit bien tous ces importants dénivelés. Elle supporte encore bien ses 178 000 km au compteur. Je la ménage aussi bien en montée qu’en descente. Les Suisses qui me suivent avec leurs très grosses cylindrées sont assez patients. Sauf pour une Ferrari, une Tesla ou une Bentley un peu trop pressées qui me doublent, sans sourire ni un signe de la main. Il faut dire qu’on est sur la route du réputé petit village huppé de Gstaad. Cette station de ski de luxe est le repaire des célébrités. Aux balcons des luxueux chalets de Gstaad se sont pressées Paris Hilton, Johnny Hallyday, Madonna, Michael Jackson et tout le gratin de la jet-set et des stars d’Hollywood, certainement pour les joies du ski à moins que ce ne soit pour celles de l’émigration fiscale…
Du coup, comme on ne va pas vite, on peut encore mieux profiter de ces baux paysages helvétiques.
Bon au lieu de tourner à droite vers Gstaad, on préfère tourner à gauche vers Rougemont où nous bivouaquons sur le parking des remontées mécaniques, en bordure de rivière. La forêt située sur les pentes du télécabine produit un bois très rare, le bois de résonance utilisé pour la fabrication des instruments de musique. Il est exporté jusqu’en Australie.
Aussitôt arrivés, quelqu’un sort de son fourgon jaune et se dirige vers moi en me tendant un petit dromadaire tressé en feuilles de palmiers, œuvre d’Anaïs (qui a appris à les fabriquer avec les enfants de l’oasis de Fint au Maroc) que je reconnais bien… Mais qui est-ce ? On voit tellement de personnes sur notre route et les enfants offrent tellement de petits bricolages… En tout cas, lui nous a reconnus. Il faut dire qu’on ne passe pas inaperçu avec notre Tiny. Il s’agit de Loïc qu’on avait croisé au début de notre aventure en Grèce à Nauplie ! Il a bien conservé précieusement ce petit dromadaire… Anaïs en est très touchée. Nous passons donc une soirée bien agréable avec Loïc, un grand voyageur suisse. Comme quoi, le hasard vaut mieux qu’un rendez-vous…
Mardi 21 juillet 2020 :
Nous visitons aujourd’hui l’authentique et paisible village de Rougemont par le biais d’un circuit agrémenté de panneaux illustrant les tableaux de Louis Saugy, un célèbre découpeur de papier. Rougemont est niché au cœur de la verdoyante vallée de la Sarine, toujours au cœur des paysages préalpins. Les magnifiques vieux chalets aux frontons sculptés et aux riches façades décorées des noms de leurs anciens propriétaires et de leurs bâtisseurs, sont ornées d’inscriptions bibliques. Ils datent du 17ème et du 18ème siècles.
D’énormes chaudrons de cuivre décorent les chalets. Dans les alpages du Pays d’Enhaut où nous sommes, 70 familles suspendent encore ce type de chaudron sur le foyer d’un feu de bois de quelques 130 chalets d’alpage pour la traditionnelle fabrication de l’Etivaz entre les mois de mai et d’octobre. C’est un fromage à pâte dure fabriqué artisanalement typique des Alpes et Préalpes vaudoises du Canton de Vaud.
Nous passons devant le plus vieux grenier du village où les paysans des fermes éloignées mettaient leurs réserves mais aussi leurs habits et chaussures du dimanche pour se rendre au culte.
Nous visitons la mignonne église romane construite au 11ème siècle par les moines de Cluny. Son clocher octogonal au toit couvert de tavillons a ses pans fortement inclinés et il déborde largement sur les façades, permettant ainsi à la pluie et à la neige de glisser.
A côté de l’église, l’ancien prieuré est devenu château.
Alors que nous refaisons les pleins d’eau sur la place du village, nous refaisons une belle rencontre, celle de la pétillante Argentine-Suisse Susana que nous avions rencontrée il y a quelques jours à Fribourg. Joli moment en sa compagnie. Encore le fruit du hasard…
Anaïs et Victor préfèrent se reposer à la Tiny, alors qu’avec Audrey nous partons marcher le long de la Sarine.
Nous prenons la route et nous arrêtons voir de l’extérieur le Grand Chalet de Rossinière, une immense demeure du 18ème siècle. Devenu hôtel à la moitié du 19ème siècle, Victor Hugo et Léon Gambetta ont séjourné dans ce bâtiment tout en bois qui était à l’origine une cave à fromages. Pas moins de 60 pièces dont 40 chambres habitables, 113 fenêtres, 27 mètres de façade sur 5 étages, 950 m² de tavillons pour la couverture. La construction a nécessité 1000 mètres cubes de bois ! De nombreuses frises sont sculptées d’inscriptions et décorent les façades. Elles comportent 2800 caractères qui expriment les convictions chrétiennes du propriétaire.
Puis pour le plus grand plaisir des enfants et du nôtre, nous retrouvons les CROODS. Anaïs et Victor ont sacrément accroché avec Zoltan et Nelo et quant à nous, nous passons également de très bons moments avec Val’ et Olivier. C’est encore sur un chouette bivouac, bien connu d’Olivier, que nous nous retrouvons autour d’un barbecue. Les orages tournent autour de nous une bonne partie de la soirée et le ciel prend une couleur surprenante et irréelle couleur orangée.
Mercredi 22 juillet 2020 :
Ce n’était pas prévu mais finalement les conditions météo ne sont pas si mauvaises que cela et Olivier propose à Anaïs et à Victor s’ils veulent bien faire avec lui un biplace en parapente ! une première pour eux ! Ils sautent de joie. En toute confiance et toute sérénité, nous confions nos enfants à Olivier et sa société Yoofly (qu’encore une fois nous recommandons si vous passez en Suisse !) ainsi que celle de son ami Simon appelée Air Passion. Aussi bien Simon qui prend en charge Victor qu’Olivier qui s’occupe d’Anaïs sont de vrais professionnels. Quelques instants après qu’ils soient montés en navette sur les hauteurs, nous voyons les deux parapentes voler à quelques mètres de distance.
Quel bonheur de voir nos enfants vivre cette expérience unique de découvrir les sensations et la magie du vol libre ! et quel bonheur de voir leurs visages illuminés après l’atterrissage. Merci Simon et merci Olivier pour ces moments inoubliables dans les airs de la Gruyère !
Puis c’est au tour d’Audrey de voler, de frôler les cimes des sapins, de s’approcher d’une cascade, d’apercevoir deux chamois avant d’atterrir tranquillement dans la vallée. Instants magiques, d’une grande douceur. Merci encore mille fois Olivier pour ces instants fabuleux.
(Elle a beaucoup mieux supporter ce vol que lors de sa première expérience où elle avait vomi sur le toit de la caserne de gendarmerie de Luchon quelques minutes avant de se poser !)
Si à votre tour, vous êtes de passage en Suisse, n’hésitez-pas à vous offrir un chouette moment, été comme hiver !
Après cette intense après-midi, nous quittons pour quelques jours nos amis puis nous partons visiter Gruyères où sa citadelle se dresse sur une colline dominant la région. A peine arrivés sur le parking, j’entends « Bonjour les Mollalpagas ! ». Ce sont des voyageurs, les YOLO que nous ne connaissons pas. Gaëlle, Arnaud, Marie, Jeanne et Simon font partie des voyageurs ayant dû revoir leur itinéraire et abandonner leur véhicule en Uruguay alors qu’ils étaient en Amérique du Sud. En attendant que l’orage du Covid passe, ils ont acheté comme quelques autres familles un véhicule pour visiter l’Europe.
La ville haute de Gruyères se résume essentiellement à une longue place allongée et bordée de maisons médiévales aux façades pittoresques décorées. Beaucoup sont des petits commerces ou restaurants vendant à prix suisses (6€ la crêpe au sucre) les spécialités culinaires locales !
D’ailleurs, un petit mot sur le célèbre fromage de Gruyère… Alors, avec ou sans trous ? et bien le Gruyère Suisse n’a pas de trous pour le différencier du français. Et d’ailleurs, sachez que les trous viennent de minuscules particules de foin qui dégagent des bulles de gaz lors de la fermentation du lait. En revanche, l’Emmental qui est aussi d’origine suisse (il provient de la vallée de l’Emme, une région à l’est du canton de Berne) possède lui des trous ! A ne pas confondre, au risque de froisser nos amis de la Gruyère ! Nous avons eu l’occasion de goûter à ce fromage de Gruyère au lait cru de vache. Selon le temps d’affinage de 5 à 12 mois, le goût de cette pâte pressée cuite est plus ou moins salé, plus ou moins fruité, plus ou moins aromatique et corsé. On adore encore plus celui produit à partir de lait d’alpage.
Rien à voir mais pendant qu’on parle de trous, savez-vous que le sous-sol suisse est bien troué aussi ? Une loi fédérale de 1971 prévoit que chaque citoyen suisse doit disposer d’une place dans un abri offrant une protection efficace contre les dangers d’une attaque nucléaire, bactériologique ou chimique. Avec un système d’extraction de l’air, filtres à air et à eaux, pompes à déchets organiques, sas de décontamination, groupes électrogènes, réserves alimentaires… Les Suisses se construisent donc dans leurs caves un accès à ces refuges…
Retour à la ville de Gruyères. Nous passons devant le Musée H.R.-Giger, père de la célèbre créature fantastique du film Alien. Nous ne sommes pas assez connaisseurs de ces films de science-fiction mais nous mettons juste un pied dans le café du même nom pour voir la décoration et les énormes trônes en guise de chaises de bar.
Puis, nous roulons vers le col de Jaun après avoir marqué un court arrêt chez nos amis voyageurs les Hakuna Matata avec qui nous avions passé beaucoup de temps en Asie. Malheureusement, mais on le savait, ils sont partis en vacances, mais nous nous sommes fait livrer chez eux un nouveau boîtier à fusibles pour en avoir un d’avance. C’est cette pièce que nous avions changée la veille de notre départ mais bien qu’elle fasse l’affaire, ce n’était pas le bon modèle que j’avais mis à ce moment-là. Pour ne pas perdre de temps, j’avais donc fait livrer depuis l’Espagne et directement sur notre route en Suisse le bon boîtier au cas-où…
Puis alors que nous montons gentiment le Col de Jaun, nous bifurquons vers le site des Gastlosen. Encore une fois, sur les bons conseils de nos amis les CROODS, nous trouvons un parking privé d’une ferme d’alpage dans un endroit merveilleux.
La route d’accès se mérite car elle est bien étroite et sinueuse et n’autorise que difficilement un croisement avec un autre véhicule mais elle n’est que très peu empruntée car elle ne dessert que cette ferme d’alpage, qui d’ailleurs n’est occupée que 5 mois de l’année. Fin septembre, ses propriétaires participent à la désalpe qui est la plus connue des fêtes traditionnelles de montagne. Dans une joyeuse cacophonie de cloches, c’est la descente des troupeaux en plaine après plus de 4 mois passés dans les alpages.
Bon une fois arrivés, le proprio de cette ferme d’alpage n’est pas très sympathique et nous prend un peu cher pour nous autoriser à bivouaquer chez lui mais qu’importe, nous avons une vue absolument incroyable sur les célèbres et vertigineuses parois de calcaire des Gastlosen. On doit donc payer 20 francs pour dormir ici mais quel site ! Magnifique d’autant plus que les orages grondent ce soir en montagne et les éclairs diffusent une belle lumière sur ce splendide panorama !
Oui c’est cher mais on n’aura pas à payer demain le télésiège du Musersbergli encore bien plus cher pour monter faire la randonnée car nous sommes en plein sur la fameuse boucle des Gastlosen, à la frontière entre le canton de Fribourg et de Berne. Mais c’est aussi la frontière linguistique de la Suisse et on entend de nouveau parler la langue alémanique.
Jeudi 23 juillet 2020 :
Grosse rando aujourd’hui prévue de 11 kilomètres avec 800 mètres de dénivelé positif ! Donc pas d’école ce matin. Enfin si, EPS au programme de la journée, mais aussi géologie… Ah mince avant de partir, il faut encore ajouter 7 francs pour rester garés ici aujourd’hui…
C’est à une altitude comprise entre 1500 et 1900 mètres que nous empruntons un chemin de montagne bordant la chaîne des Gastlosen, un somptueux parcours. La végétation est extrêmement variée. Nous surplombons au départ de doux alpages et des forêts clairsemées, avant de déboucher sur un paysage de falaises calcaires très abruptes, dont certaines atteignent une hauteur de 300 mètres. Fabuleux.
La vue sur les Alpes bernoises et les sommets chatouillant les 4000 mètres en toile de fond est grandiose. Nous traversons des prairies alpines verdoyantes avant d’atteindre la luxuriante forêt de Mattenwald. Les Gastlosen sur notre gauche, cette longue échine calcaire, nous dominent de toute leur masse et l’éclairage par le soleil est somptueux. La Dent de Ruth et la Dent de Savigny culminent à plus de 2200 mètres d’altitude. Les autres sommets répondent au nom de Grtatflue, Marchzähne, Rüdigenspitze, Wandflue, Cheval blanc ou bien encore Hochmatt.
Dans une des parois des Gastlosen, on voit le fameux trou de la grand-mère (Grossmutterloch).
Pause récupératrice près du Chalet du Soldat avec une vue à couper le souffle sur les parois verticales qu’escaladent des grimpeurs, un véritable paradis pour eux.
Le sentier grimpe ensuite sous les parois des Sattelspitzen jusqu’à la crête. Un passage rocheux un peu plus raide nous mène au niveau de Wolfsort (le Col des Loups) à 1921 mètres d’altitude au point culminant de la balade et nous permet de changer de versant et de passer du côté nord au côté sud.
Les cris des marmottes accompagnent notre belle randonnée.
Bien fatigués, 5 heures après notre départ, fiers de nos enfants, nous rejoignons notre Tiny house.
Nous reprenons l’étroite route en espérant ne croiser personne en face et nous nous posons dans la descente avec encore une belle vue sur les pics des Gastlosen. Trop fatigués pour continuer la route. Et puis on profite ainsi d’un dernier joli bivouac au pied des Gast’ ! Victor s’installe pour tailler des petites cuillères alors qu’Anaïs écoute de la musique dans son hamac dans les sapins.
Vendredi 24 juillet 2020 :
Matinée habituelle consacrée à l’école puis nous roulons en terminant le passage du Col de Jaun. Pas encore très haut, juste 1500 mètres d’altitude mais nous sommes encore dans les Préalpes. Jolie vue sur le massif sur lequel nous avons randonné hier.
Puis c’est la descente vers les rives du Lac de Thoune aux eaux bleu glacier. Mais pas moyen de s’y arrêter et puis la rive de ce côté sud du lac est longée par l’autoroute et la voie ferrée. Et surtout on entre dans une région très touristique où on sait que les bivouacs vont être compliqués dans les prochains jours. Le temps est maussade aujourd’hui, ce qui est une première depuis notre entrée en territoire helvétique. Jusqu’à présent, la pluie n’est tombée qu’en soirée ou que la nuit nous laissant de belles journées.
Nous entrons dans une vallée glaciaire encaissée jusqu’au village touristique de Lauterbrunnen, situé dans une vallée avec des falaises rocheuses vertigineuses du haut desquelles tombent des cascades impressionnantes hautes de plusieurs centaines de mètres dont les Chutes du Staubbac. Mais quelques 72 cascades dévalent dans cette vallée de Lauterbrunnen.
Nous sommes venus ici pour découvrir les chutes rugissantes de Trümmelbach, qui sont les plus grandes cascades souterraines d’Europe. Elles se cachent à l’intérieur de la montagne de Schwarzer Monch. Un funiculaire installé dans le roc permet de prendre 100 mètres d’altitude en 60 secondes et donne accès à l’entrée d’un formidable réseau de 30 mètres de passerelles, de 5 tunnels et de 400 mètres d’étroites galeries creusées dans la roche. La différence d’altitude entre la plus basse et la plus haute des cascades est de 140 mètres. L’eau à 2°C tourbillonne, se frayant un passage à travers une succession de gigantesques marmites d’érosion et créé un véritable torrent tumultueux.
Nous accédons à une dizaine de plates-formes d’observation aménagées au cœur de la fissure tortueuse. Le Trümmelbach est le seul collecteur des eaux provenant des gigantesques parois glaciaires de l’Eiger, du Mönch et de la Jungfrau, glaciers inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO, culminants à environ 4000 mètres d’altitude. L’eau provient donc d’un seul bassin de 24 km² constitué pour moitié de neige éternelle et de glace. Jusqu’à 20 000 litres d’eau par secondes tombent sous nos yeux dans un vacarme impressionnant. On ne s’entend même pas parler tellement le grondement est sourd. Le spectacle est saisissant. Et nous sommes dans la bonne période (entre avril et octobre) pour assister au débit maximum résultant de la fonte des glaciers.
Nous sommes ravis de cette visite. Malheureusement, le climat n’invite pas à s’éterniser dans cette vallée. Depuis Lauterbrunnen, un train à crémaillère permet d’atteindre le Jungfraujoch baptisé « Top of Europe » et la gare de chemin de fer la plus haute d’Europe située à 3454 mètres d’altitude mais il faudrait débourser plus de 200€ par personne pour en profiter…
La seule possibilité de dormir avec notre Tiny dans le secteur est d’aller s’agglutiner avec d’autres camping-cars dans le camping en échange de 60€ par nuit… Nous filons donc plus bas dans la vallée et nous réfugions sur un point Park4Night un peu à l’abri de la route. Ça fera l’affaire pour la nuit…
Samedi 25 juillet 2020 :
Je passe comme tous les matins ma matinée perché sur mon lit en train d’écrire ces quelques lignes quand soudain j’entends un « YOUPI, on est en vacances !! »… La cloche vient de sonner, c’est donc l’heure des vacances pour Anaïs et Victor et bien évidement pour leur Mamantresse. Tous les 3 ont bien travaillé cette année de CM2 et de 4ème. Malgré les nombreuses visites qu’on a reçues de la famille et des amis et malgré le chamboulement dans le rythme dû à notre rapatriement depuis la Malaisie et ce confinement imposé en France, ils ont parfaitement et intégralement réalisé leur programme. Je suis fier d’eux trois. Et ils ont bien mérité un mois de vacances avant d’entamer leur passage en 6ème et en 3ème…
Nous rejoignons le mignon centre d’Interlaken, qui se situe juste entre Lac de Thoune, le Lac de Brienz, deux lacs aux eaux cristallines.
Comme vous avez été nombreux suite à la parution du dernier article à nous dire qu’on avait un peu abusé sur les fondues et les raclettes, on décide d’aller faire encore une belle randonnée. Pas très longue, juste une dizaine de kilomètres mais avec un gros dénivelé de 754 mètres. On aurait pu choisir d’emprunter le Harder Bahn, le funiculaire vieux d’un siècle pour grimper au sommet de la montagne d’Interlaken, le Harder Kulm. Mais non, on préfère bien entendu transpirer pour encore mieux apprécier l’effort de cette sportive montée de 2h15. Le chemin abrupt sillonne et zigzague à travers une dense forêt de hêtres et de mélèzes.
Puis nous arrivons au but sur une impressionnante plateforme d’observation au sol vitré à 1322 mètres d’altitude d’où nous avons un panorama féerique. A nos pieds, la ville d’Interlaken coincée entre les eaux turquoise du Lac de Brienz à gauche et les eaux d’un bleu profond à droite du Lac de Thoune. Mais surtout face à nous, nous admirons les sommets enneigés de l’Oberland bernois : l’Eiger, le Mönch et la Jungfrau. Cet imposant trio de sommets de la Suisse est mondialement connu des connaisseurs des sommets à plus de 4000 mètres d’altitude. Magique vue sur les glaciers.
Retour à Interlaken, 754 mètres plus bas.
La région est très touristique, mais en ce moment, les touristes étrangers, notamment asiatiques, sont quasiment absents en raison de la situation liée au Covid. Calme relatif que nous apprécions. En revanche, il est très difficile de trouver un bivouac sympa autour de ces lacs. On se réfugie sur l’un des seuls accessibles aux camping-cars la nuit. C’est entre la voie ferrée et la route mais la circulation est assez calme. Et puis la vue est quand-même belle sur les montagnes.
Samedi 26 juillet 2020 :
Bon ce sont les vacances mais Anaïs et Victor continuent à écrire quotidiennement leur carnet de bord. Cela leur fait un bon exercice de rédaction et d’orthographe tous les jours. Mais surtout, je n’ose pas imaginer ce qu’ils ressentiront lorsqu’ils ressortiront tous ces carnets dans de nombreuses années.
Route vers Brienz en longeant les eaux superbes du lac éponyme.
Matinée technique comme il en faut parfois : pleins d’eau, lessives… ça nous prend un peu de temps mais on profite d’avoir une fontaine de ville avec un bon débit pour remplir au bidon nos 200 litres d’eau.
Puis nous nous rendons sur le parking du Musée suisse de l’habitat rural à Ballenberg. Mais en voulant entrer sur ce site, on se rend compte qu’on n’aura pas assez de notre après-midi pour tout visiter tranquillement. On préfère y consacrer toute notre journée de demain. Alors on passe notre après-midi à la Tiny à blogger, à bricoler, à jouer aux légos… Audrey repère des petits sentiers et part se balader dans les bois avec son grand garçon. Anaïs réalise de jolies créations en fils de cuivre. C’est bon aussi de se poser !