382 km parcourus du 3 au 11 août 2020
58 310 km parcourus depuis le départ
Lundi 3 août 2020 :
666ème jour de notre cavale… Environ les 2/3 de notre voyage. Que le temps passe vite ! Mais que d’aventures, de découvertes et de rencontres !
Notre séjour se poursuit en Suisse, le 21ème pays que nous visitons. Le plus petit en taille de notre aventure mais bientôt un mois que nous y sommes et que nous sommes loin de l’avoir découvert tellement il faudrait du temps pour en apercevoir le charme de chacun de ses cantons. Il nous faut donc faire des choix sur les régions à visiter. Deux options, se diriger vers le sud-est et la région des Grisons qu’on nous a tant vantée ou bien se diriger vers le nord-est pour croiser sur les routes des amis à l’accent chantant de la Provence et que nous aimerions tant revoir alors qu’ils descendent d’Allemagne. Nous reviendrons dans les Grisons une prochaine fois…
Aujourd’hui, nous quittons notre cabane de bon matin car la pluie est annoncée cette après-midi. Au programme, la visite de la pittoresque ville de Lucerne.
Nous longeons la rivière Reuss qui traverse la ville avant de se jeter dans le lac répondant au nom imprononçable de Vierwaldstättersee ou plus facilement le Lac des Quatre-Cantons. Plusieurs ponts couverts en bois permettent de traverser cette rivière. Le Spreuerbrücke est nommé aussi « pont de la Danse des Morts » en raison des 67 peintures macabres de Kaspar Meglinger datant du 17ème siècle. Mais le pont date de 1408. Une chapelle prend place au milieu du pont.
Sur la rive gauche de la Reuss (à droite sur la photo ci-dessus), nous voyons de belles maisons.
Visite de l’Église des Franciscains, construite à la fin du 13ème siècle. De nombreux fidèles prient dans l’édifice. Magnifique chaire en bois sculpté et étonnants drapeaux peints sous forme de fresques au plafond.
Sur les quais, la Jesuitenkirche est l’Église des Jésuites. Sobre façade mais surmontée de deux tours flanquées d’un clocher à bulbe.
Sur l’autre rive, agréable panorama sur la vieille ville médiévale où nous irons dans quelques instants.
Puis nous allons marcher un peu au bord du Lac des Quatre-Cantons, un immense lac glaciaire de 38 km de longueur, 114 km² de superficie et jusqu’à plus de 200 mètres de profondeur.
Nous apprécions l’architecture moderne du Kultur und Kongresszentrum Luzern, qui est le Palais de la culture et des congrès. Il a été construit il y a une vingtaine d’années par le célèbre architecte français Jean Nouvel. Ce monument détient le record de porte-à-faux de la toiture avec 45 mètres d’avancée vers le lac.
Changement d’époque et de rive en empruntant le Kapellbrücke, un autre trésor médiéval de Lucerne. C’est un autre pont de bois fortifié couvert d’un toit de tuiles. Il date de 1333 et mesure 204 mètres de longueur. C’est le plus vieux pont en bois d’Europe et le plus ancien pont à treillis du monde. Malheureusement, la majorité des nombreuses peintures de forme triangulaire a été détruite par un incendie qui a saccagé le pont en 1993. La tour octogonale médiévale est un château d’eau, qui a servi de prison et de salle de torture dans le passé…
Nous pénétrons dans la vieille ville au patrimoine architectural remarquable. Nous parcourons ses rues pavées et sinueuses. Le cœur médiéval est assez compact et très paisible. Une ambiance de petit village avec ses ruelles étroites, ses belles fontaines, ses jolies places dont celle du Weinmarkt. Nous admirons les impressionnantes fresques murales sur les bâtiments du 15ème et 16ème siècle.
Certains toits ont des tuiles vernissées formant des motifs géométriques colorés.
Victor se fait plaisir en s’achetant un chouette couteau suisse avec un manche en noyer. L’histoire de cet outil indispensable à mon petit bricoleur remonte à la fin des années 1880 où l’armée suisse décida d’équiper d’un couteau pliant ses soldats, devant servir entre autres à manger et à démonter le fusil. De base, l’outil incluait une lame, un ouvre-boîte, un tournevis plat et un poinçon. Le magasin où nous entrons présente de nombreuses vitrines de couteaux aux fonctions diverses comme altimètre, montre, lampe de poche, pointeur laser, stylo, clé USB… en plus des outils traditionnels. On ne l’a pas vu mais sachez qu’un modèle possède 141 fonctions et coûte 9000 dollars ! Bon, je ne trouve pas cela très pratique d’avoir un couteau de poche pesant trois kilos…
Nous déambulons dans les ruelles et parvenons au mur d’enceinte de la Musegg. Ces fortifications ont été construites entre 1350 et 1403. Nous pouvons entrer dans quelques-unes des tours dont l’une d’elles comporte un musée étonnant de mécanismes d’horloges.
Des remparts, nous avons une vue magnifique sur la ville, le Lac des Quatre-Cantons et les montagnes environnantes.
Retour à la Tiny où les 300 derniers mètres se font sous une pluie torrentielle. Nous sommes trempés…
Route vers Sempach où nous nous installons sur un parking en bord de lac. L’endroit a l’air agréable mais il pleut tellement que je ne sors que pour aller à l’horodateur. C’est payant comme dans beaucoup d’endroits en Suisse mais on arrive à trouver des tarifs raisonnables aux alentours de 5€ par tranche de 24 heures.
Mardi 4 août 2020 :
Matinée bloquée à ne pas pouvoir sortir du camion tellement il pleut. C’est la première fois en Suisse. Et quand il pleut chez nos amis helvétiques, il pleut ! On comprend mieux pourquoi c’est si vert alors qu’on est en plein été. Les précipitations annuelles atteignent 900 à 1000 mm.
L’après-midi nous suffit pour aller faire un petit tour à pied dans l’agréable petite ville de Sempach. De nombreuses maisons anciennes dont certaines à colombages datent du Moyen-âge.
Comme depuis notre arrivée en Suisse romande, nous remarquons devant de nombreuses maisons ou dans des jardins des panneaux avec le prénom du nouveau-né du domicile familial. Il est souvent accompagné de dessins enfantins : bébés, cigognes, tétines… Ils restent assez longtemps car on observe des dates passées de quelques années.
Puis, nous prenons la route vers la grande ville de Zürich où par chance, nous trouvons un stationnement non loin du centre historique que nous visiterons demain au bord du Lac de Zürich, le quatrième lac de Suisse en superficie.
Nous profitons de ces passages en ville pour nous ravitailler dans les magasins Lidl, à des prix pas beaucoup plus chers qu’en France. Finalement, on ne s’en sort pas trop mal en Suisse au niveau budget. Le coût de la vie est plus élevé mais notre budget consacré au gasoil est beaucoup moins important car on ne fait que des petites distances. Chaque point de la Suisse se situe au maximum à 75 km d’une frontière. On n’a parcouru que 900 km depuis 27 jours. Et puis, même si on paye quelques stationnements contrairement à tous les autres pays, nous faisons beaucoup de randonnées, ce qui est bon pour le budget… On se limite juste au niveau des visites de musées, de monuments, ou encore des remontées mécaniques. Et merci à notre amie Suisse qui nous a prêté sa carte bancaire offrant la gratuité dans beaucoup de musées pour 3 d’entre nous…
Mercredi 5 août 2020 :
A l’heure où la brume matinale recouvre encore le lac, nous sortons déjà de la Tiny.
C’est parti de bon matin pour la visite de Zürich, la ville la plus peuplée de Suisse avec une population de plus de 400 000 habitants. L’agglomération compte environ 2 millions d’habitants, soit ¼ de la population totale du pays. C’est une cité très cosmopolite, comptant plus de 30 % d’étrangers. C’est la 5ème ville la plus chère au monde et parmi les plus chères d’Europe. Mais elle est classée parmi les cinq premières villes dans le monde pour sa qualité de vie. Et effectivement, à part pour le porte-monnaie, il semble y faire bon vivre.
Alors que Berne est la ville fédérale de la Confédération suisse et un centre politique, Zürich est le centre économique, financier, scientifique et artistique international majeur du pays. Elle est la ville concentrant le plus d’établissements bancaires et financiers du pays et est le sixième centre bancaire et financier mondial, derrière Londres, New York, Hong Kong, Singapour et Tokyo.
Zürich est un lieu de villégiature apprécié par la bourgeoisie suisse, allemande et autrichienne, notamment en raison de la beauté de son centre historique, ainsi que de la douceur de son climat. Ou bien à moins que ce ne soit pour le secret bancaire, inscrit officiellement dans la loi de 1934 mais qui aurait été levé depuis 1996. La Suisse est sortie de la liste des paradis fiscaux en 2009. Mais ce n’est qu’en 2014 que la Suisse aurait mis fin au secret bancaire.
Nous commençons par longer le lac, traverser d’agréables parcs, et par suivre le pittoresque ancien fossé Schanzengraben. C’est l’un des derniers vestiges de l’ancienne fortification du 17ème siècle.
Nous entrons dans le hall de la gare (Hauptbahnhof) pour voir l’œuvre « L’ange gardien » de Niki de Saint-Phalle, cette artiste rendue célèbre entre autres pour ses célèbres Nanas et dont nous avions visité le musée à Fribourg.
Juste en face, nous faisons le tour sans y entrer du Musée National Suisse logé dans un imposant château du 19ème siècle.
Puis, nous faisons une visite peu commune en entrant dans le commissariat de police de la ville. Seul son hall d’entrée se visite, le Hall de Giacometti. Il est situé dans la cave de l’ancien orphelinat de la ville. Le hall a été décoré par l’artiste Augusto Giacometti en 1924. Les fresques sur les murs représentent les métiers, et les voûtes sont recouvertes de motifs floraux dans les tons jaune et orange.
Le quartier de Schipfe est bien sympathique avec ses ruelles bordées de maisons médiévales qui regorgent de petites boutiques mais à des prix zurichois !
Nous prenons un peu de hauteur en montant sur la place du Lindenhof. Nous surplombons la vieille ville, les terrasses en toiture, les jardins potagers en plein ville et la rivière Limmat. Elle a été classée rivière urbaine la plus propre d’Europe. Les Zurichois ont l’habitude de s’y baigner, en plein cœur de la ville.
Nous poursuivons la visite du vieux Zürich dans ses rues et ruelles tortueuses, débouchant sur des places à l’ambiance bien agréable.
L’Église Sankt Peter est l’un des plus anciens édifices religieux de la ville, construit à l’emplacement d’un lieu sacré romain. Sa tour du 13ème siècle possède le plus grand cadran d’horloge d’Europe, 8,70 mètres de diamètre. En haut du clocher, les guérites servaient d’abri au guetteur d’incendie en ville.
Non loin, l’Église Fraümunster repose sur des fondations du 9ème siècle et a subi des transformations romanes puis gothiques au fur et à mesure des siècles.
Nous arrivons à la mythique Bahnhofstrasse, l’une des avenues les plus chères du monde. Au début de la rue, du côté de la gare centrale, on y trouve toutefois des magasins assez classiques (H&M, Zara…). Plus on avance vers le lac, plus les boutiques deviennent luxueuses : Hermès, Cartier, Vuitton, Gucci, Rolex… Devant ces boutiques, des voitures de luxe où les chauffeurs attendent les clients.
Nous changeons de rive de la Limmat. Nous préférons ce quartier de Niederdof, à l’ambiance plus romantique et authentique, et avec des boutiques (un peu) moins chics.
Le quartier est dominé par les tours de la Cathédrale Grossmünster et par d’autres intéressants monuments.
Pause pique-nique sur les bords du lac.
L’après-midi, Audrey et les enfants partent visiter le Kunsthaus, le Musée des Beaux-arts qui rassemble une importante collection d’œuvres des maîtres anciens jusqu’aux artistes modernes et contemporains sur lesquels ils s’attardent plus : Warhol, Lichtenstein, Klee, Renoir, Rousseau, Cézanne, Monet, Delacroix, Giacometti, Manet, Matisse, Van Gogh, Picasso, Munch, Delaunay, Miró, Kandinsky, Braque, Calder, Tinguely… De salle en salle, Anaïs et Victor prennent plaisir à aller d’œuvre en œuvre, à essayer de reconnaître les artistes qui les ont réalisées, à les décrire, à dire celles qui leur plaisent le plus, à exprimer pourquoi certaines œuvres les touchent moins… Un joli moment de partage artistique !
Nous prenons la route vers notre point de rendez-vous avec nos amis marseillais qui doivent arriver demain. Encore des reliefs tout verts comme on les adore.
C’est sur les hauteurs du village d’Unteriberg qu’ils ont repéré un chouette bivouac. Une belle aire de pique-nique avec encore une fois tout le matériel à disposition et en libre-service pour faire un barbecue : grill, bois, ustensiles de grillades, fontaine d’eau potable… Je pense bien qu’un tel endroit en France serait vite dégradé et que tout disparaîtrait. De plus, la vue sur la vallée est magnifique. Un bel endroit pour se reposer deux jours sans bouger.
Jeudi 6 août 2020 :
En fin de matinée, ce sont les retrouvailles avec Amandine, Daniel, Ambre, Justin et Mahé. Ils ne sont pas voyageurs au long-cours mais ce sont de sérieux accrocs au camping-car. Nous les avions rencontrés par hasard en 2013 dans un petit village du Buren en Irlande et depuis nous avons lié une belle amitié. C’est donc avec un immense plaisir que nous nous retrouvons. Les enfants passent leur temps suspendus dans leur hamac et ont comme leurs parents plein de choses à se raconter !
Balade l’après-midi sur les hauteurs du village.
Puis belle soirée autour de quelques grillades.
Vendredi 7 août 2020 :
Journée à profiter les uns des autres. Jeux de société, pétanque, apéros, crêpe party, hamacs… C’est bon de passer du bon temps ensemble avant que nos amis reprennent la route de bonne heure demain matin car les vacances se terminent pour eux.
Samedi 8 août 2020 :
De bon matin, nous quittons nos amis et ce chouette bivouac. Nous roulons vers le nord-est de la Suisse et la région du Lac de Constance que nous apercevons seulement de loin.
Nous marquons l’arrêt à Saint Gall. La vieille ville tient son charme de ses façades de maisons mises en valeur avec leurs oriels (plus d’une centaine). Ce sont des fenêtres en encorbellement aménagées sur un ou plusieurs étages. Ces balcon-serres sont sculptés ou peints de motifs inspirés de la mythologie. Ils datent du 14 au 18ème siècles. On trouve également des tourelles gothiques sur les façades.
Mais la ville est surtout réputée et connue pour son site abbatial inscrit par l’UNESCO au Patrimoine mondial. L’abbaye du 8ème siècle fut pendant plusieurs siècles l’un des monastères bénédictins les plus importants d’Europe.
La Cathédrale Saints-Gall-et-Otmar domine la ville avec ses deux tours élancées. L’intérieur de l’abbatiale est de style rococo, bien lumineux mais chargé d’angelots, de stucs et de moulures.
Mais le véritable trésor culturel du site est bien la Stiftsbibliothek, la bibliothèque de l’abbaye, reconnue comme l’une des plus riches et des plus anciennes du monde. Elle fait partie de magnifiques monuments comme celles que nous avions visitées au Pérou à Lima ou bien au Portugal à Coimbra. Au 18ème siècle, elle a entièrement été reconstruite en style baroque. Les boiseries en noyer et en cerisier sont remarquables. Elle abrite une très importante collection de précieux manuscrits du Moyen-Âge, notamment le plus ancien dessin d’architecture sur parchemin connu. Quelques exemplaires exposés sont richement calligraphiés et enluminés. Elle contient 160 000 livres, dont 2200 écrits à la main et 500 vieux de plus d’un millénaire.
C’en est fini pour cette rapide visite de ce mignon quartier historique et déjà nous partons vers notre deuxième visite de la journée. On se dépêche un peu car le mauvais temps est annoncé pour les prochains jours et on veut profiter du soleil demain pour faire une belle randonnée.
Nous traversons des paysages vallonnés et verdoyants et nous entrons dans le plus petit canton suisse, celui de Appenzell Rhodes-Intérieures. Nous arrivons en milieu d’après-midi à Appenzell où on espérait trouver un village plus authentique que ce que nous découvrons. Le petit quartier possède de jolies maisons peintes de tons pastels de toutes sortes. Mais c’est beaucoup trop touristique et trop « carte postale » pour nous. Trop de boutiques touristiques et de terrasses de restos vendant les crêpes au sucre à 6€. Mais c’est très joli quand même !
Nous arrivons à trouver de belles maisons à notre sens plus authentiques.
Bon, on ne quitte pas la ville sans avoir acheté de l’Appenzeller, le fromage le plus corsé de Suisse et l’une des plus grandes spécialités fromagères du pays.
Encore nous reprenons la route pour aller bivouaquer à Wasserauen, d’où nous partirons randonner demain. Nous nous garons dans le parking privé d’une ferme près du terminus de la voie ferrée. Nous sommes encerclés de montagnes.
Dimanche 9 août 2020 :
Bien motivés, nous partons pour une nouvelle rando, de 11,5 km et avec 995 mètres de dénivelé positif quand-même. Sur le dos, nos sacs chargés du pique-nique et de 9 litres d’eau car il fait bien chaud aujourd’hui. Nous commençons par traverser quelques alpages avant que ça commence à sévèrement monter. La flore alpine est étonnante et nous offre des espèces que nous ne connaissions pas. Les premiers pas sont difficiles.
La plus grosse montée est faite et déjà nous avons pris quelques centaines de mètres d’altitude en à peine 3 à 4 kilomètres. Déjà la vue sur la vallée et sur les massifs de l’Alpstein nous entourant nous ravissent pour cette dernière rando alpine en Suisse.
Puis, nous parvenons enfin au point le plus haut, à l’arrivée de la télécabine à environ 1600 mètres d’altitude. Nous aurions dû payer plus de 50€ pour nous 4 juste pour monter avec cette remontée mécanique. Le parking où nous sommes garés nous paraît tout minuscule.
Le sentier traverse ensuite un réseau de grottes karstiques couvrant 2000m² et prenant le nom de Wildkirchli. Ces grottes étaient déjà habitées par les chasseurs et les cueilleurs du Paléolithique il y a plus de 40 000 ans. Des squelettes d’ours des cavernes ont été découverts sur place. L’ensemble se compose de trois grottes : l’Altarhöhle, l’Untere Höhle et l’Obere Höhle. La première a été aménagée en chapelle en 1657. Puis elles furent habitées par des ermites pendant l’été. Le dernier habitant disparut au milieu des années 1800.
Nous longeons la paroi rocheuse en passant sous une galerie couverte en bois avant d’arriver à un endroit somptueux.
Très surprenant, la situation de l’auberge Aescher, audacieusement agrippée à la paroi rocheuse. Elle est devenue célèbre en 2014 lorsque le Huffington Post (le journal en ligne le plus lu des États-Unis) propulsait cet ancien ermitage au top des cinq restaurants les plus intéressants du monde. Un an plus tard, la devenue mythique auberge faisait la une du célèbre National Geographic, ce magazine célèbre pour ses photos spectaculaires de la nature. Celui-ci incitait ses lecteurs à ne pas mourir avant de l’avoir vue un jour. Depuis, l’endroit ne désemplit pas. Il faut dire que le cadre est somptueux. Il est dominé par d’abruptes parois rocheuses semblant surgir du néant. L’auberge est accrochée aux rochers et surplombe spectaculairement le vide. Le panorama est impressionnant.
Le flot de touristes nous incite à vite emprunter le chemin abrupt de la descente sur lequel soudainement, il y a beaucoup moins de monde, la plupart des touristes de l’auberge ayant assez de moyens financiers pour faire l’aller et le retour en télécabine mais peut-être pas assez de moyens physiques pour encore plus apprécier le fait d’être parvenu dans cet endroit improbable….
Nous arrivons au Lac Seealpsee dominé par les sommets Freiheittürm, Schafbergturn, Fälentürn, Rässeck, Altimann et tant d’autres dépassant tous les 2000 mètres d’altitude. Avec Victor, nous nous rafraichissons dans les eaux aux reflets vert turquoise, de ce petit lac alpin alimenté par les eaux du Schwendibach, tout en admirant l’imposant décor montagneux. Pause pique-nique dans ce cadre idyllique.
Anaïs et Victor, un peu fatigués, rentrent seuls à la Tiny distante de 3 km par une petite route. Avec Audrey, nous faisons le tour du lac et allongeons un peu la randonnée en traversant de verdoyants pâturages blottis contre le versant des montagnes. Nous marquons l’arrêt dans une fromagerie d’alpage où nous achetons directement au producteur un morceau de Mutschli. Retour en traversant une jolie forêt bercée par le doux bruit du torrent. Nous sommes observés par de paisibles chèvres et vaches dont une portant une énorme cloche.
Nous voyons un vieux monsieur habillé de manière traditionnelle.
Nous retrouvons nos enfants au camion. Puis, nous prenons la route pour déjà sortir de la Suisse, ce petit pays où nous avions seulement prévu de passer sans trop traîner. Mais cette rencontre avec nos amis les CROODS, nous a fait découvrir et aimer ce séjour de 4 semaines. Sans eux, nous serions passés à côté de tant de petits coins secrets. Mais une chose est certaine, nous reviendrons plus longuement en Suisse pour encore mieux apprécier sa douceur de vivre et ses somptueux paysages.
A présent, direction l’Autriche mais avant, nous allons passer par un tout petit pays que nous n’avions pas prévu de visiter. Notre route nous fait perdre rapidement environ 1000 mètres d’altitude pour arriver sur les rives du Rhin marquant la frontière avec l’Autriche. Nous longeons le fleuve par l’autoroute suisse avant de le franchir par un pont.
Nous voici dans la Principauté de Liechtenstein. C’est le 6ème plus petit État du monde. Sa superficie est de 160 km² (25 km de longueur sur 6 km de largeur), avec une population de 38 000 habitants. Au même titre que Monaco ou Andorre, ce sont des monarchies constitutionnelles, avec un prince pour chef d’État. Le prince Hans-Adam II (né tout simplement Johannes Adam Ferdinand Alois Josef Maria Marko d’Aviano Pius von und zu Liechtenstein !) est au pouvoir depuis une trentaine d’années. Sa fortune est estimée à seulement 3 milliards d’euros, ce qui en fait le plus riche des souverains d’Europe. Il a hérité de la plus grande collection privée d’art.
Les économistes classent le pays comme le plus performant d’Europe en termes économiques, politiques et sociaux. C’est un pays sans autoroute, ni armée, ni maternité, ni gare ferroviaire, ni aéroport mais avec 1,7% de chômage, un taux d’endettement public quasi inexistant et un PIB par habitant parmi les plus élevés du monde (le double de celui de la Suisse, le quadruple de celui de la France). L’économie du pays repose principalement sur le puissant secteur financier localisé dans sa capitale, Vaduz, mais il n’est plus identifié comme un paradis fiscal. Ah bon ? pourtant sa fiscalité compétitive et attractive pour les entreprises fait que le pays possède plus d’entreprises que d’habitants. Près de 74 000 multinationales souhaitant bénéficier d’une optimisation fiscale y sont implantées, mais le plus souvent, il s’agit de simples boîtes aux lettres.
Le Liechtenstein est membre de l’Espace économique européen et de l’Espace Schengen, mais pas de l’Union européenne. Il n’y a donc aucun poste de frontière et nous franchissons le Rhin sans se rendre compte que nous changeons de pays.
Compte-tenu de la richesse du pays et de cette place financière internationale, on s’attendait donc à trouver dans sa capitale, Vaduz, des forêts d’immeubles de verre et d’acier, des quartiers d’affaires, des voitures de luxe à tous les coins de rues… et bien non, nous avons l’impression d’arriver dans un petit village. En même temps, il n’y a que 5000 habitants.
Lundi 10 août 2020 :
Audrey de bon matin, part longer en courant les rives du Rhin côté Liechtenstein sur 5 kilomètres, puis côté suisse sur 5 kilomètres. Une heure après, elle est de retour auprès de nous après son court séjour de 30 minutes à l’étranger.
Nous partons visiter la capitale. Mais rapidement, nous sommes un peu déçus car il n’y a pas grand-chose à voir. Le cœur de Vaduz se limite à des quartiers résidentiels et une rue commerçante et piétonne vide de monde. Des bâtiments sans grande unité ni prouesse architecturales, hormis quelques-uns comme le Musée des Beaux-arts ou la Fondation Hilti (la réputée marque d’outillage électrique), bordent cette artère.
Nous visitons le petit Musée de la Poste exposant une riche collection de philatélie.
Cependant, nous apprécions les quelques œuvres d’art décorant la ville.
Vaduz est dominée par le château du 12ème siècle où vit la famille princière.
Nous terminons la visite en empruntant l’Alte Rheinbrücke Vaduz–Sevelen, un pont en bois couvert qui franchit sur une longueur de 135 mètres le Rhin, reliant Vaduz à la commune suisse de Sevelen dans le canton de Saint-Gall. Il date de 1870 et seulement depuis 1975, n’assure plus le passage des véhicules motorisés depuis la construction d’un nouveau pont en béton que nous avons emprunté hier. De toute manière, la Tiny aurait eu du mal à l’emprunter !
Nous ne prenons la route que pour une dizaine de kilomètres mais avec un dénivelé de plus de 1000 mètres pour atteindre le parking de Triesenberg, point de départ de notre randonnée de demain matin, avant que le mauvais temps annoncé n’arrive.
La montée est raide et la pente fait que les quelques litres de gasoil de notre premier réservoir de gasoil ne se déversent dans le second car la vanne est ouverte entre les deux. Audrey me met en garde mais je pense que je vais arriver à parcourir les 3 km restant. Je me dépêche surtout car la route est étroite et j’ai repéré sur Internet qu’un bus va bientôt descendre en sens inverse. Audrey avait raison. En plein virage, le moteur s’arrête. C’est la panne sèche. Un petit air de déjà vu ( mais en beaucoup moins stressant ) pour ceux qui ont suivi nos aventures au Tadjikistan ! Nous vidons le contenu de notre bidon de 20 litres dans le réservoir et après avoir bien peiné à amorcer le circuit de gasoil, nous reprenons la route et… croisons le bus ! Mais ça passe, à quelques centimètres près.
Après-midi tranquille sur le parking.
Mardi 11 août 2020 :
Réveil matinal et chaussures de rando bien lacées aux pieds dès 7h30 ! Il va faire chaud aujourd’hui et peut-être de la pluie cet après-midi. Il nous faut donc partir de bonne heure pour cette belle randonnée, celle du Fürstensteig. C’est le grand classique parmi les sentiers d’altitude du Liechtenstein, qui va nous faire monter sur les crêtes du Rätikon, ce massif des Alpes orientales centrales qui s’élève entre l’Autriche, le Liechtenstein et la Suisse. Au départ de Gaflei, à 1400 mètres d’altitude, le sentier monte en continu, traversant des verts pâturages, longeant des pins mugos, et offrant un point de vue panoramique sur la vallée du Rhin, plus de 1000 mètres à nos pieds.
Puis, nous empruntons la Via Ferrata Princière nous faisant passer par des passages difficiles. Le chemin est décrit dans les guides ainsi : « Il s’agit d’un sentier sculpté dans la paroi rocheuse à déconseiller aux personnes sensibles au vertige ». Nous confirmons car nous sommes à flanc de falaise par endroit. Les enfants avancent prudemment en s’accrochant aux câbles et aux garde-corps quand il y en a, ou en se serrant contre la paroi quand il n’y en a pas !
D’un coup, nous arrivons au bout de cette difficulté et nous changeons de versant. Les paysages ne sont plus rocailleux mais tout verts. C’est magnifique. Quelques fermes éparses accueillent quelques troupeaux de vaches dont le son des cloches agrémente notre randonnée.
Au col de Gaflei, on a une vue mémorable sur le massif déchiqueté des Drei Schwestern (“Trois Sœurs”). Nous arrivons au prix d’un dernier effort au point culminant de la randonnée, le Kuhgrat (2123 m), surmonté d’une croix. Pause-café et fruits secs sortis du sac de rando pour reprendre des forces. Les enfants signent le cahier des randonneurs attaché à la croix. Vue panoramique sur le massif du Rätikon, les Alpes suisses et autrichiennes. Nous voyons le Lac de Constance et donc l’Allemagne également. Quatre pays a portée de nos yeux !
Mais il est déjà temps de faire demi-tour en empruntant une partie du même circuit emprunté à l’aller. Nous ne refaisons pas la via ferrata mais empruntons un autre chemin très raide au revêtement très glissant. Il fait très chaud. On se croit au bout de notre vie. Plus de 120 mètres de dénivelé en quelques pas.
Mais une fois de plus, notre effort est récompensé par la vue au sommet. Et surtout à partir de maintenant, on sait que ce n’est plus que de la descente.
5h30 après notre départ, nous arrivons à la Tiny avec 10,5 kilomètres et 880 mètres de dénivelé positif dans les jambes et le ventre qui sonne bien creux. Mais encore aujourd’hui, nous sommes tellement fiers de ce que l’on a fait avec Anaïs et Victor.
Après-midi repos. Victor s’installe dehors pour sculpter des cuillères en bois, Anaïs écoute de la musique dans sa chambre, met à jour son carnet de voyage, dessine et fabrique un bracelet tibétain, Audrey sort le guide de l’Autriche, reprend les conseils notés lors de notre rencontre avec nos amis Daniel et Amandine, et prépare le parcours de ce nouveau pays où nous entrerons demain matin et quant à moi, j’écris et termine la mise en ligne de ce 76ème article de blog !