418 km parcourus du 12 au 21 août 2020

58 728 km parcourus depuis le départ

Mercredi 12 août 2020 :

Nous venons de passer notre troisième et dernière nuit au Liechtenstein dont deux sur ce parking avec une chouette vue sur la vallée du Rhin qui sert de frontière naturelle avec la Suisse. Nous surplombons le fleuve de plus de 1000 mètres d’altitude. Mais pour rejoindre ses rives, il n’y a qu’une dizaine de kilomètres. Autant dire que la pente est raide avec des passages dépassant les 15%. Je descends quasiment tout le temps en première vitesse pour ménager les freins de notre Tiny. En troisième ou même en deuxième rapport de boîte de vitesses, ils chaufferaient en quelques centaines de mètres.

Autant dire qu’on met quasiment une heure à rejoindre la ville de Vaduz, installée le long du Rhin. Petit arrêt comme dans chaque pays que nous traversons pour prendre en photo la banderole de notre fidèle partenaire et sponsor ! On a failli oublier tellement on passe peu de temps dans ce si petit pays.

Le Liechtenstein est bien le pays où nous aurons passé le moins de temps durant notre cavale. Ah non, c’est le Myanmar (Birmanie) où nous n’avons passé que 3 minutes, juste le temps de faire un visa run pour remettre à zéro le compteur de notre visa thaïlandais lors de nos mésaventures en mars dernier de frontière indienne bloquée en raison du Covid…

Nous nous arrêtons dépenser nos derniers francs suisses. Le Liechtenstein ne fait pas partie de la zone Euro, tout comme la Suisse et utilise d’ailleurs la monnaie de son voisin helvétique. Comment solder nos 13,60 francs ? En carburant, non car il coûte 1,50€ le litre ici et il vaudra 0,50€ de moins dans 4 kilomètres en Autriche ! On s’arrête donc au supermarché mais avec 13,60 francs, on n’achète pas grand-chose au Liechtenstein. Entre la viande de bœuf à 50€ le kilo, le fromage à 25€ le kilo et les fruits et légumes à plus de 5€ le kilo…

Quelques kilomètres plus loin, nous voici donc dans le 24ème pays de notre cavale après avoir franchi, sans contrôle, le poste douanier de Schaawald.

L’Autriche, ce pays germanophone où nous n’avons jamais mis les pieds, tout comme ses voisins d’Europe centrale. Le pays est réputé pour ses villages de montagne, son architecture baroque, son histoire impériale et ses terrains alpins escarpés. Nous revoici en Union européenne. L’Autriche a un territoire 8 fois plus petit que la France. Elle est entourée par l’Allemagne, la Tchéquie, la Slovaquie, la Hongrie, la Slovénie, l’Italie au sud, la Suisse et le Liechtenstein. Rien que ça ! Elle compte aussi 8 fois moins d’habitants que la France.

Direction la station-service en faisant le plein à moins d’un euro le litre. Le dernier plein remonte à la France… Nous apprécions notre importante autonomie de gasoil (120 +20 litres), bien que j’ai toujours un des deux réservoirs qui fuit un peu, malgré sa dernière réparation en France avant de partir. Il va falloir que j’envisage de le remplacer intégralement par un nouveau dans un des prochains pays que nous traverserons. C’est bien la première fois qu’on traverse deux pays (Suisse et Liechtenstein) sans faire le plein. Puis achat de la vignette autoroutière.

L’arrêt au Lidl nous permet de retrouver des courses au prix français, soit bien moins cher que dans les deux derniers pays traversés, et de se faire de nouveau plaisir en fromage et en charcuterie.

Nous nous engageons sur la route montagneuse de la Silvretta, réputée pour être l’une des belles voies alpines autrichiennes. Il faut pour cela s’acquitter de 23€ de péage car c’est une route non incluse dans le réseau des autoroutes autrichiennes. Cette fameuse route monte en 30 lacets vers le Col de la Bielerhöhe, marquant la frontière entre les régions de Vorarlberg et du Tyrol à 2032 mètres d’altitude. C’est vrai que la route est superbe et traverse de belles montagnes mais elle ne vaut peut-être pas les 23€. L’arrivée au col au Lac de Stausee est tout de même magnifique.

Nous trouvons un bivouac de rêve tout près de l’eau.

Audrey et moi partons faire le tour de plus de 6 kilomètres de ce lac artificiel à la couleur turquoise. Jolies cascades, jolis reflets, joli glacier en surplomb…

Jeudi 13 août 2020 :

Nous ne partons pas en rando, comme espéré initialement car la météo n’est pas engageante et nous ne voulons pas prendre le risque de monter à 2800 mètres d’altitude avec des menaces d’orages. Bon finalement, la météo se sera trompée… Dommage.

Nous redescendons du col et continuons notre itinéraire le long d’ une vallée longue d’une quarantaine de kilomètres. Nous apprécions toujours ces paysages verdoyants, assez cultivés en plaine. De nombreux greniers à foin sont construits dans ces champs.

On apprécie aussi l’architecture des églises coiffées d’un clocher à bulbe. Nous traversons un petit village qui doit se situer dans un couloir d’avalanches car les bâtiments sont protégés par d’énormes murs de pierres.

Puis, alors que nous nous dirigeons vers le nord du pays pour aller faire une petite incursion en Bavière en Allemagne, une route passant par un col en travaux nous oblige à faire un grand détour. De plus la région vers laquelle nous nous rendons, propice aux randonnées, risque d’être bien arrosée dans les deux prochains jours. Encore un changement de plan et nous nous dirigeons vers la ville d’Innsbruck, 125 000 habitants. Ce n’est pas facile dans les Alpes de jouer avec la météo très changeante d’une vallée à une autre, d’une altitude à une autre.

Pas facile non plus en Autriche de trouver des stationnements nocturnes dans les villes qui n’aiment pas trop les camping-cars et qui le font bien sentir avec des panneaux d’interdiction de stationner partout. On en tente un, grâce à notre application Park4night. Les commentaires ne sont pas tous bons mais on verra bien si on se fait virer ou pas cette nuit. Nous sommes dans une petite rue le long de l’Eglise Pfarrkirche Pradl.

Nous partons visiter la vieille ville d’Innsbruck, la capitale du Tyrol, une ville historique et pittoresque, qui possède un remarquable patrimoine architectural et culturel hérité du riche passé moyen-âgeux. Convoitée par toutes les nations alentours tout au long de son histoire, Innsbruck fut le siège de la cour impériale de Maximilien Ier à la fin du 15ème siècle. Aujourd’hui, les monuments impériaux de l’époque des Habsbourg côtoient des bâtiments plus modernes au sein de la vieille ville dans laquelle nous errons, avec comme toile de fond les hautes montagnes alpines. Cet ensemble lui confère un charme unique en son genre.

Déjà, les façades étroites aux tons pastels nous séduisent. Elles sont ornées d’oriels et d’encorbellements. Elles reposent parfois sur de jolies arcades. Les mélanges architecturaux se mêlent (Gothique, Renaissance, Baroque) avec des portes d’entrées sculptées, des bas-reliefs sous les balcons, des décors d’arabesques… de nombreuses fresques sont peintes sur les façades.

L’emblème le plus célèbre d’Innsbruck est le Goldenes Dachl ou Petit Toit d’or, un somptueux oriel coiffé de 2657 bardeaux de cuivre dorés à l’or fin. Depuis plus de 500 ans, il trône au-dessus de la Herzog-Friedrich-Straße entre les maisons et belles demeures médiévales surplombant des arcades ombragées. L’empereur Maximilien, qui le fit ériger pour son mariage, appréciait la vue et pouvait observer l’animation joyeuse qui régnait dans sa ville, être aux premières loges pour assister à des tournois de chevaliers et y apparaître afin que son peuple puisse lui rendre hommage.

Le quartier est très touristique et regorge de boutiques de souvenirs typiques du Tyrol.

Nous longeons le Palais impérial d’Innsbruck, vieux de 450 ans, qui fût l’une des résidences de prédilection de la dynastie des Habsbourg.

En face le Théâtre impérial (Hoftheater).

La ville ne manque pas d’églises non plus, comme ici la Cathédrale Saint Jacques.

Ça et là, quelques œuvres de street art, plus ou moins raffinées, que nous aimons bien.

Nous terminons par la grande artère Maria-Theresien-Strasse et admirons les façades des palais somptueux de l’époque baroque, mélangées à des façades gothiques voire haussmanniennes et contemporaines. Mais le ciel devient noir et chose pas coutume, nous n’avons pas d’autres choix que de nous réfugier dans un centre commercial.

Nous arrivons trempés par une grosse pluie qui n’en finit pas à la Tiny. Endormissement bercé par les chants religieux de la messe voisine.

Vendredi 14 août 2020 :

J’ai l’impression qu’il y a eu de l’animation toute la nuit à l’église car je me fais maintenant réveiller par un concert d’orgues. Ce qui n’est pas non plus désagréable. Bon finalement, la nuit a été assez calme et on ne s’est pas fait virer par la police. Nous décidons de prolonger la visite d’Innsbruck d’une journée et nous changeons de parking pour un autre un peu moins cher car cela coûte quand-même assez cher de stationner en ville en Autriche.

Nous sommes restés un peu sur notre faim hier avec la pluie qui nous a chassés de la Maria-Theresien-Strasse. Le temps est plus clair aujourd’hui et nous pouvons mieux profiter de superbes façades comme celles du Palais Sarthein, du Palais Fugger, du Palais Gumpp (abritant le parlement régional) ou en face, le Palais Trapp.

La Colonne Sainte-Anne, est un autre témoin du passé de cette élégante avenue piétonne.

Au bout de l’avenue, le Triumphpforte, un superbe arc de triomphe magnifié par les Alpes en arrière-plan. Il fut construit en 1765 sur ordre de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche et son mari François Ier à l’occasion du mariage de leur fils. Juste dans son axe, le tremplin de saut à skis olympique dont je vous reparlerai plus tard.

Nous entrons dans le Tiroler Volksunstmuseum, le Musée des Arts et Traditions Populaires du Tyrol qui présente une vaste et passionnante collection du Tyrol historique. Le musée ethnographique se trouve dans un ancien cloître franciscain du 12ème siècle, contigu à l’église impériale de la ville.

La visite commence par une exposition de crèches de Noël avec des personnages en cire, en argile ou en papier. Il s’agit d’un art qui perdure depuis le 18ème siècle.

Le musée héberge une importante collection du patrimoine culturel local et de l’artisanat rural qui nous permet d’appréhender la vie quotidienne des habitants d’Innsbruck et du Tyrol à travers les siècles. Riche exposition de costumes traditionnels hauts en couleur qui démontrent la diversité de la mode régionale mais aussi de tout ce qui touche à l’habitat intérieur. Superbes meubles peints et autres objets domestiques dont une magnifique collection d’outils avec des rabots montagnards qui feraient saliver mon papa…  Mais aussi des instruments de musique, des traîneaux, des selles, des instruments agraires, des cloches de vache, des jouets anciens…

Nous passons un peu plus vite sur l’art religieux avec des peintures, des chemins de croix d’église, des croix de cimetières et des vierges baroques…

Par contre, nous prenons plaisir à déambuler dans des reconstitutions de pièces d’habitats des siècles passés, en passant de la demeure bourgeoise à la cuisine paysanne. Elles sont décorées d’objets populaires et domestiques (verreries, céramiques, meubles…) mais aussi d’objets destinés à l’artisanat (rouets, écheveaux…). Dans chacune des pièces, on remarque les imposantes cheminées recouvertes de faïences vernissées.

L’Église impériale est le monument artistique le plus important du Tyrol. Elle abrite la tombe de l’empereur Maximilien Ier (1459-1519). L’homme qui a permis aux Habsbourg de devenir une des plus grandes dynasties d’Europe a construit de son vivant son tombeau. Bon, en fait il n’est pas enterré ici… Ce tombeau sculpté dans du marbre noir est entouré de 28 statues en bronze plus grandes que nature qui montent la garde et représentent la famille impériale et les ancêtres des Habsbourg dont Charlemagne et Clovis. Il est orné de bas-reliefs en marbre rappelant les épisodes marquants de la vie de Maximilien Ier. Le tombeau est entouré d’une magnifique ferronnerie de style Renaissance.  Mais initialement, l’empereur avait prévu 40 statues !

Pause pique-nique dans le Jardin impérial (Hofgarten) où nous profitons d’un agréable concert traditionnel dans le pavillon central du parc.

Vous pouvez le voir sur les photos mais ici, pas de psychose avec le port du masque et la distanciation physique en raison du Coronavirus. Par contre, les médias ne manquent pas comme en France de semer la panique à la une. Quelques magasins, musées et les transports en commun que nous ne prenons pas imposent le port du masque. Bon, quelques Autrichiens n’ont pas tout compris. En geste barrière, on leur a dit de tousser dans leur coude, du coup ils portent le masque sur le coude !! Lol. Malheureusement, on trouve autant de masques jetés dans la nature que sur les visages des gens.

Nous entrons dans un deuxième musée, le Tiroler Landesmuseum Ferdinandeum, le Musée régional tyrolien, duquel nous ne sommes pas particulièrement emballés mais il faisait partie du billet groupé valable pour plusieurs musées. Nous passons donc rapidement sur les sections Moyen-âge, Renaissance, Classique, et même Moderne. Mais nous apprécions au sous-sol les collections archéologiques de l’âge de pierre, du bronze et du fer avec une riche exposition bien mise en valeur dont certaines haches polies feraient rougir mon tonton Armel.

Nous nous dirigeons à présent vers le quartier de Bergisel, une colline au sud de la ville. Nous entrons dans la fonderie de cloches Grassmayr où la même famille (14 générations), coule des cloches depuis 1599 ! C’est ici qu’ont été fondues certaines des plus grosses cloches du monde, pesant parfois jusqu’à plusieurs dizaines de tonnes. Les productions retentissent sur tous les continents, dans plus de 100 pays. Nous achetons en souvenir des douces mélodies qui accompagnent nos randonnées depuis notre arrivée dans les Alpes, une cloche de vache. Elle prendra place à côté de la cloche d’éléphant du Laos à notre retour…

Joli point de vue sur le stade de saut à ski de Bergisel qui domine la ville d’Innsbruck. Il est lié au passé olympique de la ville qui accueillit les JO à deux reprises (1964, 1976) ainsi que la cérémonie d’ouverture des Jeux d’hiver de la jeunesse en 2012. Une tour de 50 mètres de hauteur permet aux compétiteurs de prendre leur élan sur une piste longue de 98 mètres et pentue à 37°. Un stade de 28 000 spectateurs entoure la piste d’atterrissage. Les skieurs s’envolent ici, même l’été avec des skis spéciaux pour retomber sur un revêtement synthétique qui remplace la neige, comme on avait pu voir à Lillehammer en Norvège.

Mais le site de Bergisel est surtout un lieu important dans l’Histoire de la ville. C’est là qu’en 1809, lors des guerres napoléoniennes, se déroulèrent les batailles pour l’indépendance du Tyrol contre les Français et les Bavarois. Nous poursuivons cette intense journée par la visite du Tyrol Panorama abritant dans un magnifique bâtiment contemporain une gigantesque fresque panoramique d’Innsbruck. Les photos ne rendent pas compte de l’immensité de cette frise circulaire mais il faut imaginer une toile d’une surface totale de 1000 m² (presque 100 mètres de longueur par plus de 10 de hauteur !). Cette peinture à l’huile époustouflante représente à 360° la bataille d’indépendance menée par les Tyroliens. Elle a été peinte par Michael Zeno Diemer en 1896.

Dans le même lieu, le Musée du Régiment d’infanterie des chasseurs impériaux retrace l’histoire des régiments tyroliens depuis 1880 au sein de l’ancienne armée autrichienne. Différentes pièces relatent le passé de la défense tyrolienne au cours du 19ème siècle : tableaux de batailles, drapeaux, armes, uniformes…

Retour à la Tiny après cette intense journée culturelle et physique ! Malgré quelques commentaires négatifs de notre application de bivouac où certains camping-caristes se sont fait sortir par la police, nous décidons de rester sur place. Car pour d’autres véhicules ayant bivouaqué sur place, il n’y a pas eu de soucis. On n’a pas trop envie de bouger d’autant plus qu’on va s’engager dans une zone réputée difficile pour bivouaquer en pleine nature.

Malheureusement, deux véhicules (français) font la java toute la soirée sans aucun respect des résidents des immeubles juste voisins : musique forte, consommation d’alcool sur le trottoir, pisser contre les arbres sous le regard des riverains. Cette attitude de camping-caristes ou de vanlifers nous révolte. Et il ne faut pas se plaindre que cela soit compliqué de bivouaquer en pleine ville après ! Ce qui devait arriver arriva. La police débarque à 23 heures et après leur avoir demandé de partir, frappe à notre porte. On ne répond pas comme d’habitude. 15 minutes, on croit qu’ils sont repartis mais ils frappent beaucoup plus fort. Audrey ouvre et un policier lui explique gentiment que nous n’avons pas le droit de dormir en ville et qu’il faut absolument partir, ce que font les autres véhicules également. Pas moyen de négocier avec cet homme pourtant souriant qui ne fait que son boulot. Mais on n’a d’autant moins envie de bouger qu’on ne sait vraiment pas où aller dormir. J’interviens alors en faisant le malin et en disant que je ne peux pas conduire car j’ai consommé de l’alcool… Le policier est bien dans l’embarras, il appelle son chef et m’explique qu’il fait intervenir une autre patrouille qui va tester mon alcoolémie. Si le test est positif, je pourrai rester sur place mais en payant une amende pour stationnement illégal de 50€. Sinon, je devrai quitter la ville.

Un quart d’heure après, je souffle dans l’éthylotest qui affiche… 0 gramme sur l’écran… Je récupère mon permis de conduire et bouge la Tiny… Nous décidons de ne pas nous engager sur la route qu’on voulait prendre vers l’est en direction de l’Allemagne mais plutôt de nous rapprocher plus rapidement de la frontière vers le nord.

Samedi 15 août 2020 :

0h10, nous voici sortis de la ville et sur l’autoroute à rouler en pleine nuit, ne sachant où aller… Grrr… Nous trouvons un petit parking de départ de randonnées, en bord de route assez passagère, qui ne fait pas rêver mais qui nous permet de dormir à une quinzaine de kilomètres de la sortie de la ville. Mais même là, il faut payer l’horodateur alors que nous sommes en pleine nuit et que le week-end est commencé mais à cette heure-ci, on ne fait pas les difficiles et on met 5€ dans l’horodateur…

2h30, je trouve le sommeil…

Matinée tranquille, à se remettre de notre courte nuit et à se mettre à jour dans le blog et dans les textes des enfants. Ils sont toujours en vacances mais continuent à écrire quotidiennement un résumé de notre cavale, de nos visites, de nos rencontres en collant quelques photos découpées de dépliants touristiques, des tickets d’entrées, des cartes postales…

La Tiny prend de bonnes odeurs de la cuisine d’Audrey.

L’après-midi, je n’ai pas trop envie d’aller marcher. Victor préfère aussi rester pour tailler des petites cuillères et installe son atelier à l’extérieur. Les filles partent faire une petite randonnée.

Nous nous dirigeons vers la Bavière, région du Sud-Est de l’Allemagne. Ce n’était pas non plus prévu au programme, mais nos amis marseillais rencontrés la semaine dernière nous ont donné l’envie de faire un petit détour. Nous n’en avons pas fini avec l’Autriche, nous y reviendrons rapidement. C’est quand-même le gros avantage de voyager en Europe par rapport à tous les pays d’Asie centrale ou d’Asie du Sud-Est que nous avons visités et qui nécessitaient d’importantes formalités administratives (voire de passer par des agences avec guides obligatoires dans certains pays). Ici, dans l’espace Schengen, on ne s’arrête même pas à la frontière. Pas besoin de visas, de tampons sur le passeport, d’autorisation temporaire de circuler pour le véhicule. Pas besoin non plus de retirer de l’argent, ou d’acheter une nouvelle carte SIM. A la frontière de Minttelwald, un simple panneau nous signale le changement de pays. Et nous faisons nos premiers tours de roues.

Nous bivouaquons sur le parking du Große Olympiaschanze, le stade olympique de saut à ski de Garmisch-Partenkirchen, une station de sports d’hiver.

L’Allemagne a l’air plus accueillante pour les camping-cars et nous payons seulement 5€ pour 3 jours de parking !

Dimanche 16 août 2020 :

Encore une belle journée de rando au programme. Nous avons les mollets en béton ! ça n’affole même pas Anaïs et Victor quand on leur dit qu’on part pour 12 kilomètres de marche. Ils nous répondent même : « oh 625 mètres de dénivelé aujourd’hui, ça va… ! ».

Nous partons donc de bonne heure, avant l’arrivée de la foule dans un site naturel exceptionnel et réputé, surtout que c’est le week-end et que nous partons dans un endroit très étroit… Une belle curiosité géologique : les Gorges de la Partnach. Longues de 700 mètres et profondes de 80 mètres et surtout étroites de quelques mètres, ces gorges sont fabuleuses. Elles ont été creusées dans les couches calcaires du massif du Wetterstein par un des affluents déchainés du Danube.

Nous marchons entre les falaises abruptes se dressant dans le ciel sur un chemin et dans des tunnels taillés dans la roche il y a une centaine d’années. Un véritable émerveillement avec la lumière du début de journée qui éclaire superbement le vert des arbres tout en haut de la gorge. Le bruit de l’eau du torrent et des chutes d’eau de couleur turquoise est assourdissant. Au-dessus de nos têtes tombent des gouttes d’eau des hautes falaises.

Arrivés au bout de cette merveille de la nature, nous continuons à longer un peu la rivière et nous prenons rapidement de l’altitude par un réseau de sentiers de randonnées très bien aménagé. Nous traversons des petits hameaux, voyons des fermes, traversons des alpages, le tout toujours bercés par les cloches des vaches.

J’adore les greniers à foin construits en rondins de bois empilés, tout en laissant une lame d’air entre chaque pour permettre la ventilation. Ils ont une jolie forme trapézoïdale, la base étant plus étroite que le haut du bâtiment. Le seul accès à l’intérieur du local est une porte à l’étage. Sur chacun de ces greniers à foin sont accrochés des poteaux de 3 à 4 mètres de hauteur, sur lesquels des perches horizontales sont espacées les unes des autres d’environ 30 centimètres. Ce sont des chevalets en bois aussi appelés cavaliers, séchoirs, ou perroquets sur lesquels on fait tout simplement sécher le foin avant de l’entreposer dans ces greniers.

Puis, nous arrivons au point culminant de notre boucle à Eckbauer à 1237 mètres d’altitude. Face à nous, et nous invitant à notre pause pique-nique tiré du sac, un somptueux panorama sur les Alpes bavaroises dominé par la Zugspitze, massif du Wetterstein, le point culminant de l’Allemagne à 2962 mètres d’altitude. Il marque la frontière avec l’Autriche. A ses côtés, l’Alpspitze est un autre joli sommet à 2628 mètres d’altitude.

Retour dans un paysage différent à la Tiny 500 mètres plus bas.

Traversée d’un adorable petit hameau de Wamberg avec son Église Saint Anna au clocher à bulbe. Les balcons des maisons sont garnis de géraniums. Les toits sont couverts de tavillons et de grosses pierres dont nous ne comprenons pas non plus l’utilité.

Après-midi repos à la Tiny.

Lundi 17 août 2020 :

Nous allons visiter le Grand tremplin Olympique de saut à ski. On se sent bien petit en bas de cette piste gigantesque. Garmisch-Partenkirchen a accueilli les 4ème Jeux olympiques d’hiver en 1936. Ce grand tremplin est l’un des plus importants de la Coupe du monde de saut à ski. Il accueille chaque année la seconde étape de la Tournée des quatre tremplins, qui constitue l’une des plus prestigieuses compétitions de ce sport. Les compétiteurs concourent également sur le tremplin de Innsbruck où nous étions il y a quelques jours en Autriche. Le tremplin dont la structure a été profondément modifiée et rénovée en 2007 est impressionnant. Difficile d’imaginer que le record battu en 2020 atteint 143,50 mètres de saut ! Et encore bien plus difficile d’imaginer que le record du monde dépasse de 100 mètres ce record établi ici. Un Autrichien a sauté 253,50 mètres en Norvège en 2017 mais sur des tremplins destinés non plus à du saut à ski mais à ce qu’on appelle du vol à ski !

Avec Victor, nous montons les hautes marches bordant la piste en gazon synthétique et prenons 90 mètres d’altitude. Nous atteignons le pied de la piste d’élan à elle seule longue de 103 mètres. Une énorme construction en acier de 490 tonnes la soutient. L’inclinaison de la pente est de 35° et permet aux skieurs d’atteindre une vitesse dépassant les 100 km/h. Plus de 150 mètres de hauteur séparent le haut du tremplin du bas de la piste. Impressionnant.

De nombreuses compétitions de ski alpin ont également lieu dans cette ville dans le cadre de la Coupe du monde sur les pistes du Kandahar voisines du tremplin. Mais autant le saut à ski continue même en été sur la piste synthétique, autant sur les pistes de ski alpin, ce sont plutôt les moutons qui profitent de l’herbe bien grasse !

La journée est pluvieuse mais nous profitons d’une éclaircie pour, avec Audrey, partir visiter la ville de Garmisch-Partenkirchen alors qu’Anaïs et Victor restent lire et bricoler au camion. Nous longeons la rivière et traversons d’agréables quartiers résidentiels agrémentés de beaux jardins fleuris.

La ville est très belle avec ses maisons aux façades recouvertes de fresques.

Nous apprécions beaucoup cette balade d’environ 7 km. Sur le retour, nous traversons de verdoyants paysages, encore parsemés de nombreux séchoirs à foin.

Nous retrouvons nos amours d’enfants et regardons un film à l’abri de la pluie dans notre Tiny.

Mardi 18 août 2020 :

Une balade bavaroise incontournable est au programme d’aujourd’hui. Le temps est couvert et les quelques gouttes qui tombent ne nous découragent pas pour aller faire le tour de 9 kilomètres du Lac Eibsee. Sur le parking, près du petit train à crémaillère qui monte vers le lac, une jolie minuscule caravane comme jamais nous n’en avons vue ! Victor est aussi grand qu’elle…

Ce lac couleur vert émeraude logé sur les flancs du massif du Zugspitze, le plus haut sommet d’Allemagne, est considéré comme l’un des plus beaux lacs de Bavière. Il est vrai, que bien que très, voire trop touristique, le lac aux couleurs cristallines avec ses 8 îles mérite le détour. Il est niché au creux d’un panorama alpin magnifique.

La promenade, très facile, alterne entre passages dans la forêt et chemins plus près du lac. La couleur vert clair du lac et ses eaux scintillantes nous invitent, Victor et moi, à sauter dans l’eau. Selon les reflets et la profondeur, tantôt l’eau est noire, tantôt claire comme du cristal. C’est superbe.

Nous reprenons la route en début d’après-midi et roulons vers la Haute-Bavière et le village typique de Oberammergau.

Durant la Guerre de Trente Ans, la peste a ravagé le secteur. Pour être sauvés de la peste, les nobles du village promirent de rejouer la Passion du Christ tous les 10 ans. Ils furent exaucés, et depuis, tous les 10 ans, 2000 personnes rejouent chaque jour 6 heures durant, pendant 3 mois, la Passion du Christ. Les hommes se laissent pousser la barbe plusieurs mois avant afin de mieux coller à leur personnage, et le spectacle attire désormais presque 500 000 personnes.

Un véritable artisanat traditionnel s’est presque exclusivement tourné vers la sculpture sur bois d’objets religieux : crèches, santons de Noël, sculptures…

Constitué de chalets aux façades peintes, Oberammergau est un véritable musée à ciel ouvert, une véritable œuvre d’art. C’est dans cette petite ville que l’on peut admirer au mieux l’art du Lüftlmalerei. Cette technique de l’art baroque et rococo, très répandue dans toute la Bavière, consiste à peindre des fresques sur les façades des maisons, églises et châteaux. Au 18ème siècle, des citoyens et agriculteurs aisés, qui voulaient rendre hommage à Dieu, ont fait décorer leurs façades avec des motifs religieux qui restituaient la Passion du Christ. La technique utilisée consiste à peindre sur façade des fresques sur du crépis calcaire frais, ce qui permet de faire pénétrer les couleurs plus profondément dans le mortier afin d’en garantir la meilleure préservation.

D’autres scènes reproduisent la vie bavaroise du quotidien entre le 17ème et le 19ème siècle. Les légendes germaniques sont également des sources d’inspiration fréquentes.

Sur certaines demeures et chalets, ce sont les contes qui sont à l’honneur : Hansel et Gretel, le Petit Chaperon rouge

Encore une journée bien remplie et très agréable. Nous la terminons dans un joli petit coin de nature près d’une rivière Leinbach à Unternogg. Merci Daniel et Amandine pour ce bon plan !

Mercredi 19 août 2020 :

365 jours ont passé depuis le 19 août 2019. 26 620 km ont été parcourus depuis cette même date qui est celle du jour de notre réparation définitive de notre problème de pompe à injection à Oulan Bator après plus de 5000 kilomètres parcourus en mode dégradé, au Tadjikistan et en Mongolie. Depuis, la Tiny nous laisse tranquille et hormis le petit entretien (vidanges, freins, pneus…) et un changement à titre préventif d’un turbo en France, nous ne sommes plus passés par la case garage ! Bon, on en a assez bavé sur nos six premiers mois de voyage pour pouvoir souffler maintenant…

Cet anniversaire mérite bien une pause dans notre cavale. Cela nous convient bien à tous les 4 de profiter de cette belle journée ensoleillée au bord de la rivière…

Audrey, après avoir longtemps cuisiné, géré les comptes et préparé la suite de notre parcours dans les Alpes, part marcher 10 kilomètres le long de la rivière.

Victor passe des heures à construire 22 cairns de pierres au milieu et sur les berges de la rivière. Avec mon petit gars, nous nous lavons tout nus dans le creux d’une vasque malgré les 14°C de l’eau. Anaïs passe des heures dans son hamac à écouter de la musique et à dessiner. Je fais la sieste, des crêpes, un peu d’administratif, un peu de blog… Que c’est bon une journée à buller !

Jeudi 20 août 2020 :

14 ans ont passé depuis l’un des plus beaux jours de notre vie et la naissance de notre premier enfant ! Qu’est-ce que tu es devenue grande notre belle Anaïs ! Joyeux anniversaire ma chérie. Et dire que tu commences déjà à parler de partir seule en voyage un an au Laos dès ton bac en poche et avant tes études supérieures. Mais c’est demain ça ! Tu prévois déjà de partir en sac à dos et de t’acheter un tuk-tuk pour voyager en Asie du Sud-Est… Du moment que tu restes épanouie chaque jour comme tu l’es aujourd’hui et que tu continues à croquer à pleines dents chaque moment de ta vie, nous serons tellement heureux pour toi… L’une de tes citations préférées que tu écris partout, y compris aujourd’hui sur le cairn que ton petit frère que tu cajoles tant est tellement vraie !

Anaïs part marcher un peu plus de 8 kilomètres avec sa maman à travers les champs et les forêts pour rejoindre notre prochaine visite.

Victor m’accompagne en Tiny et nous nous rejoignons à Steingaden devant l’Église de pèlerinage de Wies réputée pour être l’une des plus belles églises de style rococo dans le monde. C’est un chef-d’œuvre de l’architecte Dominikus Zimmermann, classé par l’UNESCO au Patrimoine mondial, qui date de la moitié du 18ème siècle. La sobriété extérieure contraste avec le réussi mélange d’architecture, de sculpture, de peinture, de stuc, de gravure et de ferronnerie à l’intérieur. Les plafonds, recouverts d’immenses fresques peintes en trompe-l’œil, sont somptueux.

Nous posons notre bivouac dans un petit bourg sur le parking d’un cimetière qui offre le double avantage d’avoir accès à l’eau (comme dans tous les cimetières) ainsi que des voisins calmes. De plus, juste à côté, une aire de jeux permet aux enfants de se défouler.

Petite soirée anniversaire agréable avec une fondue et un bon gâteau aux pommes et aux pépites de chocolat et la traditionnelle ouverture des cadeaux.

Vendredi 21 août 2020 :

Nous roulons de bonne heure en direction de la commune de Schwangau. Le relief s’accentue de nouveau car nous voici de nouveau sur les contreforts des Alpes bavaroises. Et c’est parti pour une randonnée, en direction de deux châteaux dignes de figurer dans un conte de fées. Mais tout d’abord, nous traversons de beaux pâturages, bercés par les cloches des vaches et la bonne odeur de l’herbe fraichement coupée. Tous nos sens sont en éveil. Victor ne rate pas de s’arrêter dans une menuiserie glaner quelques chutes de bois pour tailler plus tard des petites cuillères.

Puis, nous longeons de belles gorges taillées par la rivière Pöllat, grâce à un magnifique aménagement accroché à la falaise. Le canyon est long de 900 mètres et les parois sont hautes de 120 mètres. Une superbe cascade aux eaux cristallines est dominée par le pont Marienbrücke très haut au-dessus de la gorge qui date de 1840.

C’est à partir de ce moment que nous découvrons, dressé fièrement sur un éperon rocheux haut de 200 mètres dominant la gorge, le Château de Neuschwanstein. Louis II, Roi de Bavière depuis 1864 l’a fait construire pour s’éloigner des foules mais n’y vécut cependant que quelques semaines avant sa mort en 1886. C’est aujourd’hui le château le plus célèbre d’Allemagne. Walt Disney s’est inspiré de ce château pour imaginer celui de la Belle au Bois Dormant. Nous ne le visitons pas en raison des mesures de sécurité sanitaire très restrictives liées au Covid et de sa restauration intérieure en cours. Ce château est donc de construction assez récente et des moyens techniques et des matériaux modernes ont été utilisés. Des grues étaient entraînées à la vapeur. Les fondations étaient cimentées, les murs étaient en briques et seulement recouverts de calcaire. Les appartements royaux étaient chauffés par un système central à air chaud. Il y avait l’eau courante à tous les étages, même chaude et froide dans la cuisine. Les toilettes avaient des chasses d’eau automatiques. Le roi appelait ses domestiques par un interphone électrique. Il y avait des branchements téléphoniques. Les repas étaient montés par un monte-charge…

Le château est situé dans un paysage idyllique exceptionnel. Adossé à la chaîne du Tyrol, il domine majestueusement la plaine, les deux lacs de Forggensee et de Bannwaldsee, ainsi que le château voisin de Hohenschwangau.

Nous prenons un peu d’altitude et avons un magnifique point de vue sur le château nous incitant à la pause-café traditionnelle de nos randonnées. Les enfants sortent de leur poche leur couteau pour tailler un morceau de bois pendant ce temps.

Nous poursuivons notre balade et arrivons à Hohenschwangau, un autre château construit avant celui de Neuschwanstein. Moins grandiose et féérique que son voisin, Louis II de Bavière a passé une partie de sa jeunesse dans ce château et s’est sûrement inspiré de celui-ci pour faire construire son propre château. Ce château fut construit par son père, Maximilien II, sur les ruines d’un fort médiéval. Le château est entouré des lacs Alpsee et Schwansee.

Retour à la Tiny avec encore quasiment 13 kilomètres dans les jambes et 570 mètres de dénivelé… Après-midi repos, jeux de société, blog, courses, préparation de la suite de l’itinéraire alpin, mise en place du programme scolaire des enfants (car les vacances sont bientôt terminées…) et route vers l’Autriche par le poste frontière de Ziegelwies.