466 km parcourus du 8 au 18 octobre 2020
61 170 km parcourus depuis le départ
Jeudi 8 octobre 2020 :
Ce matin, nous fêtons notre entrée dans notre 25ème pays et surtout le deuxième anniversaire de notre départ. Déjà deux ans que nous sommes partis de notre Charente Maritime au lendemain du superbe Festival des aventuriers de nos amis les Marais à Tonnay Charente… Déjà 60 704 km parcourus… Déjà 60 961 photos (421 Giga-octets !)… Déjà deux ans que nous parcourons les routes du monde avec notre fidèle, vaillante et désormais robuste Tiny… Déjà deux ans de belles rencontres, de belles visites à travers l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie centrale, la Chine et l’Asie du sud-est… A presque nous faire oublier nos galères mécaniques de la première partie de notre cavale ou même notre rapatriement de Malaisie au mois de mars dernier… Et ce n’est pas fini car on envisage de rester encore sur la route jusqu’à fin 2021.
La Slovénie, on y est, après avoir tant hésité sur la suite à donner à notre cavale après l’Autriche. L’idée n’a pas changé depuis notre départ de France en juillet, à savoir aller passer l’hiver le plus au sud possible, en Grèce ou en Turquie, à défaut d’aller comme on le voulait en Iran et sur la péninsule arabique. Nous avons par contre beaucoup changé d’avis sur l’itinéraire, en fonction des pays qui ouvraient ou qui fermaient leurs frontières en raison de la crise sanitaire. Après avoir envisagé de passer par la Hongrie (qui a finalement bloqué ses frontières), la Roumanie puis la Bulgarie, après avoir envisagé de descendre toute la péninsule italienne pour prendre un ferry vers la Grèce, c’est par les Balkans que nous allons tenter de rejoindre la Grèce. Bien entendu en limitant les pays qui imposent un test PCR à l’entrée. Car ces derniers sont payants et coûtent parfois 50€, parfois jusqu’à 110€ par personne, ce qui représente un budget colossal pour 4 si on doit en faire dans chaque pays, d’autant plus que les pays sont tout petits par ici ! Actuellement, seule la Grèce nous l’imposera en entrant par l’unique poste frontalier terrestre possible, c’est-à-dire par la Bulgarie (alors que les autorités ne l’imposent pas si on arrive par voie maritime…). La situation a le temps d’évoluer d’ici-là.
La Slovénie est un tout petit pays, deux fois plus petit que la Suisse, qui partage ses frontières avec l’Italie, l’Autriche, la Hongrie et la Croatie et elle est bordée par la mer Adriatique. Elle ne compte que 2 millions d’habitants. La Slovénie est un État membre de l’Union européenne et fait partie de la zone euro. Historiquement, elle faisait partie de l’Empire austro-hongrois puis de la Yougoslavie. En 1991, la Slovénie est devenue la première république à faire sécession de la Yougoslavie en devenant un État souverain indépendant.
C’est au poste frontalier de Podkoren en haut du petit col de Wurzen que nous avons passé notre première nuit à 1073 mètres d’altitude. Mais nous avons dormi côté slovène, pour avoir la certitude d’avoir pu entrer facilement dans ce nouveau pays. C’est toujours l’incertitude avec ce fichu virus.
Nous voici de retour dans les Alpes qui prennent ici le nom d’Alpes Juliennes. La descente du poste frontalier a des passages à 18%… Heureusement, ça ne dure pas longtemps. Nous prenons plaisir à observer les couleurs d’automne ainsi que les premiers sommets enneigés.
Nous sommes à 2 kilomètres de la frontière italienne et nous nous y rendons pour acheter la vignette autoroutière pour circuler en Slovénie. Elle est aussi obligatoire sur les routes rapides. Ce système, également utilisé en Suisse ou en Autriche est finalement assez confortable car une fois la vignette achetée, on peut utiliser le réseau autoroutier à volonté. Des caméras flashent la vignette et repèrent si on est en règle. Elle coûte 30€ en Slovénie pour 15 jours. En Autriche, elle coûtait 27€ pour 2 mois. En Suisse, environ 40€ pour un an. Ce tarif s’entend pour des véhicules légers de moins de 3,5 tonnes. Nous avons triché en Autriche et en Slovénie (mais on n’a pas pu en Suisse) sur le poids déclaratif car sinon, il nous aurait fallu un boitier de type télépéage avec une facturation au kilomètre beaucoup plus onéreuse. Plein de gasoil avant de s’engager dans la montagne. A peine 1€ le litre.
Juste derrière le village de Podkoren sur le côté de la route principale, nous découvrons la Réserve naturelle Zelenci en marchant sur une passerelle en bois qui nous permet d’apprécier les environs marécageux. Nous arrivons à un lac vert émeraude d’où jaillit la source de la rivière Save. Des sources extrêmement claires et froides traversent une couche de craie, ce qui donne à l’eau sa couleur bleu-vert caractéristique. L’eau n’y gèle pas en hiver et la température de 6°C est constante tout au long de l’année.
Dans le village de Kranjska Gora, nous nous engageons sur une route montagneuse qui nous mène au Col de Vršič. La route sinueuse et étroite longe le cours du torrent Pišnica. Sur les 25 kilomètres de route, 50 virages pavés en épingle nous attendent, et la pente est parfois bien raide avec des passages à 13%.
Elle traverse les réserves naturelles Mala Pišnica et Kuklaa Razor. Les paysages sont somptueux, mais cachent une réalité bien sombre. Ici, les armées de l’Italie et de l’Autriche-Hongrie se sont affrontées durant la Première Guerre mondiale. Quand l’Italie a déclaré la guerre à l’Autriche, cette ligne de front longeant la rivière Soča était stratégique. La route passant par le col a été construite en 1915-1916 par 10 000 prisonniers de guerre russes. Ici, la guerre a été meurtrière car des dizaines de milliers de soldats y ont laissé la vie. Seuls restent la route, quelques vestiges de bâtiments, un tunnel désaffecté et une petite chapelle orthodoxe (Ruska kapelica na Vršiču), érigée en bois en 1917 par ces prisonniers de guerre en hommage à leurs 100 camarades victimes d’une avalanche un an plus tôt.
Nous arrivons quelques kilomètres plus loin au Col de Vršič, le plus haut col de Slovénie à seulement 1611 mètres d’altitude. Fabuleuse vue sur les sommets du Mojstrovka (2332 m) et du Prisojnik (2547 m).
La route continue vers le sud, longeant la vallée de la Soča. Une descente décoiffante d’environ 10 km nous mène en bas de cette merveilleuse route.
Nous marquons un arrêt aux Gorges de la Soča (Velika korita Soče). Des falaises escarpées ont été creusées par l’eau. Nous longeons sur quelques 750 mètres de long ce cours d’eau couleur émeraude admirant les cascades et les piscines. Le canyon est étroit de 2 à 8 mètres et profond de 15 mètres, et le niveau de l’eau peut y monter de 10 mètres de hauteur ! Un régal de longer l’un des plus beaux sites naturels de la rivière Soča. Certains rayons de soleil parviennent jusque dans les profondeurs claires de ce canyon.
Bivouac près de Perse non loin des eaux de la Soča qui s’est déjà bien élargie, tout en gardant sa couleur laiteuse indescriptible.
Le bivouac n’est pas au top car juste à quelques mètres de l’atelier mécanique d’une carrière qui travaille assez tard dans la soirée mais on ne va pas être difficile en Slovénie. Ce bivouac a au moins l’avantage d’être caché de la route et on l’espère de la police. Je vous rappelle que le stationnement nocturne des camping-cars est interdit partout en Slovénie !
Vendredi 9 octobre 2020 :
Nous n’avons pas été dérangés à part par les bruits de la carrière qui ont commencé bien tôt ce matin.
Nous devons faire un large détour pour contourner une chaîne de montagnes de plus de 2000 mètres d’altitude qui sépare la vallée de la Soča du Lac de Bohinj où nous nous rendons. Après Tolmin, nous nous engageons de nouveau sur une route montagneuse, très sinueuse, très étroite avec quelques passages où les croisements avec les autres véhicules de gabarit importants ne laissent pas beaucoup d’espace entre nous. Cette route 403, puis 909 traverse de mignons petits villages de montagne, franchit un col à 1300 mètres d’altitude au niveau de la station de ski de Soriška, le tout nous offrant de jolies vues sur les massifs alpins.
Sur les bons conseils de nos amis les CROODS, nous nous dirigeons vers le Parc National de Triglav (Triglavski Narodni Park), le seul parc national de Slovénie et l’un des plus anciens d’Europe. Il tire son nom de la plus haute montagne du pays, le Triglav, située au centre du parc culminant à une altitude de 2864 mètres. Il fait partie des incontournables dans le pays et il faudrait y consacrer plusieurs jours pour y randonner. Mais l’interdiction formelle d’y stationner la nuit va nous obliger à n’y passer que la journée. Heureusement que nous le visitons hors saison car ce doit juste être infernal en période estivale. Nous voyons de nouveau quelques vans et des camping-cars, ce qui n’était quasiment pas le cas en Autriche. On sent que la Slovénie est sur la route de l’Europe du sud et qu’il va y avoir des voyageurs cet hiver en Grèce…
Nous allons nous garer à l’extrémité du Lac de Bohinj à Ukanc. De là, après avoir trouvé un des rares parkings gratuits, nous partons aussitôt randonner sur le Zlatorog Fairy Trail pour faire le tour du plus grand lac naturel de Slovénie, au-dessus duquel s’élèvent des sommets montagneux. « Bohinj est trop belle pour le crime » écrivit Agatha Christie. C’est vrai que nous sommes dans un endroit paradisiaque, d’autant plus qu’encore une fois la météo nous gâte. En longeant ses berges sauvages et authentiques, nous admirons le décor idyllique créé par l’eau bleu vert et les montagnes environnantes. Le tour de 12,3 kilomètres (300 mètres de dénivelé) de ce lac nous fait passer par le seul village construit sur ces berges, Ribčev Laz avec son joli point de vue sur le vieux pont et l’Église Janeza Krstnika. Nous apprécions d’ailleurs qu’aucune construction d’hôtels ou de restaurants ne vienne gâcher le paysage.
Nous quittons les abords de ce lac et allons passer la nuit sur un autre parking dans la ville de Bohinjska Bistrica aussi interdit mais en dehors du parc national. On verra bien si on se prend une amende. De toute façon, il faut bien qu’on dorme quelque part.
Samedi 10 octobre 2020 :
Pas d’amende mais nous préférons prendre la route dès 7 heures du mat’ avant la ronde de la police. Nous nous arrêtons faire l’école à Bohinjska Bela. Puis nous allons marcher un peu dans ce petit village pittoresque, hors des circuits touristiques jusqu’à sa cascade, haute de 24 mètres. Nous montons par une succession de trois échelles en haut des falaises escarpées de la montagne d’Iglica.
Nous faisons route vers une autre destination incontournable de la Slovénie, le Lac de Bled, une véritable carte postale qui fait la renommée de tout le pays : un lac émeraude, un château médiéval fixé sur une falaise, une île avec église sur fond de montagne… Le tour du lac aux eaux cristallines s’annonce bien agréable.
Il y a beaucoup plus de monde à Bled, cette ville posée au bord de ce lac magnifique, que sur notre précédent lac hier mais l’ambiance est conviviale. Pas ou peu de touristes mais principalement des locaux qui viennent profiter des lieux en ce week-end avant le temps exécrable annoncé dans les prochains jours, des pêcheurs bien équipés qui ramassent quelques carpes et truites, des joggeurs, des familles avec leurs gamins en poussettes ou en trottinettes… tous profitent des berges parfaitement aménagées.
Certains font une balade lacustre en utilisant les traditionnelles Pletna, une embarcation en bois à fond plat. Conçue selon le modèle des gondoles de Venise, le gondolier se tient debout et actionne deux rames. Le toit en toile colorée protège contre les rayons du soleil et les intempéries. Toutes se dirigent, parmi les colverts et les cygnes vers l’île centrale.
Long de de 2 km et large de 1,4 km, nous faisons le tour du lac mais bien entendu, seulement après avoir, sur les bons conseils de Mireille, pris des forces en dégustant la spécialité locale, le kremšnita appelé aussi kremna rezina. Il se présente sous forme d’un cube de 7cm de côté et il est composé de pâte feuilletée croustillante, de crème à la vanille recouverte par une couche de crème fraîche fouettée, le tout saupoudré de sucre glace.
Le Château de Bled (Blejski Grad) est magnifiquement perché sur une falaise à plus de 130 mètres de haut. Cette forteresse médiévale du 11ème siècle domine majestueusement le lac et la ville.
Posée au milieu du lac, l’île de Bled, la seule île du pays, est en réalité un petit îlot sur lequel est notamment dressée l’Église de l’Assomption. Un escalier de 99 marches en pierre date de 1655.
Pour avoir une jolie vue sur le lac, nous grimpons de 200 mètres d’altitude jusqu’à Mala Osojnica, un superbe belvédère à 690 mètres d’altitude. Nous avons effectivement une vue imprenable sur le lac tout entier.
A notre redescente, les sommets Stol (2236m), Vrtača (2181m), Begunjščica (2060m), Vajnež (2104m) et Veliki vrh (2088m) sont bien dégagés.
Retour de notre petite randonnée de 8 km (avec 360 mètres de dénivelé) puis aussitôt nous prenons la route car il est également interdit de dormir dans ce parc national. De plus, il nous faut anticiper et se mettre à l’abri pour les prochains jours où la météo est annoncée bien fraîche et humide. Ce n’est pas notre habitude mais nous nous réfugions dans un camping. Autant nous les fuyons d’ordinaire car on n’a pas envie de dépenser parfois jusqu’à 40€ par nuit en Slovénie, autant là, j’ai repéré un camping à 7€ la nuitée avec l’électricité, ce que nous risquons d’avoir besoin car le temps couvert ne sera à mon avis pas suffisant pour recharger nos panneaux solaires. Les avis sur notre application Park4Night sont très partagés en ce qui concerne le propriétaire apparemment très bizarre. On verra bien. C’est à la nuit tombée que nous arrivons au bout d’une vallée en cul de sac dans un endroit appelé International Piknic center pri Jurjju. L’endroit est atypique et authentique. Une bonne ambiance gaie et bruyante s’annonce dès que nous entrons dans la salle enfumée qui fait office de bar restaurant mais aussi de salle où vit la famille. Je suis bien le seul à avoir un masque sur le visage. Le Covid-19 ne semble pas arrivé jusque dans le fond de cette vallée. Ça sent la fumée de cigarette, l’odeur de combustion du poêle à bois et un peu le renfermé. Des trophées de chasse décorent cette salle sombre. Une jeune fille me montre qui est le boss. Je lui demande si on peut dormir sur son parking. D’un sourire, il acquiesce en me confirmant bien le prix à 7€ la nuit. Parfait, je me voyais mal chercher un autre bivouac alors qu’il fait nuit.
Dimanche 11 octobre 2020 :
La météo ne s’est pas trompée et il pleut très fort. Après m’être raccordé au courant 220V et avoir branché le radiateur électrique dans la Tiny, je me réfugie dans le bar avec mon ordinateur pour avoir du wifi car nous ne captons pas très bien le réseau GSM dans le fond de cette vallée. Ce matin il n’y a pas de client dans l’établissement et c’est bien moins bruyant qu’hier, mais il y a quand-même du monde car trois générations partagent les lieux en ce week end. Je m’assoie à côté d’une mamie qui passe la matinée à nettoyer des champignons frais. Je commande un café ; sa petite fille m’apporte un café à la turc, bien épais, avec pas mal de marc en suspension. Il va falloir attendre un moment avant de le boire pour qu’il se dépose au fond de la tasse. En demandant s’il y a une machine à laver, on me répond que oui et que c’est gratuit ! ça tombe bien car ça fait 15 jours qu’on n’a pas lavé le linge.
Ce lieu géré par un fan nostalgique du communiste Josip Broz Tito, l’ancien dirigeant à vie de l’ex-Yougoslavie, est vraiment exceptionnel. J’adore. J’aime beaucoup aussi la déco, cette étagère avec des nains de jardins, ces boîtes de Lego empilées, ces animaux empaillés (ça, j’aime moins), ces caricatures du proprio accrochées au mur et surtout toutes les effigies, les sculptures, les portraits et les nombreux objets à la gloire de Tito qui trônent au mur et sur les meubles. Certainement qu’il venait lui aussi boire un café ici car il possédait un pavillon de chasse au bout de l’allée. Petits et grands sont sur leurs écrans de téléphone. Une chaine YouTube passe à la télé. Je ressors deux heures plus tard avec les vêtements qui puent la fumée de cigarette mais j’ai adoré ce moment.
L’après-midi, il est toujours impossible de sortir car il pleut sans discontinuer. Plus de 50 mm d’eau aujourd’hui. Impossible de voir les hautes montagnes qui nous entourent. C’est bouché. Jeux de société, câlins avec les enfants, lecture, plans détaillés de notre future Tiny nous occupent.
Avec Audrey, nous allons consommer un verre dans l’auberge. On commande un verre de vin blanc et un verre de vin rouge. Mauvais choix mais le moment reste sympathique.
Ce soir, Victor est aux fourneaux et tient à préparer lui-même tout le repas. Il se débrouille très bien ! Merci mon titi.
Lundi 12 octobre 2020 :
Enfin, il ne pleut plus et le ciel est un peu moins bouché qu’hier et nous laisse entrevoir les montagnes qui ont juste été recouvertes hier par un manteau neigeux. Nous pouvons enfin sortir pour nous dégourdir les jambes et prendre l’air. Dans le bout de cette vallée glaciaire, nous sommes dans les Alpes kamniques, un massif des Préalpes à cheval sur la Slovénie et l’Autriche toute proche (à 8 km à vol d’oiseau). Elles appartiennent à l’ensemble des Alpes juliennes.
A quelques pas de notre auberge, nous voici devant un pavillon de chasse, le Manoir de Plečnik. Ce chalet a été commandé à Jože Plečnik, l’architecte qui a conçu le centre de la capitale Ljubljana, par le dernier roi de Yougoslavie Alexandre Karađorđević. Mais ce dernier a été assassiné à Marseille en 1934 et n’a donc jamais pu utiliser ce pavillon. C’est Tito qui s’en servira après la guerre, notamment pour des parties de chasse avec Nicolae Ceaușescu, l’ancien président de Roumanie.
Non loin, nous découvrons la source de la rivière Kamniška Bistrica. L’eau jaillit de plusieurs endroits de la montagne et se déverse dans un bassin à l’eau cristalline et comme dans beaucoup d’endroits en Slovénie.
Les enfants au bout de cette petite balade de 2 kilomètres rentrent jouer au chaud au camion. Audrey et moi partons randonner à travers la vallée de Kamniška Bela, un affluent de la Kamniška Bistrica. Nous arrivons à la source de cette rivière au pied de la très belle Cascade d’Orglice. Son eau d’une clarté incroyable, tombant de 30 mètres de hauteur, coule dans les rapides tout en s’attardant dans des piscines naturelles. Mais il fait bien trop froid pour se baigner car l’air est à 5°C, l’eau je ne sais pas.
Retour au campement en découvrant le joli canyon aux parois de 30 mètres de hauteur de la rivière Kamniška Bistrica, celle dont nous avons vu la source précédemment avec les enfants.
Après nos 10 kilomètres et nos 430 mètres de dénivelé positif, nous allons nous réchauffer dans l’auberge en buvant un thé brulant servi dans une tasse décorée du Petit dinosaure de Walt Disney. L’atmosphère qui se dégage de ce lieu est vraiment dingue. La petite grand-mère se sert discrètement un verre de vin rouge et sommeille devant la télé qui diffuse un film en anglais.
Petite soirée cinéma dans la Tiny, bien au chaud sous la couette. Qu’on est heureux dans notre cocon !
Mardi 13 octobre 2020 :
Nous apprécions le fait de ne pas bouger pendant quelques jours et le confort d’avoir de l’électricité, du chauffage, de l’eau à disposition, de ne pas avoir à gérer les bivouacs, à chercher ce qu’on va visiter, à prévoir le meilleur itinéraire… Un air de vacances. Cet après-midi, Victor bricole des morceaux de bois, Anaïs écoute de la musique dans sa chambre tout en tissant des bracelets et en complétant son magnifique carnet de voyage, Audrey casse des noix et prépare le parcours en Croatie et moi, je m’occupe de réparer une petite infiltration sur la toiture que j’ai constatée lors des dernières grosses pluies. Ma chérie fait des crêpes et nous en apportons quelques-unes aux propriétaires du lieu. Nous recevons de plus en plus de sourires ; ils semblent nous avoir adoptés !
Mercredi 14 octobre 2020 :
Notre grand Victor fête aujourd’hui ses 11 ans ! Un grand garçon, un très grand garçon ! Il reçoit ses petits cadeaux tout au long de la journée comme on aime bien les distribuer et les recevoir. Mais nous avions déjà fêté son anniversaire un peu par anticipation avec la famille qui nous avait rejoints à Vienne. Il est fier d’avoir reçu une Dremel sans fil, un outil multifonction qui va bien l’aider à sculpter et à poncer tous ces petits ouvrages en bois.
Pas d’école aujourd’hui, comme tous les jours d’anniversaire. Nous allons boire un café dans le refuge qui nous accueille. En fait, je ne sais pas trop comment appeler ce lieu, qui n’est pas un camping, ni un gîte, ni un refuge, ni un bar, ni un restaurant… Enfin si, c’est un peu un mélange de tout cela. Nous faisons un peu plus ample connaissance avec nos hôtes. Elle s’appelle Boza. Il s’appelle Marjan. Ils doivent avoir 140 ans à eux deux, peut-être plus. Marjan parle bien anglais, mais aussi italien, arabe, allemand et beaucoup d’autres langues. Il nous raconte ses plus jeunes années où il a pas mal bourlingué en Europe en tant que cuisinier. Boza capte quelques mots en anglais et réagit un peu à la conversation, tout en nettoyant méticuleusement quelques kilos de champignons juste ramassés. Marjan nous raconte aussi un peu l’histoire des lieux où ils vivent. Ils ont racheté cet endroit il y a une trentaine d’années, suite à l’indépendance de la Slovénie. Auparavant, on a compris que cette maison faisait partie du pavillon de chasse occupés par Tito. Peut-être pour ça que Marjan est aussi nostalgique et respectueux de l’homme politique yougoslave, tout comme il l’est de l’actuel président de la Russie ou de la Syrie… Marjan est un véritable personnage. Il nous explique les différentes espèces des animaux empaillés depuis 30 ans : un aigle, des sangliers, des putois, des martes, des écureuils et plein d’oiseaux. Il enfourne régulièrement des buches d’un mètre de long dans cet énorme poêle. Il fait 25°C ici. Son café à la turc n’est vraiment pas à notre goût mais qu’importe, on apprécie ce moment partagé avec un peu plus de complicité et d’intimité avec ce couple. Quand on dit que c’est l’anniversaire de Victor aujourd’hui, ils lui offrent des bonbons et lui promettent un repas pour ce soir !
Nous profitons de cette première et unique journée de très beau temps dans cette vallée, pour aller découvrir le plateau de Velika Planina. Marjan se propose de nous emmener en voiture à Dolina Kamniške Bistrice pour ne pas que nous déplacions notre Tiny. Quelle gentillesse !
On accède à cet endroit en téléphérique car nous sommes à 560 mètres d’altitude et il nous faut grimper à 1410 mètres. La vieille télécabine de 1962, qui n’a pas changé depuis l’ère communiste, est la plus longue d’Europe dans la catégorie sans pylône. À la vitesse de 8 mètres par seconde, c’est en à peine 5 minutes qu’on se retrouve au pied du plateau à Šimnovec. On a perdu quelques degrés et pour le plus grand bonheur de nos enfants, nous avons les pieds dans la neige !
Mais il nous faut encore grimper de plus de 250 mètres de dénivelé pour arriver sur le plateau. D’ordinaire, c’est en télésiège qu’on y grimpe mais hors saison, celui-ci ne fonctionne que le week-end. C’est donc à pied que nous grimpons le long de cette piste de ski, bien raide par endroit.
Le plateau est bien sous la neige. Ce sont les premières de la saison qui sont tombées dimanche alors qu’il pleuvait très fort là où nous étions au camping. Par endroit, il y a bien 20 centimètres, peut-être 10 de plus. Nous ne sommes pas fort bien équipés pour marcher dans la neige fraîche, on aura les pieds mouillés, mais qu’importe, nos enfants ont les yeux qui pétillent.
Aujourd’hui, nous ne sommes que très peu de personnes à être montées sur le plateau karstique de Velika Planina de 1000 hectares. Arrivés au point culminant de l’alpage au mont Gradišče à 1666 mètres d’altitude, nous admirons les hauts sommets qui nous entourent. L’Ojstrica culmine à 2350 mètres, le Planjava à 2394 mètres, le Brana à 2553 mètres, le Turska gora à 2251 mètres… Et tant d’autres qui sont bien recouverts d’un manteau neigeux. Et nous découvrons les maisons si caractéristiques du plateau avec leur architecture traditionnelle en bois. Les toits des chalets sont couverts de bardeaux d’épicéa qui descendent très près du sol. Elles sont utilisées principalement par les bergers et majoritairement sur la période estivale, de juin à septembre. Avec quelques 140 chalets, Velika Planina est d’ailleurs l’un des rares villages de bergers de haute montagne, conservés en Europe. Les maisons en forme de hutte ne sont constituées que d’une seule pièce. Elles sont en bois et de forme assez circulaires, car les vaches en période estivale et printanière sont réparties en cercle autour de la partie habitable.
Nous passons près de l’Église de Notre-Dame-des-Neiges (Marija Snežne), construite en 1939 sur les hauteurs des habitations par les bergers et laitiers de Velika Planina, en l’honneur de la vierge Marie. Brûlée pendant la Seconde Guerre mondiale en même temps qu’une centaine d’habitations, la chapelle fut reconstruite en 1988.
Sous la neige, c’est absolument magnifique. Nous avançons parfois avec peine, nous enfonçant parfois jusqu’au genou dans la poudreuse, tombant parfois après une belle glissade. Mais nous avançons. Tout en observant les traces fraiches laissées par les animaux.
Nous faisons la surprise à Victor de l’inviter à l’unique restaurant ouvert sur le plateau. Le Domžalski dom est un refuge où d’autres randonneurs sont déjà attablés quand nous y entrons. Nous ne commandons que des spécialités slovènes, à commencer par deux petits verres de 5 cl de Smrekovec, une liqueur à base de jeunes pousses de sapins titrant 21°. Puis nous nous régalons de plats montagnards typiques : Klobassa, zelje et žganci (choucroute avec saucisse de Carniole grillée et boulettes de farine au blé noir), Vojaški pasulj (choucroute) et puis Jota s klobaso (soupe avec des morceaux de saucisses). En dessert, nous prenons un Sirovi štruklji (gâteau au fromage).
Après avoir repris des forces et s’être bien réchauffés près de l’énorme poêle, il est temps de faire demi-tour car le dernier téléphérique part dans 1h20 et on a mis 1h20 pur venir ici. Et il ne faut pas le louper car on aura 1000 mètres de dénivelé à descendre pour rejoindre le parking… On imagine mettre moins de temps car on va pas mal descendre. Mais en fait non, car notre progression dans la neige est assez lente et même en descente, il nous faut assurer nos pas et régulièrement nous relever de nos chutes. Nous aurons marché 6,6 kilomètres avec un dénivelé positif de 440 mètres. Et bien dans la neige, je peux vous dire que ce n’est pas un mince effort ! Mais c’est magique et Victor est ravi de sa journée d’anniversaire… Nous arrivons avec quelques minutes d’avance au pied de la télécabine, juste le temps de faire un bonhomme de neige et une bataille de boules de neige !
Arrivés en bas, Marjan est là et nous attend pour nous ramener au campement. Il n’est que 16h15 et son épouse Boza nous offre un énorme plat de têtes de jurček, des cèpes, panés et frits. Un peu lourd pour le goûter après le repas d’il y a deux heures mais c’est un délice accompagné d’une sorte de salade piémontaise.
Nous allons en fin d’après-midi dans le refuge, avec son atmosphère toujours autant enfumée, prendre un verre. Nous commandons local évidemment et testons le fameux schnaps slovène. Boza sort une bouteille de 5 litres de Sadjevec titrant 42°. C’est une eau de vie à base de poires. Euh, enfin… comment dire… c’est… en fait non, c’est plutôt… non, c’est… enfin bref ça arrache la gueule et c’est… on a conscience de tout le circuit de notre appareil digestif ! Vous vous souvenez de la scène dans Les Bronzés font du ski quand la troupe du Splendid boit la liqueur de crapaud ? Et bien, c’est pareil… La dose servie est de plus assez importante. Mais bon, on aura goûté ! On peine à terminer notre verre et Boza s’approche de nous avec un grand sourire en nous offrant deux autres verres bien remplis de Rusevec. Une autre eau de vie à base de jeunes pousses de sapin mais beaucoup moins forte selon elle car seulement 40° ! On croit notre dernière heure arriver. Mais nous ne gâchons rien et faisons honneur à cette boisson locale et faite maison par Boza. Et puis ainsi, notre défi de « déguster la spécialité locale la moins appétissante » est réalisé et même validé par ma sœur adorée Christelle avec qui nous avons partagé ce moment en direct !
Jeudi 15 octobre 2020 :
Alors que nous avions prévu de partir aujourd’hui, on décide de prolonger encore le plaisir d’une journée. Le temps encore pluvieux ne doit s’arranger que demain. Matinée école comme d’hab’ puis nous allons manger à l’auberge. Nous commandons une soupe aux champignons. Quel délice ! Une grosse poêle nous est apportée à table. Il y a à manger pour 8 ! Nous savourons ce mélange de plusieurs sortes de champignons, et de petits légumes (haricots verts, petits pois, carottes, choux).
Je passe une partie de l’après-midi dans l’auberge à regarder des tutos avec Victor pour apprendre à nous servir d’un logiciel de conception et de modélisation 3D. Puis nous mettons en application notre apprentissage pour dessiner des plans de Tiny. Audrey casse les noix ramassées avec Victor en Autriche pour en faire des petits bocaux et peaufine notre prochaine visite de la capitale et la Croatie. Anaïs créé toujours de magnifiques petites œuvres.
Il pleut toujours en continu et la réparation de la fuite semble avoir été concluante. Tant mieux.
Ce soir, Boza et Marjan sont dépités. Leur gouvernement vient d’annoncer hier soir, la fermeture de tous les restaurants et bars de la Slovénie en raison de la pandémie du Covid-19. La mesure doit durer 14 jours mas ils savent pertinemment que cela durera plus longtemps. Ils auront droit tout de même à des aides compensatrices de l’État. Ce qui n’est pas la cas évidement de tant de personnes qu’on a pu croiser durant notre cavale et vivant principalement du tourisme. Au Laos, en Iran, en Mongolie, en Asie du sud-est, en Asie centrale, tant de petits boulots non déclarés où certaines personnes survivent en vendant le fruit de leur production ou de leur récolte, tant de personnes auxquelles on pense pour qui la situation sanitaire et la fermeture des frontières durant plusieurs mois est une catastrophe économique et sociale. Ils nous disent également que les frontières avec la Croatie sont également fermées ou qu’il faut désormais un test PCR pour y entrer. Cela ne correspond pas avec les infos que je glane sur internet, notamment sur le site de l’ambassade de France en Croatie. Nous allons quand-même essayer de nous présenter à la frontière dans quelques jours.
Vendredi 16 octobre 2020 :
Après 6 nuits au même endroit, nous sommes enfin décidés à reprendre notre cavale. Cette pause nous a fait le plus grand bien. Nous passons dire au revoir à Boza et à Marjan qui nous ont offert tant de sourires et de gestes d’attention cette semaine. Nous leur offrons quelques chocolats autrichiens à l’effigie de Mozart et un bocal de cerneaux de noix qu’Audrey a préparé. Victor leur offre une cuillère en bois qu’il a taillée et Anaïs un dessin de leur refuge. Nous repartons avec des cadeaux : un sac de châtaignes, un gros bocal de confiture de myrtilles, une salade bio et deux litres de goulasch, qui est à l’origine une soupe hongroise mais très répandue en Europe centrale. Cette variante slovène ressemble un peu à un bœuf bourguignon de chez nous. Quelle gentillesse ! En demandant à Marjan si je peux lui prendre deux morceaux de bois sur son énorme bûcher en prévision des futures nuits froides, il me donne un grand bac en plastique vide en me disant de prendre ce que je veux sur son tas. J’accepte sa proposition et je fais le plein de petits tasseaux de bois bien secs. Nous sommes tellement ravis de cette belle rencontre avec des locaux.
Nous roulons vers la capitale de la Slovénie, Ljubljana. Pas facile à prononcer mais on y va quand-même. Une nouvelle fois, on apprécie notre application de partage entre voyageurs qui nous permet de trouver aisément un parking en centre-ville où nous devrions pouvoir passer la nuit prochaine.
Nous dégustons le succulent goulasch de Boza.
Puis, nous partons visiter la ville. Nous commençons par la rue Prešernova cesta qui aligne ministères, opéra, ambassades et musées. Certains bâtiments affichent des éléments architecturaux de style art-nouveau mais nous y reviendrons plus en détails demain.
Changement d’ambiance en visitant Krakovo, un petit quartier étonnant où on y trouve de grandes maisons traditionnelles slovènes et des jardins potagers. On se croirait dans un village bien qu’on soit à seulement 150 mètres du centre-ville de Ljubljana.
Puis nous nous retrouvons sur les berges du Gradascica qui se déverse quelques mètres plus loin dans la Ljubljanica. Au pied de la colline et du château qui surplombe Ljubljana depuis près de 900 ans, nous déambulons dans un agréable quartier aux maisons un peu décrépies.
La longue rue piétonne Mestni trg est bordée de belles maisons et de la Cathédrale Saint-Nicolas.
Nous achetons à manger une spécialité slovène, le burek. C’est depuis bien longtemps la star du street food dans les Balkans. C’est un roulé de feuilles de bricks bien gras, garni de fromage, de viande ou d’épinards. Nous dégustons sur la berge Petkovško nabrežje.
Nous empruntons le Pont des Bouchers (Mesarski most) appelé aussi le Pont de l’amour. De nombreux amoureux accrochent à ce pont des cadenas symbolisant leur amour éternel, et jettent ensuite la clé dans les eaux de la Ljubljanica qui coule sous le pont.
En longeant la Ljubljanica, nous découvrons le Zmajski most, ou Pont des Dragons, la toute première réalisation véritablement art-nouveau de la ville. Le dragon est le symbole de la ville de Ljubljana. Il fut inauguré en 1901. Ce fut la première construction en béton armé de la ville, préféré à la pierre en raison des coûts bien moins élevés.
Samedi 17 octobre 2020 :
Belle rencontre ce matin avec un couple de français, Bénédicte et Guillaume qui viennent à notre rencontre. Ils font partie des voyageurs qui croient qu’on peut continuer à voyager malgré le Covid-19. Ils nous racontent comment ils ont transformé et adapté leur tour du monde en sac à dos en achetant un van en France pour continuer à voyager.
C’est parti pour un tour de la ville à la découverte de son mouvement art nouveau. Jože Plečnik est un architecte slovène qui a réalisé les plans de nombreux bâtiments de Ljubljana et c’est même lui qui a pensé la ville, suite à un tremblement de terre destructeur en 1895. La capitale slovène d’aujourd’hui lui doit beaucoup. Tout le vieux centre-ville arbore donc un style architectural original, un mélange de style baroque et d’art-nouveau, fortement rehaussé par les créations marquantes de Jože Plečnik. Le courant art-nouveau slovène s’appelle Secesija. Nous lui trouvons un air de ressemblance avec la Sécession viennoise. A l’époque, Ljubljana faisait partie de l’Empire austro-hongrois et les architectes ayant participé à la rénovation et au réaménagement de Ljubljana après le tremblement de terre ont pour beaucoup été formés à Vienne. C’est durant la première décennie du 20ème siècle que le courant fut le plus imaginatif.
Nous partons faire un tour du marché, œuvre architecturale du célèbre Jože Plečnik. Une longue galerie à colonnades (Plecnikove) qui longe la Ljubljanica abrite le marché principal qui est le cœur de la ville. Profusion de fruits, légumes de petits producteurs également sur la grande place.
Nous achetons quelques pâtisseries locales mais qui ne sont vraiment pas à notre goût. Nous ne les terminerons même pas. Et pourtant, on connaît l’appétit de nos enfants !
L’ambiance a changé depuis hier. Le port du masque est désormais obligatoire et toutes les terrasses des bars et restaurants sont fermées. A partir de lundi, tous les établissements scolaires accueillant des enfants de plus de 11 ans ferment aussi leurs portes. Les Slovènes n’ont plus le droit de se déplacer dans le pays en changeant de région.
Le Triple Pont, le Tromostovje, enjambe la rivière Ljubljanica. Construit entre 1929 et 1932, il fait la jonction entre la vieille ville et la ville du 19ème siècle. Plečnik a eu l’idée d’entourer de deux nouvelles travées le pont central qui remontait à 1842 et qui était devenu insuffisant pour le trafic.
Nous arrivons sur la place Prešernov trg au centre de laquelle est érigé le mémorial rendant hommage à France Prešeren, le plus grand poète slovène. L’Église franciscaine de l’Annonciation domine la place.
La maison Urbanc fut en 1903 le premier grand magasin de Ljubljana. Il s’inspire des grands magasins européens de l’époque. Une très belle marquise en fer forgé protège l’entrée. Sur le toit, une statue de Mercure, dieu du commerce, semble garder le lieu. Un superbe escalier avec balustrade en fer forgé orne l’intérieur.
Nous sillonnons le quartier autour de la place Prešernov en passant par la rue Čopova, la rue Miklošičeva cesta, la rue Cigaletova ulica, le parc Miklošič, la rue Tavčarjeva, la rue Dalmatinova ulica… Nous y découvrons de magnifiques bâtiments art-nouveau dont les plus remarquables sont la maison Hauptmann, le bâtiment de la Caisse d’épargne municipale ou du Crédit populaire, la maison Krisper, la maison Regall, la maison Pogacnik, la maison Cuden, la maison Hribar, l’Hôtel Union, la Banque coopérative et tant d’autres… Tous ces bâtiments sont l’œuvre de différents architectes dont Maks Fabiani.
Ils sont décorés de belles enseignes, de carreaux de céramique multicolores, de lignes courbes et d’ondulations qui donnent une impression de vagues aux façades, de motifs floraux, de fers forgés ouvragés au niveau des balcons et des marquises, de tourelles à l’angle des maisons, de motifs géométriques, de figures féminines, de délicates arabesques et de pastilles de couleur pastel faisant penser à des boutons de fleur. Les bâtiments sont majoritairement colorés. Malheureusement, ces bâtiments ne sont pas tous entretenus comme ils le mériteraient et certains paraissent même abandonnés.
Mais Ljubljana est aussi un mélange d’architecture contemporaine et plus ancienne.
Le street art décore certains murs.
Retour à la Tiny en passant devant une autre belle prouesse architecturale, la mosquée de la ville, l’unique du pays qui vient juste d’être inaugurée.
Puis, nous roulons vers l’est du pays pour nous rapprocher de la frontière croate. Dernière nuit en Slovénie, sur encore un parking interdit aux camping-cars mais encore une fois, c’est difficile de faire autrement. Nous dormons ce soir à Ptuj.
Le feu de cheminée avec le bois de Marjan permet d’augmenter de précieux degrés la température intérieure de la Tiny et cuit doucement les châtaignes de Boza.
Dimanche 18 octobre 2020 :
Beau running ce matin d’Audrey avec 12,5 kilomètres autour du lac de Ptuj. Elle progresse de jour en jour en atteignant quasiment un 10 km/h ! Elle prend plaisir à observer des martins-pêcheurs s’envolant dans la brume matinale au milieu des premiers rayons du soleil.
Les petits 14°C au réveil dans la Tiny sont vite rehaussés par une nouvelle flambée qui permet également de faire griller les tartines tout en maintenant au chaud mon café. Le luxe.
Nous partons visiter la cité médiévale de Ptuj. Depuis l’autre berge de la Drava, nous avons une belle vue sur la plus ancienne ville de Slovénie.
Le centre historique n’est pas très grand mais on y trouve des vieilles maisons un peu défraichies, un château, des églises, des places, des monastères.
Nous montons au Château de Ptuj pour avoir un joli panorama sur l’ensemble de la cité. Il domine la ville et offre une vue magnifique sur la veille ville et ses fameux toits à tuiles rouges qui font toute la personnalité de cette cité médiévale. Ce château a été construit dans la moitié du 12ème siècle, pour se protéger des agresseurs hongrois.
La ville de Ptuj est surtout connue pour son carnaval Kurentovanje qui célèbre tous les ans la fin de l’hiver et l’arrivée du printemps. C’est l’événement folklorique le plus populaire de Slovénie. Véritable tradition locale, il se déroule sur une dizaine de jours et se termine par le défilé des Kurents. Ces personnages des Kurents, portant des masques ethnographiques particuliers, sont même reconnus par l’UNESCO.
Sur la place Slovenski Trg, l’Église Saint-Georges date du 12ème siècle mais elle a été à maintes reprises agrandie, expliquant ce mélange de style roman, gothique et baroque.
Sur la même place, la Tour de Ptuj (Mestni Stolp) est fièrement coiffée de son élégant dôme baroque de couleur rouge dressé depuis le 16ème siècle. Des vestiges de l’époque romaine sont encastrés dans la tour.
Juste en face de la tour, le Monument d’Orphée, une stèle romaine de 5 mètres de hauteur en marbre, date du 2ème siècle ap. J.-C. Au Moyen-âge, ce monument était utilisé comme pilori.
Le Monastère dominicain date du 13ème siècle.
Le Monastère des Frères mineurs de la même période est tout aussi imposant.
L’Hôtel de ville est l’un des plus prestigieux édifices de Ptuj. Construit au début du 20ème siècle, ce bâtiment de couleur jaune est majestueusement dressé sur la place Slovenski Trg.
Voilà, nous en avons fini avec la Slovénie. Ce fut assez bref, seulement 10 jours, mais nous en avons vu quelques jolis points, tout en ayant la chance de faire une belle rencontre avec des Slovènes. Elle mériterait qu’on y consacre plus de temps, en particulier pour randonner, mais il faudra y revenir quand il fera plus chaud !
Nous filons vers de nouvelles aventures et un autre pays des Balkans, la Croatie. Après avoir sagement rempli le formulaire en ligne qui est obligatoire pour entrer en Croatie en raison des mesures contre le Covid, nous nous présentons à la frontière de Gruškovje / Trakošćan. Mais une nouvelle fois, contre toute attente, le seul contrôle est purement administratif et se résume à scan de nos passeports. La Croatie, anciennement la Yougoslavie tout comme la Slovénie, est membre de l’Union européenne depuis 2013. Même pas un contrôle sanitaire ou la demande de fournir le formulaire pourtant obligatoire.
Nous nous posons pour le bivouac sur le parking du Château de Trakošćan, notre première visite prévue demain. L’odeur des châtaignes grillées sur le poêle emplit la Tiny. Et déjà, une famille franco-croate s’approche de nous, en nous interrogeant sur notre cavale, et en nous invitant à passer les voir chez eux à Zagreb !