382 km parcourus du 19 au 26 octobre 2020
61 553 km parcourus depuis le départ
Lundi 19 octobre 2020 :
Nous venons de passer notre première nuit en Croatie après avoir passé la frontière hier soir. La sortie de la Slovénie s’est déroulée sans encombre pas plus que l’entrée dans ce petit pays d’Europe centrale et du Sud. La République de Croatie a pris son indépendance en 1991 lors de la dislocation violente de la Yougoslavie. Elle est membre de l’Union européenne depuis 2013 (c’est le 28ème et dernier pays à avoir intégré l’Europe) mais pas encore de l’Espace Schengen. Nous avons donc dû montrer nos passeports à la frontière mais sans avoir besoin de les faire tamponner. Qu’il est difficile de s’y retrouver entre les États membres de l’Union européenne, de l’Espace Schengen, de la Zone Euro, de l’Espace Économique Européen, de l’Association européenne de libre échange, de l’Accord de libre-échange centre-européen, de l’Union douanière avec l’Euro… Tous ces accords et organisations n’englobent pas les mêmes ensembles de pays de notre continent. On n’avait pas jusqu’alors conscience de cette complexité. Pas simple de s’y retrouver !
Toujours est-il que la Croatie ne fait pas partie de la Zone Euro, tout comme la Suisse visitée il y a quelques semaines mais qui elle faisait partie de l’Espace Schengen ! Il nous faut donc retirer de la monnaie locale, la Kuna, au taux de 1€ pour 7,59 HRK.
La Croatie est entourée par la Slovénie, la Hongrie, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro mais aussi par la Mer Adriatique. C’est un pays dix fois plus petit que la France avec seulement 4 millions d’habitants. Nous prévoyons dans un premier temps de visiter l’intérieur du pays, puis la capitale Zagreb, pour enfin découvrir la côte et ses centaines d’îles ! Avant de descendre dans quelques semaines au Monténégro…
Nous sommes donc au nord de la Croatie, dans la région du Zagorje à Trakošćan (prononcez « Trakochtsan ») où nous sommes venus pour visiter le château considéré comme l’un des plus beaux châteaux de Croatie Centrale et l’un des plus visités du pays. Mais encore une fois, nous ne croisons aucun autre touriste dans les pièces du château.
Il a été construit sur un piton rocheux au 13ème siècle comme une petite forteresse mais a son aspect présent depuis le 19ème siècle quand son propriétaire, le comte Juraj Drašković le renouvelle dans le style néogothique et le transforme en un château résidentiel avec un jardin romantique et un lac artificiel. Au donjon, aux tours carrées, et à la circulaire crénelée a donc été ajouté un logis d’habitation bourgeois. Anciennement sur les terres de l’Autriche-Hongrie et propriété des Habsbourg, le château fut renforcé vers 1560 pour faire face à la menace ottomane.
Il a la particularité d’être toujours richement meublé dans des styles très différents d’une pièce à l’autre. Les murs décorés de fresques représentant la chasse et les fêtes révèlent la vie secrète de la haute noblesse de l’époque. Nous visitons sur quatre niveaux le château en passant par la salle de chasse et de chevaliers, le salon de musique, la bibliothèque, l’atelier, la cuisine, la salle d’armes. Une collection d’armes est très intéressante avec environ 300 exemples d’armes blanches et d’armes à feu et l’équipement du 15ème au 19ème siècle.
Nous partons faire le tour du lac de 4 kilomètres par le Chemin des Fées traversant les sous-bois, passant devant la Chapelle de la Sainte Croix ou le pavillon de pêche.
Nous prenons plaisir à observer les champignons très variés. Mais encore une fois, la mycologie n’est pas notre spécialité et nous ne prenons pas le risque d’en ramasser.
Nous faisons connaissance avec un orvet, surnommé « serpent de verre ». Étonnamment, il fait partie de la famille des lézards, mais avec sa tête de serpent et sa longueur d’environ 40 cm, il est bien impressionnant.
Retour sur le parking désert où nous passons une deuxième nuit au pied du château illuminé.
Mardi 20 octobre 2020 :
Réveil frisquet avec 11°C dans la Tiny. Une petite heure de flambée dans notre ô combien apprécié poêle à bois et un beau rayon de soleil sur les fenêtres permettent de récupérer une bonne dizaine de degrés. Audrey se met à cuisiner et on ouvre alors les fenêtres car il fait trop chaud !
Trakošćan n’est pas le seul château de la Croatie du nord car il faisait partie d’une ligne de forteresses sur laquelle la noblesse de Croatie devait défendre l’Europe occidentale contre les Ottomans. Il y en a aussi à Klemnovic, à Veliki Tabor, à Kalnik, à Bežanec… Nous faisons un petit détour pour apercevoir celui de Maruševec. Mais la propriété est privée et on ne peut que le distinguer derrière les arbres et les grillages.
Nous roulons à travers la campagne croate. Les maisons sont plus modestes que dans les pays précédents mais tout aussi bien arrangées, aussi propres. Beaucoup, construites en briques, ne sont pas crépies. Devant les maisons, les habitants vendent la production de leurs potagers : patates, choux, oignons, pommes, poivrons, citrouilles…
Le réseau routier secondaire est en parfait état. Le parc automobile aussi et les Croates conduisent bien. Comme dans la majorité des pays traversés depuis début juillet (Suisse, Liechtenstein, Autriche, Italie, Slovénie), l’allumage des feux de croisement est obligatoire en journée. La France fait bien figure d’exception là-dessus. Le pays paraît très propre et il n’y a pas de déchets qui traînent au sol.
Nous visitons la ville de Varaždin près des frontières avec la Slovénie et la Hongrie. Elle est décrite comme la « petite Vienne croate ». Bon, il ne faut pas exagérer mais elle vaut tout de même le détour. Les Guerres de Yougoslavie de la décennie des années 90 ont heureusement épargné Varaždin. Nous faisons assez vite le tour du centre historique en flânant dans les ruelles et sur les places Tomislava, Slobode, Franjevačka… en passant devant la forteresse, l’Église Saint-Nicolas, l’hôtel de ville, la Cathédrale de l’Assomption, le théâtre national, le couvent et différents palais et maisons bourgeoises. Les styles Renaissance, Classique, Gothique, Baroque et Rococo se mélangent dans l’architecture. Varaždin a fait office de capitale croate durant quelques années à la fin du 18ème siècle avant d’être détruite par un incendie, suite auquel Zagreb a pris le rôle de capitale.
Nous roulons une centaine de kilomètres à travers la campagne croate. Préférant prendre le réseau secondaire à l’autoroute, nous nous retrouvons sur de toutes petites routes un peu plus défoncées. Anaïs est contente car ça secoue à l’arrière de la Tiny et elle me dit que cela lui rappelle des souvenirs de la première partie du voyage !
A la tombée de la nuit, nous nous arrêtons pour le bivouac sur la place de l’église de Lupoglav.
Mercredi 21 octobre 2020 :
Les matines ont sonné bien tôt ce matin et pendant bien trop longtemps… Mais bon, on l’a cherché, on est juste sous le clocher de l’église.
Nous roulons vers la rivière Save que nous allons longer pendant deux ou trois jours.
Nous marquons l’arrêt à Sisak pour voir de l’extérieur la forteresse triangulaire de la vieille ville datant du 16ème siècle. Sa construction a commencé en 1544 lors des batailles avec les Ottomans, afin d’arrêter la pénétration turque au confluent des rivières Save et Kupa. Les matériaux utilisés ont été pris dans des ruines romaines pour édifier le monument. Mais le fort a subi une défaite finale en 1593 devant les Ottomans. Il a aussi été ravagé lors des dernières guerres de Yougoslavie mais a depuis été reconstruit.
La ville de Sisak est tristement connue pour avoir accueilli un camp de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale. Le camp ouvert en juillet 1942 était un camp satellite du camp de concentration de Jasenovac (dont nous reparlerons plus tard), l’un des 40 camps de la Croatie. Le camp servit dans une large mesure au génocide des Serbes, Juifs, Roms, Sinti (groupe ethnique rom des pays de l’Ouest de l’Europe) et tsiganes. Les internés étaient principalement des enfants âgés entre 3 et 16 ans. Le taux de mortalité dans le camp était extrêmement élevé.
La cavale continue et la route suit le cours de la Save. Nous entrons dans le Parc naturel de Lonjsko Polje, une région inondable qui est le repaire de plus de 250 espèces d’oiseaux et d’autres animaux des marais comme les loutres, des cochons sauvages, des castors. Une race de chevaux locale y est élevée ainsi que des vaches à longues cornes. Bon, en cette saison, on se doute que les migrateurs sont partis au chaud mais nous sommes venus ici pour découvrir l’habitat traditionnel et l’architecture typique de la région.
Nous traversons de rustiques villages où les maisonnettes sont faites de bric et de broc. Les maisons en bois, appelées Hida ou Hižica, ont pour spécificité d’être démontables et déplaçables. Il paraît même que les propriétaires les déplaçaient d’un village à l’autre à l’aide de tronçons de bois, qui sont glissés sous la maison. Sur quelques dizaines de kilomètres, environ 800 maisons sont réparties le long de la route. La plupart datant du début du 20ème siècle, bien que certaines affichent déjà 200 ans d’âge. Elles sont en bois sombre et en briques. Un savant assemblage complété par des escaliers extérieurs couverts, des pièces en encorbellement. Sur de nombreux toits, nous voyons d’énormes nids de cigognes. Parmi les originalités de ces maisons, l’absence de cheminées et le choix de petites fenêtres, censées éviter le paiement des taxes qui existaient à l’époque. L’organisation des maisons se fait toujours de la sorte : au rez-de-chaussée où se trouvent le séjour, la cuisine, les sanitaires et la salle à manger, tandis que le premier étage est dédié aux chambres. Le poêle permettait de chauffer depuis le séjour l’ensemble de la maison, grâce à des trous dans le plafond qui facilitaient la circulation de la chaleur.
Nous arrivons à Čigoč, la capitale de la cigogne. Ce serait même le village d’Europe où il y en a le plus. Quoiqu’il en soit, il y a moins d’habitants (à peine une centaine) que de cigognes. A partir du 19 mars, environ 200 échassiers reviennent du Maroc et du Sahel à Čigoč dans le nid où ils sont nés.
Nous longeons la rue unique de ce petit hameau qui longe la rivière et observons plus en détail l’architecture, les fines sculptures et gravures, quelques restes de frises peintes.
Beaucoup de maisons sont malheureusement en ruines et laissées à l’abandon. Dommage que ce patrimoine disparaisse ainsi sous la végétation. Mais de nouvelles maisons sont bâties ou d’anciennes restaurées pour perpétrer la tradition.
Jeudi 22 octobre 2020 :
Nous n’avons pas fait attention en nous posant pour la nuit que derrière le mur en briques, étaient logés des cochons. Et bien, ça fait de drôles de bruits des cochons la nuit… On a eu l’impression qu’on les égorgeait !
Une fois l’école terminée ainsi que les lessives, nous partons marcher autour de Čigoč. Le Parc naturel de Lonjsko Polje abrite en effet une réserve ornithologique mais ce n’est vraiment pas la bonne saison pour les observer. D’une part parce que les oiseaux ne sont plus là et d’autre part car tout est inondé ! Nous ne verrons qu’un joli héron en vol ainsi qu’un grand serpent se dandiner à quelques pas devant nous…
Nous prenons la route en profitant du paysage pittoresque du parc et en roulant très doucement dans les marais et les petits villages authentiques qui longent la Save. Kratečko, Mužilovčica, Lonja, Bukovica, Puska et de Krapje se succèdent. Beaucoup de ruines aussi malheureusement dans ces villages bien que des efforts soient faits par quelques propriétaires pour conserver ce riche patrimoine.
Nous n’avons pas croisé beaucoup d’habitants. Encore moins de sourires. Peut-être que c’est parce que nous sommes dans des régions assez reculées pour l’instant depuis notre arrivée en Croatie, mais nous trouvons dans l’ensemble les Croates peu souriants et assez renfermés. La Tiny a presque partout dans le monde un réel facteur sympathie et est un déclencheur de sourires et de clics d’appareil-photos mais pas trop ici.
Nous arrivons au bout du parc et de la vallée de la Save, à l’endroit où elle rejoint la rivière Una qui marque la frontière avec la Bosnie-Herzégovine. Elle constitue une frontière extérieure de l’Union européenne, ce qui explique certainement la présence de la police fluviale.
Nous arrivons sur les lieux du Camp de concentration de Jasenovac. Plus qu’un camp de concentration, Jasenovac était un camp d’extermination créé en 1941 par l’État indépendant de Croatie, sous le régime des Oustachis. Ce camp fut le plus grand en Croatie et l’un des plus grands camps au monde. Il était constitué de cinq sites de détention. Contrairement à celui de Mauthausen où nous avions préféré ne pas emmener les enfants, cette fois Anaïs et Victor viennent avec nous. Il ne reste rien du camp. L’endroit est juste un lieu de mémoire. Les faits ne sont pas moins durs mais nous pouvons choisir les mots pour expliquer et les images que laisseront ce camp dans les têtes de nos jeunes enfants seront moins atroces.
Les Oustachis étaient un mouvement séparatiste croate, antisémite, fasciste et anti-Yougoslave. Ils prirent le pouvoir en Croatie en 1941 avec le soutien de l’Allemagne et de l’Italie, après l’invasion et le démembrement de la Yougoslavie. Ils instaurèrent alors l’État indépendant de Croatie, une dictature arbitraire et meurtrière. Les Juifs de l’État indépendant de Croatie (y compris la Bosnie-Herzégovine qui était sous contrôle des Oustachis) furent parmi les premières victimes de la « solution finale » dans un espace clos. Dans ce camp furent déportés pour être torturés et assassinés en majorité des Serbes (femmes et enfants compris) chrétiens orthodoxes, des Juifs et des Tziganes ainsi que des résistants aux nazis et aux Oustachis (des Serbes en particulier). Les prisonniers n’étaient pas tués dans des chambres à gaz. Ils étaient tués par épuisement au travail, par empoisonnement, par pendaison, par égorgement, en les affamant, avec des armes à feu et des armes blanches, des outils ou étaient brûlés vivants dans des fours en briques. Il a été retrouvé lors de fouilles menées en 1961 sur le site une usine de conversion de restes humains en savon. Les estimations de morts varient considérablement selon les sources mais pas moins de 800 000 personnes (majoritairement des Serbes et des Juifs) auraient ici péri sous les atrocités des Oustachis.
Il ne reste donc rien des traces de cette barbarie humaine. Juste quelques monticules de terre matérialisent les emplacements des différents bâtiments. Une locomotive à vapeur attelée de quelques wagons de marchandises qui emmenaient ici des dizaines de milliers de personnes vers la mort.
Un monument dessiné par l’architecte serbe Bogdanović y a été construit à la mémoire des victimes. Il fait partie d’un ensemble de monuments construits sous les ordres de Tito, au cours des années 1960 et 1970, pour honorer le parti communiste et commémorer les sites de batailles de la seconde guerre mondiale. Ils sont tous fabriqués en béton et conçus dans le style brutaliste, un mouvement architectural en vogue dans les pays socialistes pour son esthétique brute et imposante.
Nous roulons vers la capitale que nous rejoignons assez rapidement par l’autoroute. Nous trouvons un bivouac à deux pas du centre historique pour 10 kunas soit l’équivalent d’1,30€ les 24 heures de stationnement !
Vendredi 23 octobre 2020 :
Nous apprécions d’avoir des nuits un peu moins froides depuis que nous sommes en Croatie. Nous quittons progressivement le massif alpin et en nous rapprochant de la Mer Adriatique (plus que 170 km), et en étant à seulement à une centaine de mètres d’altitude, les températures sont déjà plus clémentes. Plus besoin d’allumer le poêle à bois…
C’est parti en fin de matinée pour la visite du centre historique de la capitale de la République de Croatie, Zagreb. La ville dépasse le million d’habitants avec son agglomération mais son centre « touristique » est assez concentré. Il est réparti en deux endroits séparés de quelques mètres d’altitude. Aujourd’hui, nous allons nous consacrer à Gornji Grad, la ville haute, appelée aussi Gradec.
Mais pour l’atteindre, nous devons passer dans la ville basse en passant devant quelques-uns de ces monuments dont la belle gare du chemin de fer, la plus grande de la Croatie, construite dans un style néo-classique.
Quelques rues plus loin, la Maison des artistes croates (Hrvatsko Društvo Likovnih Umjetnika) est logée dans une étonnante rotonde à colonnades de 1938 qui s’élève au centre de la place. Elle accueille des expositions temporaires d’art contemporain. Ce bâtiment fut utilisé à l’époque de la Seconde Guerre mondiale comme une mosquée et doté de minarets.
Nous passons devant de massifs bâtiments abritant aujourd’hui le siège de banques pour certains.
La rue Vlaška alterne entre architecture moderne et plus ancienne. Une statue d’August Šenoa, l’un des plus grand poètes croates s’appuie sur une colonne.
La ville haute (Gornji grad) de Zagreb est née de la fusion au 17ème siècle de deux villes : Kaptol, la ville épiscopale, et Gradec, la cité féodale. C’est dans les ruelles du quartier médiéval de Kaptol que nous découvrons le cœur de la ville avec son célèbre marché de Dolac, le principal marché de Zagreb depuis près d’un siècle. Lieu animé, où tout se trouve au niveau alimentaire : fruits et légumes frais, viande et fruits de la mer. Le tout sur trois niveaux.
Tout autour de la place, les terrasses de café sont pleines de monde qui boivent un coup, qui lisent leur journal ou qui regardent passer les gens. En Croatie, le Covid-19 n’a pas l’air d’effrayer la population. Le port du masque n’est pas obligatoire en ville.
A une cinquantaine de mètres, le cœur de Kaptol (le Chapitre) s’étend sur la vaste place devant la Cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption qui date de 1102. Le quartier était autrefois fortifié pour la protéger des attaques ottomanes. Il demeure quelques éléments de défense sur la place.
L’édifice a souffert des différentes invasions et a été plusieurs fois détruit. En 1880, il a été gravement endommagé par un violent tremblement de terre. La nef centrale et le clocher, réduits à l’état de ruines, ont alors nécessité une reconstruction en profondeur et le remaniement d’une grande partie de l’ensemble. C’est alors que les deux flèches encadrant la façade, ont été ajoutées. La cathédrale est en cours de restauration et un récent séisme en mars 2020, a de nouveau détruit une partie de sa tour sud. Les croix surmontant les tours sont actuellement au sol et nous pouvons nous rendre compte de l’énorme travail de restauration, vu l’état de conservation de la flèche qu’il restait. Sa façade toute blanche et son portail sont remarquables.
Sur la place, une fontaine et une colonne sont surmontées de la Vierge Marie sculptée en or, entourée de 4 anges.
Les bâtiments de la rue Kaptol logent encore de nombreuses communautés religieuses. De belles maisons de chanoines mais aussi un séminaire, un théâtre (Komedija) et une église longent cette rue.
Nous empruntons la rue Tkalčićeva. Elle était autrefois le cours d’un ruisseau, la Medvešcak qui séparait Kaptol et Gradec et qui alimentait des moulins et manufactures qui firent la richesse de la ville. Aujourd’hui détourné, l’endroit aligne d’agréables terrasses de cafés. Nous apprécions cette ambiance de petit village avec ses maisons basses aux tons pastels à un étage, aux jolis balcons en bois et aux volets en métal ouvragé, ses jardins potagers et ses rangs de vignes le long d’un des escaliers (stube) nous menant sur les hauteurs de la ville à Gradec.
Un passage dans la rue Ulica Pavla Radića, nous permet de découvrir de belles façades.
La Trg Bana Jelačića est la place centrale de Zagreb. Elle est située juste en dessous de la ville haute et elle est le centre de la zone piétonne de la capitale d’où partent les rues Ilica, Radićeva, Jurišićeva, Gajeva et Praška. La place est entourée de bâtiments de différents styles architecturaux dont certains de style art-nouveau, comme nous avions aimé en voir en Slovénie à Ljubljana. Un des bâtiments a des hauts reliefs sculptés par le célèbre artiste Meštrović.
La Kamenita vrata, ou Porte de Pierre, est la seule porte médiévale préservée. Construite en chicane, elle conduit à la ville de Gradec. Aujourd’hui elle abrite une chapelle. Rescapée du grand incendie de 1731, une petite chapelle votive abritant une effigie de la Vierge a été aménagée dessous, et nombre de passants de tous âges s’arrêtent ici pour se recueillir et allumer un cierge.
Nous passons devant une vieille pharmacie qui date de 1355 encore en activité.
De là, part la rue Opatička, bordée de palais baroques et classiques aux noires façades. C’est l’ancien quartier royal de la ville. L’Institut d’Histoire croate, est protégé par une superbe grille, un chef d’œuvre de fer forgé.
L’ancien Couvent des Clarisses, construit contre les anciens remparts, abrite aujourd’hui le Musée de la ville de Zagreb.
La petite place Ilirski est dominée par une imposante tour du 13ème siècle, la Popov toranj.
Nous remarquons que de nombreux monuments historiques sont en triste état de conservation. Dans chaque rue, y compris dans les beaux quartiers, même très touristiques, beaucoup de façades sont dans un triste état, délabrées, taguées. C’est rare de voir une capitale dans cet état.
Le Palais Vojkovic-Oršic élevé en 1764 dans un style baroque est l’un des plus beaux de Zagreb, avec ses grilles en fer forgé aux fenêtres et au balcon et sa jolie porte cochère. Il abrite aujourd’hui le Musée d’Histoire de la Croatie (Hrvatski Povijesni Muzej).
L’Église Saint-Marc construite au 13ème siècle par des maîtres vénitiens, avec son élégant campanile baroque surmonté d’un clocher à bulbe ajouté au 17ème siècle, est célèbre pour son toit composé de tuiles vernissées polychromes figurant d’une part les armoiries de Zagreb (château blanc sur fond rouge) et d’autre part le blason de l’unification des royaumes de Croatie, de Slavonie et de Dalmatie. Il date de 1880.
La Place Saint-Marc est l’âme et le symbole de la vie politique de la Croatie. Le Palais des Bans abrite le siège du gouvernement. Le 8 octobre 1991, il fut la cible d’une roquette serbe mais le président et le premier ministre visés en sortirent indemnes. De l’autre côté de la place, le Sabor (Parlement), est également logé dans un imposant édifice de style classique avec sa façade à colonnes.
Le Stara gradska vijećnica est l’ancien hôtel de ville mais aussi un ancien théâtre.
Nous flânons dans les rues avoisinantes, notamment dans le rue Demetrova où nous passons devant l’atelier Meštrović abritant les œuvres du célèbre sculpteur croate (1883-1962) qui vécut et travailla dans cet ensemble de maisons des 17ème et 18ème siècles. Très influencé par Rodin dont il fut l’élève, il a développé son propre style. C’est le même artiste qui a dessiné la rotonde de la Maison des artistes que nous avons vue plus haut.
Le Palais Amadé ou le Palais Magdalenić, tous deux du 18ème siècle.
Petite pause dans le square du Parc Grič qui offre une vue panoramique sur la ville basse.
La Kula Lotrščak est une tour carrée fortifiée qui a été construite au 13ème siècle pour garder la porte sud de Gradec. Elle est l’un des vestiges des fortifications qui protégeaient la ville de Zagreb. C’est la tour médiévale la mieux conservée de la ville. Chaque jour, à midi, un coup de canon est tiré du haut de la tour, raisonnant dans tout Zagreb.
Sur la Place Catherine Zrinski et la Place des Jésuites, les palais Kulmer et Dverce, l’Église Sainte-Catherine (1620) avec sa façade assez sobre et austère, le premier lycée de Zagreb (1607), mais aussi l’étonnant Musée des Cœurs brisés. Ce musée dépeint des histoires d’amour qui se sont mal terminées et expose des objets personnels abandonnés après de véritables ruptures amoureuses !
Belle vue sur la ville basse ainsi que sur la cathédrale et sur le clocher baroque de l’Église Sainte-Marie située sur la place du Marché Dolac.
La rue Ćirilometodska est aussi bordée d’édifices intéressants comme l’église catholique grecque Saint-Cyrille-et-St-Méthode avec une belle façade rénovée ornée de mosaïques dorées.
Le joli funiculaire bleu de Zagreb relie la ville basse et la ville haute. Mis en route un 1892, il fonctionnait à la vapeur d’eau puis a été électrifié en 1934. C’est l’un des parcours funiculaires le plus court au monde avec 66 mètres de long pour 30 mètres de dénivelé. Mais c’est par les escaliers que nous rejoignons la rue Ilica dans la ville basse où nous reviendrons après-demain.
Un allumeur de réverbères au gaz passe tous les soirs pour les allumer et tous les matins pour les éteindre.
Le Tunnel Grič est un tunnel piétonnier qui passe sous la Ville haute. Long de 350 mètres, il a été construit durant la Seconde guerre mondiale pour servir d’abri à la population locale lors des bombardements. Plus récemment, ce passage souterrain a servi de refuge aux habitants de Zagreb durant la guerre de 1991-1995.
Nous rentrons vers la Tiny, en passant par la Gundulićeva ulica, une autre rue aux façades grises et ternes. Mais certains immeubles de style art-nouveau sortent du lot.
Petit tour par le Jardin botanique, avec sa collection de plantes de dix mille espèces. Mais lui aussi manque tristement d’entretien. Cela ne va pas me réconcilier avec la botanique !
Nous arrivons à la Tiny avec 13 kilomètres dans les jambes ! et oui, 13 kilomètres à avoir fait des tours et des détours dans la ville haute de Zagreb dont nous garderons un souvenir assez mitigé de par l’état délabré de nombreux bâtiments, bien qu’un petit nombre soient en cours de restauration. Mais ce pays était encore en guerre il y a 25 ans ( la capitale Zagreb a toutefois été assez épargnée par les bombardements serbes) et il a sans doute eu d’autres priorités de reconstruction et d’investissements. De plus, le séisme du mois de mars dernier a abîmé de nombreux bâtiments, ce qui ajouterait au fait que de nombreuses façades soient aussi endommagées.
Samedi 24 octobre 2020 :
La journée pluvieuse annoncée est bien là. Qu’importe, aujourd’hui nous sommes ravis car nous répondons à l’invitation de la famille franco-croate que nous avons furtivement croisée sur un parking alors que nous étions dans le pays depuis même pas une heure !
Nous arrivons donc pour passer un moment chez Niki et Paul avec leurs enfants Gaia et Noa. Ils ont aussi invité une autre famille d’amis, également franco-croate, Sylvia, Thierry et leur fils Nouma. Nous passons un très bon moment avec ces deux familles rayonnantes à échanger sur nos voyages et sur leurs passionnantes professions de photographes et de professeurs de danse des 5 rythmes.
En soirée, nous recevons un gentil message de Thierry nous invitant à les rejoindre demain. Évidemment et avec un grand plaisir, nous acceptons !
Dimanche 25 octobre 2020 :
C’est dans le Parc naturel de Medvenica à quelques kilomètres au nord de Zagreb que nous rejoignons Niki, Sylvia, Paul, Thierry et leurs enfants. Ce massif montagneux boisé est à deux pas de Zagreb. C’est la sortie dominicale des Zagrebois qui viennent sur ce massif culminant à 1032 mètres au pic de Sljeme pour randonner mais aussi pour y skier l’hiver. Les couleurs d’automne sont magnifiques et cette balade de 5 kilomètres grimpant de 300 mètres d’altitude vers le restaurant de Grafičar est très agréable à partager avec ces deux familles. Nous nous régalons de quelques spécialités dont un superbe Apfelstrudel, un feuilleté aux pommes.
Nous sommes ravis de ce moment avec ces deux familles que nous remercions chaleureusement avant de nous séparer. Nous repartons avec un bocal de ajvar, spécialité croate à base de poivrons, d’aubergines, de paprika et d’huile d’olive confectionnée par Thierry. Merci encore ! Nous rejoignons notre bivouac dans le centre de Zagreb. Alors que nous voulions terminer la visite de la capitale demain, nous modifions un peu notre programme car demain sera la seule journée de beau temps au Parc national des Lacs de Plitvice, un incontournable de la Croatie et nous ne voulons pas louper un rayon de soleil sur cette merveille de la nature.
Malgré les 13 km de running d’Audrey ce matin le long de la Sava, puis les 5 km ce matin dans la montagne, nous repartons visiter Zagreb avant la tombée de la nuit. Nous avons gagné une heure de sommeil en plus, comme en France, grâce au changement d’horaire la nuit dernière. Mais du coup, le soleil va se coucher le soir à 16h50 !
Nous allons découvrir le Fer à cheval de Zagreb. Appelé ainsi à cause de sa forme donnée par son architecte Lenuci, c’est une succession de huit parcs autour desquels la ville basse s’est développée à partir de la fin du 19ème siècle. C’est ici que se trouvent la plupart des établissements culturels et historiques de la ville. C’est en s’inspirant de Vienne et de Paris que cet ensemble de parcs et de places entouré de verdure, de parterres de fleurs, de fontaines et de monuments, est devenu une perle du patrimoine croate. L’ensemble est beaucoup moins grisonnant que la ville haute, beaucoup plus aéré et nous réconcilie avec Zagreb dont la ville haute nous avait laissé un peu sur notre faim.
La Place Marulić est dominée par l‘ancien bâtiment de la bibliothèque nationale et universitaire qui héberge à présent les Archives nationales croates. Ce bâtiment imposant de 1913 est un bel exemple de l‘architecture de la Sécession en Croatie. Quatre chouettes portent des globes terrestres près de la coupole.
Le Musée Mimara a la drôle de réputation d’héberger la plus grande collection d’art de faux du monde…
Le Musée d’Ethnographie est lui aussi logé dans un bâtiment représentatif de l’époque de la Sécession (1903).
Le Théâtre national croate datant de la fin du 19ème siècle est l’œuvre d’architectes viennois. Comme beaucoup de bâtiments du Fer à cheval, il fut inauguré par l’empereur d’Autriche-Hongrie, François-Joseph Ier d’Autriche. Le bâtiment néobaroque prend de superbes couleurs en cette fin de journée.
En face du monument, nous voyons une belle sculpture de Meštrović : La source de vie.
Sur la même Place Marsala Tita Trg, superbe mélange d’architecture avec le magnifique bâtiment moderne de l’Académie de musique de Zagreb qui prend place près du Musée des Arts et Métiers.
Petit passage par la Place Petar Preradović.
Nous poursuivons notre visite du Fer à cheval par le Parc Zrinjevac et ses platanes centenaires, ses fontaines, son charmant kiosque à musique, ses bustes de personnages célèbres, sa colonne de marbre météorologique de 1884. Le parc est bordé par de très beaux immeubles et bâtiments où aujourd’hui sont situées les majeures institutions politiques, juridiques et culturelles croates. Parmi eux, la Galerie Strossmayer, l’Académie des sciences et des arts, le Musée archéologique, la Galerie d’art moderne. L’ambiance est très agréable avec tous les Zagrebois qui profitent de cette belle fin de week-end.
Sur la place suivante, la Place Tomislav (premier roi croate couronné en 925), le majestueux Pavillon des arts de 1896 fait face à la gare centrale de Zagreb.
Nous en avons terminé avec la visite de la capitale croate. Après 5 kilomètres, retour à notre Tiny, un peu fatigués, mais heureux de cette belle journée !