169 km parcourus du 12 au 17 décembre 2020
63 610 km parcourus depuis le départ

Samedi 12 décembre 2020 :

Nous sommes arrivés au Monténégro hier soir. Après quasiment deux mois passés en Croatie, nous voici dans notre 27ème pays depuis notre départ il y a 2 ans, 2 mois et 4 jours, soit déjà 797 jours ! Que d’aventures depuis…

Comme je vous l’avais dit dans mes précédents articles, nous étions pressés d’arriver au Monténégro, craignant que les autorités ne renforcent les conditions d’entrée à l’approche des fêtes en raison du Covid-19, comme cela s’est produit dans beaucoup d’autres pays. Finalement, tout s’est bien passé à la frontière. Pas besoin de test PCR, même pas un contrôle de température. Quant au véhicule, pas de fouille. Juste les passeports qui ont été tamponnés, ce qui ne leur était pas arrivé depuis notre départ en catastrophe de Malaisie en mars dernier.

Le Monténégro est un petit pays des Balkans, frontalier de la Serbie, du Kosovo, de l’Albanie, de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine. Il est bordé au sud-ouest par la Mer Adriatique. Seulement 610 000 habitants y habitent sur une superficie à peine plus grande que celle de l’Ile de France.

Il n’est ni membre de l’Union européenne (mais il est candidat officiel), ni de l’Espace Schengen, ni de la Zone Euro. Curieusement, tout comme le Kosovo, il a adopté notre monnaie unique, même avant son indépendance. Mais la Banque centrale du Monténégro n’est pas autorisée à frapper la monnaie car le pays n’a pas intégré la Zone Euro. Les devises circulant dans le pays sont donc toutes émises par un pays étranger, et aucune pièce ne comporte de face nationale spécifique. Alors que la Croatie fait partie de l’Europe mais n’a pas l’Euro… à vraiment rien n’y comprendre… Nous ressortons donc notre porte monnaie en euros que nous avions mis de côté en sortant de la Slovénie.

Le pays est majoritairement orthodoxe (72 %) et musulman (19%). La langue officielle est le monténégrin. Mais on y parle aussi serbe, bosnien, croate et albanais. Nous allons privilégier l’anglais.

Petit rappel (ou découverte) de l’Histoire récente du pays :

La République fédérative socialiste de Yougoslavie a duré de 1945 jusqu’au 15 janvier 1992, lorsque quatre de ses républiques fédérées ont font sécession : la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine et la Macédoine.

La République fédérale de Yougoslavie abandonnant toute référence au socialisme a alors été formée en tant qu’État fédéral sur le territoire de la Serbie (incluant les territoires des provinces autonomes serbes de Voïvodine et les territoires du Kosovo) et du Monténégro. La période a été marquée par une série de guerres civiles qui opposèrent le pouvoir central aux différentes entités ex-yougoslaves ayant proclamé leur indépendance. Elle disparaît en 2003 à la suite de la création de la Serbie-et-Monténégro, État qui éclatera à son tour en 2006 après l’indépendance du Monténégro vis-à-vis de la Serbie. Vous avez suivi ? Voilà, vous en savez peut-être un peu plus.

A peine garés hier après-midi, nous avons assisté hier soir à un défilé pacifique de plusieurs dizaines de manifestants en voitures, brandissant des drapeaux du pays, habillés pour certains en tenue militaire. On se demande bien ce qu’il se passe.

Finalement, nous apprendrons plus tard que ce sont des nostalgiques et partisans de l’ancien gouvernement. Une nouvelle page politique vient en effet de s’ouvrir pour le Monténégro. Après trente ans de règne absolu du président Milo Djukanovic et du Parti démocratique des socialistes, ces derniers ont été défaits lors des législatives il y a trois mois. Un nouveau gouvernement de coalition conservateur et pro-Serbe (les Serbes représentent environ 30% de sa population) vient juste d’être nommé il y a quelques jours, ouvrant la voie à la première alternance démocratique du pays. Le Monténégro reste profondément divisé entre ceux qui recherchent des liens plus étroits avec la Serbie et la Russie et ceux qui considèrent le Monténégro comme un État indépendant allié à l’Occident. Élu jusqu’en 2023, le dirigeant pro-occidental va devoir cohabiter avec ce camp pro-Serbe. Les tensions sont toujours vives entre ces deux pays, notamment car la Serbie n’a pas reconnu l’indépendance du Kosovo (qui lui appartenait auparavant) à la différence du Monténégro (et de la majorité de la communauté internationale dont la France).

Nous avons donc passé notre première nuit à Igalo juste après la frontière, sur un parking pas très heureux mais ça dépanne. La soirée a même été assez bruyante avec pas mal de voitures roulant très vite et accélérant bien fort alors que nous étions en ville. Les Monténégrins ont l’air un peu nerveux avec la pédale de l’accélérateur. Mais grâce au couvre-feu nocturne imposé de 22 heures à 5 heures, la nuit a finalement été calme. Au fait, il n’y a pas de décalage horaire entre la France et le Monténégro mais nous sommes toujours à l’heure d’été car sinon, le soleil se couche à 16h15, soit une heure plus tôt qu’en France.

Nous restons un moment sur ce parking pas terrible mais nous prenons notre temps pour l’école et pour le blog. De nombreux Monténégrins nous adressent des pouces levés et des sourires. Ils ont l’air vraiment très accueillants. Déjà, nous sommes en photo dans de nombreux téléphones… et même sur les comptes Instagram de Monténégrins.

Nous sommes à l’entrée des réputées Bouches de Kotor. Il s’agit d’une baie débouchant sur la Mer Adriatique et formée de quatre golfes (Herceg Novi, Risan, Kotor et Tivat), d’une profondeur de 40 à 60 mètres et reliés entre eux par de profondes passes. Les bouches sont surplombées par les derniers sommets abrupts et ravinés des Alpes dinariques. Ces hautes montagnes tombent à pic dans l’eau. La « Contrée naturelle et culturo-historique de Kotor » est inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Les Bouches de Kotor entrent aussi dans le classement du Club des plus belles baies du monde qui recense 41 baies dans le monde dont 13 en Europe (parmi elles, 6 sont en France).
Les Bouches de Kotor, Boka Kotorska en monténégrin, forment une baie de 30 km apparentée à un fjord, même si le terme géologique n’est pas strictement correct. Il s’agit en réalité d’un canyon submergé. Quelques cités médiévales sont plantées sur les rives comme Perast ou Kotor, auxquelles nous allons nous intéresser.

C’est vers la première des deux que nous nous dirigeons en suivant le beau littoral de ces bouches. Le ciel est encore gris mais annoncé beau pour toute la semaine à venir. Nous roulons jusqu’à Perast avec une jolie vue sur la baie (un peu bétonnée tout de même) et les deux îles. Joli bivouac.

Dimanche 13 décembre 2020 :

Nous sommes à peine sortis du camion en fin de matinée, qu’un rabatteur nous propose la traditionnelle excursion vers l’île et l’Église Notre-Dame-des-Rochers. Cela tombe bien, on en cherchait un. Une fois le tarif négocié, nous embarquons sur un petit bateau et 10 minutes plus tard, mettons pied à terre sur un îlot artificiel semblant surgir de l’eau.

La découverte en 1452 d’une icône de la Vierge échouée sur un récif convainquit la population d’y bâtir un sanctuaire de style byzantin en 1630. La baie étant profonde à cet endroit d’une vingtaine de mètres, les fondations de l’îlot artificiel sont composées d’une centaine de bateaux échoués et remplis de pierres. Le sanctuaire est adorable avec son superbe dôme octogonal bleu ciel. Nous avons le droit à une visite guidée rien que pour nous, par une guide que nous sommes passés prendre sur le continent avant de venir sur l’île. Nous sommes en effet les premiers visiteurs de la journée de cet endroit extraordinaire, d’ordinaire si touristique, alors qu’il est déjà midi. L’environnement est magique avec ses hautes montagnes dégringolant dans les eaux de la baie. On adore !

L’église abrite 68 peintures réalisées par un artiste local, de nombreuses œuvres d’art, des icônes dont la fameuse de la Vierge et environ 2000 exvotos gravés sur des petites plaques votives argentées offertes par les marins avec leur nom afin de remercier Notre-Dame-des-Rochers de leur avoir évité les dangers de la mer.

A l’étage, un musée contient une quantité incroyable de dons des fidèles : maquettes ou peintures de bateaux, armes, objets de la vie quotidienne…

A une centaine de mètres, sur l’île voisine de Saint-Georges, se trouve un monastère dont les premières pierres ont été posées au 9ème siècle. Posés sur une île naturelle, l’église et son petit cimetière, où reposent les nobles de la ville, sont entourés d’une belle muraille et de hauts cyprès. Mais l’accès n’y est pas autorisé.

Retour en bateau avec une belle vue sur le village de Perast.

Nous marchons dans Perast en observant ses nombreux palais et chapelles dispersés le long du port. Une belle ambiance familiale en ce dimanche où les Monténégrins ont sorti leurs belles tenues pour venir au restaurant. Que c’est agréable de voir un petit village vivant avec ses nombreuses terrasses ouvertes, ce qui contraste avec tous ces mêmes établissements qui étaient fermés de l’autre côté de la frontière. La vue sur la baie est magnifique.

Nous roulons, toujours en longeant la baie vers la ville de Kotor. L’une des mesures sanitaires liées au Covid-19 interdit le changement de municipalité (qui sont en fait des provinces) le week-end. Mais ça a l’air de rouler quand-même sur l’unique route contournant la baie. On tente quand même et finalement, rien ne nous empêche le passage entre la municipalité de Luštica et celle de Kotor.

Nous avons rendez-vous avec les Nomads Fix. C’est la troisième fois que nous retrouvons avec plaisir Béné et Guillaume, à chaque fois dans un pays différent : nous avons déjà passé de très sympathiques moments en Slovénie et en Croatie. Nous passons une agréable soirée en leur compagnie. Encore une fois, nous les remercions autour d’un verre pour la mine d’informations qu’ils nous donnent sur ce qu’ils visitent avec une dizaine de jours d’avance sur nous : bons plans, visites, bivouacs…

Lundi 14 décembre 2020 :

Après l’école, nous nous rendons dans la ville fortifiée de Kotor inscrite (comme toute la baie) au Patrimoine mondial par l’UNESCO mais rapidement nous sortons de la vieille ville pour prendre de la hauteur en montant le long des remparts. Un spectaculaire système de fortifications de plus de 4 kilomètres d’une hauteur de 20 mètres à certains endroits. Une interminable succession d’escaliers irréguliers permet d’accéder à la Forteresse Saint-Jean, dominant Kotor de 250 mètres. A mi-chemin, se dresse la Chapelle de Notre-Dame-du-Salut édifiée par les survivants de la peste ayant frappé la région en 1572.

Une fois arrivés en haut des 1426 marches irrégulières des escaliers, le souffle est coupé mais nous sommes récompensés par un incroyable point de vue sur la ville close de Kotor blottie entre la mer et la falaise escarpée, sur le massif du Lovćen tutoyant les 2000 mètres d’altitude et sur les Bouches de Kotor. C’est magique. Hors saison, nous avons la chance de pouvoir admirer ce panorama imprenable sans la présence de deux ou trois bateaux de croisières qui viennent décharger tous les jours des dizaines de milliers de touristes directement sur les quais de Kotor.

Les enfants (et nous aussi) prenons un plaisir fou à déambuler dans les ruines instables de la forteresse. D’origine byzantine mais en grande partie renforcées par les Vénitiens, ces fortifications ont grandement contribué à protéger la ville des assauts turcs aux 16ème et 17ème siècles. La forteresse fut abandonnée en 1918 et est aujourd’hui en ruine.

Un petit panneau indiquant « vente de fromage et de raki » nous invite à suivre la direction d’une petite maison perchée dans la montagne. Nous salivons déjà. Un monsieur un peu bourru au premier abord, nous attable face au somptueux panorama déjà décrit précédemment avec en plus la vue sur la muraille démesurément immense. Nous commandons la même chose qu’un couple monténégrin-russe a commandé à côté de nous. Que des produits maison : du fromage, du miel, du pain et un verre de Višnjak (liqueur de cerise)… Succulent ! Au moment de partir, Radoan revient avec une bouteille sans étiquette avec un liquide transparent à l’intérieur. On craint le pire. Il nous offre un verre de Rakia, cette eau-de-vie de fruit populaire d’Europe centrale et d’Europe du Sud-Est. C’est goûtu mais ça a du r’tour ! C’est bon, nous sommes vaccinés contre le Covid-19 et même le Covid-20 et Covid-21 !

Avant qu’il ne revienne avec une nouvelle bouteille, nous prenons le chemin du retour. En chemin, nous croisons Ainé, la femme de Radoan qui en plus d’un merveilleux sourire nous offre quelques grenades sauvages qu’elle est venue cueillir.

Il est trop tard pour visiter la cité de Kotor car la nuit tombe. Nous ne faisons que la traverser et nous reviendrons demain.

Mardi 15 décembre 2020 :

Le bivouac s’est bien passé sur un parking pas très propre (encore une fois) mais avec une jolie vue sur la forteresse.

En fin de matinée, nous sommes rejoints par une famille de voyageurs français, Les Bosquet dans la Nature, avec qui nous sommes en contact depuis hier : Anne-Sophie, Pierre-Alexandre et leurs trois adorables enfants (Lou, Maxence et Jules). Ils ont entendu parler de nous par une autre famille française qu’on ne connaît pas. Nous partons dans un snack faire connaissance et manger. Ils voyagent au long-cours dans un mode de voyage que nous n’avions pas encore rencontré. Ils n’ont pas de camping-car mais un mini bus 9 places et logent dans des locations tous les soirs ou font du gardiennage de maisons (mais c’est un peu plus compliqué par temps de Covid-19).

Puis ensemble, nous partons déambuler dans la ville médiévale de Kotor. En partie détruite lors du tremblement de terre de 1979, le classement à l’UNESCO a permis à la ville d’être reconstruite. Comme beaucoup de villages ou de villes croates, Kotor et ses environs étaient sous influence vénitienne entre 1420 et 1797. La structure et l’architecture de la ville s’en ressentent.

La ville est cernée de remparts et on y entre par la Porte de la mer à l’ouest qui date de 1555 ou bien par la Porte de la rivière au nord, plus jeune d’une dizaine d’années.

Les fortifications sont défendues elles-mêmes par des bastions imposants, des citadelles, des tours et des petites forteresses. Mais la défense la plus importante est celle où nous avons marché hier en montant jusqu’au Château de Saint-Jean.

Nous sillonnons le dédale de ruelles et de placettes pavées de la ville close. Les bâtiments publics dignes d’intérêts sont nombreux : la Tour de l’Horloge (1602), le Théâtre français (1810), l’Arsenal (1420), l’Hôtel de ville, l’Hôpital militaire vénitien, le Palais épiscopal (14ème siècle), les anciennes Baraques militaires vénitiennes (1765), la Prison

Les lieux de culte sont eux aussi très nombreux comme la Cathédrale Saint-Tryphon (1166), l’Église serbe orthodoxe Saint-Nicolas (1909), l’Église serbe orthodoxe Saint-Luc (1195). Mais les béatifiés Marie, Paul, Anne, Michel, Joseph ont également leurs églises… Quelques monastères aussi, le Dominicain et le Franciscain.

Les Palais Drago, Grgurina, Pima, Boutcha, Bizanti, Bezkutcha, Lombardic, Grubonja ou bien encore Vrakjen sont tous aussi beaux les uns que les autres. Ils datent du 14ème à la fin du 18ème siècles.

Nous terminons l’après-midi dans la Tiny avec nos compagnons de voyage.

Pierre-Alexandre est humoriste. Je vous invite à regarder l’un de ses sketchs qui nous a fait bien rire !

Puis nous retournons sur le chouette bivouac où nous étions avec Béné et Guillaume, avec une vue de dingue sur la Baie de Kotor. Les reflets de la citadelle dans la mer pris en photo depuis notre lit sont merveilleux.

Mercredi 16 décembre 2020 :

Ma chérie m’impressionne un peu plus chaque jour. Elle revient au bout d’1h33 avec 16 kilomètres dans les jambes !

Nous prenons la route pour continuer le tour de la route panoramique qui fait le tour des Bouches de Kotor. Nous commençons par la péninsule de Vrmac qui sépare la Baie de Tivat de la Baie de Kotor. En son centre, le sommet de Sveti Ilija qui culmine à 785 mètres. La route n’est pas large, surtout dans les petits villages de pêcheurs, mais les Monténégrins sont super sympas et se rangent très facilement pour nous laisser passer. Ils klaxonnent régulièrement mais par sympathie tout en levant la main ou le pouce.

Quelques baies, comme celle de Risan que nous surplombons servent pour la mytiliculture. Nous aimons bien ces minuscules ports qui abritent juste deux ou trois barques de pêcheurs. Les villages que nous traversons sont sympas aussi avec quelques belles maisons de pierre restaurées.

Nous arrivons face à la ville de Perast et ses îlots dont la petite île où nous sommes allés visiter l’église. D’autres églises ou chapelles sont situées sur le rivage ou sur d’autres îlots.

Nous marquons l’arrêt à la ville côtière de Tivat, qui nous paraît trop urbanisée pour qu’on s’y arrête plus longuement que pour faire l’appoint d’eau dans une station de lavage de voitures. Le proprio, Rajko, est super sympa et nous donne sa carte en nous disant qu’on peut l’appeler à tout moment durant notre voyage au Monténégro si on a besoin de quoi que ce soit.

Puis, nous changeons de péninsule et commençons le tour de celle de Luštica. Le littoral, un peu trop urbanisé à notre goût, est à perte de vue en prenant un peu d’altitude. Nous sommes au niveau de l’embouchure des Bouches de Kotor, là où le Détroit de Kumbor permet l’accès à la Mer Adriatique. Des ferries permettent de traverser la baie et d’éviter un détour de plus de 50 km. Face à nous, de l’autre côté de la Baie de Herceg Novi, ce sont de nouveau les côtes de la Croatie.

Mais en arrivant au bout de la péninsule, nous retrouvons moins de béton, moins d’hôtels-resort affichant plusieurs étoiles sur leurs enseignes, et plus de végétation.

Nous descendons découvrir le village de Rose. Enfin, il ne reste pas grand-chose d’un village. Toutes les jolies maisons restaurées ne sont que des locations estivales. On ne trouve pas de signe de vie dans cet endroit certes assez reculé. Juste une maison semble habitée. Mais l’endroit est joli, avec encore une fois ces petits ports de pêche. Un chalutier est échoué sur la plage.

Nous découvrons également une base sous-marine désaffectée. La péninsule a effectivement une histoire militaire importante avec son emplacement stratégique gardant l’entrée des Bouches de Kotor. Tivat et Kotor avaient leurs ports militaires de la Marine communiste yougoslave pendant l’Entre-deux-guerres et la période de la Guerre froide. La Marine austro-hongroise avait déjà ses bases navales militaires à Kotor plus tôt pendant l’occupation. Dans le fond de la baie, Kotor était l’endroit idéal pour le mouillage principal de la flotte. Mais les sous-marins et les forces légères, pour sortir plus rapidement, stationnaient près de la sortie des bouches. Au déclenchement de l’invasion de la Yougoslavie en 1941, l’aviation navale disposait aussi de quatre hydrobases dans les bouches. Cet abri anti-aérien, taillé dans la roche, est beaucoup plus grand que celui que nous avions vu sur l’Île de Hvar. Il fait bien une centaine de mètres de longueur.

Sur les hauteurs de Rose, nous allons explorer les ruines du fort militaire de l’époque de l’empire autrichien, à la fin du 19ème siècle. Mais nous n’avons pas trouvé beaucoup d’informations dessus. Mais ces milliers de tonnes de béton et de ferrailles me paraissent un peu plus récentes. Certainement que les tourelles pour les mitrailleuses ont été ajoutées lors de conflits plus récents. Peu importe, nous déambulons dans ces ruines envahies par la végétation et les déchets.

Nous continuons notre boucle, toujours sur des petites routes à peine plus larges que la Tiny. Mais elle s’en sort bien. Les parcelles agricoles sont clôturées par des murs de pierre, et couvertes d’oliviers et d’autres végétaux méditerranéens. Nous nous arrêtons discuter avec Thomas, un sympathique cycliste nantais qui lui aussi essaie de se frayer un chemin parmi les pays ouverts.

C’est en surplomb de la Baie de Trašte et de la ville toute blanche de Luštica que nous nous installons pour le bivouac. La vue est de nouveau exceptionnelle mais il faut aussi que je vous montre l’envers du décor. Car depuis que nous sommes arrivés au Monténégro, c’est un peu la douche froide quand on voit l’état de la nature qui est souillée par des tonnes de déchets. Ce soir, sur le parking où nous sommes, une fosse d’entretien mécanique permet aux gens de faire leur vidange. Bon, OK sur le principe, mais ça ne les gêne pas d’ouvrir le bouchon de vidange et de laisser s’échapper l’huile dans la mer !! Idem, pour tous les déchets plastiques.

Jeudi 17 décembre 2020 :

Au petit matin, nous avons une jolie lumière sur les sommets vers lesquels nous nous rendons aujourd’hui.

Nous empruntons en cette fin de matinée, à l’heure où le soleil éclaire le mieux la baie, la réputée Route Serpentine qui relie la ville de Kotor au Mont Lovćen. Cette route a été réalisée entre 1879 et 1884 par un ingénieur croate. La trentaine de virages en épingle de cette route en lacets, particulièrement sinueuse, est impressionnante. La route est de plus, bien étroite mais heureusement, nous n’avons pas croisé des véhicules de notre gabarit.

La Route Serpentine se mérite, mais quelle récompense au fur et à mesure qu’on s’élève. La vue est grandiose. Nous avons un panorama imprenable sur l’intégralité des Bouches de Kotor entourées de vertigineuses montagnes, mais aussi sur la Mer Adriatique ! On distingue parfaitement les 4 baies formant les Bouches de Kotor reliées entre elles par les étroits chenaux. Un incroyable spectacle. C’est l’une des plus belles routes panoramiques que nous ayons empruntées.

Arrivés au terme de ces virages, nous avons déjà pris 900 mètres d’altitude ! Et ça continue de grimper…

Nous passons au pied du Mont Lovćen culminant à 1750 mètres d’altitude. Et nous voici à l’assaut du sommet du Mont Jezerski à 1657 mètres d’altitude. Mais celui-ci est sous la neige, et nous devons terminer le dernier kilomètre à pied car la route devient impraticable, pour nous rendre à notre visite du jour.

Nous sommes là pour aller visiter le Mausolée de Petar II Petrović-Njegoš, qui comme chacun sait, était un grand souverain, prince-évêque, poète et philosophe éclairé, chef de file de la résistance contre les Turcs, mort en 1851. Ses œuvres sont considérées comme les plus importantes dans la littérature monténégrine et serbe. Les Monténégrins entretiennent une relation quasi religieuse avec cette montagne et celui qui est inhumé à son sommet. Le souhait de Njegoš a été d’être inhumé dans une petite chapelle au sommet de la montagne du Lovćen. Son vœu n’a pas été immédiatement exaucé en raison du véritable danger de profanation de sa tombe. Mais en 1855, son successeur a fait transporter les restes de Njegoš au sommet du Lovćen dans la chapelle érigée en 1845 par Njegoš lui-même. Ils y sont restés jusqu’en 1916, lorsque pendant la Première Guerre mondiale, le Monténégro a été occupé par l’Autriche-Hongrie. Les Habsbourg ont décidé d’ériger un monument à l’empereur autrichien François-Joseph sur le Mont Lovćen. Ne souhaitant pas qu’un monument à l’empereur autrichien soit situé sur le même perchoir qu’un symbole du sentiment national slave du sud, les autorités austro-hongroises ont détruit l’église et ont alors exigé que les restes de Njegoš soient ramenés à Cetinje. En 1925, une nouvelle chapelle fut construite, où Petar II Petrović Njegoš a été inhumé une deuxième fois en haut du mont. Puis, en 1952, les autorités communistes yougoslaves ont décidé de remplacer la chapelle de Njegoš par un mausolée et d’éliminer toute trace de la conception byzantine de la chapelle. Entamée en 1951, à l’occasion du 100e anniversaire de la mort de Njegoš, la construction du mausolée monumental dura plus de vingt ans. Cet impressionnant monument haut perché au sommet du pic à a été inauguré en 1974.

Pour y accéder, nous empruntons une longue galerie creusée dans la montagne équipée de quelques 461 marches.

Le célèbre sculpteur croate Ivan Meštrović dont je vous ai parlé à plusieurs reprises en Croatie a a été engagé pour le projet et a sculpté dans du granit deux immenses statues de la mère et de la sœur (ou de la fille) du défunt. Dans le mausolée, une gigantesque statue de granit représente Petar II Petrović-Njegoš avec un aigle aux ailes déployées. Le plafond est recouvert de mosaïques dorées.

Dans la crypte du mausolée, se trouve le sarcophage de marbre blanc, gravé de son blason.

A l’arrière du bâtiment, on accède à un belvédère offrant un point de vue inoubliable à 360° sur le Monténégro (il se dit qu’on peut voir plus de la moitié du pays), en particulier sur le Štirovnik culminant à 1749 mètres. Avec le Mont Jezersky en haut duquel nous sommes, ces deux sommets composent le Mont Lovćen. Tous deux font partie du Parc national du Lovćen.

Nous voyons la ville de Cetinje, et au loin la capitale Podgorica, nos prochaines étapes.

Nous redescendons en Tiny les virages un peu serrés de la route en lacets de peur que si nous dormons là, la route trempée ne verglace dans la nuit. C’est sur un petit parking près d’une fontaine que nous nous posons pour nous mettre à jour dans nos lessives… et nos douches…

Petit point Covid-19 :

Quoi de neuf ?… Et bien tout va bien… Le Covid-19 ne semble pas stresser les Monténégrins qui ne portent quasiment pas le masque à part dans les magasins. La promiscuité est de mise sur les terrasses de bars et de restaurants. Ils n’hésitent pas à se serrer la main ou même à me tendre un de leur verre de Raki alors que j’ai entamé la conversation avec l’un d’eux lors de notre visite de Kotor ! Le couvre-feu nocturne ne nous dérange pas. On croyait que les bars étaient fermés mais fort heureusement, cela ne concerne que les bars de nuit !

Concernant la suite, on a toujours la possibilité d’aller comme prévu en Albanie, en Macédoine du nord, en Bulgarie… Rien ne change pour l’instant ! Après on verra où le vent nous porte…

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