347 km parcourus du 30 septembre au 7 octobre 2019
40 522 km parcourus depuis le départ
Lundi 30 septembre 2019 :
Nous venons de passer notre dernière nuit en Chine près du poste de frontière de la ville de Mohan. C’est tous ensemble, avec les 7 autres véhicules du convoi, accompagnés de Xia et Liu, nos deux guides qui nous ont accompagnés tout le mois de septembre, que nous nous mettons dans la file d’attente de la douane dès 7 heures, en attendant l’ouverture à 8h30. Nous redoutons un peu que les formalités soient longues mais en fait en à peine deux heures, nous récupérons nos 4 passeports dûment tamponnés par les douaniers de la République Populaire de Chine. Côté véhicule, tout se passe très vite également pour sortir du pays. En environ 1h30, nous sommes dans le no man’s land, en saluant et remerciant nos guides qui reprennent l’avion pour rentrer chez eux et qui ont bien mérité leurs vacances de la semaine d’or qui commencent demain en Chine. C’est LA semaine où des centaines de millions de chinois partent tous en même temps en vacances et prennent d’assaut tous les transports et les sites touristiques. Nous en avions d’ailleurs tenu compte dans notre planning de façon à être sortis du territoire avant cette folle semaine. Demain, 1er septembre, marque également le 70ème anniversaire de l’arrivée des communistes au pouvoir en Chine et de la proclamation par Mao Zedong de la République Populaire de Chine et d’importantes célébrations auront lieu à travers le pays.
Ça y est, nous sommes libres. A nous de retrouver notre rythme de voyageurs en solo et de ne plus nous laisser guider. D’ailleurs, nous retombons vite dans notre vie de nomades, en entrant à la douane Laotienne. On ne sait pas par quel bureau passer en premier. On ne sait pas si la taxe de 1 dollar par personne qu’on nous fait payer est légitime ou tient lieu du bakchich, on ne sait pas s’il faut acheter le permis de conduire au préposé bien qu’on ait un permis de conduire international, on ne sait pas où réaliser l’importation temporaire pour la Tiny, on ne sait pas si le fait de présenter notre Carnet de passages en douane facilitera l’importation temporaire, on ne sait pas où acheter l’assurance, on ne sait pas à quel guichet acheter nos visas (30US$ par personne), on ne sait pas si on peut acheter un visa à double entrées (ce qui nous faciliterait la tâche car nous allons faire un saut au Vietnam en novembre avant de revenir au Laos)… Bon, le fait d’être à 8 familles permet de s’échanger toutes les réponses à ces informations au fur et à mesure où on les trouve, et de se dire où sont les différents bureaux. Vers 10 heures (nous venons de gagner une heure en entrant au Laos et n’avons donc plus que 5 heures de décalage horaire avec la France), tout est fait et nous pouvons enfin rouler dans ce nouveau pays. Nous achetons une carte SIM dans la première ville à Boten.
Bienvenue dans la République démocratique populaire lao, peuplée de seulement 1,1% de toute la population d’Asie du Sud-Est.
Nous avons l’impression de changer de monde en roulant ici. Finies les belles autoroutes et les démesurés ouvrages d’art. Nous roulons une cinquantaine de kilomètres sur des pistes poussiéreuses et défoncées jusqu’à la ville de de Louang Namtha. Quoique, nous comprenons que nous sommes sur un chantier titanesque… Nous sommes en fait en train de rouler au milieu d’engins de chantiers qui déplacent des montagnes.
Ces chantiers impressionnants sont le résultat de la nouvelle route de la soie qui est l’une des priorités du gouvernement chinois, et de la présidence de Xi Jinping. C’est un ensemble de 6 liaisons maritimes reliant la Chine à l’Afrique de l’Est et à la Méditerranée, et de voies ferroviaires reprenant la route historique de la soie entre la Chine et l’Europe via l’Asie centrale et le Moyen-Orient (le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie, la Pologne, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni).
C’est un moyen pour la Chine de renforcer sa position sur le plan mondial, de sécuriser ses approvisionnements et de préserver la connexion avec le reste du monde en cas de tensions militaires sur ses zones côtières. Cela lui permet également d’éviter les routes maritimes sujettes à la piraterie au détroit d’Ormuz, au golfe d’Aden, au détroit de Malacca et en mer de Chine méridionale. La Chine veut également pouvoir se prémunir, en cas de forte tension avec les États-Unis, contre la menace que ferait peser la présence de la marine américaine dans les océans Indien et Pacifique sur ses approvisionnements.
Les travaux ne sont pas financés par l’Union européenne, qui n’apporte aucune aide logistique, ni par le FMI ou la Banque mondiale.
Depuis 2016, les liaisons ferroviaires relient déjà la Chine à l’Allemagne ou la France en douze jours sur plus de 12 000 kilomètres. Ces lignes privilégient l’utilisation de travailleurs chinois qui assurent le chargement et le déchargement des convois dans les temps impartis. Ce transport coûte 80 % moins cher que par avion malgré qu’une vingtaine de chauffeurs, huit changements de locomotives et trois transbordements de marchandises soient nécessaires pour effectuer cette liaison. Il faut compter au minimum un mois pour acheminer des marchandises depuis Shanghai jusqu’à Rotterdam par la mer, via le canal de Suez, moins de trois semaines en train, et environ quinze jours en camion. Les experts estiment que ces deux derniers voyages terrestres pourraient être réduits de moitié en améliorant les infrastructures et en harmonisant les législations.
Un projet de ligne à grande vitesse ferroviaire est également en cours de déploiement qui permettrait à terme de relier l’Europe de l’Ouest à la Chine. La liaison Londres-Pékin via le tunnel sous la Manche devrait ainsi prendre 48 heures. Un tunnel sous le détroit de Béring est également à l’étude pour relier la Chine aux États-Unis… ils sont fous ces chinois !
L’Asie du sud-est est bien entendu concernée par ce projet de la nouvelle route de la soie et elle se voit construire des lignes ferroviaires, des ports en eau profonde, des autoroutes. Le Laos, en particulier est pleinement intégré à ce projet via la construction du corridor indochinois reliant la Chine à la Thaïlande à travers le tronçon laotien. La construction d’une ligne ferroviaire reliant la frontière de Boten que nous venons de passer à la capitale Vientiane est en plein travaux. Là encore, les chinois ne s’embêtent pas et prennent le chemin le plus rectiligne. Son tracé de 414 km comprendra 198 km de tunnels et 62 km de ponts ! Une fois achevé, la liaison Kunming (Chine) – Vientiane (Laos) permettra aux passagers et aux marchandises de faire le trajet en 6-7 heures alors qu’il faut actuellement plusieurs jours par voie routière. Puis, ce sera la direction de la Thaïlande et de Singapour.
Bon, même sans parler de ces gros travaux, le reste de la route n’est pas en bon état. Il va falloir nous habituer de nouveau aux petites moyennes kilométriques. Nous alternons entre pistes et mauvais asphalte, le tout en slalomant entre les deux-roues.
Nous en avons également fini pendant quelques mois avec les régions désertiques et on ne devrait voir que du vert pendant un moment. Qu’ils nous paraissent loin les déserts mongoles et d’Asie centrale…
A Louang Namtha, nous achetons l’assurance pour le véhicule pour les 3 prochains mois (30€), sachant que nous allons visiter le Laos en deux fois avec une pause d’un mois en novembre où nous serons au Vietnam. Bon, comme d’habitude, on ne comprend pas trop ce qu’elle couvre mais on a au moins le minimum obligatoire en cas d’accident de la circulation. L’attente a été un peu longue car j’ai dû patienter, à sa demande, que l’employé termine sa partie de jeux vidéo sur son téléphone avant de s’occuper de moi.
Nous retirons la monnaie locale, des kip au taux de 1€ pour 9700LAK.
Puis, chacun des membres de notre convoi qui effectuait les mêmes démarches prend des routes différentes. Nous avons tous besoin de retrouver notre indépendance et de se retrouver au sein de nos familles respectives. C’est avec un immense plaisir que nous retrouverons chacune des 7 familles lors de prochains bivouacs provoqués ou par hasard, ce qui nous permettra de nouveau de passer de bons moments ensemble autour d’un apéro et d’un feu de camp.
Nous nous arrêtons à la première station-service faire les pleins d’eau et déjà nous faisons une belle rencontre avec un local parlant très bien anglais. Cela ne fait que quelques heures que nous sommes au Laos et déjà les sourires fusent.
Nous roulons sur la route 17, le long de la rivière Nam Tha et traversons de pittoresques villages : Hatgnao, Ban Hong Leuay, Phinho, mais la végétation est tellement dense qu’elle nous empêche de quitter la route pour trouver un bivouac. Les villages également sont si petits qu’on ne peut s’y garer. Les collines sont couvertes d’hévéas et de bananeraies.
Nous trouvons finalement un bivouac sur un petit parking après le village de Lakkham-Kao. Enfin du repos. Les vacances commencent ! Les enfants s’installent à jouer au sein d’une végétation luxuriante.
Nuit bercée par le bruit des criquets et autres insectes. Enfin un bivouac nature comme on les aime tant et qui nous ont tellement manqué en Chine !
Mardi 1er octobre 2019 :
Qu’il est bon de reprendre également le temps de partager tous les 4 ensemble le moment du petit déjeuner. Durant les dernières semaines, ce moment a été rare car souvent Anaïs et Victor le prenaient seuls alors que je continuais à rouler encore et encore, ne m’accordant souvent qu’une pause de 10 minutes dans la matinée.
L’école aussi reprend, bien que globalement, la Chine n’ait pas autant perturbé le programme qu’on le craignait. Et moi de mon côté, perché dans mon lit, regardant d’un côté mes enfants travailler et de l’autre par la fenêtre le cadre verdoyant environnant, je commence l’écriture de mon 46ème article du blog et le tri des photos. Je craignais aussi que le rythme chinois ne me permette pas de le maintenir à jour mais j’ai finalement réussi à le faire, ne m’y attelant parfois que quelques minutes à la fois ou parfois en veillant tard le soir pour écrire, trier les 3319 photos prises en Chine et publier au fur et à mesure environ un article par semaine.
Comme chaque début de mois, nous ouvrons dès le premier jour l’enveloppe de notre nouveau défi. D’ailleurs, nous avons le regret de vous annoncer que nous n’avons pas pu réaliser le trop difficile défi de Colette et Armel du mois dernier, celui de « tricoter un cache-col pour enfant avec de la laine filée dans le pays » … Jusqu’à hier soir, je cherchais encore, en vain, la matière première… Du coup, notre taux de réalisation chute à 83,3%… Bon, le défi du mois d’octobre, préparé par nos amis Magali et Fred, devrait être plus réalisable : « créer une œuvre de land-art de grande taille représentant les deux mouettes, emblème de la Charente Maritime ».
Victor continue à dessiner sur sa frise longue de plusieurs mètres offerte par sa cousine Agnès.
Tranquillement, en milieu d’après-midi, nous descendons à pied vers le plus proche des villages, celui de Lakkham-Kao. Quel choc par rapport à la Chine d’il n’y a encore que quelques jours ! Nous avons basculé dans un autre monde. Qu’elles sont loin les caméras à reconnaissance faciale à chaque coin de rues. C’est évident, la Chine est déjà très loin derrière nous avec ses 1,4 milliards d’habitants et ses villes de plusieurs millions d’habitants. Ici au Laos, il n’y a que 7 millions d’habitants (dont 40% de moins de 15 ans) vivant sur une superficie d’1/3 de la France. Les ethnies rassemblées ici en communauté vivent dans des petites habitations traditionnelles construites sur pilotis en bambous tressés.
La vie ici n’a rien à voir avec ce qui se passe de l’autre côté de la frontière chinoise. Le niveau de vie n’est pas le même. Les routes ne sont pas asphaltées mais en même temps, les seuls engins motorisés sont des deux-roues.
Ici, peu de touristes comme nous doivent passer. Tous les habitants nous saluent d’un geste de la main, nous disent ສະບາຍດີ (« sabaïdi », c’est-à-dire bonjour), et nous offrent de larges sourires. Nous essayons, en vain, de lancer quelques mots de français, en particulier aux plus anciens qui ont fait leurs études avant la révolution de 1975 et qui ont reçu une partie de leur enseignement dans notre langue.
En chemin, nous nous rafraîchissons dans la petite rivière car les températures dépassent les 32° avec un ressenti de 35° et énormément d’humidité dans l’air. De superbes papillons et libellules virevoltent autour de nous.
Nous passons un peu de temps à observer et à nous intéresser à l’une des principales sources de revenus des habitants : l’hévéaculture. Cette espèce est originaire de la forêt amazonienne mais les anciennes puissances coloniales comme la France ont constitué des plantations d’hévéas (l’arbre à caoutchouc) dans leurs propres colonies, comme par exemple ici au Laos. L’Asie est la principale région productrice de caoutchouc naturel (95 % du total mondial). La production mondiale est estimée à 10 millions de tonnes environ, dont trois pays, Thaïlande, Indonésie et Malaisie, représentent près des trois quarts. Environ 80 % de la production mondiale est le fait de petits planteurs indépendants.
On extrait donc de l’hévéa un latex qui est utilisé pour être transformé en caoutchouc. Le latex se récolte par saignées sur l’écorce du tronc de l’arbre afin de sectionner les vaisseaux laticifères. Comme la résine, il suinte lors d’une éventuelle blessure. Le latex est différent de la sève qui assure la distribution de l’eau, des sels minéraux ou des sucres alors que le latex est plutôt impliqué dans les mécanismes naturels de défense de l’arbre. Il circule dans un réseau distinct de vaisseaux.
Au moyen d’un couteau spécifique, les saigneurs pratiquent une légère entaille en descendant sur la moitié ou le tiers de la circonférence du tronc. La saignée débute en général à environ 1,50 m de hauteur, lorsque les arbres ont atteint 50 cm de circonférence à 1 m de hauteur. À chaque saignée, l’encoche est ravivée en découpant une fine lamelle d’environ 2 mm d’épaisseur, sur toute la profondeur de l’écorce. La fréquence la plus courante de saignée est tous les deux jours.
Lorsque toute l’écorce basse a été utilisée, on peut pratiquer la saignée haute, très productive. Elle se pratique en quarts de spirales et peut durer ainsi au moins quatre ans. Il est alors possible de recommencer la saignée basse sur l’écorce déjà saignée qui se sera entre temps régénérée. L’arbre peut ainsi produire du latex à partir de l’âge de cinq ans et pendant trente ans environ. À l’issue de sa période d’exploitation, l’hévéa est abattu pour être replanté.
Le latex, en sortant de l’entaille, coule dans la tasse pendant quelques heures. Puis l’encoche se bouche par coagulation du latex et l’écoulement s’arrête. Le produit coagule dans la tasse et forme des coagulum (à l’odeur nauséabonde) qui sèchent au pied de l’arbre avant d’être ensuite rassemblés par les producteurs sous forme de grosses balles qui sont ensuite chargées sur camion pour partir en transformation.
Le lait d’hévéa est ensuite versé dans de grandes cuves, filtré, purifié de ses particules, centrifugé, émulsionné avec de l’eau et de l’air, puis lentement chauffé et vulcanisé à 120 °C dans les moules.
L’industrie du pneu consomme 90 % du latex naturel produit dans le monde. Les pneus faits en latex naturel sont plus résistants à la déchirure que ceux faits avec du caoutchouc synthétique, ces pneus sont utilisés dans les domaines de l’aéronautique et de l’automobile. Mais de par son élasticité il est également utilisé dans les domaines médical et vestimentaire (gants, tétines pour bébé, lunettes de ski, costumes moulants, préservatifs…), dans le domaine du cinéma (utilisé comme peau dans les effets spéciaux), dans le domaine de la literie (matelas et des oreillers).
Mais ces vastes monocultures d’hévéas se font au détriment de la forêt primaire tropicale. En une génération, la surface de plantation est passée d’environ 5 à 10 millions d’hectares bouleversant la biodiversité et les populations autochtones. Comme pour d’autres essences d’arbres, cette tendance s’accélère bien que, le public se soit montré plus sensible aux impacts de l’huile de palme qu’à ceux moins médiatisés de l’hévéaculture.
Avec le changement d’heure, il fait nuit à 18 heures. Mais comme nous sommes dans le nord-ouest du pays, là où le paludisme est l’un des plus coriaces au monde, la plus grande précaution s’applique et nous nous réfugions à l’abri des moustiquaires de la Tiny environ une heure avant le coucher du soleil, là où les moustiques sont les plus voraces. Le Laos fait aussi actuellement face à une épidémie de dengue. Il nous faut donc être vigilants.
Nous piochons parmi les plus de 500 épisodes de Ce n’est pas sorcier de notre disque dur et en trouvons un sur le caoutchouc et la culture de l’hévéa. De quoi approfondir ce que nous avons découvert tout à l’heure.
Mercredi 2 octobre 2019 :
– « Bonjour Victor, tu as bien dormi mon amour ? »
– « Oh oui maman, j’ai rêvé qu’on entrait dans un magasin où il y avait des baguettes, du fromage et des lardons français … ».
Encore une grosse nuit réparatrice. Avec la sieste d’hier après-midi, on cumule 26 heures de sommeil au cours des 37 dernières heures ! ça commence à aller mieux. On a vraiment dû tirer sur la corde ces derniers jours en Chine !
On apprécie notre bivouac, assez ombragé et suffisamment en retrait de la route pour ne pas être dérangé alors que nous n’avons juste encore besoin que de calme à part par deux policiers en treillis (et en claquettes !) venus nous voir à notre arrivée avec un large sourire, par quelques habitants étonnés de voir une Tiny ici et venus faire les curieux ce matin (et nous réveiller, sinon on dormirait encore…), et par le propriétaire du parking où nous sommes garés nous expliquant toujours avec le sourire qu’on était sur son terrain, mais que ça ne semblait pas poser problème.
Bon d’accord, ça peut surprendre les locaux de voir une Tiny House dans leurs villages. Ça ne doit pas arriver tous les jours ! Bien que pourtant, notre Tiny soit déjà venue avec ses anciens propriétaires au Laos en 2014. Voici un petit clin d’œil à nos amis La Cabane en cavale à qui nous avons acheté la Tiny et une de leur photo prise au Laos.
Petite parenthèse, François a depuis construit une nouvelle Tiny en taille XL et viennent de terminer un nouveau périple en Amérique du Sud.
Nous continuons la remontée le long de la rivière Nam Tha en traversant encore quelques hameaux avant de faire demi-tour vers la ville de Louang Namtha.
Cette fois-ci, nous nous posons sur les hauteurs de la ville au pied d’un stupa immense, mais qui n’est que le modèle réduit du monument bouddhique Pha That Luang que nous verrons à Vientiane plus tard. Celui-ci a été construit avec les dons des fidèles et des fonds du gouvernement en 2009. Nous y retrouvons les Junarost qui eux-aussi profitent et se reposent sans trop rouler. Enfin, les 8 du convoi chinois sommes à peu près tous dans le même cas. On a tous besoin de repos ! Ce qui fait que quasiment tous sont encore dans le coin, donc on se croise et on boit une BeerLao, la bière locale.
Victor improvise une partie de pétanque avec Robin et Natan. Anaïs discute avec des filles de son âge, aidée de Google Traduction, sous le kiosque et leur montre ses talents de jongleuse. Puis elle cherche des idées de dessins sur Pinterest avant de jouer à la bataille corse avec son petit frère.
On passe beaucoup de temps avec Audrey à profiter d’avoir du temps et du réseau internet pour nous mettre à jour dans notre administratif, nos mails, notre blog.
Jeudi 3 octobre 2019 :
Encore une grosse nuit réparatrice. Puis grosse matinée école avec ce matin des cours de physique-chimie pour Anaïs et maths et littérature pour Victor. Pour moi, c’est opération lessive en profitant du robinet d’eau du parking et du soleil qui ne met pas longtemps à sécher le linge. On verra plus tard pour le repassage.
Je me lance dans une petite coupe de cheveux de mon garçon qui n’a jamais eu les cheveux aussi longs. Il veut le faire maintenant de façon à ce que si je me loupe, ils aient le temps de repousser pour être beau quand son papi, sa tata, son tonton et sa cousine arriveront dans quelques jours !
Encore une journée où on décide de ne pas rouler… On croise les On est tout petit face à la nature puis les BAAM, et on boit encore une BeerLao. On passe encore du temps sur l’ordinateur à passer quelques commandes sur internet qu’on va se faire ramener par la famille, en particulier des guides touristiques sur Israël, la Jordanie… Et oui, ça sent la modification de la suite de notre parcours ! Bon, on a un peu de mal à trouver des guides sur le Pakistan et l’Arabie Saoudite… tant pis, on fera sans. Du coup, nous passons aussi du temps à réétudier la saisonnalité de notre parcours en tentant d’éviter les moussons en Inde, les 45° au Moyen Orient, dans la péninsule arabique et au Proche Orient tout en optimisant au maximum les meilleurs périodes pour voir les animaux en Afrique australe. Difficile de tout concilier. Je crois bien qu’on va avoir très chaud en juillet-août prochains.
Nous surplombons un immense temple bouddhique en construction et financé par la vente de la gomme de latex de la plantation d’hévéas entourant le grand stupa et appartenant à une confrérie de moines.
Les enfants réclament déjà à manger. On les raisonne car il n’est que 15 heures. Mais qu’est-ce qu’ils mangent !
Nous descendons en ville et entrons dans une maison traditionnelle en bois. Après avoir installé les enfants, dans la petite cour autour de laquelle sont réparties les différentes parties de l’habitation, nous montons dans l’une d’entre elles et profitons d’un massage traditionnel lao d’une heure (pour 6€ !). Du bonheur. Puis nous entrons dans un sauna aux herbes. Bon en fait, c’est plus un hammam car je ne vois pas Audrey qui est assise dans un bain de vapeur à 50 cm de moi. Une agréable et forte odeur de plantes aromatiques parfume l’endroit. L’espace mesure 1m² et nous partageons ce moment avec Flora et son compagnon, un sympathique couple franco-indien vivant en Chine et ayant fui la semaine d’or dont je vous parlais précédemment. Nous échangeons dans ce nuage de vapeur, sans se voir, et prenons des infos sur l’Inde pour la suite de notre voyage.
Puis, nous partons déambuler dans le petit marché nocturne de la ville. Peu de marchands mais beaucoup de stands alimentaires. Difficile de comprendre tout ce qu’il y a à vendre et de quel animal il s’agit ou de quel légume. Nous hésitons entre les salades de larves et les brochettes de grenouilles et nous arrêtons finalement dans l’un d’entre eux manger des nems, des rouleaux de printemps et du riz cantonnais pour environ 3€ pour nous 4… La petite dame est bien contente, elle a vendu tout ce qu’elle avait préparé car nous lui avons acheté de quoi manger pour demain. Nous faisons notre dessert sur d’autres stands en achetant des crêpes au chocolat et des bananes grillées et fourrées de noix de coco.
Nous achetons quelques fruits et légumes avant de retrouver le confort de notre Tiny et de retourner sur les hauteurs de la ville près du stupa doré.
Vendredi 4 octobre 2019 :
Après les leçons d’espagnol (« Después el liceo, viajaré un año o más en tuk-tuk con amigos. A continuación, estudiaré las lenguas el español e el ingles. Mi trabajo sera traductora de libros y de artículos. Me gustaría viajar toda mi vida ! En van, a pie, en barco, con un animal un caballo o une burro » écrit Anaïs dans une rédaction) et de littérature, nous prenons enfin la route car on est quand-même dans le secteur depuis lundi ! Ce repos a fait le plus grand bien et nous voilà d’attaque pour reprendre notre cavale.
Mais nous mettons environ 4 heures à parcourir les 120 km qui nous séparent de la ville de Oudomxay. Nous aimerions bien nous poser avant dans un des petits villages. Mais il nous est impossible de trouver une place pour stationner. Tous ces hameaux sont accrochés à la montagne. Les maisons sont construites sur pilotis pour gagner de la place sur le ravin. Il y a très peu de voitures et donc les habitants n’ont pas de place pour permettre le stationnement de nos plus de 7 mètres de longueur. Mais quand nous trouvons de la place, c’est en hauteur que ça ne passe pas à cause de la végétation ou des câbles électriques trop bas. Dommage.
Il me faut redoubler de vigilance quant aux véhicules à 2 ou 3 roues, aux animaux errants, aux trous et aux éboulements sur la route mais surtout aux gamins qui n’ont d’autres terrains de jeux que la route. Le niveau de vie peu élevé fait qu’il n’y a que très peu de voitures au Laos. Par contre, les camions pressés nous frôlent de quelques centimètres dans certains virages.
Nous profitons des paysages verdoyants plantés de beaucoup de rizières et de bananiers.
Malheureusement, beaucoup de ces maisons traditionnelles ont leurs ouvertures condamnées et sont marquées d’un gros tag rouge, signe de leur prochaine destruction pour laisser place à la nouvelle route de la soie en cours de construction par les chinois. La vallée est en profonde mutation. Les habitants continuent à vivre en attendant leur expulsion.
Ils font leur toilette dans la rue. Certains petits enfants jouent nus dehors. Des femmes vendent leur maigre production agricole assises sur le trottoir.
C’est donc à Oudomxay que nous trouvons un parking capable de nous assurer notre bivouac du soir. Je me gare contre une maison et un poulailler en espérant que ses habitants à plumes ne seront pas trop matinaux demain matin. En tout cas, c’est par un grand sourire que je suis accueilli par les propriétaires de la maison où je suis allé frapper pour demander si nous pouvions dormir devant chez eux.
Samedi 5 octobre 2019 :
Les habitants à plumes ont été trop matinaux ce matin. La bonne odeur de pain chaud cuit à la poêle termine de réveiller mon petit Victor alors qu’Anaïs est déjà en train de lire sur sa liseuse.
Nous prenons la route, après s’être approvisionnés en produits frais à des petits marchands en bord de route. Notre cavale nous fait découvrir de fabuleux paysages très verts et très vallonnés. Comme prévu, en chemin, nous retrouvons nos amis voyageurs les PLEM, les BAAM et les On perd pas le sud avec qui nous avons prévu de bivouaquer ensemble ce soir.
Il nous est difficile de trouver un lieu sympa mais finalement, une grande place au cœur d’un petit village 4 (Lee) aux maisons typiques en bois nous accueille. Les regards des locaux sont méfiants pour certains car il faut dire qu’on impressionne un peu avec nos 4 véhicules mais pour la plupart d’entre eux, ce sont plutôt des regards curieux et bienveillants.
La soirée se passe bien jusqu’à ce que la police vienne nous déloger à 22 heures soi-disant pour notre sécurité… On a beau négocier mais ils ne veulent rien savoir et nous proposent de les suivre jusqu’à la cour de l’école. Ça m’agace.
Dimanche 6 octobre 2019 :
Très joyeux anniversaire à moi-même ! Gros câlin tous les 4 dans notre lit et j’ouvre tous mes petits cadeaux et petits mots doux préparés par mes enfants. Je ne peux m’empêcher de partager ce que j’ai ouvert avec beaucoup d’émotion : « papa, je t’écris cette lettre pour te remercier de m’emmener aux 4 coins du monde, parce que j’aime vraiment bien ça. Grace à toi (et à maman), j’ai compris que si je peux le rêver, je peux le faire, et que rêver les yeux ouverts, c’est possible ! Je t’aime bien plus grand que la muraille de Chine. ». Nous sommes avec Audrey tellement fiers d’avoir réussi et de vivre ce rêve au quotidien avec nos enfants, tellement fiers de les faire se réveiller chaque matin dans un nouveau jardin et de vivre notre vie de nomade en parcourant le monde.
Une belle journée s’annonce. Merci en fait aux policiers de nous avoir menés dans cette cour d’école. Le cadre est superbe, à l’ombre de grands arbres. C’est aujourd’hui dimanche mais cela n’empêche pas beaucoup de petits enfants laotiens de revenir à l’école. On s’observe, on rigole, on joue…
On profite du boulodrome pour enchaîner les parties de pétanque. En effet, l’héritage de la pétanque est un héritage de la période historique du protectorat français. Loin du pastis et du sud de la France, il est aujourd’hui un sport officiel qui fait pleinement partie de l’identité laotienne. Le jeu de boules est une fierté nationale. D’ailleurs, certains enfants jouent très bien.
Ce petit village de Lee est adorable. Nous adorons ces petites maisons en bambous tressés. Les habitants sont paisibles et tellement souriants !
Nous allons nous rafraîchir et faire notre toilette à la rivière, comme le font d’ailleurs les locaux.
En direct, nous faisons un petit Skype avec nos amis réunis au Festival des Aventuriers de Tonnay Charente. C’est bien la première fois que 150 à 200 personnes me souhaitent un joyeux anniversaire, surtout à presque 10 000 km de distance ! Nous sommes avec les PLEM, les BAAM, des habitués de ce formidable évènement et nous n’avons loupé pour chacun que les années où nous étions en voyage ! Je vous en avais déjà parlé, mais c’est grâce aux organisateurs Annie et Stéphane Marais que nous en sommes là aujourd’hui. Audrey avait acheté, il y a une dizaine d’années, le livre de leur 4 années passées autour du monde en camping-car et c’est de là qu’avait germé l’idée de « pourquoi pas nous ? ». C’est avec leur festival que nous avons commencé à rencontrer tant de familles voyageuses et que notre rêve est né.
La soirée se passe à merveille entourés de nos amis. Je suis même gâté car ils sortent de leur cave de bonnes bouteilles. Je n’aurai jamais pensé pouvoir boire du champagne pour mes 40 ans !
Puis une partie endiablée de Times Up nous montre les talents (ou pas) de chacun en imitation ou en mime. Clara Morgan faisait partie des personnages à deviner, au même titre que Peppa Pig ou d’autres personnalités politiques ou du show-biz ou de notre entourage… Vous devinerez sur les photos qui nos amis tentent d’imiter.
Lundi 7 octobre 2019 :
Nous pensions avoir compris que les enfants étaient en vacances mais dès 7h30, nous entendons pleins de cris et rires des élèves autour de la Tiny.
La cour de récréation se remplit autour de nos camions. Les instituteurs arrivent et nous assistons à la mise en rang des élèves, au lever de drapeau et certainement à ce qui ressemble à un hymne national. Puis tous les enfants amènent un cadeau à leur professeur. On comprend qu’il s’agit d’une journée spéciale sans trop savoir de quoi il s’agit. La journée est fériée et les enfants rentrent ensuite chez eux vers 9 heures.
Mais auparavant, nous passons un très agréable moment en faisant le tour des 3 classes d’une quinzaine d’élèves environ et leur présentons notre voyage. En échange, ils nous chantent une chanson, nous énumèrent les chiffres en Lao… Audrey a un brin de nostalgie à entendre tous ces rires d’enfants mais décide tout de même de ne pas rentrer pour reprendre une classe mais de continuer son tour du monde…
Nous prenons la route pour à peine une dizaine de kilomètres jusqu’à Nong Khiaw, une toute petite ville à l’ambiance bien routarde avec toutes ses guest-houses, ses petits restos, ses agences touristiques alignées aux abords de la rivière au sein d’une nature verdoyante. Environ 200 km au nord de Luang Prabang, au pied de la « Montagne de la Princesse qui dort ». La population locale est constituée de minorités des plaines, de khamu, de Lao Soung, de Thai Leu.
Rencontre furtive avec Moby Dick World, un sympathique barcelonais en voyage en Mercedes Vario 614 aménagé.
Nous y réservons une belle activité pour demain et chose pas commune, nous allons nous garer dans un camping. En même temps, pour 4€, cela nous permet de profiter de la piscine dans un joli cadre, de faire les pleins d’eau, de prendre des douches… Faut pas se priver ! L’accueil est agréable et nous sommes les seuls clients, avant d’être rejoints par nos amis voyageurs.
En milieu d’après-midi, nous partons faire une « promenade » de 6 kilomètres. Bon, en fait, c’est une difficile rando ! La distance n’est pas énorme mais après à peine 2 kilomètres, nous prenons presque 500 mètres de dénivelés alors que la température dépasse largement les 30°C et que le taux d’humidité est très élevé. Jamais je n’ai autant transpiré. Tous mes vêtements sont trempés de sueur… nous sommes comblés par la beauté de cette jungle où les lianes s’entourent autour des arbres et des bambous.
De plus ou moins gros insectes rampent ou volent autour de nous.
Arrivés au point de vue, nous profitons d’un magnifique panorama sur la ville de Nong Khiaw et la rivière Nam Ou (affluent du Mékong). Mais le soleil commence à décliner et il ne serait pas prudent de rester attendre son coucher car la descente est bien trop abrupte.
Mais nous profitons tout de même au fur et à mesure du retour de superbes lumières rougeoyantes.
Petite parenthèse à présent sur les UXO, qui est une abréviation pour Unexploded Ordnance ou munitions non explosées, qui désigne les charges explosives restées intactes à l’impact, et donc potentiellement dangereuses. Le Laos est historiquement le pays le plus bombardé au monde, ramené au ratio par habitant. Sur les plus de 270 millions de bombes déversées sur le Laos entre 1964 et 1973 par les États-Unis pendant la guerre du Vietnam, 80 millions d’engins sont considérés comme non explosés et contaminent encore 15 des 17 provinces du Laos.
Ces engins explosifs enfouis dans le sol sont mis à jour par le ravinement des pluies et des cours d’eau, ou encore par les travaux dans les champs. Les locaux courent de graves dangers en manipulant ces débris qu’ils pensent inoffensifs ou même en marchant sur une mine antipersonnel non désamorcée. De trop nombreuses personnes ont été tuées, estropiées, depuis la fin de la guerre et continuent à l’être. Des organisations non gouvernementales, lao, américaine et européenne ont entrepris des opérations de déminage pour permettre à ces populations de retrouver une vie normale. Malgré une amélioration récente, entre 40 et 50 nouvelles victimes sont encore à déplorer chaque année, notamment des enfants.
Retour en sueur au camping où nous nous rafraîchissons grâce à une bonne douche, un plongeon dans la piscine et quelques cocktails de mangues mixées (à 1€ !). Repas toujours au camping où la gérante nous sert un bon petit plat de riz pour 1,50€. Mais qu’ils sont doux ces prix laotiens…