621 km parcourus du 6 au 18 septembre 2020
59 816 km parcourus depuis le départ
Dimanche 6 septembre 2020 :
De retour en Autriche depuis hier, nous avons bivouaqué au calme sur le parking des cascades de Frauenbach sur la commune de Lavant. Matinée comme d’habitude consacrée à l’école. Puis Audrey et les enfants partent voir la cascade à un kilomètre du camion.
Nous prenons la route à travers le land de Carinthie, l’État le plus méridional du pays, limitrophe de l’Italie et de la Slovénie. Nous profitons d’avoir déjà la vignette autoroutière pour prendre un petit tronçon nous évitant quelques virages. Le temps grisâtre n’invite pas vraiment à prendre notre temps pour observer le paysage sur le réseau secondaire. Nous arrivons pour notre bivouac à Gmünd où nous passons la fin d’après-midi à dessiner encore des plans de Tiny house et à chercher sur Internet des idées de matériaux, de configurations…
Je prépare la bonne recette de Chocolanie (pâte à tartiner chocolat noisettes) de notre amie Sandra. Je mouds du café avec le vieux moulin à café de ma grand-mère. Nous finalisons un changement de locataire dans notre maison car nos charmants locataires qui s’engagent dans une belle aventure nous ont trouvé une charmante nouvelle locataire ! Audrey passe du temps à peaufiner notre itinéraire jusqu’à Vienne où nous allons retrouver notre famille dans 12 jours. Nous en profitons pour passer quelques commandes à faire livrer chez eux et qu’ils nous ramèneront, en particulier un Guide du routard sur la Tchéquie et la Slovaquie, un autre sur l’Italie du sud et un Lonely Planet sur la Géorgie, l’Azerbaïdjan et sur l’Arménie… cela vous donne une idée de la suite de notre itinéraire… ou du moins de nos envies… Ces dernières ne manquent pas mais ce sacré Covid nous joue bien des tours. Chaque jour, des pays ouvrent ou ferment leurs frontières, se mettent à imposer ou à retirer des mesures obligatoires de quarantaine…
Lundi 7 septembre 2020 :
Le temps est toujours gris mais nous partons marcher dans le bourg médiéval de Gmünd, fondé au 12ème siècle. Fermé par deux portes, il constitue le cœur de la cité. Petites ruelles pavées et places bordées de jolies maisons aux tons pastels, notamment sur la Hauptplatz.
Nous prenons plaisir à lever les yeux, à observer les cours et les jardins des maisons, les œuvres d’art disséminées dans la ville.
La silhouette imposante de l’Alte Burg, le château fort médiéval, domine la petite ville. Des remparts, en partie crénelés, l’entourent.
Quelques kilomètres plus loin, nous marquons l’arrêt dans la ville de Millstatt. La vieille ville située en bordure du lac Millstätter, est toute aussi paisible que Gmünd.
Nous visitons l’imposante abbaye bénédictine fondée vers l’an 1070. Agréable cour bordée d’arcades avec quelques expositions d’artistes.
Puis, c’est quelques kilomètres plus loin, un peu en surplomb de la route longeant le même lac que nous posons notre bivouac. Le soleil n’est toujours pas au rendez-vous. Nous avons rangé les grosses couvertures polaires que nous avions sorties dans les Dolomites car nous sommes bien redescendus en altitude. Les températures nocturnes sont plus douces à 600 mètres qu’à 2000 mètres d’altitude.
Mardi 8 septembre 2020 :
Running matinal d’Audrey qui revient au bout d’une heure avec 10 km effectués le long du lac. Le ciel est encore bas aujourd’hui. Nous rejoignons Döbriach, petite station balnéaire au bord du lac Millstätter See et trouvons un parking désert juste entre deux campings où s’entassent les camping-cars. Nous partons faire une balade de quasiment 10 km l’après-midi en prenant un peu d’altitude. Bucolique parcours dans la végétation de feuillus et de résineux. La vue sur le lac d’une douzaine de kilomètres est agréable. Ses eaux sont transparentes.
Belle fin de journée sur les rives du lac. Nous sentons que nous nous dirigeons vers l’est sans avoir encore changé de fuseau horaire par rapport à la France car le soleil se couche à 19h30, soit une heure plus tôt qu’en France.
Mercredi 9 septembre 2020 :
Nous laissons les enfants au camion et partons en amoureux nous promener dans les bois. Comme hier, nous commençons par longer le petit torrent Gschrietbach. Après quelques détours et quelques dizaines de mètres pris en altitude, nous arrivons dans une verte prairie avec une jolie vue sur le lac. Au milieu de ce champ est installé un banc bien confortable pour profiter de ce beau panorama.
Puis, nous traversons le petit hameau de Glanz avec de jolies maisons bien arrangées.
Nous empruntons le chemin des orchidées. Elles sont violettes. En pleine nature, nous trouvons à disposition des randonneurs des bouteilles de bières. Il suffit de se servir et de mettre de l’argent dans une tirelire. Quelle confiance ! Malheureusement, on n’a pas d’argent sur nous pour étancher notre soif.
Puis de nouveau, un belvédère sur le lac et sur la ville de Döbriach avant de rejoindre les rives du Riegerbach.
Retour, après cette agréable promenade de 7 km, auprès de nos enfants. Nous partons à la plage voisine de Strandbad Sittlinger. Les enfants sont contents de se rafraîchir avec une glace car il fait bien chaud aujourd’hui. Ils passent ensuite deux heures à se défouler dans l’eau du lac.
Troisième nuit au bord de ce lac.
Jeudi 10 septembre 2020 :
De bon matin, les enfants restent dans leur lit et nous commençons à rouler vers Klagenfurt pour espérer y trouver une place sur le parking que nous avons repéré et qui n’a que trois places pour accueillir les camping-cars. Il n’y a pas foule de voyageurs en camping-cars dans le secteur mais la ville est assez touristique. On croise quelques véhicules venant d’Allemagne, un tout petit peu de Suisse. Aucun de France. D’ailleurs, à part quelques vans en Suisse, nous n’avons croisé aucun véhicule immatriculé en France depuis notre départ en juillet.
Jolie vue sur le lac que nous venons de quitter, encore caché dans la brume matinale qui a du mal à se dissiper.
1h30 plus tard, nous trouvons finalement une place gratuite sur le parking d’une résidence HLM avec un parc de jeux, un point d’eau et un petit supermarché juste à côté (ce sera parfait pour aujourd’hui !). Et à deux pas du centre historique vers lequel nous nous dirigeons à pied.
La ville a été fondée au 13ème siècle puis relookée par les architectes italiens au 16ème siècle. Il en reste de belles maisons Renaissance le long des actuelles rues et places commerçantes.
Nous déambulons en passant devant le Stadttheater, bel édifice Art Nouveau construit en 1908.
Un peu plus loin, l’Eglise Stadtpfarrkirche St Egyd est surmontée d’un clocher de 92 mètres de hauteur. A l’intérieur, une belle fresque peinte recouvre la voûte de la nef. Une chaire baroque dorée est considérée comme l’une des plus belles de la province.
Les artères Wiener Gasse et Kramergasse alignent de belles maisons.
Nous arrivons dans le cœur de la ville fortifiée médiévale sur l’Alter Platz. Elle est entourée de belles demeures peintes et ornées de fresques et de balcons en fer forgé. La Colonne de la peste de 1680, en son centre, est ornée d’un croissant surmonté d’une croix qui fait référence à la victoire de Vienne contre les Ottomans en 1683.
Sur la Neuer Platz, la place neuve, un immense dragon taillé dans du schiste en 1590 est l’emblème de la ville. Une statue d’Hercule lui fait face.
Non loin, le Landhauss est le siège du Parlement du land de Carinthie. Il est logé dans un bâtiment Renaissance de la fin du 16ème siècle.
Plus discrète et un peu isolée, la Place Benediktinerplatz abrite le marché.
Pas trop le courage de bouger ce soir de bivouac. Nous sommes en ville mais nous espérons que le bruit de la route va se calmer cette nuit.
Vendredi 11 septembre 2020 :
Le bruit de la route ne s’est pas calmé cette nuit. On commence la journée par un copieux petit déj. De quoi redonner des forces à Audrey après son footing matinal au bord du Lendkanal jusqu’au Lac Wörthersee. Et de quoi donner aussi des forces aux enfants avant de commencer les trois heures quotidiennes d’école.
Nous nous dirigeons vers le land de Styrie au sud-est de l’Autriche. Les Alpes de Lavanttal où nous nous situons appartiennent au massif des Alpes orientales centrales. Les reliefs sont beaucoup moins prononcés. Les plus hauts sommets sont aux alentours des 2000-2200 mètres d’altitude.
Nous arrivons à Bärnbach, réputé pour son Eglise Sainte-Barbara. Elle date de 1952 mais sa décoration extérieure a entièrement été revue en 1988. À la demande du curé, Friedensreich Hundertwasser, architecte et artiste autrichien, a transformé l’église. Il a joué sur les couleurs et sur les matériaux, notamment sur l’emploi de la céramique. Un air de Gaudí en Catalogne ! On adore.
Autour de l’église, il a construit 12 arches symbolisant chacune des grandes religions et cultures : Confucianisme, Judaïsme, Islam, Hindouisme, Bouddhisme, religions africaines, amérindiennes…
Le sol autour de l’église est tout irrégulier. L’artiste a intégré des fragments de céramiques, de verre et de morceaux de pierres tombales.
L’intérieur n’a pas trop été relooké. Hundertwasser a juste réalisé un vitrail en spirale ainsi que le Christ en croix sur une auréole à rayons derrière l’autel en verre rempli de couches de sable.
Nous faisons un petit tour dans la ville où d’autres œuvres artistiques sont exposées dont cette fontaine de Ernst Fushs ou bien cette façade de bâtiment revisitée par Robert Zeppel Sperl.
Bivouac au calme dans un lotissement en travaux. Anaïs se perche dans son hamac, Victor fabrique un cadeau en bois pour sa cousine Elsa, Audrey part marcher dans la campagne.
Samedi 12 septembre 2020 :
J-8 avant l’arrivée de la famille à l’aéroport de Vienne. En espérant qu’ils seront autorisés à passer la frontière. Hier, l’Allemagne et la Suisse ont annoncé des mesures restrictives (quarantaine) à l’entrée sur leur territoire pour les personnes arrivant des « zones rouges » françaises. Autour de nous, la Slovénie et la Hongrie nous sont toujours interdites, bien que des voyageurs aient réussi à entrer en Slovénie ces jours-ci. On croise les doigts pour qu’on arrive à retrouver nos proches.
Et pour la suite de notre voyage, et bien on verra. On se dit que ce n’est peut-être pas prudent de monter en Tchéquie après l’Autriche au risque de ne pas pouvoir entrer de nouveau en Autriche pour aller en Italie, auquel cas on resterait bloqué en Europe du nord pour l’hiver… Ça ne sent pas très bon en ce moment… Il va falloir ruser entre les frontières. L’Iran où on espérait pouvoir aller cet hiver ne délivre plus de visas touristiques alors qu’Oman où on comptait aller, annonce des signes d’ouverture de ses frontières pour début octobre… On garde toujours en ligne de mire la Turquie pour y passer l’hiver. A condition que la condition géopolitique très tendue ces derniers jours entre la France, la Turquie et la Grèce nous le permette. Bref, on passe beaucoup de temps à se tenir informés de cette évolution de passages de frontières. Mais sans stress, on a appris à s’adapter durant notre cavale !
Et depuis une semaine, on avance toujours à un petit rythme, vous avez remarqué ? On se repose de notre activité intense dans les Dolomites et on se prépare à l’intense visite de Vienne la semaine prochaine. Cet après-midi, direction la grande ville de Graz, la deuxième ville la plus peuplée d’Autriche avec près de 300 000 habitants et le double dans son aire urbaine. Elle est située à 150 km de la capitale Vienne dans les derniers contreforts du massif alpin.
Voici comment on nous a vendu cette ville : « Arcades secrètes, cours intérieures Renaissance et façades médiévales : Graz allie un charme méridional à un cadre verdoyant. Une architecture futuriste côtoie ces édifices historiques – et c’est cette variété qui fait de Graz un endroit unique ». Et nous n’allons pas être déçus.
Une nouvelle fois, notre application Park4Night nous permet de trouver un stationnement de luxe, à seulement deux kilomètres du centre historique sur un parking au vert sans aucune nuisance citadine. On se croirait à la campagne. Et nous y laissons notre Tiny en toute confiance. De plus, c’est le week-end et le stationnement est gratuit et illimité. C’est parfait. Les beaux quartiers ne sont pas loin et de beaux immeubles bordent la rue principale du quartier.
C’est en courant que nous parcourons nos deux premiers kilomètres pour arriver avant 15 heures sur la Glockenspieplatz. Trois fois par jour, sur la façade de la très belle maison Gottfried Maurer, la pendule et le carillon se mettent en action. 14h58, nous attendons parmi une foule de touristes et de badauds sans masque (aucun signe d’angoisse liée au Covid dans les rues d’Autriche). A l’heure pile, un couple en bois sculpté haut de 1,50 mètre, habillé en costume local, sort de la lucarne pour danser sur un air de musique populaire. Cette même petite place est entourée de belles maisons.
Belle entrée en matière dans cette ville classée au Patrimoine mondial par l’UNESCO. Nous arrivons sur la célèbre et riche rue Herrengasse. Nous remontons cette belle avenue bordée de somptueux bâtiments. Seul le tramway emprunte cette large artère piétonne.
Nous entrons dans l’Église Stadtpfarrkirche. De style originelle gothique, elle fut baroquisée au 18ème siècle et se vit coiffée d’un élégant clocher à bulbe. Son intérieur est riche. On y trouve une toile du Tintoret (L’Assomption de la Vierge). Sur un des vitraux dans le chœur, on nous fait remarquer la présence de deux sinistres spectateurs : Hitler et Mussolini. L’artiste qui a reconstruit la verrière après les dégâts de la dernière Guerre a renoué avec une tradition médiévale qui consistait à peindre ou sculpter des personnages contemporains dans les scènes bibliques.
Un immense bâtiment jaune borde cet axe. Il s’agit de l’Arsenal que nous visiterons demain.
Dans le prolongement du même bâtiment, prend place le Landhauss. C’est le siège du gouvernement régional. Mais c’est dans la cour aux arcades de ce bâtiment qu’on apprécie plus le style Renaissance qui évoque presque un palazzo vénitien. L’architecte italien a surmonté les arcades de pinacles. Il a décoré le puits de la cour d’un magnifique baldaquin en bronze. Nous observons également l’étonnante gargouille et la pendule sur laquelle la petite et la grande aiguille sont inversées. La petite indique les minutes.
De l’autre côté de l’avenue, la Gemaltes Haus est l’une des dernières maisons peintes de la ville. Elle a été peinte au début du 18ème siècle par un artiste italien. Les cavaliers représentent trois Dieux de l’Antiquité.
Nous arrivons au bout de cette longue rue Herrengasse sur la Hauptplatz. De forme triangulaire, elle est depuis le 12ème siècle, le cœur de la ville. Tout autour, de remarquables demeures avec de belles façades ornées de stucs.
Le bâtiment principal est le Rathaus, l’Hôtel de ville.
Nous bifurquons vers le quartier médiéval et ses charmantes rues, dont la Neue-Welt Gasse débouchant sur la Kapaunplatz, autour de l’Eglise des Franciscains (Franziskanerkirche). L’église du 13ème siècle, avec sa tour clocher (1643) fit partie des fortifications de la ville et servait de poste d’observation militaire. Ce quartier médiéval ravissant nous invite à marquer une pause sur l’une de ses multiples terrasses. Nous sommes déjà sous le charme de son atmosphère très agréable. Partout des terrasses de bars et de restaurants bondées. La proportion d’étudiants dans la population est élevée, correspondant environ à un résident sur six. Et puis la ville est aussi touristique.
Mais Graz est aussi une ville de design. Son bâtiment phare, le Kunsthaus, abrite le Musée d’art contemporain. Cette énorme bulle bleue, aux courbes harmonieuses, munie de hublots, se fond avec les tuiles des toits de la vieille ville. Ce vaisseau spatial datant de 2003 a été construit par les architectes Peter Cook et Colin Fournier.
Un peu plus loin, dans le même quartier et datant de la même année, nous découvrons une autre création futuriste, L’Ile sur la Mur. Une île translucide en forme de coquille composée de verre et d’acier construite par l’architecte new-yorkais Vito Acconci dans un très beau style architectural. Elle se fond tout aussi harmonieusement dans le décor. Alors qu’elle a été construite comme projet temporaire lorsque Graz était Capitale européenne de la culture en 2003, elle est aujourd’hui encore ouverte au public.
Au fur et à mesure de notre déambulation dans Graz, nous apprécions l’architecture moderne de quelques bâtiments.
Nous sommes au pied du Schlossberg, une montagne boisée qui trône au milieu de la ville. Mais son ascension de 123 mètres est au programme de demain. C’est par des galeries construites sous la colline par les nazis que nous passons en dessous. Creusées sur plus de 6 km, ce bunker pouvait abriter 40 000 personnes.
Retour à notre Tiny après cette première belle découverte de la ville de Graz. Quelques autres voyageurs partagent le bivouac avec nous dont un duo de jeunes toulousains et une famille franco-grecque.
Dimanche 13 septembre 2020 :
Nous marchons en direction du sommet du Schlossberg, cette colline dominant la ville de Graz. En ce dimanche, l’ambiance familiale de ce grand parc est fort agréable. Un musicien jouant des airs à la harpe accompagne notre pause méridienne.
De nombreux habitants sont habillés en ce dimanche en tenue traditionnelle. On n’en a pas vu d’autres les autres jours de la semaine.
De l’ancienne forteresse sur son plateau, seule la Tour de l’Horloge, l’emblème de la ville qui date au moins de 1265, est restée entièrement conservée. Sur cette pendule dont le mécanisme date de 1712, les aiguilles sont aussi inversées. Elle est l’un des bâtiments les plus anciens de la ville. Elle abrite trois grosses cloches.
Le puissant bastion de 20 mètres de hauteur et 6 mètres d’épaisseur date de 1544. Il a été construit à l’emplacement d’une forteresse médiévale.
Nous avons un panorama sur toute la ville depuis ce sommet en surmontant les toits de tuiles rouges et les structures plus modernes.
Nous descendons par un escalier de 260 marches construit pendant la première Guerre mondiale par les prisonniers russes.
Petite particularité de la ville de Graz qui sent bon l’ambiance méditerranéenne de l’Italie. Les terrasses de café et de restaurants mettent en avant leurs plats de lasagnes et de pizzas accompagnés de verres de Spritz. Les Vespa ne sont pas très loin non plus, ni les Fiat 500 !
Autre particularité, la vente de cannabis dans les boutiques.
Et enfin, toujours les ventes de journaux en libre service où le client se sert et met l’argent dans la tirelire.
Victor et moi allons visiter le Landeszeughaus, ou l’Arsenal, construit en 1642 pour faire face à l’avancée des Ottomans dont l’Empire menaçait de s’étendre vers l’ouest après avoir déjà conquis les Balkans. Il fut en service jusqu’en 1809, date à laquelle en raison du déclin des conflits armés, toute la défense fut centralisée à Vienne. Ce fut l’un des plus importants dépôt d’armes du monde et le seul subsistant aujourd’hui dans son état originel avec son stock intact : des mousquets, des arquebuses, des pistolets ouvragés et incrustés d’os de bœuf, des baïonnettes, des boulets de canon en pierre polie, des mortiers, des poires à poudre, des moules pour faire fondre les balles, des sabres, des lances, des casques, des côtes de maille, des armures ciselées comme des pièces d’orfèvrerie. Nous ne sommes pas forcément adeptes et passionnés des armes de guerre mais il faut avouer que l’ensemble de ces 32 000 pièces dont 8000 armes à feu est remarquable. Il s’agit de la plus grande armurerie historique du monde.
L’une des plus belles pièces est l’armure d’un cheval du 16ème siècle. Elle est ornementée de gravures.
Le bâtiment en lui-même est magnifique. Il subsiste toutes les étagères et les râteliers servant à ranger les équipements d’infanterie et de cavalerie.
Pendant ce temps, Anaïs et Audrey sont parties visiter au Kunsthaus Graz, le Musée d’art contemporain logé dans l’extravagante architecture moderne que je vous présentais hier. Elles partent avec beaucoup de curiosité découvrir l’œuvre de Bill Fontana, artiste qui a développé une réputation internationale par son expérimentation pionnière du son. « Il a commencé à produire en 1976 des sculptures sonores, c’est-à-dire à utiliser le son comme médium sculptural afin d’interagir avec et transformer notre perception des espaces visuels et architecturaux. Il a réalisé des sculptures sonores pour les musées et des expositions du monde entier, mais aussi installées dans des espaces publics des grandes villes mondiales ». Il s’agit ici de l’exposition « Primal Energies ».
Une fois que nous nous sommes rejoints et après avoir partagé une bière dans le quartier médiéval, nous sillonnons la rue Sackstrasse bordée de beaux palais aux splendides portails et porches. Certaines façades sont ornementées de stucs. Nous entrons dans quelques cours.
Puis, nous continuons par la rue Sporgasse, l’une des plus pittoresques de la ville. De belles maisons avec cours intérieures élégantes de style Renaissance bordent cette artère. Une rue perpendiculaire nous permet de découvrir la plus ancienne boulangerie de Graz (1569) avec une splendide devanture en bois ciselé et marqueté.
La Pauulustor est la porte de ville de l’ancienne enceinte. Quelques vestiges de remparts datent de 1623. L’ancien glacis a été transformé en parc bien agréable où étudiants, familles et sportifs se croisent.
Retour à la maison après cette très belle journée.
Lundi 14 septembre 2020 :
Dernière matinée consacrée à Graz, nous ferons l’école cet après-midi. Nous visitons la Cathédrale Dom St. Ägydius de style gothique tardif. Elle est aussi richement décorée de lustres en verre de Murano, de dorures, de bois précieux marquetés et incrustés d’ivoire.
Juste à côté, l’imposant Mausolée de Ferdinand II.
L’Opéra est voisin de la place du Kaiser Josef Markt, le marché de producteurs locaux.
Nous terminons notre visite de Graz, la ville de naissance d’Arnold Schwarzenegger, par le Jardin botanique (qui n’a rien à voir certes avec le gouverneur de Californie…) qui ne m’a pas passionné mais je m’y attendais ! Mais ma femme était heureuse !
Ce jardin est situé dans un magnifique quartier de très belles demeures, non loin de notre bivouac.
Nous quittons en fin de matinée Graz après avoir rempli notre réservoir de gasoil à 1€ le litre. C’est par l’autoroute que nous rejoignons à 200 km la capitale de l’Autriche, Vienne.
Sur les panneaux de signalisation routière, pas moins de 3 capitales si proches les unes des autres sont indiquées : Prague pour la Tchéquie, Budapest pour la Hongrie et Vienne où nous arrivons mais aussi la grande ville Bratislava pour la Slovaquie,
Bivouac près de l’aéroport… entre une raffinerie et l’autoroute. Mais étonnement, c’est assez calme. Nous partons nous promener en amoureux pour voir le Danube.
Mardi 15 septembre 2020 :
4h30 : réveil très matinal ce matin pour Audrey et moi. Les enfants font un gros câlin à leur maman qui prend toute seule l’avion ce matin. Mais où va-t-elle ? et bien, elle rentre quelques jours faire la connaissance de sa petite nièce Elsa née la semaine dernière. Son petit frère Alexandre et sa belle-sœur Pascale ne sont pas au courant, mais bien entendu, Elsa est dans la confidence ! Audrey reviendra dans 4 jours en ramenant dans le même avion mon papa, ses parents ainsi que ma marraine avec qui nous passerons la semaine prochaine à Vienne. Anaïs et Victor terminent leur nuit dans leur lit pendant que nous roulons vers l’aéroport international de Vienne-Schwechat. Au revoir ma chérie, et fais de gros câlins à Elsa ! Je rentre seul sur le même bivouac pour continuer ma nuit.
Cela fait drôle de se retrouver à trois dans notre Tiny. Nous avons tellement l’habitude de vivre 24 heures sur 24 ensemble sans rarement nous éloigner les uns des autres… La dernière fois qu’on s’était autant éloigné, c’était quand j’avais pris seul l’avion entre la Turquie et la France lors de mon aller-retour express pour aller chercher des pièces mécaniques nécessaires à la réparation de notre moteur qui était opéré à cœur ouvert !
Durant notre petit déjeuner, nous suivons sur internet l’avancée de l’avion. Les enfants aiment bien cela, comme quand je prenais l’avion seul pour des raisons professionnelles.
Puis, c’est à mon tour de m’occuper de l’école des enfants. Bien que j’ai commencé un tout petit peu à aider Anaïs pour quelques leçons de maths, je vais faire au mieux durant ces 4 jours pour qu’ils terminent leur programmation. Au programme, SVT, maths, français, anglais, technologie… C’est bon, je suis fier de moi pour cette première journée d’école, mais surtout de mes deux enfants !
Petit appoint alimentaire au Lidl.
Puis nous prenons la route tous les 3 à l’avant de la Tiny en direction du Lac de Neusiedl, à la frontière entre l’Autriche et la Hongrie, dans la région du Burgenland. D’une superficie de 315 km², c’est le deuxième plus grand lac de steppe d’Europe centrale. Les ¾ sont sur le territoire autrichien, le reste au voisin hongrois. Sa profondeur n’excède pas 1,80 mètre. Du fait de sa faible profondeur, le gel transforme en hiver le plan d’eau en une immense patinoire où les Viennois pratiquent le patinage à voile et de la voile sur glace. Les Championnats du monde de char à glace y ont été organisés deux fois. Le lac est reconnu Réserve de biosphère par l’UNESCO. Le Parc national Neusiedlersee-Seewinkel, est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial. C’est une zone de transition entre l’espace alpin et l’espace euro-asiatique. La majeure partie du lac est entourée de roselières qui sont d’importants abris à biodiversité. Plus de 250 espèces d’oiseaux aquatiques y ont élu domicile : hérons, poules d’eau, canards et oies sauvages, mouettes, sarcelles, cigognes, outardes, aigrettes, etc.
Après avoir trouvé un bivouac sur un parking dans le village de Rust, nous partons avec les enfants découvrir les alentours. Une longue route construite sur les marécages à travers les roseaux avance droit sur le lac. Tout au bout, une marina, des campings, des restos, des locations de bateaux et de pédalos mais on sent qu’on arrive en fin de saison car les immenses parkings sont déserts. Quelques locaux et Viennois viennent se détendre ici. Le soleil est en train de se coucher et nous offre de belles couleurs orangées.
Mercredi 16 septembre 2020 :
Grosse matinée d’école pour tenter de terminer les devoirs que Mamantresse nous a laissés. Quasiment 4 heures mais Anaïs et Victor mettent beaucoup de bonne volonté à faire au mieux.
En fin de matinée, nous partons pour marcher en longeant le lac an direction du village de Mörbisch am See, juste à la frontière hongroise. Bon, on s’attendait à avoir des points de vue sur le lac mais en fait non, tellement l’épaisseur de roseaux et des joncs est dense. Mais nous prenons beaucoup de plaisir à observer et à écouter les oiseaux migrateurs. Certains se réunissent par centaines, voire par milliers, pour former des nuées très importantes. Par moment, ils plongent tous quelques secondes dans les vignes se régaler de grains de raisins juste arrivés à maturité. Certainement un carnage pour les viticulteurs.
Petite pause pique-nique dans un joli cadre avant de repartir et d’arriver à la plage de Mörbisch am See. L’eau est un peu marron, mais nous invite quand-même, Victor et moi à aller nous y rafraîchir. Nous faisons un concours de longueur de cheveux mouillés mais Victor me devance de quelques centimètres.
Retour à notre Tiny après 15 kilomètres parcourus et 7 mètres de dénivelé positif… ça nous change des randonnées dans les Alpes ! C’est décidé, ce soir, j’emmène mon fils chez le friseur. C’est comme cela qu’on appelle le coiffeur dans la langue de Goethe.
Nous continuons à suivre l’actualité de près quant aux ouvertures des frontières et le stress monte un peu pour ce week-end. Audrey et la famille seront-ils autorisés à entrer en Autriche ? On sent que la fermeture est imminente. Aujourd’hui, c’est la Pologne qui a annoncé du jour au lendemain la suspension de ses liaisons avec la France. La Belgique interdit de son côté les voyages touristiques pour les Français venant de zones rouges. La Suisse et l’Allemagne également ajoutent à leur liste de nouveaux départements français où elles imposent un test PCR et une quarantaine. L’étau se resserre.
Jeudi 17 septembre 2020 :
A 1232 km de nous, Audrey fait la connaissance d’une jolie petite princesse ! J’imagine son émotion !
En début d’après-midi, nous partons visiter Rust, cette mignonne localité qui présente un centre ancien au riche patrimoine historique comprenant de nombreuses maisons bien restaurées, sur lesquelles environ 80 cigognes nichent fréquemment en été. En raison de son important patrimoine architectural, la vieille ville dans son ensemble est classée monument historique. Nous nous promenons dans les ruelles autour de la place principale bordée de belles demeures bourgeoises à façades baroques du 16ème au 19ème siècle, mais aussi trois églises, un vieil hôtel de ville, une tour des munitions, un ancien bureau d’octroi. De jolis portails et porches laissent apparaitre des caves à vin.
Puis, la pluie ayant cessé, nous nous dirigeons comme hier, mais cette fois en Tiny, à Mörbisch am See.Victor a envie de se baigner. L’envie passe vite. Enfin, nous sautons quand-même dans l’eau marron mais le vent fort et glacial nous frigorifie en quelques minutes.
Nuit sur le parking pourtant interdit aux camping-cars mais comme nous sommes hors-saison, nous y restons quand-même.
Vendredi 18 septembre 2020 :
Dernière journée avant le retour d’Audrey et l’arrivée de la famille à Vienne. La matinée est consacrée à l’école. Anaïs travaille sérieusement pour son entraînement au brevet de français. Puis l’après-midi, nous rejoignons le petit village bien agréable de Rust où nous étions hier. Les enfants ont envie de profiter de l’aire de jeux voisine des roselières et des marécages d’où s’envolent des milliers d’oiseaux.
Et moi, j’ai envie de retourner une deuxième fois boire un verre de vin à la terrasse d’une des Buschenschänke, ces tables tenues par des vignerons. Car depuis des millénaires, Rust est connue comme étant la ville des cigognes mais aussi du vin noble. On y élève du vin selon des méthodes traditionnelles et ancestrales. Le microclimat dû à la proximité du Lac de Neusiedel, et les qualités du sol créent des conditions idéales pour la production de cépages rouges et blancs. L’ensoleillement dépasse 2000 heures par an et les précipitations sont en moyenne de 700 mm. L’humidité apportée par le lac permet de produire l’excellente spécialité locale, le « Ruster Ausbruch », un vin liquoreux et fruité. En effet, les brumes favorisent l’apparition d’un champignon parasite responsable de la pourriture noble sur les raisins. Et bien, je ne suis pas fan des vins trop sucrés mais c’est vrai qu’il est délicieux avec sa richesse naturelle de 320 grammes par litre ! Aucun sucre ajouté, ce n’est que le résultat des grains confits par la pourriture noble.