497 km parcourus du 2 au 7 octobre 2020
60 704 km parcourus depuis le départ
Vendredi 2 octobre 2020 :
Après avoir passé la nuit sur le bord du Danube. Pendant qu’Audrey fait une bonne matinée d’école avec les enfants, je retourne seul sur le site du camp de concentration de Mauthausen, déjà visité hier, pour approfondir la visite en passant à des endroits que nous n’avons pas eu le temps de voir hier mais que j’ai du coup intégré à mon récit détaillé dans le dernier blog. Audrey regarde avec Anaïs et Victor, le film La vie est belle, l’histoire de Guido et son fils, déportés vers un camp de concentration allemand. Par amour pour eux, leur femme et mère Dora monte de son plein gré dans le train qui les emmène aux camps de la mort où Guido veut tout faire pour éviter l’horreur à son fils. Les enfants sont bien conscients que ce film est loin d’être un documentaire, mais il permet d’aborder ce sujet difficile et les discussions qui en découlent prennent une tonalité particulière sur ce site terrible.
Nous reprenons notre cavale en direction de Linz. L’arrivée dans cette 3ème ville d’Autriche, derrière Vienne et Graz, n’est pas très réjouissante car la ville est industrialisée et les cheminées fumantes des usines et les torchères des raffineries ne sont pas très engageantes. Mais rapidement, nous arrivons près du centre historique.
Après Graz en 2003, c’est Linz qui a eu le privilège d’avoir été Capitale européenne de la culture en 2009, ce qui a donné un nouvel élan à la ville. Linz est d’ailleurs réputée pour son dynamisme culturel. Elle est classée par l’UNESCO comme Ville créative des arts numériques (tout comme Enghien-les-Bains ou Lyon en France).
Mais c’est à son patrimoine que nous allons nous intéresser. Le centre historique de Linz est ravissant, bien qu’il eut sans doute fallu visiter cette ville avant celle de Vienne pour en être vraiment sous le charme. Nous avons aimé mais difficile d’apprécier à sa juste valeur après la richesse et la beauté de la capitale.
Nous longeons tout d’abord les agréables rives du Danube où nous apprécions le mélange architectural entre la vieille ville que nous commençons à deviner et les immeubles plus récents.
Nous arrivons directement sur la Haupltatz, la place principale de Linz. Elle est immense avec ses plus de 13 000 m², ce qui en fait la plus grande d’Autriche et l’une des plus grandes d’Europe. Toute en longueur, elle est aussi très belle, avec ses beaux bâtiments colorés de chaque côté et son imposante colonne baroque de la Trinité, édifiée pour remercier Dieu d’avoir préservé la ville de la peste, des incendies et de l’invasion turque.
La rue Hofgasse nous permet de nous enfoncer dans le vieux centre (Altstadt) et de découvrir de très beaux bâtiments de style médiéval, renaissance et baroque. Nous admirons les façades colorées. L’une d’elle est la maison de Mozart, enfin l’une des nombreuses où a vécu l’enfant prodige.
Impossible de rater le Landhaus, cet énorme bâtiment abritant le gouvernement de la Haute-Autriche. En passant sous son porche, nous accédons à sa cour intérieure et sa Fontaine des Planètes. Dans le même bâtiment, l’Église des Frères mineurs fait partie de notre circuit de visite. Elle date du 13ème siècle.
La longue rue piétonne Herrenstrasse est agréable et animée par de nombreuses terrasses de bars.
Elle nous mène à la Cathédrale de Linz qui est la plus grande église d’Autriche. Haut volontairement de 2 mètres de moins que la Cathédrale Saint Étienne à Vienne, son clocher domine toute la ville. L’intérieur est somptueux avec ses magnifiques vitraux étagés sur deux niveaux. Nous apprécions le mélange des vitraux historiques qui alternent avec des vitraux contemporains.
Nous rejoignons par la rue Landstrasse, la principale artère commerçante de la ville, les rives du Danube. Elle aussi est bordée de jolis palais du 17ème siècle, maisons baroques avec jolis portails et belles cours à arcades, églises. Petit détour par la Pfattplatz, entourée de vieilles boutiques et de ses maisons typiques à trois étages.
Retour à notre Tiny où nous décidons finalement de rouler ce soir pour espérer avoir un bivouac un peu moins bruyant.
Mais il est trop tard pour rejoindre notre prochaine étape (Salzbourg) ce soir. Nous sortons donc de l’autoroute en fin d’après-midi et bivouaquons sur la place de l’agréable petit village de Vorch Dorf. Un alpaga nous accueille juste à côté de notre campement.
Samedi 3 octobre 2020 :
Nos petites pauses techniques font toujours partie de notre quotidien de notre vie nomade. Les remplissages d’eau sont assez faciles, comme partout. En Autriche, on les faisait en montagne régulièrement dans les fontaines dans tous les villages. En plaine, on remplit dans les stations-service, dans des cimetières, ou comme ici sur une aire d’autoroute. Ce matin, le vent est assez violent, et nous ne sommes pas trop de 4 pour remplir nos 200 litres : Anaïs tient le paravent, j’actionne la pompe, Victor s’occupe de l’entonnoir et de remplir les bidons, Audrey fait des allers retours pour remplir les cuves… Nous trouvons assez rarement de quoi raccorder notre tuyau d’arrosage du coup, c’est souvent une bonne demi-heure de boulot (voire plus en fonction du débit) pour remplir 40 bidons de 5 litres et de les transvaser dans nos réservoirs… L’autonomie est d’environ 6 jours.
Nous arrivons en milieu d’après-midi à Salzbourg et peinons à trouver une place de stationnement dans cette grande ville, la quatrième du pays (mais avec 150 000 habitants). Finalement, en s’éloignant de 2 km de son centre historique, nous trouvons une bonne place dans un quartier résidentiel dans lequel nous pourrons laisser notre Tiny en toute confiance, comme partout en Autriche.
Nous partons découvrir la ville de Mozart en longeant la rivière Salzach. Aussitôt, nous sommes sous le charme de cette ville inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cernée de falaises abruptes, entre deux collines, Salzbourg est nichée dans un écrin de montagnes aux pieds des Alpes.
Mais pour mieux appréhender la ville, nous partons d’emblée au-dessus de la ville sur le Mönchsberg, une colline qui domine tout le panorama de Salzbourg. D’un coup, après avoir franchi les remparts et s’être élevés de quelques dizaines de mètres, nous nous retrouvons en pleine forêt. Que c’est bon d’avoir toute cette verdure qui nous entoure alors que nous sommes dans le cœur de la ville.
Les enfants apprécient les aires de jeux et nous trouvons un Stuppa bouddhiste.
Nous contournons la colline et avons un point de vue sur différents quartiers de la ville, en particulier celui du Nonntal avec ses maisons et immeubles à l’architecture contemporaine qui se mêlent aux maisons bourgeoises.
Mais c’est au-dessus des toits de la ville baroque que Salzbourg semble toute droit sortie d’un conte de fées. Salzbourg prend toute sa splendeur avec ses nombreux dômes et clochers d’églises, ses maisons pastel et sa rivière Salzach d’un vert bleuté.
La ville est dominée par un autre sommet, le Festungsberg sur lequel trône fièrement et avec beaucoup d’allure la forteresse HohenSalzbourg. L’édification de ce qui est devenu l’emblème de Salzbourg a commencé à partir du début du 11ème siècle et a pris 5 siècles. HohenSalzbourg est la plus ancienne place-forte d’Europe intégralement conservée.
Le Musée d’Art moderne se situe au-dessus des toits du vieux centre de la ville.
Nous rentrons à la Tiny après ce premier aperçu qui nous rend impatients de découvrir demain le charme de la vieille ville.
Dimanche 4 octobre 2020 :
Par ce beau dimanche ensoleillé, Audrey part courir le long des rives. Par hasard, elle se trouve rapidement sur une portion du trajet d’une course organisée par la ville. Elle ne fera pas le marathon mais sur ses 10 km, entre musique et spectateurs qui applaudissent, l’ambiance est sympathique. A son retour, des riverains nous abordent chaleureusement. Ils connaissent bien la France où ils viennent chaque année en vacances et la conversation mêle mots de français et d’anglais. Ils sont juste désolés de ne pas pouvoir nous faire visiter leur jolie ville car ils sont attendus pour déjeuner chez leurs enfants. Puis nous retournons dans Salzbourg en longeant les rives de la Salzach. Nous apprécions l’ouvrage architectonique de la Centrale électrique Sohlstufe Lehen ainsi que les bâtiments à l’architecture plus contemporaine.
Nous voici de nouveau dans le centre historique. Salzbourg est le point de rencontre des cultures italienne et allemande, et a joué un rôle essentiel dans les échanges entre ces deux cultures. Le résultat de ce mélange est une ville baroque inspirée par les architectes italiens Vincenzo Scamozzi et Santino Solari. Mais, outre le style baroque, Salzbourg est riche également d’une grande variété de styles architecturaux : Moyen-âge et Renaissance sans oublier les nobles maisons bourgeoises classiques de la monarchie.
L’une des plus belles rues de la vieille ville de Salzbourg répond au nom de Getreidegasse et au surnom de Rue des enseignes. Ce qui caractérise l’architecture des maisons bourgeoises de cette ruelle, ce sont les magnifiques portails et les fenêtres, qui diminuent de taille à partir du 1er étage. Dans cette artère piétonne, s’alignent les chaînes internationales de la mode, des boutiques traditionnelles en passant par les antiquités. Mais le plus remarquable, ce sont toutes ses enseignes de corps de métiers en fer forgé, accrochées aux façades des maisons. La serrurerie Wieber de la Getreidegasse forge, aujourd’hui encore, ces enseignes publicitaires manuellement. Même le Mc Do à la sienne.
Le charme très authentique de cette rue tient aussi à ses nombreux passages à arcades percés sous les maisons anciennes traditionnelles. Ils sont pourvus d’œuvres d’art ou de vitrines de boutiques pour ceux qui les lèchent avec le porte-monnaie bien garni…
Toutefois la Getreidegasse est surtout connue pour les touristes pour son numéro 9. Johannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus Mozart, le fils le plus célèbre de la ville, l’un des plus grands génies de l’histoire de la musique y est né le 27 janvier 1756. C’est au troisième étage dans cette maison que Mozart passa son enfance et une partie de son adolescence avant de déménager dans la même ville sur le Makartplatz. Mozart habitera par la suite à Vienne, où il s’éteindra à l’âge de 35 ans. Sa maison natale compte parmi les musées les plus fréquentés au monde. Le père du jeune Mozart était déjà compositeur attitré de la Cour du prince archevêque et dès l’âge de 6 ans, il emmenait déjà son fils jouer des sérénades et des symphonies devant les souverains et têtes couronnées du Vieux Continent.
Par le petit Passage Roittner non loin de sa maison, nous accédons à la place Universitätsplatz bordée par l’Église de l’université de 1694.
Nous y voyons l’arrière de la Mozart Haus. Devant, une file de personnes qu’on imagine attendre pour entrer dans le Musée Mozart. En fait non, ils font la queue pour entrer chez le glacier. Les Autrichiens sont très gourmands de glaces. Il y a des vendeurs à tous les coins de rues. Nous sommes nous aussi gourmands mais pas au point de faire la queue pour en manger une.
Par contre nous sommes assez gourmands pour nous laisser tenter par la spécialité de Salzbourg. On trouve aussi à tous les coins de rues des confiseries et des vendeurs de Mozartkugel, la traditionnelle boule de chocolat à base de pistache, pâte d’amande et praliné, créée en 1890. Bon, celle qui sont vendues chez LE confiseur origine les vend quand-même à 2,50€ la petite boule. Nous sommes allés chez un confiseur low-cost !
Nous passons devant l’Église Saint-Pierre qui avec le monastère bénédictin du même nom fondé en 696, en raison des nombreuses reconstructions, mêlent les styles roman, renaissance et baroque. Tout juste âgé de 13 ans, c’est pour l’abbé de Saint-Pierre que Mozart a composé la messe de Dominicus.
Nous déambulons dans les allées du Cimetière St Petersfriedhof, où reposent des grandes familles de Salzbourg mais aussi artistes, savants et personnalités autrichiennes connues, dont la sœur de Mozart ou l’architecte de la cathédrale. Adossées à la falaise, les tombes sont abondamment fleuries. Nombreuses d’entre elles sont entourées d’arcades et de grilles en fer forgé. Certaines fresques ont été peintes en 1630 dans certains caveaux.
En ce dimanche, comme nous avions pu l’observer à Graz et à Salzbourg, les nobles ont sorti leur belle tenue traditionnelle. Les hommes sont vêtus de leurs grosses chaussettes et de leurs Lederhosen, ces culottes de peau, extrêmement populaires en Autriche, qui se transmettent de génération en génération.
Nous arrivons sur la Domplatz et découvrons l’édifice religieux le plus important de la ville, la Cathédrale Saint-Rupert. Construite à partir du 17ème siècle, la cathédrale de style baroque est surmontée d’une coupole à bulbes en cuivre. Avec son imposante façade en marbre et ses 2 tours et flèches symétriques, elle fut remaniée suite à un grave incendie en 1598 mais aussi après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. La cathédrale est la première église bâtie dans le style baroque au nord des Alpes. Elle est d’ailleurs considérée comme le monument italien le plus important au nord des Alpes. Les portes en bronze sont remarquables. Dans la nef, nous apprécions la richesse des stucs et les fresques peintes au plafond de la coupole octogonale. Elle a servi de lieu de baptême à Mozart. Plus tard, il y a également officié en tant qu’organiste pendant quelques années. Il composa pour la cathédrale des chants religieux et des sonates.
Nous entrons dans le DomQuartier parsemé de quelques œuvres d’art moderne, comme sur la Kapitelplatz. La Sphère du sculpteur allemand Stephan Balkenhol appartient à la collection privée de la fondation de l’entreprise Würth.
Sur la Residenzplatz, les architectes italiens devaient rappeler la grandeur et la magnificence de Rome. Le bâtiment de la Résidence était l’ancien palais des princes-archevêques tandis que la Neue Residenz accueillait les hôtes princiers de passage. Au centre de la place, la fontaine Residenzbrunnen date de 1658. Un beffroi abrite le célèbre Glockenspiel, un carillon à 35 cloches.
Les ruelles (Judengasse, Goldgasse, Kaigasse, Linzergasse, Steingasse) et places romantiques se succèdent comme l’Alter Markt ou la jolie Waagplatz. C’est le quartier plus bourgeois. Vieilles boutiques, cafés sympathiques, bonne ambiance.
La Mozart Platz abrite en son centre bien entendu une statue du compositeur.
Nous arrivons de nouveau sur les berges de la rivière Salzach que nous traversons par la passerelle Mozartsteg (oui, encore lui…) et changeons de quartier. Là encore, les maisons sont remarquables. Certaines datent du 12ème siècle. Nous errons un peu dans ce vieux quartier.
Nous prenons un peu de hauteur en grimpant le Kapuzinerberg, le Mont des Capucins, par une ruelle bien pentue et ponctuée de chapelles d’un chemin de croix. Sur ce mont boisé, vivent des moines cloitrés mais aussi des chamois en liberté car c’est une réserve naturelle en plein cœur de la ville.
Superbe panorama sur la vieille ville car nous sommes au niveau de la ligne des toits de Salzbourg qui se détache sur un horizon de montagnes qui commencent à blanchir. La vue sur la vieille ville est exceptionnelle par la profusion de flèches et de dômes eux-mêmes dominés par la forteresse de HohenSalzbourg. Les lumières de cette fin de journée sont magnifiques.
Retour à la Tiny sans avoir oublié de récupérer notre panier bien garni dans une boutique. Nous avons une application sur notre téléphone qui nous permet d’acheter les invendus de la journée (souvent dans des boulangeries) au tiers du prix normal. On adore le principe de lutter contre le gaspi et d’avoir la surprise du panier…
Lundi 5 octobre 2020 :
Nous allons visiter le Flugzeugmuseu dans le Hangar-7. Un des emblèmes architecturaux de Salzbourg directement situé sur les pistes de l’Aéroport Mozart (encore lui). 1200 tonnes d’acier et 7000 m² de verre en forme d’aile composent cette œuvre d’art de 14 mètres de hauteur. Le bâtiment est remarquable.
Il abrite une magnifique collection d’avions, d’hélicoptères et même des voitures de course. Collection privée appartenant à Didi Materschitz, un homme d’affaires autrichien propriétaire de la marque de boisson énergisante Red Bull mais aussi d’écuries de Formule 1, d’équipes de football… Mon petit Victor est aux anges devant ces avions de chasse, ces hydravions, ces avions historiques avec leurs carlingues en alu brillant, ces avions de voltige, ces avions à double queues ou double ailes.
Nous sommes aussi impressionnés par l’équipement volant de Felix Baumgartner. En 2003, cet Autrichien est le premier homme qui a traversé en chute libre les 35 kilomètres de la Manche entre Douvres et Calais en 14 minutes après un saut à 9750 mètres d’altitude, à 350 km/h. Sa combinaison spéciale lui permettant d’affronter une température inférieure à -40°C était équipée d’un aileron triangulaire aérodynamique en fibre de carbone, une bouteille d’oxygène et un parachute fixé sur son dos.
Nous roulons vers la région autrichienne du Salzkammergut au cœur de forêts, prairies et montagnes. Que c’est bon de retrouver un peu de relief après les régions de plaines de la vallée du Danube. Nous arrivons au bord du Lac Wolfgang près duquel nous avons du mal à bivouaquer car tous les parkings sont interdits de stationnement nocturne aux camping-cars. A peine garés sur un superbe bivouac, on se fait virer par un habitant du coin. Finalement, à force de tourner, nous en trouvons un où aucun panneau n’interdit de rester, ce qui est bien surprenant. On verra bien si on se fait virer.
Mardi 6 octobre 2020 :
Ce matin, je suis comblé de tant de messages et de cadeaux de mes proches pour mon anniversaire ! Que c’est bon de recevoir les petits bricolages de mes enfants. Nous avons instauré qu’il n’y avait pas école les journées d’anniversaire.
Nous partons donc juste après le petit déj’ randonner pour une douzaine de kilomètres. Dans une atmosphère paisible et un calme absolu, nous marchons dans la campagne au milieu des fermes surplombant le lac qui compte parmi les plus clairs d’Europe. Les paysages culturels environnants sont classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO.
C’est un plaisir, avec ce grand soleil de profiter des bords du lac et de voir de magnifiques maisons ou cabanes qui ont les pieds dans l’eau.
Nous visitons le village de Saint Wolfgang, entièrement piéton, où nous prenons plaisir à trainer. Les balcons débordent de fleurs. C’est une haute destination touristique en Autriche mais encore une fois, nous sommes parmi les seuls touristes à pouvoir profiter de cet endroit enchanteur. D’habitude, chaque matin, des dizaines de cars déversent des centaines de touristes dans ces minuscules ruelles. Nul doute que Wolfgang doit perdre de son charme.
L’église paroissiale est réputée comme lieu de pèlerinage mais aussi pour ses deux remarquables retables. Un véritable travail d’orfèvrerie et de ciselure de style gothique et baroque.
Nous marchons dans les bois en direction du Lac Schwarzensee que nous atteignons après avoir grimpé 400 mètres de dénivelé. Nous apprécions les couleurs d’automne qui arrivent.
Retour les ventres creux à 14 heures à la Tiny. Puis après avoir rassasié les ventres de nos enfants, nous faisons route vers Hallstatt.
Accroché au versant escarpé d’un contrefort du Dachstein plongeant dans les eaux du Lac Hallstättersee (le lac le plus méridional et le plus froid du pays), Hallstatt est considéré comme l’un des plus beaux villages d’Europe. Il offre effectivement une véritable image romantique de l’Autriche. Les jolies petites ruelles du village sont si étroites et si raides que tout le centre est réservé aux piétons. Nous découvrons ce village où le temps semble s’être arrêté. Les vieilles maisons aux tons pastels et aux balcons en bois, les venelles tortueuses, les nombreux escaliers, la petite place du marché, les maisons sur pilotis avec leurs garages à bateaux sont ravissants.
En prenant un peu de hauteur, nous découvrons de superbes points de vue.
L’église surplombe la ville et son cimetière a ses tombes bien décorées et fleuries. Une vieille tradition est encore perpétuée par les villageois. Les personnes décédées reposent environ une dizaine d’années dans leur tombe, puis le crâne est prélevé pour être exposé dans un ossuaire après avoir été peint et décoré avec différents motifs, chacun ayant sa signification. Le nom et la date du décès sont également indiqués sur le crâne.
Mais encore une fois, nous pouvons apprécier pleinement ce lieu simplement grâce au Covid. Jusqu’en 1960, Hallstatt était un havre de paix, accessible uniquement par bateau. Mais depuis, les routes ont été construites. En 1997, Hallstatt est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, propulsant l’image touristique du village. En 2006, le flux massif de touristes a commencé suite à la mise en avant du village dans un salon des vacances en Corée du Sud. Mais surtout, le village a été proclamé « ville la plus instagrammable du monde » en Asie. Selon les Asiatiques, Hallstatt a même servi de modèle à la ville fictive d’Arendelle dans le dessin animé de La Reine des Neiges de Disney. Un milliardaire chinois a été tellement impressionné par Hallstatt qu’il l’a fait reproduire à l’identique à Huizhou dans le Sud de la Chine, en dépensant un milliard de dollars ! Après avoir photographié l’original sous tous ses angles, il a réussi à cloner le village autrichien en 2012…
Il n’en fallait pas plus pour que Hallstatt soit envahi par les touristes, venus en majorité de Chine, du Japon, de Thaïlande et de Corée du Sud. Peuplé de 770 habitants, le village reçoit quelque 10 000 touristes par jour et attire ainsi six fois plus de touristes par habitant que Venise, destination déjà ultra touristique. A tel point que le maire du village idyllique de Hallstatt supplie les visiteurs de ne plus venir, par crainte que ce décor de conte de fées ne survive pas au tourisme de masse. Il a décidé de limiter le nombre de bus autorisés à entrer à 54 par jour et à ne stationner pas plus de deux heures. Et connaissant la discrétion et le manque de respect des Coréens et des Chinois sur les sites touristiques, nous comprenons l’exaspération des villageois. Nous les avons tellement côtoyés à prendre des selfies à tous les coins de rue, à faire survoler les drones, à poser pour leurs photos de mariage… Les villageois se plaignent même de leurs regards indiscrets dans leurs intérieurs de maison, de leurs intrusions dans les jardins pour s’asseoir sur les bancs ou même celles dans les maisons pour utiliser les toilettes ! De plus les habitants n’en profitent même pas financièrement car les touristes ne passent pas la nuit, ne mangent pas et semblent seulement venir ici pour prendre quelques photos et selfies, et repartent sans même avoir dépensé d’argent.
Bref, on a eu cette chance d’apprécier ce village redevenu calme et charmant, le temps des mesures sanitaires. Les seuls passants que nous avons croisés étaient les villageois qui nous saluaient avec un sourire.
Nuit au bord du lac en s’éloignant un peu des parkings interdits aux camping-cars. Belle soirée anniversaire. Et oui, même en Tiny, on peut manger une raclette et faire flamber des pommes caramélisées !
Mercredi 7 octobre 2020 :
Alors que nous comptions rester encore deux ou trois jours en Autriche, le temps pluvieux annoncé pour la semaine nous décide à quitter ce merveilleux pays où nous avons pris beaucoup de plaisir. Nous avons adoré sa richesse culturelle à travers les superbes villes d’Innsbruck, de Graz, de Salzbourg, de Vienne, sa variété de paysages en particulier dans les Alpes qui nous ont permis de faire de magnifiques randonnées, ses lacs de plaines, ses cascades, ses petits villages médiévaux, ses nombreux sourires et quelques rencontres avec des locaux, sa douceur de vivre semblant régner partout dans le pays, son Histoire qu’elle soit devenue légendaire en suivant les pas de l’impératrice Sissi ou faisant froid dans le dos avec ses camps de concentration, ses petites douceurs sucrées… Nous avons eu la chance d’avoir un magnifique temps, plus chaud que d’habitude à cette même période, et surtout de visiter l’Autriche sans touristes en raison de la situation sanitaire où les frontières restent fermées pour beaucoup de monde… Nous avions prévu de passer 3 semaines en Autriche, nous y aurons passé le double. Merci l’Autriche !
Sous un temps exécrable, nous filons vers le sud, vers un pays dont on ne sait pas s’il nous laissera entrer, la Slovénie. Bien que les conditions d’accès aient tout récemment été un peu assouplies. Les autorités slovènes, si on a séjourné dans les 14 derniers jours dans des territoires placés en liste rouge (ce qui est le cas de la région de Vienne), imposent un test PCR négatif délivré depuis moins de 48 heures. On verra bien…
200 km principalement sur autoroute. La moitié sous la pluie et après avoir changé de vallée par un long tunnel de 8 km, le soleil arrive. Nous repassons dans la région de Villach où nous étions déjà passés il y a un mois. Mais cette fois-ci, les sommets pas très hauts sont enneigés. Il est temps de changer de latitude et de descendre chercher quelques degrés plus au sud.
Puis, c’est par une petite frontière que nous décidons de passer, non loin de l’Italie. Une courte mais très raide montée à 18% fait un peu souffrir la Tiny mais nous parvenons à franchir ce col de Wurzenpass qui nous mène à 1070 mètres d’altitude au poste de frontière de Krainberg-Podkoren. Les douaniers occupés avec un autre véhicule en sens inverse ne nous font pas signe de nous arrêter. Ouf, nous voici en Slovénie, le 25ème pays de notre cavale.
Par contre, nous savons que le camping sauvage est interdit en Slovénie et que les bivouacs en camping-cars sont très compliqués, d’autant plus dans les parcs nationaux, comme là où nous arrivons pour les prochains jours. Pour cette première nuit, nous dormons à quelques mètres des douaniers sur le parking d’un hôtel désaffecté.