401 km parcourus du 26 octobre au 1er novembre 2020
61 954 km parcourus depuis le départ
Lundi 26 octobre 2020 :
7 heures du matin, le moteur de la Tiny ronronne déjà, les enfants continuent un peu à dormir dans leur lit et nous quittons la capitale de la Croatie, Zagreb où nous venons de passer les 4 dernières nuits. Petit café tout en roulant, on aime cela. Le départ est matinal car nous voulons profiter de la seule journée de beau temps annoncée cette semaine dans le Parc national des Lacs de Plitvice où nous nous rendons. C’est chose faite 2h30 plus tard où nous arrivons dans un site verdoyant, dans la région de Gorska Hrvatska, entre les chaînes de montagnes karstiques Mala Kapela et Lička Plješivica.
Alors que ce site est le plus visité de Croatie avec un million de visiteurs par an, alors que nos guides conseillent d’arriver à la première heure tout en ayant acheté des billets en avance sur internet, alors que nous arrivons dans le plus ancien des parcs nationaux du sud de l’Europe et le plus étendu de Croatie, alors que le site est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis le mois et l’année de ma naissance, on pourrait s’attendre à voir tous ces nombreux parkings remplis et noirs de monde ! Et bien non, encore une fois, le Coronavirus a au moins ce côté de bon, celui de nous offrir des sites quasiment pour nous tout seuls depuis plusieurs mois ! on ne va pas s’en plaindre… Le fait qu’on soit hors-saison nous offre aussi des tarifs à 80 kunas par personne au lieu de 300 kunas en haute période. Bref, le luxe. Le soleil annoncé toute la journée est un peu en retard à notre rendez-vous matinal mais il va être de plus en plus généreux au fur et à mesure de la journée.
Les Lacs de Plitvice, ou Plitvička jezera, forment un ensemble de seize lacs, reliés entre eux par 92 cascades et des petites rivières tourmentées, sur un dénivelé cumulé de 130 mètres dans un environnement totalement préservé. Dit comme ça, ça fait rêver, mais en réalité, c’est encore mieux que dans un rêve lorsque nous arrivons au cœur de cet endroit magique au milieu d’une forêt majestueuse. 200 km² sur les 300 km² du parc national sont recouverts de lacs.
Les douze premiers de ces lacs sont nommés « lacs supérieurs » (Gornja jezera), les quatre suivants « lacs inférieurs » (Donja jezera). Nous allons commencer par le lac le plus bas (à droite sur la carte) pour remonter au fur et à mesure de la journée jusqu’au plus haut des lacs supérieurs avant de revenir à notre point de départ, tout en prenant un peu d’altitude de temps en temps pour avoir de jolis points de vue. C’est parti pour… 17 km de rando et près de 500 mètres de dénivelé positif ! de l’entrée n°1 au point P3 à pied, du P3 au P2 en bateau, du P2 au ST3 et ST4 à pied, et retour à pied à l’entrée n°1…
Le premier point de vue du haut d’un belvédère est l’un des plus beaux de la journée ! Il surplombe les premiers des lacs inférieurs enserrés dans de profondes gorges. La gigantesque cascade Veliki Slap alimentée par la rivière Plitvica tombe de 78 mètres de hauteur dans un magnifique cirque. C’est la plus haute des cascades croates. Avec deux rivières (la Crna rijeka et la Bijela rijeka) et diverses sources souterraines, elle donne naissance à la rivière Korana. Nous descendons au pied de cette cascade.
Au pied du dernier lac, l’eau a formé un canyon calcaire dont les parois dépassent les 40 mètres de hauteur à travers un relief escarpé.
Les lacs inférieurs sont composés de Novakovića Brod, Kaluđerovac, Gavanovac, et Milanovac et ils concentrent la majorité des chutes. Ils sont profonds de 3 à 40 mètres et ont une superficie allant de 0,7 hectare à plus de 3 hectares. Tous les lacs sont alimentés par une quantité de sources, ruisseaux et torrents. De partout, l’eau jaillit.
Nous les contournons et les suivons par un réseau de sentiers et de pontons en bois superbement aménagés qui passent au-dessus de l’eau au milieu de quelques roseaux qui poussent près des rives.
La formation des lacs créés il y a entre 12 000 et 15 000 ans est due au phénomène des barrières de travertin. L’eau de pluie enrichie de dioxyde de carbone pénètre à travers les fissures de la roche composée de calcaire et de dolomie. En la dissolvant, elle crée différentes formes karstiques, aussi bien superficielles, comme ces barrières de travertin ou d’autres reliefs naturels, que souterraines comme des gouffres ou des grottes. L’eau en s’écoulant dissout donc ces roches, se saturant au passage de carbonate de calcium. Le composé chimique colle aux minuscules algues, aux plantes, aux restes d’invertébrés, aux micro-organismes et aux bactéries qui poussent sur les mousses végétales aquatiques, les recouvrant petit à petit (au taux d’un centimètre par an) pour finir par former les barrières de travertin. L’eau qui s’évapore ou qui perd son dioxyde de carbone lors de turbulences, cause également le dépôt du calcaire aussi sur tout ce qui est immergé.
L’eau qui descend des montagnes coule par-dessus ces barrières, créant des chutes et cascades. Mais ces barrières ont une structure très fragile et leur croissance s’arrête dès que le cours d’eau change suite à la chute d’un arbre ou à la fonte de la glace après la période hivernale. Les influences de la tectonique modifient aussi régulièrement l’ensemble géologique. L’eau de par son action mécanique érode aussi les barrières. Ainsi les Lacs de Plitvice changent constamment de taille et de forme à mesure que d’anciennes chutes d’eau disparaissent et que de nouvelles se forment.
Le cadre enchanteur de ce parc naturel abrite de nombreuses espèces animales et végétales rares comme en témoignent les 250 espèces animales et végétales sauvages qui évoluent ici. On a eu beau chercher pour trouver au moins un ours brun parmi la cinquantaine vivant ici, ou encore un lynx ou un loup, mais ils étaient bien cachés et on ne les a pas aperçus. Simplement un mignon serpent… mais aussi de beaux champignons.
L’automne a déjà bien débarqué, sublimant le feuillage de la végétation composée principalement de hêtres, de charmes, d’érables qui prennent des teintes chaudes, jaunes, orangées et rougissantes. Les sapins et les épicéas gardent leur couleur verte.
Nous prenons un bateau électrique durant une vingtaine de minutes pour traverser le lac Kozjak. Nous accédons ainsi au secteur des lacs supérieurs.
Ces derniers répondant aux noms de Prošćansko jezero, Ciginovac, Okrugljak, Batinovac, Vir, Veliki Jovinovac, Mali Jovinovac, Galovac, Milino jezero, Gradinsko jezero, Veliki et Kozjak. Ils se succèdent dans un relief évasé et avec un dénivelé relativement faible. Contrairement aux lacs inférieurs, la roche est majoritairement dolomitique, légèrement plus dure que le calcaire et moins perméable à l’eau. Ils sont de profondeurs et de superficies variables, atteignant 1 à 46 mètres et 0,4 à 81 hectares. La variabilité de profondeur joue sur la couleur de l’eau les rendant tous différents. Une incroyable palette de verts et de bleus. Lorsque le carbonate de calcium blanc recouvre le fond des lacs, il réfléchit la lumière solaire et le ciel, rendant des couleurs éclatantes qui changent selon l’angle des rayons du soleil et donnant à l’eau ainsi qu’aux minéraux qu’elle contient, cette couleur si particulière.
Nous faisons le tour du Burget qui est une série magnifique de mini lacs s’écoulant par petits sauts. Le réseau des passerelles en bois est formidablement bien aménagé. Nous zigzaguons entre les arbres noyés, traversons ces ruisseaux impétueux. C’est magique, d’autant plus que comme vous pouvez le constater, nous ne sommes que quelques visiteurs à profiter des lieux.
Nous reconnaissons que nous avons beaucoup de chance de le voir aujourd’hui car, c’est certain que selon certaines images trouvées sur d’autres blogs, l’aperçu et le ressenti du parc ne doivent pas être toujours les mêmes :
Les lacs alimentés par les cascades et par de l’eau qui jaillit des reliefs sont tout simplement incroyables de beauté. Les chutes les plus hautes atteignent 30 mètres de hauteur. Certaines barrières de travertin créent un mur de chutes d’eau (Prštavci) sur 200 mètres de long et de plus de 20 mètres de haut.
Nous prenons un peu d’altitude pour avoir une vue panoramique sur plusieurs des lacs supérieurs. C’est splendide !
Retour à notre point de départ en longeant le lac Kozjak traversé en bateau ce matin.
Nous visitons la grotte Golubnjaca, remarquable avec ses deux entrées de 24 et 46 mètres de hauteur et ses 160 mètres de longueur.
Nous arrivons à notre Tiny à la tombée de la nuit, après ces 17 km dans le parc. Nous avons déjà eu la chance de voir des dizaines de parcs nationaux sur différents continents mais celui-ci fait incontestablement partie des plus beaux et si on devait faire un classement, il entrerait certainement dans le top 10 ! Magnifique et inoubliable journée.
Nous rejoignons à une trentaine de kilomètres, à Slunj dans le petit village de Rastoke, Bénédicte et Guillaume, le couple de voyageurs français que nous avions rencontré en Slovénie et que nous avons recroisé par hasard aujourd’hui dans le parc. Oui, le hasard vaut mieux qu’un rendez-vous. Agréable soirée passée en leur compagnie à échanger sur nos voyages (dont le leur en sac à dos mis à l’arrêt comme nous en Asie du sud-est) et sur leur expatriation depuis 12 ans en Australie.
Mardi 27 octobre 2020 :
Charmant bivouac le long de la rivière Korana. Mais quel temps pourri aujourd’hui. Il était annoncé et il est bien là… Journée école, blog, jeux, cuisine, rangement… Nous ne sortons pas de la Tiny de la journée à part bien entendu pour partager une bière avec nos amis voyageurs… bien à l’abri dans leur Banana, un mignon Master aménagé qu’ils ont acheté cet été en France pour poursuivre leur rêve.
Mercredi 28 octobre 2020 :
Nous visitons le charmant village de Rastoke, sous un ciel grisâtre. Il a été construit à l’embranchement des rivières Slunjčica et Korana. Ici, le phénomène géologique est le même qu’à Plitvice. Il génère un joli réseau de bassins, sur un plateau de tuf calcaire. Les maisons en bois, posées sur des piliers de pierre et les moulins à eau ont été étonnement bâtis au-dessus de la rivière Slunjčica au milieu de ses cascades et des innombrables embranchements d’eau.
Nous prenons la route vers la côte en passant par un triste paysage entre les villages de Gornje Primišlje, Mjesto Primišlje et Tržić Tounjski. Les rares maisons isolées sont pour la plupart détruites et criblées de balles et sont les stigmates de la guerre des années 1990-1992. Le secteur des Lacs de Plitvice, a en effet été le lieu du premier conflit armé de la Guerre d’indépendance de Croatie. C’est ici qu’est décédée la première victime et cet événement a constitué le tournant capital de la guerre. Les Serbes, menés par Slobodan Milošević, ont pris la région jusqu’en août 1995 où l’opération Tempête menée par l’armée croate a mis fin à la guerre.
C’est en fin d’après-midi, après quelques pauses techniques (ravitaillement en eau, courses au supermarché…), que nous arrivons au bord de la mer à Opatija en Istrie, région où nous allons passer quelques jours. Nous nous réfugions sur un bivouac situé sur les hauteurs de la ville et dominant la baie de Kvarner.
Jeudi 29 octobre 2020 :
Nous passons l’après-midi à aller faire une grande marche le long de la Mer Adriatique. Il y a fort longtemps que nous ne l’avions pas vue. Même en Vendée, en mars dernier, chez nos amis Marie-Anne et Bruno qui nous permettaient d’atterrir en douceur, suite à notre imprévu et soudain rapatriement d’Asie du sud-est, nous n’en avions même pas profité car elle était au-delà du seul kilomètre que nous imposait les règles du premier confinement. Même en Charente-Maritime, chez nos chers Émilie et Boris, qui eux aussi prenaient bien soin de nous, nous n’avons même pas pris le temps d’aller nous défouler à la mer, bien que libérés du confinement, mais nous étions trop pris à remettre en état notre Tiny house, fraichement débarquée au port du Havre, pour préparer notre nouveau départ de début juillet. C’est donc début mars à Penang en Malaisie, que nous avions aperçu la mer pour la dernière fois durant une heure seulement : c’était le jour où on apprenait que le confinement se mettait en place dans ce pays et où nous cherchions alors à nous réfugier au plus vite dans l’intérieur des terres et en altitude pour échapper à la chaleur du bord de mer… Il faut donc remonter à début février à Phuket en Thaïlande pour nous souvenir des dernières marches pleinement savourées sur le sable et des derniers châteaux de sable sur la plage…
C’est par une belle journée, profitant de la douceur du climat méditerranéen, que nous allons marcher le long de cette belle Adriatique que nous retrouvons avec plaisir. Nous descendons de notre bivouac dans Opatija, la doyenne des stations balnéaires croates. Dans cette ville très mondaine et internationale, séjournèrent dès le milieu du 19ème siècle des rois, des empereurs, des aristocrates, des personnes très riches et des artistes célèbres, notamment de l’Empire d’Autriche. L’impulsion de la ville a été d’autant plus forte grâce à la construction du chemin de fer qui la reliait à Vienne dès 1873. Villas de maître, établissements de cure de santé et hôtels de luxe, furent édifiés dans cette station bénéficiant d’un doux climat. C’est à Opatija que le premier hôtel de toute l’Adriatique a ouvert ses portes il y a plus de 100 ans. Aujourd’hui, ces bâtiments et monuments affichent différents styles architecturaux comme le gothique, la renaissance, le baroque, le classicisme et le vénitien. L’impressionnant bâtiment de la Villa Angiolina ou le grand Hôtel Kvarner témoignent entre autres de la grandeur de cette époque.
Nous faisons une balade de presque 17 kilomètres en marchant sur le Lungomare, cette longue promenade aménagée dès 1900 sur une douzaine de kilomètres. Un peu trop bétonnée, même les plages le sont… mais que c’est bon de découvrir ces petites criques aux eaux cristallines. Elle nous offre des vues inoubliables sur les paysages marins de la baie de Kvarner et ses îles.
Mais cette belle journée est ternie par l’actualité que nous suivons en direct entre annonce d’un nouvel attentat à Nice ou à Jeddah et mise en place de nouvelles règles privant de liberté, de manière aussi soudaine, tous les Français mais protégeant nos ainés à qui nous pensons bien fort. Nous suivons aussi l’actualité internationale, entre fermeture de frontières liée au Covid-19 et surtout le sentiment anti-français qui prend de l’ampleur auprès du monde musulman blessé par les propos tenus par les autorités françaises sur les caricatures du prophète Mahomet, deux évènements qui risquent de remettre en question la suite de notre cavale comme nous l’avions envisagée. Par ces temps troublés qui courent, nous allons ajuster de nouveau l’itinéraire. Mais encore une fois, on a su faire preuve d’adaptation jusqu’à présent et on commence à être rôdé sur les changements de plans !
Nous arrivons à Lovran qui fut aussi longtemps la résidence d’été de l’élite austro-hongroise. Il en demeure de jolies villas sur le Lungomare.
Nous apprécions de visiter le vieux village, avec son port, ses anciens remparts, ses vestiges de fortifications médiévales, ses très étroites ruelles en escaliers, ses passages voûtés, ses maisons aux façades de couleurs vives et aux balcons fleuris, ses chats errants, ses habitants qui parlent fort et qu’on entend depuis la rue, son linge qui sèche aux fenêtres… Un air méditerranéen plane sur ce mignon village. Sur un porche de 1722, est sculptée une amusante tête d’homme barbu et moustachu, appelé le Mustacon.
Retour à Opatija par le même chemin, en faisant quelques pauses créatives sur l’une des rares plages de galets.
Le soleil se couche déjà derrière la statue de La Demoiselle à la mouette du sculpteur Zvonko Car. Placée en face de la mer depuis 1956, elle est devenue un des symboles de la ville.
Oui, 16h50 le soleil se couche déjà. Aussi, nous décidons de changer d’heure de nouveau et de revenir à l’heure d’été. C’est quand même le luxe de ne pas avoir de rendez-vous quotidiens, ce qui exige d’avoir sa montre à l’heure ! Nous décidons donc de vivre au rythme du soleil et de profiter à partir de demain d’une heure de plus de clarté.
Deuxième nuit sur le même bivouac, sur les hauteurs de la ville d’Opatija. Parking payant (mais raisonnable, à 5€ les 24 heures) qui nous permet de jouir d’une belle vue sur la baie.
Vendredi 30 octobre 2020 :
Nous prenons la route en grimpant sur les versants du Parc naturel Učka. En 16 kilomètres, nous voici élevés de plus de 900 mètres par rapport au niveau de la mer. La Tiny est satisfaite de retrouver un peu de difficultés car pour elle, l’Europe, c’est trop facile…
Nous allons tenter de braver l’interdiction de stationner aux camping-cars (comme dans beaucoup d’endroits en Croatie) mais comme nous sommes hors-saison, on espère ne pas trop être embêtés par la police. Et cela nous permet de profiter d’un bivouac de dingue surplombant la baie de Kvarner, avec au loin la ville de Rijeka et tout un chapelet d’îles incroyablement belles.
Nous partons faire une petite boucle de 8 kilomètres le long du Sapaćica Land Art Trail, parsemés de quelques œuvres de land art. La vue sur le côté intérieur de la péninsule de l’Istrie est jolie. Les couleurs automnales de la montagne Čičarija (ce massif montagneux réparti de part et d’autre de la frontière séparant la Slovénie de la Croatie) où nous nous promenons sont encore belles mais commencent un peu à passer par endroit.
Nous allons boire un verre de vin au bar du parking où nous sommes garés. Déco vieillotte, vieux canapé et sympathique musique d’ambiance nous font passer un bon moment entre amoureux.
Le soleil se couche dans notre dos mais les lumières sur la baie sont magnifiques. Bivouac très luxueux ce soir.
Samedi 31 octobre 2020 :
7 heures de notre nouvelle heure, la lumière de l’aube annonçant un merveilleux lever de soleil est incroyable au dessus de la baie et du massif du Gorski Kotar. La vue depuis notre lit méritait bien de braver l’interdiction de stationnement.
Après l’école, chargés de réserves d’eau et de nos pique-niques, nous partons randonner pour grimper sur le sommet le plus haut de l’Istrie, le mont Vojak. La balade est encore une fois magique au milieu des bois et de ce parc naturel. Nous marchons sur des tapis croustillants de feuilles fraichement tombées.
Nous arrivons au sommet à 1396 mètres d’altitude. Superbe vue sur la péninsule de l’Istrie et sur la baie de Kvarner avec sa multitude d’îles.
Retour par un chemin assez escarpé et rendu bien glissant par le tapis de feuilles mortes. Nous passons au pied de très hautes parois rocheuses. Encore une rando de plus de 8 kilomètres avec 513 mètres de dénivelé positif.
De retour au camion, les enfants préparent un petit film effrayant qu’ils envoient à leurs amis en cette soirée d’Halloween. Nous passons une deuxième nuit sur le même parking nous offrant toujours cette vue de dingue qui en plus bénéficie d’un point d’accès wifi ouvert ainsi que d’un point d’eau. Vraiment le paradis pour des voyageurs nomades. Et en plus, il y a un toujours un bar alors là c’est le luxe pour les Mollalpagas en cavale !!
Et en plus, ce soir, nous avons le droit à un lever de pleine lune bleue. Rien à voir avec sa couleur mais c’est le nom donné à ce phénomène qui se produit lorsqu’une année comporte 13 pleines lunes, au lieu de 12 lors d’une année habituelle. Et plus particulièrement quand une seconde pleine lune apparait dans un même mois civil. La prochaine lune bleue aura lieu le 22 août 2021. Où serons-nous ??? Peut-être à ce point-là : 71° 10′ 16″ nord, 25° 46′ 56″ est. En tous cas, on aimerait bien…
Dimanche 1er novembre 2020 :
Après le défi du mois dernier réalisé avec talent, nous voici le premier jour d’un nouveau mois qui rime avec la traditionnelle ouverture de la nouvelle enveloppe au moment du petit déjeuner. C’est l’enveloppe de Manu, mon ami d’enfance avec qui j’allais à la maternelle, qui a eu une idée assez farfelue : « Cuisiner un broyé du Poitou, afin de porter haut les couleurs de votre région. Il faudra donc trouver un four, brasser les ingrédients chez l’habitant. La recette pourra être aménagée avec des ingrédients locaux. Le défi est validé si vous réalisez une vidéo montrant 10 personnes (non françaises, c’est plus rigolo…) qui disent le nom du pays suivi de ‘’aime le broyé du Poitou des Mollalpagas’’. Exemple : ‘’le Maroc aime le broyé du Poitou des Mollalpagas’’ ». Et bien avec ça…
Nous prenons la route pour visiter quelques petits villages dans l’intérieur de l’Istrie. Notre premier arrêt nous fait découvrir un tout petit village de 73 habitants, Boljun, situé sur un promontoire rocheux. Nous errons dans ces ruelles médiévales et les ruines de son château.
Un peu plus loin, nous visitons le paisible village de Hum référencé par le Livre Guinness des records comme « la plus petite ville du monde » avec 17 habitants en 2001. Mais depuis, il y a eu une explosion démographique et la population a quasiment doublé ! Un minuscule village enserré dans ses murailles. Tout mignon.
C’est ici que nous découvrons l’existence de l’alphabet glagolitique, le plus ancien alphabet slave couramment utilisé au 9ème siècle en Croatie, en Bulgarie ou au Monténégro. Ses caractères ont de jolies formes : ⰰ, ⰱ, ⰲ, ⰳ, ⰵ, ⰹ, ⰿ, ⱆ, ⱉ, Ⱛ… Au cours du 10ème siècle, l’alphabet cyrillique avec ses lettres grecques, a progressivement remplacé l’alphabet glagolitique. Mais le cyrillique a gardé après quelques changements certaines lettres étrangères à l’alphabet grec, comme Ж, Ч, Ш, Щ, Џ, З, Ћ, Ђ… Sur la route menant au village, nous nous arrêtons sur un site menant à des sculptures reprenant les caractères de l’alphabet glagolitique.
Sans transition, nous voyons sur le sol d’étonnants turricules de vers de terre, hauts d’une quinzaine de centimètres.
La cavale continue vers la cité fortifiée de Motovun. Les enfants préfèrent rester à l’aire de jeux que d’aller visiter un troisième village pour aujourd’hui… Avec mon amoureuse, nous prenons 130 mètres d’altitude pour grimper dans ce village haut perché dans le brouillard. Jolie déambulation au hasard des ruelles escarpées et grossièrement pavées.
La place Andrea Antico a des allures de piazza italienne avec son puits central, son église et ses jolis palais aux façades colorées d’ocre, de rouge et de jaune.
Un lion de Saint Marc sculpté sur la porte de la ville témoigne de l’ancienne domination vénitienne.
La ville est réputée pour le chemin de ronde circulaire de ses remparts à double niveaux qui datent du 14ème au 17ème siècles. Ils dominent toute la vallée de la Mirna, la forêt et les vignes environnantes mais aussi la ville basse.
Nous apprécions de retrouver des figuiers, des oliviers, des plaqueminiers (je vous laisse chercher ce que ça donne comme fruits…).
Petit plaisir partagé (oui, encore, on est très amoureux) autour d’un bon verre de vin et d’une bonne assiette de spécialités locales dont la truffe.
Petit point Covid-19… et maintenant, on va où ?
Bien que de nombreux pays européens ont annoncé cette semaine de nouveaux confinements et de nouvelles restrictions, nous passons (encore) entre les mailles du filet. Le Ministère des Affaires étrangères français a confirmé que les voyages touristiques ne sont pas autorisés et notre président a ajouté que les frontières extérieures de l’Europe étaient fermées. Or, il semblerait que les frontières de nombreux pays soient encore ouvertes aux Français et quelques voyageurs ont réussi à sortir cette semaine de l’Europe. Le gouvernement français, à lui seul, ne peut pas décider de quels pays acceptent les Français. C’est chaque pays qui décide.
Pour l’instant, on compte vraiment prendre notre temps sur la Croatie, au moins un bon mois, sauf si le froid nous rattrape. Ensuite, sauf si les conditions se durcissent, nous entrerons au Monténégro, en Albanie, en Bulgarie (avec test PCR, qui ne signifie pas « Plan cul régulier » mais « Réaction en Chaîne par Polymérase »). Si ces trois pays ne faisant pas partie de l’Espace européen nous refusent l’entrée, nous aurions toujours la possibilité de rester en Europe et de passer par la Hongrie (qui est officiellement fermée mais qui tolère un transit de 24 heures uniquement) puis de visiter la Roumanie. Ensuite, nous rejoindrons par la Bulgarie, peut-être la Grèce. Pour l’instant, comme dit plus haut dans l’article, nous renonçons à la Turquie, à moins que la situation ne s’apaise. 2020 n’est pas l’année la plus facile pour les voyageurs, mais bon on ne va quand-même pas se plaindre et on savoure notre liberté. Et puis, s’il fallait nous aussi nous confiner dans les semaines à venir, il y a pire que de devoir le faire en Croatie. Et au pire, si on devait rentrer en catastrophe en France, nous ne sommes qu’à seulement 1500 km de chez nous. Et on pourra toujours le faire par la route. Ce n’est pas comme en mars dernier, où on était au bout du monde avec la crainte que l’espace aérien ne se ferme. Mais pour l’instant, encore une fois, la situation sanitaire croate semble sous contrôle, bien que le nombre de cas diagnostiqués augmente de jour en jour. Le nombre de décès depuis le début de la pandémie reste « raisonnable » avec « seulement » 10 à 20 décès par jour actuellement. A suivre… A toutes nos lectrices et à tous nos lecteurs en France, bon courage à vous toutes et tous pour ce confinement…