122 km parcourus du 6 au 17 février 2021
65 435 km parcourus depuis le départ
Samedi 6 février 2021 :
Nous sommes arrivés hier soir à Mombasa sur la côte kényane de l’Océan indien. La journée d’hier a été assez fatigante entre le moment où on a quitté l’extrême ouest du pays et l’île de Mfangano pour rejoindre la deuxième ville du pays après un trajet en moto, deux en avion, un en taxi. Plus d’1,5 million d’habitants vivent dans l’agglomération de Mombasa. Mais la vieille ville occupe une petite île nommée Mvita de 14 km² formée par la confluence de deux estuaires. 75 000 habitants y vivent.
La soirée d’hier ainsi que le petit matin ont été rythmés par les appels répétés à la prière annoncés par les muezzins. Nous sommes entourés de mosquées nous rappelant qu’une forte communauté de musulmans vit ici.
Nous y avons réservé un appartement pour les 4 prochaines nuits, justement sur cette île, en espérant que ce temps sera suffisant pour récupérer notre Tiny qui approche du port de Mombasa aujourd’hui. Matinée à défaire nos bagages, à ranger, à s’installer, à faire l’école… Le confort dans l’appartement est très spartiate, l’équipement assez rudimentaire, la propreté aléatoire (on a vu deux gros cafards)… mais quel luxe par rapport au confort qu’on avait durant notre précédent séjour en Workaway sur l’île ! Nous apprécions d’avoir un vrai lit, une (presque) vraie douche, des (presque) vraies toilettes… Nous apprécions aussi d’avoir une cuisine (même peu équipée) pour cuisiner les fruits et les légumes achetés dans la rue, plus variés que sur l’île de Mfangano.
Bon, nous savions que le confort était très sommaire au vu des commentaires quand on a réservé. Mais nous avons privilégié l’accueil du fils des propriétaires, Hussein, qui effectivement est exemplaire. Après avoir dîné ensemble hier soir pour faire connaissance, plusieurs fois aujourd’hui, il nous rend quelques services en nous emmenant faire quelques courses, retirer de l’argent, changer des shillings en dollars américains… D’ailleurs, pas de bol, je me fais manger la carte bancaire ce matin par le distributeur de billets, suite à une mauvaise manipulation de ma part. Bien évidemment, deux minutes avant que la banque ne ferme pour tout le week-end. On croise les doigts pour pouvoir la retirer dès lundi car, on en a bien d’autres en secours, mais c’est celle de l’unique banque (allemande) pour laquelle nous n’avons pas de frais pour retirer et payer à l’étranger.
En fin de matinée, nous sommes rejoints par nos amis de La grande transhumance de Kika et ses 5 bergers… Vous devez vous souvenir qu’on avait fait la jolie rencontre de Noémie, Julien, Noam, Lucie et Billie en Albanie en décembre et qu’on avait pris la décision commune de nous lancer dans ce projet africain. Nous nous étions retrouvés quelques jours plus tard à Gênes en Italie où nous avions laissé nos deux camions sur le port. Depuis, pendant le temps où nous sommes passés par la France puis avons fait notre voyage en terre inconnue sur l’île de Mfangano, eux sont partis découvrir l’île de Zanzibar en Tanzanie. Nous nous retrouvons donc aujourd’hui dans l’hémisphère sud de notre planète. C’est ensemble que nous allons faire les démarches pour sortir nos deux camions.
Salim, va être le transitaire à qui on a confié la délicate mission de nous faciliter les démarches portuaires et administratives (importation temporaire, formalités douanières, sortie du port…). Nous nous retrouvons donc tous ensemble à l’appartement pour faire connaissance et confier à Salim les originaux de nos passeports et de notre Carnet de passage en douanes (une sorte de passeport pour le véhicule), ainsi qu’un acompte de quelques billets de 100 dollars. Le bateau est censé arriver ce week-end à Mombasa. Salim ne pourra commencer les démarches que lundi matin. Il espère qu’on pourra récupérer nos véhicules mardi ou au pire mercredi prochain.
Après leur départ, nous nous remettons à l’école et à la mise en ligne du dernier article qui me demande quelques heures de travail. Puis Audrey regarde sérieusement au programme de nos visites au Kenya.
Ce soir, cela nous fait drôle de nous retrouver seulement tous les 4 à table. Cela ne nous est pas arrivé depuis plus d’un mois ! Cela fait aussi du bien de retrouver son lit de bonne heure. Et franchement, par rapport à la semaine dernière, c’est confortable de pouvoir prendre une douche avec de l’eau courante (bien que salée à la sortie du robinet), de pouvoir recharger son téléphone quand on le souhaite, de pouvoir s’asseoir sur de vrais toilettes (tant pis pour la chasse d’eau qui ne fonctionne pas), de dormir avec un oreiller et sur de vrais draps et pas la housse plastifiée du matelas qui colle à la peau… Tant pis pour les punaises de lit coincées dans la moustiquaire et qui ont pris l’avion avec nous.
22 heures, le bateau Jolly Perla entre dans le port industriel de Mombasa. Quelle chance nous avons qu’il n’arrive pas avec 10 ou 20 jours de retard comme cela arrive à certaines familles de voyageurs ! Bon espérons juste que la Tiny ait bien été chargée à bord et ne soit pas restée sur le port de Gênes ou descendue par erreur sur une autre escale !! Espérons surtout qu’elle soit en bon état !!
Dimanche 7 février 2021 :
Pendant la rituelle matinée d’école, je pars acheter quelques chapatis dans la rue, ainsi qu’une bombonne d’eau potable, puis tente en vain de recharger le forfait internet de mon téléphone…
L’après-midi, nous partons visiter la vieille ville très calme et paisible de Mombasa. Le comptoir de Mombasa a connu son âge d’or au 15ème siècle quand s’échangeaient ivoire, or et épices contre des vêtements et tissus indiens et de la porcelaine de Chine. A la même époque, le Portugal fut le premier pays européen à atteindre les Indes par la mer pour acheter des épices, sans passer par la route terrestre des caravanes. Vasco de Gama atteint Mombasa en 1497. Mombasa constitua alors à partir de ce moment une escale nécessaire pour les marins. Le patrimoine historique date de l’époque coloniale : les Portugais aux 16 et 17ème siècles, puis les Omanais, puis les Britanniques à la fin du 19ème siècle jusqu’en 1963 où le Kenya a pris son indépendance.
Fort Jésus, un fort édifié par les Portugais à la fin du 17ème siècle servait à protéger l’entrée de la ville. Il est inscrit par l’UNESCO au Patrimoine mondial.
Beaucoup de murs des demeures coloniales (la majorité du début du 20ème siècle) sont faits de pierres de corail mélangés à du mortier de terre et de chaux, selon la méthode traditionnelle de construction des Swahilis. L’influence britannique se retrouve parmi certains toits de tuiles de terre cuite.
Nous passons devant le vieux port, la vieille poste, l’Africa Hotel, la White house, la Leven House, le Mombasa club… tous témoins du riche passé colonial de Mombasa. Les maisons sont assez délabrées et très rares sont celles restaurées. Les balcons sont aussi typiques de l’architecture locale.
Nous découvrons de très belles portes indiennes sculptées.
La mosquée Mandhry a un élégant minaret, pas commun.
Nous aimons bien l’ambiance paisible des ruelles populaires de ce petit village musulman en plein milieu de cette agglomération de plus d’1,5 million d’habitants. Nous croisons de nombreux porteurs d’eau potable.
Petite visite du marché aux poissons.
Nous apprécions cette ville cosmopolite où des personnes de toutes les couleurs se croisent, où dans une même rue on trouve une cathédrale, une mosquée et un temple hindou.
Retour à notre appartement puis, fin de journée autour du bon film Out of Africa tourné au Kenya. Peut-être notre dernière soirée sans la Tiny mais on a peu d’espoir pour l’avoir demain.
Lundi 8 février 2021 :
Première étape de la journée, tenter de récupérer la carte bancaire. Je suis dès l’ouverture de la banque sur place mais la personne au guichet n’a pas l’air de comprendre l’urgence et mon désarroi. Il dit qu’il doit faire intervenir quelqu’un pour ouvrir le DAB et qu’il m’appellera quand ce sera bon… J’insiste, je le supplie, je pleure en disant que je n’ai plus d’argent pour nourrir mes enfants. OK, il me dit de repasser à midi.
Deuxième étape, aller au bureau de l’immigration pour se faire renouveler nos visas qui arrivent à expiration le 13 février en raison du douanier pas sympathique lors de notre arrivée à l’aéroport à Nairobi qui n’a pas voulu nous mettre d’emblée un visa de 3 mois comme on en aurait eu le droit, et comme d’autres voyageurs qu’on a croisés ont pourtant eu. Une fois trouvé le bon bureau dans Mombasa, le préposé ne veut pas m’étendre mon visa en me disant que l’opération se fait en ligne. Je rentre à l’appartement, mais impossible de la réaliser. Grrr…
J’appelle Salim pour prendre des nouvelles. Il est sur le port en train de commencer à faire les formalités mais la Tiny n’a pas encore été déchargée du bateau car la priorité est de décharger les containers. Peu d’espoir pour la récupérer aujourd’hui.
Midi, je retourne à la banque et heureusement, l’agent a retrouvé ma carte bancaire. Il me demande mon passeport. Grrr, c’est Salim qui l’a avec lui sur le port… Je donne mon permis de conduire français. « It’s not your passport ? » « Yes, french passport is like this ». Je ressors avec ma carte.
Après-midi tranquille, à tenter à plusieurs reprises, en vain, de renouveler nos visas en ligne, à espérer que Salim appelle pour nous annoncer une bonne surprise, à refaire une énième fois nos valises au cas où il faille partir rapidement vers le port. Il pleut des trombes d’eau des heures durant. Les rues sont transformées en torrents.
Mardi 9 février 2021 :
Salim retourne sur le port et nous informe que la Tiny a été déchargée hier soir à 22 heures du bateau. Il nous tient au courant dans la journée.
Je saute dans un tuk tuk et je retourne aux bureaux de l’immigration avec mon ordinateur. L’agent ne comprend pas pourquoi l’enregistrement de nos demandes d’extension de nos visas ne fonctionne pas. Puis alors que nous sommes en train de regarder ensemble sur le site, je reçois un appel de Salim qui m’annonce que la Tiny est… en panne et ne veut pas démarrer et qu’il faut vite que je vienne car les agents portuaires l’ont juste descendue du bateau et elle gêne à la circulation !
J’appelle Julien et ensemble, nous nous dirigeons en tuk tuk pour récupérer nos deux camping-cars vers le port de Kilindini, le port maritime le plus important de l’Afrique de l’Est. Nous retrouvons Salim vers 10 heures qui nous emmène au pied du bateau, un monstre des mers ! Le Jolly Perla dont nous suivons la progression plusieurs fois par jour sur Internet depuis plus de trois semaines est à quelques mètres de nous.
Quel soulagement en voyant nos deux bébés qui n’ont pas l’air d’avoir été visités durant la traversée !
Autre soulagement pour ma part, en voyant que la Tiny ne démarre pas juste parce que le voltmètre indique une tension de 5 volts. J’avais pourtant scotché sur le pare-brise bien en évidence un papier écrit et traduit en italien, en anglais et en swahili où je demandais aux personnes déplaçant la Tiny de couper la batterie avec le gros interrupteur coupe-batterie rouge… J’ai en effet une micro perte de tension et durant la traversée, la batterie s’est déchargée car l’interrupteur n’a pas été coupé. Ce n’est pas grave, avec des câbles branchés sur la batterie d’une voiture à la batterie trop faiblarde puis sur celle du gros 4×4 de Salim, la Tiny ronronne de nouveau.
J’ausculte de près la Tiny. Bizarrement, la vitre de la cuisine est ouverte. Bizarrement, l’une des deux serrures de la porte d’entrée n’est pas verrouillée. Bizarrement, un tournevis bien caché dans un longeron du châssis a été enlevé (donc quelqu’un s’est délibérément couché sous la Tiny pour le récupérer) et je le retrouve posé sur mon tableau de bord. Bizarrement, une feuille d’un petit cahier disparu dans le camion de nos amis se retrouve sur mon tableau de bord… Mais bon, le principal est que malgré ces petits mystères, personne n’est rentré dans la Tiny, rien n’a été forcé, rien n’a été visité. Il en est de même pour le camion de nos amis Noémie et Julien qui retrouvent aussi leur bébé en parfait état.
Salim poursuit son passage dans différents bureaux sur le port. Nous sommes rassurés par le fait qu’il connaisse bien son boulot et les différents interlocuteurs. Du coup, tout s’enchaîne assez rapidement, en quelques heures. Pas de contrôle des douaniers à l’intérieur de la Tiny. Heureusement car ça n’aurait pas été simple car tout est entassé dans la chambre d’Anaïs. On se fait juste contrôler une dizaine de fois le numéro de châssis par différentes personnes, une bureaucratie qui exaspère même Salim.
Après être passé dans un énième bureau, il revient vers nous en disant que nous devons rallonger de 200 dollars chacun pour payer les frais portuaires qui sont plus élevés que ce qu’il avait estimé. Ce qui semble d’ailleurs être exact car il nous montre la facture pro-forma qu’il doit aller payer à la banque avec des frais de 680 dollars au lieu de 480 dollars. Nous insistons. Il insiste mais finalement renonce quand on lui dit qu’il a tout avantage à ce qu’on lui laisse un bon commentaire sur sa prestation au sein de notre communauté de voyageurs. Il retrouve le sourire.
15 heures, un ultime contrôle du numéro de châssis et la dernière porte du port s’ouvre !
Que c’est bon de se retrouver au volant de ma Tiny ! Mais il me faut conduire seul dans la circulation aussi dense qu’anarchique de Mombasa pour retrouver les miens dans l’hyper centre. La conduite à gauche ne facilite rien. Il me faut m’y habituer de nouveau après avoir déjà conduit à gauche en Thaïlande et en Malaisie. Mon klaxon en panne ne facilite pas la tâche non plus. La caméra de recul que j’avais démontée pour la traversée non plus…
15h25, je retrouve Audrey et les enfants qui ont déjà fait plusieurs allers et retours depuis l’appartement avec les lourdes valises qui sont au bout de leurs vies.
Nous courons, par plus de 30°C et un taux d’humidité élevé, vers les bureaux de l’immigration qui ferment dans 5 minutes pour tenter d’en repartir avec nos passeports tamponnés. Audrey, ce matin, est déjà venue seule là où j’étais déjà venu hier deux fois et une autre fois ce matin également. Mais l’agent ne l’a pas plus aidée. Cette fois, il nous aide à comprendre l’utilisation de leur site vraiment pas simple et nous laisse son WhatsApp en cas de besoin. OK, maintenant, on a compris et on devrait arriver à s’en sortir tout seuls !
Dans notre Tiny sans dessus dessous, nous peinons à entrer tous nos bagages dans le couloir, occupé par les encombrants débords de toits démontés pour la traversée.
Nous roulons vers le sud pour vite sortir de la ville et rejoindre un bivouac conseillé par nos amis les Un tour à cinq. Mais avant de retrouver cet endroit paradisiaque, il nous faut péniblement sortir de la ville, puis prendre le transbordeur de Likoni pour traverser un bras de mer de 500 mètres de largeur, puis se frayer un chemin parmi les milliers de piétons autour de nous. Puis premier plein de gasoil à environ 0,70€ le litre.
On passe rarement inaperçus avec la Tiny mais là, les passants sont vraiment interloqués par cette maison qui roule. Ils éclatent de rire en nous demandant : « Is it a car or is it a house ? »… Les policiers aussi et ils nous arrêtent trois fois de suite en 5 kilomètres pour un simple contrôle de papiers, enfin surtout pour la curiosité…
Une trentaine de kilomètres au sud de Mombasa, une piste nous emmène droit vers l’Océan indien. Et là, l’endroit si bien vendu par les Un tour à cinq, nos amis voyageurs nous devançant de quelques pays en Afrique, se révèle être effectivement un petit coin de paradis ! Nous nous garons à l’ombre des cocotiers et des baobabs au ras de la plage de sable blanc, face à l’océan où les vagues s’éclatent sur la barrière de corail à 200 mètres au large… Il fait 30°C mais la température devrait baisser cette nuit à 26°C…
Le Tigwa lodge sur cette plage de Tiwi est le repaire de voyageurs au long cours. Nous faisons connaissance avec un Autrichien voyageant par étapes deux à trois mois par an en Afrique au volant de son 4×4, un Sud-Africain semblant vivre ici depuis 6 ans, un Allemand overlander mais sans son véhicule en ce moment, et aussi un couple Franco-sud-africain dont le camion a été fraichement débarqué à Mombasa il y a 8 jours. Mais Hannari et Erwan n’ont pas eu notre chance et leur camion (après 6 semaines en mer depuis Anvers) a été visité durant leur traversée et beaucoup d’affaires leur ont été dérobées : outillage, matériel de camping, matériel électronique… On savoure encore plus notre chance d’avoir retrouvé notre Tiny en parfait état.
Nous pouvons enfin sortir dehors nos encombrants débords de toits, nos grosses valises et nous vidons la chambre d’Anaïs pour qu’elle puisse y dormir ce soir.
Que c’est bon de rentrer à la maison et de retrouver le confort de son lit.
Mercredi 10 février 2021 :
Il fait déjà 30°C dans la Tiny au réveil. La température n’a pas baissé cette nuit mais heureusement, il y a toujours une bonne brise.
Une grosse journée commence pour redonner à notre cocon une allure normale. Plusieurs heures aujourd’hui à tout ranger, à vider nos quasi 80 kg de bagages qui nous suivent depuis qu’on avait abandonné notre Tiny sur le port de Gênes. Dans nos 10 m² de surface habitable, partagés à 4, chaque chose a une place et chaque place a une chose. Du coup, petit à petit, nous arrivons à tout ranger, à tout nettoyer…
Le campement idéal permet à Anaïs et Victor de pouvoir pendant ce temps profiter des extérieurs, de passer du temps dans leur hamac, de bricoler avec leur matériel qui leur avait manqué pendant plus d’un mois.
Je passe encore deux heures sur Internet et à échanger avec le gars de l’immigration par WhatsApp pour comprendre l’utilisation de ce fichu site pour faire l’extension de nos visas. Finalement, je parviens enfin à soumettre nos deux demandes d’extension de visas (les enfants en sont dispensés au Kenya). Il n’y a plus qu’à attendre la réponse du ministère à Nairobi en espérant qu’elle arrive vite car nos visas expirent dans trois jours.
La journée se termine et on n’a pas encore terminé de tout ranger mais ça a bien avancé quand-même. Il faut continuer à trouver une place à chaque chose. Nous rangeons bien au fond des placards les vêtements d’hiver, les chaussettes en laine, les couvertures polaires… La Tiny ressemble de plus en plus à notre petit cocon…
Jeudi 11 février 2021 :
Que c’est bon d’avoir eu le sommeil bercé par les rouleaux des vagues de l’Océan Indien, celui qu’on avait vu pour la dernière fois en Thaïlande et qu’on aurait dû revoir en Inde et sur l’île de la Réunion si le Covid-19 n’avait pas pointé son bout du nez l’an dernier…
C’est reparti pour du rangement à l’intérieur, mais aussi dans les soutes, dans le compartiment moteur, sous le châssis… Je démonte la cloison de séparation entre la cellule et la cabine durant le shipping. Je remonte la tôle de protection sous le moteur qui me sera déjà bien utile pour ressortir du campement et pour passer quelques passages bien défoncés sur la piste. Nous remontons les débords de toitures qui nous ont fait économiser quelques centaines d’euros pour le shipping en gagnant 25 cm de chaque côté, donc quelques mètres cubes en moins car le prix se calcule au cubage du véhicule.
Ça y est, la mission est remplie et la Tiny est opérationnelle. Nous pouvons enfin profiter de ce campement de rêve, en allant marcher à marée basse jusqu’à la barrière de corail et observer quelques animaux marins…
Mais aussi quelques singes (des Vervets bleus qui portent ce nom en raison de la couleur de leurs testicules) en liberté autour de nous.
Nous nous régalons de fruits que viennent nous vendre quelques Kényans : papayes, mangues, fruits de la passion, ananas, bananes, avocats… pour une poignée de shillings.
La température dépasse toujours les 30°C et l’air est assez humide mais le vent rend le tout bien agréable. La brume de mer se dissipe au fur et à mesure de la journée. Nous faisons quelques pauses.
Nous terminons la journée autour d’un feu de camp en agréable compagnie de nos compagnons de bivouac.
Vendredi 12 février 2021 :
Les trois heures d’école quotidiennes se font dans un cadre paradisiaque. C’est toujours pour moi, le moment consacré à l’écriture du blog et au tri de mes photos.
Bon, on avait prévu de partir aujourd’hui, mais le bivouac est tellement agréable qu’on décide de savourer ce moment et de prolonger le plaisir une journée de plus. Nos amis les Un tour à cinq nous avaient pourtant prévenus qu’il serait difficile de quitter ce campement !
Encore ce matin, nous achetons des fruits exotiques toujours au même Kényan qui nous livre de délicieux produits de son jardin. C’est d’ailleurs à lui que nous « offrons » nos valises aux roues et poignées défoncées. Il est ravi car il s’en servira d’armoire et cela nous débarrasse bien ! Il était aussi ravi de la vieille paire usée de chaussures de running d’Audrey ainsi que des planches que j’avais achetées pour faire la cloison de séparation.
Petite marche vers le nord de la plage, suite à la (re)lecture dans le blog des Africacy que le détour en valait le coup. Effectivement, jolis rochers érodés mais la marée est montante et il nous faut faire demi-tour.
Un pêcheur passe nous voir pour nous vendre de la seiche juste sortie de l’eau. Après avoir regardé un tuto sur Internet pour savoir comment la vider de son encre et de ses entrailles et comment la nettoyer, nous nous lançons dans la cuisson au feu de bois. C’est un régal.
Nous continuons au même rythme polé-polé entre baignade, farniente, hamac, jeux…
Puis derniers petits rangements et bricolages mais ça y est, nous avons retrouvé la Tiny comme on l’aime.
Avec Audrey, nous partons marcher un moment sur la plage en amoureux et prenons plaisir à discuter avec des pêcheurs nous montrant leurs pièges à poissons ainsi que leurs bateaux creusés dans des troncs de manguiers.
Les jolies villas se fondent bien dans la végétation et il n’y a pas de grosses et vilaines constructions en béton comme on peut souvent en voir sur les littoraux touristiques.
Retour chez nous. L’extension de nos visas ne fonctionne toujours pas et ils expirent demain soir…
Nous recevons la visite de Cédric, un Français installé eu Kenya. Merci Samuel des Doudz (une famille de voyageurs passée par l’Afrique il y a quelques années) de nous avoir mis en relation ! Discussion agréable avant de répondre à la gentille invitation de Cédric et de son amie Linda demain chez eux !
Samedi 13 février 2021 :
Ce matin, en plus des fruits exotiques que nous achetons, c’est un autre pêcheur qui passe nous vendre plus d’un kilo de crevettes fraîches qui terminent aussitôt sur le feu de bois. Une nouvelle fois, on se régale !
Puis, nous prenons enfin la route après avoir si bien profité de ce lieu paradisiaque. Arrêt à Diani, pour faire les courses dans notre premier supermarché au Kenya. On y trouve quasiment de tout, y compris des produits frais, des laitages à des prix semblables à chez nous, à part le fromage qui est assez cher. Pas d’alcool en vente dans le supermarché mais on en trouve dans une boutique spécialisée dans la galerie marchande.
Au moment de repartir, on s’aperçoit qu’une roue est dégonflée à l’arrière du camion… Pas trop envie de réparer maintenant, par plus de 30°C, et surtout au milieu de la foule attirée par notre Tiny. Les enfants sont déjà dégoulinants de sueur pour nous avoir attendu dans la Tiny durant les courses. Nous roulons doucement comme ça, grâce aux roues jumelées arrière, et arrivons quelques kilomètres plus loin chez Linda et Cédric, que nous avions rencontrés hier.
Ils vivent dans une magnifique maison, à l’architecture traditionnelle de la côte du Kenya. Un énorme tronc central de 11 mètres de hauteur soutient une charpente magnifique et une toiture recouverte de feuilles de palmes tressées. Les volumes sont impressionnants ! Les terrasses ravissantes… offrant une vue superbe sur le chouette parc arboré d’arbres du voyageur, de frangipaniers… et d’autres arbres fruitiers dont les singes se régalent avant même que Linda et Cédric n’aient le temps de les cueillir.
Nous passons une belle soirée en leur compagnie à échanger et à se régaler du délicieux repas préparé par Linda. Linda est originaire de la communauté Luo sur les rives du Lac Victoria où nous avons commencé notre séjour au Kenya. Elle est étonnée et ravie qu’on connaisse quelques mots dans sa langue natale !
Nous dormons dans notre Tiny devant chez eux au pied d’un énorme baobab, bien qu’ils aient gentiment insisté pour qu’on dorme dans leur maison. Des singes font les curieux accrochés aux vitres de la Tiny.
Dimanche 14 février 2021 :
Je commence ma journée en démontant la roue crevée. Tiens, les cales en bois que j’avais laissées dans le compartiment moteur durant le shipping ont disparu… Ce n’est pas bien grave et Cédric m’en donne de nouvelles pour caler mon cric. Oh et puis mince, également mes gros câbles de démarrage ne sont plus là. Cela m’embête plus. J’ai certainement dû oublier de les enlever du moteur où ils sont rangés d’habitude. Ils auront fait un heureux quelque part en Italie, en Égypte, en Turquie, en Arabie saoudite ou ici au Kenya durant une escale. Certainement au Kenya d’ailleurs, car quand j’ai récupéré la Tiny au port de Mombasa, un bidon d’huile mal rangé dans le même compartiment moteur s’était percé et fuyait, quand je suis arrivé.
Erratum : en triant mes photos, je m’aperçois qu’en fait, mes câbles sont en photo sur celle où je démarre la batterie sur le port de Mombasa à la descente du bateau… Les gars se sont servis dans le moteur et ne les ont pas remis… Grrr… C’est un moindre mal… et encore une fois, on savoure notre bonheur d’avoir notre Tiny intacte.
Bon, j’en reviens à ma roue que je viens de démonter pour la réparer avec une mèche. Mais impossible de trouver la moindre crevaison malgré la pulvérisation d’une lotion savonneuse sur le pneu, la valve et la jante. Je remonte et la pression tient… Curieux… Peut-être les vibrations de la piste prise en sortant de la plage de sable blanc ont desserré la rallonge coudée de valve.
Ce midi, c’est nous qui préparons à manger pour Linda et Cédric en sortant pour la première fois dans l’hémisphère sud, notre crêpière bretonne. Puis vient déjà le temps de se séparer.
L’après-midi, nous allons visiter la forêt sacrée de Kaya Kinondo. Cette forêt de 32 hectares est un lieu de prière pour les membres du groupe ethnique Mijikenda. Le peuple Digo est l’un des neuf groupes constituant l’ethnie Mijikenda. Les autres groupes sont les Chonyi, Kambe, Duruma, Kauma, Ribe, Rabai, Jibana et Giriama. Chacun de ces peuples, répartis dans la région des plaines côtières du sud du Kenya sur 200 km le long de la côte, avait traditionnellement sa forêt sacrée (Kaya) où se situaient des villages fortifiés. Ils sont considérés aujourd’hui comme les demeures des ancêtres, vénérés comme des sites sacrés et entretenus par les conseils d »anciens. Onze Mijikenda Kaya ont été regroupés et inscrits par l’UNESCO en tant que « témoignage unique d’une tradition culturelle et pour ses liens directs avec une tradition vivante ». Les Kayas, créés à partir du 16ème siècle ont été abandonnés dans les années 1940. Mais la forêt est toujours utilisée à des fins de rituels et de cérémonies (sacrifices d’animaux de couleur noire : poulet, chèvre, mouton…) car elle est habitée par les esprits des anciens.
Les visiteurs ne sont pas autorisés à entrer dans la plupart des Kayas sauf dans celle-ci à Kaya Kinondo, à travers un projet d’écotourisme où les recettes des visites reviennent à la communauté. Le règlement interdit l’entrée sans la présence d’un guide, il faut mettre un paréo par-dessus son pantalon ou sa jupe, il faut enlever son chapeau ou sa casquette ou même son masque anti-Covid pour y entrer.
Le guide nous explique qu’il est interdit de couper du bois, de même que de ramasser un arbre tombé au sol naturellement. Tous les arbres de cette forêt, à part deux, ont poussé naturellement. Les locaux pensent que les aliments cuits avec du bois de ces forêts sacrées pourraient causer des maladies, et aussi qu’une habitation construite avec du bois tiré de la forêt s’effondrerait. Seule la flore forestière peut être utilisée mais uniquement pour la collecte d’herbes médicinales. Il nous explique aussi certains mythes et croyances qui se rapportent au caractère sacré de ces forêts qui sont habitées par des esprits. Une partie de la forêt n’est pas accessible car y sont enterrés les anciens Kayas qui protègent les traditions des Mijikenda.
Nous faisons un câlin à un arbre car notre guide nous explique que c’est un moyen d’entrer en communication avec les esprits des anciens. Puis, nous jouons à Tarzan sur une grosse liane. Nous observons les différentes espèces d’arbres sur lesquels grimpent des singes Colobe d’Angola.
Puis, nous roulons vers le sud, nous approchant de la frontière de la Tanzanie. Nous adorons observer la vie africaine, traverser les petits hameaux, regarder les petits marchés ou vendeurs sur le bord des routes, ralentir pour laisser passer un singe devant nous…
La culture de la canne à sucre est mécanisée.
Il y a peu de circulation de voitures particulières mais principalement des matatus qui sont des minibus de transport en commun, souvent personnalisés par leurs propriétaires. Aussi beaucoup de tuk tuk. Les personnes se déplacent beaucoup à pied.
Nous roulons jusqu’au village côtier de Shimoni. Arrivés sur place, nous négocions durement et réservons une belle activité pour demain dans le Parc national marin de Kisite-Mpunguti. Hamise qui sera notre guide parle très bien français. Nous voulions dormir sur le parking du Parc national mais ils nous demandent 60€ pour y passer la nuit. Hamise nous indique un autre parking sur le port, où nous payons 0,70€ pour y dormir !
Lundi 15 février 2021 :
C’est parti pour une très belle journée. Sur un petit ponton perdu au milieu de la mangrove, nous embarquons sur un petit bateau que nous avons réservé pour tous les quatre, le préférant aux boutres traditionnels emportant quelques dizaines de touristes. Cependant, ces bateaux traditionnels sont très jolis.
Nous contournons l’île de Wasini puis les petits îlots érodés de Jiwe la Jahazi. Les majestueux baobabs sont sublimes et surplombent les falaises usées par la violence des vagues de l’Océan indien. A l’horizon, nous distinguons les reliefs de l’île tanzanienne de Zanzibar.
L’océan est bien agité aujourd’hui et nous sommes bien ballotés sur notre petite coquille de noix. Tout comme ces deux pêcheurs sur leur embarcation creusée dans un tronc de manguier qui disparaissent derrière certaines vagues.
Anaïs et Victor, prennent en main le bateau pendant que notre guide Hamise et le capitaine Mohammed cherchent les dauphins mais la mer trop agitée semble compromettre notre espoir de les apercevoir.
Ils renoncent à chercher davantage et se dirigent vers notre point de snorkeling (plongée avec masque et tuba), quand ils reçoivent un appel d’un de leur collègue leur annonçant la présence de dauphins. Retour sur nos pas et nous arrivons à observer un long moment jusqu’à sept dauphins en même temps barbotant autour de nous, et même deux tortues. Un régal !
Puis, après ce moment inoubliable, nous retournons vers l’île de Kisite où nous sautons dans l’eau au pied d’une plage de sable blanc. Durant plus d’une heure dans une eau cristalline, turquoise et pas loin des 25°C, nous allons observer de superbes poissons colorés nageant autour de somptueux récifs coralliens. Moment magique. Ce parc marin est classé parmi les plus beaux de l’Afrique de l’Est et il tient ses promesses. C’est féérique. Mohammed prend en charge Victor et l’aide à découvrir ces superbes fonds marins.
Nous remontons à bord et nous dirigeons vers l’île de Wasini. Mais la mer est démontée et notre capitaine peine à diriger son embarcation car il doit affronter les vagues de côté avec des creux de deux mètres.
Enfin, les éléments se calment et nous longeons la côte de l’île où nous admirons ces majestueux baobabs, ces arbres typiques de l’Afrique tropicale.
Sur cette île, vit une communauté à la forte tradition musulmane, principalement de la pêche et aussi un peu du tourisme, mais en ces temps de Covid, il y a peu de touristes. Les locaux parlent un dialecte local, le Kivumba.
Nous déjeunons dans un resto, du poisson et du crabe, des algues des mangroves, du manioc, le tout accompagné de sauce à la tomate et à la coco. Un délice ! Puis Hamise, nous fait découvrir ce village voisin de celui où il est né. Le niveau de vie est très bas. Il n’y a pas d’eau courante et l’eau potable est amenée du continent.
Retour sur le continent, ravis de notre journée ! Deuxième nuit sur le même parking. Des babouins jaunes gambadent autour de la Tiny pendant que Victor bricole sous l’œil observateur des petits Kényans.
Mardi 16 février 2021 :
Nous avons repéré hier un bureau de l’immigration dans ce petit village de Shimoni. Nous sommes en effet à la frontière avec la Tanzanie et il y a quelques liaisons maritimes avec l’île de Zanzibar voisine, d’où la présence de la douane et de l’immigration. Nous nous y rendons pour tenter de faire prolonger nos visas. Car pour la première fois depuis qu’on voyage, nous sommes dans l’illégalité : nos visas sont périmés depuis 3 jours maintenant. Le fameux site où nous devons faire l’extension a bien enregistré notre demande mais aucune confirmation de leur part n’arrive. Nous avons appelé l’Ambassade de France à Nairobi qui ne peut rien pour nous.
Nous tombons sur un agent de l’immigration compréhensif et à la différence de son collègue à Mombasa il y a quelques jours, accepte de tamponner nos passeports pour deux mois de plus, malgré qu’on ait dépassé la date. Ouf… En plus, il est gentil… jusqu’au moment où il nous dit « pour les enfants, c’est gratuit »… Euh, ça veut dire que pour les adultes, c’est comment ??? Ben oui, ce monsieur nous demande 1000 shillings (soit 7,50€ par personne). Je refuse de payer. Il me dit que s’il doit aller en France, il devra payer. Je lui explique que j’ai déjà payé 50 dollars par personne mon visa pour entrer dans son pays ! Son ton monte. Il s’énerve. Il claque son tiroir. Je lui tend sans douceur un billet de 1000 shillings en lui disant qu’il n’en aura qu’un seul. Il le prend et se met à rigoler en nous disant que c’était une blague et que bien entendu, c’est gratuit ! Il nous rend notre billet… On ressort perplexes…
Nous partons visiter la Grotte des esclaves. A partir du 16ème et jusqu’au 19ème siècle, ces grottes naturelles en corail se situant sous le niveau de la mer servaient pour y regrouper les esclaves en partance, pour la plupart, pour la Tanzanie. Les captifs étaient parqués à l’intérieur via une échelle, que l’on retirait ensuite pour empêcher toute tentative de fuite. Ils ne revoyaient alors pas la lumière du jour avant leur départ, qui s’effectuait par un trou creusé dans la roche par la mer. Lors des grandes marées certains y perdaient même la vie en se noyant. Si les esclaves tentaient de se rebeller, ils étaient alors enchaînés aux murs. Certaines chaînes sont toujours visibles contre les parois de la roche. Près de 5 km de galeries ont été creusées par la mer mais on n’en visite qu’une petite partie.
Nous marchons un peu dans ce petit village de Shimoni.
Nous roulons vers le nord sur la même route que nous avions prise à l’aller il y a deux jours. Nous nous arrêtons cette fois à Diani près d’une vieille mosquée swahilie construite en corail au 16ème siècle. Difficilement, nous négocions avec le gardien pour passer la nuit sur ce superbe parking à l’ombre des baobabs, avec les roues presque sur le sable blanc. Au début, on nous indique que l’endroit n’est vraiment pas sécurisé pour la nuit mais pourtant nous, on le sent bien. On essaye d’insister un peu en disant qu’on ne fera pas de bruit, qu’on ne boira pas d’alcool (car on est dans l’enceinte de la mosquée) et qu’on peut même leur confier une copie plastifiée de notre passeport pour les rassurer. Cool, ils acceptent en nous disant que l’endroit est très sécurisé, qu’il ne nous arrivera rien et qu’il y a des gardiens la nuit !
Rapidement, nous faisons connaissance avec Fatma Congo, une jeune femme pétillante tenant une petite paillote sur la plage. Elle nous explique que son prénom vient de la rivière Congo près de laquelle elle tient son petit resto. Ses grands-parents qui n’arrivaient pas à avoir d’enfant sont venus prier ici même, et son papa est venu au monde. Du coup, ses parents lui ont donné plus tard le nom de cette rivière devenue sacrée.
Fatma Congo nous vend un jus de mangues-carottes frais. Un délice. Puis, elle nous apporte quelques petits poissons grillés. On lui donne quelques shillings pour qu’elle puisse nous apporter demain matin le petit déjeuner. Puis, elle se propose de nous donner demain matin un cours de cuisine dans la Tiny. Avec un immense plaisir, Audrey accepte et Fatma Congo viendra avec tout ce qu’il faut pour cuisiner.
Anaïs et Victor jouent avec les petits Kényans.
Nous partons marcher dans l’estuaire de la Congo puis en amoureux sur la longue plage de sable fin et blanc en direction du sud. En fait, on est juste à côté de là où nous avons passé nos 4 nuits au Tigwa Lodge. La plage est une succession d’établissements accueillant des touristes mais l’architecture est bien intégrée à la végétation. Ce ne sont pas de gros ensembles anarchiques de béton comme on a pu en voir dans certains pays. Les plages sont nettoyées. Quelques baraques de pêcheurs alternent avec les beaux complexes pour touristes.
Quelques vendeurs d’artisanats, de noix de coco, d’objets en bois gravés de notre prénom ou masseuses tentent de vendre même à petit prix de quoi se nourrir. Les temps sont durs en ces temps de Covid où il n’y a quasiment aucun touriste. Ils essayent de vendre mais sans trop insister non plus. Certains sont affamés et nous donnons de quoi se nourrir à l’un d’entre eux.
Depuis notre arrivée au Kenya, tous les gens rencontrés, vraiment tous, sont adorables, bienveillants, curieux, sans être non plus insistants ou intrusifs dans l’intimité de notre Tiny. Rares sont ceux qui nous prennent en photos car ils ne sont pas beaucoup à être équipés de smartphone. Ils ne demandent pas à monter dans la Tiny et quand on leur propose, ils sont presque gênés de rentrer chez nous. Mais par contre, encore plus qu’ailleurs sur d’autres continents, ils sont vraiment surpris de voir cette maison qui roule !
Mercredi 17 février 2021 :
Fatma Congo nous apporte comme prévu le petit déjeuner ! On se régale de haricots rouges cuisinés au lait de coco et de chapatis ainsi que de deux litres de jus de fruits frais (mangues carottes). Puis elle nous apporte également les courses qu’elle a faites ce matin pour nous. Elle apprend Audrey à cuisiner un plat typique swahili, du pilau : viande de bœuf à bouillir, pomme de terre, tomate, ail, oignon, riz, épice pilau masala (mélange de cumin, poivre, cardamone, cannelle et clou de girofle). Une odeur délicieuse flotte dans le camion.
Un délice ensuite partagé en sa compagnie et ses frères Mohamed et Hamissi, son fils Abdoul sous sa paillote les pieds dans le sable blanc, le tout accompagné d’un jus de coconut.
Audrey apprend ensuite à Fatma à préparer et à cuire un pain qu’ils pourront déguster avec la confiture de papayes qu’elle leur a faite.
Nous sommes comblés de cadeaux de la part de Fatma et de sa maman : une robe pour Audrey, une chemise pour moi, une jolie statuette en bois de rose, une belle quantité de légumes et de fruits…
Anaïs se prend au jeu d’apprendre avec les locaux de nombreux mots en swahili et elle a une sacrée mémoire. Tout en n’oubliant pas ce qu’elle avait déjà appris en Luo lors de notre premier mois sur l’île de Mfangano.
Grâce à notre réseau de voyageurs (merci Maryline !), nous apprenons la présence d’autres voyageurs français à Diani à quelques kilomètres de nous. On était même sur la même plage hier sans le savoir. C’est d’ailleurs étonnant le nombre de familles actuellement en Afrique. C’est traditionnellement un continent qui accueille de nombreux couples de voyageurs sans enfants mais cette année, plus d’une douzaine de familles françaises ont fait le pari de venir en Afrique. Et même de revenir car certaines ayant interrompu leur aventure en mars ou avril dernier en raison de la pandémie, reprennent le cours de leur aventure. Et il se pourrait bien que d’autres nous rejoignent car c’est un peu le seul continent aujourd’hui nous permettant de circuler entre les pays sans autres contraintes que les tests PCR (quarantaine, fermeture de frontières), ce qui n’est pas le cas en ce moment en Amérique ou en Asie, destinations vers lesquelles de nombreuses familles de notre communauté étaient en partance cette année 2021. Et le Covid n’a pas l’air plus virulent ici qu’autre part. Le port du masque est ici obligatoire mais quasiment personne ne le porte, y compris dans les administrations ou les petits magasins. Seul le supermarché nous a imposé de le porter et nous a pris la température en entrant. Le couvre-feu nocturne ne nous dérange pas. Au contraire, cela nous permet d’avoir des nuits calmes sans quelqu’un qui vienne écouter de la musique à fond dans sa voiture garée à quelques mètres de la Tiny comme cela nous est déjà arrivé plusieurs fois.
Après-midi bricolage, réparation des premiers dommages de la piste sur un tiroir en bois de la Tiny et sur du bardage… Puis lessive grâce aux bassins d’ablution pour les pieds de la mosquée voisine, ce qui fait bien rire un musulman qui sort de sa prière. S’il savait que j’y lave des petites culottes en dentelle… Mais bon, je le fais discrètement…
Puis, nous sommes rejoints pas les Marioles Troteurs, un jeune couple voyageant depuis déjà plus de deux ans en van 4×4. Nous avons commencé notre voyage à une semaine d’intervalle. Ils font partie des rares à être descendus par l’ouest du continent, y compris en traversant pas la route le Nigeria. Ils font aussi partie des rares à ne pas être rentrés en mars ou avril dernier et avoir fait le pari de se poser plusieurs mois au Mozambique en attendant que les frontières ouvrent de nouveau. Belle soirée en compagnie de Marion et Anatole, de chouettes voyageurs, finançant leur voyage grâce à leurs vidéos qu’ils publient sur YouTube chaque semaine. Je vous invite à vous abonner à leur chaîne et à visionner leurs excellentes vidéos !