277 km parcourus du 16 au 20 mars 2021
68 323 km parcourus depuis le départ
Mardi 16 mars 2021 :
6 heures, réveil matinal pour être à l’heure au rendez-vous avec Mike, notre guide maasaï avec qui nous allons passer la journée à arpenter les pistes de la Réserve nationale du Masaï Mara dans le sud du Kenya. Comme je vous l’avais expliqué, nous avons longuement hésité à venir visiter ce parc réputé pour être le plus beau du pays, de par le détour que cela nous faisait faire et surtout de par le budget que ça représente. Mais nous avons décidé de casser la tirelire et de nous faire plaisir. Et puis, après tout, ce n’est pas plus cher qu’une journée passée à Disneyland… Nous avons certes été déjà gâtés par les animaux au Kenya au Parc national marin de Kisite, à la lisière du Parc national de Tsavo Ouest et au Parc national d’Amboseli. Mais avec de la chance, nous pourrions voir aujourd’hui des gros chats ! des gros félins !
6h30, Mike vient nous chercher avec son immense 4×4 Toyota, dans le campsite de l’agence Mara Explorers avec qui nous avons réservé notre game drive. On aurait pu s’en passer mais le parc est tellement immense que nous ne regrettons pas d’avoir pris les services d’un guide. De toute façon, notre Tiny ne nous aurait pas permis de franchir certains gués et d’autres pistes vraiment défoncées, nécessitant un 4×4. Quitte à faire le parc, autant le faire dans de bonnes conditions. Outre le fait de me faire conduire et de pouvoir pleinement profiter d’observer les animaux, je n’ai pas à me soucier de la mécanique et de là où je pose mes roues. C’est le luxe !
Mais surtout, le guide connaît le parc comme sa poche. La réserve du Mara héberge plus de 95 espèces de mammifères et plus de 570 espèces d’oiseaux. Les animaux occupent des territoires donnés en fonction du cycle des saisons et des moments de la journée et seul Mike saura nous emmener là où on aura le plus de chance d’en voir. Certains broutent les herbes hautes alors que d’autres préfèrent paitre la savane arasée ou bien encore d’autres préfèrent les jeunes pousses. Les animaux sont en perpétuel mouvement en fonction des pluies et des sécheresses. Bref, nul doute que nous serions passés à côté de beaucoup d’espèces sans la présence de Mike. De plus, les guides s’appellent entre eux pour se signaler la présence d’animaux. Mais comme la saison est creuse (compte tenu de la pandémie mondiale), jamais nous n’avons été plus de 3 véhicules à observer les plus beaux animaux. Et cette réserve est l’une des rares où on peut, avec de la chance, voir les fameux Big Five, dont je vous avais déjà parlé précédemment : l’éléphant, le lion, le buffle, le léopard et le rhinocéros. Nous avons déjà vu les trois premiers à Amboseli. Aurons-nous la chance de voir les deux autres ici ? Ce sont les plus difficiles à voir.
6h58, nous entrons donc dans le Masai Mara par la porte Sekenani.
La Réserve nationale de Masai Mara est le prolongement de l’immense Parc du Serengeti tanzanien. Elle a été protégée en 1974 après avoir été une réserve de chasse. Le Masai Mara s’étend sur 1510 km² et s’élève entre 1500 et 2170 mètres d’altitude. Toutes les zones protégées de l’immense écosystème kényan et tanzanien, s’étendent sur 25 000 km² soit les cinq sixièmes de la Belgique !
Le véhicule de 8 places n’est que pour nous. Par chance, nous n’avons pas à partager l’espace avec d’autres touristes. Du coup, on peut profiter pleinement de l’immense toit ouvrant. Nous allons passer la journée debout sur les sièges avec une vue à 360°.
Et dès notre entrée, c’est le festival. Un troupeau d’impalas nous souhaite la bienvenue.
Mike avance doucement sur les pistes à la recherche des animaux sauvages. Un groupe d’éléphants des savanes mange paisiblement les feuilles d’un arbre. Le premier de nos Big Five de la journée. Bon, ce n’est pas le plus difficile à voir. Il n’est pas très discret et à un peu de mal à se cacher sous les branchages.
La période n’est pas idéale pour observer les animaux car la savane est recouverte de hautes herbes, même si on est en fin de période sèche. Ça ne devrait pas poser de problème pour observer les girafes mais peut-être plus pour les félins.
Un peu plus loin, ce sont deux chacals à chabraque qui sont posés sur la piste. Cet animal est capable d’enterrer des restes d’aliments pour les retrouver plus tard.
Nous découvrons cet immense espace protégé mais non clos. Cette savane est le paradis pour les animaux qui peuvent aller librement dans ces vastes plaines ondulées. De rares arbres poussent. Parmi eux, un arbre à saucisses. Les paysages du Masai Mara sont très variés : prairies, forêts, plaines parsemées d’acacias, marécages, fourrés et buissons épineux, escarpements parsemés de rochers et d’acacias… L’herbe la plus courante est l’avoine rouge. Dans ses premiers stades de croissance, cette espèce est très agréable au goût et très nutritive et constitue la base alimentaire des herbivores du Masai Mara.
7h28, comme par magie, un rhinocéros noir avec ses deux cornes sur le front (fixées sur la peau et non sur l’os), traverse les hautes herbes à quelques mètres devant nous. Le deuxième Big Five, quelle chance ! La dernière fois que Mike en avait observé un, c’était il y a deux mois. Nous sommes tout excités… car il n’y en a que 25 à 30 dans la réserve. L’instant a été assez furtif car le rhino n’a fait que couper la piste devant nous et a vite de nouveau été caché par les herbes. Son poids avoisine les 1,4 tonne. Malheureusement, l’espèce est en voie d’extinction. Le prix de la corne dépasse celui de l’or et il a été victime de braconnage. De plus, les femelles ne mettent bas que tous les 5 ans. En 2010, il ne restait que moins de 5000 individus sur toute l’Afrique.
Un peu plus loin, c’est tout un groupe de mangoustes qui traverse la piste mais je n’ai pas le temps de dégainer l’appareil photo.
Plus loin, un immense troupeau de buffles se trouve lui aussi à quelques mètres de nous. Le troisième des Big Five de la journée alors que nous ne sommes dans le parc que depuis une heure et demi. Ces animaux puissants et massifs sont impressionnants avec leurs cornes recourbées. Rendu agressif, le buffle peut être un animal extrêmement dangereux.
Nous poursuivons, toujours sans descendre de la voiture pour ne pas donner à manger aux animaux, qui auraient vite fait de nous grignoter.
8h29, la chance continue de nous sourire, nous voyons trois animaux faisant bouger les hautes herbes. Ce sont trois guépards ! non mais whaouuu, c’est le festival ! Ils ne semblent pas peureux et encore moins dérangés par notre présence et le bruit du 4×4. Nous avançons à leur rythme. Ils passent à deux mètres de nous… Victor nous confie : « c’est la plus belle journée de ma vie ». Les trois félins viennent se poser à côté de nous à l’ombre d’un arbre.
Mais Mike qui vient ici régulièrement sait que d’habitude, ce petit groupe est composé de 5 membres. Nous partons à la recherche des deux autres. Selon lui, ils auraient été séparés par un lion en chasse. Au bout d’un kilomètre, nous repérons les deux guépards isolés à la silhouette toute aussi élancée, bien cachés dans les hautes herbes. Nous les suivons.
Nous les sentons à l’affût et bien observateurs de leur environnement. Ils lancent des petits miaulements, comme s’ils cherchaient leurs copains. Ils suivent la piste, bougeant leur queue annelée de noir, à pointe blanche. Nous, en faisant de même (pas avec la queue, mais en suivant la piste), nous observons chacun de leur pas pendant un long moment. Ce face à face restera un moment inoubliable. Cet animal peut atteindre la vitesse de 110 km/h en trois secondes, ce qui en fait l’animal le plus rapide au monde. Mais il ne peut faire ce sprint que sur une courte distance, seulement 300 mètres, et met une demi-heure à récupérer. Là, ils avancent paisiblement en direction de l’arbre où sont posés les trois autres de la troupe. Ce sont les retrouvailles des cinq guépards : câlins, roulades au sol… Cela fait une heure que nous sommes là en train de les observer. Quel délice. A la différence du léopard, ils ont une ligne noire allant du coin interne de l’œil au coin de la bouche, formant une larme. Le guépard est le seul félin dont les griffes ne se rétractent pas complètement.
9h30, nous reprenons la piste à travers la savane. Le sourire de nos enfants illumine leur visage ! Et la journée est loin d’être terminée.
Pour la première fois, nous découvrons le topi avec ses taches violettes sur son pelage brun roux foncé. Les cornes sont en forme de lyre et sont annelées.
Puis des phacochères que nous pouvons enfin voir de pas trop loin. Mais ils sont vraiment les plus craintifs des animaux qu’on ait pu voir. Dès qu’ils sentent notre présence, ils fuient ! Très difficile à photographier. Quand il court, le cochon a sa queue à pointe noire tenue bien droite. Le museau du phacochère n’est pas très beau avec ses protubérances. Les longues canines forment des défenses recourbées, en particulier chez les vieux mâles. Ce sont des armes redoutables. Le phacochère se repose dans un terrier. Ce sont des proies des lions, des léopards et des guépards.
10h17, mais c’est quoi là-bas, dans les herbes folles ? Mais oui, ce sont des lions !!! Le quatrième de nos Big Five. Mais quelle chance de voir le roi des animaux !
Ils nous ont repérés mais continuent leur progression parallèlement à la piste où nous avançons. La mère et son fils s’approchent de nous pour ne passer qu’à deux mètres de notre 4×4, comme si nous n’étions pas là. C’est étonnant que ces gros chats, les plus imposants des trois grands félins d’Afrique, capables de dévorer un hippopotame, qui auraient vite fait de nous manger, n’attaquent pas les 4×4. Rien ne nous protège à part la carcasse d’acier, même pas des vitres. On se sent bien vulnérables mais Mike nous rassure en nous disant qu’on ne craint rien tant qu’on ne descend pas. Les lions sont pourtant dotés de dents qui déchiquètent chair et os de leur proie sans effort. Dans chaque groupe d’adulte, ce sont les femelles qui chassent. Les mâles se battent entre eux et mangent les proies tuées par les femelles. Le spectacle dure 25 minutes avant qu’ils ne s’éloignent paisiblement et disparaissent dans les herbes. Le petit qui a la crinière qui commence à pousser suit sa maman. Les lionceaux restent avec leur mère jusqu’à l’âge de deux ans, avant de former un clan avec leurs frères pendant les deux années suivantes. Ils sont adultes à 4 ans.
10h55, nous marquons l’arrêt pour observer un groupe de pachydermes, des femelles et leurs bébés. Encore un instant magique.
Le Land Cruiser conduit par Mike poursuit sa route à travers la savane ; les pistes sont entrecoupées de lits de rivières saisonnières. Même si elles ne sont pas toutes en eau car nous sommes à la fin de la saison sèche, il doit faire de gros détours pour éviter certains passages trop défoncés, bien qu’il pourrait les passer s’il se mettait en 4 roues motrices. Mais il préfère ne pas casser le matériel. Mike est très prudent, très intéressant et nous sommes ravis d’avoir suivi les conseils de voyageurs rencontrés au début de notre séjour au Kenya sur l’île de Mfangano qui avaient visité le Masai Mara avec lui. Merci Fred, Dan, Heinrich et Rahel.
11h23, cela fait bientôt 4h30 que nous sommes ballotés sur les pistes cahoteuses du Masai Mara et après avoir beaucoup cherché, Mike trouve un petit coin à l’abri d’un arbre pour qu’on puisse sortir du véhicule pour prendre notre petit déjeuner. Mais Mike a privilégié un endroit un peu en hauteur, d’où il vérifie qu’aucun félin ne vienne faire de nous son petit déjeuner.
12h09, Mike reçoit un appel d’un de ses collègues. Nous rejoignons un groupe de 3 autres 4×4 en observation devant un… léopard !!! Une femelle et son petit sont cachés dans des branchages. Malheureusement, le meilleur point de vue est déjà pris par les autres touristes. A plusieurs reprises, Mike manœuvre pour tenter de voir ce grand félin, notre cinquième Big Five ! Nous attendons environ une heure.
Et comme par magie, le joli bébé sort des branches pour venir se mettre à l’ombre d’un des 4×4 des autres touristes qui eux du coup ne voient plus le félin. Pendant de longues minutes, nous observons cet élégant et puissant léopard à la fourrure magnifiquement ornée de taches noires irrégulières. Sa queue représente la moitié de sa longueur totale de 2 mètres. Le léopard n’est pas menacé en Afrique. Nous distinguons le cadavre d’une antilope dans les branchages, qui va faire son repas.
13h07, nous repartons pour trouver un coin pour manger. Mais comme tout à l’heure pour le petit déj, Mike doit faire plusieurs kilomètres pour trouver l’endroit idéal. Le réveil matinal, l’attention et les émotions du game drive de ce matin ont épuisé Anaïs et Victor qui tombent de sommeil quelques minutes…
A l’abri d’un arbre dont le tronc est lustré par le frottement des buffles et des éléphants qui viennent s’y gratter, nous sortons notre pique-nique que nous mangeons rapidement pour vite pouvoir repartir en 4×4 dans cet immense royaume de la faune sauvage.
Un couple de vautours est haut perché à la cime d’un arbre en quête de leur repas. Ils partagent les carcasses d’animaux avec les lions, les chacals et les hyènes.
14h55, Mike nous propose, comme on a déjà bien été gâtés ce matin par les animaux, de retourner prendre notre temps à observer les léopards. Euh, comment dire… Ben oui, évidemment… Nous revenons au même endroit que ce matin. Et là, par chance, nous voyons la maman qui était bien cachée ce matin. Nous sommes en face à face avec ce léopard qui est à 2 mètres de nous. Incroyable. INCROYABLE ! Désolé, je ne trouve pas les mots pour décrire l’émerveillement qu’on ressent. La sensation de ne pas déranger ces félins est d’autant plus agréable. On a plus l’impression de les déranger quand on les voit, craintifs avec un air hagard dans un zoo grillagé… La femelle léopard ouvre bien un œil de temps en temps pour nous observer mais elle ne fuit pas.
15h20, nous laissons cette bien jolie peluche à qui on irait bien faire des câlins, terminer sa sieste. La piste nous permet de nouveau de voir de jolis pachydermes, des buffles, des phacochères toujours aussi craintifs…
16h08, notre progression se poursuit dans cette savane dorée et ce sont à présent des girafes masaïs et leurs girafons que nous observons paisiblement faire leur repas dans des arbustes. Elles sont bien calmes en ce moment, mais au galop, elles peuvent atteindre la vitesse de 60km/h. Les mâles adultes mangent environ 60 kg de végétaux par jour. Leur taille leur permet de manger des végétaux hors de portée des autres espèces. Le girafon qui vient de naître après avoir fait une chute de deux mètres de hauteur du ventre de sa mère est capable de marcher dans l’heure qui suit la naissance.
16h19, nous arrivons au point le plus éloigné de notre parcours, sur les berges de la plus grande rivière du parc : la rivière Mara, théâtre cruel des traversées annuelles des gnous en migration. A partir du mois de mars, sans se soucier de la frontière, encore moins de leur passeport, près de 2 millions de gnous vont quitter le Serengeti en Tanzanie, où l’herbe devient trop rare, pour venir ici entre juillet et septembre. Ils seront accompagnés de 300 000 zèbres et 400 000 gazelles de Thomson. Les femelles vont donner naissance au même moment de 300 à 400 000 nouveaux nés qui s’ajouteront à la harde sauvage. Le tout attirant un grand nombre de prédateurs. La rivière Mara, grossie par les pluies, est un passage qui fait de nombreuses victimes parmi les gnous. Dans leur précipitation, les animaux plongent, s’écrasant les uns contre les autres, s’étouffant, se brisant les membres, se noyant. Plusieurs milliers de bêtes meurent au grand bonheur des crocodiles, des vautours, des hyènes, des chacals… En octobre, les gnous se remettent en marche vers le Sud.
Sur ses mêmes berges, se regroupent en ce moment des masses d’hippopotames. Le lieu porte d’ailleurs le nom d’« hippo-pool », la piscine des hippos… Nous sommes invités par Mike à sortir quelques instants du véhicule pour faire quelques pas afin de les contempler. Mais ces hippos restent des animaux imprévisibles et parmi les plus dangereux au monde. Donc Mike reste à l’affût. Il est impossible de les compter mais une bonne trentaine d’hippos prennent leur bain sous nos yeux. Le spectacle est unique. Ces animaux, courts sur pattes, sont vraiment massifs avec leur poids dépassant les 3 tonnes.
Non loin, un crocodile du Nil bronze au soleil avant de plonger dans l’eau.
16h48, alors que nous sommes sur le chemin du retour, la magie de ce safari continue d’opérer et nous nous retrouvons au milieu de plein d’espèces différentes : des topis, des gazelles de Thomson, des impalas, des éléphants… Des centaines d’animaux qui semblent cohabiter ensemble. On aime bien les gazelles de Thomson avec leurs flancs barrés d’un trait noir horizontal.
16h55, non loin de ce troupeau sauvage, arrivent deux hyènes tachetées peut-être en quête de leur proie du jour. Mais elles n’ont pas à utiliser leurs puissantes mâchoires et leurs dents aiguisées comme des couteaux pour cette fois-ci, car leur estomac est déjà certainement rempli et elles n’attaquent pas ces frêles gazelles à quelques dizaines de mètres d’elles. La hyène vit en meute dirigée par des femelles. C’est un chasseur habile et agressif qui n’hésite pas à voler ses proies, même aux lions avec qui elle peut se battre.
17h06, nous ne voyons pas beaucoup d’oiseaux dans ce parc, comme on avait pu en observer tant à Amboseli. Mais on en voit quand-même des gros comme ces énormes autruches ou bien ces pintades de Numidie.
17h30, de nouveau, un immense troupeau de buffles nous offre un joli cadeau. Comme je l’ai déjà fait des dizaines de fois aujourd’hui, je demande à Mike de s’arrêter pour que je prenne une photo. Mais pour la première fois, il refuse disant que c’est beaucoup trop dangereux de s’arrêter là ! Il fait quelques dizaines de mètres et peut alors s’arrêter en sécurité.
Le sourire d’Anaïs en dit beaucoup. Victor est tout aussi comblé mais termine son safari avec une bonne gastro, avachi dans son fauteuil dans le 4×4. La journée a été quand même bien fatigante, avec 100 kilomètres parcourus sur les pistes, près de 11 heures debout sur nos sièges à être ballotés.
18h10, avant de franchir la porte de la réserve, deux derniers phacochères seront les derniers animaux sauvages dans l’enceinte de la réserve de notre fabuleuse journée de face à face avec la faune sauvage.
18h30, Mike nous ramène à notre Tiny. Mais avant de rentrer dans le campsite, à quelques mètres de la Tiny, un mignon dik-dik de Kirk au museau allongé nous regarde avec ses grands yeux.
Nous sommes comblés par cette journée qui est peut-être la plus belle de notre voyage depuis que nous sommes partis il y a 28 mois. Nous retiendrons de cet inoubliable safari dans l’une des plus belles réserves d’Afrique où nous aurons cherché durant 11 heures les animaux sauvages, la magie d’avoir été émerveillés à chaque rencontre d’un nouvel animal, la magie de frissonner en passant du temps si près de ces Big Five, la magie d’avoir passé des heures à suivre les prédateurs, notamment les lions, les guépards et les léopards. Nous avons été surpris et touchés par la beauté de ces paysages somptueux et de ces étendues sauvages à perte de vue.
Du mercredi 17 au jeudi 18 mars 2021 :
Nous avions prévu de repartir dès hier soir mais ce campsite est vraiment trop agréable pour ne pas en profiter un peu plus. Nous décidons donc de rajouter deux nuits pour bien nous reposer et reprendre des forces. Nous avons rarement payé si cher pour dormir (18€) mais ce sont nos seules dépenses de la journée, avec en plus de la nourriture qu’on achète toujours bon marché sur le bord des routes.
Pendant deux jours, nous ne voyons personne, mis à part le gardien du camping. Et encore, il est bien discret. C’est terrible pour le tourisme, mais nous n’avons vu aucun autre client que nous durant notre séjour. Paradoxalement, on voyage pour faire des rencontres, mais ici en Afrique, le rythme des rencontres quotidiennes est intense et parfois, cela fait le plus grand bien de nous retrouver tous les 4.
Nous vaquons à nos occupations dont la principale est la détente. Le petit feu de branchages d’acacias est bien agréable au moment du dîner.
Et puis que c’est confortable de ne pas avoir à penser à la route, à écouter chaque petit bruit de la Tiny, à sortir la clé de 13 pour revisser une vis, à anticiper et à faire les pleins d’eau… on apprécie les sanitaires avec douche chaude, la cuisine extérieure, les tables de pique-nique, l’eau chaude pour faire les lessives…
Nous prenons le temps de bien faire l’école. Anaïs continue son carnet de voyage en dessinant le Kilimandjaro sur une page, dessine également sur sa tablette graphique et passe du temps dans son hamac à écouter de la musique. Victor fait des assemblages de tenons-mortaises dans des chutes de bois de Slovénie. Tous deux apprécient d’avoir accès au wifi du salon et de ne pas avoir à se satisfaire de leur forfait de 300 Mo qu’on leur alloue chaque jour en partage de connexion. Ils profitent de jouer quelques parties de billard. Victor fait beaucoup de recherches sur Internet sur la menuiserie. Il regarde des vidéos sur le matériel et sur l’outillage.
Audrey commence à préparer sérieusement la suite du parcours. Nous en avons fini avec le Kenya après déjà deux mois passés ici. Elle passe des heures et des heures à étudier le parcours de notre prochain pays, la Tanzanie. Et même des pays suivants. Nous décidons de ne pas y entrer par le poste frontière de Isibania/Sirari comme on pensait le faire jusqu’à présent. Car cela nous ferait faire trop de kilomètres pour revenir dans la région d’Arusha. Nous allons donc emprunter le poste de Namanga, ce qui nous fera gagner 1000 km. L’inconvénient est que la route va nous faire repasser par la capitale Nairobi, dont on se serait bien passée.
Moi, je trie mes 1364 photos prises sur la seule journée de notre safari…et cela me prend du temps.
Une fois la nuit tombée, nous entendons les cris des hyènes ressemblant étrangement à des rires d’enfants.
Vendredi 19 mars 2021 :
Enfin, en début d’après-midi, nous quittons le campsite. La route est la même que celle nous avions prise à l’aller sur 80 km avant de bifurquer vers la capitale. Le revêtement récent est en assez bon état, malgré toujours la présence de ces multiples ralentisseurs. Puis, c’est la grande route vers Nairobi.
Mais à Mai Mahiu, nous retrouvons un axe saturé de camions traversant le pays d’Est en Ouest en direction de l’Ouganda. D’un coup, notre progression est ralentie. Impossible ou trop dangereux de doubler. Une immense côte nous fait remonter sur les hauteurs de la dépression de la grande Vallée du Rift.
La fatigue commence à se faire ressentir mais Nairobi n’est plus très loin et on aimerait bien y arriver ce soir car nous avons rendez-vous demain matin pour nos tests PCR, indispensables pour le prochain passage de frontière.
En altitude, nous retrouvons quelques plantations de théiers.
Mais les dernières dizaines de kilomètres sont interminables. A l’approche de la capitale, la circulation se densifie, les travaux nous font prendre des déviations poussiéreuses. Nous traversons des zones où la misère envahit les lieux. De nombreux bidonvilles et des personnes vivant dans une précarité sans nom.
Puis d’un coup, un simple carrefour nous fait changer de niveau de vie et nous nous retrouvons dans les beaux quartiers de Nairobi, avec d’immenses centres commerciaux, des magasins Carrefour, des maisons luxueuses entourées de hauts murs de béton et de clôtures électrifiées avec des gardiens à l’entrée. Les habitants reportent le masque anti Covid. Quel contraste !
Puis, nous arrivons dans la rue où s’alignent toutes les ambassades. Difficile d’y trouver un bivouac avec tous ces vigiles de sécurité, ces caméras… Nous bivouaquons donc directement sur le parking de l’hôpital Gertrude. Tant pis, on devra payer une dizaine d’euros, mais on n’a pas trop le choix.
Je suis rincé de ma journée de 6 heures de route (pour faire juste un peu plus de 200 km) dans des conditions éreintantes.
Samedi 20 mars 2021 :
Ce n’est pas une partie de plaisir mais nous devons nous soumettre à un test PCR pour le passage de notre prochaine frontière. Bon, ce qui est rageant, c’est que la Tanzanie fait partie du cercle très fermé des rares pays au monde à ne pas imposer un test négatif au Covid pour entrer. Les seuls autres pays sont le Mexique, la République dominicaine, la Macédoine, le Costa Rica et l’Albanie. De plus en plus d’autres pays n’imposent pas le test PCR négatif mais acceptent les personnes vaccinées (Belize, Chypre, Estonie, Géorgie, Guatemala, Maurice, Lituanie, Madère, Moldavie, Monténégro, Panama, Pologne, Roumanie, Slovénie). Mais en revanche, c’est le Kenya qui en impose un pour sortir… Sans comprendre l’utilité car quel est l’intérêt de nous garder sur leur territoire si on est positif… On s’en serait bien passé car le coton tige dans le nez et la bouche n’a rien d’agréable, et payer plus de 180€ pour nous 4 non plus… Mais bon, cela fait partie du jeu pour voyager en ce moment autour du monde. On le sait et on doit l’accepter.
Nous devrions avoir les résultats par mail demain après-midi.
Il nous faut à présent tout retraverser Nairobi, cette ville de 5 millions d’habitants, qui n’a rien de sexy. La circulation est infernale. Les rues sont embouteillées de véhicules en tout genre (certains à contre-sens) et de vaches. La pollution est terrible entre les gaz d’échappements et les ordures qui brûlent sur le bord des routes. La misère est omniprésente.
Enfin, nous en sortons et quittons la route de Mombasa pour descendre plein Sud en direction de la Tanzanie. Ce n’est pas la grande forme pour moi, et je dois lutter pour conduire.
Nous nous arrêtons en début d’après-midi dans un petit chemin pour le bivouac de ce soir à hauteur de Kisaju. Je passe une partie de l’après-midi au lit… Décidément, l’Afrique est rude pour notre organisme. On a pourtant l’habitude de voyager dans des contrées où l’hygiène n’est pas aseptisée comme en France mais depuis que nous avons posé les pieds en Afrique, il ne se passe pas trois jours consécutifs sans qu’Audrey ouvre la pharmacie pour soigner l’un de nous 4. Rien de grave mais toujours des maux intestinaux ou autres petits soucis qui nous mettent bien à plat pendant quelques jours. Espérons juste que le résultat du test Covid sera négatif pour moi demain et que ma température aura baissé pour passer la frontière !