12. Maroc : du 23 au 31 décembre 2018 : Oasis de Fint
100 mètres parcourus du 23 au 31 décembre 2018
6367 kms parcourus depuis le départ
Dimanche 23 décembre 2018 :
Nous sommes toujours au sud de Ouarzazate dans le moyen Atlas marocain, bien cachés dans l’oasis de Fint. De bon matin, je traverse la rivière en sautant de sac de sable en sac de sable jusqu’au village de Taharbilte pour me diriger vers la maison de nos amis de l’Auberge de la roche noire.
Quel bonheur de traverser ce village de Fint où le petit givre de la nuit glaciale n’a pas encore été dissipé par le soleil levant. La fumée de plusieurs fours à pain se mêle à la brume matinale.L’odeur du pain chaud parfume ma progression. J’arrive et suis accueilli par Driss et Rachid, avec qui je partage un petit déjeuner composé d’un thé bien sucré, de beignets tout juste sortis de l’huile de friture ainsi que de bons pains que nous trempons dans l’huile d’olives. Je redescends sur notre bivouac avec un grand pain encore fumant pour chacune de nos familles d’amis voyageurs, avec qui nous partageons ce merveilleux endroit depuis maintenant quelques jours.
Nous tentons de suivre le rythme des journées passées, entourés de nos amis les Plem’Mobiles ainsi que Sanlien et Judra. Les 6 enfants profitent d’être en vacances et de ne plus avoir école quotidiennement afin de pouvoir passer la journée entière à jouer ensemble. Aujourd’hui, toujours du ciel bleu avec des températures entre 20 et 25° et toujours de sympathiques et souriants oasiens qui passent nous saluer, nous souhaiter la bienvenue ou bien nous demander si nous avons bien dormi… Quelques membres de l’association dont je vous avais parlé dans mon précédent article arrivent pour boire un café sur notre bivouac. Ils gâtent tous nos enfants de sacs de bonbons, dragées et nougats, et ils nous régalent de dattes d’excellente qualité. Après le repas, je reste au camion mettre en ligne l’article précédent alors que toute l’équipe part marcher en haut de la colline dominant l’oasis de Fint. Je laisse donc le clavier à ma douce pour qu’elle vous raconte…
Nous montons par le petit chemin qui serpente derrière la Terrasse des délices puis coupons à travers le sol rocailleux pour atteindre le sommet de la tête de l’indien qui se dessine dans la roche et que nous observons depuis notre arrivée.
De là, la vue s’étend jusqu’à Ouarzazate et les montagnes enneigées de l’Atlas.
En nous retournant, nous découvrons l’oasis, dont l’oued serpente entre les montagnes.Au premier plan, le vieux village abandonné et de l’autre côté de l’oued, le nouveau village et sa mosquée dont le minaret vient juste d’être construit grâce en partie aux dons des villageois.
Vue sur notre bivouac et sur l’Auberge de la roche noire de nos amis.
Tandis que le petit groupe redescend rapidement afin de mettre au four le pain préparé par les filles, je bifurque avec Elodie dans le vieux village.Quelques familles y vivent encore. Nous croisons Ahmed, à qui les gars avaient réparé le pneu de moto. Il porte sur son épaule un outil de jardin. Il nous fait signe d’avancer un peu dans les ruelles du vieux village. Les murs de pisé en partie effondrés offrent de jolies perspectives.
Dans un four en terre, des déchets sont incinérés car il n’y a pas de ramassage d’ordures ménagères dans l’oasis et il faut sinon emmener ses ordures à 13 km à Ouarzazate et la majorité des habitants n’a pas de voiture.Rapidement, Ahmed nous rejoint. Il nous explique qu’ici habitait sa tante, là était son ancienne maison. Il nous conduit au sommet d’un promontoire offrant une jolie vue sur l’oasis. Il semble bien fatigué après sa journée de travail, et pourtant, il tient à nous conduire chez lui. Il nous présente sa femme, son fils et sa belle-fille qui tient contre elle un tout petit bébé. Ahmed est fier d’être grand-père. Il nous répète qu’une maison sans enfant lui semblerait trop triste. Il nous conduit à travers la maison, nous montre les fours traditionnels utilisés au quotidien, celui pour le pain, celui pour la cuisine.
Il nous emmène dans le jardin. Ici, les dattes sèchent, là de jeunes oliviers ont été plantés depuis peu.Puis il nous invite à boire le thé dans un petit salon. Une photo du roi du Maroc y est accrochée. Nous nous installons sur les tapis, autour de la table basse. La femme d’Ahmed nous apporte le thé et du pain, avant de nous laisser.Comme nous ne terminons pas tout le pain, Ahmed insiste pour que je le mette dans mon sac à dos avant de nous conduire sur sa petite terrasse. De là, il a chaque jour une très belle vue sur le village : il nous montre du doigt chaque maison où habitent ses oncles et tantes, cousins, neveux. Ahmed est né ici et restera ici. Il nous indique le chemin à suivre pour retourner à nos camions. Protecteur, il ne nous quitte pas des yeux tant que nous ne sommes pas arrivés. Elodie et moi nous sentons particulièrement touchées par l’accueil chaleureux de ce vieux monsieur.
Merci ma douce de m’avoir remplacé pour ces quelques lignes. Je reprends le clavier que je te laisserai de nouveau en fin d’article pour y ajouter comme d’habitude quelques précisions et corriger mes fautes.
Durant ce temps, je continue de profiter du bon temps, de terminer le blog puis nous montons avec Judra, Sébastien et Miguel rencontrer de nouveau les membres de l’association. J’entame une discussion avec une architecte de Casablanca.
Puis, nous répondons à l’invitation de Naïm qui nous reçoit autour d’un thé, d’une omelette, d’huile d’olive dans laquelle nous trempons des morceaux de pain.Son papa Lhasa et sa sœur Raja sont fiers de nous faire visiter leur maison. Ils ont deux vaches, des chèvres, des poules, des dindes, un âne et également deux chevaux pour le plaisir. Ils produisent et vendent du beurre.
Mais comme nous ne sommes pas venus tous les 13 ensemble, Naïm renouvelle son invitation pour demain matin. De nouveau, nous nous réchauffons autour du feu avec Naïm, Ismaël, Driss, Hakim et Hussein. Les sons de djembé et la voix d’Ismaël résonnent dans la vallée. Le poulet qui marine depuis ce matin cuit doucement sur les braises. Audrey propose à Hakim, instituteur, que ses élèves suivent notre voyage à travers le blog. Nos six enfants s’entendent toujours aussi bien et partagent de bons moments.
Lundi 24 décembre 2018 :
Tous ensemble, à 13 personnes, nous montons donc chez Naïm et toute sa famille est là pour nous accueillir, y compris la grand-mère surnommée Ktou, qui a un sourire permanent et un visage extraordinairement expressif ! Nous sommes servis comme des princes avec omelette, confiture, miel, huile d’olive, pain, dattes… et thé. Naïm est fier de nous faire visiter de nouveau sa maison et également ses animaux. Nous achetons du beurre frais que fait sa maman.
Retour au bivouac pour déjeuner. Puis nos trois femmes, Sanlien, Elodie et Audrey partent aider les autres femmes de l’auberge à préparer le repas du réveillon. Pourtant, nous n’avons pas l’impression que c’est déjà Noël avec ce soleil qui ne nous a plus quittés depuis un mois et avec nos shorts et tee-shirts… Elles passent donc un moment à éplucher les légumes pour le couscous de ce soir prévu pour plus de 50 personnes. La préparation se termine par un goûter partagé en commun et entre femmes autour d’un tagine puis d’un mélange de vermicelles, de raisins, et de viande de bœuf caramélisée, le tout saupoudré de sucre.
Durant ce temps, les filles cuisinent de leur côté au bivouac pendant que Victor prend avec Sébastien des cours d’Aïkido.
Aujourd’hui est un grand jour, car en plus de tous nos amis présents, c’est au tour de notre famille de nous rejoindre pour passer les fêtes de fin d’année ensemble. Mon papa Jean-Claude, mes beaux-parents Liliane et Daniel, mon beau-frère Alexandre, ma sœur Christelle et mon beau-frère Laurent et mes deux neveux adorés Ella et Mattéo, les parents de Laurent (Lucette et Daniel) et enfin Anne la sœur de Laurent arrivent tous cet après-midi juste à l’heure du réveillon ! Quelle joie de retrouver la famille. Nous ne sommes pas partis depuis si longtemps mais ça fait vraiment du bien de revoir tout le monde… Autour de nous 4, nous avons donc la chance d’avoir 20 personnes qu’on aime pour fêter Noël !La nuit vient de tomber mais le four en brique enduit de terre est déjà monté en température depuis le milieu de l’après-midi. Cinq chevreaux y sont introduits pour y être cuits.
Nous ne connaissions pas ce mode de cuisson typiquement berbère. A peine enfournés, le four est recouvert d’une tôle où l’étanchéité à l’air est assurée par un cordon de terre humide en guise de scellement. Privé d’air, le feu s’arrête et la cuisson se fait donc à l’étouffée pendant 1h30.Durant ce temps, une dizaine de musiciens réchauffent au coin du feu les peaux de chèvres tendues sur leurs instruments de musique.
Puis, accompagnés d’une douzaine de danseuses habillées en tenue traditionnelle locale, ils animent une partie de la soirée. Ce groupe typiquement berbère, issu du village de Fint, n’a rien d’un spectacle folklorique pour touristes… Il s’agit réellement d’un groupe de musique et de danse qui intervient dans les différentes familles pour les fêtes, les mariages, les naissances. Évidemment, Noël n’est pas une fête religieuse célébrée au Maroc, mais Driss et sa famille tenaient à nous faire plaisir pour notre Noël.
Nous passons donc une agréable soirée au son des percussions et des chants berbères. Quelle joie de partager ce moment avec notre famille et nos amis.
Nous sommes avec plaisir invités à participer à leurs danses et j’ai la joie de pouvoir m’intégrer quelques instants au milieu des musiciens. Mon fils et mon papa prennent également plaisir à s’imprégner de cette musique.
Karima et Fatma prennent Audrey et ma soeur par la main. Elles les entraînent à petits pas rapides dans les ruelles du village jusqu’à leurs maisons. Elles tiennent à leur prêter leur tenue de fête pour célébrer l’évènement. Beaucoup de complicité naît de ces instants de partage entre femmes.
Nous nous régalons à table d’un couscous en entrée et d’un méchoui de chevreaux en plat de résistance…
Un thé bien sucré termine ce repas.
Une fois le groupe de musique parti et le repas terminé, nous prenons place autour des djembés de Naïm, Ismaël, Youssef mais également autour de ceux de deux gamins Anouar et Ashraf, qui malgré leurs 10 ans ont un sacré rythme dans la peau !
Ces retrouvailles en famille autour de ce réveillon hors du commun partagé avec des amis est un réel moment de bonheur.
Mardi 25 décembre 2018 :
Anaïs et Victor impatients de voir si le père Noël a réussi à nous trouver dans notre petit coin de paradis perdu au fond de l’anti Atlas marocain, ne tardent pas à venir nous réveiller. Ils sont vite rassurés et ouvrent avec joie leurs cadeaux… Puis, nous retrouvons notre famille à l’auberge où de nouveau, quelques cadeaux ont été déposés par le père Noël.
Audrey avec beaucoup de surprise et d’émotions, ouvre une enveloppe envoyée par ses anciens élèves : ils lui ont tous fait une petite carte ou un petit mot. Merci Florence et les enfants pour ce geste qui a beaucoup touché Audrey ! Un globe terrestre gonflable en cadeau plonge aussitôt les deux belles-sœurs dans le choix de notre futur lieu de rencontre dans un peu plus d’un an… Inch’Allah !Puis, nous levons notre bivouac où nous sommes restés plus de 8 jours. Nos amis en camping-car reprennent la route pour environ une semaine avant de revenir nous voir. Nous sortons nos trois véhicules en passant dans un étroit passage mais ça passe juste entre les palmiers et les murs de pierres. Nous nous rapprochons de l’auberge pour être plus près de la famille.
Une salade typique marocaine accompagne à merveille des brochettes de poulet. Un délice…
L’après-midi, nous allons nous promener en famille le long de l’oued et des jardins au vert toujours intense.
Rencontre en chemin avec un maréchal ferrant s’occupant de ferrer un âne ou bien avec Laashan qui jouait de la grosse caisse à notre réveillon de Noël hier soir et qui s’occupe aujourd’hui de rassembler et peser le thym cueilli par les femmes dans la montagne.
En prenant un peu de hauteur, nous avons une vue panoramique époustouflante sur l’oasis.
Sur le chemin du retour, dans un nuage de poussière, les enfants sortent de l’école en courant. Ici, pas de parents au portail de l’école attendant leurs enfants. Ils sortent et parcourent plusieurs centaines de mètres jusqu’à leurs maisons.Un tagine nous régale de nouveau ce soir avant d’entamer une nouvelle soirée au son des percussions.
Mercredi 26 décembre 2018 :
Ce matin, nous partons marcher pendant environ trois heures en direction du point culminant de l’oasis. Celui de la tête de l’indien en haut de laquelle Audrey était montée il y a trois jours. Nous passons de nouveau au sein du village abandonné de Taharbilte. Les murs en terre et en paille n’ont pas résisté à l’assaut du temps passé, des intempéries et du manque d’entretien.
Arrivés en haut à près de 1300 mètres d’altitude, nous avons une vue quasi à 360°. Au loin, nous sommes éblouis par le pylône captant la lumière de milliers de miroirs orientés vers son sommet. Cette centrale, surnommée Noor, une fois terminée fournira la moitié de l’électricité du Maroc et sera la plus grande centrale solaire au monde !
Mais nous sommes surtout éblouis par la beauté de ces paysages. D’un côté l’oasis et deux de ses quatre villages, de l’autre l’immense plaine menant à Ouarzazate. Avec un peu de hauteur, nous distinguons bien l’ancien et le nouveau village séparés par l’oued.
Nous voyons les vilaines constructions des studios de cinéma tournant en continu des films dans ces décors paradisiaques.
Descente de la montagne en retraversant une partie de l’oasis.
Retour à l’Auberge de la roche noire où Ambarka, avec l’aide de Fatma et Fatima, nous gâte de nouveau de saveurs marocaines.
L’après-midi, nous partons en voiture faire quelques courses dans Ouarzazate.Soirée tranquille en mangeant devant la cheminée où brûlent timidement des troncs de palmiers.
Couchés depuis quelques instants, je reçois un message de mon ami Driss me demandant de revenir le voir à l’auberge. Quelques instants plus tard, je suis là et avec joie je retrouve mon ami Pascal et son fils Cléo. Fraîchement atterris à Marrakech quelques heures plus tôt, ils n’ont pas pu attendre 4 jours de plus avant de découvrir l’oasis de Fint. Ils ne devaient arriver que le 30 mais nous ont fait la surprise d’arriver ce soir !
Jeudi 27 décembre 2018 :
Nous nous réfugions quelques instants auprès du feu de bois où est préparé quotidiennement le pain du jour. Quelques rigolades avec Fatma rendent ce moment encore plus convivial.
C’est donc à 17 que nous entamons une promenade ce matin le long de l’oasis.
La lumière matinale est superbe et donne des reflets magnifiques à l’eau et aux algues.
Nous observons les cultures, les ruches, les systèmes d’irrigation. Nous croisons Hossa qui nous a préparé le méchoui de chevreaux pour notre réveillon de Noël. Il revient avec son âne de ses parcelles de jardin.
Nous sommes toujours impressionnés par le poids que portent les femmes sur leur dos.
Nous traversons un petit havre de paix.
Un peu plus loin, nous rencontrons un potier fabriquant des jarres en argile.
Puis nous montons faire une pause à la Terrasse des délices où nous retrouvons Ismaël. Une jolie vue panoramique sur l’oasis s’offre à nous pour savourer un thé à la menthe.
Retour à l’auberge en traversant l’oued où les femmes viennent laver leur linge et leurs tapis, avant de les faire sécher étendus au sol.
Petit apéro à l’auberge où nous apprécions particulièrement cette bouteille de vin de Montlouis moelleux offerte par nos amis Magalie et Fred… Nous avions ce petit colis avec nous depuis deux mois mais la consigne était de ne l’ouvrir qu’à Noël. Cela n’a pas été évident d’attendre car on se doutait bien qu’il y avait à boire dedans…Ce midi, nous dégustons un savoureux et copieux tagine de kefta, d’oignons et d’œufs. Nous savourons également les moments passés avec notre famille et avec nos amis Pascal et Cléo.Audrey, Christelle et Anne aident Ambarka à préparer le repas de ce soir en épluchant une grosse quantité de légumes. La grand-mère mange une omelette à côté d’elles, assise comme à son habitude au sol.
Fatma est toujours également à nos petits soins.Les ados descendent au bord de la rivière et attachent leurs hamacs dans les palmiers.Victor est ravi que son tonton Alex passe du temps avec lui et lui donne quelques astuces pour jouer à son jeu vidéo Minecraft.Nous allons marcher le long de l’oued. Les couleurs sont toujours aussi magiques.Le stade de foot se trouve au milieu de la rivière dont le niveau d’eau est bas en ce moment. Les sourires des habitants de l’oasis qui maintenant nous connaissent bien sont toujours aussi agréables. Les échanges de paroles également. Le barrage de la langue est parfois là avec les plus anciens mais la main posée sur le cœur systématiquement veut tout dire. Naïm que nous retrouvons à l’entrée de l’oasis nous invite de nouveau chez lui. Hussein nous accompagne et nous savourons ce moment de partage et ces gourmandises sucrées comme le miel du village, le beurre de sa maman ou encore cette poudre de dattes écrasées cuites avec de la farine et de l’huile d’olive. Il est déjà bien tard pour faire un gros goûter comme celui-ci mais c’est un réel plaisir de partager ce moment avec ces deux jeunes de 25 ans avec lesquels nous échangeons beaucoup sur la vie de l’oasis, sur la position de la femme dans la famille à qui il revient de nombreuses tâches. Il s’amuse de savoir qu’en France, les hommes participent aux tâches ménagères, à la cuisine, au ménage, au ramassage du bois… Il rigole également quand il apprend que nous n’avons que deux poules à la maison. Il renouvèle son invitation pour demain mais comme de nombreux autres habitants de l’oasis qui nous attendent également…La soirée commence encore une fois par un bon repas préparé par Ambarka. Ce soir, elle nous a préparé un très bon tagine de poulet accompagné de petits pois, d’oignons, d’olives et de raisins secs…Puis, comme d’habitude, nous poursuivons en écoutant les percussions de Naïm, Rachid et Ayoub. Le jeune Ashraf accompagne la musique de pas de danse déchaînés avec un bon déhanché. La musique typique berbère alterne avec des airs de chez nous comme « elle descend de la montagne à cheval » en remplaçant les paroles par « elle traverse la rivière avec un âne » ou « elle traverse le désert à dromadaire » ! Anaïs et Mattéo prennent la place des musiciens et sont accompagnés de leur papi.
Anaïs offre de nombreux petits bracelets qu’elle a fabriqués.
Vendredi 28 décembre 2018 :
L’odeur du pain chaud éveille toujours autant notre appétit quand nous prenons notre petit déjeuner. Le thé brûlant du matin, les petits beignets qu’on savoure une fois le miel fourré à l’intérieur… nous régalent. Le soleil sort et ses rayons commencent à réchauffer l’air frais du matin.
Nous partons à 16 randonner et rapidement les paysages minéraux nous offrent des vues époustouflantes.
Au loin, la ville de Ouarzazate.Au près, des familles heureuses de se retrouver.
Nous surplombons l’oasis de Fint qui apparaît d’un vert intense au fond de la vallée. Les deux villages de Timoula et Wangarf sont séparés par l’oued.
Nous descendons dans le village de pisé.
Les fours à pain sont encore chauds et fumants.
Mais les femmes ont terminé la cuisson et sont déjà passées à d’autres travaux. Notamment celui d’aller cueillir et remplir de lourds sacs de thym dans la montagne. D’autres femmes chargent sur leur dos de grosses bottes de paille du camion arrivé de Casablanca. Les hommes restent allongés à côté.
Notre grand groupe s’est un peu éclaté compte tenu des difficultés de passage à certains endroits de la randonnée. Audrey, Liliane, Christelle et Anne se sont faites inviter à boire le thé. Les plus sportifs sont partis construire des cairns sur une crête de montagne. Mais les différents petits groupes retrouvent le chemin de l’auberge sans doute attirés par les odeurs d’un succulent tagine de bœuf, d’œufs durs, d’oignons et de pruneaux. Une nouvelle fois, nous nous régalons. Nous mangeons aujourd’hui en terrasse et cherchons même un peu d’ombre en fin de repas tellement le soleil tape ! Heureusement, le chèche d’une vingtaine de mètres d’Ayoub nous protège !
L’après-midi, nous partons à Ouarzazate au hammam. Rien à voir avec le hammam que l’on trouve en France dans les centres de bien-être ou de balnéo. Ici, le hammam est le lieu où les marocains se retrouvent en général une fois par semaine pour aller faire la grande toilette. On se change dans un vestiaire, on achète un gant de crin synthétique et du savon noir. Puis, on passe dans une succession de trois salles de plus en plus chaudes. Dans chacune des salles d’environ 30 m², environ 15 personnes sont assises au sol. Chacune a un grand seau et fait sa toilette. Nous prenons l’option de nous faire laver par un employé du hammam. Après nous avoir savonné, il enfile le gant de crin et nous frotte de manière très énergique, mais vraiment très énergique… Nous avons la peau toute rouge, une fois qu’il nous a enlevé des lambeaux de peau morte. Puis vient l’étape du massage. Grande crise de fou rire en voyant les autres se faire déboiter ! Nous rions beaucoup moins quand le « masseur » nous fait signe de venir entre ses mains. Le massage ne dure que 5 minutes mais je hurle pendant la moitié du temps ! A plat ventre sur le sol de marbre, il monte sur notre dos de tout son poids et nous étire les bras et les jambes dans des directions morphologiquement pas adaptées. A coup de claques sur le dos, il nous indique de changer de position… Étonnement, on en ressort avec une certaine souplesse !
Sylvain n’ayant pu pénétrer dans le hammam réservé aux femmes, je prends la plume. Alors que dans les rues, la grande majorité des femmes sont voilées, le corps dissimilé sous de grandes robes, ici… tout tombe. Ne conservant tout comme elles que nos petites culottes, Christelle, Ella, Anaïs et moi nous installons dans une salle dans laquelle flotte un nuage de vapeur. L’eau chaude coule en abondance dans les seaux que chacune va remplir. Assises sur de très bas tabourets en plastique, dans une chaleur moite, leurs voix résonnent. Entre discussions et rires, les femmes, jeunes ou vieilles, maigres ou fortes, partagent ces heures cachées des hommes. Elles se frottent énergiquement les unes les autres avec du savon noir et un gant pour le gommage, se rincent en renversant sur leurs corps des bols d’eau chaude qui coule au sol et rejoint les rigoles qui courent le long des murs. Les toutes petites filles ont déjà acquis ces gestes qui leur semblent naturels. Nous, françaises qui portons dans les rues de notre pays des robes légères découvrant nos jambes et nos épaules, nous sentons gauches dans cet univers où la notion de pudeur n’a plus le même sens. Et pourtant, ces femmes nous sourient et par des regards et gestes bienveillants, elles nous invitent à les imiter. Chacune de nous, une fois passée sous le gant frotté énergiquement par une des femmes du hammam, ressort, charmée ou déroutée, avec une peau incroyablement douce.
Tout propres, nous retournons à l’auberge pour une nouvelle soirée partagée en musique autour d’un bon repas.
Samedi 29 décembre 2018 :
C’est parti pour une belle randonnée durant laquelle outre les magnifiques paysages observés, nous discutons avec quelques oasiens travaillant péniblement leur lopin de terre. Abdou est en train de labourer grâce à une charrue attelée à deux ânes, des petites parcelles de terre. Victor s’essaie au labour. Mon beau-père Daniel offre des graines à Abdou. Lors de son dernier passage en avril, Daniel avait déjà offert des graines et cette fois-ci, les oasiens étaient fiers de lui dire que les citrouilles avaient bien poussé.
Les paysages sont encore une fois de toute beauté.
Nous suivons le cours de la rivière aux couleurs incroyables. Les grenouilles et les tortues se cachent en nous entendant.
Un peu plus loin, quelques hommes sont en train de distiller du thym dans des alambics. Le thym que nous voyions hier dans de gros sacs chargés sur les femmes. Aujourd’hui, très haut dans la montagne, nous distinguons d’autres femmes en train de ramasser ces mêmes herbes. Deux fours alimentés par deux brasiers énormes réchauffent des grandes cuves chargées du thym. La précieuse huile est refroidie dans une tuyauterie passant en serpentin dans le cours du ruisseau avant d’en ressortir un peu plus loin. Cette huile essentielle serait revendue aux alentours de 1000€ le litre.
Encore un peu plus loin, nous arrivons dans le dernier village de l’oasis de Fint, le hameau de Belghizi. Nous faisons la rencontre de l’institutrice qui interrompt sa classe pour expliquer son travail. Elle fait partie des jeunes femmes ayant eu la chance de poursuivre leurs études après le baccalauréat. Elle enseigne depuis 7 ans et son poste n’est qu’à 10 kms de son domicile mais elle met 40 minutes à parcourir cette piste avec sa Renault 5. Elle a une vingtaine d’élèves âgés de 8 à 12 ans.
Au bout de 5 kms, nous faisons demi-tour. Un peu plus loin, j’entame la discussion avec Laashan préparant une parcelle de 10 m² pour y semer de l’orge. Sa théière n’est pas bien loin et il nous offre un verre de thé copieusement sucré.
Retour chez nos amis où un bon plat de brochettes nous régale et cale nos estomacs bien vides. Les airs de percussions résonnent toujours dans l’Auberge de la roche noire. Ce soir, les musiciens sont déchaînés et Naïm joue tellement fort qu’il est en sueur !
Nuit ponctuée par le bruit assourdissant, comme celui du mur du son d’un avion, d’un tremblement de terre de 3,5 sur l’échelle de Richter mais dont l’épicentre est situé à seulement une vingtaine de kilomètres.
Dimanche 30 décembre 2018 :
Nous allons ce matin piétiner dans le souk dominical de Ouarzazate. Celui-ci est beaucoup plus grand que celui de samedi dernier à Tabounte. Nous sommes accueillis dès l’entrée par le marché aux bestiaux où ânes, vaches, moutons, chèvres, volailles se négocient. La paille est transportée sur des camions certainement en dépassement de charge.
Grande effervescence sur ce marché hebdomadaire. Nous commençons par les traditionnels étals alimentaires. Nous n’en revenons pas de ces quantités de fruits et surtout de légumes qui se vendent. Des camions entiers sont chargés d’oignons !
Les épices et les olives en plus de l’odeur donnent de la couleur à ce marché.
Un peu plus loin, ce sont les marchands de quincaillerie, de vêtements, d’outillages, de livres, de vaisselle qui tentent d’attraper le client.
Mais on se demande bien comment certains vendeurs parviennent à se séparer de certains de leurs articles.
Retour à l’auberge où nous dégustons un tagine. Le thé se sirote tranquillement en terrasse en prenant les rayons de soleil. L’après-midi, certains restent à l’auberge à bouquiner autour d’un verre de thé, d’autres partent marcher dans le lit de l’oued ou bien montent un âne. D’autres encore répondent à l’invitation d’Hassan leur proposant un thé.
En début de soirée, nos amis voyageurs les Plem’, Sébastien, Sanlien et Judra, Pascal et Cléo reviennent d’une petite virée de quelques jours autour de Ouarzazate. La Vadrouille Ambulante est également de la partie. Nous avions croisé Nolwenn et Pierre dans le sud du Portugal il y a quelques semaines.
Lundi 31 décembre 2018 :
Matinée où plusieurs petits groupes partent dans des coins différents. Les plus sportifs remontent faire une randonnée sur les hauteurs de Fint.
Nos amis berbères nous demandent depuis hier qu’on leur apprenne à cuisiner des spaghettis à la bolognaise. Me voici donc en cuisine avec Anne et Christelle à préparer à manger pour une vingtaine de personnes. A notre sauce oignons, tomates et bœuf, Ambarka ajoute sa touche personnelle : cumin et paprika viennent parfumer notre bolognaise.Audrey fait cuire des brownies au chocolat dans le four palestinien de la Tiny. Des enfants du village se sont installés dans la cabane avec elle et lui tiennent compagnie. Tandis qu’un petit garçon profite des crayons de couleur de Victor pour faire un dessin, Anouar et Ashraf dévorent avec gourmandise une poire trouvée dans la panière à fruits. Tout le monde est ravi. Nos amis se régalent.Les enfants se réfugient dans le four à pain pour jouer au Uno.Puis, Karima qu’on avait rencontrée il y a 10 ans revient dessiner au henné de superbes motifs sur les mains des (jeunes) femmes. En lui montrant les photos d’il y a 8 ans, elle est fière de nous dire que depuis elle s’est mariée et a eu deux enfants.
Puis, vient la soirée du réveillon, la dernière de 2018 mais aussi la dernière à Fint car demain nous reprenons tous la route. En plus de nous 15, 15 de nos amis voyageurs sont là dont les Plemmobiles, Sébastien, Sanlien et Judra, Pascal et Cléo et enfin la Vadrouille Ambulante. Sympathique soirée autour d’un bon couscous et d’un bon tagine.Le même groupe de musiciens et de danseuses qui était venu pour le réveillon de Noël, est de nouveau là pour animer la soirée.
Quelques dizaines de minutes avant la fin du mois de décembre, nous réalisons et réussissons notre troisième défi de notre voyage. Voir rubrique « défi » dans le menu du blog.La soirée se termine au son des djembés autour de gâteaux au chocolat.
Nous allons nous coucher, heureux d’avoir vécu de si beaux moments, mais avec la tristesse de devoir partir de cette oasis et de devoir dire au revoir à la famille et aux amis que nous ne reverrons pas pour certains avant la fin de notre voyage. D’autres, qu’on espère nombreux, nous rejoindront en cours de route. Nous croiserons sûrement certains de nos amis voyageurs en Mongolie et en Chine. Demain, nous suivrons notre famille jusqu’à Marrakech pour passer une dernière soirée ensemble avant de se quitter le 2 janvier. Eux reprendront l’avion. Nous, nous reprendrons notre cavale en direction de l’Espagne, la France et l’Italie où nous avons réservé un bateau pour rejoindre la Grèce au départ de Venise le 16 janvier.
Meilleurs vœux de bonheur et de santé à toutes et à tous. Nous vous embrassons…