1227 km réalisés du 29 juillet au 5 août 2021
80 616 km parcourus depuis le départ
Jeudi 29 juillet 2021 :
Nous quittons ce matin le secteur du Namib et les fabuleuses et envoûtantes dunes de Sossusvlei pour quelques jours de transit vers le sud de la Namibie. Une longue piste de 335 km qui contourne l’immense Parc national Naukluft-Namib avant de retrouver la route bitumée B4 qui nous mènera vers Lüderitz. Comme toujours, nous ne savons pas combien de temps cela va nous prendre et nous avons prévu dans notre « planning » trois journées d’un peu plus de 100 km. Finalement, la piste n’est pas trop mauvaise et nous autorise même un peu de folie et quelques pointes à 70 km/h par moment. Mais rapidement, nous ne pouvons plus dépasser les 25 km/h. Puis de nouveau, cela s’améliore.
Nous apprécions les paysages désertiques si fabuleux (encore une fois) aujourd’hui. Nous traversons la Réserve naturelle du Namibrand. Comme les bords de piste, sur les quelques dizaines de kilomètres de cette traversée qui ne sont pas clôturés, les animaux sauvages sont libres de gambader et nous observons des oryx, des springboks et quelques autruches.
Dès l’heure de manger, nous avons déjà parcouru 100 km alors que nous roulons depuis 1h30. Il nous reste encore du temps pour avancer et nous rapprocher de l’asphalte. Nous enfilons donc les kilomètres de pistes, sans voir âme qui vive. Incroyable ces étendues en Namibie où personne n’habite. Et pourtant, tout est clôturé. Encore un endroit où il ne faut pas tomber en panne. On voit bien quelques lodges de luxe en retrait de la route, auxquels les clients fortunés arrivent directement sur des pistes d’aérodromes privées et quelques fermes éparses, mais vraiment très peu.
A Spes Bona, le seul hameau que nous traversons aujourd’hui, nous quittons la piste D407 pour emprunter la D707 que l’on sait en bon état, car d’autres amis voyageurs l’ont empruntée il y a peu. Cette piste contourne quelques massifs culminant à 1800 mètres d’altitude. Les paysages sont désertiques mais fabuleux, surtout quand on s’approche de nouveau des dunes. Le sable recouvre aussi parfois la piste et je redoute des longs passages de quelques centaines de mètres un peu mous mais la Tiny se comporte bien et surfe sur le sable à toute vitesse. Je n’ai pas d’autre choix d’ailleurs que d’y aller à fond au risque sinon de terminer nos jours ici dévorés par les vautours. Car nous ne croisons aujourd’hui que très peu de voitures. Environ une par heure et encore pas toutes les heures… et encore moins sur cette D707 où nous ne croisons qu’une seule voiture en 120km.
Cette piste traverse la Réserve Tiras Mountain Conservancy malheureusement elle aussi close de clôtures grillagées. Nous voyons d’ailleurs trois oryx coincés et paniqués de chaque côté des fils métalliques. On a juste envie de sortir les pinces coupantes…
Les heures passent et les kilomètres aussi et finalement, l’asphalte de la B4 nous paraît accessible ce soir, une fois retrouvée la piste D407 en bon état. Voilà donc presque 350 km de pistes parcourus aujourd’hui. Un record !
Mais une fois le long ruban noir retrouvé, nous décidons encore de poursuivre une vingtaine de kilomètres après la minuscule ville d’Aus où nous remettons juste un peu de gasoil pour nous permettre d’arriver dans une station-service qui nous inspirera plus confiance dans les jours à venir à Lüderitz. Nous arrivons dans les immenses plaines désertiques à l’ouest d’Aus qui abritent quelques-uns des seuls chevaux sauvages au monde capables de vivre dans le désert.
Mais pas de chance ce soir à ce point d’eau artificiel de Garub Pan et nous n’observons pas ces fameux chevaux. Peut-être qu’on aura une belle surprise demain matin au réveil !
Vendredi 30 juillet 2021 :
Le réveil nous sort du lit à 7h15, au lever du jour, pour espérer pouvoir observer les chevaux sauvages. Mais pas âme qui vive à l’horizon dans ces plaines de Garub, mises à part deux autruches s’abreuvant au point d’eau artificiel.
Puis en milieu de matinée, c’est l’excitation quand on voit dans les jumelles arriver au loin un cheval. Il s’approche doucement du point d’eau situé à 100 mètres de notre point d’observation mais c’est déjà magique d’avoir la chance d’observer un de ces rares spécimens.
Plusieurs théories sont avancées, sans que les tests génétiques ne permettent de conclure, quant à l’origine des chevaux sauvages du Namib. L’Afrique australe n’a jamais eu de population de chevaux indigènes avant l’arrivée des Européens. L’origine du cheval du Namib est forcément à chercher parmi des animaux importés par ces hommes. Leurs ancêtres sont vraisemblablement des chevaux de selle et de cavalerie, issus de programmes d’élevage allemands. En effet, les Allemands ont colonisé le Sud de la région du Désert du Namib en y construisant en 1908 une voie de chemin de fer vers l’Afrique du Sud. A l’occasion des travaux, ils creusent notamment un puits d’eau pour les locomotives à vapeur, qui deviendra par la suite l’une des clés de la survie de l’espèce. Suite à des frictions avec des pays limitrophes et l’avènement de la Première Guerre Mondiale, les Allemands quittèrent la région. Parmi eux, un riche aristocrate, Hansheinrich von Wolf, élevait jusqu’à 350 chevaux en 1911. Après son retour en Europe et son décès au cours de la Première Guerre Mondiale, sa ferme aurait été pillée puis laissée à l’abandon. Pendant la Guerre, des chevaux ont été utilisés dans les campagnes militaires en Namibie, aussi bien par les troupes allemandes que par les Sud-Africains. Certains se sont échappés ou ont été relâchés dans le désert.
Une autre hypothèse privilégie qu’un navire cargo transportant des pur-sang en Australie aurait fait naufrage près du fleuve Orange, les chevaux les plus forts auraient nagé jusqu’à terre et voyagé vers la plaine de Garub, territoire actuel de cette population.
Une autre théorie enfin affirme qu’ils descendent de croisements entre le cheval du Cap et des poneys Basuto montés par des Khoïkhoïs voyageant de l’Afrique australe vers le nord du fleuve Orange.
La théorie la plus probable voit dans les chevaux du Namib les descendants d’un mélange de chevaux militaires sud-africains échappés, et de chevaux d’élevage amenés dans le Sud-Ouest africain allemand. Ces chevaux sauvages du Namib descendent quoiqu’il en soit de chevaux domestiqués et ils forment l’unique population de chevaux retournés à l’état sauvage sur le continent africain, bien qu’une autre population de Kundudo ait été découverte en Éthiopie il y a quelques années.
La population de ces chevaux s’est stabilisée mais elle a beaucoup oscillé au fil du temps à cause des sécheresses successives, poussant même le gouvernement namibien à vendre et faire abattre certains chevaux sauvages. Dans les années 1960-80, ils furent tellement peu nombreux (la population a varié entre 50 et 200 animaux) que les peuples locaux qualifiaient ces animaux de « chevaux fantômes » car il était très rare d’en croiser. Depuis les années 1980, leurs terres de pâturage traditionnelles sont incorporées au Parc national de Namib-Naukluft.
Leurs conditions de vie ne sont pas faciles. D’une part ils doivent lutter pour la nourriture avec les autres animaux sauvages. Et d’autre part, l’eau reste une ressource limitée dans la région bien qu’ils aient cet abreuvoir artificiel de Garub. Les chevaux qui survivaient sur l’eau pompée dans ce qui était à l’origine une des stations de remplissage pour les locomotives à vapeur ont été mis en danger lorsque ce pompage s’est arrêté en 1977 à l’arrivée des locomotives diesel. Plusieurs sont morts de déshydratation avant l’installation de réservoirs de rétention d’eau en 1980.
Les conditions environnementales difficiles dans lesquelles ils vivent sont la principale cause de mortalité parmi les chevaux du Namib, car elles provoquent la déshydratation, la malnutrition, mais aussi l’épuisement. Ces chevaux doivent couvrir des distances considérables, 15 à 20 km séparant les quelques sources d’eau existantes des meilleures sources de pâturage. Cela crée une grande pression de sélection en supprimant les animaux les plus faibles de la population. Les chevaux profitent de quelques mares pendant les pluies du printemps austral, qui sont vite asséchées. En raison de la rareté de l’eau, le cheval du Namib peut se passer de boire pendant 3 jours en hiver. Les rares plantes du désert, réputées pour emmagasiner le brouillard, sont leur seule source de nourriture. Nous les observons également manger leur propre crottin pour compenser leur carence en minéraux. Mais l’intervention humaine avec la clôture de portions de terre et la chasse a éliminé ou réduit de manière significative le mouvement des animaux dans la région. Les hyènes tachetées sont devenues un autre problème majeur pour l’espèce car ces prédateurs attaquent les jeunes poulains. Le nombre de chevaux sauvages serait passé de 286 adultes en 2012, à 65 en 2019.
Voilà pour l’explication sur l’espèce du cheval de Namib que nous apprécions pouvoir observer d’autant plus qu’elle devient si rare. Et alors qu’on observe ce cheval rejoint par un autre autour du point d’eau, ce sont plusieurs petits groupes qui rejoignent le point d’eau ! Une trentaine soit presque la moitié de la population totale !
Ils s’abreuvent quelques instants, puis étonnement, s’approchent de notre point d’observation jusqu’à se laisser caresser pour certains. Ils nous entourent. Moment magique où nous restons 4 heures à les observer faire leur sieste, téter leur maman. Encore un chouette moment du voyage.
Le cheval du Namib est d’apparence athlétique, proche des chevaux de selle européens élevés par l’homme et porte une robe sombre. Il est mince mais musclé. Mais les plus grands ne dépassent pas 1,50 mètre au garrot. Malgré l’environnement désertique et impitoyable dans lequel ce cheval sauvage vit sans aucun entretien de l’homme, il parvient à rester dans un état correct en dehors des périodes de grande sécheresse. Seule leur crinière a l’allure pour certains de dreadlocks.
Il est temps de prendre la route parfaitement asphaltée qui file droit à travers le désert vers la ville côtière de Lüderitz. Sur environ 120 km, nous ne voyons rien à part la voie ferrée et une ligne électrique longeant la route. Les deux gares du début du 20ème siècle sont abandonnées.
Nous arrivons en ville, face à l’océan, et alors qu’on s’attendait à trouver une ville importante, il s’agit en fait d’un gros village entouré des dunes du Namib qui viennent mourir ici.
Nous nous rendons sur une péninsule faisant face à la ville. Joli bivouac dans la Baie de Messemb.
Alors que je rêve de sortir du frigo une bière fraiche, il faut d’abord sortir la pelle ainsi que les plaques de désensablage… Tous les quatre, nous nous mettons à dégager chacune des roues ainsi que le pont arrière.
Nous faisons la connaissance avec une nouvelle famille de voyageurs La Tribu Monsalut composée de Élodie, Guillaume, Hanaé et Elphie, qui partage le même bivouac que nous.
Samedi 31 juillet 2021 :
Journée off aujourd’hui pour profiter de la belle vue et du calme de ce charmant bivouac. Mais aussi pour profiter de la connexion 4G que nous avons aujourd’hui car nous faisons face à la ville de Lüderitz. Il faut dire qu’on n’a vraiment pas eu beaucoup de réseau depuis que nous avons quitté Swakopmund il y a plus de 10 jours et nous en avons besoin pour mettre en ligne le précédent blog, pour faire toujours un peu d’administratif et surtout pour commencer à préparer les débuts de notre parcours en Afrique du Sud où nous allons arriver très vite. Deux frontières nous permettent de rentrer dans ce nouveau pays et Audrey se penche donc plusieurs heures aujourd’hui pour envisager un itinéraire et choisir laquelle prendre. Les enfants pendant ce temps profitent de jouer sur la plage et de monter un petit film qu’ils tournent dans une vieille cabane de pêcheurs. Nous observons un lion de mer jouer avec un poisson et aussi un chacal à chabraque frôler la Tiny.
Dimanche 1er août 2021 :
Début de mois rime comme depuis le début du voyage avec l’ouverture de notre défi. Ce mois-ci, Stéphanie et Cyril nous mettent au défi d’« inviter des villageois et leur préparer un plat typiquement charentais » !
Nous prenons la route, en prenant garde de ne pas s’ensabler, pour faire le tour de la péninsule de Lüderitz.
Premier arrêt dans la Baie de Sturmvogelbutcht où nous voyons les ruines d’une station baleinière norvégienne datant de 1914.
Nous contournons la Baie Shearwater et nous arrivons au Diaz Point Cross, tout au nord de la péninsule. Un phare s’élève aux côtés d’une croix érigée en 1488 par le navigateur portugais Dias.
Depuis le point de vue d’Halifax, nous avons un joli point de vue sur la Guano Bay et sur les quelques îles dont Halifax Island sur laquelle nous apercevons quelques lions de mer mais pas de manchots du Cap comme on peut en voir à certaines saisons.
Nous marquons plusieurs arrêts sur la côte ouest de la péninsule dont un pour voir un joli petit fjord et un autre à Klein Bogenfels, où Anaïs et Victor prennent plaisir à escalader les rochers.
Nous voici au sud de la péninsule face à la baie de GrosseBucht, une grande plage où on voit quelques flamants roses venant se nourrir à marée basse.
Nous terminons notre boucle sur la péninsule et nous rejoignons la ville de Lüderitz. Nous nous installons pour le bivouac sur les hauteurs de Diamond Hill au pied de l’Eglise Felsenkirch (église luthérienne évangélique) de la ville avec une belle vue panoramique sur la baie et le bivouac où nous avons passé les deux dernières nuits de l’autre côté de la baie.
Avec Audrey, nous partons déambuler dans le petit centre-ville vraiment désert en ce dimanche après-midi. Nous passons devant quelques façades Art nouveau aux tons pastels de l’époque coloniale. La maison Goerke Hauss (1910), autrefois demeure d’un lieutenant est la plus belle de Lüderitz. Un petit air de village bavarois en plein désert de Namibie plane sur cette ville née de la fièvre du diamant et de l’exploitation du guano sur les îlots rocheux.
Lundi 2 août 2021 :
Nous nous rendons ce matin pour une visite que nous attendons depuis longtemps, surtout les enfants, mais nous aussi, car nous sommes également des grands enfants qui rêvons de découvrir la cité fantôme de Kolmanskop à une dizaine de kilomètres de Lüderitz. Après avoir été un site prospère d’extraction de diamants, l’ancienne ville bâtie par les colons allemands est aujourd’hui envahie par le sable du Désert du Namib. La ville se trouve au beau milieu de la Sperrgebiet, une vaste région étiquetée « zone interdite ». Car l’endroit, bien qu’il soit désormais aussi un parc naturel, est encore la propriété de la compagnie minière De Beers et l’exploitation diamantifère s’y poursuit encore.
L’histoire de Kolmanskop débuta en 1908 lorsqu’un travailleur ferroviaire, Zacharias Lewala, trouva un diamant. La nouvelle de la découverte se répandit et les Allemands s’installèrent en masse pour exploiter les ressources de cette région, qui se révéla être une des sources les plus prolifiques de diamant (12% de la production mondiale). Plus de 5 millions de carats de diamants furent extraits lors des six premières années d’exploitation. La ville a connu une prospérité fulgurante grâce à l’exploitation florissante de ce diamant. En raison de sa faible densité de population, la cité détenait le niveau de richesse par habitant le plus élevé au monde. Le village gagna rapidement en notoriété et crût rapidement sous l’impulsion des colons. A son apogée en 1920, la cité diamantifère abritait plus de 250 familles d’européens et 800 travailleurs. Ces derniers étaient issus des tribus locales Owanbo expulsées de leurs terres pour laisser place à la construction de la zone et étaient employés comme ouvriers dans les mines de diamant, contraints à vivre dans des baraquements étriqués.
Dans un environnement des plus hostiles, en plein désert, au pied des dunes du Namib, Kolmanskop devint l’une des villes les plus modernes d’Afrique durant sa période d’opulence. Les Européens vivaient dans de majestueuses maisons bâties en pierres sur le modèle allemand et importaient l’eau potable depuis Le Cap en Afrique du Sud, distante de plus de 1000 kilomètres.
La ville fut pionnière dans le domaine ferroviaire avec la construction d’une ligne de tramway, la première d’Afrique. De l’eau fraîche et de la limonade étaient acheminées par cette petite voie ferrée dans chacune des maisons quotidiennement. La riche Kolmanskop pourtant située en plein désert offrait tout le confort nécessaire aux colons qui jouissaient d’une vie prospère. Elle devint une oasis luxueuse perdue dans un désert aride.
La ville regorgeait de commerces en tous genres (boucher, boulanger, bureau de poste, fabrique de glace…), d’usines diverses, d’une centrale électrique, ou encore d’un hôpital. Ce dernier fut le premier centre d’imagerie à rayons X de tout l’hémisphère sud, dans un but médical mais surtout pour vérifier que les ouvriers n’ingéraient pas de diamants. Sur le plan culturel, la ville programmait des opéras européens dans son théâtre. Un bowling, un casino, une salle de sport, une salle de projection, une école, et même une piscine d’eau de mer et une centrale électrique complétaient les équipements.
Mais après la Première Guerre mondiale, la ville commença à décliner avec la chute du cours du diamant. Le sort de la ville était scellé en 1928, lors de la découverte des gisements diamantifères les plus riches au monde situés plus au sud vers Oranjemund. Les habitants de Kolmanskop quittèrent la ville en masse, abandonnant leurs maisons sans se préoccuper d’emporter leurs biens. Au cours des années 1950, la ville s’éteignit doucement. En 1956, il n’y avait plus âme qui vive à Kolmanskop. Depuis elle disparait, les maisons se laissent envahir par les vagues de sable orangé du Désert du Namib.
Ce n’est que dans les années 1980 que la compagnie minière De Beers entreprit de rénover certains bâtiments et d’en faire une attraction touristique, notamment avec la création d’un musée.
Aujourd’hui, les touristes visitent le site chaque année en masse mais encore une fois, notre guide souligne la chance que nous avons d’avoir Kolmanskop quasiment pour nous seuls. Il nous montre le parking habituellement rempli de cars de touristes. On ne s’en plaint pas d’autant plus que la ville qui se laisse consumer par le désert est vraiment photogénique. Nous prenons donc un immense plaisir à déambuler parmi les ruines de cette cité qui se laisse engloutir par le sable rouge. Des dunes se forment contre les façades. Les carreaux des vitres cèdent sous le poids puis les dunes se forment dans les maisons. Certaines montent jusqu’aux plafonds. Les planchers de bois des maisons cèdent sous le poids de sable. On entre par les fenêtres. On baisse la tête pour passer par les portes de communication entre les pièces.
Quel charme de déambuler dans cette ville fantôme, on adore, on adore ! Tellement qu’on prend plein de photos et que je n’arrive pas à les trier…
Depuis peu, l’hôpital et l’école se font aussi envahir et auront bientôt disparu.
Nous terminons la visite de la ville fantôme par les belles maisons du directeur, de l’architecte…
Nous quittons, pour la dernière fois en Namibie l’océan Atlantique, par l’unique route desservant la ville si isolée de Lüderitz. En chemin, nous franchissons le cap symbolique des 80 000 km parcourus depuis le début de notre cavale, deux fois le tour de la Terre à l’équateur !
Nous nous arrêtons au même endroit qu’à l’aller pour saluer les chevaux du Namib à Garub Pan. Nous y retrouvons nos amis les Kaquet avec qui nous passons un moment à boire un verre en observant quelques oryx et chevaux venant au point d’eau artificiel.
Mardi 3 août 2021 :
Joli réveil ce matin où pendant les premières lueurs de l’aube, on voit s’approcher plusieurs chevaux. Cette fois-ci, ils s’approchent de nous au niveau du point d’observation. La lumière du Soleil levant sublime leur couleur.
Puis nous prenons la route en direction de notre dernière visite dans ce magnifique pays. La belle route asphaltée nous mène jusqu’à 1200 mètres d’altitude au sein de belles montagnes toujours très arides. Puis après un arrêt à la ville minière de Rosh Pinah pour quelques commissions, nous continuons toujours par la C13 mais qui devient maintenant une piste de graviers.
Rapidement, nous arrivons sur les berges du Fleuve Orange qui marque la frontière internationale avec l’Afrique du Sud. Long de près de 2160 km et prenant sa source dans les montagnes du Drakensberg au Lesotho, ce fleuve est le plus long de l’Afrique du Sud. En 1867 et 1869, deux gros diamants furent découverts dans le Fleuve Orange, ce qui a provoqué une ruée vers le diamant. On ne sait pas quels minerais sont aujourd’hui extraits, mais les paysages montagneux, bien que jolis, sont par endroit défigurés par les engins de chantiers retournant les rives du fleuve des deux côtés de la frontière.
Encore une fois, c’est un joli bivouac que nous trouvons sur le bord du fleuve, juste face à l’Afrique du Sud. Nous y passons l’après-midi tranquilou.
Mercredi 4 août 2021 :
Nous poursuivons notre remontée du Fleuve Orange ce matin. Toujours resplendissant. Le fait de longer cette frontière naturelle nous rappelle certaines vues de la route du Pamir que nous longions entre l’Afghanistan et le Tadjikistan sur des centaines de kilomètres, malheureusement aujourd’hui envahie par les Talibans. Ce Parc transfrontalier du ǀAi-ǀAis/Richtersveld, à cheval entre l’Afrique du Sud et la Namibie, nous offre de fabuleux paysages. Le sentiment d’isolement est total. Que ça fait du bien de voir de l’eau couler et de la végétation bien verte. Mais en reprenant environ 700 mètres d’altitude, toujours sur des pistes de graviers, l’aridité est de nouveau là. De nouveau le désert où rien ne pousse, à part quelques arbres étranges comme des Half Mens et toujours ces arbres à carquois.
Nous trouvons de l’enrobé pour notre plus grand confort, bien que la piste de graviers soit excellente aujourd’hui. Mais le confort ne dure qu’un kilomètre juste avant le village d’Aussenkehr où nous faisons un détour pour capter un peu de réseau. Nous trouvons des vignes, hautes sur pieds.
Puis nous quittons le cours du Fleuve Orange pour remonter vers le nord et nous retrouver de nouveau au sein de paysages arides.
Nous arrivons à notre dernière visite en Namibie, l’un des sites naturels les plus impressionnants de Namibie, le Fish River Canyon et nous nous installons au campsite du parc national. Mais avant de partir au coucher du Soleil visiter ce site figurant au second rang des sites les plus visités de Namibie après les dunes de Sossusvlei, nous nous posons pour bricoler et terminer le puzzle de notre bardage suite à l’attaque sauvage de babouins dont nous avons été victimes la semaine dernière. Nous avions déjà bien avancé la reconstitution du bardage mais nous étions à cours de colle à bois. En ayant rachetée, nous passons donc quelques heures à recoller un à un des fragments de morceaux de bois. Le puzzle est étonnement presque complet. Un petit coup de peinture dans quelques temps et ça ne se verra presque plus.
Puis, en fin d’après-midi, nous parcourons la dizaine de kilomètres de tôle ondulée pour arriver en surplomb de ce majestueux canyon. Avec 160 km de longueur et jusqu’à 27 km de large, c’est le deuxième plus grand canyon du monde après le Grand Canyon aux États-Unis. Il atteint une profondeur maximale de 550 mètres. La rivière Fish, la plus longue rivière de Namibie avec ses 800 km, n’accueille plus qu’un faible débit et coule aujourd’hui par intermittence, comparé aux flots charriés lors des périodes géologiques au climat beaucoup plus humide. La rivière, a ainsi creusé un profond canyon dans ce plateau désormais aride et désertique. Le canyon a pris sa forme actuelle quand la vallée initiale s’est profondément creusée il y a 500 millions d’années suite aux effets de l’activité tectonique, mais aussi de l’érosion du cours d’eau. La formation du Fish River Canyon n’est pas identique à celle du Grand Canyon du Colorado, laquelle est liée plutôt aux facteurs climatiques et non tectoniques.
Mais en fait, à cette heure-ci, nous sommes plutôt éblouis par le Soleil qui se couche face à nous et les couleurs ne sont pas si belles qu’on espérait. Le paysage est quand-même époustouflant, mais on a du mal à se rendre compte de l’immensité et de la profondeur du canyon ! On pense qu’on l’appréciera mieux demain matin avec la lumière dans le dos.
Jeudi 5 août 2021 :
De bon matin, avant même de prendre le petit déjeuner, nous reprenons la piste pour nous rendre au célèbre point de vue Hell’s Bend qui domine le canyon. Et là effectivement, les couleurs sont beaucoup plus belles. Le Soleil éclaire de mieux en mieux le méandre du Hell’s Corner au fur et à mesure de la matinée que nous passons à ce point de vue panoramique.
Il est bientôt l’heure de sortir du parc national car notre billet était valable pour 24 heures. Ça y est, on a terminé en beauté mais le Fish River Canyon était notre dernière visite de la Namibie.
Nous prenons la route en empruntant notre dernière piste de Namibie. Bien roulante et bien lisse. Toujours à travers de paysages si inhospitaliers. Le seul village croisé sur 100 km est quasiment abandonné.
Puis, nous nous arrêtons à Grünau sur la grande route B1 qui nous mènera demain vers la frontière de Noordoewer et l’Afrique du Sud à 138 km. Aucun charme dans ce petit bourg si ce n’est celui d’avoir une station Shell et une antenne de téléphonie mobile pour mettre en ligne ce blog. Bivouac entre deux épaves de vieilles voitures le long de la voie ferrée dont le bruit ne devrait pas trop nous déranger. Pas plus que les voisins car la gare est abandonnée, de même que la vieille station-service et quelques maisons.
Après-midi blog et administratif, jeux de société, bricolage, films. Le seul problème que l’on a est qu’on vient de s’apercevoir qu’on ne peut pas entrer demain en Afrique du Sud avec plus d’un litre d’alcool par personne. Bon, du coup, je dois vous laisser pour passer à l’apéro avec ma douce.
La Namibie restera l’un de nos pays coup de cœur de notre cavale et entre incontestablement dans le top de nos pays préférés au même titre que l’Iran, la Mongolie ou le Laos.
On a adoré ce pays pour son caractère sauvage, sa faune en liberté, ses paysages désertiques si diversifiés, les quelques belles rencontres avec les locaux et pour toutes ces discussions et sourires dans la rue. Merci Namibie pour ce que tu nous as offert ! C’est la première fois de ce voyage où nous passons autant de temps dans un pays : 83 jours soit 11 semaines. C’est aussi la première fois que nous roulons autant : 7883 km dont l’immense majorité sur des pistes, juste quelques centaines sur de l’asphalte. On avait beaucoup d’attentes sur la Namibie et elle nous a vraiment gâtés et comblés.
On a adoré se plonger dans l’Histoire du pays. On a adoré les petites villes à l’architecture germanique comme Swakopmund, flâner dans sa librairie et boire une vraie bière pression. On a adoré les parcs nationaux dont l’incontournable Etosha et tous ses animaux. On a moins adoré les kilomètres de pistes de tôle ondulée. On a adoré l’expérience unique de gravir, tôt le matin, les dunes géantes de sable fin de Sossusvlei et marcher entre les arbres morts du Deadvlei. On a adoré rouler dans la brume de la Skeleton Coast à la recherche d’épaves rouillées de bateaux. On a adoré jouer à la pétanque et au diabolo avec les Mafwe, les San, les Himba ou les Héréro. On n’a pas adoré les babouins. On a adoré découvrir la plus grosse météorite du monde. On a adoré les poissons offerts par un pêcheur. On a adoré s’émerveiller devant le paysage irréel du fabuleux Fish River Canyon. On a adoré voir la colonie de lions de mer de Cape Cross. On a moins adoré leur odeur. On a adoré transiter par la Bande de Caprivi, si verte et si différente du reste des paysages désertiques du pays. On a adoré la sortie en 4×4 dans les dunes de Sandwich Harbour ou les montées d’adrénaline lors de notre première fois en sandboard ou en quad. On a adoré le Cratère de Messum. On n’a pas adoré y tomber en panne. On a adoré croiser au milieu d’étendues désolées le chemin d’une autruche, d’un rhinocéros noir, d’une girafe, d’un lion, d’une hyène, d’un zèbre, d’un springbok, d’un chacal, d’un éléphant, d’un grand koudou, d’un oryx ou bien encore il y a quelques minutes d’un steenbok. On a adoré les gravures et peintures rupestres du Brandberg. On a adoré nos moments magiques et inoubliables avec les éléphants du désert et les chevaux du Namib. On a adoré qu’une dame rencontrée à Swakopmund nous offre des vraies baguettes croustillantes. On a adoré les arbres pétrifiés de même que les traces de dinosaures. On a adoré faire quelques très belles rencontres avec des voyageurs. On a adoré les randonnées à Erongo, au Naukluft Mountain Zebra Park ou dans d’autres parcs nationaux. On a adoré passer des heures dans les paysages grandioses du Spitzkoppe. On n’a pas adoré l’annulation du voyage de notre famille au dernier moment. On a adoré les épaves de voitures de Solitaire. On a adoré la cité ensablée de Kolmanskop. On a adoré ce moment passé dans cette école à Sesfontein. On a adoré tous ces bivouacs sauvages avec des couchers de Soleil mémorables. On a adoré les fabuleux paysages du Damaraland. On a adoré suivre les méandres de l’Orange River. On a adoré ces innombrables heures à rouler dans des paysages lunaires où on ne voyait personne. On a adoré ces ciels nocturnes d’une pureté incroyable. On a adoré voir tous ces fabuleux sites en année de Covid et d’avoir les lieux quasiment que pour nous.
A présent, route vers un nouveau pays qu’on a vraiment hâte de découvrir, l’Afrique du Sud, où comme la Namibie, nous allons pouvoir y passer trois mois. Ce sera peut-être le dernier de notre folle aventure africaine. Aujourd’hui, on est bien incapable de vous dire quelle route nous prendrons après l’Afrique du Sud début novembre. Peut-être que ce sera une route terrestre ou bien une route maritime… Toujours est-il qu’il nous reste encore de nombreux mois devant nous pour continuer à vous faire voyager avec nous… Merci d’être toujours aussi fidèles et nombreux à nous suivre !
Bonus : Pour ceux qui ont encore 45 minutes devant eux et qui souhaitent voir en images tout ce qu’on a vu cette semaine, un très beau reportage a été réalisé par la chaîne Arte. Je vous invite à cliquer sur ce lien pour visionner le documentaire.