700 km parcourus du 19 au 26 août 2021
81 572 km parcourus depuis le départ
Jeudi 19 août 2021 :
Et voici cette première nuit passée (enfin) en Afrique du Sud. Une nuit bien reposante et bien bénéfique pour nous remettre de nos émotions d’hier et de notre passage de frontière qu’on pensait incertain en raison du petit état de forme d’Audrey, toujours positive au test du Covid-19. Ce matin, elle est enfin mieux et sa migraine, qui ne la quittait plus depuis plus de 4 jours, s’atténue enfin. On va enfin pouvoir passer à autre chose et considérer cet épisode de Covid-19 derrière nous. Mais la pauvre, elle enchaine avec une infection urinaire. Les enfants et moi sommes pleinement remis malgré une fatigue toujours un peu persistante et l’odorat qui peine à revenir.
Nous avons passé la nuit sur le parking de l’église de Steinkopf dans le Nord-Ouest de l’Afrique du Sud. La matinée entière est consacrée à l’école pour les enfants. Au programme de ce matin, maths pour Anaïs. Sciences et vie de la Terre, français, sciences physiques, espagnol, latin pour Victor.
Nous faisons un petit aller-retour sur la route R382 pour aller observer les fleurs du Namaqua, cette immense région désertique du Nord-Ouest de l’Afrique du Sud. Cette zone austère et inhospitalière où ne poussent que des broussailles très résistantes le reste de l’année, se pare (presque) tous les ans entre le 15 août et le 15 septembre d’un manteau de fleurs qui recouvre le sol grâce aux pluies hivernales. La route sur une quinzaine de kilomètres et les paysages sont très beaux mais le tapis floral n’est pas encore là comme on l’espérait. Tant pis, un petit café en haut du petit col Anenous et demi-tour en direction de la ville de Springbok. Audrey reste à l’arrière de la Tiny en position allongée et Anaïs m’accompagne devant.
Plein de courses dans un grand supermarché Superspar après être restés une quinzaine de jours sans avoir mis les pieds dans un magasin. Et ça fait du bien de trouver un hypermarché aux rayons aussi variés et bien achalandés qu’en France. Nous nous faisons plaisir tous les deux avec Anaïs à acheter quelques produits gourmands pour célébrer demain son anniversaire.
Plein de gasoil à un prix supérieur à celui de Namibie. Le litre est à 17 rands environ soit 0,96€, le plus cher qu’on ait trouvé en Afrique pour l’instant et bien supérieur à la moyenne de ce qu’on peut trouver en général autour du monde, hors Europe. Nous retirons aussi des rands au taux de 1€ pour 17,63ZAR.
Puis, nous nous dirigeons un peu à l’Est de Springbok pour dormir au campsite de la Réserve Naturelle de Goegap mais les 5 emplacements sont complets. Tant mieux finalement car nous trouvons un bivouac sauvage le long de la piste du petit aérodrome de la ville où Victor et moi apprécions d’observer les mouvements de quelques aéronefs.
Vendredi 20 août 2021 :
15 ans… 15 ans aujourd’hui… 15 ans que nous sommes devenus parents pour la première fois… 15 ans que nous voyons notre Anaïs devenir une jolie adolescente et s’épanouir de jour en jour… 15 ans de bonheur à la voir encore tous les jours rêver de mille choses… Bon anniversaire ma chérie ! Encore un que tu passes dans un pays différent après en avoir déjà fêté en Irlande, en Sicile, en Uruguay, en Mongolie, en Autriche… Mais aujourd’hui, alors que c’est à nous de t’offrir quelques cadeaux pour célébrer ce nouveau changement d’année cette fois en Afrique du Sud, c’est toi qui nous offre le plus beau des cadeaux en écrivant spontanément ce matin ces quelques lignes sur ton téléphone et en nous les lisant ce midi :
« Aujourd’hui, c’est mon anniversaire, et j’ai 15 ans. Avoir 15 ans, ça veut dire qu’on a déjà vécu 15 ans, et ça, je n’arrête pas de m’en rendre compte à chaque fois que j’ouvre les yeux depuis ce matin (environ une fois toutes les heures tellement je suis trop contente d’avoir 15 ans), et je trouve ça tellement extraordinaire d’avoir 15 ans, je ne sais pas pourquoi mais il y a une petite connotation spéciale qui vient avec cet âge et c’est vraiment cool parce que ça me rend vraiment heureuse. Pendant ces 15 ans, donc, oui, j’ai vécu ; sans me contenter d’exister, j’ai vécu de tout mon cœur (haa c’est trop beau comme phrase ça « vivre de tout son cœur »), j’ai adoré ma vie tout en me rendant compte que j’adorais chaque moment qui passait. Sur les 5479 jours que j’ai vécus, j’en ai passé environ 1400 à voyager, ce qui représente plus de 25 % de ma vie. 25 % vous imaginez ?! Mais c’est juste incroyable ! J’ai passé 25% de ma vie à découvrir presque chaque jour de nouveaux paysages extraordinaires ; j’ai passé 25% de ma vie à trouver par terre de beaux cailloux, des plumes de condors, d’autruches et d’aras, et des pièces de monnaie étrangères qui font rêver (celles dont il faut gratter la terre pour réussir à lire l’année, ce sont mes préférées) ; j’ai passé 25 % de ma vie à me rendre compte à chaque instant combien, en tant de situations différentes, la vie pouvait être belle ; j’ai passé 25 % de ma vie à continuer à rêver tout en vivant des rêves tous plus extraordinaires les uns que les autres ; et aussi à comprendre qu’en effet Paulo Cohelo avait raison : imposible is just an opinion ; et à me sentir tellement heureuse tellement de fois. Je pourrais, une fois de plus, continuer cette liste pendant encore longtemps, mais bref, vous voyez quoi, ces 25 % de ma vie, je les ai passés à vivre entièrement. A vivre de tout mon cœur. Et tout ça, grâce à qui ? Mes parents premièrement, ces personnes encore plus géniales qu’on ne peut l’imaginer, ces personnes qui m’ont emmenée partout pour me montrer la beauté du monde et m’apprendre ce qu’est la beauté intérieure. Je crois qu’ils ont plutôt bien réussi. Je les aime tellement fort c’est tellement trop génial… Je les remercierai jamais assez, tout comme je ne remercierai jamais assez toutes les personnes de… mais du monde en fait ! parce qu’il y a mes grands-parents qui ont créé mes parents et puis il y a forcément des choses et des personnes qui ont fait que mes parents se sont rencontrés et il y a aussi toutes les personnes qui ont fait que des rêves sont nés et il y a ces gens qui ont inventé le voyage et ces gens qui ont fait qu’à notre tour on a pu partir voyager. Mais whaou en fait j’ai l’impression d’avoir envie de remercier tout le monde d’exister et je suis tellement reconnaissante de tout en fait ! Reconnaissante de la vie quoi. Et pas seulement des 25% de ma vie passée sur les routes hein, non. De toute ma vie. Parce que les 75 autres % de ma vie, je les ai passés avec une famille géniale et quelques amis de qualité, et même si à ces moments-là je n’étais plus nomade mais sédentaire, il y avait toujours en moi ce vent d’inconnu et d’aventures qui en vérité nous talonne tous, et qui moi ne me quittera jamais.
En 15 ans, j’ai appris tout un tas de choses. J’ai appris à lire, à compter, à écrire, à comprendre, à interpréter ce qui m’entoure et à créer. Mais encore plus que ça, j’ai appris à aimer, à apprécier, à rêver, à aimer la vie et à m’aimer.
J’ai appris à compter les heures, les minutes et les secondes mais j’ai aussi eu la chance d’apprendre la valeur d’un instant. Et pour ça, encore merci à toutes les personnes qui ont pu faire de ma vie le rêve qu’il est. Je vous adore et je vous remercie de me faire adorer ma vie. Vous m’avez fait vivre 15 années extrêmement géniales, et vous m’avez donné envie de continuer à vivre en étant autant heureuse que je le suis aujourd’hui ».
Merci mon amour. Nous pleurons d’émotion en t’écoutant nous lire ce si joli texte, mais ta maman et moi-même sommes tellement fiers de toi, et quelque part aussi de ce qu’on a pu t’offrir en te faisant vivre cette vie nomade durant plus de 1400 jours sur déjà 4 continents différents. Et en toute modestie, on se dit qu’on a réussi quelque chose. Alors oui, on a bien conscience de t’avoir déraciné 25% de ta vie de la France et de t’avoir privé de moments passés en compagnie de ta famille que tu aimes tant et de tes amis de ton âge en t’éloignant physiquement d’eux mais d’écouter ces mots sortir de ta bouche, accompagnés d’un immense sourire et d’étoiles plein les yeux nous réconforte et nous rassure en te voyant si épanouie que cela. Ne change rien surtout. Et continue de rêver et de vivre tes rêves.
Désolé pour cette parenthèse émotion ! Mais je voulais la partager, pour rassurer tes grands-parents ou pour rassurer les gens qui s’inquiètent et surtout pour encourager toutes les familles qui se demandent si on peut partir voyager autour du monde avec des adolescents sur du long cours.
Donc on continue encore un peu la cavale ? Et bien oui, car cette fin août 2021, devait rimer avec la fin de notre vie nomade. On s’était dit qu’on rentrerait juste avant la rentrée scolaire au lycée car c’était le choix d’Anaïs. Mais au fur et à mesure de notre voyage, cet impondérable pour Anaïs n’en est plus devenu un. Avant de partir, il était aussi difficile pour nous de dire combien de temps nos économies nous permettraient de voyager, et on pensait que cette fin août rimerait aussi avec un compte bancaire bien amaigri. Mais heureusement, nous avons réussi à respecter notre budget malgré d’importantes réparations mécaniques et tant de dépenses inattendues liées au Covid (shipping retour de Malaisie, visas indien et birman perdus, billets d’avion toujours pas remboursés entre l’Inde et l’Afrique, tests Covid à répétition à chaque changement de frontière…). Heureusement surtout, nos locations saisonnières de notre maison principale (qui financent l’immense majorité – les 2/3 – de notre vie en voyage) ont encore tourné à plein régime cette année grâce à Émilie et Boris qui ont géré les entrées et sorties de nos locataires. Grâce à eux, nos caisses se sont donc renflouées et vont nous permettre de vivre en nomade autour du monde encore quelques mois. Le retour en France est donc reporté vers la fin du premier trimestre 2022. C’est un peu vague mais à un ou deux mois près, ce devrait être ça. Je vous promets encore donc un peu d’évasion hebdomadaire via la lecture de notre blog…
Aujourd’hui, comme chaque journée où on célèbre un de nos anniversaires, les enfants ont décrété qu’il n’y avait pas école. Après un agréable petit-déjeuner partagé ensemble comme tous les matins depuis bientôt trois ans, nous nous dirigeons vers la Réserve naturelle de Goegap.
Déjà hier en descendant vers le Sud, on a commencé à voir les champs se couvrir de plus en plus de jolies fleurs. Et cette réserve de 15 000 hectares est réputée pour se parer de fabuleuses couleurs au début du printemps. Nous commençons la journée par une boucle de 13 km en Tiny sur une piste au milieu de plaines sablonneuses jalonnées de collines granitiques recouvertes d’un tapis multicolore. Cette réserve semi-désertique est l’habitat de 4000 espèces de plantes dont 600 sont endémiques au Namaqualand, mais aussi de 45 mammifères et de 94 sortes d’oiseaux.
Nous visitons le Malan Wild Flower Garden, un petit jardin botanique bien aménagé dans des rocailles et dans des petits parterres fleuris de plantes grasses aux noms imprononçables comme dans tous les jardins botaniques. Peut-être pour ça que la botanique ne m’a jamais passionné. Mais bon, cela fait plaisir à ma chérie et mes enfants, ainsi qu’à mon beau-père qui verra les photos… Nous y voyons des jolis spécimens de Kokerboom, cet aloès arborescent indigène d’Afrique du Sud et de Namibie.
Puis, nous nous installons dans une aire de pique-nique, toujours parfaitement aménagée, pour fêter l’anniversaire de notre adolescente épanouie. C’est là qu’elle nous a fait pleurer en nous lisant son texte…
L’après-midi, alors que tout le monde est relativement en forme, même Audrey qui enfin depuis ce matin va mieux, nous partons faire une petite randonnée dans les collines fleuries du parc. Petite, juste 7 km, mais largement suffisante pour notre état de forme encore fragile et en convalescence. Oui, nous sommes en bonne voie de guérison de notre Covid, mais on sent qu’on n’est quand même pas dans un état normal et qu’on est encore bien affaiblis. Mais que c’est bon d’avoir de l’activité ! Surtout dans un paysage comme celui où nous évoluons.
Que c’est bon aussi de voir de la couleur après la Namibie, si minérale, si désertique où nous sommes restés près de 100 jours ! Ici, avec les fines pluies de l’hiver, les terres asséchées de la région se transforment en quelques jours en un kaléidoscope de couleurs. Comme moi, vous reconnaitrez bien entendu sur les photos des Arctosis Fastuosa, des Ursinia Cakilefolia, des Ursinia Calenduliflora, des Dimorphoteca Pluvialis, des Colchicum, des Jordaaniella Cuprea, des Tripteris Oppositifolia, des Safai Bokoudfleu rtousa, des Gazania Krebsiana, des Polygala Virgata, des Heliophila Coronopifolia, des Limonium Peregrinum, des Ursinia Speciosa, des Volstruis Vygie, des Ornithogalum Thyrsoides, des Dimorphotheca Sinuata, des Drosanthemum Hispidum (Vous avez bien sûr tout lu pour trouver l’intrus !) et quantité d’autres fleurs vivaces endémiques recouvrant le sol de bleu, de jaune, d’orange, de violet, de blanc, de pourpre. Au fur et à mesure de la journée, les fleurs s’ouvrent avec le Soleil. Le plus beau créneau étant entre 11 et 15 heures. Nous ne sommes qu’au début de la saison florale mais déjà c’est magnifique. Et « heureusement » qu’on a eu le Covid, car à dix jours près, on n’aurait pas vu ce désert fleuri. Dans quelques jours, il y aura encore plus de fleurs, surtout après les quelques dernières journées pluvieuses. Alors, même moi qui ne suis pas un passionné de botanique, je dois avouer que c’est joli.
Retour à notre Tiny, fatigués comme si on avait marché le triple de kilomètres… Puis nous retournons au même bivouac qu’hier soir le long de la piste de l’aérodrome.
Voici une très belle journée qui se termine en offrant à Anaïs les derniers cadeaux. Elle en ouvre depuis ce matin. Elle aime en recevoir plein de petits tout au long de la journée. Elle reçoit un magnifique écureuil sculpté par Victor, des jolis carnets de voyage où elle écrit chaque jour ses aventures (elle en est au dixième, que de souvenirs quand elle les relira dans quelques années !), des balles de jonglage, des petits accessoires pour bricoler, de l’argent pour s’offrir un morceau d’une formation de pilotage d’ULM dont elle a envie à son retour…
Mais le plus beau et inattendu arrive le soir quand elle reçoit la proposition de devenir la marraine du futur bébé à naître chez Émilie et Boris ! Encore un beau moment d’émotion de savoir que notre fille va être la marraine du bébé de ma filleule ! J’avais l’âge d’Anaïs quand je devenais le parrain de mon adorable Émilie…
Samedi 21 août 2021 :
Aujourd’hui est un anniversaire beaucoup plus triste. Déjà 12 ans que ma maman nous a quittés et qu’elle me manque tant. Pas un jour ne passe sans y penser.
Mais le 21 août est aussi un autre anniversaire, celui de notre Tiny qui fête aujourd’hui ses 24 ans. Quel bel âge et quelle expérience à parcourir tous ces kilomètres. Après un premier voyage en Asie du Sud-est avec ses précédents propriétaires, nous en sommes à plus de 81 000 km rien que sur ce voyage. Et ce n’est pas fini ! Ce n’est encore qu’une adolescente !
Nous décidons de faire un petit détour vers le Parc National de Namaqua. Ce parc fait partie des 80 réserves naturelles et parcs nationaux inclus dans la Wild Card que nous avons achetée. Elle coûte 350€ mais elle est valable pour une année entière et pour toute la famille, dans l’ensemble de ces parcs répartis en Afrique du Sud et même en Eswatini (ex Swaziland, pays frontalier) de manière illimitée. Autant dire qu’elle sera vite amortie, d’autant plus qu’elle inclut des parcs incontournables pour nous comme Kruger, Addo Elephant Park, Table Mountain, Golden Gate Highlands ou bien encore Mapungubwe. L’Afrique du Sud est réputée pour ses parcs abordables, à la différence du Botswana, de la Zambie, du Zimbabwe, de la Tanzanie ou même du Kenya où une seule journée pour nous 4 dans le Parc national du Masaï Mara nous a coûté le prix de la Wild Card qui est donc valable ici pour 80 parcs… Mais même les réserves qui ne font pas partie de cette carte ne sont pas très onéreuses car une visite comme celle d’hier, avec accès à des sites privilégiés, des aires de pique-niques, un large réseau de circuits bien balisés de randonnées, des prospectus de qualité, ne nous coûte qu’à peine 7€ pour la journée entière pour nous quatre. Autant dire qu’on va se faire plaisir en Afrique du Sud, là où on a pu se sentir frustrés par moments dans certains pays précédemment cités, car chaque sortie dans un parc ne coutait pas loin de 80 à 100€ pour nous 4. Nous comptons donc rester trois mois en Afrique du Sud, le temps de notre visa, et peut-être le double si on arrive à le renouveler, mais ceci est pour le moment encore incertain.
Nous voici donc dans le Parc National de Namaqua où nous roulons sur une mauvaise piste bordée de quelques fermes.
Dans ce parc national, nous arrivons plus particulièrement dans le Skilpad Wild Flower pour assister à un évènement unique. Nous sommes au parfait moment de la très courte saison annuelle où les champs se parent de fleurs. Du jour au lendemain, les vallées poussiéreuses du Namaqualand se transforment en un pays des merveilles, tapissé de fleurs sauvages. La saison des fleurs est bien au rendez-vous, signe que le printemps pointe le bout de son nez après le long hiver et rigoureux hiver austral. Le Namaqualand est célèbre dans le monde entier pour ses fleurs sauvages éphémères et on comprend pourquoi. Les plaines déploient une beauté indescriptible en se métamorphosant en un tapis orangé de millions de fleurs multicolores, principalement des Arctosis Fastuosa, des Tripteris oppositifolia et des Heliophila coronopifolia. Nous faisons une boucle de quatre kilomètres avec la Tiny pour profiter de cette explosion de fleurs, une merveille de la nature. Mais il est un peu trop tard pour marcher sur les deux sentiers piétons et surtout le vent est glacial.
Pour compléter cet article, je vous invite à aller sur le blog de nos amis voyageurs, Marion et Daniel – Le Goût d’ailleurs – pour y admirer leurs magnifiques photos de ce désert en fleurs l’an dernier à la même époque. Voici le lien de leur article : « Namaqualand, un désert en fleurs » avec des photos juste superbes, tout comme toutes celles de leurs différents articles consacrés à l’Amérique du Sud où on les avait connus, ou bien à l’Afrique australe où nous nous sommes loupés de peu.
Les pistes qu’on espérait praticables pour rejoindre le littoral Atlantique ne le sont en fait que pour des véhicules à quatre roues motrices. Aussi, nous devons faire demi-tour et revenir par une piste de tôle ondulée vers la toute petite ville de Kamieskroon dont le parking de l’église nous offre un parfait bivouac un peu en retrait de la grande route nationale N7 reliant la Namibie à la ville du Cap.
Les effets du Covid-19 sont toujours présents, et la fatigue nous rattrape vite le soir. Nous ne sommes pas couche-tard d’ordinaire mais là, on bat des records en se couchant à 19h30. Les passages migraineux sont toujours aussi quotidiens. Mais bon, on tient le bon bout, on y croit… L’odorat revient doucement déjà.
Dimanche 22 août 2021 :
Réveil frais dans la Tiny avec 11°C à l’intérieur. Les températures nocturnes frôlent le 0°C à l’extérieur. La cuisson du pain perdu pour le petit déj’ et celle du choux fleur pour ce midi réchauffe vite notre cocon. Le Soleil aussi qui tape sur les vitres aide à gagner de précieux degrés en peu de temps. Pas encore besoin d’allumer le poêle à bois. D’autant plus qu’en descendant de nos 800 mètres d’altitude où nous nous situons vers le Sud et Le Cap, on va trouver quelques degrés grâce à la douceur océanique.
On est dimanche, mais il y a école quand-même, comme tous les jours de la semaine. Sauf imprévu, rencontre, anniversaire, soirée voyageurs la veille, longue route, invitation, passage de frontière, grosse rando ou visite… Aujourd’hui, rien de cela donc c’est parti pour école de 8 heures à midi. Même pas de récréation durant ses 4 heures consécutives, à part pour Mamantresse qui a le droit à sa pause-café. Quoique, nous recevons quand-même une invitation à laquelle nous répondrons très certainement quand nous passerons à Pretoria. Élisabeth et Mathieu, un charmant couple franco-suisse installé à la capitale depuis 22 ans, passe nous saluer comme hier soir et nous inviter chez eux si nous passons par Pretoria. Trop sympa. Régulièrement, nous recevons des invitations de Sud-Africains. Ils sont vraiment sympathiques, chaleureux et accueillants. Tous dans la rue nous saluent d’un geste de la main, ou nous offrent un généreux sourire. Beaucoup parlent bien anglais, ce qui facilite les échanges.
Grosse étape de route aujourd’hui sur la nationale 7 appelée la route Namibia-Cape, soit la route rectiligne reliant la ville du Cap (Cape Town) à la Namibie. Des petites bourgades sont espacées de plusieurs dizaines de kilomètres. Juste Kharkams, Garies, Bitterfontein et Nuwerus jalonnent les plus de 200 km de route vallonnée mais la nationale les contourne pour les éviter. Nous mettons donc peu de temps à parcourir cette distance. Nous quittons la région du Namaqualand et du Cap Nord pour un court instant rouler dans celle du Cap Ouest. Nous voyons quelques élevages de moutons mais pas d’animaux sauvages mise à part une mangouste rayée qui traverse dangereusement juste devant notre Tiny. Encore aujourd’hui, nous apprécions les champs colorés de ces fleurs printanières éphémères. Du jaune, du violet, de l’orange, du bleu, du blanc. Encore une fois, que c’est bon de voir cela après l’aridité de la Namibie.
A Vanrhynsdorp, nous bifurquons vers l’Est pendant une quarantaine de kilomètres. La Karoo Highlands Route traverse une grande plaine avant de s’élever brusquement de quelques centaines de mètres d’altitude en grimpant le col Vanrhyns Pass. Puis nous nous retrouvons de nouveau dans le Cap Nord.
Pour déjà la troisième fois en Afrique du Sud, nous bivouaquons dans la cour toute fleurie d’une église. Celle de Nieuwoudtville, de style néogothique (1906). Cela nous rappelle l’Asie du Sud-est où on dormait régulièrement dans des cours de temples bouddhistes ou encore l’Asie centrale où on bivouaquait près des mosquées et où on recevait toujours un bon accueil. Comme lors de notre précédent bivouac, le prêtre sort avec un grand sourire et nous souhaite la bienvenue en nous disant que nous pouvons dormir ici en toute sécurité.
Lundi 23 août 2021 :
3°C de plus dans la Tiny qu’hier au réveil et ça change tout. On n’a pas le bout du nez tout froid en se réveillant.
Bon raté pour le doux espoir que le Covid-19 ait exterminé les punaises de lit. On y a crû quelques jours. Mais encore raté, elles sont de retour. On a retrouvé des nids et des œufs. Grrrr… Je pense bien qu’elles ont l’intention de terminer le voyage avec nous. Mais étonnamment, on ne réagit plus autant de manière allergique à leurs piqûres. Pourtant, celles qu’on tue sont gorgées de notre sang mais c’est nettement moins pénible à supporter que quelques mois auparavant où elles nous empêchaient de dormir.
Pendant que les enfants font une séance raccourcie d’école, nous préparons le pique-nique et les sacs de rando pour aller crapahuter dans la Réserve Naturelle d’Oorlogskloof. Il nous faut pour cela acheter le permis d’entrer dans la ville où nous avons dormi. Mais le temps de faire un peu d’école et de se rendre dans le parc accessible par une piste chaotique de dix kilomètres, nous jugeons qu’à 11h30, il est trop tard pour s’engager dans une grosse rando de 15 km annoncée pour une durée de 6 à 9 heures.
Nous ne savons pas si nous avons le droit, mais nous tentons de bivouaquer sur le parking du départ des randos bien que celui-ci soit au sein de la réserve naturelle. De plus, on n’a acheté le permis que pour 24 heures et non 48 heures mais bon, on ne pense pas être contrôlés, vu le peu de personnes venant ici. En tout cas, on va essayer de rester là car l’emplacement est une pure merveille. La Tiny est entourée de milliers de marguerites jaunes.
Du coup, nous en profitons pour faire une deuxième séance d’école durant l’après-midi en prévision de demain où nous partirons en randonnée pour toute la journée. Une femme s’approche de nous. Elle possède un terrain juste à côté de la réserve et nous invite à aller nous y promener. Après l’école, les enfants partent donc crapahuter dans les rochers et explorer ce beau terrain de jeux.
Mardi 24 août 2021 :
Et bien non, on se croyait sortis d’affaire avec cette saloperie de virus mais voici de nouveau ce matin Audrey en vrac. Elle a passé une horrible nuit et le réveil est bien douloureux avec une terrible migraine et des nausées. Courageuse, elle souhaite tout de même faire la randonnée prévue. Vers 10 heures, il nous faut aussi du courage à tous pour sortir du camion et partir pour marcher 15 kilomètres avec 500 mètres de dénivelé car le temps est froid et il tombe un crachin désagréable. Mais il nous en faut plus pour nous décourager.
Nous partons donc pour la journée et dès les premiers pas, nous avons de beaux points de vue, même s’ils sont un peu dans la brume, sur la vallée creusée par la rivière Saaikloof.
Nous descendons sur ses rives avant de remonter le dénivelé de l’autre côté mais Audrey peine et souffre à chaque pas. On fait des petites pauses mais on se rend compte qu’elle ne pourra malheureusement pas marcher toute la journée ainsi. Au bout de trois kilomètres, il est temps de faire demi-tour et de revenir vers notre Tiny. Dommage car le beau temps est enfin arrivé et les fleurs commencent à s’ouvrir avec les premiers rayons de soleil. Mais bon, la priorité est avant tout au repos et à la remise en forme de mon amoureuse. Sur le chemin en sens inverse, nous avons une vue un peu plus lumineuse sur la vallée.
Nous revenons péniblement au camion mais les enfants en pleine forme repartent manger leur pique-nique au bord du petit ruisseau Vaaldam se Laagte. Ils s’amusent durant trois heures à escalader les rochers, à extraire des dents de crânes de daman et de singe qu’Anaïs ne tarde pas à transformer en bijoux. Pendant ce temps, Audrey dort mais sa migraine est tenace et aucun médicament n’arrive à la calmer.
Milieu d’après-midi, après avoir refait les pleins d’eau et même pris des douches chaudes dans les sanitaires de bâtiments où on a réussi à rentrer par une porte dérobée, nous prenons la route alors qu’Audrey va un tout petit peu mieux.
Toujours par la même piste à l’état très moyen. Mais les paysages sont toujours merveilleux. De jour en jour, des milliards de fleurs éclosent de plus en plus. Les champs sont aussi jaune en France que des champs de colza au moment le plus beau de leur floraison. Des ibis sacrés occupent les quelques points d’eau.
Direction la cascade de Nieuwoudtville, impressionnante avec ses 90 mètres de chute vertigineuse.
Puis, il est temps de trouver un bivouac. Pas de parking d’église ce soir mais nous choisissons au hasard une agréable prairie entourant le cimetière de la ville. Nous sommes entourés de moutons qui paissent paisiblement l’herbe rase. Leur bêlement risque d’accompagner notre nuit. Une nuit qui ne commence pas tard pour Audrey qui se sent toute faible et souffre de terribles maux de tête ce soir encore.
Mercredi 25 août 2021 :
Ouf, enfin la nuit a été reposante pour Audrey et le réveil est serein avec une migraine disparue. Nuit encore fraiche. Un net rafraichissement des températures est prévu pour les deux à trois jours prochains. On va juste perdre 20°C ! De la neige est même prévue dans le sud de la Namibie dans la région où on a vu les chevaux sauvages vers Aus.
Après l’école nous prenons la route qui est asphaltée avant de s’engager sur la piste longue de 80 km. On craignait un peu son état, vu celui des dernières empruntées en Afrique du Sud. Mais finalement, cette gravel road est bien roulante. Pas trop de tôle ondulée mais de la terre rouge bien damée. Heureusement, le temps est au sec car sinon, elle doit être bien glissante. Jolis paysages montagneux toujours fleuris. Quelques fermes et maisons très isolées.
Nous évitons trois tortues à soc, endémiques d’Afrique du Sud, traversant juste devant nous.
La descente du col de Botterkloof est assez raide et pas très bien sécurisée. Mais encore plus qu’ailleurs sur la piste, cela aurait été plus compliqué et glissant par temps humide. Bon ce n’est pas un hasard si on a accéléré un peu notre parcours car la pluie est annoncée pour demain.
Pause une fois retrouvé l’enrobé en haut du col de Klipfonteinrant où une nouvelle fois, nous engageons une discussion sympathique avec des Sud-Africains, curieux de nous voir venir de si loin en véhicule. Puis, après cette petite pause, la route reprend.
Pause pour une belle balade dans un cadre bucolique le long du Sevilla Rock Trail. Un circuit de 5 km nous fait découvrir 9 sites différents de peintures rupestres, œuvres de l’ethnie des chasseurs-cueilleurs San. Elles datent de 2000 à 6000 ans et sont variées : scènes de chasse, animaux, empreintes de mains, humains en mouvement… Nous prenons beaucoup de plaisir à chercher sur les immenses parois rocheuses des abris naturels les différentes scènes peintes.
Le cadre est merveilleux, longeant le cours d’eau Brandewyn.
Il est tard mais nous avons besoin de réseau Internet ce soir et nous devons rouler un peu. Nous rejoignons la ville de Clanwilliam en franchissant le troisième col de la journée, celui de Pakhuis, magnifique à l’heure où le soleil se couche.
Puis, c’est l’arrivée à Clanwilliam à la tombée de la nuit où nous trouvons un sympathique bivouac entouré de vignes et de cultures d’orangers.