389 km parcourus du 3 au 9 septembre 2021
82 284 km parcourus depuis le départ
Vendredi 3 septembre 2021 :
Mais quel joli bivouac nous avons trouvé par le plus grand des hasards, les pieds dans le sable fin et blanc d’une plage d’Afrique du Sud face aux rouleaux de l’Océan Atlantique à Elands Bay ! Déjà deux nuits ici et on apprécie vraiment le charme des lieux. Ce matin de nouveau, nous observons d’assez loin les gerbes d’eau créées par les baleines franches australes qui font des sauts dans l’eau. Il est difficile de les prendre en photo car elles sont assez loin et le saut ne dure que quelques secondes donc pas évident de savoir où zoomer.
Nous poursuivons notre descente sur la côte Ouest d’Afrique du Sud. Quand la route ou la piste se rapproche de l’océan, nous observons des colonies de lions de mer. Quand elles s’en éloignent, nous roulons à travers un paysage toujours aride mais égayé par les fleurs printanières sauvages. Les Sandveld, c’est-à-dire ces champs de sable, sont recouverts d’arbustes broussailleux. Les fynbos se colorent de marguerites blanches et de fleurs orange, roses, jaunes et pourpres.
Nous nous arrêtons dans la Rocherpan Nature Reserve qui propose un sentier de randonnée pédestre.
La balade de 9 km commence par longer les rouleaux de l’Atlantique. Nous marchons sur ce sable fin et blanc, qui étonnement fait un bruit curieux quand on marche dessus. Il grince. La plage où nous marchons durant 3 km est d’une propreté rare pour un littoral océanique. Quasiment aucun déchet, ce qui est d’autant plus agréable que ce n’est pas une plage nettoyée par l’homme. La nature est juste à son état naturel. Certainement que les courants marins ramènent les déchets ailleurs. Cependant, ces courants ramènent les corps de malheureuses otaries, trop jeunes peut-être pour avoir eu assez de forces pour braver les déferlantes de l’océan. On voit beaucoup de cadavres échoués. Juste deux beaux lions de mer vivants.
Puis, notre sentier de randonnée bifurque après avoir franchi une dune littorale vers le pan, une immense lagune au niveau d’eau assez bas. Peut-être d’ailleurs trop bas pour pouvoir observer les oiseaux qui font la réputation de cette réserve de Rocherpan. C’est en effet le paradis des ornithologistes qui viennent ici se régaler d’une multitude d’espèces d’oiseaux aquatiques différentes. Mais nous sommes en fin de saison, la réserve va d’ailleurs fermer à la fin du mois. Nous n’observons que quelques dizaines de flamants roses et d’autres oiseaux dans les arbustes broussailleux.
Bon, cette petite rando n’est pas un incontournable mais marcher en pleine nature était un moment bien plaisant.
Nous roulons vers le Sud et encore par hasard, nous trouvons un chouette parking les pieds dans le sable au bout d’un lotissement résidentiel à Dwarskersbos. De nouveau, nous sommes accueillis par tant de sourires des Sud-Africains très curieux à notre égard et n’hésitant pas à venir nous poser quelques questions sur notre cavale.
Samedi 4 septembre 2021 :
Audrey se lève et chausse directement ses chaussures de running. Elle va courir 6 km sur la plage. Pendant ce temps puis le reste de la matinée, travail scolaire dans un joli cadre pour le collège et le lycée. De temps un temps, les enfants se laissent déconcentrer par le souffle d’une baleine. Quand cette dernière plonge dans les profondeurs océaniques, eux replongent dans une leçon de SVT sur le système solaire et dans une leçon de latin sur les mythes fondateurs.
Nous passons par la ville de Velddrif où nous rechargeons les réservoirs d’eau et de gasoil à la station-service Shell, où nous achetons une carte SIM locale pour un des deux téléphones et où nous faisons un gros plein de courses au supermarché. Puis, nous roulons en direction de la Péninsule de Saint Helena. Sur le littoral de la baie, de belles maisons s’alignent. Beaucoup de béton certes mais ce n’est pas moche. Il n’y a pas de grands immeubles qui défigurent le paysage.
A Britannia Bay, nous trouvons grâce à une vue satellite Google Maps analysée auparavant, un parking idéal dans un lotissement cossu aux maisons blanches, avec une vue imprenable sur l’océan. C’est un quartier principalement de résidences secondaires pour les gens fortunés. Nous passons longtemps à scruter les baleines dont nous ne nous lassons pas.
De nouveau, des Sud-Africains nous saluent, nous prennent en photo, entament la discussion avec nous. En soirée, je vois l’un d’eux me tendre deux bouteilles de Cabernet Sauvignon blanc par la fenêtre. Nous ne comprenons pas trop au départ ce qu’il veut mais en fait, c’est un cadeau qu’il nous offre car il trouve notre Tiny superbe. On lui propose d’en ouvrir une et de la partager ensemble maintenant. Mais non, il ne veut pas. C’est juste un cadeau. Il nous invite chez lui, dans sa maison de week-end ce soir, mais nous comprenons qu’il est déjà avec des amis. Mais pourquoi pas demain ! En tous cas, nous avons bien noté l’adresse de sa maison principale quand nous passerons dans le secteur dans quelques semaines. Mais quelle gentillesse ! Merci Jacques !
Et quel bonheur de voir de jour en jour toutes les craintes qu’on avait avant de venir ici, tomber une à une. Celles parce qu’on nous avait dit que l’Afrique du Sud était un pays dangereux, celles parce qu’on nous avait dit qu’on ne pourrait dormir que dans des campsites par mesure de sécurité… Alors oui, on a peut-être eu de la chance en quinze jours et ça dépend certainement des régions d’Afrique du Sud et on fera plus attention en milieu urbain mais pour l’instant, ce n’est que sérénité et bonheur. On ne ressent absolument aucune insécurité, pas plus que dans tous les pays du monde que nous avons traversés.
Bon, ben du coup, on s’autorise exceptionnellement un petit verre de blanc, sur notre banc, face aux baleines franches australes…
Dimanche 5 septembre 2021 :
Journée cocooning. Pas d’école car les enfants ont enchainé 6 matinées consécutives studieuses. Le temps est maussade. Des giboulées de septembre, ben oui, les saisons sont inversées par rapport à l’hémisphère nord. Les enfants, durant une éclaircie, descendent escalader les rochers, s’amusent à observer de près une otarie, ramassent des coquillages qu’ils décorent au marqueur… Parties d’échec de Rummikub, de Yahtzée, de Qwirkle, de Quarto, de Pylos qu’on aime bien sortir pour jouer en famille. Cuisine d’un bon pot-au-feu.
Anaïs et Victor partent frapper à la porte de la maison près de laquelle nous avons dormi. Les gens ont une verrière et nous les avons observés jouer à des jeux de société. Timidement, les enfants avec un grand sourire s’approchent pour se faire voir. Aussitôt, John et Grégory leur font signe de rentrer et c’est parti pour quelques parties de Quarto et d’échecs…
Jacques qui nous avait emmené le vin hier soir revient avec un énorme thon qu’il a péché. Euh c’est trop gentil mais le frigo et le congélo sont déjà pleins. Et j’ai peur que ça ne rentre pas dans la casserole ! Mais on ne peut pas refuser ce si gentil cadeau… On va le laisser décongeler toute la journée et on s’en occupera demain car à présent, nous sommes invités chez Jacques pour boire un verre…
Il nous présente sa femme Elna, son fils Markus, sa fille Emma et son petit ami. Un couple d’amis passe le week-end avec eux dans cette très belle villa de vacances, ce sont Donnie et Mieke, avec leur bébé Ilé. Nous échangeons avec ces deux familles d’Afrikaners autour de quelques verres de blanc et de rosé sur beaucoup de sujets différents, sur nos modes de vie, sur la France, sur l’Afrique du Sud et en particulier sur les relations Noirs-Blancs qui nous intriguent toujours autant. Ils nous confirment que les Blancs et les Noirs ne se mélangent pas, sauf dans le cadre du travail où les Blancs sont les patrons des Noirs. Mais dans le cadre privé, c’est inconcevable que des Blancs soient amis avec des Noirs, s’invitent les uns chez les autres. Nous recevons beaucoup d’invitations tellement chaleureuses aux quatre coins du pays mais pour l’instant simplement par des Blancs qui ne représentent que moins de 10% de la population sud-africaine. Alors oui nous avons aussi eu des échanges sympas avec des Noirs et des Métis. Durant l’apartheid, « coloured » ou métis, servait à classer quiconque n’entrait pas dans les autres catégories raciales. Mais malgré cela, une identité culturelle métis s’est développée, en partie fondée sur le refus des Blancs de considérer les métis comme leurs égaux et par le refus des métis d’être assimilés aux Noirs. Mais nous aimerions et nous espérons que nous aurons l’occasion d’entrer plus en contact avec eux, d’aller au delà des sourires et des échanges agréables mais furtifs.
Nous sommes donc les invités de ces deux charmantes familles pour le repas du midi. Bien entendu, comme dans toutes les familles d’Afrikaners, le week-end on braai (prononcez « braille ») ! Tous les week-ends, et deux à trois fois par semaine, on braai ! Le barbecue est une véritable institution et coutume sociale en Afrique du Sud, tout comme on l’avait constaté en Argentine ou en Uruguay. Chaque maison d’Afrikaners a un énorme espace dédié à cet effet dans les maisons et aussi sur les terrasses. Comme en Amérique du Sud, d’un côté du barbecue, un gros foyer de bois brûle. Les braises tombent en dessous et celles-ci sont ainsi ramenées sous la viande à griller qui cuit alors sur ce lit incandescent. Tout comme en Amérique du Sud, la quantité de viande consommée par personne est impressionnante.
Nous repartons encore avec des cadeaux, un bocal d’olives préparées par Jacques et un bocal de condiments épicés.
Les verres de vin se sont, de manière conviviale, enchainés à un rythme ininterrompu depuis ce matin. Il nous faut donc trouver un bivouac proche de leur maison. Mais un endroit avec de quoi faire un braai pour faire cuire le thon ! Évidemment, Jacques et ses amis savent nous indiquer un parking près de la plage avec de quoi faire un bon barbec’ demain.
Lundi 6 septembre 2021 :
Après avoir regardé des tutos sur YouTube, il est temps de se lancer dans la préparation du thon. C’est bien la première fois qu’on nettoie un poisson d’environ 7 kilos ! Il a lentement décongelé cette nuit dans la cabine à l’avant dans la Tiny. Finalement assez facilement, nous parvenons à vider le thon et à récupérer 4 kilos de chair !! Les plus petits morceaux sont aussitôt cuisinés en rillettes. Je mets le feu à quelques morceaux de bois glanés autour du parking ainsi que sur un petit stock que nous avons toujours avec nous et je fais cuire quelques steaks de thon. Copieux et succulent ! Et on a de quoi se faire quelques repas comme celui-ci… En apéro, petits toasts de rillettes de thon…
Nous roulons vers le Sud de la Péninsule de Saint Helena après avoir marqué un court arrêt au Mémorial de Vasco de Gama. C’est ici, sur cette péninsule, que le navigateur portugais faisait escale en 1497 pour la première fois après son départ du Portugal. Il allait être le premier Européen à arriver aux Indes par voie maritime en contournant le Cap de Bonne-Espérance.
Alors que nous pensions une nouvelle fois avoir de la chance et espérions trouver un bivouac sympa vers la ville de Saldanha, et bien nous tournons une heure autour de la ville mais pas moyen de trouver un coin au bord de l’océan entre le port de pêche et des zones industrielles et militaires où nous ne pouvons pas accéder. C’est rare qu’on galère à tourner en rond comme ça. Nous devons quitter la ville.
Nous roulons donc vers le Sud toujours sans trop nous éloigner du littoral. Nous contournons la Baie de Saldanha. Dans la station balnéaire et proprette de Langebaan, nous nous posons après avoir fait le tour d’autres emplacements sur un parking donnant sur l’immense plage, juste face à l’îlot de Shaapen au niveau de l’embouchure du lagon et de l’aire marine protégée de Langebaan. Face à nous, une longue péninsule se trouvant dans le Parc national de West Coast où nous irons randonner demain. Ouf, enfin posés… Nous ne sommes pas arrêtés depuis longtemps et déjà une dame âgée promenant son chien vient discuter un long moment avec nous et nous souhaiter la bienvenue en Afrique du Sud. Nous allons marcher sur la plage de sable fin. Le vent souffle fort dans les voiles des véliplanchistes et des windsurfers. L’eau a vraiment une couleur de lagon. Magnifique. Nous prenons un peu de hauteur sur la terrasse d’un bistrot pour profiter du paysage et de quelques smoothies et de milkshakes.
A la tombée de la nuit, un gardien vient nous voir pour nous dire qu’il va fermer la barrière du parking et que nous devons partir. Nous lui expliquons que nous n’avons pas à bouger de la nuit et que ça nous arrangerait de rester là jusqu’à demain matin. Il accepte. Mais deux heures plus tard, un commando de 6 agents de sécurité arrive vers nous pour nous dire que nous ne pouvons pas rester sur le parking pour la nuit et que nous devons aller au camping. Pas question, lui répond-on d’une part de rouler la nuit et de payer pour dormir alors que nous sommes si bien ici. Ils insistent. Nous aussi. Mais ils sont plus persuasifs que nous et nous devons quitter le parking. Mais ah, ah, le parking est fermé et nous devons attendre 15 minutes que quelqu’un vienne ouvrir le cadenas ! Puis, nous sommes escortés par eux pour traverser la ville jusqu’au commissariat de police où ils nous ont proposé de dormir. En effet, ils nous expliquent que toute la ville qu’ils surveillent est interdite au camping sauvage. Pour ne pas jouer au chat et à la souris toute la nuit et risquer une contravention, on sera très bien sur leur parking. Décidément aujourd’hui, ça a été une journée assez galère pour trouver à se garer. Il y a des jours comme cela où ça ne se passe pas toujours facilement. C’est aussi ça la vie nomade…
Mardi 7 septembre 2021 :
Pas d’école aujourd’hui car grosse rando de prévue. Mais il nous faut avant tout rouler un peu et continuer à contourner le lagon pour entrer dans le Parc national de West Coast qui s’étend sur une superficie terrestre et maritime de 32 000 hectares. Pour lui aussi, l’entrée est incluse dans la Wild Card que nous avons achetée en entrant dans le pays. Tant mieux car le tarif est en ce moment deux fois plus cher car c’est la saison des fleurs. Le parc n’est ouvert que deux mois par an et nous sommes encore chanceux d’être là au bon moment.
Nous contournons l’immense Lagon de Langebaan par une route d’environ 40 km pour nous retrouver de l’autre côté de la baie, juste en face d’où nous avons dormi à deux kilomètres à vol d’oiseau de la ville de Langebaan. Mais encore aujourd’hui, on ne va pas faire ce qu’on avait prévu. Alors qu’on partait pour faire une rando de 16 km, dans la Réserve de fleurs de Postberg, on se voit obligés de payer une vingtaine d’euros en supplément du prix d’entrée juste pour marcher. Alors qu’il n’y a aucun supplément si on est en voiture. A rien y comprendre. D’autant plus que si on entre en véhicule, une fois passée la barrière d’entrée, on peut marcher tant qu’on veut et gratuitement…
Nous nous rendons directement au point de vue Plankiesbaai qui offre un cadre merveilleux sur l’océan agité.
Le tapis floral qui couvre les reliefs, avec le bleu de l’océan et du ciel, le noir des rochers, le blanc du sable se mêlent à merveille.
Nous voyons un animal que nous n’avions pas encore vu jusqu’à présent, le damalisque à front blanc. Mais aussi des zèbres de montagne du Cap, une espèce ressemblant au zèbre des montagnes mais avec quelques différences de taille et de dessins de zébrures.
Nous voyons quelques oiseaux mais les migrateurs ne sont pas encore arrivés de l’Antarctique. Ils migreront courant septembre pour se reproduire ici jusqu’en mars.
Puis, en Tiny, nous traversons la péninsule pour de nouveau retrouver les eaux cristallines et plus calmes du lagon. En chemin, nous admirons les velds qui se couvrent de fleurs sauvages de toutes les couleurs. De nouveau, nous recevons une chaleureuse invitation dans la famille de Jeandri et de sa copine Santie. Nous y répondrons dans les semaines à venir, très certainement. Il va falloir qu’on tienne un agenda !
Arrivés au point culminant du site à Uitkyk, nous admirons la couleur turquoise du lagon. Fabuleux. Au loin, à l’entrée de la Baie de Saldanha, on reconnait les vilaines zones industrielles, militaires et portuaires que nous avons traversées il y a quelques jours dans cette ville où ne trouvions pas de bivouac.
Nous ressortons de la réserve florale et de nouveau en traversant la péninsule, nous profitons encore plus que ce matin du tapis floral. Les fleurs s’épanouissent en général à partir de 11 heures.
Nous retrouvons à Tsaarsbank les eaux démontées de l’Océan Atlantique. Malgré les vagues puissantes, l’eau reste translucide et turquoise. Toujours aucun déchet sur la plage immaculée où nous marchons 2,5 km avant de faire demi-tour, sans avoir vu l’épave que nous cherchions du Pantelis A. Lemos échoué depuis 1978. Elle doit être recouverte par la marée haute. Nous voyons d’étonnantes algues échouées.
Quelques otaries à fourrure du Cap font les belles au Soleil qui nous offre une très belle journée aujourd’hui, et sans trop de brise marine, par rapport au reste de la semaine. Ces lions de mer se réchauffent car les eaux de l’Atlantique sont ici glaciales car refroidies par le Courant de Benguela qui remonte de l’Antarctique. Il y a certainement des baleines franches australes et des dauphins mais leur observation est difficile à cause de l’océan démonté. De beaux oiseaux fréquentent aussi les lieux. Nous observons sur cette plage qui s’étend à perte de vue des goélands dominicains, des cormorans et des huitriers de Moquin au bec et aux yeux rouges.
Retour à la Tiny où comme d’habitude, on la retrouve en train de se faire prendre en photo. Un gentil couple entame la conversation avec nous. Ils ont été attirés par l’alpaga dessiné par notre nièce Ella sur la porte de la cabine. Carlé et Karl, habitent au sud de la ville du Cap et nous invitent chez eux ce week-end pour aller pêcher des moules et passer du temps avec eux. OK, c’est noté, on sera là ! A ce rythme-là, les Sud-Africains vont arriver sur le podium de l’accueil, et pourraient même, ce qui n’est pas facile, détrôner les Iraniens ! Nous avons déjà 4 familles qui nous attendent à bras ouverts dans la région du Cap, une autre vers le Kruger, une autre vers Pretoria…
Nous roulons vers le Sud sur un grand axe routier où circulent beaucoup de voitures, de belles voitures allemandes assez chics. On sent qu’on approche d’une grande ville, Cape Town (Le Cap) est en vue. Joli bivouac sur un parking d’un quartier chic de Melkbosstrand, les pieds dans le sable encore une fois.
Ce soir, nous nous régalons d’un bon plat de thon mariné dans de l’huile d’olive, de la sauce soja, du citron, de l’ail, du gingembre, du persil, le tout accompagné d’une fricassée de champignons frais avec des cacahuètes concassées… Le stock de thon diminue dans le frigo mais il en reste encore !
Mercredi 8 septembre 2021 :
Fin de matinée où Anaïs et Victor ont encore bien travaillé. Nous prenons la route pour nous approcher de la ville du Cap. Voulant avoir un aperçu sur la ville, nous quittons la route principale pour nous approcher du littoral dans un quartier chic aux maisons démesurément grandes. Le parking nous paraît tellement sécurisé qu’on décide d’y rester pour la journée et d’aller visiter Le Cap avec le bus. Mais c’est finalement plus économique de prendre un taxi UBER qui nous déposera de plus directement dans le quartier où on souhaite aller. Celui-ci nous dépose en plein centre-ville au pied de l’imposante structure pentagonale du Château de Bonne Espérance construit en 1666 par les Hollandais pour se protéger des Anglais.
Puis nous errons dans les quartiers autour de Greenmarket Square qui accueille un marché d’artisanat et de souvenirs. Sur le côté Sud de la place Grand Parade, s’élève l’ancien Hôtel de ville datant de 1755.
Nous sommes rapidement séduits par l’architecture hétéroclite de Cape Town. Tous les styles se mélangent. De l’Art déco à la brique du 18ème siècle en passant par l’architecture de verre et d’acier ou de béton plus récentes. Nous passons par Long street où s’alignent boutiques d’antiquaires, librairies, boutiques de mode, bars et discothèques. Quel contraste avec les autres pays d’Afrique que nous avons visités.
Petit arrêt devant un segment du Mur de Berlin tombé en 1989. Le morceau de rideau de fer qui a scindé l’Europe en deux partie tout au long de la Guerre froide a été remis au président Nelson Mandela (élu en 1994 après sa libération de prison en 1990), lors d’une visite d’État en 1996 en Allemagne. Il est le symbole de la rupture des barrières entre les peuples. Les deux côtés de la dalle montrent les facettes de Berlin Est et de Berlin Ouest. Celle à l’Ouest était recouverte de tags.
Nous arrivons au Company’s Garden, un joli jardin ombragé par des espèces botaniques du monde entier, en plein cœur de la ville. De jolis bâtiments l’entourent comme la Cathédrale St Georges, la South African Library, la Supreme Court, la House of Parlement, le Musée d’Histoire culturelle. Des mignons écureuils importés d’Amérique du Nord pas du tout farouches se promènent.
Nous avons rendez-vous dans un bistrot avec les Destination inconnue, une nouvelle famille française de voyageurs arrivée hier en Afrique du Sud. Dominique, Frédéric et leurs enfants Lucie et Raphaël envisagent le même trajet que le nôtre en Afrique mais en sens inverse. Nous passons un agréable moment ensemble avant de regagner notre charmant bivouac toujours en Uber. La vue sur Cape Town, à la tombée de la nuit est magnifique.
Plusieurs familles se réunissent pour admirer le coucher de Soleil et commencent à souffler dans des cornes de brume. Mais que font-ils ? Peut-être qu’ils appellent les baleines ? Non, finalement, nous découvrons qu’ils célèbrent, avec l’apparition du premier croissant de lune, l’arrivée du printemps.
Coucher de Soleil mémorable. En même temps, nous sommes à Sunset Beach ! Est-ce la latitude qui explique ça mais il est aussi intense et il dure aussi longtemps que ceux qu’on avait de l’autre côté de l’Atlantique en Uruguay ? Certainement car nulle part ailleurs dans le monde, on en a vu avec des couleurs aussi intenses.
Ce soir, c’est thon à la crème et fondue de poireaux…
22 heures, on frappe à la porte. J’ouvre la fenêtre. « You are not allowed to sleep here ». Oh ben non, ça ne va pas recommencer. Encore une fois, une de ces innombrables voitures de sécurité privée des maisons bourgeoises du quartier qui rodent. Je lui explique que nous sommes en train de dormir et que nous nous déplacerons demain matin. nous poursuivons tranquillement notre nuit.
Jeudi 9 septembre 2021 :
Le petit café du matin est savouré avec une vue magnifique sur la baie de Cape Town.
Nous quittons ce quartier chic où nous ne sommes pas vraiment les bienvenus pour tout le monde. Une petite partie de la population organisée en sorte de milice, qui fait des rondes de contrôles en plus de la multitude de compagnies privées d’agents de sécurité qui surveillent ce quartier résidentiel réservé aux fortunés, nous le fait comprendre. Une habitante très désagréable débarque, hausse le ton et dit qu’on n’a pas le droit de dormir ici. Quelques instants après, un agent de sécurité arrive en disant qu’il a reçu des plaintes car on est soi-disant installés ici depuis 7 jours… Un autre arrive en disant que son collègue d’hier soir a accepté qu’on reste pour la nuit car on était en panne de batterie (il nous a défendus !). Bon, on s’en va. Mais alors que nous quittons notre bivouac, une charmante habitante avec qui nous avons discuté hier nous lance un sourire chaleureux et nous dit : « oh non, vous partez déjà ? ». Nous étions quand même les bienvenus pour certains !
Ayant constaté hier en taxi que la conduite dans la grande ville du Cap est plutôt facile, (plus de 400 000 habitants, mais l’agglomération compte environ 4 millions d’habitants), nous décidons de nous y rendre en Tiny. Effectivement, facilement, nous atteignons les abords du centre-ville en contournant l’immense port industriel.
Nous y trouvons un parking sécurisé pour la journée pour moins de 3€. Parfaitement placé en plus dans le quartier de Green Point. C’est parti pour une rando urbaine de 14 km !
Nous nous dirigeons sur les flancs de la montagne de Signal Hill et de l’un des quartiers les plus pittoresques de Cape Town, le quartier Bo-Kaap réputé pour ses ruelles pavées escarpées et ses maisons basses peintes de couleurs éclatantes.
Bo-Kaap abrite une forte concentration de Malais du Cap (population de religion musulmane, d’où la présence de nombreuses mosquées), lesquels sont les descendants d’esclaves et de déportés politiques originaires d’autres régions d’Afrique mais aussi de Malaisie, d’Inde, de Ceylan et d’Indonésie qui furent déportés par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales à partir de 1667 afin de servir de main-d’œuvre dans la colonie du Cap pour pallier la pénurie de main d’œuvre et éviter les conflits avec les populations locales pastorales. Après l’abolition de l’esclavage en 1834, les Malais du Cap demeurèrent au Cap, principalement à flanc de colline de Signal Hill où ils formèrent une communauté à part entière, principalement peuplée d’ouvriers et d’artisans. Les anciens esclaves ont été autorisés à racheter les propriétés. Toutes les maisons à l’origine blanches, ont été peintes de couleurs vives par leurs propriétaires comme une expression de leur liberté.
Nous poursuivons vers les hauteurs de Signal Hill qui domine la ville d’une altitude de 350 mètres. Au bas de la colline, et surplombant le quartier de Bo-Kaap, nous arrivons juste à midi pour écouter l’incroyable déflagration du canon Noon Gun, comme tous les midis. Il résonne dans tout Le Cap. Autant vous dire que juste à une trentaine de mètres, la détonation et le souffle sont impressionnants. Il permettait aux premiers fermiers hollandais de remettre leur montre à l’heure chaque jour.
Un petit effort nous permet de nous rendre au sommet de Signal Hill d’où nous avons une vue magnifique sur tout Cape Town, sur son port (d’où peut-être la Tiny embarquera ou du moins fera escale sur le bateau qui la ramènera vers l’Europe en mars ou avril prochain), son quartier d’affaires, son stade construit pour la Coupe du monde en 2010. Le tout est surplombé par Lion’s Head, cette colline pointue de 669 mètres d’altitude mais surtout par Table Mountain qui domine d’une altitude de plus de 1000 mètres.
A 12 km au large, l’île de Robben Island, inscrite au Patrimoine mondial par l’UNESCO, où Nelson Mandela a passé près de 18 ans emprisonné sur les 27 ans de sa captivité. Plusieurs autres opposants au régime de l’Apartheid y ont séjourné. Déjà les Portugais dès 1525 exilaient leurs prisonniers sur cette île. Robben Island a aussi été un lieu d’incarcération pour les prisonniers de droit commun, mais également un hôpital pour les lépreux et les malades mentaux, ainsi qu’une base militaire. Le site est aujourd’hui revenu au tourisme mais l’excursion en bateau pour une visite expresse nous en couterait plus de 100€. Nous nous confronterons dans les prochains jours à la dureté de l’Apartheid en visitant des musées dans Cape Town.
Par un chemin très escarpé, nous redescendons de nos 350 mètres d’altitude dans les quartiers chics de Sea Point.
Nous longeons le front de mer sur environ deux kilomètres en longeant Boat Bay, Rocklands Bay, Three Anchor Bay et Mouille Point jusqu’au quartier de Green Point.
La richesse d’une partie de la population s’exprime par les voitures luxueuses qu’on croise dans Cape Town.
Nous arrivons au Victoria & Alfred Waterfront, le port historique de la ville, dont les infrastructures ont été reconverties en temple de la consommation, restaurants, bars, centres commerciaux, marina résidentielle, grande roue… Le port abrite des bateaux de croisière, des navires de plaisance, des chalutiers, des remorqueurs, des navires brise-glaces d’exploration en Antarctique…
Dans le Nobel Square, on trouve une statue de Nelson Mandela aux côtés de trois autres lauréats du Prix Nobel de la Paix d’Afrique du Sud. Les statues sont gravées de citations traduites dans les langues les plus parlées en Afrique du Sud.
Retour à notre Tiny avec 14 km dans les jambes et un bon dénivelé pour gravir les 350 mètres de Signal Hills. Une dernière fois, nous savourons ce mélange d’architecture entre les lignes courbes du Stadium et les façades colorées des maisons coloniales.
Nous sommes ravis de cette belle journée dans Le Cap. Nous y reviendrons d’ici une bonne semaine pour en visiter d’autres quartiers mais nous avons rendez-vous ce week-end dans la famille de Carlé et de Karl, rencontrés il y a quelques jours dans un parc national. Nous sommes leurs invités dans le sud de la péninsule, non loin du Cap de Bonne-Espérance.
Nous retrouvons notre Tiny et nous roulons vers le Sud de la Péninsule du Cap. La sortie de la ville se fait en longeant une corniche embouteillée et en traversant les stations balnéaires de Clifton, Camps Bay et Bakoven réservées aux grandes fortunes qui font construire des maisons surdimensionnées à flanc de falaise. Les terrasses de cafés et les plages grouillent de monde, à l’heure de la sortie du travail. Les familles profitent de cette chaude journée à plus de 30°C, l’une des premières et bien inhabituelle en cette saison. Demain, il fera 17°C !
Sur les bons conseils de nos amis les Kaquet, c’est sur un chouette bivouac que nous dormons ce soir. Le bruit des vagues s’éclatant sur les rochers à 10 mètres de notre baie vitrée va encore bercer notre sommeil. Celui de la route va vite s’estomper. En effet, comme depuis plus d’an an où nous voyageons dans des pays où des couvre-feux sont instaurés à cause du Covid, la circulation et le bruit en fin de soirée s’arrêtent vite. Et encore un joli coucher de Soleil sur la Baie de Koeël pour clôturer ce 126ème article de blog… L’un des derniers sur la côte Atlantique car nous allons bientôt changer d’océan !