881 km parcourus du 18 au 25 octobre 2021
85 972 km parcourus depuis le départ
Lundi 18 octobre 2021 :
Nous nous réveillons ce matin en pleine nature avec le chant des oiseaux à l’orée du village de Clarens dans la région de l’État Libre, tout près de la frontière avec le Lesotho, ce pays enclavé au milieu de l’Afrique du Sud.
Petite découverte de bonne heure ce matin de ce village touristique. Autour de la place engazonnée, jolies boutiques d’artisanats et cafés-restaurants pour accueillir les visiteurs venant comme nous découvrir cette région réputée du Haut Drakensberg.
Niché dans les contreforts vallonnés des montagnes Maluti , le Parc national des Golden Gate Highlands couvre une superficie de 340 km². Nous pouvons y accéder avec notre Wild Card permettant de visiter à volonté 80 parcs et réserves naturelles en Afrique du Sud.
Toujours grâce à l’application All Trails, sur laquelle Audrey passe beaucoup de temps à sélectionner les meilleures randonnées, nous partons pour une rando de plus de 9 km avec 650 mètres de dénivelé sur le parcours Wodehouse. Il commence en passant sous le Mushroom Rock, un imposant rocher à l’étrange allure effectivement de champignon.
Puis ça grimpe fort jusqu’à 2400 mètres d’altitude. On a chaud mais le vent bien que fort et frais est donc bienvenu. Nous nous méfions des babouins mais ils ne semblent pas agressifs.
Du sommet, nous longeons une longue ligne de crêtes d’où nous avons une vue merveilleuse sur la haute vallée de la Caledon, au pied des monts Maluti, de ses falaises et de ses affleurements de grès aux tons dorés, ocres et orangés, profondément érodés.
Nous avons la chance d’observer un troupeau de blesboks, aussi appelés damalisques à front blanc que nous avions déjà observés dans les parcs en fleurs au début de notre découverte sud-africaine. Et pour la première fois, nous voyons des gnous noirs ou gnous à queue blanche. On avait observé jusqu’à présent des gnous bleus à queue noire. Vous saisissez la différence ?
Puis c’est la redescente un peu plus en douceur avec un joli point de vue sur la vallée depuis le Brandwag Buttress.
Retour à la Tiny où encore une fois, on profite des douches du camping avant de reprendre le volant.
Nous sommes vraiment sous le charme de ce Parc national des Golden Gate Highlands et de ses formations de grès aux couleurs chaudes. Pour prolonger le plaisir, c’est avec la Tiny que nous allons explorer ces paysages dignes du Far West africain en empruntant deux petites boucles asphaltées, la Blesbok Loop et la Oribi Loop.
Superbe bivouac isolé, juste à la sortie du parc, sur les bons conseils de Claire et Mickaël, au pied des falaises orangées. Sauvage. Magnifique.
Nous sommes tellement heureux de pouvoir bivouaquer si librement en Afrique du Sud. On nous avait tellement mis en garde sur les problèmes d’insécurité dans ce pays, y compris de la part de voyageurs pourtant pour certains chevronnés. Les locaux ne sont pas les derniers non plus à nous dire que c’est dangereux de dormir dans des endroits reculés. Tant de voyageurs dorment tous les soirs en campsite pour être en sécurité. Nous avons fait le choix comme partout dans le monde de dormir au maximum en pleine nature, face à l’océan, dans des bois. Parfois aussi dans des endroits moins glamours car on n’a pas toujours le choix mais d’une manière plus générale depuis plus de deux mois, on se fait tant plaisir à dormir n’importe où, sans ressentir la moindre insécurité, bien au contraire. Notre porte-monnaie ne s’en porte pas plus mal car il faudrait compter sinon un budget d’au moins environ 20€ par nuit en campsite, ce qui sur trois mois passés dans ce pays ferait une belle somme. De plus et surtout, si on n’avait dormi qu’en campsite, on n’aurait jamais fait toutes les rencontres qu’on a faites.
Mardi 19 octobre 2021 :
L’endroit est magnifique et paisible pour faire l’école mais il me faut une meilleure connexion 4G pour mettre en ligne le précédent blog. Nous contournons juste la montagne pour nous rapprocher d’un relais près de la ville au nom imprononçable de Phuthaditjhaba-A.
Nous recevons la visite de quelques curieux bien sympathiques, y compris d’un groupe de 5 jeunes du coin. Ils nous demandent si on va au Lesotho voisin. Audrey leur répond que non, car on n’a pas envie de payer des tests PCR et de faire les formalités administratives pour seulement quelques jours. « Pas de problème » répond l’un d’entre eux. « Mon frère est passeur et il peut vous faire passer la frontière sans tout ça »… C’est gentil mais on ne va pas jouer !
Route vers le point de départ de notre grosse rando de demain vers le fameux Amphithéâtre, une formation géologique digne d’intérêt dans le Drakensberg. Nous devons traverser la ville assez étendue de Phuthaditjhaba-A. Une ville « à l’africaine », effervescente, comme nous aimons tant. Quelle ambiance ! On se revoit en Zambie, au Kenya ou en Tanzanie où les habitants sifflaient ou criaient à notre passage avec un grand sourire et de grands gestes, où les gamins en tenue d’écolier marchent des kilomètres sur le bord des routes, où il n’y a pas un Blanc, où les femmes portent de lourdes charges sur leur tête, où tant de petits boulots de menuiserie, de soudure ou de réparation mécanique se font à même le trottoir, où les légumes, les fruits et la viande se vendent aussi sur le trottoir, où les vaches mangent des déchets plastiques dans les fossés, où des épaves de voitures rouillent devant les maisons…
Nous nous dirigeons vers l’entrée du Royal Natal National Park pour lequel il faut s’affranchir du droit d’entrée (non inclus dans la Wild Card). Mais nous avons une grosse incertitude quant à la possibilité d’accéder au Sentinel Car Park, point de départ de la rando. Le gentil agent du parc propose de ne pas nous faire payer maintenant mais seulement demain au retour si on a pu faire la rando.
Arrivés au bout de la route pavée au Witsieshoek Mountain Lodge, il faut maintenant payer pour accéder au chemin de rando. Le personnel nous indique que la piste longue de 7 km d’accès au parking du départ de randonnée est impraticable pour un véhicule non 4×4. Il faut donc prendre une navette au départ de ce lodge, ce qui a un coût, en plus du droit d’entrée dans le parc en général et du droit à payer spécifique pour cette rando. Bref, nous renonçons car il nous faudrait débourser au total l’équivalent de 73€. C’est dommage mais nous ne verrons pas l’Amphithéâtre depuis la rando de 14km avec 800 mètres de dénivelé sur le Tugela Falls Hike qui nous aurait fait grimper à 3200 mètres d’altitude. Mais le budget nous refroidit. On a déjà vu des paysages époustouflants et d’autres nous attendent. De plus, nous aurons la possibilité de revenir voir cet amphithéâtre à la fin du mois de janvier quand nous repasserons dans la région du Drakensberg en descendant sur Durban. Nous y accèderons depuis un autre secteur (Mahai) seulement à 5 km à vol d’oiseau de là où nous sommes mais à 120 km par la route. Le détour n’est pas raisonnable maintenant. Mais nous ne regrettons pas d’être venus jusque là car le paysage, bien que pris dans la brume, est très joli.
Nous ouvrons la carte routière et nous décidons de filer en direction du Parc national Kruger où nous avons prochainement réservé nos nuits de camping. Environ 600 km nous en séparent avec des visites à faire sur la route. Les enfants nous disent « mais vous avez encore changé d’avis… ». Oui c’est vrai, on change parfois d’avis mais dans notre aventure, il nous faut nous adapter aux imprévus, à la météo, à notre forme, aux envies, au budget…
Nous roulons à travers les paysages monotones du haut plateau du Highveld. De grandes étendues cultivées avec des engins agricoles comme on peut en trouver en France. Nous sommes en plein dans les greniers à grains d’Afrique du Sud, principalement du blé et du maïs, mais aussi des champs de coton. La route est globalement en bon état, toutefois il faut faire attention quand-même à de gros nids d’autruche qui surprennent. Heureusement, il y a très peu de circulation et je peux donc slalomer sur toute la largeur de la route pour les éviter à la dernière seconde. Parfois, ce n’est pas possible ou je ne les vois pas, la Tiny souffre et nous faisons une grosse grimace.
Nous ne traversons pas de villages, juste quelques toutes petites villes distantes de quelques dizaines de kilomètres répondant aux noms de Kestell, Mossie, Warden, Vrede. Le Soleil se couche alors que nous entrons dans la province du Mpumalanga (l’une des 9 provinces du pays) et que nous arrivons à Standerton. Bivouac sur un large trottoir le long de la cour de l’église après 240 km de route cet après-midi.
Mercredi 20 octobre 2021 :
Allez, on ne lâche rien et on reprend la route encore en fin de matinée. Encore une grosse étape aujourd’hui. La dernière avant longtemps.
Les paysages du Highveld sont toujours comme hier assez monotones. L’énorme centrale thermique à charbon de Tutuka défigure le paysage. Les deux cheminées mesurent chacune 275 mètres de haut et les six tours de refroidissement ont une hauteur de 143 mètres. Le nuage de poussière opaque se dégageant des deux plus hautes est impressionnant et pollue l’air sur des kilomètres carrés autour de la centrale.
Nous roulons sur ce haut plateau perché à environ 1500 mètres d’altitude. Toujours très peu de villes. Nethal, Hendrina, Carolina, eMakhazeni, Dullstroom, Lydenburg se succèdent. Une Afrique du Sud tellement différente de celle que nous avons découverte jusque là. Encore des trous béants dans l’asphalte comme la Tiny n’apprécie pas mais les organes de direction et de suspension tiennent bon. Les kilomètres défilent au compteur, encore et encore. La Tiny roule parfaitement. Encore des surfaces cultivées immenses. Les agriculteurs pratiquent la culture sur brûlis. Les incendies ne sont pas maitrisés mais s’éteignent naturellement quand ils ont tout brulé sur leur passage.
Puis la route devient plus sinueuse, longeant l’Ohrigstadrivier. Du coup, il y a un peu plus de verdure. La route R36 puis la R532 passant par Mapareng, Matshelgweng et Mohlatsengwane traversent des plantations de milliers d’hectares d’agrumes mais aussi de noix de macadamia. L’Afrique du Sud est devenu le premier producteur mondial de ce fruit à coque. C’est le début de la Route du Panorama que nous allons suivre pendant les prochains jours.
Après une nouvelle longue étape de près de 400 km, nous arrivons dans un secteur où nous allons nous poser quelques jours. La randonnée prévue demain s’effectue au départ d’un lodge privé qui n’accepte pas qu’on se gare sur le parking pour y bivouaquer malgré le plus grand sourire et la voix douce d’Audrey. Ils nous orientent logiquement vers leur camping, bien trop luxueux pour notre bourse de voyageurs au long cours. Pas facile de trouver un bivouac sur cette route grillagée sur les deux côtés. Nous continuons quelques petits kilomètres et à la tombée de la nuit, nous entrons dans le petit village aux ruelles défoncées de Matibidi. Nous tournons mais aucun recoin ne nous inspire confiance. Chaque endroit où on pourrait se garer est un amoncellement de bouteilles de verre jetées au sol. Un parking pourrait bien faire l’affaire mais il y a un bar avec trop d’animation et certainement trop d’agitation en fin de soirée. Sur le pas d’une porte, nous voyons une vieille femme en pleine conversation téléphonique. Audrey s’approche d’elle pour lui parler. Elle ne parle pas anglais et Audrey, avec des gestes lui demande si on peut dormir sur le trottoir. Méchamment, elle nous fait signe de déguerpir et tourne les talons. Mais une autre femme de la même maison s’avance vers Audrey et accepte avec peu de mots mais un grand sourire qu’on se gare devant chez elle dans la rue. Ouf… L’autre femme disparait.
Aussitôt, nous faisons l’animation dans ce petit village qui ne doit jamais voir s’arrêter de touristes, encore moins de Blancs. Une vingtaine de gamins approchent de la Tiny. Jolie ambiance. Anaïs et Victor sortent quelques jeux. Certains, curieux de notre aventure, nous posent des questions. Les enfants touchent notre peau blanche qu’ils trouvent douce. Beaucoup ont des téléphones portables et nous photographient, ce qu’on ne voyait pas dans les pays d’Afrique de l’Est.
Puis le chef du village, Matheus, arrive et nous dit que ce n’est pas conseillé de dormir dans la rue. Il demande à la femme qui a accepté qu’on dorme devant chez elle (qui est sa tante) d’ouvrir son portail pour qu’on dorme en sécurité dans la cour de la maison. Mels accepte et nous fait rentrer. Bond, son petit fils de 16 ans, est tout excité de savoir qu’on vient de France, qu’on a traversé l’Afrique et qu’on dort ce soir dans sa cour. Il n’en revient pas.
Bon et bien voilà, on se disait qu’on n’avait pas encore été invités par une famille noire. Et bien, c’est fait, bien qu’on ait un peu provoqué cette invitation et que l’échange se limite à quelques mots avec Mels qui est assez réservée et ne parle que quelques rares mots d’anglais. Mais le moment passé avec tous ces jeunes était très agréable. De plus, la fatigue de la journée est telle qu’on ne veille pas. Je tombe dans mon lit dès que la pression de la route retombe.
Jeudi 21 octobre 2021 :
Dès 7h30, message WhatsApp du chef du village qui s’inquiète de savoir si on a bien dormi. Matheus veut nous voir absolument ce matin avant qu’on parte. Il arrive quelques instants plus tard et nous offre un sac de popcorns tout chauds et nous invite à venir voir sa maison. Au moment de partir de chez Mels qui s’est absentée, le jeune Bond nous offre plusieurs avocats énormes, dont le plus gros pèse 1,2 kg !
Matheus nous fait visiter l’extérieur de sa maison et son jardin potager dont il est fier. C’est l’une des plus grandes et plus belles de la ville.
Il nous confirme que beaucoup de maisons du village, comme on peut en voir ailleurs dans les townships, sont entièrement financées et construites par l’État sud-africain pour les personnes défavorisées. Il y en a quelques-unes ici.
Nous prenons la route juste pour quelques kilomètres pour aller découvrir le Blyde River Canyon. Depuis le point de vue accessible en véhicule de Three Rondavels, nous avons une vue époustouflante sur les escarpements rocheux de grès rouge, de ce qui serait le troisième plus grand canyon du monde, et le deuxième plus grand canyon d’Afrique (après le Fish River Canyon que nous avions vu en Namibie). Ce canyon a été créé il y a environ deux millions d’années au moment de la dislocation du Gondwana, quand l’Antarctique et Madagascar ont été séparés de l’Afrique par le jeu de la tectonique des plaques. C’est l’une des attractions majeures du pays car il est situé proche du réputé Parc national Kruger où la majorité des touristes en Afrique du Sud vont. Mais encore une fois, nous sommes les seuls étrangers. Le tourisme n’a pas encore repris ici.
La rivière Blyde a creusé ce canyon sur 26 kilomètres de longueur. Depuis le point de vue, nous avons une vue panoramique sur le lac de barrage de Blydepoort. La vue la plus célèbre du canyon est celle donnant sur les Trois Rondavels, qui rappellent des huttes africaines (rondavel signifiant hutte en afrikaans). Il s’agit d’imposants cylindres rocheux surmontés de toits pointus, comme des cases africaines.
Route vers le Blyde Canyon Forever Resort, ce lodge luxueux qui nous permet, après s’être acquittés des droits d’entrée, d’avoir accès à une rando qui s’annonce superbe. La combinaison de trois parcours, le Leopard Trail, le Guinea Fowl Trail puis le Tufa Trail va nous faire faire une boucle d’environ 7 km avec un peu moins de 400 mètres de dénivelé. Effectivement, c’est remarquable et les points de vue sur les falaises rouges et sur le canyon sont vraiment extraordinaires.
Il fait chaud, très chaud et l’arrivée le long de la petite rivière Kadisi arrive à point pour nous rafraichir dans une piscine naturelle. Pas un touriste sur ce chemin de randonnée et l’oubli de mon maillot de bain à la Tiny ne pose aucun problème. Mais la baignade est de courte durée car l’eau est très très fraiche.
Mais nous sommes au point le plus bas de la rando et il nous faut remonter tout le dénivelé.
Avec les quelques degrés Celsius de l’air de plus par rapport au début de la rando, on transpire et un deuxième point d’eau avec une sympathique cascade arrive lui aussi à point pour nous rafraîchir.
Retour à la Tiny, où encore une fois, on abuse un peu et on profite des sanitaires du camping pour prendre des douches et refaire le plein d’eau de la Tiny. Cela ne semble pas poser de problème au personnel du luxueux lodge qui s’approche pour nous saluer et prendre des photos de la Tiny. Nous faisons l’école l’après-midi exceptionnellement mais on a bien fait d’inverser aujourd’hui car comme annoncé, le temps est couvert et on aurait moins profité de la beauté des paysages du canyon.
A l’heure où les lumières sont les plus belles en fin de journée, nous retournons sur le point de vue des Three Rondavels. Comme on a le Soleil dans le dos, les paysages sont beaucoup mieux mis en valeur que ce matin et on a vraiment un point de vue extraordinaire sur les falaises rougeoyantes du canyon.
Route vers le Sud toujours sur la Route panoramique. Les photos manquent de lumière mais nous en prenons plein les yeux en longeant le canyon. Nous traversons le hameau de Moremela, on s’arrête comme hier demander à des riverains si on peut dormir devant chez eux. Pas de problème, Nick, officier de police qui nous garantit qu’on est en sécurité devant chez lui, et son voisin Richard, acceptent qu’on bivouaque sur un terrain vague le long de la route plus trop passagère la nuit. C’est jonché de plastiques et de bouteilles de verre mais à l’heure qu’il est, cela ne va pas nous gêner car c’est l’heure de tirer les rideaux.
Vendredi 22 octobre 2021 :
Route vers Bourke’s Luck Potholes. Cet étrange site géologique fait toujours partie de la Réserve naturelle de Blyde River Canyon. Les eaux déchaînées de la rivière Blyde et de la rivière Treur ont créé à leur point de confluence un réseau fascinant de tunnels, de tubes, d’énormes nids-de-poule cylindriques et de bassins à remous interconnectés, tous divisés par des affleurements de grès dans une gamme étonnante de couleurs blanches, jaunes et marron foncé. Le site, assez touristique, est bien aménagé par un réseau de passerelles et de plates-formes d’observation permettant de profiter des formations rocheuses sous différents angles.
Puis, nous nous rendons un peu plus loin, toujours sur la route R532 en longeant la rivière Blyde et en traversant l’une des plus grandes zones boisées d’Afrique du Sud.
Nous avons enfin rendez-vous avec les Un tour à cinq, une famille d’amis voyageurs qui sont eux aussi depuis quelques mois en Afrique mais nous n’avons pas encore eu l’occasion de nous croiser. On s’est souvent manqué de peu. Ce n’était pas gagné mais comme on a décidé de changer notre programme ces derniers jours, on peut enfin les rencontrer, ce qui n’était pas arrivé depuis le début de notre cavale où on avait passé une soirée avec eux, tous réunis chez d’autres voyageurs, Cécile et Laurent, à Aubagne en janvier 2019.
C’est donc avec un immense plaisir que nous retrouvons Maryline, Renaud, et leurs trois enfants Eliott, Louise et Martin. Ils sont accompagnés en ce moment par Marion, la sœur de Renaud. Comme nous, les Un tour à cinq sont des récidivistes… Après un premier tour du monde en sac à dos d’un an en 2008, puis un grand tour d’Eurasie en camping-car d’un an et demi en 2015, ils sont de nouveau sur les routes du Proche-Orient et de l’Afrique depuis 2019. Autant vous dire que bien qu’on suive nos aventures par nos blogs respectifs et les réseaux sociaux, on a plein de choses à se raconter, d’anecdotes à partager sur nos parcours sensiblement similaires empruntés, nos joies et nos galères sur la route, nos rencontres et nos près de 8 années et 300 000 km sur les routes du monde cumulés à nos deux familles…
Les 5 enfants prennent aussi plaisir à jouer ensemble. On ne les voit quasiment pas de l’après-midi car nous sommes sur un chouette bivouac au bord de la rivière Lisbon. Un immense terrain de jeu où ils prennent plaisir à escalader les rochers, à se baigner dans des petites piscines naturelles érodées, à fabriquer un moulin à eau.
Samedi 23 octobre 2021 :
Les plans des Un tour à cinq et des Mollalpagas étaient de bouger aujourd’hui mais finalement les heures passent, les retrouvailles sont heureuses et chaleureuses, les adultes ont plein de choses à se raconter, les enfants aussi… Petite marche des filles pour prendre un peu de hauteur sur les alentours tandis que les garçons restent aux aguets car une trentaine de babouins ne sont pas bien loin.
Tant pis pour l’école aujourd’hui évidemment. Eliott, Louise, Martin, Anaïs et Victor passent leur journée au bord de la rivière, à sauter dans l’eau pour se rafraîchir des 32°C. Atelier maquillage. Atelier montage de film que les enfants tournent avec différentes petites scènes. Parties endiablées de cache-cache. Jeux de société.
Bref, une belle journée où on ne se rend pas compte que le temps passe et où on décide de prolonger le plaisir une deuxième soirée tous ensemble.
Dimanche 24 octobre 2021 :
Petite récréation au milieu de la matinée d’école. Avant qu’il n’y ait trop de monde sur le site des Chutes de Lisbonne, nous partons visiter ce site naturel juste à côté de notre bivouac. D’une hauteur de 94 mètres, cela en fait l’une des plus hautes de la province de Mpumalanga. Nous ne pourrons pas visiter toutes les chutes de la région, tellement elles sont nombreuses (Horseshoe, Lone Creek, Bridal Veil, MacMac, Maria Shires, Berlin…), mais celles-ci sont réputées pour être parmi les plus belles. Bien que nous soyons juste avant la saison des pluies, il y a quand-même un joli rideau d’eau qui s’écoule sur la paroi rocheuse.
Puis, chacun reprend la route de son côté. Les Un tour à cinq, arrivant du Mozambique, continuent vers la capitale et vers l’Ouest du pays, mais quelque chose nous laisse espérer des retrouvailles en début d’année prochaine dans le secteur de Durban. Bonne route les amis.
Nous revenons un peu sur nos pas pour aller découvrir l’une des plus belles vues du secteur depuis le site de God’s Window du haut de falaises abruptes. Nous sommes à 1700 mètres d’altitude et la « Fenêtre de Dieu » nous offre une vue plongeante de 700 à 900 mètres sur le bas veld en contrebas, la forêt indigène luxuriante autour de la rivière Blyde et les réserves sauvages proches du Parc national Kruger. On appelle cela le Grand escarpement du Drakensberg. Ces hautes falaises entourent le plateau central de l’Afrique australe.
Une promenade mène dans un cadre enchanteur à travers une petite forêt tropicale paisible avec des arbres couverts de lichens et des rochers de toutes formes et tailles.
Non loin, un autre belvédère Wonder View offre une vue et une perspective similaires. Dommage que le temps soit gris aujourd’hui.
A quelques kilomètres de là, une autre formation géologique surprenante, le Pinnacle Rock surgit de la forêt luxuriante de plusieurs dizaines de mètres de hauteur.
Route vers Graskop pour un ravitaillement devenu plus que nécessaire au supermarché Spar et à la station-service.
Puis nous poursuivons vers le village de chercheurs d’or de Pilgrim’s Rest. Le temps est à la bruine et ne nous invite pas à aller visiter maintenant ce village déclaré Monument national. Soirée cocooning, et cinéma Jurassic Park.
Lundi 25 octobre 2021 :
Petite pause pendant l’école pour aller visiter Pilgrim’s Rest. Des pépites y furent découvertes en 1873 dans l’eau claire d’un ruisseau et sa population atteint rapidement 1500 personnes, vivant de près ou de loin de l’orpaillage. Avec le temps, les tentes et les huttes élémentaires ont fini par devenir un village florissant et les chercheurs ont décidé de construire des maisons, des églises, des boutiques, le célèbre Royal Hotel (l’un des plus réputés du pays à l’époque victorienne), et toutes sortes d’autres établissements. 21 magasins, 3 boulangeries et 18 cantines ont fait leur apparition en seulement un an. La prospection souterraine s’intensifia dans les mines jusqu’à ce que l’activité prenne fin en 1971. La ville fut alors désertée mais l’architecture originale demeure relativement inchangée. Le village, aujourd’hui touristique (mais sans touristes en ce moment) et restauré, est étiré le long d’une route à flanc de colline. Les bâtiments bas, le décor de garage et ses vieilles pompes à essence, reflètent fidèlement l’image de l’univers des chercheurs d’or dans le temps. Une chouette visite, un regard sur cette autre époque de la quête de l’or avec ces maisons de bois et de tôles ondulées.
Beaucoup de maisons et bâtiments administratifs d’époque sont aménagés en musée. On aime celui de la poste avec les vieux matériels de télécommunication.
Nous visitons le cimetière historique avec l’étrange « tombe du voleur » qui est la seule à ne pas être orientée dans le même sens que les autres.
Nous nous écartons un peu du centre touristique et nous apprécions de voir les petites maisons d’habitation de bois et de tôles.
C’est sous la pluie que nous terminons la visite et que nous entrons à la Tiny. Route sous la pluie. On ne voit rien des paysages et de la descente des quelques centaines de mètres d’altitude du Grand escarpement du Drakensberg.
Nous arrivons à Hazyview où on se gare sur le parking d’un grand centre commercial ayant comme seul avantage celui de nous offrir un endroit avec une bonne connexion Internet pour mettre en ligne ce blog pendant qu’Audrey et les enfants terminent la séance d’école interrompue ce matin.