24. Iran : du 31 mars au 4 avril 2019 : Naqsh-e Rajab, Naqsh-e Rostam, Persépolis, Shiraz
899 km parcourus du 31 mars au 4 avril 2019
18 012 km parcourus depuis le départ
Dimanche 31 mars 2019 :
Nous sommes toujours en République Islamique d’Iran, en route vers le grand sud. Nous avons bivouaqué cette nuit dans un village en bordure de l’autoroute à Khsrwabad. Mes trois amours travaillent toujours très bien le matin pour l’école. Je les observe du haut de mon lit pendant que j’écris ces lignes. Je fais aussi des signes de la main aux curieux passants qui me saluent et réponds aux « Welcome ». Je jette aussi un œil sur Kashan, notre poisson rouge qui se porte aussi à merveille. Il fait très vite le tour de son bocal mais comme il n’a pas de mémoire, il ne s’en souvient pas.En début d’après-midi, nous reprenons notre cavale. Déjà plus de 17 000 km depuis notre départ de Romegoux en octobre dernier. La Tiny se comporte vraiment très bien et ne me cause plus de soucis depuis notre dernière panne à plus de 4500 km de là. Contrairement à ma dent dont le plombage est tombé. Il va falloir que je trouve un dentiste. Mais comme un enfant, j’ai un peu peur d’y aller… En même temps, il va falloir.
Au fur et à mesure de notre descente vers le Golfe Persique et de la saison qui avance, les températures remontent bien et on atteint facilement des 20-25° dans la journée. Dans la nuit, la température intérieure ne descend plus en dessous de 15°. On a remisé nos couvertures polaires.
L’asphalte est toujours en état assez moyen malgré qu’on soit sur des grands axes routiers. C’est assez fatiguant de slalomer entre les trous, les crevasses, les dos de gros ânes non signalés. La Tiny secoue beaucoup. Les enfants ne semblent pas trop s’en plaindre, sauf quand leur boite de perles tombe au sol, ou bien quand leur classeur de français s’éventre par terre.
Nous arrivons au site archéologique du Tombeau de Naqsh-e Rajab. Quatre superbes bas-reliefs sculptés sur les parois d’un renfoncement rocheux décrivent des scènes relatives aux figures royales et divines de l’époque Sassanide, qui comme tout le monde le sait, remonte au 3ème siècle.
Une nouvelle fois, les gardiens nous offrent le thé.Non loin de ce premier site, nous visitons celui de Naqsh-e Rostam. Les Perses l’ont appelé ainsi car ils pensaient que les bas-reliefs sassanides sous les tombes représentaient Rostam, un héros mythique perse. Ce site contient quatre tombes royales achéménides rupestres qui seraient celles de Darius Ier, Xerxès Ier, Artaxerxès Ier et Darius II. Nous n’avons pas accès aux hautes ouvertures massives de ces tombes mais il paraitrait que les vautours ont pu y pénétrer.
En plus de ces tombeaux colossaux, il y a aussi sept très grands bas-reliefs présentant des scènes de conquêtes et de cérémonies royales. Les rois y figurent debout près des autels zoroastriens dont je vous avais parlé dans le précédent article.
Faisant face à la roche se trouve la Kaba Zartosht, un temple du feu zoroastrien.
Nous prenons la route vers le site de Persépolis car nous voulons être sur place pour pouvoir le visiter dès son ouverture demain matin. Nous nous garons sur l’immense parking surveillé par des gardiens et des caméras. Alors que nous sommes déjà couchés, l’un des gardiens frappe au camion pour qu’on le déplace à l’autre bout du parking car là où nous sommes, c’est dangereux ! Je lui dis que non… Rassuré, il s’en va.
Lundi 1er avril 2019 :
Nous sommes parmi les premiers à entrer sur le site archéologique de Persépolis, classé par l’Unesco au Patrimoine mondial, cité la mieux préservée de Perse. Fondée par Darius Ier en 518 av. J.-C., Persépolis, capitale de l’Empire Achéménide, fut construite sur une immense terrasse mi-naturelle, mi-artificielle où le roi des rois avait édifié un splendide palais aux proportions imposantes, inspiré de modèles mésopotamiens. Sur cette terrasse, les rois qui se sont succédés ont érigé une série de bâtiments palatiaux exceptionnels d’un point de vue architectural. La capitale fut ainsi agrandie durant 150 ans sous les règnes des successeurs de Darius Ier : Xerxès Ier, Xerxès II, Artaxerxès Ier, II et III. Deux de ces rois ainsi que Darius Ier sont enterrés dans les tombeaux vus hier. Persépolis, dont les magnifiques ruines s’étendent sur un ensemble de 13 hectares au pied de la montagne du Kuh-e Rahmat est l’un des plus grands sites archéologiques au monde. Mais elle a été détruite avant d’être achevée. Le site fait partie des plus grands chefs-d’œuvre du monde antique et est d’une stature comparable aux pyramides de Gizeh, au Colisée de Rome ou à la cité de Palmyre en Syrie. Ces vestiges subsistent de nos jours car ils ont été conservés sous une couche de sable et de poussière jusque dans les années 1930, date des premières fouilles archéologiques.Au moment de Nowruz (nouvel an Perse), la cité attirait tous les peuples de l’Empire venus rendre hommage au roi. Reconnue comme étant le joyau des réalisations achéménides (perses) dans les domaines de l’architecture, de la planification urbaine, de la technologie de la construction et de l’art, la cité royale de Persépolis figure donc parmi les sites archéologiques sans équivalent au monde et atteste d’une des plus anciennes civilisations de la planète. Bien que conçu principalement comme un lieu d’ostentation et un théâtre impressionnant pour les réceptions et les fêtes des rois et de leur empire, Persépolis fut aussi le siège du gouvernement de l’Empire Achéménide. Le site est majestueux avec ses escaliers monumentaux, ses magnifiques bas-reliefs, ses colonnes et portes imposantes, ses salles du trône, ses taureaux ailés gigantesques, ses vestiges de salles de réception et ses dépendances que je vais vous présenter.
Nous entrons donc sur cette majestueuse terrasse mesurant 450 x 300 mètres. C’est une création architecturale grandiose, avec une double volée de marches qui y mène. L’escalier a été taillé dans d’énormes blocs de pierre parfaitement ajustés. Les larges marches sont assez basses permettant aux cavaliers de les franchir sans descendre de cheval.
Au sommet de l’escalier, la Porte de Xerxès ou Porte des Nations est flanquée de deux statues de taureaux ailés. Des inscriptions cunéiformes (parmi les premières écritures au monde, 3400 av. J.-C. en forme de clous) sont traduites en perse, en babylonien et en élamite : « Je suis Xerxès, grand roi, roi de tous les rois, roi de toutes les terres, roi de tous les peuples… fils de Darius le roi, l’Achéménide. Beaucoup d’autres choses ont été construites en Perse. Je les ai construites et mon père les a construites ». Ça, c’est dit et au moins c’est clair.
La porte inachevée porte bien son nom et ouvre sur la salle des 32 colonnes. Superbes griffons (animal ailé à corps de lion et tête d’aigle) bicéphales.
Sur la colline, nous nous approchons des tombeaux de Artaxerxès II et III. Ils sont sculptés de symboles zoroastriens.
Nous avons une vue imprenable sur la cité et en particulier sur le Trésor de Darius. Il aurait fallu à Alexandre le Grand 100 000 mules et 5000 chameaux pour transporter les richesses contenues dans cet édifice.
Le roi recevait les visiteurs de moindre importance dans le Palais des 100 colonnes. Ce palais accueillait les émissaires des différentes nations, venus lors des cérémonies rituelles à la gloire de l’Empire Achéménide, prêter allégeance au roi. Des niches creusées dans les murs abritaient des lampes.
Nous arrivons à l’Apadana, lieu où les délégations étrangères étaient reçues. L’escalier y menant est exceptionnel. De longues frises en bas-relief le décorent. Elles montrent d’un côté les dignitaires, les soldats perses et les sujets venus rendre hommage au roi et de l’autre la procession annuelle des porteurs de tributs.
L’Apadana est une salle carrée de 73 mètres de côté, comportant 36 piliers qui soutenaient le plafond. En concevant minutieusement des toits allégés et en ayant recours à des linteaux de bois, les architectes achéménides ont été capables d’utiliser un nombre minimal de colonnes étonnamment élancées qui supportaient les toits. Là également les bas-reliefs, polychromes à l’origine, illustrent la magnificence du palais.
De superbes reliefs sont également sculptés sur le Palais central ou Salle d’audience de Xerxès qui permettait au roi de recevoir les notables. C’est là où se prenaient les décisions politiques cruciales.
Nous terminons cette passionnante visite par le petit musée, un peu moins passionnant, présentant une collection d’objets mis au jour lors des fouilles du site. Il prend place dans le Harem de Xerxès qui a été reconstitué.
Nous avons eu la chance de pouvoir visiter Persépolis avant que les cars de touristes n’arrivent. Les quelques gouttes de pluie se sont vite arrêtées nous laissant pleinement profiter de cet incroyable site. De retour sur le parking, comme toujours, de nombreux curieux regardent aux fenêtres de la Tiny.Nous nous dirigeons vers Shiraz. Arrivés dans cette grande ville de 1,5 million d’habitants, nous ne voyons aucun dégât apparent des terribles inondations de la semaine dernière où une grosse vague a tragiquement emporté 20 personnes. Le bilan des victimes en est à plus de 70 personnes sur tout l’Iran.
Je me gare quelques instants le long d’une grande avenue, le temps d’aller changer de carte Sim pour mon téléphone. Audrey se voit offrir par un restaurant fast-food, une assiette de fritures.Nous allons nous garer dans un quartier nord de la ville mais avons du mal à nous parquer pour notre bivouac. On tourne en rond, tel un petit chat qui n’arrive pas à trouver son nid douillet. Nous nous garons dans une impasse, non loin du métro, mais les hauts murs des résidences surélevés de grilles métalliques et surveillés par des caméras de surveillance ne nous donnent pas confiance.
Je profite d’être en début de mois d’avril pour enfin pouvoir me tondre. Et oui, notre défi du mois de mars était de ne pas se raser ni se couper les cheveux. Voici ce que ça donne au bout d’un mois ! Victor n’est pas mieux coiffé… mais il est plus souriant !
Je me rends donc pour la première fois de ma vie chez le barbier. Je pense en avoir pour 5 minutes mais il me garde près de deux heures ! Sans rien lui demander, il s’occupe de mes cheveux ou plutôt de ce qu’il en reste, de mes sourcils, de mes oreilles et de mon nez… Il me fait trois masques à suivre avec différentes crèmes ! Je ressors avec une peau de bébé. Ces deux heures de soin, de rasage et de coupe de cheveux me vident mon porte-monnaie de 6€. En même temps, pour ce même prix, j’aurais pu acheter 300 litres de gasoil !
Bivouac dans cette impasse. C’est au tour de Victor d’y passer.
Mardi 2 avril 2019 :
Grosse matinée école. Très courageux, je me dirige vers le un cabinet dentaire. Fort heureusement, il est fermé. Retour à la Tiny. Puis finalement, aucun de nous 4 ne sentons ce bivouac. On ne sent pas de laisser notre Tiny ici pour aller visiter Shiraz. Nous bougeons et nous rapprochons du centre historique. Nous partons visiter la ville mais rapidement observons que tout est désert. Tous les monuments et commerces sont fermés. Aucun passant dans les rues. Nous nous rendons compte que la journée est fériée en Iran. C’est Sizdah Bedar « jour de la nature », un jour festif célébré à l’air libre, souvent accompagné de musique et de danse. Cette journée est passée à pique-niquer en famille. Balade autour du bazar et nous découvrons de vieilles bâtisses et d’autres jolies façades.
La journée n’est pas fériée pour les vendeurs d’argent ! Dans toutes les villes en Iran, il y a un quartier localisé où le change dollar (ou euro) / rial se fait à la sauvette.
Nous en profitons pour observer des boutiques où se vendent des robes de soirée pour femmes. A part dans le cercle strictement privé, nous ne voyons pas comment les femmes peuvent ainsi s’habiller.Nous rentrons à la Tiny et nous occupons à gérer des tâches administratives (spéciale dédicace à Émilie…). Pas moins de trois personnes différentes, bienveillantes à notre égard, viennent successivement à notre rencontre pour nous dire que la rue n’est pas sûre et que celle d’à côté l’est plus. Nous bougeons et trouvons une place devant une résidence gardée par un militaire armé. Là au moins, ça devrait le faire.
Mercredi 3 avril 2019 :
Nous partons faire une grosse journée de visite dans Shiraz, importante cité du monde islamique médiéval. Elle fut transformée en capitale entre 1747 et 1779 et de très beaux monuments y furent édifiés.
Nous arrivons sur la place Shohada au pied de la citadelle Arg-e Karim Khan qui servit de prison sous le règne des Pahlavi. La forteresse construite en 1766 est bien préservée. L’une de ses quatre tours rondes de 14 mètres de hauteur s’est affaissée dans une citerne souterraine. Elle penche dangereusement.
Nous entrons dans l’élégante mosquée Masjed-e Nasir-al-Molk datant de la fin du 19ème siècle. Dans cette ville, le bleu n’est plus dominant comme à Ispahan ou à Yazd mais le rose décore les superbes carreaux de faïence. Ils ornent également le portail et l’iwan.
La mosquée a résisté à plusieurs séismes en particulier grâce à l’utilisation de briques en bois souple.
En même temps que les premiers rayons du soleil , nous pénétrons dans la salle de prière. Ces derniers traversent les superbes vitraux. Pas de mots pour décrire cette pure beauté. L’expérience est magique. La salle est recouverte de tapis magnifiquement éclairés. En soulevant l’un d’eux, nous découvrons un sol carrelé d’un bleu profond. Les reflets des rayons du soleil nous offrent une touche de lumière incroyable. Nous ne sommes pas les seuls, mais bon, c’est quand même incroyable !
En face de la salle de prière, nous entrons dans une salle comportant le puits des vaches, profond de 60 mètres. On se servait de ces animaux pour remonter l’eau du qanat souterrain. Un long couloir, aussi long que le puits est profond, permettait à l’animal d’avancer et de tirer sur la corde remontant ainsi l’eau.
La mosquée abrite également un mausolée dans une petite cour.
Nous enchaînons par les jardins de l’Orangerie du Bagh-e Naranjestan. Ils tiennent leur nom des oranges amères qui bordent la cour centrale. Édifié de 1879 à 1886, le Naranjestan-e Ghavan est un magnifique pavillon qui servit de salle de réception puis de résidence sous le règne des Qadjar.
Le vestibule du pavillon est serti de miroirs. Les autres salles sont recouvertes de carreaux de faïence, de bois ouvragé et de vitraux. Les plafonds des salles arborent des fresques de type européen représentant des églises alpines et des jeunes filles allemandes.
La façade du bâtiment est décorée de plusieurs bas-reliefs inspirés de ceux de Persépolis.Retour dans la rue, nous rechargeons les batteries avec les bons pains plats sortant du four achetés à un boulanger.Petite dédicace à mes anciens collègues et à mes amis peintres suite à la visite d’un grossiste en peintures…
Toujours pas rassasiés de ces beaux monuments, nous visitons la Madraseh-ye Khan, ancienne école théologique fondée en 1615. Elle accueillait une centaine d’élèves et en accueille encore aujourd’hui. Le porche d’entrée est impressionnant. Le petit jardin est bien agréable dans la cour intérieure. Deux mollah discutent sur un banc. Ces chefs religieux portent un turban noir, d’après ce qu’on a lu, signe de leur descendance de la famille du prophète de l’islam, Mahomet. Comme de nombreux iraniens, ils se prêtent avec gentillesse au jeu des photos. Le bâtiment est en restauration actuellement et nous entrons dans l’atelier où sont assemblées les magnifiques fenêtres des chambres d’étudiants.
Le Bazar-e Vakil est comme les autres que nous avons déjà visités en Iran, très pittoresque. L’architecture est magnifique avec la voûte en brique du plafond. Nous nous perdons dans les allées et découvrons l’artisanat local. Les enfants profitent d’un magasin ne vendant que des perles pour refaire le plein.
Nous arrivons dans le caravansérail de Seray-e Moshir, joliment restauré. L’ambiance est à son comble avec de nombreux iraniens profitant de leurs derniers jours de congés annuels. D’agréables airs de guitare et de chants résonnent dans ce lieu rafraîchi par des bassins.
Petite pause pour récupérer des forces à la maison de thé Seray-e Mehr pour y boire… un thé et de l’eau de rose.
C’est au tour de la mosquée Vaquil de nous ouvrir ses portes. Elle fut édifiée en 1773 à l’une des entrées du bazar. Elle comprend deux immenses iwans au nord et au sud. La cour intérieure est bordée d’alcôves et d’arcades entièrement recouvertes de carreaux à dominante rose, souvent avec des motifs floraux.
La splendide salle de prières est ornée de 48 colonnes torsadées et d’un remarquable minbar de 14 marches taillé dans un monolithe de marbre.
Enfin, après quasiment 5 heures de marche et de visites, nous entrons dans le Bagh-e Nazar, un jardin où les couleurs printanières sont bien agréables. Un pavillon octogonal permettait aux dignitaires étrangers d’être reçus. Le pavillon est décoré de muqarnas au plafond et de fresques. Il abrite aujourd’hui le musée Pars présentant quelques céramiques et d’autres objets.
Nous rejoignons la Tiny et y mangeons quelques beignets de pomme de terre et de viande achetés dans la rue. Puis nous nous faisons virer de la rue par le militaire gardant la maison en face de laquelle nous sommes garés, alors que son collègue d’hier nous avait surveillés toute la nuit ! Zut, on s’en va… mais avant de quitter la ville, nous allons visiter le Aramgah-e Hafez, jardin commémoratif et tombeau d’un célèbre poète iranien. En Iran, chaque famille possèderait un exemplaire du Coran et un recueil de l’œuvre d’Hafez. Tout iranien serait capable de réciter des vers du poète. Le mausolée est en marbre et la tombe est gravée d’une longue strophe du poète. Comme dit Victor, « le monsieur, il était long ». Effectivement, le monument funéraire est assez grand… Notre guide Lonely Planet nous avait vendu un lieu où les iraniens viennent ici en pèlerinage, lire des poèmes avec recueillement. Nous, on y a plus vu des iraniens faire des pauses pour leurs selfies !
Nous prenons la route vers le sud et le golfe Persique situé encore à plus de 500 km au sud. Nous préférons faire la route en deux jours. En sortie de ville, nous voyons en bord de route des dizaines de boucheries. Les chèvres, les moutons et les dromadaires attendent devant les boutiques leur dernière heure.Nous bivouaquons dans le village de Mansour Abad.
Jeudi 4 avril 2019 :
École jusqu’en fin de matinée. Il nous reste environ 300 km à parcourir aujourd’hui pour rejoindre le golfe Persique. 300 km de désert. Mais un désert ayant cependant repris une jolie couleur verte grâce aux très fortes précipitations des derniers jours. Une iranienne nous dit que ça fait 20 ans qu’elle n’a pas vu le désert comme ça. Des tentes de nomades parsèment les plaines. La route est en bon état bien que ce ne soit pas un axe principal. Signe que ce désert doit vraiment être aride, des dizaines de citernes sont présentes le long des routes.
Au milieu de nulle part, les iraniens continuent à pique-niquer au bord de la route. Souvent, ils montent leur toile de tente.Nous savons que dans le sud du pays, il est encore plus compliqué de se ravitailler en gasoil. Nous faisons donc des petits pleins réguliers en ajoutant 30 ou 40 litres de façon à avoir assez d’autonomie pour faire l’aller et le retour dans le sud de l’Iran. Mais comme d’hab’, le pompiste nous dit que ce n’est pas possible sans la fameuse carte permettant de débloquer la pompe. Je le supplie disant qu’on n’a plus de gasoil et qu’on a des enfants (certes, ça n’a rien à voir, mais bon…) Il me dit d’attendre qu’un routier arrive. Un passant s’approche de nous et nous voyant en difficulté, m’accompagne sur le parking vers 4 routiers différents qui ne peuvent pas me venir en aide. Nous patientons. Un routier sympa, durant son plein, me prête le pistolet me permettant de faire l’appoint de mon réservoir. Je le paye directement. Un autre routier sympa me permet de remplir mes 2 bidons de 20 litres. Nous voici rassurés avec cette autonomie.Le désert défile toujours autour de nous quand, tout à coup… vous me voyez venir ??? et bien oui, j’informe Audrey que je n’ai plus de puissance. Ce ne sont pas les mêmes symptômes que la dernière fois et je me rends compte que c’est vraiment un problème de turbo. Pas de fumées inquiétantes cependant au niveau de l’échappement. Nous sommes en plein désert, à 150 km de la prochaine ville. Pas de réseau internet ni téléphone… quoi faire ?? on continue, pas le choix. On peut quand même rouler à 65-70 km/h sur le plat et 40 km/h en haut des petites côtes…
La route arrive à la bifurcation où nous aurions dû tourner à droite vers l’île de Qeshm. Mais il nous faut absolument consulter un garage mécanique et réparer la panne. Mais où aller ? Notre ami Google ne nous indique aucune adresse Mercedes à Bandar Abbas, ville pourtant importante avec ses 450 000 habitants. Je cherche alors un garage poids-lourds sur internet. Une adresse sort à l’approche de la ville. Mais c’est l’heure de la fermeture pour le week-end car il est 18 heures et demain, c’est vendredi donc jour férié. Quelques « mécaniciens » s’approchent de nous et j’explique les symptômes. Ils ne parlent pas un mot d’anglais. Je ne parle pas un mot de farci. Google traduction nous permet difficilement de nous comprendre. L’un deux prend un gros morceau de bois, et s’en sert de stéthoscope pour écouter le bruit du moteur. Je connaissais cette méthode avec un outil métallique mais ne pensais pas qu’un morceau de bois était aussi bon conducteur de bruit ! Cependant, grâce à cette branche, le « mécanicien » me dit que le problème ne vient pas du moteur mais de la pompe à injection qu’il faut démonter… Je le remercie d’avance mais refuse évidemment qu’il aille plus loin dans le diagnostic.Il me dit qu’à Bandar Abbas, je ne pourrai pas réparer ce genre de panne et qu’il faut aller à Shiraz, à plus de 500 km de là… Nous partons plus loin. Où aller ? La route est bordée de plusieurs autres garages poids-lourds mais tous sont des petits « bouis bouis » travaillant dehors dans la boue et l’huile. Je n’ai aucune confiance. Je tente d’appeler notre ami Joaquim qui malheureusement n’est pas disponible. Je me permets de déranger son responsable Franck, tout aussi serviable et compétent qui me donne quelques pistes à explorer. Mais il fait nuit et je ne peux rien contrôler. On verra demain. Petite escapade sur la plage voisine donnant sur le Golfe Persique. Cela faisait deux mois que nous n’avions pas vu la mer, depuis la Grèce.