33. Kazakhstan : du 16 au 28 juin 2019 : Canyon de Sharyn, Almaty, route vers le nord, Semeï
1582 km parcourus du 16 au 28 juin 2019
28 581 km parcourus depuis le départ
Dimanche 16 juin 2019 :
Nous sommes arrivés hier au Kazakhstan et nous nous sommes aussitôt dirigés vers le canyon de Sharyn. Quel bonheur ce bivouac ! Nous surplombons ce magique canyon et profitons de boire notre petit café en amoureux de bonne heure avec cette vue à couper le souffle.
Retour à la Tiny où Anaïs et Victor ont déjà rangé la cabane et préparé le petit déj’ pour la fête des papas ! Nous profitons de ce petit déj’ avec cet incroyable panorama sous nos yeux.
Nous profitons de partager de bons moments avec la Smalaventure, Gali et compagnie ainsi que Karine et Julien arrivant de Mongolie. La matinée se passe tranquillement. Échanges de livres, de vêtements devenus trop petits pour les enfants, de recettes, de bons conseils… Les 8 enfants passent des heures à jouer ensemble. Victor est ravi de pouvoir remonter sur un vélo, ce qui ne lui est pas arrivé depuis 8 mois.
Audrey profite de la machine à coudre de Caro de la Smala car oui, Caro a une machine à coudre et même une surjeteuse dans son camping-car. Incroyable mais tellement pratique pour raccommoder quelques vêtements.En fin de matinée, alors que je suis parti faire quelques photos du canyon à 100 mètres de notre campement, un très violent orage avec d’énormes rafales de vent arrive d’un coup, accompagné de grêlons. Autour du campement, branle-bas de combat : tables, chaises et matériel de camping menacent de s’envoler dans le canyon. Les enfants abandonnent les vélos et se réfugient dans les camions ; les grands rattrapent tout au vol. J’ai du mal à tenir debout et j’arrive trempé jusqu’aux os à la Tiny. Mais l’orage passe aussi vite qu’il est arrivé et nous pouvons l’après-midi aller marcher dans le fond du canyon pour serpenter au pied de ces hautes falaises d’argile érodées au cours des derniers millénaires. C’est magnifique et n’est pas sans nous rappeler le merveilleux site argentin de Talampaya (n’est-ce pas les bretons et la Mamayouria ?).
Heureusement, un bar nous permettra de nous abriter au bout de la balade alors que de nouveau, de gros nuages noirs éclatent. C’est toujours impressionnant du fond d’un canyon.
Retour au bivouac sous un ciel noir mettant encore plus en valeur la beauté de ce canyon rougi par le soleil couchant. « C’est de toute beauté » comme dirait mon poto Dimi.
Soirée autour du feu avec nos compagnons de bivouacs, éclairés par une merveilleuse (quasi) pleine lune.
Lundi 17 juin 2019 :
Le lieu reste assez touristique et nous avons la visite de beaucoup de gens venant des 4 coins du monde. Nous passons un long moment très agréable à discuter avec Frantz, un canadien vivant en Touraine et faisant régulièrement un bout de tour du monde avec son vélo.Un autre groupe d’allemands et une jeune femme Kazakh ayant émigré en Allemagne lors de la Perestroïka (réformes économiques et sociales menées par le président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev en Union soviétique entre 1985 et 1991). C’est la première fois qu’elle revient dans son pays natal. Longue discussion accompagnée d’une émouvante prière que nous disent nos invités dans la Tiny pour remercier Dieu de nous offrir des paysages aussi grandioses, le remercier de nous avoir rencontrés et lui demander de nous protéger durant notre voyage.Nous quittons à regrets ce merveilleux bivouac et prenons la route vers Almaty, la principale ville et ancienne capitale du pays, de 1929 à 1997. La capitale est Astana, mais vient d’être récemment renommée Noursoultan du nom du président Noursoultan Nazarbaïev venant de démissionner de ses fonctions en 2019, après avoir passé près de 29 ans à la tête du pays. C’est un peu comme si Paris était renommée Emmanuel !
La route est d’abord pourrie avec des trous rebouchés par endroit par des briques ! C’est mieux qu’avec du sable. Quoique…Puis une belle autoroute comme on n’en a pas vue depuis des milliers de kilomètres s’offre à nous où nous pouvons décrasser le moteur en roulant à un bon 100 km/h durant une bonne heure. Quel bonheur ! on en profite d’autant plus qu’on sait que toute notre remontée du Kazakhstan vers la Russie la semaine prochaine sera vraiment pourrie et laborieuse.
Pour une grande ville de plus d’1,5 million d’habitants, Almaty ne paraît pas désagréable. La ville a tout ce qu’on trouve dans les grandes villes en Europe. Des grandes enseignes dont de nombreuses françaises, des voitures très haut de gamme dont d’énormes 4×4 faisant vrombir leurs 8 ou 10 cylindres, des trottinettes électriques, des night-clubs, d’immenses centres commerciaux… Mais Almaty a ce côté d’agréable que les rues sont très propres (des balayeurs entretiennent la ville régulièrement). Ça nous change du Kirghizistan. Nous ne sommes pas au Kazakhstan depuis longtemps mais la première impression est agréable y compris dans les campagnes où les gens sont très respectueux de Dame Nature. Les piétons sont très respectés et toutes les voitures s’arrêtent dès que l’un d’entre eux est engagé sur un passage protégé, toutes les rues ont des arbres qui en cette saison, en plus de faire de l’ombre, ont l’avantage de cacher les façades grisonnantes.
Autre excellente impression dans ce nouveau pays, l’Accueil. Nous retrouvons des signes de sympathie, des sourires, des pouces levés, des questions des locaux… On reçoit même des cadeaux comme ce matin, en faisant le plein d’eau, cette famille qui est venue nous offrir une grosse boîte de gâteaux. Il y a également des gens qui n’hésitent pas à nous donner leur numéro de portable en nous proposant de les appeler si besoin. Malheureusement, nous n’allons pas passer beaucoup de temps dans ce pays car le temps est compté. Ça peut paraître paradoxal sur un si grand voyage mais effectivement notre entrée en Mongolie doit se faire au maximum le 5 juillet car la frontière ferme ensuite durant la fête nationale du Naadam qui célèbre l’indépendance de la Mongolie par rapport à la Chine. Et nous voulons assister à ce festival très important. En remontant le temps, il va nous falloir traverser un petit bout de Russie. Pour cela, nous n’aurons qu’un visa de transit de 10 jours (mais largement suffisant pour parcourir 1000 km sur des bonnes routes). Et pour rejoindre la Russie, nous avons plus de 1200 km à parcourir sur des routes défoncées. Et toujours en remontant le calendrier, il nous faut une semaine pour obtenir notre visa russe, raison pour laquelle nous passons par Almaty ! Voilà, vous savez tout sur notre emploi du temps…
En soirée, la p’tite troupe en voyage nous rejoint sur notre bivouac du parking du Consulat de Russie. Durant l’apéro, quelques kazakhs approchent pour discuter avec nous dont un monsieur qui passe une heure à nous parler en kazakh et à nous dédicacer un livre qu’il nous offre. Adorable mais il va falloir qu’on apprenne le russe !
Mardi 18 juin 2019 :
Avant même l’ouverture du Consulat, je m’installe dans la longue file d’attente qui n’en est pas une. Les gens arrivent les uns après les autres et dès l’ouverture des portes à 9h30, c’est pire que le premier jour des soldes en France où chacun essaie de se frayer un passage pour accéder au comptoir des demandes de visas. Finalement, au bout de deux heures, mon dossier (copie passeport, copie visa mongole, attestations d’assurances, formulaire pré rempli sur internet, copie permis de conduire international) est déposé en l’échange de 35€ par personne. Nous aurons nos visas de transit mardi prochain.
Nous prenons un taxi pour rejoindre le centre-ville d’Almaty et le grand parc arboré nommé parc des 28 gardes de Panfilov.
En son centre, nous visitons la superbe cathédrale Zenkov. Cette église orthodoxe russe a été construite au début du 20ème siècle, entièrement en bois et sans aucun clou. Elle est le deuxième plus haut bâtiment en bois au monde avec ses 56 mètres de hauteur. Confisquée par l’état et transformée en musée et salle de concert durant la période soviétique, elle est revenue à l’Église orthodoxe russe en 1995. Elle sort juste de restauration et est juste superbe avec ses couleurs éclatantes rehaussées de dorures.
Dans ce parc, en plus d’une aire de jeux faisant le bonheur de nos enfants, nous passons devant l’imposant Mémorial militaire de la Gloire. Une flamme éternelle rend hommage aux soldats tombés au combat durant la Guerre civile de 1917-1920 et de la seconde Guerre mondiale (1941-1945).
Nous traversons le bazar d’Almaty où nous trouvons une profusion de produits alimentaires mais la viande, bien qu’un bon steak nous ferait bien plaisir, ne nous tente pas. Il fait une trentaine de degrés sous ces halles et les étals ne sont pas réfrigérés, ce qui donne à la viande une couleur de viande pas très fraîche. Nous ne sommes pas non plus inspirés par le lait de jument ou de chamelle fermenté.
Les bâtiments datant de l’époque soviétique ne sont pas particulièrement jolis. Heureusement en cette saison, de grands arbres cachent ce béton grisonnant et ne vieillissant pas très bien.
Petit détour sans grand intérêt par la mosquée centrale érigée en marbre blanc en 1999. La salle de prière, seulement accessible aux hommes, possède tout de même un joli Mihrab.
Ah tiens, je ne vous ai pas parlé de la monnaie locale. Ici, on paye en Tenge au taux de 1€ pour 430KZT.
Retour à la Tiny et nous changeons de parking pour retrouver nos amis Gaëtan et Linda. Ce soir, le bivouac ne fait pas rêver et nous change des grands espaces de nature de ces dernières semaines…Mais il se révélera finalement plutôt tranquille.
Mercredi 19 juin 2019 :
Désagréable surprise en faisant le plein de gasoil. La soudure du deuxième réservoir faite à Bichkek n’a pas tenu et le carburant tombe en goutte à goutte. Il a beau ne pas être cher (0,44€ le litre), ça fait ch… Mais ce n’est pas la priorité du jour. Nous roulons vers une concession Mercedes pour faire contrôler une fuite d’huile que j’ai constatée depuis quelques temps au niveau du turbo. Par précaution avant la Mongolie où le véhicule va souffrir et avant la longue traversée de la Chine en convoi avec d’autres voyageurs au mois de septembre où nous ne pourrons pas nous permettre de tomber en panne, je préfère faire contrôler le moteur. Et puis, c’est ainsi l’occasion de visiter un garage au Kazakhstan après en avoir déjà visité en France, au Maroc, en Grèce, en Turquie, en Iran, en Ouzbékistan et au Tadjikistan… On va pouvoir faire un classement ! Et puis, nous avons toujours notre aide régulière par téléphone ô combien précieuse de notre Joaquim à Saint Jean d’Angély en France…
Nous arrivons la fleur au fusil dans la concession Mercedes d’Almaty. Rapidement, on nous dit qu’ils n’ont pas le temps, qu’il faut leur laisser le véhicule. Je leur explique que ce n’est pas possible car nous vivons dedans… Puis ils nous disent que le véhicule est trop vieux et qu’ils ne pourront pas avoir les pièces. J’insiste en disant que le véhicule est de marque Mercedes et qu’ils doivent y regarder au moins pour avoir un diagnostic. Ils nous disent qu’il va falloir attendre toute la journée car le moteur est chaud et qu’il va falloir attendre qu’il refroidisse ! OK, on attend. Nous sommes invités à quitter le véhicule et à nous installer dans la salle d’attente où nous sommes accueillis avec du café, du coca et des friandises pour les enfants ainsi que par des sourires du personnel. Nous nous remettons à l’école et au travail sur le blog. L’heure du déjeuner arrive et Alyona travaillant ici et Muhitdin son mari faisant réparer sa voiture dans ce même garage, nous invitent à déjeuner et à goûter aux plats locaux servis au sein même du resto-bar de la concession. Impossible de payer, ils nous disent que c’est l’hospitalité kazakh ! Nous nous régalons de ce repas.
Puis, Dimitri le chef d’atelier nous annonce qu’il a diagnostiqué la fuite au niveau de deux joints d’une canalisation d’huile au niveau du turbo. Il a le joint en stock.En milieu d’après-midi, la réparation est faite et je suis invité à me diriger vers la caisse pour signer des documents mais au moment de payer, on me dit que c’est gratuit ! Nous comprenons que c’est Muhitdin qui nous a payé la facture que nous recevons comme acquittée et nous voyons la caissière rendre la monnaie à Muhitdin. Quelle hospitalité !
Échange de numéros de téléphone avec le personnel de la concession et selfies ! et cadeaux publicitaires de la marque à l’étoile !
Nous prenons la route pour environ 25 km en direction de la station de sport d’hiver de Medeu dans la superbe chaîne montagneuse du Zailiysky Alataou qui fait partie du massif des Tian Shan. Ça fait du bien de sortir de la ville bien qu’encore une fois agréable. Nous arrivons à 1700 mètres d’altitude autour d’un ensemble de bâtiments éparpillés autour d’une immense patinoire construite en 1972 pour le patinage de vitesse et l’entraînement des champions soviétiques. Nous bivouaquons sur un parking à l’entrée de chemins de rando que nous prendrons demain. Je contrôle la réparation. Ça fuit encore un peu, nous devrons repasser par le garage Mercedes. Grrr…
Nuit bercée par le bruit de l’eau de la rivière Malaya Almatinka.
Jeudi 20 juin 2019 :
Dès 5h00, il fait déjà grand jour (mais le soir à 20h45, il fait déjà nuit). Une belle journée ensoleillée s’offre à nous. Nous en profitons pour, en fin de matinée, partir randonner, pique-nique dans le sac à dos. Les paysages sont très verts. La végétation est luxuriante. Au pied des hauts sapins, le sol est couvert de fleurs dont je suis bien incapable de vous dire le nom. Les vols d’insectes, de papillons et les chants d’oiseaux accompagnent notre petite randonnée. Petite, car seulement 6,5 km, mais costaude car 450 mètres de dénivelé positif en 3 kms. Nous voyons l’immense Almaty au loin.
Retour à la Tiny où nous décidons de passer une deuxième nuit sur ce bivouac calme.
Vendredi 21 juin 2019 :
Et de nouveau un passage chez Mercedes à Almaty suite à la fuite toujours présente au niveau de la durite sur le turbo. Ça ne fuit plus en bas mais ça fuit toujours en haut. Aussitôt arrivés, tout le monde est aux petits soins pour nous. Nous sommes accueillis en faisant des embrassades à Alyona et à Assel qui nous avaient déjà bien reçus la première fois. Nous sommes aussitôt pris en charge. Ça fuit en haut, car ils n’ont changé que le joint du bas !! Nous reprenons nos habitudes en faisant école dans le salon Mercedes, en buvant des cafés, en profitant du wifi et en mangeant à la cafét’ Mercedes… on est comme chez nous. Bon, on se serait bien passé de ce deuxième passage chez Merco nous obligeant à traverser de nouveau cette grande ville avec tous ses bouchons et sa circulation très ralentie. Cette concession sera bien notée dans notre classement des garages Mercedes autour du monde ! D’autant plus que nous repartons trois heures plus tard une nouvelle fois sans payer ! Voilà, deux joints remplacés par deux neufs.Nous décidons de faire la surprise à nos amis Gali et compagnie et de les rejoindre sur leur bivouac à 70 km au nord d’Almaty. Ils ont commencé à se diriger vers le nord du pays mais ce sera ainsi l’occasion d’aider Gaëtan à souffler toutes ses bougies et de partager de nouveau un bon moment ensemble avant de se revoir maintenant au mieux en Mongolie dans plus d’un mois ou bien alors en Asie du sud-est.
Par l’autoroute, nous arrivons rapidement à Kapchagaï au bord du lac du même nom. Bon, l’endroit ne fait pas forcément rêver et nous avons du mal à accéder au bord du lac. Tous les accès depuis la ville sont payants et le lac est caché derrière des bardages métalliques. Finalement, nous trouvons un chemin nous menant à une plage parsemée de déchets et où les locaux viennent en 4×4 jusque dans le sable, bières à la main, musique à fond.
Belle soirée bien arrosée…
Samedi 22 juin 2019 :
Pas d’école aujourd’hui afin que les enfants puissent profiter de faire du vélo et de jouer ensemble. Nous nous rafraîchissons dans l’eau claire et turquoise du lac en prenant garde de ne pas se faire renverser par les jet-skis s’approchant un peu dangereusement des baigneurs.En début d’après-midi, les Gali prennent la route et finalement nous décidons de rester sur ce carré d’herbe pour y passer encore la prochaine nuit. Nous sommes toujours dans l’attente de nos visas russes jusqu’à mardi prochain et n’avons pas trop envie de retourner dès à présent sur Almaty.
Dimanche 23 juin 2019 :
Encore une journée d’attente. Il fait déjà chaud de bon matin, plus de 30 degrés. Matinée école et lessives en profitant de l’eau du lac. Encore quelques échanges sympathiques avec des Kazakhs nous souhaitant la bienvenue dans leur pays.Je contrôle la fuite au turbo. C’est nickel et ça ne goutte plus. Par contre, mon réservoir de gasoil lui, fuit toujours. On verra ça plus tard, je ferai réparer quand il sera vide. Après-midi jeux de société et barbotage dans le lac.
Nous quittons notre bivouac aujourd’hui plutôt que demain car nous préférons rouler dimanche pour entrer dans la grande ville d’Almaty en espérant avoir moins de bouchons. Bon, mauvais choix, c’était sans compter que le week-end, tous les citadins sortent de la ville et y reviennent le dimanche soir ! Le péage en sortie d’autoroute est saturé. Nous attendons 20 minutes quand juste avant que nous passions pour payer, toutes les barrières se lèvent d’un coup afin de laisser passer les voitures sans payer pour désengorger le péage !
Nous nous garons sur le parking de l’ambassade de Russie.
Lundi 24 juin 2019 :
Nous sommes bien, garés à l’ombre, malgré le bruit de la route passagère. Pas trop envie de sortir aujourd’hui. Le temps nous semble un peu long à Almaty dans l’attente de nos visas. On pense beaucoup aux Voyages en Théorie restés immobilisés pour panne 60 jours ici. Quel courage et quelle patience ils ont eus ! En début d’après-midi, nous décidons de prendre un taxi, ou plutôt un taxi clandestin, car ici, il suffit de se mettre sur le bord de la route, de tendre la main et d’attendre que n’importe qui s’arrête en guise de taxi. On indique notre direction, et si elle se trouve sur le chemin de cette personne, on monte et on paye environ deux euros pour la course. Tellement pratique !
Nous descendons au Musée Central d’État du Kazakhstan, le plus grand musée d’Almaty construit sous une immense voûte, bâtie sur le modèle d’une yourte colossale.
Il présente l’histoire naturelle avec toute une exposition d’animaux empaillés ne faisant pas rêver Anaïs, l’histoire antique, moderne et contemporaine du pays. Bon, nous ne sommes pas particulièrement en extase devant les vitrines de haches polies et de poteries mais la partie consacrée à l’ethnographie est vraiment très intéressante et bien mise en valeur. Nombreuses vitrines avec des armes, des tissages, des outils, des bijoux, des habits, des ustensiles de cuisine, des outils agricoles, des instruments servant à l’élevage des aigles… Une yourte du 19ème siècle est magnifiquement décorée et meublée.
Le dernier étage est consacré à la période contemporaine avec un véritable culte au président. Victor est particulièrement conquis par la tenue du cosmonaute dont le cosmodrome de Baïkonour est une fierté du Kazakhstan. Les relations avec les autres pays du globe sont bien représentées. Celle de la France date un peu avec une lettre de François Mitterrand introduisant son Ambassadeur auprès de son homologue Kazakh.
Juste en face de ce bâtiment à l’architecture soviétique trône une construction plus récente, la résidence du Président de la République dont le locataire vient de changer au début du mois. Le nouveau Président est Kassym-Jomart Tokaïev.Plus loin, le monument Golden Warrior, également connu sous le nom de statue du guerrier d’or, se dresse sur la place de la République. Il est entouré de bâtiments à l’architecture pas très heureuse…Nous occupons la suite de notre après-midi en nous rendant au trop chic hôtel Carlton Ritz non pas pour réserver la chambre la moins chère pour deux personnes qui nous mangerait notre budget de plus d’une semaine de voyage à 4 mais simplement car c’est l’un des rares endroits où le distributeur de billets délivre des US dollars, monnaie qu’il nous faut toujours avoir en réserve pour certaines dépenses (visas, traversée Chine, shipping…) ou tout simplement pour faire du change dans la rue contre des devises nationales pour lesquelles il est plus avantageux de ne pas retirer au distributeur, ou bien également car il nous est impossible de retirer dans certains pays comme cela a déjà été le cas en Iran.
En chemin, nous traversons les nouveaux quartiers d’affaire de la première ville du pays. Un air des quartiers de La Défense à Paris. Au loin, l’architecture de certains gratte-ciels se confond avec les hauts sommets des montagnes Alataou.Retour en taxi clandestin à notre Tiny dont nous préférons largement le confort à celui d’un hôtel 5* ! Dernière nuit on l’espère à Almaty.
Mardi 25 juin 2019 :
Contrairement à mardi dernier, je ne me fais pas avoir et n’arrive pas plus d’une heure avant l’ouverture du consulat de Russie pour récupérer nos visas. Juste à 9h30, je sais où me faufiler et où me positionner parmi la cinquantaine de personnes attendant comme moi. Je suis le premier au guichet n°3 et en 10 minutes, un agent ne souriant pas beaucoup plus que son président Poutine en portrait dans son bureau, me colle les 4 visas dans nos passeports. Une bonne chose de faite. Le prochain visa à demander sera celui de la Chine et c’est bien celui qui nous inquiète le plus car il risque de nous être refusé à cause du tampon turc sur notre passeport. On le saura début août quand on en fera le demande à Oulan Bator. Bien qu’on soit déjà engagés pour le convoi chinois avec d’autres voyageurs, on a travaillé sur un plan B au cas où. Dans ce cas, ce sera revenir par la Russie jusqu’à Vladivostok pour y prendre un ferry pour la Corée du sud et le Japon avant de revenir vers le Cambodge ou la Malaisie. Nous n’en sommes pas là, chaque chose en son temps.
Mais pour l’instant, la Russie est encore loin, enfin elle n’est qu’à 1240 km mais nous savons que, comme je vous l’ai déjà dit, nos amis voyageurs (les Lav’cul, les Voyages en Théorie, la Smalaventure, Gali et Compagnie) ont mis 4 jours (pour les plus rapides !) rien qu’à parcourir les 700 km de pourris ! Nous ne tardons pas et dès 9h45, nous sommes déjà au volant.
Au même moment, non loin de là, viennent d’atterrir dans les steppes du Kazakhstan trois astronautes en provenance de la station internationale ISS après 6 mois dans l’espace. J’aurai bien fait un détour de quelques centaines de kilomètres pour voir cet atterrissage parachuté d’une capsule Soyuz. Mais c’est un peu loin…
Nous nous arrêtons faire quelques courses au supermarché Magnum de façon à être autonomes les prochains jours. Je reste sur le parking pendant qu’Audrey part avec les enfants et le porte-monnaie. J’en profite pour aller à la station de lavage pour refaire une beauté à la Tiny mais rapidement, j’arrive à cours de mes quelques pièces de Tenge sans avoir pu faire le tour du véhicule avec le Karcher. Tant pis. Je me gare un peu plus loin et le responsable de la station de lavage vient vers moi et me dit que je suis son invité et qu’il m’offre le lavage de la Tiny. Quelle générosité ces kazakhs ! à côté de nous, se gare un camion de marque Kamaz comme on en voit tellement en Asie Centrale mais celui-ci ferait un joli camion de voyageurs !
Le début de la route est beau. On en profite. Soudain, nous croisons une voiture de police qui en nous voyant actionne ses gyrophares. Je m’arrête. Ça sent l’arnaque à plein nez. Il m’invite à descendre de la Tiny et à le rejoindre à sa voiture. Avec Audrey, nous y allons. Il me demande de m’asseoir à sa place passager. Je refuse. Il insiste. Je persiste. Il m’explique m’avoir pris avec son radar à une vitesse excessive. Bien entendu, il ne me dit pas à combien la vitesse est limitée ni à combien il m’a mesuré. Il me dit juste « tu me dois 48 000 tenges », soit environ 110€ ! Nous restons calmes et fermes : nous refusons de payer la moindre somme, persuadés que nous n’étions pas en excès de vitesse sur cet axe limité à 120 km/h. Il contrôle nos papiers sans rien y comprendre. Puis, nous faisons descendre les enfants qui font des grands sourires aux deux agents. « Les enfants veulent vous dire bonjour, ils sont heureux de rencontrer la police kazakhe ! » Nous continuons à lui faire comprendre que nous ne paierons absolument rien. Il nous tend nos papiers nous disant que nous pouvons partir, sans payer !
La route est toujours belle mais juste après Taldykourgan après 280 km parcourus, le bel asphalte laisse place à un asphalte qui fut beau il y a fort longtemps. Aujourd’hui, c’est pire qu’un gruyère. La route est pourtant en travaux mais les cantonniers peinent à reboucher les trous, parfois avec de la terre. La moyenne baisse à 40 km/h. Quand il n’y a pas de trous, c’est le bitume qui est tout déformé faisant rebondir la pauvre Tiny dans tous les sens.
« Resoudain », nous croisons une autre voiture de police qui en nous voyant actionne ses gyrophares. Je m’arrête. Ça sent l’arnaque à plein nez. Il m’invite à descendre de la Tiny et à le rejoindre à sa voiture. Avec Audrey, nous y allons. Oui, je sais je viens de faire un copier-coller du paragraphe d’avant mais ils nous refont la même ! Il me dit que la vitesse est limitée à 40 km/h et que je la dépassais, ce qui m’étonne fortement vu l’état pitoyable de la route et surtout vu qu’il n’a pas de radar dans sa Lada 4×4 ! Cette fois-ci, nous faisons mine de rien comprendre. Il parle pourtant anglais mais pas nous à cet instant. Un dialogue de sourd s’installe. Nous prenons vraiment à la légère cette nouvelle tentative de corruption, bien décidés à ne pas s’y laisser prendre. Il nous dit « money, money ». On joue à ceux qui ne comprennent rien. Il nous laisse partir.
La fatigue m’emporte après une centaine de kilomètres de plus parcourus en slalomant entre ces profonds trous.
Je ne rêve que de m’allonger mais je dois me résoudre à une nouvelle fois à sortir mon outillage et quelques vis et rondelles pour refixer le panneau solaire au-dessus de la cabine qui supporte mal la piste. Je lui avais déjà fait une réparation de fortune il y a quelques temps. J’en refais une ce soir mais avant la Mongolie, il faudra que j’y regarde de près.
Nuit bercée par le cours d’eau voisin et par le doux bruit d’un berger venant y faire boire son troupeau.
Mercredi 26 juin 2019 :
Une difficile journée nous attend. On le sait. On ne les aime pas. Une journée route ou plutôt une journée piste. Nos amis Gali ont réussi à parcourir 290 km, on aimerait bien en faire au moins autant. Dès 7h55, nous sommes déjà sur la route. Pas grand-chose à vous raconter aujourd’hui. Nous traversons la steppe kazakhe et nous nous rendons compte de l’immensité de ce pays grand comme 5 fois la France mais peuplé de seulement 18 millions d’habitants. La densité n’est que de 5,5 habitants au km². Mais sachant que la moitié de la population vit dans les villes, autant vous dire qu’on ne croise pas grand monde ! Mais contrairement à d’autres régions désertiques qu’on a traversées au Turkménistan ou en Ouzbékistan qui étaient monotones, ici les paysages sont agréables, légèrement vallonnés, fleuris, verts.
Mais ce qui est censé être une route principale sur notre carte est réellement pourri. J’arrive tout de même à faire une pointe à 63 km/h sur une portion plus correcte. Mais ce moment jouissif n’est que de courte durée.
Après 380 km parcourus, nous nous posons près d’une rivière et d’une voie ferrée dont les klaxons des locomotives berceront notre sommeil toute la nuit.
Jeudi 27 juin 2019 :
Une nouvelle fois, le moteur de la Tiny dès 8h est en route. Il nous reste environ 200 km de routes défoncées avant de rejoindre l’asphalte. L’avantage qu’on a, c’est vraiment que nos amis sont passés avant et qu’on sait à quoi s’en tenir ! Pas de mauvaise surprise ou de faux espoirs dès qu’une portion est meilleure sur 1 ou 2 km ! On sait que c’est pourri sur 200 bornes ! Il y a beaucoup plus de parties aujourd’hui où l’asphalte a entièrement disparu nous faisant manger de la poussière. Même quand le goudron est présent, il est tellement pourri, qu’il est préférable de rouler dans les bas-côtés.
Tous les 10 kilomètres, on retrouve le même panneau. Ils auraient pu faire des économies en en mettant un seul avec marqué au-dessous « 700 km » au lieu de « 10 km » ! Les kilomètres défilent lentement au compteur de la Tiny en totalisant bientôt 150 000. Toujours fièrement, elle nous emmène chaque jour un peu plus loin. On lui fait encore subir des secousses à n’en plus finir mais elle se comporte bien. Espérons qu’elle ne se vengera pas ! En tout cas, ce n’est vraiment pas le lieu pour tomber en panne.
Les paysages sont toujours assez beaux, bien qu’on soit dans une plaine immense. C’est assez vert. Mais pas cultivé ou très peu. De même, il y a peu d’élevage. Juste quelques troupeaux de bovins, d’ovins et de chevaux. La viande de cheval est beaucoup consommée en Asie Centrale.
Les rares villages ne sont que des petits hameaux très isolés. Mais comment font les habitants pour vivre ici, si loin de toutes les commodités ? Quelles conditions de vies, d’autant plus que la température reste en négatif quasiment la moitié de l’année en descendant jusqu’à -20°C !
En chemin, nous croisons un couple franco-anglais voyageant en Eurasie avec un vieux mais robuste camping-car Mercedes MB100.Nous observons les cimetières aux sépultures très travaillées.
Nous voyons de très rares mosquées. L’Islam est la religion principale du pays (70% de la population) mais nulle part, y compris dans les campagnes, nous ne voyons de femmes voilées ou d’attroupements devant les lieux de culte. Puis, enfin, à l’heure de déjeuner, nous arrivons à Qalbatau et retrouvons un bitume de la qualité de nos autoroutes françaises. Un régal. Un bonheur. On savoure chaque kilomètre.« ReResoudain », nous croisons une autre voiture de police qui en nous voyant actionne ses gyrophares. Je m’arrête. Ça sent l’arnaque à plein nez. Il m’invite à descendre de la Tiny et à le rejoindre à sa voiture. Avec Audrey, nous y allons. En voyant Audrey arriver en même temps que moi, il fait une drôle de tête mais accepte sa présence. Il me raconte la même histoire que ses copains. Mais cette fois-ci, avec Audrey on fait encore plus les bêtas et on fait semblant de ne comprendre strictement rien à ce qu’il tente avec beaucoup de volonté de nous faire comprendre ! Il sort son téléphone, lance son application Google Traduction, télécharge la langue française. L’application nous traduit « excès de vitesse ». Avec Audrey, on lui fait comprendre que la traduction fonctionne mal et qu’on n’a pas compris. Il reformule sa phrase auprès de Google mais cela a le même succès. Je lui demande alors de lui emprunter son téléphone pour à mon tour taper un texte en français à traduire en russe et là, j’écris au hasard « fzehi fjfu zoz fromage fek ». Il lit la traduction et fait une drôle de tête en pensant que l’appli effectivement ne fonctionne pas ! Excellent, on est prêts à se pisser dessus ! Mais il faut garder son sérieux, ce qui je vous l’assure n’est pas évident. Teigneux, l’homme continue à nous dire « money, money ». Mais voyant que nous sommes certainement trop têtus, il nous tend nos papiers (il n’a même pas vu que c’étaient des photocopies plastifiées !). Nous reprenons la route, fiers de nous et à l’abri des regards, éclatons enfin de rire !
1h30 plus tard, nous arrivons à Semeï. Depuis quelques jours, nous avions pris contact avec Madina et Ergali. Nous avions croisé furtivement ce charmant couple dans le hall d’un hôtel où séjournait notre famille qu’on avait reçue en Ouzbékistan à Samarcande. Ergali parlant plutôt bien français, mon beau père Daniel avait alors engagé la conversation avec eux et leur avait raconté notre périple. Aussitôt, ils nous invitaient à passer les voir au Kazakhstan. Mais le Kazakhstan est grand comme je vous l’ai déjà raconté. Heureux hasard, en regardant notre carte, notre route nous fait passer devant chez eux. C’est donc après quelques échanges par WhatsApp avec ce couple, que nous répondons à leur invitation qu’ils nous ont renouvelée. Ils nous ont expliqué nous mettre à disposition un appartement. Un peu gênés et préférant dormir dans notre cocon, nous leur expliquons que nous souhaitons juste les rencontrer et passer du temps avec eux. Nous arrivons au point de rendez-vous. Madina nous tend les clés de son appartement, nous explique le fonctionnement de la machine à laver, de la télé, de la box internet et nous ouvre le frigo qu’elle a rempli pour nous de charcuteries, laitages, fruits et légumes, gâteaux, pains, confiture… Puis elle s’excuse de ne pas avoir eu le temps de terminer le repas de ce soir et qu’elle revient plus tard avec. Effectivement, elle nous ramène une délicieuse soupe garnie de viande de cheval, pommes de terre et pâtes. Mais quelle incroyable générosité et gentillesse. Vous vous imaginez à 2500 km de chez vous, croiser des étrangers inconnus, passer 30 minutes avec eux et les inviter chez vous en leur mettant à disposition votre appartement et leur remplir le frigo ! C’est pourtant ce qui nous est arrivé quand on a rencontré cette famille à Samarcande !
Cela nous fait drôle de laisser notre Tiny dormir toute seule sur le parking juste en bas de l’appartement. Depuis le début de notre voyage il y a plus de 8 mois, c’est juste la deuxième fois qu’on ne dort pas dedans, la première on n’avait pas le choix car c’était sur le ferry entre l’Italie et la Grèce. Mais le comble, c’est qu’au moment où nous nous installons dans l’appart’ pour profiter de son confort, il y a une panne de courant générale dans le quartier… du coup, pas de lumière, d’eau chaude, de machine à laver… Au moment de se coucher, tout revient dans l’ordre… le ron-ron de la machine à laver nous endort.
Vendredi 28 juin 2019 :
Matinée école bercée par le doux bruit de la machine à laver qu’on avait oublié ! Elle tente de redonner un peu de fraîcheur et d’éclat de couleurs à nos vêtements et à nos draps !
En fin de matinée, Madina nous retrouve à l’appartement pour nous emmener découvrir Semeï, ses bâtiments datant d’avant l’Union Soviétique, ses agréables rives de l’Irtych bien aménagées ainsi que l’île de Polkovnichy. Elle est accompagnée de ses 3 enfants Eltimir, Eliana et Adam.
Nous arrivons à un mémorial nucléaire, baptisé » Plus fort que la mort « . Une colonne de marbre noir d’une trentaine de mètres, creusée pour évoquer un champignon nucléaire, surplombe la statue d’une femme tentant de protéger son enfant. Ce monument fut érigé en 2001 pour célébrer les 10 ans de fermeture du site de tests nucléaires, mais également la date à laquelle explosa la première bombe atomique soviétique.
À l’époque soviétique, la ville servait de centre pour les essais nucléaires de l’Armée soviétique. Les expérimentations avaient lieu à 130 km à l’ouest de la ville de Semeï, en plein milieu de la steppe kazakhe, dans ce qu’on appelle le polygone nucléaire de Semipalatinsk d’une superficie de 18 000 km². Entre 1949 et 1989, 468 explosions nucléaires de bombes atomiques à uranium et à hydrogène ont eu lieu dans la zone d’essais dont 125 à l’air libre. Avant chaque test, on recommandait aux gens d’ouvrir les fenêtres et les portes de leur maison, et d’attendre à l’extérieur de leur maison afin de mieux étudier les effets de la radioactivité sur le corps humain. Les radiations libérées depuis 1949 seraient plusieurs centaines de fois supérieures à celles de la catastrophe de Tchernobyl. Elles auraient causé des problèmes de santé à plus de 1,5 million d’habitants de la région, soit un Kazakh sur 10. L’impact des radiations a été caché par les autorités soviétiques pendant de nombreuses années. Semeï et sa banlieue ont des taux de radioactivité extrêmement inquiétants. Le nombre de cancers de la thyroïde, de leucémies chez les enfants et de malformations à la naissance est tout aussi effrayant.
Nous retrouvons l’après-midi, Ergali, le mari de Madina de retour d’un séjour professionnel à l’étranger. Il a transité par Almaty et a rejoint en train sa ville de Semeï. Là où nous avons mis trois jours pour faire le même trajet en Tiny, il a tout de même mis 18 heures + 6 heures de retard pour parcourir ses 1200 km. Bon, le réseau ferré ne doit pas être mieux entretenu que la voirie ! Nous passons un agréable moment au restaurant à nous régaler de plats aux couleurs et saveurs kazakhes. Tout cela arrosé de beaucoup de vodka et de bières. A tout de rôle, nos hôtes prennent la parole et improvisent un discours de bienvenue dans leur pays, leur famille et pour nous souhaiter bonne chance dans notre voyage. Ce moment solennel est chargé d’émotion et restera ancré comme un temps fort de nos rencontres durant notre voyage. A notre tour, nous prenons Audrey et moi la parole pour les remercier de leur accueil. Quelle chance nous avons de pouvoir rencontrer de si belles personnes. Les discussions vont bon train et nous pouvons échanger librement sur nos us et coutumes, la religion, la politique, la corruption…
Madina et Ergali nous proposent ensuite de les accompagner à leur rituel hebdomadaire du Banya. Cet héritage soviétique n’a absolument rien de touristique mais c’est le lieu où les kazakhs viennent se détendre et se laver, sur les principes des hammams du Maghreb et du Moyen-Orient. L’endroit où nous allons est un peu chic. Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Tout le monde dénudé. Pourtant amateur de saunas à la mode européenne, jamais nous n’étions rentrés dans un sauna aussi chaud. L’atmosphère est brûlante. Par moment, un employé arrive, arrose d’eau les pierres, et brasse l’air avec une toile d’environ 50 cm de diamètre au bout d’un grand manche en bois. Il fait des mouvements circulaires avec. A chaque passage à quelques petites dizaines de centimètres de nos visages, ça nous brûle la peau. Impressionnant. Certains hommes se fouettent avec des bouquets de feuilles. Nous alternons des passages répétés dans ce sauna avec des bains dans de magnifiques baignoires en bois, des plongeons dans une piscine à eau froide et enfin des passages sous une douche consistant à tirer sur une corde qui déverse d’un coup un seau d’eau glaciale ! Typique ! Puis à l’étage supérieur, c’est l’endroit où tout le monde se lave. Après les vodkas, ça détend !
Petit arrêt pour se réhydrater dans un magasin vendant une cinquantaine de bières à la pression différentes qu’on achète dans des bouteilles en plastique qu’ils remplissent à la demande. Ergali tient à m’offrir une bouteille de vodka pour me détendre après la route fatigante !Retour à l’appartement, bien détendus, et nous savourons tous ensemble cette bonne bière brune. Dernière soirée au Kazakhstan et en Asie Centrale. A partir de demain, une nouvelle page de notre voyage se tourne avec l’entrée en Russie pour un transit de quelques jours qui nous mènera jusqu’à la frontière mongole que nous franchirons le 5 juillet.