35. Mongolie : du 5 au 8 juillet 2019 : Ölgiy, Khovd
463 km parcourus du 5 au 9 juillet 2009
30 284 km parcourus depuis le départ
Vendredi 5 juillet 2019 :
Nous venons de passer notre dernière nuit en Russie bien garés dans une longue file d’attente devant le portail fermé du poste de frontière de Tashanta. Nous sommes arrivés hier soir à 16 heures avec un mince espoir de passer avant la fermeture à 18 heures mais nous sommes restés en 3ème position juste derrière nos compagnons de voyage, la Smalaventure. Quelques places derrière, attendent également les Plemmobiles et les Hakuna Matata.Un petit peu avant 9 heures, c’est l’agitation devant ce portail. De nombreuses personnes essaient de « gratter » quelques places. Des motos s’intercalent. Des bus arrivent et déposent des personnes passant à pied la frontière avec la Mongolie. Nous qui étions contents d’être en troisième position, nous voici déjà au cœur d’un bordel devant ce portail. Finalement, assez rapidement, nous pouvons entrer dès 9h10 la première barrière. En seulement 40 minutes, nous accomplissons les démarches frontalières du côté russe. Tout s’enchaîne bien. Nous rendons le certificat d’importation temporaire du véhicule qui nous avait été délivré à l’entrée du Kazakhstan, nous nous faisons tamponner nos passeports à côté du visa de transit de 10 jours qui nous avait été accordé. Ça y est, nous ne sommes plus en Russie. Un rapide et superficiel contrôle de la Tiny est effectué. Nous roulons à travers de superbes paysages sur une route en bon état sur une vingtaine de kilomètres qui laisse place à 5 km de piste en relativement bon état. Puis, au milieu de nulle part, un dernier check-point russe contrôle nos papiers.
Nous entrons dans un grand no man’s land d’environ 20 km. Cette zone n’appartient ni à la Russie, ni à la Mongolie. Des rongeurs ressemblant à des marmottes (mais très petites) traversent la piste et se dressent sur leurs pattes arrière.
Puis nous distinguons le poste de frontière mongole. Celui que nous redoutons un peu en raison du temps qu’il faut pour le franchir. Cela fait déjà plus de deux heures que nous avons commencé ce matin les démarches. La semaine dernière, les autres voyageurs avec qui nous échangeons régulièrement ont mis environ 4 heures pour passer les 2 postes de frontières. Devant nous, une quinzaine de véhicules. Derrière nous, des bus et des poids-lourds arrivent mais sont prioritaires lors de leur arrivée. Le portail s’ouvre de temps en temps et laisse passer trois véhicules à la fois. Le temps passe mais nous n’avançons que très peu dans la file. Il est déjà 13 heures et la douane ferme. 14h10, la pause déjeuner est terminée ! Un agent nous fait passer dans un bac de désinfection des roues en échange de quoi il faut payer 50 roubles que je tente de négocier sans y parvenir.
Vers 14h30, enfin c’est notre tour. Il est difficile de savoir dans quel sens faire les démarches et dans quel bureau aller car les informations données par les différents douaniers ne concordent pas. Nous commençons par l’immigration et le contrôle des passeports. C’est un bordel incroyable. Il n’y a aucune discipline dans la file d’attente et de nombreuses personnes grillent le passage. Le ton monte parfois. Les ordinateurs des deux douanières semblent fonctionner très mal et au ralenti. Elles regardent sans cesse leurs téléphones et écrivent des textos. Mon passeport est enfin tamponné et je m’occupe des démarches d’importation pour le véhicule. Le but du jeu est de réunir 3 coups de tampons sur le minuscule bout de papier qu’on nous a donné en entrant en douane et qu’on devra redonner en sortie. Il n’est pas évident de savoir dans quel bureau se rendre. Rien n’est organisé. Le contrôle du véhicule est assez succinct. J’ai réuni mes 3 coups de tampons ! Mais Audrey et les enfants sont toujours bloqués à l’immigration et attendent désespérément leurs tampons d’entrées en Mongolie. Finalement, au bout de plus de deux heures d’attente, c’est à 16h40 que nous pouvons enfin sortir de la zone frontalière. Nous retrouvons les Plem et les Hakuna Matata qui étaient pourtant derrière nous dans la file d’attente mais qui sont sortis avant nous. Enfin, ils ont sympathisé avec une douanière et lui ont offert un abricot, et du coup, elle les a fait passer devant tout le monde pour le passage de l’immigration ! Cela fait 24h40 que nous sommes arrivés à la douane ! Bon, même si on ne compte pas la nuit, on a quand même passé quasiment 7 heures dans les formalités douanières. Voici la plus longue frontière jamais passée.
Mais les formalités ne sont pas terminées pour autant. Notre contrat d’assurance française du véhicule nous couvrait les 90 premiers jours une fois sortis de la zone couverte par notre carte verte (qui incluait pour nous l’Iran). Nous arrivons à cette échéance et devrons souscrire à présent une assurance locale dans chaque pays traversé. En général, il y a à la frontière un bureau prévu à cet effet. C’est le cas ici, et pour 40 dollars, nous souscrivons dans un bungalow une assurance pour nos deux prochains mois en Mongolie. Bon, on ne sait pas trop pour quoi on est couvert mais en cas de contrôle de police, nous serons au moins en règle.
Nous roulons vers Ölgiy, une des principales villes du pays avec ses 30 000 habitants. Dès nos premiers tours de roues dans ce nouveau pays, la piste continue sur environ 20 km. Elle est en bon état mais nous roulons à environ 20 à 30 km/h. Ce qui nous permet d’apprécier le paysage. Notre Tiny est toujours en panne depuis quelques jours. Pour ceux reprenant en cours de route nos aventures, le moteur s’est soudainement mis en mode dégradé la semaine dernière, certainement en raison d’un problème de pompe à injection que nous ne pouvions résoudre là où nous nous situions dans l’Altaï russe. Nous avons donc fait le pari de franchir la frontière ainsi et de tenter de le résoudre à la capitale Oulan Bator à environ 2000 km !
Les yourtes refont leurs apparitions. Les dernières que nous avions vues étaient au Kirghizistan.
Nous revoyons également des yacks. Les seuls que nous avions déjà vus étaient sur la Pamir Highway au Tadjikistan. Des chameaux sont en liberté par troupeaux.
Ouahhh, on est en plein dedans ! Nous avons du mal à réaliser que ça y est, nous y sommes. La Mongolie. Depuis le temps que nous en rêvons. Depuis le temps que nous lisons des articles de blogs. Depuis le temps que nous rencontrons des voyageurs de retour de cette terre sauvage, encore préservée du tourisme de masse. Nous roulons en convoi vers la première ville.
Ölgiy n’a pas d’intérêt particulier, hors mis celui de retirer des tugriks (au taux de 1€ pour 2982 MNT) et d’acheter une carte Sim comme à chaque entrée dans un nouveau pays.
Nous profitons de cette ville de taille moyenne pour nous rendre dans un garage. Nous arrivons à 20 heures, le mécanicien accepte de nous donner un rendez-vous pour demain 10 heures.
Nos amis voyageurs nous accompagnent dans notre galère et ne nous laissent pas tomber. Ils acceptent pour leur premier bivouac en Mongolie (pourtant réputée pour être un immense terrain de camping sauvage où on peut se poser n’importe où) de dormir sur un terrain vague pourri au pied du garage. La soirée ne s’éternise pas en raison de la fatigue de la journée, des moustiques envahissants et de l’orage arrivant…
Samedi 6 juillet 2019 :
Le garagiste nous prend en charge et tente avec son ordinateur de lire les codes défauts de notre mécanique responsables du témoin EDC allumé en rouge au tableau de bord et du mode dégradé. Mais il ne parvient pas à communiquer avec le calculateur de la Tiny. Il essaye, persiste mais ne trouve pas le modèle Mercedes Vario dans sa base de données. Ensemble, nous allons dans un autre garage dans Ölgiy mais il rencontre le même problème avec pourtant une valise plus complète. Bon, j’aurais bien aimé qu’il daigne au moins ouvrir le capot du moteur pour constater au moins visuellement si rien ne lui paraissait bizarre mais il ne met pas beaucoup de volonté. La communication est très compliquée. Personne ne parle anglais. Le traducteur Google ne paraît pas très performant en langue mongole. En fin de matinée, il renonce. Nous nous dirigeons vers un autre garage mettant encore moins de volonté à vouloir nous venir en aide. Tant pis, nous décidons de poursuivre notre route ainsi.
La Smalaventure nous a rejoints et c’est en convoi de 4 camions que nous décidons, malgré nos soucis mécaniques de quitter déjà l’axe bitumé pour nous lancer sur notre première piste (itinéraire A2 pour les voyageurs équipés du très bel ouvrage sur la Mongolie écrit par Laurent Bendel et Cécile Miramont) réputée comme facile mais vous allez voir la suite !
Rapidement, nous sommes extasiés par la beauté des paysages. C’est incroyablement beau, sauvage, paisible. Nous circulons sur des pistes de temps en temps en difficile tôle ondulée, mais pour la plupart du temps en terre, parfois un peu sablonneuse. Plusieurs pistes sont tracées parallèlement. Elles se croisent, s’éloignent puis se retrouvent. Il faut choisir celle que l’on espère être la meilleure. Ce n’est pas forcément évident. Nos véhicules ont peu de garde au sol et il s’agit d’éviter de racler le châssis, l’échappement, le pont, les réservoirs ou d’autres organes mécaniques. Plus que jamais, j’apprécie la tôle de protection sous le moteur qui frotte à plusieurs reprises.
Il n’y a que très peu de traces de vie humaine et animale. De rares yourtes sont installées. Ici, les conflits de voisinage doivent être rares. Nous traversons le village de Sagsaï et comme depuis notre arrivée en Mongolie, nous recevons des signes de sympathie, des sourires et des signes de la main à notre passage. Les constructions sont en dur mais souvent des yourtes sont installées sur les parcelles. Sur les toits sèchent en prévision des rigoureux hivers où la température descend à -30° des bouses de vaches et de yacks.
Puis notre convoi de nouveau réuni, nous retrouvons le bonheur de circuler sur ces superbes pistes. C’est comme on l’avait imaginé mais en mille fois mieux. Les couleurs des montagnes sont très variées et magnifiques. La végétation se limite à des herbes poussant au sol. Aucun arbre.
Puis la piste, pourtant réputée comme facile (pour un 4×4 !) dans notre guide se détériore. Nos 4 véhicules sont secoués dans tous les sens, y compris le gros camion jaune des Hakuna Matata pourtant adapté à ce terrain de jeu. Même en mode dégradé, le moteur de la Tiny parvient fièrement mais difficilement à franchir les difficultés de la piste dont l’état ne s’améliore pas. Nous sommes bien rassurés de ne pas être seuls et de pouvoir compter sur l’aide d’un ami voyageur au cas où. Heureusement, le terrain est sec. Il serait impraticable pour un camping-car non 4×4. Même sur terrain sec, un véhicule traction avant aurait du mal à passer certains passages de la piste. Elle devient étroite et très accidentée sur la fin de notre parcours (juste avant le point n°5 de l’itinéraire A2).
Nous posons notre bivouac en surplomb de la rivière Sagsaï, entourés de montagnes multicolores et de moustiques voraces.
Nous mettons en route le réchaud bûche offert aux Plem par leurs amis suisses des Convoi d’Anges Heureux. Une bûche de 50 cm de haut dans laquelle René a percé un gros trou de 4 cm de diamètre verticalement dans l’axe de la bûche (pas jusqu’au fond) et un autre trou perpendiculaire au premier qui rejoint le fond du premier. Le feu est allumé dans le trou du bas, la bûche étant posée à la verticale. La bûche s’auto consume, les verres se vident, les enfants construisent des châteaux de pierre. Les étoiles apparaissent, incroyablement lumineuses. Nos premières étoiles filantes de l’été traversent le ciel.
Dimanche 7 juillet 2019 :
D’un commun accord et devant la longue journée qui nous attend, nous décidons de ne pas faire l’école et dès 10 heures, nous sommes déjà sur la piste. Nous avons prévu environ 70 km aujourd’hui mais à la vitesse où nous nous déplaçons, la journée complète devrait être juste suffisante. Nous longeons le cours de la rivière.
Ayant fait fausse route, quelques habitants d’un petit hameau, voyant notre hésitation se dirigent vers nous et nous expliquent la bonne piste pour contourner la montagne en dessinant au sol notre itinéraire.Nous prenons doucement de l’altitude pour s’élever jusqu’à 2300 mètres. Mais que c’est beau ! Qu’il est difficile de vous décrire la beauté des paysages, la diversité des couleurs, l’immensité de ces montagnes… Aucune photo et aucun texte ne me permet de vous transmettre le spectacle de la nature qui s’offre à nous. Un spectacle à 360° vierge, non pollué. Désolé, je n’ai pas de mots. Je vous laisse regarder les photos.
Victor conduit un instant sur un morceau de piste assez facile et se concentre beaucoup pour imiter mes gestes en tentant d’éviter les pierres saillantes, les ornières.
Nous redescendons le long de la rivière et atteignons le bourg de Buyant près duquel nous déjeunons.
Au redémarrage, un deuxième voyant rouge s’allume au tableau de bord, indiquant un dysfonctionnement au niveau des freins. Décidément… Je crains un problème de la pompe à vide actionnant à la fois le turbo et les freins. Elle est pourtant neuve depuis la Turquie. Nous continuons avant d’affronter une difficulté que je redoute. Mon GPS annonce une montée avec une pente à 23% sur quelques centaines de mètres. Hors, nous commençons malheureusement à avoir de l’expérience en mode dégradé et je connais les limites de la Tiny dans ce genre de situation. Pas d’autres choix, je me mets gentiment en dernière position du convoi derrière le gros camion de 10 tonnes des Hakuna Matata.
La piste devient caillouteuse, sinueuse. La difficulté se rapproche sur mon GPS. Elle est là devant nous. Je le redoutais mais ça y est, la Tiny est plantée sur cette étroite piste. Impossible de monter. Je n’ai pas assez de puissance. Même en première vitesse, impossible de décoller ses 5 tonnes sur cette piste au revêtement instable avec ses pierres qui roulent sous les roues. J’ai l’impression d’avoir autant de puissance que sur ma vieille 2CV. Un air de déjà vu ! Mais cette fois-ci, nous souffrons moins de l’isolement comme cela avait été le cas sur la Pamir Highway au Tadjikistan ou dans des situations similaires en Amérique du Sud. Grâce à nos talkiewalkies, je préviens Sylvain des Hakuna qui parvient difficilement à reculer d’une centaine de mètres. La pente est forte pour ses 10 tonnes en marche arrière. La piste sinueuse. Son véhicule est lourd et peine à freiner sur les pierres qui roulent. Nous accrochons la sangle et rapidement il parvient à nous décoller de cette difficulté.
Mais au bout de 100 mètres, un passage avec un gros dénivelé nous fait nous arrêter. Et là, impossible de repartir. Ni moi, ni lui. Suite à un problème de boîte, il n’arrive pas à enclencher ses vitesses courtes et se retrouve également bloqué dans cette dangereuse pente. Je n’ai pas peur pour moi. La Tiny arrivera toujours à s’en sortir. Mais je crains que Sylvain ait cassé quelque chose dans sa mécanique. Durant un quart d’heure, il désespère à ne pas arriver à enclencher une vitesse. On a eu beau décrocher la Tiny. Le camion est bloqué. L’angoisse monte et se lit sur tous nos visages.
Finalement, il y parvient et arrive à sortir de cette difficulté et à franchir la montagne. Mais la Tiny reste seule bloquée ici. Soudain, notre bonne étoile qui nous suit, malgré toutes les galères mécaniques que nous rencontrons, se présente. Un énorme 4×4, le seul que nous croiserons aujourd’hui arrive face à nous. Trois gaillards mongoles en descendent et nous proposent leur service. Derrière nous, un autre petit bus 4×4 arrive également. D’autres hommes en descendent. De toute façon, nous bloquons entièrement la circulation donc s’ils veulent passer, il va bien falloir sortir la Tiny de cette fâcheuse situation. Nous accrochons la sangle à son anneau d’attelage. Audrey et Caro ne se vexent pas quand le chauffeur leur demande de monter dans le 4×4 pour faire du poids à l’arrière. Puis le remorquage commence. Son moteur V8 et les quelques centaines de chevaux de son 4×4 Land Cruiser flambant neuf n’ont pas de mal à aider la Tiny sur les 300 derniers mètres de montée.
Nous arrivons en haut du col à 2500 mètres. Tout le monde applaudit, se félicite, se rassure. Les Mongols fêtent cette victoire en nous tendant un bol en cuivre rempli de vodka. Nous comprenons que la tradition voudrait qu’on termine le bol mais une gorgée nous suffit après tant d’émotions ! J’offre une bouteille de vodka au chauffeur ainsi que 3 billets. Il prend l’un de ces derniers et l’offre au plus petit des enfants de notre convoi de voyageurs !
En haut du col, nous sommes réunis autour d’un tas de cailloux appelé Ovoo. On en trouve souvent dressés au point culminant d’un col où le voyageur s’y arrête et ajoute sa pierre au tas pour manifester sa gratitude de ce que le voyage se passe bien.
Que d’émotions aujourd’hui ! et ce n’est pas terminé. On le pensait car il ne reste que peu de kilomètres pour rejoindre le bivouac de ce soir au bord du lac Tolbo. Nous traversons de splendides paysages où des fleurs violettes tapissent le sol herbeux. C’est spectaculaire. La Mongolie est le pays qui a la plus faible densité de population au monde avec 2 habitants au km². Seulement 3 millions d’habitants occupent un territoire grand comme 2,5 fois la France. De plus, 1,5 million d’habitants vivent dans la capitale Oulan Bator. La densité dans ces steppes est donc vraiment basse.
Mais c’était sans compter sur une nouvelle difficulté qui pointe le bout de son nez. Nous roulons dans une zone marécageuse.
Puis nous arrivons face à un champ de boue. Nous n’avons pas d’autres choix que de traverser une centaine de mètres de boue. Mais où passer ? Plusieurs itinéraires sont possibles. Avec Jérôme, nous descendons à pied reconnaître le terrain. Nous marchons jusqu’à mi mollets dans la boue. A chaque pas, nous faisons décoller des centaines, des milliers de moustiques qui se gorgent de notre sang en quelques minutes. Nous repérons chacun ce que nous pensons être le meilleur itinéraire. Finalement, chacun de nous s’en sort bien pour cette deuxième difficulté de la journée. Même la Tiny en ayant pris de l’élan et à fond de première à 3500 tours/minute.
Un peu plus loin, la troisième difficulté est là. Un passage à gué. De nouveau, nous descendons à pied sonder le terrain ce qui a l’avantage de pouvoir nous rincer nos pieds plein de boue… Nous avons de l’eau jusqu’en dessous du genou. A tour de rôle, nous passons fièrement ce gué long d’une vingtaine de mètres.
Puis, après seulement 70 km parcourus aujourd’hui mais que nous avons mis une dizaine d’heures à parcourir, nous décidons de poser notre bivouac. Ici, pas trop à chercher longtemps pour trouver un endroit qui s’y prête. Nous nous posons au milieu de nulle part, avec un panorama à 360° incroyable. Mais de nouveau, les moustiques ont raison de nous et c’est dans le joli camion jaune des p’tits Suisses que nous nous réfugions pour l’apéro et pour un débriefing émotionnel !
Lundi 8 juillet 2019 :
Grasse matinée, un petit peu école et nous voici de nouveau en cavale. Nous contournons le lac Tolbo et avons le plaisir après 120 km de pistes de retrouver un bitume tout neuf. La Tiny nous remercie.
D’énormes travaux routiers sont réalisés par des entreprises chinoises. Par endroit, nous devons rouler sur des pistes parallèles aux travaux en cours. A d’autres, nous empruntons quand même le joli asphalte pas encore ouvert à la circulation et devons donc franchir des talus de terre faits justement pour empêcher le passage.
Nous voyons beaucoup de yourtes isolées au milieu de nulle part. Des yacks et des chameaux sont en liberté au milieu de ces immensités de la steppe.
Puis nous arrivons dans l’après-midi dans la ville de Khovd, l’une des principales villes du pays avec seulement 30 000 habitants. L’occasion de faire le plein d’eau, de bières et de quelques courses alimentaires. Khovd, tout comme Ölgiy traversée il y a quelques jours, n’a rien de séduisant. Les cheminées sortant des yourtes sont fumantes. Il est toujours étonnant de voir ces yourtes, symboles pour nous de grands espaces et de liberté, entourées de murs de clôtures.
Nous faisons une petite reconnaissance pour voir si un garage pourrait nous dépanner de notre galère mais nous abandonnons assez vite. Je n’ai pas confiance dans les mécanos locaux bricolant plus à coup de marteaux des lames de ressorts ou soudant des bouts de ferrailles. Nous passons un long moment avec Joaquim au téléphone. Comme d’habitude, il se casse la tête pour tenter de nous dépanner. Il pense qu’un composant interne à la pompe à injection est certainement défectueux. Nous devrons donc attendre et espérer pouvoir arriver à Oulan Bator qui n’est plus qu’à moins de 2000 km.
Grâce à la Smalaventure, nous trouvons un excellent bivouac au milieu d’un gigantesque camp de yourtes, certainement plus de 200. L’endroit est tout juste incroyable. Des rapaces survolent le camp. Nuit bercée par le bruit des chevaux qui broutent et errent autour des yourtes autour de la Tiny.