690 km parcourus du 18 au 24 février 2021

66 303 km parcourus depuis le départ

Jeudi 18 février 2021 :

Déjà le 100ème article de blog que je commence depuis le début de notre périple il y a 865 jours ! Que d’aventures je vous ai racontées depuis, à travers plus de 1000 pages A4 de textes Word (sans les photos), que de paysages extraordinaires découverts en Europe, au Moyen-Orient, en Asie Centrale et en Asie de l’Est, en Asie du Sud-est et à présent en Afrique, que de hasards qui nous ont permis de faire de belles rencontres qui à jamais marqueront notre vie. Nous avons tant l’impression de ne pas rêver notre vie mais de vivre notre rêve chaque jour, lorsque nous nous réveillons sur un nouveau bivouac…

Ce matin, c’est à l’ombre d’un baobab géant que nous nous réveillons, la Tiny a presque les roues posées dans le sable fin de la plage immaculée de Diani au Kenya. Les vagues de l’Océan indien ont bercé notre sommeil bien profond. Il fait déjà 30°C dans la Tiny. La délicieuse odeur de pain chaud envahit notre maison et nous invite à tout ranger pour prendre le petit déjeuner. Les tartines sont recouvertes de confiture de mangues, fruits de la passion et de la pulpe de la noix de coco dont nous avons bu le contenu hier.

Nous sommes accompagnés pour ce bivouac des Marioles trotteurs, un couple voyageant à bord de Léon, leur van 4×4 depuis deux ans sur le continent africain. Marion et Anatole sont des Youtubeurs professionnels et financent, grâce à leurs plus de 109 000 abonnés à leur chaîne, leur belle aventure en faisant de chouettes vidéos au fur et à mesure de leurs rencontres. D’ailleurs leur tournage de cette semaine sera consacré à la présentation de l’aventure des Mollalpagas en cavale ! Nous sommes flattés ! Nous passons une partie de la matinée à faire des prises de vues. Pas d’école donc ce matin, mais l’expérience est intéressante pour Anaïs et Victor de parler face à la caméra.

Puis en début d’après-midi, nous saluons bien affectueusement Fatma Congo qui tenait la petite paillote sur le parking de la mosquée où nous venons de passer les deux dernières nuits et avec qui nous avons bien sympathisé. Elle nous couvre de cadeaux.

Nous prenons la route et quittons le rivage de l’Océan indien après en avoir bien profité durant les dix derniers jours. Afin d’éviter la route repassant par la tumultueuse Mombasa, nous quittons l’axe côtier pour prendre la route bitumée C109 en direction de Kwale. Rapidement, nous quittons les plaines du littoral pour nous retrouver avec de légers reliefs et beaucoup de verdure.

Mais rapidement, nous goûtons à notre première piste africaine, une piste poussiéreuse de terre rouge sur plus de 30 kilomètres.

La nuit va bientôt tomber et il nous faut trouver un bivouac. Nous nous arrêtons au hasard dans le minuscule hameau de Dundani. Nous demandons l’autorisation à une femme de stationner pour la nuit devant chez elle. Avec un grand sourire, elle accepte. Chouette de dormir à côté de ces maisons traditionnelles en terre, recouvertes de tôles. Les greniers à maïs sont recouverts d’herbes séchées.

Anaïs et Victor sortent leur sac de jeux. Anaïs fait un petit spectacle de jonglage et avec son petit frère, ils invitent la trentaine de gamins à jouer à l’élastique. Jusqu’à la nuit tombée, les parties de rires s’enchaînent sous le regard amusé des adultes.

Vendredi 19 février 2021 :

Nous prenons la route en début d’après-midi après avoir fait une bonne matinée d’école. Sur le bord de la route, des centaines de gamins nous lancent de grands sourires et de grands signes de la main. Certains nous demandent des bonbons. D’autres courent à côté de nous aussi vite que la Tiny. Les passants sont toujours incrédules au passage de notre cabane.

Nous retrouvons la grande route reliant Mombasa sur la côte à la capitale Nairobi, mais aussi à l’intérieur des terres et en particulier l’Ouganda. C’est l’unique route. Et ce n’est pas une autoroute, mais juste une route en état correct, bien que ralentie par beaucoup de ralentisseurs. Des milliers de camions circulent sur cet axe. Beaucoup sont chargés de containers car Mombasa est le principal port de l’Afrique de l’Est. Beaucoup d’autres sont chargés de ciments venant des usines de Mombasa. Bref, la route n’a rien d’agréable, mais vraiment rien.

Nous arrivons dans l’après-midi à Voi, où au bout d’une piste menant à l’entrée du Parc national de Tsavo Est, nous retrouvons nos amis Noémie et Julien et leurs trois enfants. Enfin, nous pouvons partager un vrai bivouac dans la nature et non pas comme sur le parking pourri de notre première rencontre à Tirana en Albanie ou bien celui de Gènes en Italie…

Deux garçons du village viennent jouer avec les petits français. Quand soudain, ils se mettent à courir. Ils ont repéré des mangoustes à queue touffue qui feraient bien leur dîner ! Nous les apercevons aussi, mais tout va très vite et l’appareil photo n’est pas armé !

Samedi 20 février 2021 :

Sur les bons conseils de nos amis, nous nous engageons au départ de Voi sur la route menant vers Taveta et la Tanzanie voisine. Les montagnes de la petite réserve Taita sont jolies et bien vertes.

Nous observons des termitières, pour certaines dépassant deux mètres de hauteur !

Puis la route a l’avantage de traverser un peu plus loin le Parc national de Tsavo ouest. Et sans payer l’entrée très chère du parc, nos amis ont pu observer beaucoup d’animaux sauvages sur la petite quarantaine de kilomètres de traversée du parc. Aurons-nous autant de chance ? On l’espère mais ça reste des animaux sauvages… Ce parc est immense. Alors oui, ses limites sont clôturées mais sa superficie est de 23 000 km², 4% de la superficie du Kenya ou bien encore la moitié de la Suisse ! Autant dire, que les animaux sont protégés des braconniers, tout en pouvant gambader librement. Il y a au Kenya 27 parcs nationaux et 34 réserves nationales, mais aussi des zones de conservations privées. Plus de 11% de la superficie du Kenya est sous protection.

Nous montons tous les 4 devant grâce à un tabouret que j’ai ajouté entre mon siège et la double banquette passagers.

Et dès les premiers kilomètres, nous sommes servis… Nous voyons un troupeau d’impalas.

Puis quelques kilomètres plus loin, des élands communs.

Mais aussi des Bubales de Coke.

Non, nous n’avons pas de guide dans le camion pour nous indiquer les espèces d’animaux mais simplement un super ouvrage offert par mon papa sur les mammifères d’Afrique. On se prend au jeu de décortiquer nos photos et d’identifier la bonne espèce en fonction de ses couleurs, son museau, ses cornes, son pelage, sa taille.

Puis, pour notre plus grand émerveillement, des girafes Masaï.

Puis, encore des phacochères prenant un bain boueux.

Et enfin, plus loin des dizaines de zèbres des plaines du Kenya.

Quel bonheur de pouvoir observer tous ces animaux sauvages approchant de la route. Nous sommes comblés. Un magnifique cadeau d’anniversaire pour mon amoureuse qui souffle une bougie de plus aujourd’hui. Elle est d’autant plus comblée qu’elle a déjà passé deux anniversaires, bloqués dans des garages durant nos voyages alors qu’on était en grosse galère mécanique au Chili en 2016 ou en Turquie en 2019…

Au niveau de Taveta, nous quittons l’axe bitumeux car nous arrivons au poste de frontière avec la Tanzanie, pour nous enfoncer sur une piste de gravier, de sable ou de latérite rouge pour 25 kilomètres en direction du Lac Jipé, frontalier avec la Tanzanie. Certains passages sont un peu chauds mais heureusement, le temps est sec.

Quelques villages isolés sont construits le long de cette route. Nous croisons sur le bord de la route des Maasaï. L’un d’eux, Elias accepte avec le sourire qu’on le prenne en photo.

Nous sommes en dehors des limites du Parc national de Tsavo ouest mais nous observons un éléphant des savanes ne semblant pas affoler les habitants quand le mastodonte s’approche.

Avec étonnement, nous voyons des dromadaires qu’on ne pensait pas trouver en dessous de l’équateur, mais après recherche, il existe bien des élevages de dromadaires ici, notamment pour la viande.

Nous arrivons à la limite du parc et toujours sur les conseils de nos amis, entrons dans un minuscule hameau aux maisons de couleur ocre, la couleur de la terre avec laquelle elles sont bâties.

Le passage est étroit entre les maisons et la piste est bien chaotique mais nous arrivons après avoir demandé la permission aux habitants de stationner près du Lac Jipé.

Mais nous les sentons inquiets de l’emplacement que nous avons choisi. Ils nous demandent de nous déplacer et de nous rapprocher de leurs maisons car nous sommes sur le passage nocturne des éléphants et des hippopotames. Effectivement, ils nous montrent des traces de pas de 50 cm de longueur !

Whouah ! Quel bivouac de fou ! Nous recevons des sourires de la majorité des habitants mais pas de tout le monde. Peut-être de la timidité de leur part. Pas pour autant un mauvais accueil, mais des sourires qu’on n’arrive pas toujours à recevoir en échange des nôtres.

Nous négocions une petite somme pour dormir ici les deux prochaines nuits. On tente de nouer contact et de rassurer les locaux mais pour la première fois au Kenya, nous sommes confrontés à la barrière de la langue. Beaucoup ne parlent pas anglais. Anaïs leur dit quelques mots en swahili.

Nous passons l’après-midi à observer la vie qui s’organise autour du lac où les femmes viennent s’approvisionner en eau boueuse, mais aussi faire la vaisselle ou la lessive.

Pas encore d’éléphants, de crocodiles ou d’hippos à proximité comme on espérait en voir. Peut-être demain.

Belle soirée d’anniversaire en famille où Audrey reçoit de précieux cadeaux faits main de ses enfants.

Dimanche 21 février 2021 :

Réveil matinal à l’aube à 6h15 pour tenter d’apercevoir des animaux venant près du point d’eau mais non, rien à l’horizon.

L’école commence mais rapidement nous devons l’interrompre. L’un des habitants nous appelle pour nous dire de nous approcher de la clôture du parc à une centaine de mètres. Un troupeau de cobes à croissants et un autre d’éléphants des savanes (en arrière plan) sont venus se rafraîchir. Ils sont assez loin mais le spectacle est chouette.

Puis, nous embarquons sur deux petites embarcations faites de bois de manguiers portant le nom, comme tous les bateaux du village, de « Covid-19 » suivi d’un numéro. Nous allons tenter d’aller apercevoir au milieu des roseaux des hippos mais là encore, pas de chance, les heures chaudes de la journée sont déjà là et il est trop tard pour les apercevoir. Qu’importe, la promenade lacustre est bien agréable et nous a permis de nous approcher de plus près des éléphants aperçus un peu plus tôt.

Retour à l’école. La récréation est terminée. Il faut retrouver la motivation pour les Mathématiques.

Nous recevons de plus en plus de sourires des locaux qui s’approchent de nous, pour nous poser des questions, certainement pour se rassurer aussi. Ils se détendent et nous offrent de larges sourires et nous pouvons parler avec quelques-uns pratiquant l’anglais.

Anaïs et Victor jouent avec les enfants du village. Mais en plein après-midi, d’un coup le vent tourne à 180° en quelques instants et un bel orage arrive. Tout le monde rentre.

Puis, aussi vite qu’il est arrivé, il passe. Et un ciel dégagé nous permet de voir pour la première fois « là-bas dans le lointain » le Kili, le Kilimandjaro, le toit de l’Afrique culminant à 5891 mètres d’altitude et recouvert d’un « blanc manteau ». Mais les fameuses Neiges du Kilimandjaro qui « n’ont jamais été si blanches » comme le chantait Pascal Danel, auront bientôt fondu. Compte tenu du réchauffement climatique, les experts prévoient qu’en 2030, la calotte glaciaire du volcan endormi aura disparu.

Au crépuscule, William, l’un des habitants, nous propose de monter dans son embarcation pour aller apercevoir des hippos. Et là, nous somme servis : non loin du rivage, nous voyons nager deux hippopotames amphibies. Le tout avec en arrière-plan le Kilimandjaro, la classe quand-même !

Ils plongent quelques minutes puis sortent leur impressionnante tête de l’eau en émettant un puissant souffle. Les locaux ne considèrent pas les hippos comme dangereux ici, contrairement aux riverains du Lac Victoria où ils étaient effrayés par ces mêmes animaux. On pense qu’en fait, ils ont beaucoup plus l’habitude d’en voir ici. La lumière n’est pas terrible pour les photos mais nous nous souviendrons longtemps de ce moment passé à observer ces monstres pesant près de deux tonnes, plongeant sans que l’on sache où ils vont ressurgir de l’eau.

Alors que nous nous apprêtons à nous mettre au lit, l’un des gars du village, Denys, vient frapper pour nous signaler que l’un des hippos s’est approché de la limite du parc. Nous nous rhabillons et allons observer de nuit, éclairé par la torche, ce monstre qui est à une vingtaine de mètres de nous. Mais aussi monstre soit-il, il se met à déguerpir quand deux chiens se mettent à le courser. Le bruit de l’hippo qui se met à courir est impressionnant dans la nuit noire.

Lundi 22 février 2021 :

Dès le lever du jour, bien habillé pour me protéger des moustiques comme chaque matin et chaque soir, je pars avec l’appareil photo autour du cou mais pas de chance. Pas d’animaux à l’horizon. Mais c’est l’occasion de me rendre compte que la pluie tombée cette nuit a détrempé le sol. La terre rouge est une véritable glaise collante à chaque pas. Il va m’être impossible de sortir avec la Tiny de là où nous sommes garés. L’un des gars me confirme que même la piste sera impraticable et qu’il faut attendre au moins cet après-midi.

Nous commençons l’école, mais rapidement, nous devons déjà faire une récréation. Denys revient en nous signalant la présence d’un hippo. Nous courons pour l’apercevoir. Il est un peu loin mais pouvons l’observer un long moment brouter de l’herbe (environ 40 kg par jour ou plutôt par nuit). Ces monstres mesurent entre trois et quatre mètres de longueur et peuvent peser jusqu’à 4 tonnes. Quelle chance nous avons ! Le tout sans débourser un seul shilling grâce à ce bon plan en lisière du parc de Tsavo Ouest.

Nous arrivons à discuter avec quelques personnes, surtout des hommes. Ils sont souriants, curieux et très gentils en nous signalant dès qu’un animal s’approche. On sent les femmes globalement plus distantes à notre égard, bien que certaines nous sourient. Les enfants et les ados sont très curieux et adorables. Anaïs noue en particulier de chouettes liens avec les jeunes filles.

Nous observons les habitants vivant quasiment exclusivement de la pêche. Les femmes, les hommes, les ados y travaillent, et préparent et réparent longuement leurs filets, nettoient les poissons qui sont ensuite vendus en ville.

Autant quand on pense à l’Afrique, on pense aux gros mammifères mais nous nous régalons aussi devant les oiseaux, tous plus beaux les uns que les autres.

Les roseaux poussant sur les rives du lac sont ramassés, puis séchés pour servir de toitures aux maisons des plus démunis. Ceux qui ont un peu plus d’argent investissent dans des toits en tôle.

Le niveau de vie est très faible ici. Aucun des 250 habitants n’a une voiture. Aucun vélo. D’ailleurs, on en voit très peu au Kenya. Juste quelques-uns ont une moto, mais cela reste un bien de luxe. L’électricité est solaire mais les panneaux ne sont pas grands.

En fin de matinée, alors que le ciel s’assombrit au loin nous laissant craindre de nouveaux orages, nous préférons prendre la piste qui a dû s’assécher selon certains habitants, mais pas suffisamment selon d’autres. Nous tentons mais effectivement, son état ne s’est pas amélioré avec les fortes pluies de la nuit. Les fossés débordent à certains endroits sur la route. La latérite rouge est une terre où l’eau s’infiltre difficilement. Cela en fait une sorte de glaise qui colle aux roues mais notre vaillante Tiny nous révèle encore une fois d’étonnantes capacités de franchissement. On peut être très fiers d’elle. La cellule bois craque un peu mais pas trop. En tout cas, pas plus que la cellule de notre ancien camping-car capucine sur le ripio d’Amérique du Sud.

Nous apercevons des éléphants sortant des roseaux. Ne sachant pas trop jusqu’à quel point nous pouvons les approcher, nous demandons à un villageois s’il peut nous accompagner à pied. Nous sommes à une petite cinquantaine de mètres de ces animaux énormes. L’éléphant d’Afrique est le plus grand animal terrestre au monde. Un mâle peut peser 7 tonnes, soit deux tonnes de plus que son cousin d’Asie.

Le spectacle est aussi magique que lorsque nous avions pu les apercevoir l’an dernier au Laos sur les rives du Mékong. Les éléphants d’Asie ont des oreilles beaucoup plus petites que les éléphants des savanes en Afrique. La différence s’explique par une raison de température : il fait plus chaud en Afrique qu’en Asie. Les oreilles de ces animaux sont remplies de veines. En battant des oreilles, l’éléphant rafraîchit son sang. L’éléphant d’Afrique a deux doigts au bout de sa trompe alors que celui d’Asie n’en a qu’un. Ces protubérances au bout de sa trompe lui servent à attraper les feuilles des arbres, comme une pince. En Afrique, l’éléphant trouve sa nourriture en hauteur et n’a pas besoin de pince alors qu’en Asie, l’éléphant trouve sa nourriture au sol. La courbure du corps diffère aussi, l’éléphant d’Asie a le dos rond alors que son cousin africain a le dos creusé. Au niveau de la tête, l’éléphant d’Asie a deux bosses, là où l’éléphant d’Afrique n’en a qu’une seule. Et pour finir, l’éléphant d’Asie est plus poilu. Voici deux photos des deux cousins, à gauche celui d’Asie qu’on avait pu observer au Mekong Elephant Park à Pakbeng, et à droite celui d’Afrique.

Nous sommes rassurés par la présence des locaux nous disant jusqu’à quel point on peut les approcher tout en restant en sécurité. Autant, ceux que nous avions vus en Asie étaient tous dans des petits parcs et sous la surveillance de leur cornac, autant là, ce sont vraiment des animaux sauvages capables de charger et de tuer. Les habitants nous ont relaté des accidents mortels.

Nous poursuivons tout doucement notre progression sur la piste, tantôt caillouteuse, tantôt sablonneuse, tantôt boueuse. Notre faible vitesse nous permet d’apercevoir un lézard Agama agama et deux singes Vervet bleu.

Puis nous retrouvons l’asphalte à hauteur de Taveta. Quelques kilomètres plus loin, nous tentons de dormir là où nos amis les Kaquet ont dormi il y a quelques jours à l’entrée du parc national mais nous n’avons pas autant de chance qu’eux et les gardiens nous refusent l’hospitalité. Tant pis, notre rendez-vous n’a pas fonctionné, nous allons essayer de faire marcher le hasard, qui souvent dans ces cas-là, nous réserve de belles surprises… Demi-tour car nous sommes à l’entrée du Parc national de Tsavo ouest que nous avons déjà traversé à l’aller mais pour le traverser de nouveau, nous préférons attendre le petit matin, à l’heure où les animaux sont plus actifs.

Des petites maisons de terre rouge à quelques centaines de mètres sur le bord de la route m’invitent à sortir. Nous nous arrêtons et marchons vers quelqu’un qui en fait de même vers nous. Cet homme porte la tenue traditionnelle des Maasaï. Échanges de sourires. Par chance, notre interlocuteur qui s’appelle Sab Saruni, parle bien anglais et rapidement nous invite à venir stationner devant chez lui pour la nuit. Nous lui offrons un café ainsi qu’à sa maman dans la Tiny. Il nous explique avoir 4 épouses et une trentaine d’enfants !

Le village entier est habité par des Maasaï. Je vous parlerai plus en détail dans un prochain article de cette population d’éleveurs et de guerriers semi-nomades vivant principalement au Kenya et en Tanzanie. Ils ont émigré depuis le sud du Soudan au 15ème siècle et certains se sont sédentarisés mais beaucoup maintiennent leur tradition culturelle, bien que certains Maasaï subissent en Tanzanie des tentatives d’expropriation, en particulier pour la création de parcs nationaux, et également pour les sédentariser afin qu’ils respectent les frontières. Nous en reparlerons donc plus tard, mais tout le monde a en tête les images colorées de ces Maasaï.

C’est par des dizaines de sourires d’enfants que nous sommes accueillis. Les visages des adultes ne sont pas tous aussi détendus au départ (les femmes ont au premier abord le visage plus fermé). La Tiny fait l’attraction du village. Nous proposons à quelques-uns de visiter notre petite maison et rapidement, pas moins de 20 gamins se retrouvent à l’intérieur ! D’autres attendent sagement leur tour à l’extérieur. Ceux qui ont des chaussures les enlèvent avant de monter. Ceux qui n’en ont pas montent avec leur pied tout plein de terre et de crottins d’animaux. Ce n’est pas grave, on nettoiera. L’instant restera longtemps gravé dans nos mémoires. Pas facile de respecter la distanciation sociale ici !

Lugi Nkotinai nous propose d’aller visiter le petit hameau. Les maisons sont traditionnellement construites en utilisant des branchages entrecroisés recouverts d’un mélange étanche de bouse de vache et de boue. Les maisons d’une même famille sont regroupées en cercle. La clôture est faite de branchage épineux pour protéger la nuit le bétail des prédateurs et des félins du Parc du Tsavo voisin.

Retour à notre Tiny pour y passer la nuit, une fois débarrassés de dizaines de mouches. Nous sommes bercés par les bruits des cheptels de centaines d’ovins et de bovins encerclés par des branches de buissons épineux à trois mètres de la Tiny.

Mardi 23 février 2021 :

Une des femmes vient nous offrir du lait qu’elle vient de traire. Audrey lui offre en retour le pain qu’elle vient de cuire à la poêle. 6h30, il est temps de partir car le jour vient de se lever et nous voulons profiter des premières lueurs de l’aube pour profiter des animaux sauvages. Nous serions bien restés un peu plus longtemps mais il nous faut avancer un peu dans notre parcours car à ce rythme, nous serons encore au Kenya dans six mois !

Le Soleil se lève juste. De nouveau, nous sommes montés tous les 4 dans la cabine, armés de nos jumelles et de notre appareil photo, espérant avoir autant de chance qu’à l’aller sur cette même route. Cette route coupe en effet en deux le Parc national de Tsavo Ouest. Nous étions passés à l’aller aux heures les plus chaudes de la journée et nous avions pourtant eu beaucoup de chance d’apercevoir de nombreux animaux.

Et la chance est encore au rendez-vous ce matin. Nous voyons comme à l’aller des zèbres des plaines mais cette fois par centaines ! Il y a peu de circulation sur cet axe menant vers la Tanzanie et les zèbres traversent paisiblement la route.

Les bubales de Coke sont toujours là.

Les impalas aussi.

Mais aussi des gnous bleus à barbe blanche.

Et parfois sur le même plan, des bubales de Coke, des gnous et des zèbres !

Des oryx gazelles (race du nord beisa).

Un élan commun (ou élan du Cap) pointe son museau vers nous.

Les girafes masaï sont toujours aussi élégantes.

Et puis, pour la première fois, nous voyons des pintades de Numidie.

Et enfin encore des babouins jaunes dont une femelle portant son petit.

Encore une fois, la faune locale nous a gâtés. Nous sortons du parc et nous arrêtons en bord de route pour le petit-déj et pour faire l’école. Puis à Voi, nous nous arrêtons faire des courses, remettre du gasoil et de l’eau avant de nous engager sur la route interminable de Nairobi.

Celle dont je vous avais déjà parlé avant notre incursion dans le parc. La circulation des camions y est infernale. Il est très difficile de les doubler d’autant plus qu’avec le volant à gauche, tout en conduisant à gauche, je ne vois rien avant de m’engager. Encore plus que d’habitude, l’aide d’Audrey m’est indispensable pour savoir si je peux doubler. Certains autres conducteurs téméraires et pressés doublent de manière très audacieuse et se rabattent dangereusement juste avant d’entrer en collision frontale avec un bus ou un autre camion. L’état de l’enrobé, bien dégradé sur cette portion, n’arrange rien. La présence de nombreux ralentisseurs non plus. On a déjà emprunté des routes dangereuses mais celle-ci peut entrer dans le palmarès. Bref, c’est pénible. On ne peut même pas se contenter et se satisfaire de la beauté des villes traversées qui ne sont qu’un alignement de petites boutiques, d’ateliers de réparation et de lavage pour les camions…

La route traverse sur plusieurs dizaines de kilomètres le Parc national du Tsavo. Elle fait d’ailleurs la frontière entre le parc Ouest et le parc Est. Mais là, il y a trop de circulation pour rouler au pas pour apercevoir les animaux. Nous avons quand même la chance d’apercevoir furtivement trois beaux éléphants broutant des arbustes au ras de la route.

Pas de possibilité de se garer sur les bas-côtés, ni dans les villes traversées pour y trouver un bivouac. Mais toujours grâce à notre appli, on trouve un terrain vague en retrait de la route où nous passons la nuit bien au calme à Mtito Andei, à mi-parcours entre Mombasa et Nairobi ! Quelques habitants viennent à notre rencontre, pour nous assurer qu’on est en sécurité.

Mercredi 24 février 2021 :

Journée pas très agréable aujourd’hui pour nous diriger toujours en direction de Nairobi. Toujours sur cette route qui n’en finit pas, mais le revêtement est en meilleur état. Les dépassements des différents usagers de la route sont toujours très risqués et m’invitent à la plus grande vigilance. La conduite est assez éprouvante. Les paysages et les villes traversées ne sont pas toujours au top.

Nous nous installons pour le bivouac sur le parking d’un hôtel où nous passons l’après-midi à faire l’école, à dessiner, à bricoler, à mettre en ligne le blog, à jouer et à câliner notre petit Victor qui n’est pas très en forme.

Tiens, les Marioles Trotteurs viennent de publier aujourd’hui une vidéo suite au tournage qu’ils avaient fait lors de notre rencontre ! Vous pouvez visionner le premier épisode ci-dessous. Mais surtout, abonnez-vous à leur chaîne pour ne pas louper leurs prochaines diffusions ! Merci Marion et Anatole !