256 km parcourus du 6 au 18 août 2021

80 872 km parcourus depuis le départ

Vendredi 6 août 2021 :

Ça y est, pour de bon, notre si belle aventure en Namibie touche à sa fin. Comme je vous le disais dans notre précédent article, nous venons de passer notre dernière nuit dans ce si beau pays, à Grünau dans un bivouac pas terrible le long d’une voie ferrée qu’on espérait plus tranquille que cela. Deux trains sont passés en pleine nuit dans notre chambre.

Les quelques 140 derniers kilomètres se passent tout en douceur ce matin sur la belle route asphaltée B1 qui nous mène vers la frontière de Noordoewer et l’Afrique du Sud qu’on a hâte de découvrir. Mais les paysages sont assez monotones et tristes. Aucun hameau traversé sur cette distance avant de voir les habitations précaires du township de Noordoewer. Puis enfin un peu de verdure le long du Fleuve Orange ainsi que des vignes.

Rapidement, nous arrivons au poste de douane de sortie de Namibie.

Les formalités administratives se font assez facilement. Nous faisons tamponner notre Carnet de passages en douane (CPD – passeport du véhicule). Le fait que la date de validité ait expiré durant notre séjour en Namibie ne pose pas de problème à la douanière qui ne s’en rend pas compte. Bon en fait elle ne se rend compte de rien, car c’est moi qui doit lui dire quelle case il faut remplir, où il faut signer et tamponner ce précieux sésame et quel morceau de ce carnet à souches elle doit conserver. Contrôle de notre Tax Road dont on s’était déjà acquitté à l’entrée dans le pays. Vérification du numéro de châssis de la Tiny. Le passage aux bureaux d’immigration se passe aussi facilement et les douaniers namibiens tamponnent nos passeports dont le nombre de pages vierges commence à diminuer. Heureusement qu’on était parti avec des passeports neufs et surtout avec des passeports « grands voyageurs » qui comportent plus de feuillets que des passeports ordinaires.

Nous reprenons la route pour quelques centaines de mètres jusqu’en Afrique du Sud. Nous traversons le Fleuve Orange marquant la frontière entre les deux pays et nous arrivons au poste de douane frontière de Vioolsdrift.

Première étape, nous sommes dirigés vers le poste sanitaire où nous avons la chance de pouvoir réaliser des tests antigéniques sur place, obligatoires pour entrer en Afrique du Sud. C’est le deuxième pays, après la Tanzanie, où nous avons cette possibilité de réaliser cette formalité directement à la frontière. D’une part, c’est nettement moins cher qu’un test PCR dans un labo ou dans un hôpital (ici on ne paye « que » 19€ par personne) et c’est surtout plus pratique car l’hôpital le plus proche est à plus de 300 km. D’autre part, le résultat est immédiat et pas la peine d’attendre un ou deux jours, comme cela avait été le cas pour nous au Kenya.

Tour à tour, nous passons ce désagréable test. Selon les préleveurs plus ou moins délicats, ce n’est pas forcément un moment de plaisir. Et cette fois-ci, le prélèvement est douloureux. Nous sommes invités à attendre 20 minutes le résultat. Et… le résultat tombe, Audrey est négative mais Anaïs, Victor et moi sommes positifs…

Et nous qui disions il y a encore peu : « s’il y a bien un endroit où on ne risque pas d’attraper le Covid, c’est bien en Namibie… ». Et bien, c’est raté… Avec toutes ces immensités désertiques traversées, comment a-t-on bien pu se faire contaminer ? Car même dans le peu d’endroits où on croisait du monde, dans les magasins ou les stations-services, on mettait le masque. Mais bon, il suffit de pas grand-chose, d’un petit manque d’application des bonnes règles sanitaires, d’un manque de chance et puis voilà… Certainement d’ailleurs qu’on a été contaminés à Swakopmund, la ville côtière où nous avons passé pas mal de temps et où nous avons trainé dans quelques magasins. Peu importe, le mal est là et il faut maintenant surtout veiller à ne pas contaminer les autres.

Nous sommes donc invités, tous les trois positifs, à nous réfugier dans notre Tiny, laissant Audrey gérer avec le personnel douanier ce que nous allons devenir. Mais là rapidement, on voit que ça pose problème. Car administrativement, nous sommes dans un no man’s land, entre deux pays. Nous ne sommes plus en Namibie et pas encore en Afrique du Sud… Les douaniers sud-africains nous informent que nous devons nous mettre en quarantaine dans un campsite dans la première ville qu’on trouvera en Afrique du Sud. Mais rapidement, ils se ravisent en nous expliquant que parmi les testés positifs, seuls les résidents sud-africains peuvent rentrer dans leur pays. Ce qui semble aussi compréhensible. Nous sommes donc invités à faire demi-tour. Accompagnés d’un douanier d’Afrique du Sud, nous franchissons de nouveau le Fleuve Orange jusqu’aux bureaux de douanes de Namibie.

Et là, une longue attente, une très longue attente commence. Ils ne savent pas quoi faire de nous, car la Namibie n’a pas le droit non plus de faire rentrer des non-résidents avec un test positif… Euh OK, mais bon, on ne va pas passer une quarantaine entre deux barrières… Les heures passent, et repassent… Vers 17 heures, je tente un appel au Consulat de France en Afrique du Sud qui assure l’assistance aux Français en Namibie pendant les heures de fermeture de l’Ambassade de France à Windhoek en Namibie. On me répond « oh vous savez, l’Afrique c’est lent ». La préposée prend tout de même pour me faire plaisir mon numéro de WhatsApp et promet de me rappeler 15 minutes plus tard. J’attends toujours.

La nuit va bientôt tomber et la gentille jeune femme de la douane qui s’occupe de nous nous explique qu’elle nous a trouvé un campsite pour nous mettre en quarantaine. Or les commentaires qu’on lit sur notre appli sur ce campsite nous disent que le réseau cellulaire est médiocre là-bas. Je lui explique alors que nous préférons un autre campsite où nous pourrons capter un signal GSM au cas où, pour raison médicale, on ait besoin d’appeler quelqu’un. On ne sait jamais comment la maladie peut évoluer et hors de question de s’enterrer dans un coin où on ne pourra téléphoner en cas d’urgence à des services de secours, voire à notre assistance rapatriement.

De plus il est trop tard pour refaire toutes les formalités administratives d’entrée en Namibie. Et puis, il nous faut aussi faire des grosses courses car les placards et le frigo sont vides et on ne pourra pas tenir sur notre stock de 3 litres de lait, 10 boites de conserves et une gousse d’ail déjà bien entamée. Ben oui, car on n’avait pas le droit de passer la frontière avec des produits frais et de l’alcool… J’insiste donc pour dormir sur place. Mais la femme nous explique que c’est impossible de dormir entre deux pays. Il est 19 heures, j’insiste fermement en lui expliquant qu’on est là depuis 10 heures ce matin, et que ce n’est pas maintenant à la nuit tombée, qu’on va nous obliger à conduire de nuit. Elle m’explique qu’elle va demander à son chef et qu’elle revient pour nous dire si c’est bon. Une heure trente plus tard, elle n’est toujours pas repassée. On tire les rideaux et on éteint les lumières.

Samedi 7 août 2021 :

C’est la première nuit de notre vie qu’on ne passe pas dans un pays mais dans un no man’s land. Je ne suis même pas certain que légalement on puisse. Ce sera une date dans notre passeport sans aucune présence réelle physique dans un pays. Nuit pas terrible évidemment quant à l’incertitude de notre sort administratif. Et assez bruyante tôt ce matin à cause du passage de camions. Il est 10 heures quand l’activité se calme un peu et que nous allons prendre des nouvelles. Ben oui car la femme nous a dit qu’elle embauchait à 7 heures ce matin. Et puis, ça fait quand-même 24 heures que nous sommes là !! Toujours avec le sourire, Miriam fait comprendre à Audrey qu’elle s’occupe de notre cas mais qu’elle n’a toujours pas de solution. Nous apprenons que nous sommes en fait les premiers touristes, ni Namibien, ni Sud-Africain, à se faire tester positifs entre ces deux frontières.

Bon finalement, elle revient avec un de ses collègues nous voir pour nous dire que dans le campsite où on doit passer la quarantaine, il y aura bien du réseau. Concernant les courses, elle se propose avec son collègue de la police de l’immigration d’emmener Audrey faire un gros plein au petit supermarché le plus proche mais à 55 km tout de même. Je reste avec les enfants à la douane pendant ce temps. Bon il y a presque tout ce qu’il faut dans les quelques rayons du Spar, mais les bananes en rayon sont déjà noires, les œufs ont une date de ponte de plus de deux mois, et la viande n’est pas de meilleur choix. Tant pis, on aura au moins de quoi se nourrir pendant nos dix jours de quarantaine. A part des bières car on est samedi et la vente d’alcool est interdite le week-end.

Les passeports se font tamponner et nous obtenons une extension de visa. Ah oui, car nos visas de 90 jours expirent le 12 et notre quarantaine dure jusqu’au 16 !! Nous faisons de nouveau tamponner notre Carnet de Passage en Douane car on ne sait jamais, si on ne sort pas du pays par la même frontière, pour quelque raison que ce soit.

Puis la police de l’immigration d’Afrique du Sud nous escorte jusqu’au Campsite Amanzi Trails River Adventures où nous sommes tenus de rester dix jours ferme sans sortir.

Bon, on ne va pas se plaindre car l’emplacement qu’on nous confie est franchement idéal, surplombant le Fleuve Orange, parfaitement ombragé, avec branchement électrique et même un lavabo extérieur, un coin barbecue, une petite plage… On a même accès à des sanitaires privés pour bien entendu ne pas contaminer le reste des rares clients du campsite. Le luxe. Bon un luxe au prix fort de 36€ par nuitée mais bon on n’a pas le choix. La salariée du campsite à qui je sollicite une remise me répond qu’ils ne font jamais de réduction. Nous n’avons jamais payé un prix tel dans un campsite mais là on n’a vraiment pas le choix. Et il faut s’estimer heureux car ils auraient aussi pu nous imposer une quarantaine dans une chambre d’hôtel entre 4 murs dans 10 m² avec que des covideux confinés, à se faire livrer devant la porte de la chambre dans le couloir des plateaux repas… Cela nous aurait coûté bien plus cher ! Là, on va pouvoir continuer à vivre dans notre Tiny, à prendre le grand air dehors, à cuisiner. Nous voici donc après le départ de la police (qui nous prévient qu’elle repassera voir si tout se passe bien et si nous respectons bien le confinement), installés pour les 9 prochaines nuits. Nous voici en vacances.

Bon et ce Covid alors ? Nous sommes positifs mais serions-nous des faux-positifs comme cela arrive parfois surtout avec des tests antigéniques ? Sommes-nous asymptomatiques ? Comment nous sentons-nous ?

Et bien, à vrai dire, ce n’est pas la grande forme. Aucun symptôme ne nous a dernièrement alerté qu’on aurait pu attraper ce fichu virus. Mais à y réfléchir, ça fait une bonne quinzaine de jours qu’on est tous plus ou moins patraque. Ça a commencé avec Audrey, à Swakopmund, où elle a en quelques jours cumulé de la grosse fatigue, des vomissements, de la toux sèche. Puis, dans les jours qui ont suivi, Victor et Anaïs ont enchainé. Je vous avais parlé d’Anaïs qui n’avait pas pu terminer sa rando. Elle aussi a eu quelques jours de fatigue et des passages fiévreux qui ne nous ont pas inquiété pour autant. Y compris un petit malaise rapide il y a deux ou trois jours. Puis à mon tour, cela fait quelques jours que la fatigue me couche vraiment pas tard le soir et que les courbatures m’anéantissent. Mais encore une fois, rien de tout cela ne nous a fait douter. Même pas la perte d’appétit ou les diarrhées que nous avions tous les trois. Et puis hier soir, je n’ai même pas réussi à terminer ma bière et j’en ai jeté la moitié. Ce qui n’est quand même pas bon signe même si ça ne figure pas dans les symptômes de la maladie sur le site de l’OMS.

Nous n’avons donc pas douté, trouvant toujours une explication à la fatigue, aux courbatures (route, rando…) quoique sur la route de la douane hier matin un peu quand-même…

Dimanche 8 août 2021 :

Bon, ça va mais bof. Je suis bien gêné par un poids au niveau de la poitrine mais pas trop pour respirer. Anaïs un peu et se sent essoufflée par moments. Victor, Anaïs et moi avons perdu totalement notre odorat. Même en respirant dans un flacon d’huiles essentielles ou dans le bocal de levain boulanger acide, on a l’impression de respirer dans un verre d’eau. Le goût est aussi altéré. Les maux de têtes pas très violents restent passagers et se soulagent juste avec du paracétamol. La grosse fatigue est toujours là. Les courbatures aussi. Le manque d’appétit aussi, tout comme la toux. Ce repos imposé va donc nous faire le plus grand bien.

Nous prenons nos aises sur l’emplacement. Anaïs déborde sur l’emplacement voisin pour y accrocher son cadeau d’anniversaire un peu en avance de nos amis Anne et Philippe. Philippe venait juste de récupérer sur le port la sangle qui avait servi à amarrer leur 4×4 dans leur container tout fraichement débarqué à Walvis Bay. Anaïs avait eu les yeux tout brillants en la voyant et Anne et Philippe lui avaient donc offerte pour remplacer la véritable slackline que la famille aurait dû lui amener dans leurs valises. Victor déborde sur un autre emplacement vide également pour y monter son petit atelier de menuiserie. Il complète sa collection de sculptures.

Moi, je navigue entre mon lit ou mon hamac… Audrey remet en ordre l’intérieur de la Tiny et nous prépare de bons petits plats pour qu’on retrouve l’appétit et qu’on ne perde pas de forces.

Lundi 9 août 2021 :

Un peu moins de douleurs thoraciques ce matin pour moi. Juste les symptômes grippaux et gastriques qui continuent. Donc toujours rien de méchant. Mais la fatigue me met encore à plat. Cependant, le moral reste bon car outre ces symptômes légers, nous ne sommes pas inquiets quant à une éventuelle consultation ou prise en charge médicales. Car si on devait en avoir besoin, l’hôpital de Windhoek déjà saturé et aux moyens sanitaires très limités est à plus de 800 km. Alors oui, Harry, le gentil gérant du camping nous a bien proposé des pilules qui soulagent les symptômes respiratoires du Covid mais si on pouvait s’en passer…

Harry est donc passé ce matin nous saluer. Il est super gentil et nous a proposé toute son aide si on avait besoin de quoique ce soit. Il commence déjà par nous dire qu’il nous fera un prix sur notre semaine. Sympa. Puis il nous offre une douzaine d’œufs. Il revient aussi avec deux canoës, quatre pagaies et autant de gilets de sauvetage pour qu’on aille faire des balades sur le Fleuve Orange quand on ira mieux. Bon, on ne lui a pas dit mais on va peut-être s’en servir pour entrer en Afrique du Sud clandestinement !! Ce sera plus simple…

Nous recevons la visite expresse de nos amis les Kaquet. Belle solidarité entre voyageurs ! Ils sont passés nous réapprovisionner en bières et en vin rouge !! Bon cette fois-ci, nous marquons une très rassurante distanciation sociale et nous avons tous les masques bien montés sur le nez. Il ne s’agirait pas de les contaminer car eux aussi passent la même frontière que nous prochainement. Ils devaient la passer aujourd’hui mais comme on était déjà ensemble il y a quelques jours, le mal est peut-être déjà fait et on leur a peut-être déjà refilé le bébé. Ils décident donc de prendre leur temps et de laisser passer quelques jours avant de se rendre en Afrique du Sud. On a réussi à joindre les quelques voyageurs croisés ces derniers temps. Tous sont en bonne santé. On est rassurés pour eux.

Journée repos, bricolage, cuisine, lecture, parties d’échecs, de Yahtzee et de Qwirkle, préparation pour Audrey de la rentrée scolaire et de la programmation des différentes matières pour les enfants…

Une nouvelle fois, nous savourons la chance que nous avons d’être isolés dans ces conditions plus que luxueuses, dans un cadre environnemental magnifique. Beaucoup d’oiseaux volent autour de nous. Le matin au réveil, c’est un délice. L’autre luxe est qu’il n’y a pas de babouins dans le camping…

Nous regardons la rive opposée de cette Afrique du Sud qui décidément ne veut pas de nous. Nous aurions déjà dû y poser le pied, si le Covid-19 n’avait pas paralysé le monde, le 14 juin 2020 à 13h55. Oui, c’est précis car c’était l’heure de notre vol en provenance de Saint Denis de la Réunion qu’on avait déjà acheté. Juste avant le blocage de toute l’Asie du Sud-Est et de la planète toute entière en mars 2020, nous avions prévu de traverser par la route le Myanmar puis l’Inde. Puis de mettre la Tiny sur un bateau entre Bombay et Durban en Afrique du Sud. Pendant ce temps de traversée, nous devions visiter avec Émilie et Boris cette île de l’Océan Indien avant d’atterrir à Johannesburg quelques semaines plus tard. Mais ça, c’était donc avant le Covid.

Alors on a bien réussi, comme vous avez suivi, à ne pas se laisser abattre et à toujours trouver un plan B, et même à venir découvrir l’Afrique. Mais une nouvelle fois, alors que nous sommes juste à quelques dizaines de mètres de cette Afrique du Sud, le Covid-19 nous joue encore des tours et nous empêche d’y aller.

Mardi 10 août 2021 :

Victor est pleinement guéri, à part son odorat disparu, et savoure d’avoir du temps pour jouer aux Lego, pour bricoler. Audrey est bien fatiguée et tousse. Anaïs est aussi dans un état général assez moyen aujourd’hui. Moi, je suis à plat. Je n’émerge pas avant la fin de la journée. Heureusement, l’appétit est toujours là et j’arrive à ne pas perdre de force. Je passe de la position couchée dans le hamac à la position couchée dans mon lit, avec des frissons, toujours mal à la poitrine mais sans gêne respiratoire.

Audrey a quelques forces pour faire plaisir à Victor en allant ramer un kilomètre sur le Fleuve Orange.

Heureusement, nous avons accès à Internet et nous pouvons nous divertir et passer du temps à communiquer avec les gens qu’on aime.

Mercredi 11 août 2021 :

Je semble aller un petit peu mieux au réveil et j’ai un peu plus de jus qu’hier, sans pour autant péter encore la forme mais je pense que le plus dur est derrière moi. Pour Anaïs, ce n’est pas pire. Pour Audrey, c’est un peu moins bien qu’hier. Les jours passent et on croise les doigts pour que notre prochain test Covid à la frontière en début de semaine prochaine soit bien négatif. Surtout pour Audrey car de plus en plus, on en vient à douter de son coup de fatigue d’il y a une quinzaine de jours : il n’était peut-être pas lié au Covid. Car si tel était le cas, on l’a forcément contaminée, vu les symptômes qu’elle a depuis déclarés, et c’est elle qui risque d’être positive dans quelques jours au résultat du test rapide.

Bien qu’elle ne soit pas en forme, ma chérie passe des heures et des heures toujours sur la programmation de l’année scolaire qui va bientôt commencer. Anaïs rattrape son retard sur son formidable carnet de voyage. Victor sculpte en cachette une superbe œuvre en bois pour offrir à sa sœur pour son prochain anniversaire.

De mon côté, je cherche et je prends contact avec différents transitaires sur les différents ports d’Afrique du Sud desquels la Tiny repartira certainement en fin d’année ou en début d’année prochaine, selon la destination que nous choisirons. C’est toujours long à trouver les bons interlocuteurs, à demander des devis, à étudier les différentes routes maritimes. Mais justement, comme c’est long, il nous faut déjà travailler dessus.

Nous savourons encore aujourd’hui nos conditions idéales d’isolement. Le luxe franchement.

Jeudi 12 août 2021 :

Bon ben finalement, c’est au tour d’Audrey de ne pas être en forme. Son état s’est encore dégradé depuis hier. Au moment où je commence à aller nettement mieux, c’est donc elle qui prend le relais et qui passe une bien mauvaise journée aujourd’hui.

Je vais donc un peu mieux et trouve un peu de force pour accompagner Victor faire un tour en canoë mais un fort vent rend la navigation très difficile. Même dans le sens du courant et malgré mon expérience d’ancien moniteur de kayak quand j’étais plus jeune, il nous est très compliqué de mouvoir notre embarcation. Nous ne sommes qu’à une centaine de mètres du camping mais impossible d’accoster sur la berge envahie de roseaux et de revenir chercher le canoë quand le vent sera calmé mais nous parvenons à rentrer.

La journée se passe tranquillement. En mode « low battery » tous plus ou moins, à part Victor qui va très bien.

Il n’est même pas 19 heures quand nous sommes tous les 4 sous les couettes.

Vendredi 13 août 2021 :

Les jours passent. Déjà 5 nuits dans cet agréable camping. Les plus gros symptômes liés au Covid sont je pense derrière nous à présent. Il ne persiste qu’un état général de fatigue, quelques maux de tête ou de gorge, de la toux et bien entendu l’odorat disparu certainement pour un long moment. Le programme de la journée est donc un peu le même que les jours passés. Quand un regain d’énergie nous envahit, on arrive à s’activer un peu et à faire un brin de ménage, de bricolage, de lessive, de rangement, de vaisselle… Mais rapidement, on se sent de nouveau vite fatigués. On se dit de plus en plus qu’on va certainement prolonger de nous-même un peu notre isolement au cas où Audrey ait été positive quelques jours après nous. Ce sera plus prudent et éviterait à nouveau d’être refoulés à la frontière si on y retourne dès lundi 16. Comme depuis quelques jours, nous passons une partie de l’après-midi à regarder un film sur l’ordinateur.

Puis, nous réfléchissons toujours à la suite de notre voyage, après l’Afrique du Sud si on arrive déjà à y entrer ! Nous sommes depuis quelques jours en contact avec des transitaires pour mettre la Tiny sur un bateau depuis Durban en direction de Djeddah en Arabie saoudite pour faire un tour au Proche-Orient (Égypte, Israël, Jordanie). Mais cette hypothèse que nous avons en tête depuis quelques semaines tombe un peu à l’eau car elle était soumise au fait qu’on puisse se faire vacciner contre le Covid-19 via l’Ambassade de France en Afrique du sud qui propose des campagnes de vaccination aux Français. Il devait y en avoir une dans quelques semaines au Cap où on espérait pouvoir l’être. Mais du coup pas moyen de se faire vacciner si on a eu le Covid dans les deux ou trois derniers mois… Cela va donc être compliqué de rejoindre l’Arabie saoudite qui impose beaucoup de contraintes aux voyageurs non vaccinés (quarantaine imposée dans un hôtel, deux tests PCR pour sortir de cette quarantaine). Bon, on peut espérer que l’Arabie assouplisse ses mesures d’ici là mais aussi qu’elle ouvre ses vols internationaux aux passagers en provenance d’Afrique du Sud. Et aussi qu’Israël ouvre ses frontières pour qu’on puisse y reprendre un bateau pour traverser la Mer Méditerranée. Ou bien que l’Iran rouvre ses frontières pour qu’on puisse rentrer par la route ou presque (en prenant un ferry entre les Émirats arabes unis et l’Iran). Compte tenu de toutes ces incertitudes, il nous faut aussi réfléchir à d’autres plans… ça tombe bien, on a du temps…

Il y a bien un bateau qui remonte en Égypte à Alexandrie mais il fait d’abord escale en Italie donc le temps de transport avoisine les 50 jours… donc ce n’est pas jouable. Il y a ce même bateau qui s’arrête aussi en Turquie, mais il fait d’abord escale en Italie et en Égypte…

Samedi 14 août 2021 :

Bon, finalement, il y a quand-même des hauts et des bas. Surtout pour Audrey qui reste bien affaiblie par ce fichu virus. La nuit a été bonne mais la matinée est difficile pour elle. Les migraines ne la quittent pas. Anaïs aussi connaît des pics d’énergie alternés avec des moments où elle redevient en mode hors service. Moi je vais beaucoup mieux et, même si ce n’est pas encore la grande forme, je peux enfin m’activer un peu. Je viens de retrouver un petit bout du puzzle de la Tiny que je recolle sur le bardage. Je fabrique de la pâte à bois avec de la sciure de nos toilettes sèches que je tamise et de la colle à bois pour boucher les trous du bardage à quelques endroits, histoire de cacher les derniers dégâts causés par les babouins sur notre carrosserie. Puis je ponce et je lave le bardage que je remets en peinture une fois sec dans l’après-midi.

Nous sommes tous satisfaits du résultat. A moins de le savoir ou d’y regarder de très près, on ne peut plus imaginer le carnage qu’il y a eu. Voici les photos avant et après…

Pendant qu’Audrey continue à être dans un état plus que moyen, je pars faire quelques ronds dans l’eau avec ma grande fille.

Victor, quand on a du wifi comme c’est le cas ici au camping, continue à télécharger des émissions « Rendez-vous en terre inconnue » que nous prenons plaisir à visionner tous ensemble. Ce soir, nous voici de nouveau au Kenya…

Dimanche 15 août 2021 :

Audrey est mieux. Youpi. Mais c’est à mon tour de prendre le relais. Fichu Covid. Aujourd’hui, le vent s’est calmé. Et ce n’est pas un mal car il souffle pas mal ces derniers jours rafraichissant bien l’air bien que le temps soit quasiment toujours ensoleillé.

Ah non, je reprends l’écriture de ces quelques lignes et Audrey n’est pas mieux en fait. La voilà repartie à faire une sieste en milieu de matinée…

Dernier jour de grandes vacances pour Audrey et les enfants. Demain, c’est la rentrée scolaire. Ils en profitent pour continuer à s’entrainer à la slackline, pour aller tous les deux faire du canoë.

Aujourd’hui devrait être aussi le dernier jour de notre isolement, et nous pourrions passer la frontière demain mais on craint qu’Audrey, qui a déclenché les premiers symptômes après nous trois, soit encore positive au test Covid que nous allons devoir effectuer. Ce qui voudrait dire encore repartir sur une nouvelle quarantaine… Ce n’est pas qu’on soit malheureux ici mais ça nous démange de reprendre notre cavale… Mais bon, nous trouvons plus sage de rester encore deux ou trois nuits de plus.

Lundi 16 août 2021 :

Le réveil sonne ce matin. Petit déj’. Lavage de dents. Et en route pour l’école. Bon, pas de bus à prendre cette année encore… Anaïs fait sa rentrée au lycée en seconde. Victor entre en cinquième ! Mais la professeur peine à émerger la première partie de la matinée. Moi de même. On est anéantis par ce fichu Covid. Pas de jus. Audrey se remet à roupiller alors qu’Anaïs et Victor commencent à travailler. Elle aussi depuis hier a perdu intégralement son odorat et son goût.

Après 6 semaines de vacances scolaires, le rythme est déjà repris mais autant pour Anaïs que pour Victor, il y aura beaucoup plus de travail que l’an dernier. Les quatre heures de la matinée ne seront pas de trop. Nous avons récupéré grâce à notre réseau de voyageurs pour Anaïs les cours du CNED en sciences éco, espagnol, anglais, maths, SVT, physique-chimie. Pour l’histoire-géo et le français, nous avons la chance d’avoir été mis en relation avec deux professeurs qui acceptent d’intégrer à distance Anaïs à leurs classes (une en Touraine et l’autre dans un lycée français au Portugal). Merci Mireille et Fabien ! Victor va continuer à travailler sur les manuels scolaires pour toutes les matières. Les deux se mettent cette année au latin. Les voici donc avec un programme bien chargé mais tout le monde est bien motivé. Voilà aussi pourquoi Audrey a passé des heures à établir la programmation par période et par matière pour qu’Anaïs et Victor se rendent bien compte de là où ils en sont.

Sans transition, le fait d’avoir attrapé tous les 4 le Covid aura peut-être eu au moins UN bon côté, celui de nous débarrasser de nos punaises de lit ! En tous cas, Victor est persuadé que c’est la cause ! On avait lu et reçu plein d’astuces pour s’en séparer et aucune n’avait été jusque-là 100% efficace car régulièrement on en voyait de temps en temps quelques-unes ramper au plafond. Mais depuis une dizaine de jours, on n’en voit plus une seule !!!

Finalement, après un début de journée difficile, j’arrive enfin à m’activer, ce qui n’est pas le cas de ma douce qui ne quitte pas sa tête de l’oreiller. Je bricole sur la Tiny : électricité en remplaçant les feux de gabarits défectueux, plomberie en refixant le mitigeur de la cuisine et en refaisant l’évacuation du bac à douche, deuxième et dernière couche de peinture sur le bardage, réparation d’un transat, réparation du chargeur de l’ordinateur, une petite vis par-ci par-là… Anaïs avance bien dans l’écriture de son roman, Victor avance bien sur la découpe et le ponçage de sa planche à découper, Audrey dort.

Nouvelle petite séance cinéma en fin de journée pour nous faire veiller et ne pas qu’on aille se coucher dès 19 heures.

Mardi 17 août 2021 :

Je pense qu’Audrey va battre son record de sommeil en 24 heures et s’approcher de celui du koala qui est capable de s’approcher des 22 heures de sommeil par jour. Le reste du temps, il mange. Un peu comme Audrey depuis 3 jours. Bon on pourrait en rire si ce n’était pas accompagné de violentes migraines qui ne la laissent pas tranquille depuis. Vivement qu’on se remette tous les 4 de ce satané Covid. Bon déjà 3 sur 4 de rétablis…

Deuxième matinée de collège et de lycée pour les enfants. Anaïs semble prendre plaisir à découvrir le latin. Victor prend ses premières leçons d’espagnol pendant qu’Audrey tente tant bien que mal de garder un œil ouvert.

Dernière journée, normalement, ici. Je passe régler Harry, le gérant qui aura été aux petits soins pour nous. Sympa, il m’accorde une belle remise de 30% sur notre séjour. Nous prévenons, comme nous devions le faire, les services de douane que nous quitterons le campsite demain. Ils nous annoncent nous envoyer un médecin aujourd’hui pour qu’il puisse nous établir un certificat de remise en forme. Quand il va voir la tête d’Audrey…

Les heures passent et toujours pas de docteur. Nous envoyons un message à la douane qui nous indique que le docteur habite à 180 km de là et qu’il cherche une voiture pour venir.

Nouveau film bien à l’abri dans notre cocon alors qu’Audrey en est à 3 heures successives sans s’endormir.

Bon, le docteur n’a pas dû trouver de voiture.

Mercredi 18 août 2021 :

Venons-nous de passer notre dernière nuit en Namibie ? On l’espère. Audrey est toujours HS mais comme ses premiers symptômes remontent à 10 jours, on peut espérer que son test Covid à la frontière sera aujourd’hui négatif. Pour nous rassurer, elle effectue un auto test Covid-19 qu’on s’était fait envoyer dans notre colis dernièrement depuis la France. Grrr… le résultat est positif. Que faire ? Passer la frontière quand-même ? Rester encore ici quelques jours, tout en sachant qu’un test peut rester positif même plusieurs semaines après ?

Nous envoyons un message à la douane pour dire qu’on n’a toujours pas vu de docteur. Celui-ci a dû retrouver sa voiture car une demi-heure après, il arrive. Mais elle ne fait que nous demander comment on se sent et elle mesure la saturation de l’oxygène d’Audrey, qui en dessous d’un certain taux, peut être révélateur d’une infection toujours active par le virus. Pas de prise de température pour aucun de nous 4. Elle ne demande même pas à voir les enfants qui restent dans la Tiny. Elle nous explique qu’elle va nous faire un courrier justifiant de notre isolement à montrer aux douaniers sud-africains.

C’est parti. On range tout notre campement, ce qui nous prend plus de temps que d’ordinaire car on s’est bien étalé durant ces 12 jours passés ici. On remercie aussi chaleureusement Harry pour son accueil puis nous décidons de tenter le passage de la frontière aujourd’hui.

Nous y arrivons en quelques instants. Aucune attente aujourd’hui car les bureaux de douane sont déserts. La sortie de Namibie s’effectue en 10 minutes. Nous arrivons en Afrique du Sud et le douanier qui s’occupe de la partie sanitaire nous gratifie d’un grand sourire en nous reconnaissant. Nous lui tendons l’attestation du docteur ainsi que celle du camping justifiant qu’on a bien respecté une scrupuleuse quarantaine sans quitter notre emplacement et en n’ayant aucun contact avec quelqu’un de l’extérieur. Ça le satisfait et il nous tamponne notre document nous autorisant à passer au bureau d’après. Pas besoin de faire un nouveau test Covid. Ouf… De toute façon, même positif, il nous laisserait passer en raison de notre isolement effectué. Donc autant ne pas en faire. Et c’est toujours 70€ de gagnés… Soulagement. En 10 minutes, nous passons l’étape de l’immigration où, sans visa à payer, nous obtenons un permis de séjour de 90 jours. Comme d’habitude, au bureau des Customs, nous faisons valider notre Carnet de passage en douanes. Nous ne trouvons aucun bureau qui vende des assurances pour le véhicule comme on en trouve en général aux frontières. A nous l’Afrique du Sud ! Enfin !

Pas besoin urgent de retirer de l’argent car la monnaie officielle d’Afrique du Sud, le rand, est aussi utilisée en Namibie et régulièrement on payait en Dollar namibien et on nous rendait la monnaie en rand. On s’était donc gardé quelques billets d’avance pour commencer notre séjour ici en attendant de trouver un distributeur de billets sans frais de retraits locaux.

Pas d’urgence non plus pour acheter une carte SIM car nous avons réactivé notre carte Free qui couvre l’Afrique du Sud.

Nous arrivons dans la région du Cap-Nord qui est de loin la province la plus étendue de l’Afrique du Sud, mais aussi la province la moins peuplée du pays. La densité de la population est de 3,5 habitants au km² et n’est donc pas beaucoup plus élevée qu’en Namibie. Seulement 1,3 millions d’habitants sur l’équivalent de plus de la moitié de la superficie de la France. Un immense plateau aride à environ 800 mètres d’altitude. Une longue et belle route asphaltée et rectiligne bordée comme dans le pays précédent de clôtures grillagées.

Le ciel est bas, très bouché ce qui ne nous est pas arrivé depuis très longtemps. Nous devons même remettre les essuies glaces en marche. Ils grincent car on n’a pas vu une goutte de pluie depuis notre arrivée en Zambie il y a plus de 4 mois ! Un peu triste cette arrivée.

Il est 16 heures et Audrey qui est éveillée depuis 7 heures ce matin (oui, c’est un exploit) ne va pas tarder à commencer sa nuit. Heureusement, la migraine a été un peu moins forte pour ma chérie aujourd’hui. Nous nous arrêtons à la première petite ville de Steinkopf et juste le temps que j’aille faire trois courses en attendant le passage dans un plus grand supermarché dans les prochains jours, Audrey est quasiment endormie. Du coup, on cherche un bivouac et pour ce soir, ce sera parfait sur un parking d’église. 18h45, il est temps d’aller au lit. Une bonne nuit de sommeil et ça devrait aller mieux demain et la cavale reprendra après ce repos forcé…