1. Les Mollalpagas reprennent la route !
« La larme à l’œil, le cœur serré, la boule au ventre, nous voyons notre bébé qui nous a transportés dans tant de merveilleux endroits, à la rencontre de tant d’habitants d’Uruguay, d’Argentine, du Brésil, du Paraguay, du Chili, du Pérou, d’Equateur et de Bolivie si chaleureux, si accueillants…, qui s’éloigne de nous… ». Cette phrase, une des dernières de notre blog consacré à notre voyage d’une année en camping-car en Amérique du Sud, était l’une des dernières que j’avais écrite en juillet 2016 sur le port de Montevideo en voyant notre véhicule qui allait embarquer sur le navire roulier qui allait le ramener en Belgique, juste avant que nous ne reprenions l’avion. Je venais le même jour pour une dernière fois d’éteindre la balise GPS qui nous servait de tracking et qui vous permettait de nous suivre sur notre blog durant nos aventures. Je me revois verser ma larme, en train de serrer les mains d’Anaïs, Victor et d’Audrey en effectuant cette manipulation. Ce petit rituel d’allumer et d’éteindre ce petit boitier orange, avait été effectué à chaque bivouac durant une année entière. Il était synonyme chaque fois d’une fabuleuse journée qui venait de se terminer ou d’une nouvelle qui allait nous offrir tant d’émerveillement.
Un peu plus de deux années ont passé depuis ce jour. Deux années durant lesquelles nous avons tenté de refermer cette parenthèse de cette incroyable expérience sud-américaine. Mais en fait, cette année que nous pensions avant de partir n’être qu’une parenthèse de notre vie a plutôt été un tremplin vers d’autres aventures. Durant ces deux années, nous avons chacun repris notre rythme scolaire et professionnel. Nous avons retrouvé notre famille, nos amis, notre maison, notre « confort » …
Mais très vite, nous avons eu besoin d’avoir un nouvel objectif. Nous avions mis en effet six années à préparer notre première aventure et une année à la vivre pleinement. Soit sept années de notre vie à chaque jour rêver de ce voyage. Autant vous dire qu’au retour, « retomber dans la routine », certes confortable et heureuse, nous a vite semblé un peu fade. Passé le temps merveilleux et intense des retrouvailles des proches, une certaine monotonie s’est installée. Le super confort de la maison avec tout l’électroménager à disposition, l’eau courante, le wifi à volonté qui sont des éléments qu’on est certes contents de retrouver après une année en camping-car nous a paru presque superflu. Cette société d’hyper consommation dans laquelle on est évidemment retombé nous paraissait elle aussi bien déroutante. Ce moment où le grille-pain tombe en panne et où on ne peut pas s’empêcher de vivre sans et où on se dépêche d’aller dans un magasin ou sur un site de vente en ligne pour en commander un autre en espérant une livraison rapide. L’imprévu nous a manqué, celui d’une rencontre avec un gaucho fièrement monté sur son cheval au fin fond de la Patagonie, celui des mystérieuses statues de l’île de Pâques, celui d’une visite d’un site inca passionnant au Pérou, celui d’un merveilleux paysage à 5000 mètres d’altitude en Bolivie, celui d’un pan énorme d’un glacier haut de 60 mètres qui s’effondre dans l’eau devant nous, celui d’un asado ou d’un maté partagé avec une famille à Bahia Blanca, celui d’une marche dans la forêt amazonienne, celui d’une baleine qui surgit à quelques mètres de nous à Valdès, celui de voyageurs croisés sur la route qui pour beaucoup sont devenus des amis de retour en France, celui d’une nage au milieu des requins, des tortues marines ou des autres espèces endémiques aux îles Galápagos mais surtout celui de chaque habitant croisé nous offrant un sourire, un pouce levé, ou tout simplement la bienvenue… Même l’imprévu d’une panne au plus profond d’un désert chilien, l’imprévu d’une roue déchiquetée sur une piste de 600 km en Bolivie, l’imprévu d’une meute de chiens errants entourant notre bivouac, l’imprévu d’un ensablement dans le désert péruvien, l’imprévu d’un bivouac pourri dans une station-service entouré par deux camions frigorifiques qui tournent à plein régime toute la nuit, et encore bien d’autres nous ont manqué… Car chaque galère avait été l’occasion de faire de belles rencontres et d’expliquer aux enfants que face à chaque difficulté, on trouve une solution.
La citation berbère de notre ami Driss qu’il nous avait appris quelques années auparavant dans une merveilleuse oasis si bien cachée dans l’Atlas Marocain nous a accompagnés durant tout notre voyage : « Le hasard vaut mieux qu’un rendez-vous ». Nous avons eu largement le temps d’en comprendre son sens durant notre aventure et d’en vérifier son exactitude. Mais également à notre retour en France. Durant ces deux années, la vie, aussi belle soit-elle, a manqué d’imprévu et de hasard… Et ce, malgré encore une fois la chance d’être entouré de notre famille et de nos amis qui nous sont chers…
Que faire alors ? Ce besoin était plus facilement exprimé par nous-mêmes que par nos enfants. Anaïs et Victor n’ont pas trop manifesté de « blues » au retour d’Amérique du Sud. Très vite, Audrey et moi avons eu besoin de nous replonger dans les souvenirs du voyage. Cela est passé dès le premier hiver par l’écriture de notre livre et la réalisation d’un film. Nous avons diffusé ce dernier à l’occasion de nombreuses conférences durant lesquelles, nous avons raconté notre voyage à des centaines de personnes. Quelle joie de partager et de voir dans chacune de nos interventions, les yeux d’au moins une famille qui se disait « et pourquoi pas nous ? ». Et là, avec Audrey, on se disait que notre conférence était gagnée, ne serait-ce que pour cette famille qui un jour osera très certainement franchir le pas d’aller à la découverte du monde avec ses enfants, que ce soit en camping-car, en bateau, à pied, à cheval ou en bobsleigh. Nous avons participé à des rassemblements de voyageurs. Nous avons suivi sur internet et sur les réseaux sociaux des amis et des inconnus à leur tour en voyage. Quelques déconvenues professionnelles de mon côté associées à un manque de prise de plaisir n’ont pas facilité les choses. Audrey, de son côté, a continué avec passion d’exercer son métier de professeure des écoles. Mais il lui manquait également quelque chose. Très très vite, nous avons compris qu’il nous fallait vite un nouveau projet, un nouveau rêve. Il n’a pas fallu chercher bien loin, vous aurez compris…
Nous avons donc très vite remis en état notre camping-car qui avait bien souffert sur les quelques 27000 km de routes sud-américaines dont environ 3000 km de pistes défoncées. Il a fallu le bichonner et lui remplacer différents organes de direction, de suspension, de freinage, de pièces mécaniques. Nous avons ajouté des panneaux solaires, remplacé le frigo, fabriqué une cave à vin, et aménagé différents agencements intérieurs dans le but d’un nouveau départ, un jour… Pour ceux qui nous avaient suivis durant notre galère mécanique au Chili, nous sommes retombés en panne en France avec les mêmes symptômes… Ici, la panne a été vite détectée et réparée. Il s’agissait du capteur PMH à quelques dizaines d’euros et qui nous a pourtant immobilisé 3 semaines dans un garage dans le plus profond du désert d’Atacama. Bref, le camping-car après plusieurs mois de travaux était fin prêt à repartir…
Mais c’était sans compter sur cette rencontre avec des voyageurs voisins de chez nous que j’ai contactés par internet suite à la lecture de leur blog, afin de provoquer une rencontre. Par un beau dimanche ensoleillé, nous recevons donc la famille Taconet (Stéphanie, François, Anouk, Titouan et Montaine) chez nous et échangeons sur nos voyages respectifs réalisés et sur nos futurs projets… Eux projettent de partir très rapidement en Amérique du Sud faire le même circuit que le nôtre. Nous, nous rêvons de partir de là où ils reviennent, le Moyen Orient et l’Asie du sud-est. La conversation vient naturellement sur La Cabane en cavale, leur véhicule atypique qui les a conduits durant leur premier voyage. Et oui, François a construit lui-même une Tiny House sur un porteur Mercedes. Les photos nous laissent rêver. Ils nous font part également de leur projet de mettre en vente leur véhicule car ils sont en train de s’en construire un autre sur le même modèle mais encore plus grand afin de partir à la découverte des Amériques en 2017. Bien entendu, n’étant pas du tout dans l’optique d’un changement de véhicule, et ayant investi pas mal de temps et d’argent dans notre fidèle camping-car Mac Louis, nous n’apportons pas d’importance à cette proposition de vente.
Mais c’était sans compter sur ma nouvelle rencontre quelques jours plus tard dans les ateliers de François où je découvre et visite la Tiny. Et là, coup de cœur indescriptible en montant dans le véhicule. Tout me séduit, la chaleur et l’odeur du bois, la déco, l’aménagement intérieur, la mécanique (plus ancienne et plus robuste car moins d’électronique qu’un véhicule plus récent) … Aussitôt, j’appelle Audrey… Le lendemain, Audrey et les enfants sont eux aussi charmés en visitant cette cabane roulante. Trois jours après, Stéphanie et François nous prêtent le temps d’un week-end la cabane installée en bord de mer face à l’île de Ré…à côté de notre futur-ex camping-car…Deux jours après, notre camping-car Mac Louis est sur le Bon Coin et la cabane nous appartient ! En guise d’anecdote, ce sont Cathy et Julien, des futurs voyageurs qui nous achètent notre véhicule pour partir voyager… en Amérique du Sud ! C’est bon, il connaît la route !
Il me faut vite alors passer le permis C1 (poids lourds – de 7,5 tonnes) pour dès les prochaines vacances à venir, profiter de notre nouveau jouet. C’est chose faite et dès l’été 2017, nous partons à l’ascension des Pyrénées. La vie à bord est incroyablement agréable. Le regard médusé ou le sourire des passants et des curieux nous engagent dans beaucoup de discussions agréables. Photos, selfies, vidéos des conducteurs (et motards !) en roulant nous amusent. Anaïs et Victor prennent plaisir également à vivre durant 6 semaines consécutives dedans. Les mois suivants se passent à l’aménagement et à la réalisation de nombreux travaux pour s’approprier un peu celle que nous appelons dorénavant « la Tiny ». L’hiver suivant nous permet de la tester dans le Massif Central. Décidément, même en condition hivernale, les conditions de vie à bord sont excellentes. On l’aime. On l’adopte…
A l’été 2018, les choses n’évoluant pas du bon côté dans mon boulot et l’envie pressante de vite repartir accélèrent considérablement un éventuel futur départ sur les routes du monde… Nous décidons de mettre les voiles en octobre de cette même année. Autant dire qu’il ne nous reste que quelques mois pour tout préparer au niveau intendance, mécanique, administratif, santé, scolaire… De nombreuses semaines à vivre à fond dans ces préparatifs de ce prochain tour du monde. Nous annonçons la nouvelle aux enfants en juin. Anaïs et Victor, les larmes de bonheur aux yeux nous sautent dans les bras. Notre famille est prévenue également et est évidemment partagée entre la tristesse de nous voir partir pour une plus longue durée et la joie de nous voir réaliser notre rêve.
Les choses s’accélèrent. Les jours sont comptés d’autant plus que nous devons quitter pendant plusieurs semaines notre maison d’habitation pour les locations saisonnières. Très vite, le mois de septembre arrive. Audrey, ne fait pas la rentrée scolaire car elle a dû démissionner de ses fonctions pour mener à bien notre nouveau projet de vie. Une éventuelle disponibilité lui a été refusée. Ce sera ainsi l’occasion à notre retour de donner un nouveau souffle à sa carrière professionnelle, bien qu’elle ait pris beaucoup de plaisir à enseigner durant 16 ans. Elle aura marqué, j’en suis certain, les quelques 400 élèves qui auront eu la chance de l’avoir comme maîtresse. (Ce n’est pas elle qui écrit, mais moi…). En témoigne encore, pas plus tard que la rencontre il y a quelques semaines, une ancienne élève aujourd’hui jeune adulte, qui était tellement ravie de la revoir.
Mais durant notre prochain voyage qui commence bientôt, elle mettra à contribution ses compétences et sa passion pour commencer l’instruction en famille à nos deux enfants. Elle aura cette année une classe à double niveaux. Victor entre en CM1 et Anaïs en 5ème mais… l’école se fera pour eux dans la cabane durant les 3 années à venir.
Et oui, car nous avons prévu de partir sur une longue période afin d’en profiter un max !! Notre premier voyage est tellement vite passé que, quitte à lâcher nos boulots et quitte à repartir, nous prévoyons de faire cette fois un encore plus grand voyage. L’itinéraire se profile, se peaufine, change, s’inverse, rechange… Nous étudions les conditions météorologiques et géopolitiques afin de dessiner sur la mappemonde un parcours. Ce n’est pas évident. Nous tenons compte des avis des autres voyageurs, des lectures des différents blogs, de sites internet d’aide à la planification d’itinéraires. Nous ajoutons des pays, nous en enlevons car nous découvrons que certaines frontières sont fermées ou que certains pays n’autorisent pas la circulation sur leur territoire de véhicules étrangers. D’autres ne délivrent pas de visas, ou très difficilement, ou bien alors que des visas de transit de quelques jours pour traverser le pays sans s’arrêter. Encore d’autres, comme la Chine ou la Birmanie, imposent d’être accompagnés d’un guide sur toute la traversée. Le tracé est terminé mais bien entendu pas définitif on le sait. Car le monde change tous les jours. Et puis, nous voyageons également pour nous laisser guider par le hasard.
Le mois de septembre se poursuit par un tour de la famille dans le Nord et le Pas de Calais, l’occasion de dire au revoir aux oncles, tantes, et cousins. L’occasion également de tester une dernière fois les capacités mécaniques de la Tiny suite à quelques réparations effectuées dernièrement.
Nous passons également du temps à préparer notre maison d’habitation et à accueillir nos charmants locataires. C’est en effet Emilie, ma nièce et filleule adorée et son adorable compagnon Boris qui vont s’occuper de notre nid douillet durant les 3 années à venir.
J-3 avant le départ. Nous nous étions fixés depuis plusieurs mois la date symbolique du 8 octobre comme date de départ. Nous ne voulions en aucun cas louper ce que nos amis Annie et Stéphane Marais organisent ce week-end pour la 7ème édition, le Festival des Aventuriers à Tonnay Charente près de chez nous. Car c’est bien la famille Marais qui a déclenché en nous cette soif de découvrir le monde, de le parcourir en camping-car avec nos enfants. Ils font partie de ces toutes premières familles dans les années 2000 à avoir osé franchir le pas et partir réaliser un tour du monde de 4 ans. Autant aujourd’hui, nous sommes des centaines de familles à le faire, autant à l’époque ce n’était pas la même chose. C’est grâce à lecture d’un de leurs livres qu’Audrey m’a dit il y a environ 10 ans « c’est ça que j’ai envie de faire… ». La diversité des projections des différents aventuriers de ce week-end et la rencontre avec nos amis voyageurs, n’ont fait que confirmer notre envie folle de partir à la rencontre des habitants de notre planète !
J-1 avant de pouvoir rallumer la balise GPS, signe du début de notre nouvelle aventure en direction de l’Europe du Sud, du Moyen Orient, de l’Asie Centrale, de l’Asie du Sud Est et de l’Afrique. Nous espérons que vous serez nombreux à nous suivre via ce blog et les réseaux sociaux ! Pensez à vous abonner à la « Mollaletter » en bas de page pour ne pas louper les prochaines publications. Une chose est sûre, c’ est que vous allez nous manquer, alors donnez-nous vous aussi des nouvelles !
Place au départ et aux premières péripéties (car oui, il y en a déjà eues…) dans un prochain article !