573 km parcourus du 26 au 31 janvier 2020

48 028 km parcourus depuis le départ

Dimanche 26 janvier 2020 :

Notre cavale thaïlandaise se poursuit. Nous quittons avec plaisir la sulfureuse ville de Pattaya qui comme je vous l’ai expliqué dans le dernier article ne nous a pas emballés. Nous ne sommes plus qu’à 110 km de l’aéroport international Suvarnabhumi de Bangkok. Cette dernière matinée d’école avant les vacances est entrecoupée de moments pour scruter l’avancée de l’Airbus A350 qui transporte des personnes qui nous sont chères ! 14h22, ça y est, il vient de se poser sur le tarmac après un vol direct de 11h30 depuis Roissy. Une heure plus tard, seulement Audrey et les enfants peuvent aller accueillir Liliane, Daniel et Alexandre dans l’aérogare alors que je reste à volant en jouant au chat et à la souris avec la police qui me chasse au fur et à mesure que je change d’emplacement devant l’aéroport. Ça y est, alors que nous ne les avions plus vus depuis le mois de mai dernier, nous pouvons enfin serrer dans nos bras les parents et le petit frère d’Audrey. C’est certes long mais nous avons la chance que ce soit déjà la troisième fois (Maroc, Ouzbékistan et à présent la Thaïlande) qu’ils nous rejoignent depuis le début de notre aventure. En attendant la quatrième… mais ce sera sur un autre continent et dans un autre hémisphère…

Leurs valises sont lourdes. Très lourdes. Tellement lourdes qu’ils ne les ont même pas retrouvées sur le tapis roulant en sortant de l’avion. Elles étaient posées à côté par le personnel aéroportuaire qui avaient collé un autocollant bagage trop lourd (27 kg) sur l’une des valises !

Pas le temps de se poser pour prendre le temps et profiter des retrouvailles. Nous voici déjà sur les autoroutes contournant la grande mégalopole de Bangkok. Notre première nuit est prévue à environ 80 km au nord de la capitale et nous voulons arriver avant la nuit. Par étonnement, la circulation est fluide et juste ralentie par quelques péages pas très coûteux. Nous installons nos invités à l’hôtel à Ayutthaya alors que nous bivouaquons dans la rue car l’accès au parking est trop petit pour notre encombrante Tiny. Discussions sympathiques avec quelques français toujours bien étonnés de voir circuler un véhicule immatriculé en France aussi loin !

Nous nous posons autour de quelques bières Chang à la terrasse du resto et là, on comprend mieux pourquoi les bagages étaient si lourds ! Grand déballage… Bon, c’est vrai on avait fait livrer pas mal de choses chez eux, dont déjà 10 kg de pièces de freinage, mais aussi des livres, des guides, des cartes routières, des chargeurs, un appareil photo réparé et pleins de petits articles divers. Nos amis les BAAM, en ont également profité pour se faire livrer quelques pièces mécaniques. Mais quoi de plus normal que de s’entraider entre amis et entre voyageurs quand on a besoin d’un service !

Mais en plus de toutes ces petites commandes, ils nous gâtent tous les trois de fromages, de saucissons, de Nocciolata, de tablettes de chocolat, de foie gras, de bouteilles de vins (Merci Pascale !), et de cadeaux pour Anaïs et Victor. Liliane a fait de la couture pour nous et nous découvrons nos nouveaux draps housses à la taille spécifique de nos lits qui vont remplacer les nôtres tous déchirés, une pochette de protection pour la liseuse d’Anaïs, une housse de rangement pour les outils de travail du bois de Victor qu’il s’empresse de garnir des nouveaux outils offerts par ses deux papis… Mon papa, quant à lui, nous a préparé les petits gâteaux pied-noir faits maison et traditionnels de notre famille. Quel délice ces Oreillettes et ces Mantecaos.

Bon, les voilà déchargés de plus de 20 kg de bagages ! MERCI encore !!!

Nous sortons en ville et allons marcher au milieu de la foule célébrant toujours le nouvel an chinois. Mais une nouvelle fois, la musique criarde nous fait fuir et c’est dans un petit resto que nous faisons découvrir à Liliane, Daniel et Alex les premières saveurs thaïlandaises.

Entre la fatigue du voyage, le choc thermique à la descente sur le tarmac, cette longue journée, et 6 heures de décalage horaire, il est l’heure pour nos invités d’aller se reposer.

Lundi 27 janvier 2020 :

Au programme d’aujourd’hui, visite de la ville d’Ayutthaya classée au Patrimoine mondial par l’UNESCO. La ville, fondée en 1350, fut la deuxième capitale du royaume de Siam. Pas moins de 33 rois ont régné sur la ville. Entre le 14ème et le 18ème siècle, cette cité florissante devint l’une des agglomérations les plus grandes et les plus cosmopolites du monde, ainsi qu’un centre mondial de la diplomatie et du commerce. Ayutthaya était construite sur une île entourée de trois fleuves la reliant à la mer, à un emplacement stratégique, qui la mettait à l’abri des attaques de navires de guerre étrangers. Cette position la protégeait également des inondations saisonnières. Son réseau d’adduction d’eau unique au monde était d’une technologie très avancée. Idéalement située en haut du golfe de Siam, à égale distance de l’Inde et de la Chine et suffisamment en amont pour résister aux puissances arabe et européenne alors en expansion dans la région, la ville était en train d’asseoir et d’étendre sa puissance en occupant le vide laissé par la chute d’Angkor. Elle devint ainsi un véritable centre économique et commercial à l’échelle régionale et mondiale, et une passerelle entre l’Orient et l’Occident. À son apogée, la ville, dont le nom complet est Phra Nakhon Sri Ayutthaya, comptabilisait près d’1 million d’habitants, plus de 375 temples et une trentaine de forts !

La ville fut attaquée et rasée en 1767 par l’armée birmane, qui en chassa ses habitants. Elle ne fut jamais reconstruite au même endroit et ses ruines constituent aujourd’hui un vaste site archéologique que nous visitons. Nous passons donc notre journée à déambuler dans ces vestiges de prangs (tours reliquaires) et de monastères bouddhistes aux proportions gigantesques qui donnent une idée de la dimension passée de la ville et de la splendeur de son architecture. Lorsque la capitale du royaume restauré fut déplacée, c’est le modèle urbain et le style architectonique d’Ayutthaya que l’on chercha à reproduire. Beaucoup d’architectes et de maçons d’Ayutthaya travaillèrent alors à l’édification de la nouvelle capitale Bangkok, notamment en réutilisant les matériaux des anciens temples et pagodes d’Ayutthaya.

Wihan Phra Mongkon Bophit est le seul temple du temps d’Ayutthaya encore en activité aujourd’hui. Il s’agissait aussi d’un temple royal, faisant partie d’un ensemble similaire au Grand Palais de Bangkok actuel. Il fut bien entendu endommagé après le passage de l’armée birmane, celle-ci y ayant mis le feu, le toit s’effondra et l’imposant Bouddha assis (12 mètres de haut sans compter la base) en son sein s’est retrouvé à l’air libre pendant plus de 200 ans jusqu’à ce qu’une restauration soit entreprise en 1957. Beaucoup de fidèles prient, font des offrandes et remplissent les urnes de billets.

Wat Phra Si Sanphet est le plus grand des sites. Datant de la fin du 14ème siècle, il était auparavant une importante chapelle royale. Les 3 chedis centraux abritant les restes de 3 rois d’Ayutthaya du 15ème et du début du 16ème siècles. Les Birmans ayant fait preuve de rage envers leur ennemi, le temple n’est aujourd’hui plus qu’un vaste champ de ruines.

Wat Ratcha Burana, est un temple construit par le roi, sur l’emplacement du lieu d’un combat entre ses 2 fils se battant à mort pour la prise du trône (ils y sont restés tous les 2…).

Il est temps d’aller reprendre des forces sous les ventilateurs d’un petit resto et de fêter la visite d’Ayutthaya. Il faut en effet bien trouver un prétexte pour boire une bière !

Wat Phra Maha That est un imposant complexe qui fut l’un des premiers établis dans la nouvelle capitale. Le chedi principal est en ruine Le site a en particulier souffert des tremblements de terre qui ont transformés certaines tours en mini Pise et pliés le terrain comme du chewing-gum. Il a également souffert de terribles inondations destructrices comme récemment en 2011. Le site est réputé pour sa tête d’une statue de Bouddha incrustée dans les racines d’un arbre, devenu un véritable symbole d’Ayutthaya.

En chemin, nous passons aussi devant d’autres monuments comme le Wat Chaiyaphum avec son élégant chedi ou bien le Wat Phra Ram. Les principaux temples se situent dans un agréable parc où des cigognes font les belles.

C’est en tuk-tuk que nous allons visiter un temple un peu excentré. Ces taxis locaux ont une forme bien particulière ici et sont tous customisés.

Le Wat Yai Chai Mongkhon fut construit à la fin du 16ème siècle pour marquer la victoire du roi Narusuan envers un prince Birman dans un combat singulier marquant un tournant dans la guerre Birmano/Thai faisant rage à l’époque. Son nom signifiant d’ailleurs « le grand monastère de la victoire ». Nous voyons beaucoup de fidèles thaïs qui viennent toujours faire leur prière devant le Bouddha allongé, aujourd’hui à l’air libre, son toit de protection ayant disparu avec les effets du temps.

On admire l’imposant chedi de 62 mètres. Il est situé dans un cloître entouré de ces 135 statues de bouddhas.

Voilà une première journée de visites bien remplie alors que nos invités ne sont pas encore remis du décalage horaire. La journée se termine par l’annonce d’une surprise (enfin de deux, mais chut encore…). Nous expliquons à nos enfants toutes les cachotteries que nous leurs faisions depuis quelques jours en passant des heures sur les écrans à chercher comment nous occuper le temps de notre shipping entre l’Inde et l’Afrique du Sud. En effet, durant ces 18 à 20 jours, nous n’aurons pas notre Tiny avec nous. Eh bien, nous leur annonçons que nous venons de réserver nos billets d’avions pour faire escale en France pendant une douzaine de jours. Oui, nous allons faire un crochet vers notre pays 20 mois après l’avoir quitté. Mais, nous allons atterrir à 9338 km de notre domicile sur un petit caillou dans l’océan Indien entre l’Inde et l’Afrique ! Je vous laisse chercher la destination…

Mardi 28 janvier 2020 :

La cavale reprend en direction de la capitale. La Tiny est bien chargée avec 7 personnes à bord mais se comporte bien malgré ses 5260 kg annoncés par la bascule par laquelle je viens de faire un crochet. Ça va, à peine 460 kg de surcharge. C’est bien moins qu’en Amérique du sud où notre précédent camping-car avait une tonne de surpoids quand la famille nous avait rejoints en 2016.

La Thaïlande dans la région où nous sommes est un plat pays (un peu trop à notre goût) et nous roulons exclusivement sur des autoroutes (un peu trop à notre goût). Bon, c’est quand-même un gros avantage car la Tiny ne souffre pas et ses passagers non plus, contrairement à la dernière fois où la famille nous avait rejoint en Ouzbékistan, voire même au Pérou ou en Bolivie où les portions de route ou de pistes défoncées étaient bien longues…

Grâce au raccord spécifique qu’on avait récupéré en Iran chez les Macax qui revenaient de leur périple asiatique, nous refaisons facilement avec toujours autant de facilité le plein de nos deux bouteilles de gaz au GPL. Le dernier remplissage avait été effectué en Mongolie il y a plus de 5 mois !

La circulation se densifie à l’arrivée à Bangkok. Normal pour un espace urbain aussi grand, composé de 20 millions d’habitants. On arrive finalement à l’hôtel qui m’avait assuré avoir un parking. J’avais même demandé des photos pour être sûr que je puisse y stationner. Effectivement, il est petit mais suffisant pour qu’on puisse y bivouaquer. Mais l’accès est bien trop étroit. Après hésitation, je m’y engage quand-même, pensant que ça devrait juste passer. Ben dès fois, je me trompe. C’est la catastrophe, à gauche ça passe, mais à droite, il manque 3 cm. Les tuiles débordantes des avancées de toits s’encastrent dans un poteau. Impossible de manœuvrer sans faire de la casse. Je suis coincé. Marche arrière. Les tuiles s’arrachent et explosent une à une. Bilan, au moins 50 cm de tuiles massacrées. Et pas de parking pour la Tiny. Nos amis voyageurs, passés par la capitale il y a peu nous ont bien prévenus que le stationnement était hyper compliqué à Bangkok. Pas le choix, il nous faut trouver quelque chose. Tout le monde descend et nous partons seuls avec Audrey à la recherche d’une place. Un thaï nous voyant en difficulté nous propose de le suivre en direction d’un parking public. Mais 3 km plus loin, il est complet. Un autre parking payant refuse de nous héberger. Un parking de restaurant également, bien que nous proposons de payer. Les moines d’un temple avec qui Audrey parlemente pendant 20 minutes, refusent aussi. Par chance, nous trouvons par hasard un grand parking gratuit, dont les employés travaillant dans les restos voisins nous disent que c’est bon. Nous ne sommes qu’à 1 km de l’hôtel. C’est parfait, même si on est au niveau d’un immense échangeur autoroutier et entouré de plusieurs mètres cubes d’ordures… On a connu mieux en bivouac mais nous sommes ravis de cet emplacement. Aussitôt, je remplace par des tuiles qu’heureusement j’avais pris d’avance, la toiture abîmée.

C’est à pied que nous rejoignons les rives de la Chao Phraya, le fleuve traversant la capitale. Un peu sur le principe du vaporetto sur le Grand Canal de Venise, des transports publics permettent de traverser la ville. Le bateau change de rive à chaque arrêt.

Et là, quelle surprise de retrouver par le plus grand hasard, un couple de voyageurs espagnols avec qui nous avions passés beaucoup de temps en Iran, il y a un an. Nous retrouvons nos amis, les Big Van Dream, Mayalen et Julio, avec qui nous nous étions si bien entendus et avec qui nous avions pris tant de plaisir à partager du temps  à plusieurs reprises entre Téhéran et l’île de Qeshm. Ils s’apprêtent à laisser leur vieux mais vaillant Mercedes 508 en repos en Asie du Sud-Est et partent travailler un an en Australie. Quand on dit que « le hasard vaut mieux qu’un rendez-vous » ! Furtive mais incroyable rencontre…

Nous débarquons du Chao Phraya River Express à l’arrêt de Si Phraya et réservons aussitôt une autre balade sur un autre petit bateau pour aller découvrir le quartier des Khlong. Le début de la navigation nous fait slalomer sur ce fleuve où la circulation est très dense. Toutes sortes de bateaux, très petits à très grands, voire très longs pour certains, peut-être plus de 200 mètres. Jusqu’à 4 ou 5 immenses péniches sont attachées les unes aux autres et sont dirigées par deux remorqueurs.

Nous observons les immenses gratte-ciels de verre, de béton et d’acier, à l’architecture futuriste pour certains.

Puis, le pilote de notre long tail boat quitte cet axe principal et s’engage sur un réseau de canaux, appelés Khlong. Un labyrinthe de 350 km de canaux parcourt la ville. Passés une première écluse, on se retrouve dans un tout autre quartier de Bangkok, loin de l’agitation et du bruit. La différence de richesse est saisissante, d’une maison à une autre. De belles villas et de grandes demeures protégées par des hautes grilles sont mitoyennes de maisons beaucoup plus modestes faites de bois et de tôles, certaines à la limite du bidonville. Beaucoup sont sur pilotis. Certaines se devinent à peine parmi la luxuriante végétation.

La pollution des eaux est impressionnante. La couleur de l’eau n’invite pas à se baigner même si des enfants le font.

Nous passons devant de nombreux temples. D’immenses statues de Bouddha sont en construction.

La boucle se termine et le bateau nous dépose devant le marché aux fleurs de Bangkok. Ce sont les fleurs que nous retrouvons dans beaucoup des temples du pays. Le volume est considérable. Des mètres cubes d’orchidées, d’œillets, de roses d’Inde, de tokyos, de lotus. Les femmes ont une façon bien à elle d’ouvrir un à un les boutons de fleurs. De nombreuses compositions florales sont assemblées. Tout est d’une fraîcheur incroyable.

Nous continuons notre déambulation dans Bangkok et nous dirigeons, toujours à pieds vers le quartier indien mais curieusement, tous les magasins sont fermés. En longeant un canal, nous observons d’impressionnants reptiles. La capitale de la Thaïlande fait en effet face à une invasion de varans pouvant mesurer jusqu’à trois mètres de long.

Un peu plus loin, nous terminons notre belle journée par un resto indien. Et pour faire suite à la première des deux surprises annoncées hier aux enfants, ils reçoivent un appel vidéo de ma nièce et filleule, Émilie et de son chéri Boris. Ce sont eux qui habitent dans notre maison durant notre tour du monde. Ils annoncent à Anaïs et Victor qu’ils vont venir nous présenter leur petit Ethan, né en septembre dernier, durant notre passage (insulaire) en France début juin ! Nous allons passer une douzaine de jours ensemble ! Ils sautent au plafond… On a trop hâte.

Retour en taxi à l’hôtel et à notre bivouac, finalement pas si mal. Il est bien placé et un œil est toujours jeté sur la Tiny par du monde qui traîne la journée sur ce parking.

Mercredi 29 janvier 2020 :

Nous nous rendons au Wat Arun Ratcha Wararam Ratchaworamahawihan plus connu sous le nom de Wat Arun. C’est l’un des symboles de Bangkok qui figure d’ailleurs sur des pièces de monnaie. Il fut terminé au 19ème siècle et atteint la hauteur de 82 mètres. Le temple est intégralement recouvert de céramiques. Bien qu’il s’agisse d’un temple bouddhiste, la pyramide symbolise le mont Meru coiffé du trident de Shiva (indhouisme). Elle est entourée par des pyramides plus modestes dédiées au Dieu du vent, Phra Pai. Les parois de Wat Arun sont faites d’innombrables statues d’animaux et de guerriers parsemés de motifs floraux faits de bouts de porcelaine chinoise et de coquillages.

Le Wat Arun est également composé de beaucoup d’autres temples.

De cette rive, nous profitons d’une jolie vue sur le Grand Palais et sur le Wat Phra Kaew (Temple du Bouddha d’émeraude).

Puis, c’est avec un traversier que nous changeons de rive de cet immense et large fleuve traversant Bangkok.

Après une pause gourmande où nous arrivons à nous en sortir avec des plats aux alentours de 3€ (fried rices, noodles…), nous allons visiter le majestueux Wat Phra Chettuphon Wimon Mangkhalaram Ratchaworamahawihan plus connu et plus facilement prononçable sous le nom de Wat Pho. C’est l’un des plus grands et des plus anciens temples bouddhistes de Bangkok. Il s’étend sur une superficie de huit hectares et sa construction date du 18ème siècle.

Il abrite un immense Bouddha couché recouvert d’or le représentant sur son lit de mort, sur le point d’accéder au nirvâna. La statue mesure 43 mètres de long et 15 mètres de haut. Ses pieds sont incrustés de nacre.

L’enceinte du bâtiment renferme une grande quantité d’autres temples tous recouverts de tuiles vernissées aux multiples couleurs et de stûpas recouverts de céramique. Autour du temple principal, des galeries abritent 394 bouddhas assis.

Puis, nous retournons traîner dans le marché Phahurat du quartier indien où nous déambulons au milieu de toutes ces petites boutiques vendant de tout. Marché aux étoffes bien fourni.

À peine à quelques rues, changement d’ambiance avec le China Town, le quartier chinois. Une profusion de boutiques de tissus, de bijoux aux devantures couvertes de néons et d’enseignes colorées de rouge et de jaune.

Encore un changement d’ambiance pour nous rendre dans un quartier beaucoup plus récent où les gratte-ciels tentent de battre des records de hauteur. Les immeubles Baiyoke Tower I et II sont impressionnants. La deuxième, haute de 84 étages, atteint 328 mètres de hauteur. Ses fondations descendent à 65 mètres sous terre. Elle est le deuxième plus grand gratte-ciel de Bangkok. Nous ne traînons pas beaucoup dans ce quartier finalement assez bruyant et sans trop d’intérêt, hormis celui de flâner dans des grands malls commerciaux. Nous nous contentons juste d’observer ces immenses constructions chatouillant le ciel et prenant de jolies couleurs à la tombée de la nuit. De plus, depuis qu’on vient d’arriver dans ce quartier, je suis très gêné pour respirer. Le rapprochement est vite fait avec le taux de particules fines qui flirte avec les 200. Par comparaison, au même instant à Paris, il plafonne à 20…

C’est de nouveau en taxi que nous rentrons en fin de journée à l’hôtel. Mais le nôtre est un peu particulier. Après avoir durement négocié le prix de la course avec le chauffeur, celui-ci se détend et nous demande si nous voulons qu’il transforme son véhicule en taxi-disco… Ben euh, oui, pourquoi pas… Et là, il met la musique à fond, au maximum. Et il se met à onduler son corps tout en conduisant à fond entre les files embouteillées de la capitale. Durant l’arrêt de la voiture, il arrive même à la faire sautiller au rythme de la musique de la chanson Zombie des Cranberries en jouant avec l’embrayage ! La course dure une bonne demi-heure ainsi ! Bonne partie de rigolade.

Jeudi 30 janvier 2020 :

Nous visitons ce matin le Musée des barges royales, hors des sentiers touristiques habituels mais très intéressant. Il se trouve dans un gigantesque hangar à bateaux, où sont exposées des photos historiques, des tenues des officiers mais surtout huit anciennes splendides barges, aux proues richement sculptées, décorées et ornées. Symbole de la relation que les Thaïlandais entretiennent avec l’eau, la procession des barges royales aurait été initiée sous le règne du roi Ramkhamhaeng de Sukhothai (1275-1316). Le monarque utilisait ce moyen pour apporter de nuit des robes aux moines au moment de Khatin, en octobre, qui marque la fin de leur retraite de trois mois pour la saison des pluies. Plus tard, l’utilisation de ces barges a été élargie : couronnement, pèlerinages, transport des reliques sacrées, ou encore convoyage des missions diplomatiques étrangères.

Les quatre barges principales, nommées Suphannahongse, Anantanagaraj, Narai Songsuban Ratchakan Thi Kao, et Anekchatbhuchongse, sont encore occasionnellement utilisées par le roi lors des célébrations royales et des cérémonies officielles. Fin 2019, une procession des barges royales a d’ailleurs eu lieu en l’honneur du couronnement du roi de Thaïlande (qui a eu lieu en mai), Maha Vajiralongkorn, âgé de 67 ans. Son père, le vénéré roi Bhumibol Adulyadej, est décédé en 2016 après 70 ans de règne. Dans une formation longue de 1200 mètres sur 90 de large, mobilisant 2200 personnels de la marine, 52 barges dorées, ont descendu le fleuve Chao Phraya, passant aux abords du quartier historique de la capitale thaïlandaise. Les 8 modèles présentés ici sont énormes. Ils sont longs de 45 mètres pour les plus grands modèles et pèsent environ 8 tonnes, sans la soixantaine de rameurs. L’une d’elle (Narai Songsuban), construite en 1996, pèse même 20 tonnes et est emmenée par seulement 50 rameurs ! Les proues sont ornées de créatures de la mythologie. Après la chute d’Ayutthaya en 1767, elles ont été détruites puis reconstruites, avant de nouveau subir les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. L’une d’elle est construite dans un seul tronc de teck. Admirable.

Nous sortons de ce musée auquel l’accès s’effectue soit par le fleuve, soit en traversant un quartier réparti le long de canaux, que nous traversons par des pontons en béton. Une vie paisible de petit village populaire alors que nous sommes en pleine mégalopole de 20 millions d’habitants. Mais on y trouve également de belles villas.

C’en est justement fini pour cette capitale dont j’appréhende un peu la sortie. Finalement, nous en sortons aussi facilement que si nous avions pris la D238 de notre petit village de Romegoux (et ses 600 habitants) en direction de Beurlay. Aucun embouteillage ni ralentissement. On ne va pas s’en plaindre.

Nous nous retrouvons très rapidement sur le réseau autoroutier et nous atteignons vite notre prochaine destination de Nakhon Pathom. Située à 80 kilomètres à l’ouest de la capitale, nous n’avons pas vu un brin de campagne. Toute la zone traversée est habitée et industrialisée. C’est la plaine. Aucun relief. Pas ou vraiment trop peu de végétation. On ne peut pas dire qu’on profite vraiment des paysages depuis que nous sommes en Thaïlande. Petite déception. Mais il paraît que ça va bientôt être beau. Patience… Après s’être installés à l’hôtel où nous avons enfin un parking pour notre Tiny, nous déjeunons au resto de l’hôtel en prenant garde de bien s’hydrater.

Puis nous partons voir le plus haut stûpa du monde, le Phra Pathom Chedi. Les recherches archéologiques remontent son existence au 4ème siècle. Au 9ème siècle, ce stûpa a été recouvert par un prang de style khmer, plus tard envahi par la jungle. Puis en 1851, un roi ordonna son remplacement par un stûpa encore plus grand qui fut terminé en 1870, après 17 ans de travaux, atteignant la hauteur de 127 mètres. Il est réputé pour être le plus grand monument bouddhiste du monde. Nous descendons dans des grottes ornées de plusieurs bouddhas.

Mais on se croirait dans une fête foraine de la religion. Partout, des objets liés au Bouddhisme sont à vendre. Un véritable business, mais pas du tout dédié aux touristes occidentaux très rares mais bien aux fidèles thaïs qui font le voyage pour s’y recueillir et y prier. Le site est envahi de dizaines de tirelires. Les fidèles achètent des lots de pièces de monnaie qu’ils déposent une à une dans des récipients bien alignés. Ils déposent des offrandes, font brûler de l’encens, collent des petites vignettes de feuilles d’or sur les statues. Anaïs et Victor s’en voient offrir par un fidèle qu’ils collent à leur tour sur un Bouddha.

Délicieux resto local ce soir où nous nous régalons aussi bien des plats que de l’accueil de la patronne, mais aussi de la généreuse part de gâteau d’anniversaire offerte par les gens dînant à la table voisine.

Les enfants partent se coucher alors qu’avec Audrey, nous allons profiter d’un massage à l’huile durant une heure. Du bonheur avant d’aller nous coucher à notre tour.

Vendredi 31 janvier 2020 :

Nous entamons ce matin notre longue descente vers le sud de la Thaïlande. C’est de nouveau sur l’autoroute, gratuite cette fois, que nous roulons toujours bien. Mais nous faisons une première étape au marché flottant de Damneon Saduak. La Thaïlande possède beaucoup de ce genre de marchés. Celui-ci est une résurrection d’un marché flottant ayant existé près du canal principal créé sous le règne du roi Rama IV entre 1866 et 1868 afin de relier les rivières Tha Chin à l’ouest, à la rivière Mae Klong à l’est. Beaucoup de marchés flottants ont alors fait leur apparition le long de ce canal de 32 km, les routes n’étant alors peu ou pas développées. Les nombreux canaux alentours (plus de 200) creusés par les villageois étaient alors le principal moyen pour se déplacer autour. Nommé Lad Plee Market à l’origine, ce marché flottant, a fini par arrêter ses activités en 1967, alors que le réseau routier devenait suffisant pour abandonner progressivement ce mode de vente par bateau, jugé moins pratique. Mais c’est alors que les autorités en charge de promouvoir et développer le tourisme au pays du sourire décide en 1971 de remettre le marché de Lad Plee sur pied pour attirer les touristes étrangers.

Malheureusement, c’est la grosse déception en arrivant sur place. On savait qu’il était très touristique mais à ce point ??? En fait, c’est le seul marché ouvert la semaine, ce qui explique pourquoi il y a autant de touristes et pourquoi nous y sommes quand-même venus. Nous n’avions pas d’autres possibilités avec notre calendrier. Ce marché, n’a en fait rien de traditionnel et il a été recréé de toute pièce pour montrer aux touristes une réalité de plus en plus rare en Thaïlande, celle des marchés flottants. Mais j’ose espérer que ce n’est pas cela cette réalité ! Il n’y a ici rien d’authentique, aucun vendeur destiné au local qui viendrait y acheter des fruits ou des légumes. Mais plutôt des centaines de barques vendant à manger sur le pouce, des grillades, des boissons, des noix de coco… vendues dans des emballages polystyrènes sur emballés de plastiques. Le tout dans un nuage de pollution dégagé par des centaines de barques propulsées avec d’énormes moteurs diesels en échappement libre. On se promène donc en plus dans un environnement bruyant et par endroit irrespirable. L’artère principale est à dégoûter. On peine à mettre un pied devant l’autre.

Bien évidemment, on nous rappelle qu’on peut aussi acheter des places pour des spectacles de crocodiles, de singes, d’éléphants ou bien qu’on peut aussi faire ces fameuses balades controversées à dos d’éléphants pourtant tellement décriées. Ou bien encore se faire prendre en photo avec un serpent enroulé autour de son cou.

On se dit alors qu’on pourrait louer les services d’un batelier pour qu’il nous emmène un peu à l’écart de cette attraction touristique. Après dure négociation, nous voilà embarqués tous les 7 dans une barque heureusement propulsée à la rame. J’aurais refusé un moteur ! Mais rapidement, même en s’écartant, nous naviguons sur des canaux artificiels longés par un alignement sans fin de quais bétonnés où prennent place des boutiques, toutes vendant plus ou moins la même chose, principalement des articles pour touristes. Notre batelier fait d’ailleurs en sorte de nous arrêter devant des boutiques bien précises mais rapidement je lui jette un regard noir en lui disant qu’on ne veut pas d’arrêt mais juste terminer notre tour de manège.

Juste à un moment, on aperçoit un peu de verdure mais pas d’habitats traditionnels, aucune vie locale.

Mais rapidement de nouveau, c’est l’heure de pointe. Il faut rentrer les coudes pour ne pas se faire arracher un bras ou perdre quelques doigts car les bateaux se touchent tous pour se frayer un chemin à travers ce grossier embouteillage. Grosse déception tout de même de s’être fait prendre au piège de ce tourisme de masse inutile, caricatural et vulgaire à mon goût.

Ce n’est pas grave, je retiendrai le sincère sourire de cette jolie dame vendant quelques fruits dans sa barque.

On reprend la route en direction d’un autre site attirant également la curiosité de beaucoup de touristes étrangers, en espérant qu’il n’en sera pas de même : le Mae Klong Railway Market. Ce marché est curieusement installé juste après la gare de terminus sur une portion de voie ferrée qui voit chaque jour passer 8 trains, quatre dans chaque sens.

L’endroit est très touristique mais contrairement au marché flottant de ce matin, on ne se fait pas du tout alpaguer par les vendeurs. Car il n’y a quasiment aucun produit pour touristes mais simplement des marchés colorés comme on les aime de fruits, de légumes, de viandes et de poissons.

Soudain, des grands coups de klaxons annoncent l’arrivée imminente du train de 14h30. Les étals se plient en quelques secondes dans un ballet bien rôdé. Au ralenti, le train avance, frôlant de quelques centimètres les curieux comme nous de cette attraction originale. Dès les wagons passés, les étals se remettent en place comme si aucun train n’était venu perturber le marché. Incroyable.

Bon, bien entendu, il y a un envers du décor… Mais cette « attraction » est bien originale…

Nous reprenons la Tiny et roulons vers la ville balnéaire de Hua Hin, où l’hôtel est réservé pour ce soir. Une nouvelle fois, le parking annoncé sur le site Booking n’existe pas mais parvenons à trouver une place dans la rue par chance. Il n’y en avait qu’une seule capable d’accueillir notre gabarit. Victor profite de la piscine de l’hôtel alors que moi, je commande un petit massage de pieds bien agréable.