1028 km parcourus du 16 au 26 avril 2021
71 941 km parcourus depuis le départ
Vendredi 16 avril 2021 :
Nous poursuivons notre découverte du nord de la Zambie et entamons notre deuxième semaine dans ce pays plus grand que la France mais peuplé que de 20 habitants au km². Et pourtant, on a l’impression qu’il y a du monde qui habite partout où on passe. Même quand on s’arrête au milieu de nulle part, il ne faut pas plus que 5 minutes pour qu’on vienne gentiment nous voir et nous saluer.
Nous sommes arrêtés en plein milieu du bush dans le petit hameau de Chambeshi. Les policiers qui occupent la gare ne voyant passer que deux trains par semaine ont accepté qu’on bivouaque hier soir sur leur parking.
Pendant l’école, petite pause-café comme tous les matins pendant qu’Anaïs et Victor continuent de travailler pendant leurs trois heures d’école. C’est assis sur les quais de la gare que nous allons le prendre. Des collégiennes viennent à notre rencontre. L’une d’elle parle anglais et est fière de nous montrer ses cahiers rédigés eux aussi en anglais. L’une des dernières leçons concerne le problème de la trop forte natalité en Afrique due au manque d’accès à la contraception et de planning familial, à la polygamie et aux problèmes que cela engendre pour les familles. Le taux de fécondité est de 4,6 enfants par femme en Zambie bien qu’il continue à baisser d’années en années. Il était de plus de 7 dans les années 80. On rencontre souvent des femmes ayant eu de 7 à 10 enfants.
Un vieux monsieur marche sur les rails avec un petit sac en nylon. Je le salue. Il n’est peut-être pas si vieux que ça. L’espérance de vie n’est que de 65 ans en Zambie. On voit exceptionnellement des personnes âgées. Il a certainement une vingtaine d’années de moins qu’il en paraît. Il parle un peu anglais et nous entamons la conversation. Je lui demande où il va. Il m’explique qu’il marche 4 km sur cette voie ferrée pour aller au marché pour espérer vendre ses deux kilos de haricots blancs. Je lui demande le prix. Il me répond 25 kwachas soit moins d’un euro. Quel boulot il a donné pour remplir ce sac quand on sait le temps qu’il faut pour cultiver et écosser des gousses. Il est heureux quand je lui dis qu’on lui achète toute sa production. Il continue vers le marché. Une heure plus tard, le même monsieur repasse et est fier de nous montrer qu’il a pu s’acheter au marché, un petit sac de sel ainsi qu’un cahier d’écolier. Il continue vers sa maison encore à 4 km de la gare.
Nous prenons la route et ce sont cette fois des cacahuètes fraiches que nous achetons à des jeunes filles. Un gros saladier pour 10 kwachas soit 0,38€… Il n’y a plus qu’à les décortiquer et les faire griller. Et à les accompagner d’apéros.
La route est rectiligne. C’est l’unique axe reliant le sud au nord du pays. La route est asphaltée mais la faible épaisseur de goudron et le trafic des nombreux camions, notamment venus de Tanzanie, font que de gros trous se forment. Ceux-ci sont en général au mieux rebouchés avec de la terre. Autant dire qu’à l’orage suivant, le trou se forme de nouveau. Nous voyons justement des riverains juste au passage d’un véhicule vider des seaux de terre dans ces nids de grosses poules et tendre la main aux conducteurs pour avoir une pièce.
Anaïs et Victor, comme la plupart du temps, sont mignons et patientent calmement lors de nos longues heures de route. Par moment, ça part en vrille mais ça ne dure pas longtemps. « Mais Anaïseuh », « Mais Victoreuh » lui répond-elle, « que se passe-t-il » dis-je, « Mais elle n’arrête pas de me dire arrête », « ben arrête alors » je réponds. Et la situation s’arrange…
Notre conduite n’est pas ralentie par les traversées de ville car il n’y en a pas. De temps en temps de tous petits hameaux alignant quelques minuscules boutiques.
Sur cette partie nord du pays, nous ne sommes pas embêtés par les contrôles de police comme on en avait en Tanzanie. Et on ne s’en plaint pas.
Bien que très modestes, les cases couvertes de chaumes ou plus rarement de tôles sont toujours aussi bien arrangées, bien propres, bien entretenues. Pas un déchet ne traine. Les sols sont régulièrement balayés. Des pots de fleurs entourent les maisons mais moins qu’au nord du pays. Chaque propriété est toujours faite d’un espace nuit, d’un espace juste couvert servant de cuisine et de ce qui ressemble à des WC. Certains murs sont même peints de motifs géométriques. Autour, on voit des jardins potagers et des petites parcelles cultivées de maïs. Ce dernier étant la base de l’alimentation, il est souvent réduit en farine. On trouve aussi dans les magasins des gros sacs de 25 kg de farine de maïs à environ 4€.
On voit comme en Tanzanie, beaucoup de plus grandes parcelles cultivées de maïs transgéniques sponsorisées par des géants mondiaux des OGM. Mais aussi de la sériculture (élevage de vers à soie).
En fin d’après-midi, il est temps de trouver un bivouac pour passer la nuit. Mais encore une fois, ce n’est pas évident car les Zambiens n’ont pas de voitures ou de motos particulières donc les accès aux maisons ne sont pas praticables. Les bas-côtés eux-mêmes sont souvent infranchissables. Pourtant ce n’est pas l’envie qui nous manque de bivouaquer sur l’un de ces emplacements. Un petit chemin nous fait faire demi-tour car il semble praticable pour notre Tiny. En fait, il donne accès à une grande propriété privée. Audrey part à la rencontre des propriétaires pour demander l’hospitalité pour la nuit. Malgré la barrière de la langue, Ria, la propriétaire accepte. Mais les échanges ne vont pas plus loin pour ce soir car elle ne parle pas anglais. Ses enfants et neveux viennent jouer avec Anaïs et Victor.
Samedi 17 avril 2021 :
« Aujourd’hui rien d’extraordinaire, rien que le train-train du merveilleux… ». Cette citation n’est pas de moi mais de François Coupry. Mais elle résume pourtant parfaitement ces journées où pas grand-chose se passe mais où chaque petit évènement nous fait passer une belle journée. A commencer aujourd’hui par ce moment où après l’école, nous recevons Ria pour lui offrir un café dans notre Tiny. Comme souvent quand on offre un café une fois sortis d’Europe, beaucoup font la grimace quant à l’amertume liée à notre manière de préparer le café en France. Soit ils ajoutent 10 cuillères de sucre, soit ils en laissent la moitié dans la tasse. Mais cette fois, c’est sa très jeune fille qui le termine… Ces moments où on se retrouve pendant un moment à partager du temps avec des inconnus sans se comprendre sont toujours sympathiques même si on n’arrive pas à échanger .
Puis la longue descente vers le sud du pays continue. Toujours cette longue route rectiligne à travers le bush. Mais là encore, bien que monotone, on s’émerveille toujours d’un sourire sur le bord de la route, d’un joli nuage éphémère, d’un paysage qui soudainement change, d’un chargement trop aléatoire sur un véhicule, d’un policier qui lève la main pour nous arrêter puis qui baisse la main quand on approche pour nous laisser passer avec un grand sourire, d’un enfant insistant pour qu’on lui achète une poule… Et puis, nous nous régalons toujours de voir cette vie africaine se déroulant sur le bord des routes, de ces gamins de 5 ans maniant des machettes aussi longues que la moitié de leur taille, de ces femmes portant sur leurs têtes de lourdes charges, de ces sacs de charbon en vente sur le bord des routes, de ces trous béants en plein milieu de la chaussée… On se passerait juste de ces nids d’autruches sur la route et de cette tôle de protection de mon moteur qui de nouveau s’est soudainement décrochée.
Il y a même ce dos d’âne que je vois trop tard sans avoir le temps de freiner. Tout saute dans la Tiny. Anaïs, un kilomètre plus tard, a fait l’inventaire de la boite où on range du petit matériel informatique et me dit qu’elle ne voit plus la souris sans fil de l’ordinateur et qu’elle a dû tomber par la fenêtre entrebâillée dans la secousse. Demi-tour et on trouve la souris en trois morceaux à quelques mètres du ralentisseur. Un poids lourd a roulé sur la pile mais pas sur la souris. Elle fonctionne encore, même la pile bien qu’elle soit désormais ovale. Bref, même une journée banale ne l’est jamais vraiment et est faite d’anecdotes certes banales mais qui restent des souvenirs.
Nous quittons la route principale par l’un des rares axes asphaltés à la recherche d’un bivouac au hasard. Nous nous engageons sur une petite piste et trouvons un petit coin d’herbe, un endroit parfait pour y passer la nuit. Comme toujours, les locaux ne tardent pas à venir voir ce qui se passe et comment une maison en bois est soudainement arrivée dans le bush avec des Blancs à l’intérieur. Mais rapidement, nous arrivons à les rassurer et aussitôt Sonda le proprio du terrain sur lequel nous nous sommes installés accepte qu’on reste ici. De jolis sourires remplacent nos échanges limités par la barrière de la langue.
Et voilà comment le « train-train du merveilleux » a illuminé notre « banale » journée de route.
Dimanche 18 avril 2021 :
Pendant l’école, les femmes du hameau voisin viennent de nouveau nous offrir leur plus beau sourire. Quelques mots d’anglais avec Ronica, Chatri, Ruth, Doris, Elisabeth et Annie permettent de partager un agréable moment tout en buvant un thé que nous leur offrons. Cette communauté Bemba est si accueillante, si belle. Nous nous remettons à l’école et alors que nous passons à table, deux des femmes reviennent avec un plat de plusieurs épis de maïs bouillis. L’une d’elle, moins timide, répond à notre invitation de monter dans la Tiny et nous partageons avec elle notre polenta accompagnée d’un mélange d’aubergines, oignons et tomates qu’Audrey a préparés. L’autre repart à sa maison avec sa part du même plat. La femme ne parle pas un mot d’anglais mais l’instant reste agréable.
Avant de quitter notre bivouac, nous allons dire au revoir à la communauté et faire notre échange de vaisselle. Trois familles vivent au même endroit et partagent le même espace de vie commun. Le niveau de vie est bas mais plus élevé que dans des hameaux voisins car ces trois familles ont remplacé leurs maisons en terre par des maisons en ciment.
Nous les remercions pour ce moment de partage et rentrons vers notre camion quand l’une d’elle nous rappelle pour nous demander de l’argent. Audrey leur explique que non, que nous avons été heureux partager un moment ensemble, que nous avons discuté, que nous leur avons offert thé et avons partagé notre repas avec elles, qu’elles aussi nous ont offert leurs épis de maïs. Elles comprennent et n’insistent pas et nous sourient.
Ce rapport à l’argent est un peu difficile à gérer pour nous. On véhicule évidemment un niveau de vie élevé pour les populations car on se déplace à travers le monde et qu’on a bien plus de biens dans notre minuscule Tiny que dans leurs modestes demeures. Ce n’est pas pour être radins que nous ne donnons pas mais nous ne pouvons pas donner de l’argent ou à manger à chacune des nombreuses sollicitations qu’on reçoit quotidiennement, et nous avons envie d’échanges, de rencontres, basés sur un autre rapport que celui de l’argent. Nous n’arrivons pas encore à trouver notre place pour le moment en raison de ce rapport à l’argent assez désagréable. Nous avons pourtant traversé sur d’autres continents des pays aussi très pauvres et on a côtoyé souvent de la misère lors de nos pérégrinations mais jamais nous n’avons été confrontés à de telles sollicitations quotidiennes. Nous le comprenons encore une fois, mais nous sommes souvent déçus que tant de bons moments partagés avec les locaux se terminent par une demande d’argent. Nous avons souvent gardé contact depuis trois mois avec des Kényans, des Tanzaniens et des Zambiens en s’échangeant des petits messages WhatsApp dans les semaines qui ont suivi nos rencontres. Mais trop souvent, ces discussions se terminent par des demandes de transfert d’argent. Nous répondons par la négative et parfois les échanges s’interrompent. Dommage. Bien sûr, ce n’est pas le cas de tous les gens que nous rencontrons et nous continuons à adorer tous les beaux sourires et les gestes amicaux que nous recevons.
La route est belle aujourd’hui, et même très belle. Nous battons notre record en une seule après-midi et parcourons 290 km à travers le bush. La végétation est toujours bien verte en cette fin de saison des pluies et un peu plus haute que plus au nord du pays. Nous retrouvons aussi quelques degrés de plus et le ciel est un peu moins gris que les jours passés. Au fur et à mesure de notre descente vers le sud, on trouve de plus en plus de grands champs de maïs clôturés. Ils sont cultivés à l’aide de tracteurs et de moissonneuses batteuses. La saison est d’ailleurs bien avancée car les maïs sont en train d’être ramassés alors qu’au Kenya ou en Tanzanie, ils les plantaient à peine. Étonnement, on ne voit pas d’élevages d’animaux, même pas de bergers gardant quelques chèvres ou moutons comme on en voyait en Tanzanie ou au Kenya.
Les villages traversés sont de plus en plus habités et l’activité est plus busy à l’approche des villes. Des panneaux publicitaires font leur apparition. Il y a aussi plus de voitures et de transports en minibus.
Nous sommes surpris par ces quantités de sacs de charbon rassemblés en bord de route. On les voit d’ordinaire rassemblés par quelques unités devant les maisons des Zambiens en vente sur le bord de la route. On imaginait qu’ils étaient destinés à la vente de particulier à particulier mais on se rend compte que ce sont plus des grossistes qui s’arrêtent les acheter pour ensuite être rassemblés sur de grandes plateformes. Alimentent-ils ensuite les nombreuses centrales à charbon du pays ?
Bivouac en retrait de la route par un chemin assez praticable au début mais un peu trop sablonneux à la fin. On verra demain si on en sort. Mais je doute. Étonnement, pas grand monde ne vient nous voir.
Zut, je m’aperçois que j’ai oublié mon bouchon de réservoir de carburant lors du dernier plein. Heureusement, nos amis Noémie et Julien sont derrière nous.
Lundi 19 avril 2021 :
École puis comme d’hab’, nous prenons la route vers 11 heures pour rouler un peu avant de faire la pause méridienne. Le passage sablonneux a été un peu scabreux et la Tiny a failli s’enliser. Il n’aurait pas fallu qu’il soit plus long.
Au niveau de Mkwamba, nous traversons la partie la plus étroite de la Zambie, et nous ne passons sur notre droite qu’à un peu plus d’un kilomètre de la République démocratique du Congo. Le Mozambique sur notre gauche est à 180 km à vol d’oiseau. A partir de ce moment-là, c’est une autre Zambie que nous découvrons. Nous arrivons dans la grande ville de Kabwe. La première que nous voyons en Zambie avec ses lotissements, ses nombreux magasins, ses transports en commun, ses fast-foods, ses grands centres commerciaux, et son activité trépidante. On ne sait plus où regarder…
Non pas que cela nous manque, mais nous retombons dans la société de consommation en entrant dans un Shoprite, ce qui nous permet de nous faire plaisir à acheter quelques produits alimentaires que nous ne trouvons pas facilement. Et voilà comment on remplit un caddie comme en France ! Avec plein d’emballages.
La cavale continue. Oui, on roule beaucoup en ce moment mais la descente est longue vers le sud du pays. Comme expliqué précédemment, nous avons fait le choix de ne pas trop nous écarter de la route principale, vu l’état des pistes alentours. Et puis le tarif des moindres visites de la moindre cascade nous rebute toujours. Celui des parcs nationaux aussi par rapport à ce qu’on pourra payer prochainement en Namibie ou en Afrique du Sud.
Alors on se contente de se régaler de ce que la Zambie nous offre, juste en roulant. En Afrique, tout est intense. Chaque émotion est décuplée. Chacun de nos sens est en éveil. Les odeurs, les bruits et tout ce qui nous entoure nous enchante. Les Zambiens ne sont pas avares en sourires et en gestes de sympathie.
Les policiers sont plus présents sur cette partie sud du pays et des contrôles radars sont effectués. Mais j’arrive à respecter pour l’instant les limitations de vitesse qui sont plus faciles qu’en Tanzanie. Quelques policiers nous arrêtent par curiosité. L’un d’eux m’arrête juste pour contrôler le fonctionnement de mes clignotants avant. Il ne s’intéresse pas aux autres organes de sécurité comme les bandes réfléchissantes. Un autre m’arrête pour contrôler les papiers.
Quelques péages à 40 kwachas continuent à ponctuer aussi notre progression. Des panneaux sont affichés pour rappeler que le pays lutte contre la corruption.
Nous approchons de la capitale Lusaka et préférons nous arrêter une trentaine de kilomètres avant d’y arriver, sur un bivouac pas très heureux sur un parking pourri de station-service, boueux et pollué, entouré de murs en bétons et de barbelés. Un gardien armé (comme souvent dans ce genre d’endroits) vient nous voir. Il va assurer notre sécurité pour cette nuit et demande en échange 30 kwachas. Je lui en donne 10 et il repart avec le sourire. Il me demande si j’ai tout fermé à clé, y compris mon réservoir de gasoil. Je le rassure bien que mon réservoir de gasoil ne ferme plus à clé.
Mardi 20 avril 2021 :
La nuit a été étonnement calme pour ce genre de bivouac. Nous n’avons même pas entendu lorsqu’un malintentionné est venu en pleine nuit nous siphonner quelques litres de gasoil dans notre réservoir. Ils n’ont pas pris grand-chose car on était en fin de réservoir mais j’aurais été vraiment reconnaissant qu’il remette en place le seul bouchon de réservoir qui me restait. Maintenant, nous n’avons plus de bouchon et ce n’est pas cool pour l’étanchéité à la poussière… Je bricole un capuchon avec un emballage de paquet de café et un élastique.
Nous approchons de la capitale Lusaka qui ne nous donne pas plus envie de s’y arrêter si ce n’est pour accomplir quelques démarches indispensables.
La Chine investit beaucoup en Zambie, et d’une manière générale en Afrique en construisant des infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires, des stades. Les pays s’endettent vis-à-vis de ce géant impitoyable jusqu’à ne plus pouvoir rembourser et se voient donc contraints, en échange de l’abandon de la dette, de rétrocéder ces infrastructures à la Chine qui petit à petit grignote tout sur son passage. La Chine prend alors pleine possession des richesses économiques et stratégiques de ces pays en faillite, y compris des ressources minières.
Comme partout dans le pays, nous voyons de nombreuses églises évangéliques, adventistes, du 7ème jour, des témoins de Jéhovah, pentecôtistes… Mais aussi de nombreuses églises catholiques et quelques plus rares mosquées.
En arrivant dans cette grande ville, la priorité est donc de trouver au moins un nouveau bouchon car on ne se sert pas du deuxième réservoir additionnel. Heureusement, on voit beaucoup de Mercedes Sprinter équipés du même type de réservoir, ce qui me laisse un espoir. Mais pas de concession à l’étoile dans la ville. Je m’arrête en vain dans des petites boutiques vendant des pièces auto. On m’indique un quartier spécialisé en pièces de rechange. Effectivement, un endroit incroyable où il y a quelques centaines de boutiques vendant des pièces de rechange. J’en fait bien une trentaine en montrant la photo de ce que je recherche. En vain. Mais nous recevons au même moment un message de nos amis les Kaquet qui nous suivent de quelques centaines de kilomètres. Ils ont pu récupérer un de nos bouchons qu’on avait oublié dans une station-service. Il ne nous reste plus qu’à nous recroiser pour échanger un bouchon et partager une bière !
Deuxième priorité, remplir les bouteilles de gaz car nous ne sommes plus qu’à 25% de nos capacités et comme je vous l’ai expliqué, il est plus compliqué de remplir nos bouteilles en Afrique, surtout notre système GPL qui n’existe pas à la pompe comme en Europe ou dans certains pays d’Asie. Nous devons donc nous rendre dans une usine de remplissage comme nous le faisions déjà en Amérique du Sud. Le premier essai en Tanzanie avait été infructueux. Celui-ci est impeccable et de gentils employés tentent de trouver le raccord adéquat pour nous raccorder à ceux que nous avons déjà. Nous sommes même autorisés à entrer avec la Tiny dans l’enceinte de l’usine. Chose impossible en France… Mais il me faut sortir les deux bouteilles pour les remplir. L’employé ne nous facture que la plus petite contenance. Nous repartons avec nos deux bouteilles pleines pour moins de 12€ et nous devrions être tranquilles pour 4 à 5 mois.
Quelques personnes parlant français nous disent fièrement quelques mots dans notre langue. L’ex Congo belge n’est pas si loin et le français est encore parlé dans ce pays limitrophe de la Zambie.
Je roule mais un policier me fait signe de m’arrêter. Nous avons déjà eu quelques contrôles de papiers en Zambie et cela ne nous fait même plus peur. Mais là, il ne me les demande pas mais m’indique d’aller voir son collègue positionné aux jumelles qui m’indique lui-même aller voir sa collègue assise à l’avant d’une voiture qui m’informe que la vitesse est limitée à 60 km/h. Euh oui, mais je roulais à 40… Elle demande à son collègue la nature de l’infraction et en fait, j’ai été arrêté pour doublement sur une ligne continue. Difficile de contester. Je reconnais ma faute et me confonds en excuses comme je le faisais en Tanzanie où j’ai réussi par 5 fois à esquiver l’amende. Bien que bon comédien, je n’arrive pas à faire couler des larmes de mes yeux mais je n’en suis pas loin. Mais là, rien à faire. Elle me demande d’aller voir sa collègue assise à l’arrière de la même voiture. Et là, elle m’annonce que l’amende est de 900 kwachas soit 33€, soit une somme énorme par rapport au niveau de vie zambien. Je refuse de payer. Elle insiste. J’insiste. Puis elle m’explique que si je paye directement sur place, sans reçu, je peux ne payer que 450 kwachas. On est d’accord, cela s’appelle de la corruption. Première fois en Afrique en dehors des douanes aux passages de frontières. Et l’une des rares fois depuis qu’on voyage. Nous ne sommes pas sur des montants énormes mais le principe nous gêne évidemment. Mais bon, si on peut payer moins que prévu, on va tomber dedans. Car contrairement à d’autres situations de corruption que nous avons vécues, là, on n’échappera pas à une réelle amende pour une réelle infraction. Mais dans ce cas-là, hors de question de payer autant. C’est à présent elle qui me demande combien je suis prêt à payer. Je lui propose 200 kwachas soit environ 7,50€. Elle est d’accord et se les met dans la poche… Nous repartons, pas fiers de notre acte mais on a économisé quelques euros et quelques démarches administratives car il fallait aller payer dans le poste de police de la ville suivante.
Par contre, ils n’arrêtent pas les camions ou les bus qui roulent vraiment très mal et très vite en Zambie ou bien les camions roulant avec des éléments de sécurité en piteux état.
Nous comptions sur ce passage à la capitale pour aller à l’Ambassade de France pour y faire une procuration pour le prochain scrutin électoral du mois de juin en France. Mais après un coup de fil, on nous annonce qu’il n’y a pas de service consulaire en Zambie, pas plus qu’en Namibie et qu’il faut se rendre à Johannesburg en Afrique du Sud. Tant pis.
Direction à présent les services d’immigration pour faire prolonger notre visa zambien d’un mois supplémentaire. Mais on m’annonce qu’on n’est pas encore assez proche de la date d’expiration pour le renouveler. On pourra se rendre dans un service d’immigration dans une plus petite ville.
On avait prévu de faire une pause pour aller visiter le musée national et aller déambuler sur le marché mais la ville ne nous attire pas trop. Nous la traversons pour nous rendre, sur les bons conseils de nos amis des Convois d’Anges Heureux, dans un orphelinat pour éléphants à Lilayi, en périphérie de Lusaka. Une périphérie de bidonvilles et d’extrême pauvreté. Nous avons rarement été confrontés à tant de misère. Des monticules de déchets dans un cours d’eau où jouent les enfants, où les femmes font leur lessive dans une eau ô combien polluée. Nous avons la boule au ventre.
Arrivés à l’orphelinat que nous voulons visiter demain, le gardien ne peut nous accueillir sur le parking car le site appartient au même proprio qui possède le luxueux lodge dans lequel il faudrait qu’on aille séjourner. Nous ressortons du site et nous trouvons refuge, après une piste défoncée, dans un quartier résidentiel très chic en construction, à deux pas du bidonville. Une maison non encore clôturée de hauts murs de béton nous permet de nous garer devant. Parfait pour ce soir.
Mercredi 21 avril 2021 :
École sur le parking de l’orphelinat. A 11h45, heure locale, soit 12h45, heure des Mollalpagas qui ont choisi d’être plus en accord avec le soleil (nuit à 18h, c’était vraiment trop tôt pour nous), nous entrons dans l’orphelinat pour éléphants de l’immense propriété du Lilayi Lodge. Les conflits humains-animaux constituent une menace croissante pour la population d’éléphants d’Afrique. Les bébés éléphants sont souvent victimes de ces conflits et se retrouvent sans famille. Le braconnage continue à sévir en Afrique. Il y avait 10 millions d’éléphants en 1979 contre 352 000 en 2016.
La Lilayi Elephant Nursery du Lilayi Lodge leur donne une maison et une famille dans l’espoir de les réintroduire dans la nature. Les 6 éléphanteaux actuellement sur le site viennent de différents endroits de Zambie et seront tous réintroduits dans le Parc national de Kafue.
Sans déranger les pachydermes, c’est depuis une plate-forme d’observation que nous pouvons assister au repas du midi. Ces bébés éléphants sont nourris au biberon avec du lait maternisé toutes les 3 heures dans l’enclos de la nursery. Ensuite, les animaux peuvent gambader dans l’immense réserve. C’est toujours avec beaucoup d’émotion que nous observons ces animaux.
Puis, bonne surprise, le site privé donne accès gratuitement à des sentiers de randonnée qui serpentent à travers la pittoresque réserve de gibier de 650 hectares. Que c’est bon de remettre à nos pieds nos chaussures de rando car nous sommes vraiment en manque. De plus, la réserve est le refuge de 25 espèces d’animaux. Mais les herbes, bien que jaunies, sont encore bien hautes en cette fin de saison des pluies et nous n’observons furtivement à plusieurs reprises que quelques têtes de gazelles et de koudous caractéristiques avec leurs rayures blanches sur le dos. Seules les girafes pourraient avoir la tête qui dépasse mais nous ne les voyons pas. Qu’importe, nous sommes tellement heureux de pouvoir marcher 11,5 km ! Tellement longtemps que cela ne nous est pas arrivé que nous avons même mal aux jambes en rentrant à la Tiny.
Puis nous allons terminer l’après-midi au luxueux lodge où les enfants font quelques brasses dans l’eau fraiche de la piscine. Nous commandons de délicieux hamburgers. C’est très cher pour ici, mais on se régale pour le prix d’un Big Mac en France.
Comme hier soir, l’antipathique et dénigrante gérante du lodge refuse qu’on dorme sur le parking. Nous ne sommes visiblement pas à la hauteur de sa clientèle. Nous devons ressortir de ce joli cadre pour trouver un bivouac dans la banlieue de la capitale alors que le soleil est déjà caché. Nous ne retournons pas au même endroit qu’hier car nous ne voulons pas de nouveau avoir affaire à l’ivresse de cet homme ayant tourné un long moment autour de la Tiny. Nous trouvons refuge, après une vilaine piste, dans un autre lotissement en travaux mais une fois installés, un gardien arrive, nous dit qu’on n’a pas le droit de dormir ici, que ça pause un problème. Mais il ajoute que ça n’en pose plus si nous le payons. Nous partons. Ce n’est pas tant pour la somme mais y’en a marre de payer pour pouvoir dormir dans des endroits glauques.
Il fait déjà nuit, et nous devons emprunter une piste pleine de cratères. Fatigués, nous nous installons en bord de route à l’entrée d’un chemin menant vers une église évangélique. Ouf, cela paraît calme. On se pose. Une automobiliste nous met en garde qu’elle a vu un serpent autour de la Tiny. Nous nous réfugions à l’abri. Puis on frappe à la porte. Oh non… il va falloir encore bouger ? Une douce voix féminine nous propose de ne pas rester en ce bord de route et de monter plus haut sur le parking de l’église devant sa maison où elle vit seule avec son fils. On bouge de quelques dizaines de mètres. Audrey a encore un peu d’énergie pour préparer la fondue au chocolat promise pour terminer cette belle journée.
Jeudi 22 avril 2021 :
Aïe, aïe, Aïe, les courbatures dans les mollets… ça ne va pas ça, on a perdu toute notre forme physique à force de ne plus randonner…
Nous passons remercier Mary de nous avoir accueillis. Mais au moment de partir, elle nous demande de lui donner à manger. Nous lui offrons les 6 pommes qu’on avait achetées hier. Elle est heureuse.
Nous roulons vers le sud et notre prochaine étape prévue à Siavonga. Nous roulons à travers de jolis paysages vallonnés et verts.
En perdant de l’altitude, la végétation est de plus en plus asséchée par le manque d’eau. Ça y est, je pense qu’on a pour de bon fini de croiser la saison des pluies qui en ce moment remonte plus au nord de la Zambie, de la Tanzanie, au Kenya, en Ouganda. Nous retrouvons aussi des baobabs dont les enfants vendent des fruits sur le bord de la route.
De nouveau, le niveau de vie semble très bas. On retrouve comme au nord du pays des cases en terre recouvertes d’herbes séchées. Il n’y a plus de moyens de locomotion et les gens marchent sur le bord des routes. Ils n’ont pas accès à l’eau potable ni à l’électricité.
Nous sommes attendus ce soir pour vivre une nouvelle expérience dans un Workaway comme nous l’avions déjà fait à notre arrivée au Kenya en attendant notre Tiny. Nous avons choisi un camping-lodge qui a besoin d’un coup de main pour entretenir et rénover ses équipements. En échange de 5 heures de travail quotidiennes, nous aurons le gîte et le couvert offerts. C’est effectivement dans un cadre plus qu’agréable que nous arrivons au bord du Lac Kariba. Il s’agit d’un lac artificiel créé dans les années 60 suite à la construction d’un barrage sur le fleuve Zambèze qui a inondé toute une vallée, y compris les anciens équipements du lodge de l’Eagle’s Rest.
Nous faisons connaissance avec Tom et Johanna, les gérants de l’Eagle’s Rest pour qui nous allons travailler pour on ne sait pas combien de temps. Johanna est Zimbabwéenne. Tom est allemand. Ils ont 7 enfants dont 5 encore à la maison. Nous passons à table chez eux avec Cristina et Yamina, deux Allemandes également venues en Workaway. Le repas à base de viande de buffle est délicieux, le gâteau aussi. On ne devrait pas mourir de faim.
Vendredi 23 avril 2021 :
On ne devrait pas mourir de faim mais pourtant… alors qu’on avait compris hier soir qu’on devait nous apporter le petit déj à la Tiny, les heures passent et rien n’arrive. Anaïs affamée, part voir ce qui se passe et revient en nous disant qu’on n’avait pas compris mais que ni le petit déj’ ni le repas du midi ne sont inclus dans la formule bien qu’il soit clairement marqué sur le site que trois délicieux repas sont servis par jour. Déception. On a déjà lâché sur le gîte qui logiquement est aussi fourni mais lors de nos échanges par mail dans les précédents jours, ils nous avaient dit qu’ils n’avaient pas de place pour nous loger, et on avait alors accepté de dormir dans notre Tiny. Et à vrai dire, on préfère nettement dormir dans notre cocon surplombant le lac.
Mais faut pas pousser mémé dans les orties, je refuse de travailler 5 heures par jour (soit 10h avec Audrey) pour juste avoir en échange un seul repas par jour. Autant notre dernière fois avait une démarche un peu humanitaire et notre travail servait à construire un centre de santé qui allait profiter à l’ensemble d’une communauté Luo sur l’île de Mfangano, autant là, on bosse pour un propriétaire privé pour entretenir son lodge. Je pars m’expliquer avec les proprios et leur explique mon point de vue : je suis déçu car ce qu’ils proposent ne correspond en rien à ce qui était prévu.
Du coup, notre Workaway va se transformer en repos, toujours au campsite de l’Eagle’s Rest mais simplement en payant notre emplacement quotidien et en ne devant rien en échange. Tom et Johanna comprennent et acceptent qu’on reste ici pour se poser quelques jours. Nous sommes vraiment bien installés dans le fond du campsite, sans voir personne de la journée. La vue sur le fleuve Zambèze est magnifique et sur la côte opposée aussi. A cet endroit, le Zambèze marque la frontière entre la Zambie et le Zimbabwe. Notre emplacement est à l’ombre et nous avons à disposition du bois pour allumer le barbecue ou plutôt le braai comme on dit en Afrique australe où il s’agit vraiment d’une coutume sociale.
Nous passons une bonne partie de la journée avec mon amoureuse à préparer notre prochain parcours en Namibie, un très grand pays où nous allons passer trois mois et où nous espérons avoir la chance de recevoir de la famille. Pour cela, il nous faut bien lire nos guides, sortir les cartes, nous plonger dans les passionnantes lectures des blogs des voyageurs nous ayant précédés, passer des heures à surfer sur les sites de vente de billets d’avion pour trouver le meilleur compromis pour ceux qui nous rejoindrons mais aussi pour nous. Nous n’ouvrons qu’exceptionnellement les guides avant d’entrer dans un nouveau pays mais quand on reçoit de la famille ou des amis, nous tenons à vraiment optimiser le temps où ils seront parmi nous. Il ne nous reste plus qu’à croiser les doigts pour que les frontières extérieures au départ de la France s’ouvrent d’ici la fin du mois de juin.
Anaïs et Victor, pendant ce temps, prennent leur marque dans le campsite, profitent de l’eau de la piscine préférable à celle du Lac Kariba infestée de crocodiles et d’hippopotames, et jouent avec les enfants de la famille, Benjamin, Sam, Lewis et Elijah.
Samedi 24 avril 2021 :
La nuit a été terrible, bercée par des démangeaisons infernales liées à notre invasion de punaises de lit dont on pensait s’être débarrassé lors du dernier gros nettoyage il y a une quinzaine de jours. Ces fameuses punaises de lit qu’on a certainement ramenées dans nos affaires de l’île de Mfangano où nous avons passé trois semaines en arrivant au Kenya. Notre chambre en était infestée. Victor n’a même pas pu terminer sa nuit dans son lit et a échangé de place avec sa maman qui réagit moins aux piqures nocturnes de ces insectes de la taille d’un pépin de pomme. Seule la prise d’un antihistaminique parvient à calmer mes réactions allergiques. Audrey a passé quelques heures de sa nuit à tuer des dizaines de bestioles dans l’étroit lit de Victor.
Les punaises de lit préfèrent l’obscurité et se cachent la journée. C’est la raison pour laquelle on n’en voit pas quand il y a de la lumière. Il nous faut donc employer les très grands moyens aujourd’hui et arriver une bonne fois pour toutes à nous débarrasser de ses fichus insectes qui nous pourrissent nos nuits à nous piquer et à nous sucer notre sang, et qui tachent irrémédiablement les draps de leurs déjections. C’est donc parti pour une journée d’éradication des punaises de lit. Chouette !
Nous sortons tout dehors, les enfants vident toutes les caisses plastiques stockées sous leurs lits, nous faisons bouillir tous les draps dans la marmite et faisons une soupe de doudous, nous faisons la chasse aux œufs blanchâtres, aux larves translucides, aux punaises que nous trouvons dans des recoins. Beaucoup sont déjà pleines de notre sang. Je démonte les sommiers des enfants en dévissant une à une chaque latte, chaque traverse, chaque cornière en bois… Et nous trouvons des nids de centaines de bestioles. Dégoûtant.
Pourtant pas adeptes des insecticides chimiques, nous vidons le contenu de deux bombes de Raid dans les recoins, les interstices des lattes du lambris… Du bonheur. En espérant que ce soit efficace car on lit que ces insectes sont assez résistants à ces produits chimiques. La réelle solution serait de tout nettoyer à la vapeur mais nous ne sommes pas équipés de cela. Une autre solution est de repasser tous les textiles mais il y a deux ans et demi qu’on n’a pas touché à ce genre d’appareil.
En fin de journée, nous sommes soulagés et satisfaits d’avoir trouvé plusieurs nids et d’avoir tué des centaines de satanés punaises de lit. En reste-t-il ?
Bon il y a, malgré tout, eu de bons moments aujourd’hui, avec ces nombreux cafés devant cette jolie vue sur le Zambèze, ces moments à observer nos enfants bien à l’aise en anglais avec leurs copains de camping, ces petits feux de bois pour cuisiner, ces sauts dans la piscine bien que l’eau soit passée du translucide à la couleur verte depuis hier, ce petit Tulamore partagé avec ma chérie tout en observant le Soleil se coucher, tout en grignotant les olives qu’on avait cueillies en Croatie et les cacahuètes fraiches achetées il y a peu et qu’on avait fait griller…
C’est dehors dans leur hamac accroché aux arbres qu’Anaïs et Victor vont passer la nuit (en espérant qu’un crocodile ne sorte pas du lac situé à 20 mètres !) car la Tiny est toute à l’envers et surtout l’insecticide jamais inoffensif est encore trop odorant. Et nous voulons aussi scruter leur chambre cette nuit.
Nouvelle soirée au coin du feu pour récupérer de notre désagréable journée. Le sommeil ne vient pas. Je sens déjà des piqures de punaises de lit car on n’a pas encore nettoyé le coin de notre chambre. Je me lève et pars ausculter la chambre des enfants. Et là, une puis deux puis trois punaises. Au bout d’1h30 de chasse, j’arrive à 17 et retourne me coucher. Le sommeil ne vient pas. Ça me démange. Je loupe une grosse punaise gorgée de sang. Elle tombe du plafond sur nous mais je ne la retrouve pas. Audrey se lève pour aller aux toilettes. La punaise était tombée dans ses cheveux et tombe sur ses genoux. Je me relève chasser les punaises très résistantes. Dix-huit, dix-neuf, vingt… Elles fuient le moindre halo lumineux de la torche de mon téléphone. Je compte jusqu’à 27 et retourne me coucher. Désespéré. Dépité. Déprimé.
Il est 1h30, les enfants dorment paisiblement dans leur hamac. Apparemment, les crocodiles ne monteraient pas jusqu’ici. Tant mieux. Mais moi, le sommeil ne vient pas. Je sors mon téléphone et une énième fois consulte des articles sur les punaises de lit : « Une même punaise peut piquer 90 fois en une nuit. Elles piquent et sucent durant dix à vingt minutes le sang de leur hôte puis se cachent dix à douze jours pour le digérer, mais peuvent survivre sans manger jusqu’à un an et demi, voire deux ans dans de bonnes conditions. Elles sont sources de fortes démangeaisons et de dermatites. Les œufs sont émis par paquets de 5 à 15, trois à dix jours après la fécondation au plus tard, si la température est comprise entre 14 °C et 27 °C. Un repas sanguin est nécessaire à leur maturation. Une femelle peut être fécondée plusieurs fois et pondre de 200 à 500 œufs dans sa vie ». Je regarde la météo. Les températures annoncées vont de 19°C la nuit à 32°C la journée dans les prochains jours. Le sommeil ne vient pas… Je ressors mon téléphone et je lis un autre article guère plus rassurant : « L’espérance de vie moyenne de la punaise de lit varie entre 10 et 12 mois. Mais elle peut vivre jusqu’à 24 mois en se nourrissant régulièrement de sang humain. Sans nourriture, elle peut survivre entre 12 et 18 mois en état de dormance. La punaise de lit est donc un insecte très résistant ! De plus, la femelle est capable de pondre entre 2 et 8 œufs par jour mais s’il fait entre 21°C et 28°C, température favorable à la reproduction, la femelle est capable de pondre jusqu’à 15 œufs par jour. L’infestation peut ainsi devenir très vite importante. Par ailleurs, la température de la maison infestée joue également un rôle très important dans le développement et la longévité de la punaise de lit. Ainsi à 18°C, elle peut prendre 3 mois pour devenir adulte et mature. Mais à plus de 25°C, elle ne prendra que 3 semaines ». Je repose mon téléphone en me rassurant en me disant que tout n’est pas vrai sur ce qu’on lit sur Internet.
Après le fil conducteur des pannes mécaniques qui a rythmé nos premiers mois de voyages, je crains que le nouveau fil conducteur de notre blog soit celui des punaises de lit… et qu’on le suive bien longtemps…
Dimanche 25 avril 2021 :
La journée d’hier a été tellement agréable avec ces centaines de morts (tous dans le même camp) qu’on décide de prolonger le plaisir. On continue de nettoyer les taches de sang et les déjections formant des points noirs sur les draps et sur le lambris en châtaignier brut, de faire bouillir les rideaux, les taies d’oreillers, les doudous. Pas facile de faire rentrer une housse de couette dans une marmite de 10 litres. On observe chaque recoin de latte, de fente, y compris les plus étroits et les moins accessibles mais en journée, nous ne tuons aucun ennemi. Ouf, on tient le bon bout.
Audrey prépare un véritable arsenal de lotions insecticides naturelles à base d’huiles essentielles de clous de girofle, de citronnelle, de tea tree. « Le moral reste bon et nous vaincrons » comme dit (ou du moins espère) Audrey.
Les enfants font leurs devoirs, puis nous aident en remplissant les cuves d’eau de la Tiny, en faisant des allers retours aux sanitaires, en faisant la vaisselle, en coupant du bois pour cuisiner ce midi…
Puis avec une nouvelle fois beaucoup de talent, nous réalisons notre défi du mois qui consistait à faire rentrer un animal dans la Tiny. Dommage que les insectes étaient exclus !
Soirée au coin du feu. Les réserves alimentaires commencent à s’amenuiser en produits frais car comme on était censés être nourris, nous avions justement consommé une grande partie de nos produits frais avant de venir ici. Mais je ne sais pas comment fait ma chérie, mais elle nous sert encore un délicieux dalh.
21h03, les enfants se couchent de nouveau dans leur hamac et nous dans notre lit, soulagés de notre travail d’aujourd’hui.
22h39, Audrey part en expédition dans la chambre des enfants et malheureusement, quelques bêtes surgissent de recoins. Une quinzaine en une bonne heure.
Impossible de s’endormir. Ça nous démange et même Audrey qui jusqu’à présent ne réagissait pas aux piqures, est vraiment dérangée par ces minuscules saloperies qui viennent à bout de nos nerfs.
Lundi 26 avril 2021 :
2h08, je prends le relais. 4 victimes de plus. Puis une cinquième. Puis une sixième…
2h43, on arrive à un cumul de 26.
3h12, il se met à pleuvoir. Rapatriement des enfants en urgence qui dorment dehors. Mais où les mettre ? Ils n’ont plus de lit. Nous restons positifs et cherchons (en vain) le bon côté des choses.
3h59, on arrête de compter, c’est un massacre.
4h27, nous ne dormons toujours pas et des bêtes sortent de partout du lambris. Avec la lame du couteau, on les éclate une à une dans les rainures du lambris. On aurait de quoi récupérer notre sang pour se faire une transfusion. Certaines, très rapides, nous échappent.
Vers 5h, nous nous endormons.
8h32, nous sommes réveillés par le Soleil qui tape déjà sur la Tiny.
8h35, nous prenons un café très serré.
Nous sommes dégoutés. Deux jours de travail à tout nettoyer et rien n’y fait, on est bien envahi… L’idée nous vient d’essayer de scotcher les interstices entre les lames de lambris au plafond par lesquels nous avons observé que les punaises de lit passent la nuit. Nous verrons bien si cette parade est efficace mais nous devons vite arrêter car dans les deux sens du terme, nous sommes au bout du rouleau.
Les cafés serrés s’enchainent. L’école se passe bien et les enfants sont bien autonomes pour nous permettre d’avancer dans le remontage des sommiers et des baguettes de finition dans leurs chambres.
Ils auraient bien envie d’aller se baigner mais l’eau bien claire à notre arrivée au campsite a viré au vert… Pas très engageant. Mais bon, il fait trop chaud et on dégouline de sueur. Avec mon grand Victor, après une sieste récupératrice dans le hamac, nous sautons dans l’eau.
Petit Point covid-19 :
Comment dire ? On se sent tellement loin de tout ça. Non pas que l’épidémie n’existe pas en Afrique ou que nous ne la prenons pas au sérieux, mais nous ne sommes pas bercés par le stress véhiculé par l’excès d’accès à l’info en continu, par la télé, par la radio. Nous limitons notre accès à l’info à juste quelques minutes quotidiennes pour lire la presse en ligne. Et ça nous suffit.
Comme vous le voyez sur les photos, rares sont celles où vous nous voyez avec le masque. Nous savourons cette liberté de ne pas avoir notre vie rythmée par le couvre-feu, le confinement à quelques kilomètres de chez soi, l’imposition du port des masques, la fermeture des magasins ou des restos. Toutes ces mesures sont difficilement applicables en Afrique compte tenu du mode de vie des locaux. Cependant, les hôpitaux ne semblent pas saturés pour autant. La Zambie ne décompte que 1250 victimes depuis le début de la pandémie. Bon on est d’accord que les capacités de tests et les statistiques ne sont pas celles qui existent en Europe. Nous traversons tant de lieux reculés où il faut faire des centaines de kilomètres pour se faire tester. Cela ne nous empêche pas d’appliquer les gestes barrières dans les endroits où il y a trop de monde.
Nous surveillons le reste des pays sur notre route pour les prochains mois. La tendance est plutôt à l’ouverture des frontières. Le Lesotho et l’Eswatini viennent de les rouvrir. Il ne reste que le Malawi et le Zimbabwe qui sont encore fermés (par accès terrestre) mais nous n’y serons pas avant la fin de l’année donc la situation a le temps de s’améliorer d’ici là. Le variant sud-africain qui fait tant de bruit en France ne semble pas affoler le monde ici.
Des idées cadeaux ?
Nous vous rappelons que vous avez accès sur notre site à la vente de nos livres sur notre boutique en ligne. Alors n’hésitez pas à vous faire plaisir et à vous évader avec nous… Et puis, c’est bientôt la fête des mères et la fête des pères ! Une bonne occasion pour offrir nos livres que nous vous faisons livrer.
Nous avons mis à profit le confinement et notre retour en France en mars dernier, pour éditer deux ouvrages sur la première partie de notre voyage. Nous avons écrit un livre sur la route du Pamir retraçant notre aventure au Tadjikistan et un autre sur nos deux mois passés en Mongolie. Ils sont imprimés tout en couleur sur du papier de qualité photo, et ils sont illustrés de beaucoup de photos (270 pour le livre sur le Pamir et plus de 500 pour le livre sur la Mongolie).
- Notre livre : « Les Mollalpagas en cavale… sur la route du Pamir »
15€ + 6,50€ de frais d’emballage et de port (livré en Point Relais Mondial Relay). Livraison en France métropolitaine, en Belgique ou au Luxembourg (autres pays, nous consulter).
- Notre livre : « Les Mollalpagas en cavale… sur les pistes de Mongolie »
25€ + 7,50€ de frais d’emballage et de port (livré en Point Relais Mondial Relay). Livraison en France métropolitaine, en Belgique ou au Luxembourg (autres pays, nous consulter).
- Lot de nos deux livres : « Les Mollalpagas en cavale… sur la route du Pamir » et « Les Mollalpagas en cavale… sur les pistes de Mongolie »
40€ + 8,90€ de frais d’emballage et de port (livré en Point Relais Mondial Relay). Livraison en France métropolitaine, en Belgique ou au Luxembourg (autres pays, nous consulter).
- Notre livre sur « Une année en camping-car avec Les Mollalpagas en Amérique du Sud » est toujours disponible à la vente.
« Une année complète à parcourir environ 37000 kilomètres à travers l’Uruguay, l’Argentine, le Paraguay, le Chili, le Pérou, l’Équateur, la Bolivie et le Brésil. N’hésitez pas à aller consulter notre blog dédié à ce voyage.
Des steppes patagoniennes aux plateaux andins flirtant avec les 5000 mètres d’altitude, des déserts arides du Chili à la luxuriante forêt amazonienne, du Machu Picchu aux glaciers argentins, des chutes d’Iguazú aux îles flottantes du lac Titicaca, des îles Galápagos à la mystérieuse île de Pâques, nous vous invitons pour aller encore plus loin à retrouver toutes nos aventures, nos émotions, nos rencontres, nos anecdotes de voyage, nos galères et nos joies à travers la lecture de notre livre. Ce carnet de voyage contient 560 pages de textes agrémentées d’environ 600 photos en noir et blanc ainsi qu’un cahier central de 32 pages avec une centaine de photos en couleur. »
Pour ceux habitant près de Saintes, Tours ou de Poitiers, sachez que notre famille tient le stock et cela peut vous faire économiser les frais de port et d’emballage. Contactez-nous via le formulaire de contact en bas de page ou par mail si vous êtes intéressés !